Née dans un petit village au cœur des montagnes de la République, Griselda se destinait à vivre du travail de la pierre comme nombre de ses confrères et consoeurs dans la région.

Alors qu’elle n’était encore qu’une jeune naine au caractère bien trempé, elle profitait de ses livraisons à Liberty pour arrondir ses fins de mois en acceptant quelques petits boulots ingrats, où sa robustesse et son efficacité étaient toujours appréciées.

Un jour, elle trouva un job un peu mieux payé que les autres… et moins physique aussi. Ainsi, elle officia en tant qu’employée de maison dans la demeure cossue d’une famille de politiciens.

Pas intéressée pour un sou par la gestion de la République, elle se contenta de faire ce pour quoi elle était payée, avec toujours cette même intensité et volonté.

Conquis par leur nouvelle employée, les Dhammir lui proposèrent un poste permanent. D’abord femme de ménage, la naine au fort caractère pris rapidement en charge l’intendance de toute la demeure, menant le personnel d’une main de fer.

70 ans plus tard, Griselda n’a pas bougé, alors que les générations de diplomates qu’elle sert avec loyauté se sont enchaînées.

Si l’on parle toujours aujourd’hui de la demeure des Dhaamir, les habitants et employés de la maison savent pertinemment que c’est Griselda qui règne en maîtresse de ces lieux, et qu’elle y vivra et y règnera jusqu’à son dernier souffle.

Si elle ne porte pas le nom des Dhaamir, tous en cette demeure la respectent autant que les propriétaires des lieux.

Haute comme trois pommes et flétrie par le temps, Griselda n’a pourtant rien d’une vieillarde. Sa posture droite et fière laisse douter de l’utilité de sa canne qu’elle utilise bien plus fréquemment pour “encourager” ses subordonnés que pour s’appuyer.

En effet, la vieille naine est encore pleine de vivacité et trotte à toute vitesse à travers les longs couloirs de la demeure des Dhaamir.

Son visage rond est aussi fripé que mal dégrossi. Son épais menton est surplombé d’une large bouche aux lèvres presque inexistantes. Autour de son gros tarin cabossé brillent deux yeux malicieux et pleins de vie. Griselda coiffe le plus souvent sa longue tignasse blanche en deux grandes nattes entourées de lanières de cuir, qui pendouillent le long de ses joues généreuses.

En ce qui concerne l’accoutrement, la naine est du genre à privilégier l’utile en toutes circonstances. Par dessus ses épaisses robes aux couleurs sobres, elle porte toujours un tablier qu’elle ne manque pas de salir tant la gouvernante s’acharne à effectuer diverses tâches manuelles qui ne lui sont pourtant jamais demandées.

Quand Griselda est dans les parages, elle le fait savoir. Bruyante, bavarde et portée sur la chansonnette, elle ne laisse jamais le silence s’installer bien longtemps. La gouvernante parle fort, vite, a un fort accent de dieux sait où et bouffe ses mots... autant vous dire que la comprendre pleinement demande un long et douloureux apprentissage.

Dans la demeure des Dhaamir, c’est elle qui mène la danse. Beuglant avec autorité des ordres que personne n’oserait contester, elle est néanmoins juste et empathique, même si un mot doux de sa part se témoignera plus souvent par un pincement de joux affectueux que par de belles paroles.

Dévouée envers la famille qu’elle sert, Griselda revêt bien des aspects d’une mère de substitution pour Kasen. Le jeune diplomate a depuis longtemps constaté l’affection que la gouvernante lui porte, même si elle le montre peu… ou du moins pas de manière conventionnelle.

Griselda n’a aucune possession notable. Cela n’empêche pas la naine d’entasser dans la chambre de la demeure lui étant réservée toutes sortes de babioles dont elle seule semble pouvoir apprécier la beauté ou l’utilité.

Elle ne pratique pas les arcanes non plus. Mais à constater son étonnante vivacité malgré son âge avancé, c’est à se demander si une mystérieuse magie ne lui confère pas une forme de jeunesse éternelle.[/b]