“User de la ruse, c'est reconnaître des limites à sa puissance.”
Louis Scutenaire
Louis Scutenaire
Le fleuve de la forêt coule doucement, c'est une douce journée d’automne.
Thora marche sur la pointe des doigts, balançant son poids d’une pierre vers une autre pour éviter de marcher dans l’eau. La tâche devient de plus en plus difficile dès lorsqu’elle arrive au milieu de la rivière : Les pierres sont éloignées et le moindre faux mouvement la fera tomber. Elle tend ses mains des deux côtés pour garder l’équilibre qu’il lui faut. Elle se concentre sur sa nouvelle cible : trop minuscule pour la tenir. Elle calcule donc qu’il faudra qu’elle coure à vive allure d’une pierre vers l’autre jusqu’à arriver au grand rocher : L’avant dernier pour qu’elle ait pleinement réussi à traverser la rivière. Elle empoigne ses deux mains, et Hop… la première pierre, la deuxième, la troisième, elle fait un petit zigzag pour atteindre la quatrième et là voilà sur le rocher. Elle sourit largement, triomphant d’être arrivé jusque là ; mais son sourire se brise lorsqu’elle se met à glisser. Elle essaye de s’agripper au rocher, mais elle glisse et atterrit dans l’eau.
L’eau commence à l’emporter.
En trois petits pas assez agiles, Rhea la rattrape et la tire de l’eau. Thora la regarde amusée. Rhea n’a pas l’air de partager son amusement ;
« Tu vas me dire qu’il faut que je fasse plus attention, mais te voilà, assez attentive pour nous deux !
Rhea fait sortir Thora de l’eau et la balance sur un buisson d’herbe qui amortit sa chute. La guerrière commence à partir lorsqu’elle entend Thora éternuer…
Rhea finit par allumer un feu, Thora s’en approche et tend ses mains pour les réchauffer.
« Ma mère dit que Lord Antoine nous a vendu parce que j’étais maladroite… J’avais encore deux ans, je n’en ai pas le souvenir. Mais peut-on être autre chose que ‘maladroit’ à deux ans ?
Thora regarde Rhea avec insistance, attendant une réponse. Ses grands yeux verts éclairés par le petit feu brillent d’une lueur propre à l’enfance. Rhea esquisse un ‘semblant’ de petit sourire.
L’élémentaire de terre ouvre ses yeux. Encore un rêve. Il fait encore nuit, ou presque jour. Elle s’est endormie sur l’une des branches d’un arbre, quelque part dans l’une des villes des cités du Reike. Elle a entendu les gens l’appeler ‘Ikusa’. Ça lui a pris environ dix mois pour arriver ici. Décidemment, le « Lord Antoine » est introuvable ; et sa mission commence à vêtir un aspect de lassitude. Au moins, au début de son voyage, elle avait l’impression d’avoir une idée claire quant à sa mission : « Se venger de toute personne en lien avec la mise en esclavage de Thora ». Le titre héroïque de la mission ne la rend pas moins complexe, bien au contraire. Pour Rhea qui n’a pas habité les cités auparavant, il y’a mille et une chose à apprendre : les lois de ce monde sont différentes comparées à celles de la Jungle.
Rhea se redresse et s’installe convenablement, les pieds croisés, donnant face au soleil. Elle commence son rituel, méditation, prière ; qu’on appelle cela comme on le désire, elle commence un rituel où elle ne fait plus qu’une avec la nature. Et le lever du soleil se déroula ainsi, dans une immersion totale des sens, dans un échange silencieux des énergies et des pensées avec la nature. Il n’y a pas besoin du témoignage de Rhea pour le penser, les citées manquent de nature et de végétation. Les créatures qui y habitent et qui y règnent on l’air d’oublier d’où ils viennent et ce qui leur a permis d’exister. Pas que Rhea en fait sa nouvelle mission, juste qu’elle le constate. La puissance de la nature est amoindrie ici.
La vie commence lorsque la lumière du jour s’annonce et dégage l’obscurité de la nuit. La journée mouvementée va commencer dans des vas et viens continus. Rhea rouvre ses yeux et descend de l’arbre. Elle touche le tronc d’arbre en guise de remerciement et y infuse de l’énergie, le feuillage de l’arbre parait plus lumineux.
Rhea se retourne et se fond dans la masse, découvrant de nouveau les dédales de la citée. Pour l’élémentaire de nature qui a vit sa vie jusque-là se dérouler dans la Jungle, la citée a un rythme frénétique, trop brouillant, trop dynamique. Les gens ont l’air d’être détachés de l’essence de la vie et de la spiritualité de la nature. Pourtant, ils sont tous nature et en font partie. La tête haute, se frayant un chemin comme tant d’autres, il n’a pas nécessairement l’air de savoir où elle va. Elle s’arrête de temps à autre pour observer avant tout ce qui se passe, pour essayer de comprendre la dynamique entre les uns et les autres. Et elle essaye de tendre l’oreille et d’écouter, surtout lorsque quelqu’un parle d’esclaves ou à un esclave. Elle a très vite compris que le respect ne fait pas nécessairement partie des principes ici.
Elle décide, aléatoirement, de tourner à droite. A quelques mètres de là, elle voit et ressent une petite plante particulière. Sur la route piétonne où des pierres sont bien organisée de manière à faciliter la marche, et ou le sable les séparant s’est tellement compressé qu’il n’est plus tellement différent que les pierres : une petite plate ose pousser. Rhea avance, heureuse de voir que dans cet endroit où la vie manque de vie, il existe encore des poussées. Elle est à 5 mètres de la plante, une deuxième personne à grande carrure en est plus proche. Voyant que l’homme risque presque de marcher dessus, Rhea court légèrement et s’interpose entre lui et la plante qu’elle a laissée derrière elle.
Elle lève son regard, regardant l’inconnu plein dans les yeux. Et sa pensée se lamentant du sort des gens de la citée « Tous des ignorants… on n’a appris à personne ici à qui ils doivent leur vie. »
Thora marche sur la pointe des doigts, balançant son poids d’une pierre vers une autre pour éviter de marcher dans l’eau. La tâche devient de plus en plus difficile dès lorsqu’elle arrive au milieu de la rivière : Les pierres sont éloignées et le moindre faux mouvement la fera tomber. Elle tend ses mains des deux côtés pour garder l’équilibre qu’il lui faut. Elle se concentre sur sa nouvelle cible : trop minuscule pour la tenir. Elle calcule donc qu’il faudra qu’elle coure à vive allure d’une pierre vers l’autre jusqu’à arriver au grand rocher : L’avant dernier pour qu’elle ait pleinement réussi à traverser la rivière. Elle empoigne ses deux mains, et Hop… la première pierre, la deuxième, la troisième, elle fait un petit zigzag pour atteindre la quatrième et là voilà sur le rocher. Elle sourit largement, triomphant d’être arrivé jusque là ; mais son sourire se brise lorsqu’elle se met à glisser. Elle essaye de s’agripper au rocher, mais elle glisse et atterrit dans l’eau.
L’eau commence à l’emporter.
En trois petits pas assez agiles, Rhea la rattrape et la tire de l’eau. Thora la regarde amusée. Rhea n’a pas l’air de partager son amusement ;
« Tu vas me dire qu’il faut que je fasse plus attention, mais te voilà, assez attentive pour nous deux !
Rhea fait sortir Thora de l’eau et la balance sur un buisson d’herbe qui amortit sa chute. La guerrière commence à partir lorsqu’elle entend Thora éternuer…
***
Rhea finit par allumer un feu, Thora s’en approche et tend ses mains pour les réchauffer.
« Ma mère dit que Lord Antoine nous a vendu parce que j’étais maladroite… J’avais encore deux ans, je n’en ai pas le souvenir. Mais peut-on être autre chose que ‘maladroit’ à deux ans ?
Thora regarde Rhea avec insistance, attendant une réponse. Ses grands yeux verts éclairés par le petit feu brillent d’une lueur propre à l’enfance. Rhea esquisse un ‘semblant’ de petit sourire.
***
L’élémentaire de terre ouvre ses yeux. Encore un rêve. Il fait encore nuit, ou presque jour. Elle s’est endormie sur l’une des branches d’un arbre, quelque part dans l’une des villes des cités du Reike. Elle a entendu les gens l’appeler ‘Ikusa’. Ça lui a pris environ dix mois pour arriver ici. Décidemment, le « Lord Antoine » est introuvable ; et sa mission commence à vêtir un aspect de lassitude. Au moins, au début de son voyage, elle avait l’impression d’avoir une idée claire quant à sa mission : « Se venger de toute personne en lien avec la mise en esclavage de Thora ». Le titre héroïque de la mission ne la rend pas moins complexe, bien au contraire. Pour Rhea qui n’a pas habité les cités auparavant, il y’a mille et une chose à apprendre : les lois de ce monde sont différentes comparées à celles de la Jungle.
Rhea se redresse et s’installe convenablement, les pieds croisés, donnant face au soleil. Elle commence son rituel, méditation, prière ; qu’on appelle cela comme on le désire, elle commence un rituel où elle ne fait plus qu’une avec la nature. Et le lever du soleil se déroula ainsi, dans une immersion totale des sens, dans un échange silencieux des énergies et des pensées avec la nature. Il n’y a pas besoin du témoignage de Rhea pour le penser, les citées manquent de nature et de végétation. Les créatures qui y habitent et qui y règnent on l’air d’oublier d’où ils viennent et ce qui leur a permis d’exister. Pas que Rhea en fait sa nouvelle mission, juste qu’elle le constate. La puissance de la nature est amoindrie ici.
La vie commence lorsque la lumière du jour s’annonce et dégage l’obscurité de la nuit. La journée mouvementée va commencer dans des vas et viens continus. Rhea rouvre ses yeux et descend de l’arbre. Elle touche le tronc d’arbre en guise de remerciement et y infuse de l’énergie, le feuillage de l’arbre parait plus lumineux.
Rhea se retourne et se fond dans la masse, découvrant de nouveau les dédales de la citée. Pour l’élémentaire de nature qui a vit sa vie jusque-là se dérouler dans la Jungle, la citée a un rythme frénétique, trop brouillant, trop dynamique. Les gens ont l’air d’être détachés de l’essence de la vie et de la spiritualité de la nature. Pourtant, ils sont tous nature et en font partie. La tête haute, se frayant un chemin comme tant d’autres, il n’a pas nécessairement l’air de savoir où elle va. Elle s’arrête de temps à autre pour observer avant tout ce qui se passe, pour essayer de comprendre la dynamique entre les uns et les autres. Et elle essaye de tendre l’oreille et d’écouter, surtout lorsque quelqu’un parle d’esclaves ou à un esclave. Elle a très vite compris que le respect ne fait pas nécessairement partie des principes ici.
Elle décide, aléatoirement, de tourner à droite. A quelques mètres de là, elle voit et ressent une petite plante particulière. Sur la route piétonne où des pierres sont bien organisée de manière à faciliter la marche, et ou le sable les séparant s’est tellement compressé qu’il n’est plus tellement différent que les pierres : une petite plate ose pousser. Rhea avance, heureuse de voir que dans cet endroit où la vie manque de vie, il existe encore des poussées. Elle est à 5 mètres de la plante, une deuxième personne à grande carrure en est plus proche. Voyant que l’homme risque presque de marcher dessus, Rhea court légèrement et s’interpose entre lui et la plante qu’elle a laissée derrière elle.
Elle lève son regard, regardant l’inconnu plein dans les yeux. Et sa pensée se lamentant du sort des gens de la citée « Tous des ignorants… on n’a appris à personne ici à qui ils doivent leur vie. »