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Naä'vys
Et partout où était Agneau... Loup était jamais loin ...
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Fiche du personnage
Race: Hybride
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Alignement: Chaotique neutre || Chaotique mauvais
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Naä'vys
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Après des jours, si ce n’est des semaines enfermée au palais à prendre des cours de langue, de bonne conduite et de civisme, j’étais enfin parvenue à m’accorder un moment de répit après avoir déjoué la vigilance d’Elyse, ma tutrice et nouvelle compagne dans cet océans d’inconnues. Elle allait sûrement me gronder sévèrement à mon retour, mais le jeu en valait la chandelle. J’avais déjà eu l’occasion de faire le tour maintes et maintes fois des différents jardins et bâtiments auxquels on voulait bien me laisser l’accès et je comprenais petit à petit qu’être l’invitée très spéciale de sa majesté la reine m’accordait certains privilèges et la patience des gardes et serviteurs qui peinaient à s’interposer lorsque, prise d’une envie de me dégourdir les jambes, je me mettait à courir comme un chien fou dans les couloirs de la résidence. Seules Ayshara et Elyse savaient encore calmer mes ardeurs animales et me rendre douce comme un agneau. Il y avait le roi aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Depuis notre première « introduction », le géant provoquait chez moi une peur et une méfiance que je me devais de respecter. Il était l’Alpha de la bande et j’étais loin de pouvoir m’opposer à la hiérarchie des forces.

De toute façon, j’avais aujourd’hui autre chose à faire que de penser à ce vilain bonhomme. Mon attention toute entière était accaparée ailleurs. En effet, si aux yeux des gardes indifférents devant lesquels je passais je pouvais avoir l’air de fureter et vagabonder comme à mon habitude, je cherchais en réalité en endroit bien précis. J’essayais de me souvenir du lieu où j’avais surpris Ayshara tandis qu’elle s’en revenait d’une de ses escapades solitaires à l’extérieur des murs du palais. Il faisait encore nuit à ce moment-là et je profitais de la douceur naturelle de la région pour me promener au clair de lune. C’est alors que je perçus une bruissement à peine perceptible provenant d’un recoins du parc dans laquelle je me trouvais. Pensant à un intru, je me mettais immédiatement sur mes gardes, bondissant derrière un bosquet de fleurs. N’ayant pas d’arme, je me saisissais d’une pierre et je me tenais prête à me jeter sur l’envahisseur si nécessaire. Je n’eus cependant pas besoin d’en arriver là puisque, de l’ouverture qui venait de se former dans la muraille, une tignasse blanche et légèrement désordonnée s’extirpa silencieusement, accompagnée d’un parfum que je reconnaitrai entre mille. Curieuse, je décidais toutefois de ne pas me montrer comme je l’aurais fait d’habitude. Quelques instants plus tard, la jeune femme toute entière était sortie, refermant derrière-elle le passage dans un cliquetis mécanique avant de rentrer en grande hâte à l’intérieur du palais sur la pointe des pieds.

Depuis cette nuit j’étais rongée par la curiosité et Loup comme Agneau, qui semblaient aussi amusés et excités que moi, me tannaient sans cesse le cuir pour que l’on y retourne. Aussi, je profitais de ce bref moment de solitude pour me rendre au même endroit. M’assurant qu’aucun garde n’était dans les parages pour encore venir me dire que ce que je fais est interdit, j’entreprenais d’inspecter minutieusement chaque centimètre carré du petit jardin, dans l’espoir de découvrir par quelle magie le mur s’était ouvert. Après presque une demi-heure à renifler l’air dans tous les sens et à retourner tous les arbustes et pots, je restais toujours bredouille. Alors que je m’apprêtais à prendre une pause « bien méritée » sur le parterre de fleurs, j’entendis une voix que je ne connaissais que trop bien raisonner dans les couloirs du palais. Elyse me cherchait, elle arrivait et surtout, elle avait l’air particulièrement remontée que je lui fausse compagnie sans la prévenir. Sans perdre un instant, je me glissais derrière un buisson, dissimulée par un relief incrusté dans le mur. Alors que je me plaquais contre la paroi, je sentis mon coude percuter un élément dont la texture différait du reste de la pierre et l’instant d’après je basculais en arrière alors que mon support se dérobait à moi.

Lorsque je rouvris les yeux quelques secondes plus tard, mur s’était déjà refermé sur moi et je me retrouvais plongée dans une semi-obscurité. Grâce à mon flair et en suivant les parois relativement étroites, je parvenais malgré tout à me guider dans ce boyau sombre. Mon errance dura quelques minutes durant lesquelles je descendais ou remontais un certain nombre de marches jusqu’à tomber finalement sur un cul-de-sac. Heureusement pour moi, le mécanisme d’activation était de ce côté bien visible, un genre de levier dépassant d’une des parois. En l’activant, un nouveau grincement se fit entendre et le mur devant moi glissa silencieusement sur le côté, laissant brusquement entrer la lumière dans le tunnel. Après que mes yeux se soient remis du changement de luminosité, je constatais alors que je me trouvais désormais au pied des remparts du palais, dans le recoin d’une des fortification, bien dissimulé par un bosquet d’arbres et de buissons au feuillage épais.

« Nous sommes dehors ! »

M’extasiai-je alors qu’un flot de nouvelles odeurs et de bruissements inconnus m’envahissaient.

~ Enfin ! Je n’en pouvais plus d’être surveillé par cette mégère des sables ! ~

« Ne dis pas ça, Loup, elle fait ça pour nous aider ! »

~ Humpf. Un jour je dévorerai son âme. ~

Préférant l’ignorer, je retournais mon attention sur ce qui nous intéressait vraiment : le monde extérieur. Contrairement à l’intérieur du palais, la ville grouillait de vie. Chaque personne était habillée différemment, vivait et évoluait au sein de cette immense tribu similaire à une fourmilière. Je restais encore un moment à l’abri à observer les incessants va-et-vient, les marchands dont les échoppes débordaient sur le passage et qui invitaient à s’arrêter sur leur marchandise. Prenant finalement mon courage à deux mains, je décidais de sortir de ma cachette, non sans avoir maladroitement dépoussiéré mes vêtements. En effet, bien que je refusasse toujours de porter les tenues trop contraignantes de la cour, on m’avait finalement confié un ensemble plus léger et ouvert, ressemblant vaguement à mon ancienne tunique de peau, mais légèrement plus habillé et surtout, fait dans un tissu bien plus précieux et doux. Je me sentais comme un bambin faisant ses premiers pas sans l’aide de ses parents, prêt à explorer un monde immense.

Toutefois, la première impression se montra particulièrement décevante. Pleine de bonnes intentions, je me dirigeais vers le flot de passants, un large sourire aux lèvres et une main tendue vers le ciel en signe de salut.

« B-Bonjour ! Naä’vys ravie de faire connaissance à vous ! »

Je n’obtins pour seule réponse qu’une poignée de regards dédaigneux ou interrogatifs ainsi que quelques persifflages sur mon accent et ma locution imparfaite. Ne me laissant pas décourager, je retentais l’expérience deux ou trois fois encore, n’obtenant hélas pas de meilleurs résultats. Déçue de ne pas m’être fait de nouveaux amis, je me retrouvais finalement à errer distraitement dans les rues de la ville, sans trop oser m’écarter des murs finalement bien rassurants du palais. Très vite, mes espoirs furent remplacés par de cruelles désillusions. Au sein de cette foule, je n’étais plus un être unique et chéri comme au sein du palais et l’indifférence des membres de cette tribu me rappela les désavantages de la vie en société. L’air était chargé d’une puanteur humaine que j’avais appris à oublier auprès d’Ayshara, mélange nauséabond de sueur, d’urine, de métal et d’autres éléments que je préférais ne pas chercher à identifier. La foule était si dense qu’y circuler avec ma menue corpulence s’avérait être un véritable calvaire. J’avais l’impression d’étouffer et bien vite, ma tête commença à tourner et je fus prise de nausées. Du coin de l’œil, je repérais une ruelle sombre et qui semblait moins fréquentée. Sans perdre un instant, je me ruais à l’intérieur, bousculant et renversant les passants qui se mirent à hurler, ajoutant au brouhaha ambiant.

Ici au moins, je pouvais respirer. La fraîcheur offerte par l’ombre des bâtiments apaisait mes tempes douloureuses. Pour la première fois depuis des semaines, je me surprenais à regretter la jungle.

~ Nous pourrions y retourner tu sais. J’y ai encore des choses à faire. ~

Loup susurrait à mes oreilles comme un serpent qui voudrait persuader une jeune femme innocente de saisir le fruit défendu de ses désirs.

« Non. Il ne s’agit plus seulement de toi à présent, nous ne retournerons plus là-bas. »

Profitant du calme ambiant, je laissais mes pas me guider. De toute façon il me suffisait de lever les yeux au ciel pour retrouver le chemin du palais. Alors que j’errais dans les quartiers populaires, mon flair fut attisé par des senteurs qui ne m’étaient pas inconnues, loin de là. La trainée olfactive sucrée et appétissante me conduisit jusqu’aux pieds de la muraille extérieure. En débouchant dans une nouvelle rue, je trouvais en face de moi un grand bâtiment qui semblait dans un état de délabrement précaire et de laquelle provenait la délicieuse senteur. D’un pas léger et intéressé, je me rapprochais de l’origine de ma convoitise. Sur le côté, une porte avait été laissée ouverte, laissant s’échapper les odeurs que je poursuivais depuis un moment déjà.

« Si c’est ouvert, c’est qu’on peut entrer... non ? »

« Méfie-toi, Naä’vys, les règles ici ne sont peut-être pas les mê… »

Trop tard. Agneau n’avait pas encore achevé sa mise en garde que je pénétrais déjà dans la petite remise laissée sans surveillance. Ici étaient entassés bon nombre de victuailles et de ressources, mais un seul sac en particulier attisait ma convoitise. Après avoir passé plusieurs minutes à défaire les nœuds qui m’empêchaient d’accéder à son contenu, j’en déchirais finalement le côté d’un bon coup de dent, éventrant la poche qui laissa tomber au sol une poignée de petites tablettes brunes et onctueuses. Mon regard s’illumina en même temps que mon estomac se mit à grogner. Depuis ma rencontre avec Ayshara, j’avais pris l’habitude que l’on me gâte de ces sucreries appelées « chocolat » et dont je raffolais par-dessus tout. J’en salivais tellement que je peinais à retenir l’écume entre mes lèvres et après une ultime demi-seconde d’hésitation, je me jetais à pleines dents sur ce véritable trésor de gourmandise, ne prêtant même pas attention à l’ombre menaçante qui se profilait à l’entrée et aux appels de Loup et d’Agneau.
Gadreel
Le murmure de l&#39;eau a des allures de tentatrice
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Fiche du personnage
Race: Démon
Vocation: Guerrier
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Noble du Reike
Gadreel
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Par une journée cruellement banale et excessivement ensoleillée, la créature aux cheveux ébène évoluait au plus proche des fenêtres. Les arbres défraichis n’apportaient pas d’ombres suffisantes et il était contraint de se dissimuler dans les semblants d’ombres de l’orphelinat pour mieux endurer ses journées. Non que ça lui déplaise de s’isoler… Disons que la nuit était fraiche et plus simple à supporter. Il pouvait pratiquer diverses activités sans sentir le poids de la lumière sur ses épaules. Sa noirceur était comme comprimée, écrasée. Les poumons étaient tassés, écrabouillés. Assimiler de la drogue l’aidait quelquefois à mieux affronter cette luminosité. Il en manquait d’ailleurs aujourd’hui. Son sang réclamait cet effluve toxique.
Gadreel ne pouvait pas dire que les journées étaient anxiogènes pour lui parce qu’il ne ressentait pas de stress à proprement parler. Seule de la gêne était éprouvée, une sensation purement physique accompagnée de picotement. Son corps lui rappelait sans cesse que sa naissance sur ces terres arides était une erreur.

Au détour d’un couloir, il entendit des voix impatientes commérer. L’appréhension, les questions, le reproche et les craintes. Elles cherchaient à l’assommer de tous les maux pour justifier ce comportement en décalage avec ce qu’elles appelaient la normalité.
Qui l’avait établi d’ailleurs cette normalité ?
La folie n’avait pas de place dans les esprits simples et purs. Pourtant, au royaume, il avait cru que de nombreuses âmes avaient été acceptées avec leur folie. Par exemple, ce Roi qui avait pris le trône de force, et ses chiens qui avaient envahi les rues. Ils n’étaient certainement pas sain d’esprit.

Son regard glissait vers le couloir alors que son corps apparaissait. Le regard surpris des deux employés se tourna vers le bruissement de tissus. Il avait tout entendu, mais les informations lui étaient passées à travers.
Il n’avait jamais cherché à dissimuler ses méthodes d’enseignement, et à son sens, elles avaient toujours porté ses fruits. Les enfants fragiles se renforçaient et ne craignaient plus les attaques psychologiques. Certains n’étaient plus esclaves de la peur. C’est ce qu’il fallait pour de futurs guerriers. Alors, quand il avait entendu des morceaux de conversations sur les craintes des nourrices, il avait laissé sa voix neutre et froide glisser sur elles : « Qu’est-ce qui vous agace à ce point ? »  Le ton semblait intrigué et intéressé, mais il n’en était rien. Son visage restait de marbre. Il était inutile de falsifier une émotion dans cet instant.
L’une ne parlerait pas, mais l’autre semblait hésiter. Ce petit air ne trompait personne. Alors, Gadreel se mit à la fixer, dans l’attente, alors qu’il était entouré par sa fumée.
« Personne ne sait d’où vous venez. Vous n’avez acquis ce statut que par chance. Vous rendez fou les enfants. »
Il devait se sentir attaquer, montrer une expression indignée et méprisante ? Elles ne calmeraient pas leurs ardeurs pour autant. Elles étaient dans l’hésitation, leurs petits yeux farouches tentaient de décoder les pensées du démon sans y parvenir. L’une des deux femmes se tenait droite et fière semblait mieux tenir sur ses deux jambes. Son autorité avec les adultes était encore à refaire. Les enfants eux, étaient moins regardants sur les rumeurs et sur ses méthodes.
« Ce genre de démonstration de jalousie vous amuse ? Je pourrais sans problème vous remplacer si vous avez le temps de trainer dans les couloirs… »  Là, il retenait leur attention. Leurs épaules frétillaient, de crainte de perdre ce travail sans doute. L’humain était pathétique. Il pouvait laisser planer le doute sur ce qu’il ferait d’elles, mais il avait déjà pris sa décision. « Si vous rencontrez l’envie de semer des graines inutiles, je préfère que vous me consultiez avant sur ce qui vous importune. »
Gadreel se détourna sans un regard pour les deux femmes. Encore une conversation à sens unique. Il n’avait pas vraiment l’intention de les écouter même s’il les avait incités à le faire.


L’animation extérieure attirait quelquefois son regard, sa tête se tournait lentement vers les cris et les paroles brusquent des enfants. Le directeur épiait la progéniture du royaume. Cela ne signifiait pas qu’il se mettrait en mouvement pour interrompre quelques chamailleries. Il prenait souvent le temps d’observer la manière dont les enfants se battaient et imposaient leurs avis. Écraser l’autre pour mieux le soumettre, un dialogue qui ne fonctionnait qu’avec les faibles. Alors, quand il avait deux précieuses minutes à leur offrir, le démon en attirait un ou deux pour leur confier quelques affreux conseils sur la manière de plier certains esprits avec la parole.

Puis, alors que ses pieds se trainaient sur le sol, il perçut du mouvement à l’arrière. Il se rapprocha de la fenêtre pour observer calmement le voleur, ou plutôt… La voleuse. Gadreel eut tout juste le temps de voir une silhouette à la longue chevelure blanche s’engouffrer dans la réserve extérieure.
Quelle serait la réaction la plus appropriée ? La voleuse ne semblait pas craindre quoique ce soit. Elle agissait avec la naïveté et gourmandise d’une gamine. Pourtant, elle semblait posséder l’apparence d’une adulte. Ou bien, peut-être qu’elle était idiote. De la fenêtre, il n’avait pas pu l’identifier mais son apparence générale lui donnait l’impression d’une attitude singulière. La fille n’avait même pas regardé autour d’elle, elle avait foncé tout droit… Qui fonçait sans réfléchir dans une réserve sans vérifier qu’il n’y avait personne ?

Gadreel venait d’ouvrir la fenêtre avec une lenteur excessive. Vu la naïveté flagrante de la voleuse, il pouvait prendre tout son temps. Elle ne risquait pas de filer tout de suite… Du premier étage au sol proche de la réserve, la distance était tout à fait atteignable sans se casser un membre. Il se posa sur le rebord de la fenêtre, plaça son bras sur le rebord avant de laisser glisser contre le mur et de sauter. Il atterrit sur le sol sec, seules des oreilles attentives l’auraient entendu.

De dos, il devinait que ses mains amenaient quelque chose à sa bouche. Elle n’avait pas perdu son temps. Il était tout à fait incapable de déceler à l’odeur ce qu’elle était en train de dévorer mais sa vision nocturne lui permettait de distinguer parfaitement les choses dans la pénombre de la réserve. Au sol, il découvrit un sac éventré qui vomissait du chocolat. C’est tout ce que cette chose souhaitait voler . Rien de grave en soi. Ses épaules bougeaient, et des bruits de mastication lui susurraient qu’elle était en train de se faire un festin sans craindre personne.  

Que pourrait-il bien lui faire ? Son esprit avait bien envie de l’enfermer ici, jusqu’à ce qu’elle le supplie de sortir. Le mystère autour du personnage le poussait à attendre ses arguments. « J’espère que je ne vous dérange pas… Vous n’avez même pas l’air d’être gênés par ce que vous êtes en train de faire… » Il laissait tomber les mots les uns après les autres de sa voix lente et grave. L’animosité ne faisait pas partie de lui, pourtant, la magie noire qui l’habitait était en train de crépiter, comme impatiente. Son aura menaçait le détrousseur alors qu’il lui barrait la sortie. Sentait-elle la malice et la noirceur envahir l’espace clos ? À moins que sa sensibilité à la magie soit maigre, voire inexistante, elle ne ressentirait qu’un profond mal-être.

Elle se tenait sur l’avant de son pied et dévorait avec voracité le chocolat. Son accoutrement semblait différent des us et coutumes de ce pays. Même s’il n’était pas impossible de trouver des individus pourvus de pagne, ses vêtements n’avaient rien d’habituel. D’ailleurs, il semblait fait dans un tissu soyeux et cher, ce qui dénotait avec l’attitude pitoyable de l’inconnue. Un invité de marque ? Peu probable, elle se comportait avec une insouciance pathétique. Une servante du palais venue d’une autre région . Plus probable. Cet indice était une déception. Le corps semblait fragile. Elle aurait été si facile à casser. Gadreel ne prendrait aucun risque. Il devait connaître sa provenance. « Ce serait bien dommage de briser quelque chose de si précieux. »  Souffla-t-il plus pour lui-même. Un rideau de cheveux tombait devant une partie de son visage quand il baissait la tête vers la forme au sol. Le rêve des enfants ? Le corps gracieux de cette fille ? Un peu des deux, mais sa préférence allait sur la deuxième pensée. Elle devait être plus jolie encore avec des blessures. Mais le risque serait trop grand, pour sa réputation, pour son refuge… Cruellement dommage. Son corps vide d’émotions allait devoir encore attendre avant de nourrir ses abîmes. « Ce que vous mangez était destiné à des personnes plus méritantes. Vous pensez que vous méritez ce que vous êtes en train de manger ? »  Sa voix grinçait, il restait immobile comme figé. Le contrejour ne permettait pas à un humain lambda de voir son expression. Un sourire mauvais déformait son visage. Peut-être était-il un peu diverti par cette situation.

L’obscur personnage attendait des réactions. Allait-elle sursauter ? Tenter de s’échapper ? Allait-elle mâcher et avaler le chocolat de travers ? Allait-elle s’arrêter et tenter de lui parler la bouche pleine ? Il serait surement le seul sur ces terres à trouver ces images plaisantes.
« Vous pourriez même vous étouffer avec… Qui dois-je prévenir si vous mourrez dans ma réserve ? »
Sa voix faussement doucereuse et chaleureuse ne trompait personne. Il lui arrivait de bien jouer le personnage attentionné. En cet instant, son intérêt n’était pas de la piéger. Il ne savait pas à qui il avait affaire.
Une pensée inquiétante et sinistre le mettait dans tous ses états. Des choses s’agitaient en lui, comme impatiente de le voir agir et de mettre en action ses pensées les plus noires. Comme chaque fois, ses instincts le guidaient vers une issue angoissante. « Avant d’entrer chez les gens on s’annonce. On toque à la porte, on fait signe, on dit bonjour… »
Sa voix grinçait, menaçait, mais il souriait avec une méchante intensité. Puis, il s’approcha d’elle, rapide et fluide, sa main glissa avec une étrange délicatesse sur son cou pour la pousser la tête la première dans le sac de chocolat. De cette façon, elle allait perdre l’équilibre et chuter, il l’espérait. Ensuite, il se relevait, la porte se refermait avec fermeté, la lumière était étouffée par les ténèbres. Aucune fenêtre ne permettait à la luminosité de s’infiltrer ici. Seul le dessous de la porte laissait filtrer un brin de soleil. « Bonjour jeune fille, c’est ma manière de vous accueillir, vous qui cherchez à voler ce qui m’appartient. »  Il se reculait dans cette nuit temporaire, son dos posé contre la porte. Ils allaient pouvoir discuter dans la pénombre.


“Réserve”
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Naä'vys
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Naä'vys
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Qu’il était bon, ce repas de fortune. En un instant j’oubliais tous les tracas de la journée, chaque bouchée les faisant s’envoler toujours plus haut. Ce chocolat était certes moins goûtu et fin que celui que l’on m’offrait au palais, mais après avoir vécu près de 10 ans dans une jungle, j’avais appris à ne pas me montrer trop difficile. De plus, je n’en avais jamais eu en telle quantité ! Lorsque Ayshara m’offrait une friandise, ce n’était que par petits bouts alors qu’ici, j’avais des tablettes entières rien que pour moi ! Une part de mon esprit s’interrogeait tout de même sur les raisons qui pouvaient bien pousser quelqu’un à abandonner ici ce véritable trésor. J’avais bien perçu les autres victuailles entreposées dans l’obscurité de la pièce, mais étant déjà bien nourrie, seule la gourmandise guidait encore mes actes. Ma seule crainte sur le moment était de manquer de chocolat avant que ma frénésie gloutonne ne soit assouvie.

Je relevais brusquement la tête de mon festin lorsqu’un bruit étouffé, provenant de l’extérieur du bâtiment parvint jusqu’à mes oreilles. Ce n’était probablement rien. J’avais encore du mal à m’habituer à certains aspects de la vie citadine, et notamment les bruits incessants de l’activité humaine fourmillante qui ne cessaient même pas la nuit et qui me sortaient parfois de mon sommeil. Hochant la tête de gauche à droite, je retournais rapidement mon attention sur le morceau à moitié fondu que je tenais dans la main. De l’autre, je tâtais les ombres à la recherche de ma prochaine proie, me fiant à mon odorat pour guider mes doigts gourmands. Avec l’insouciance d’une enfant persuadée qu’elle ne faisait rien de mal, je relâchais ma garde lui préférant les gâteries sucrées.

~ Naä’vys ! Il y a… ~

D’un geste de la main, je balayais la veine tentative de mise en garde de Loup. Depuis la dernière prise de contrôle de ce dernier, les rôles s’étaient finalement retrouvés inversés et je possédais sur lui une mainmise qui le forçait à une certaine docilité. Toutefois, je ne lui faisais définitivement plus confiance (comme si ça avait déjà était le cas avant…) et je me montrais particulièrement sèche avec lui. Pourtant, il la percevait parfaitement, lui, cette aura noire et menaçante qui sifflait ses mises en garde en se rapprochant inexorablement. En temps normal, j’aurais moi aussi perçu la présence qui se glissait dans le noir avec la malice malsaine d’un prédateur mais l’odeur sucrée emplissait mes narines et j’étais tellement occupée à m’empiffrer que mes autres sens étaient en sommeil, ou du moins tous concentrés sur la tâche présente : Manger bon chocolat.

Hélas, il fallu bien que je retourne à un moment à la juste réalité des choses. Si ce n’est d’abord la surprenante caresse le long de mon cou, me faisant sursauter et frissonner, qui m’arracha totalement à ma dégustation, c’est bien lorsqu’on me plongea la tête dans le sac que je comprenais enfin les tentatives de mise en garde de Loup. Déjà à moitié en équilibre sur la pointe des pieds, le choc m’entraîna définitivement vers l’avant, provoquant mon inexorable chute sur le sol rugueux de la réserve. En cherchant à m’accrocher où je pouvais, j’entrainais avec moi le sac de chocolat qui acheva sa course sur ma tête, me privant définitivement de mes sens. Paniquée de me retrouver ainsi aveugle et sourde, je m’agitais et grognais à la recherche de la position de l’agresseur, battant des bras et des jambes jusqu’à ce que, par un coup de chance, le sac me soit arraché du visage du fait d’un geste suffisamment ample pour l’accrocher au passage.

Enfin je retrouvais la vue alors que mes pupilles luminescentes, éclairant d’une pâle lueur bleutée une part de ma figure, fouillaient la pièce désormais plongée dans le noir à la recherche du danger. Aidés par une poussée d’adrénaline due au danger, mes sens se mirent en éveil et n’eurent aucun mal à repérer la position. Une forte odeur de cendre et de tabac se dégageait d’une ombre adossée au mur en face de moi et me piquait le nez.

~ En face de toi, Naä’vys. ~

« Je sais. »

Je ne savais pas vraiment comment réagir. De toute évidence l’inconnu n’était heureux de me voir ici, sans toutefois être complètement hostile. Le ton dans sa voix n’était clairement pas amical mais s’il avait voulu m’attaquer ou me blesser, il avait déjà eu milles occasions de le faire. Il semblait surtout agacé que je sois venue me servir dans ce qui s’avérait être sa réserve. Je me rappelais vaguement la notion de propriété qu’avait déjà essayé de m’enseigner Elyse, comme quoi une personne pouvait décider que quelque chose lui appartenait ou non, ce qui interdisait aux autres de le prendre… À vrai dire je peinais encore à saisir les limites d’un tel concept et je partais du principe que si quelque chose était laissé libre d’accès, alors tout le monde pouvait le prendre.

« Naä’vys pas voler ! Chocolat pas surveillé alors Naä’vys se servir, ça pas être vol ! »

J’en profitais pour me relever sur mes deux gambettes, toujours sur la défensive et prête à me ruer vers la seule sortie dont la lumière filtrant sous le battant m’indiquait la position. On m’avait bien enseigné que se battre dans les limites de la ville pouvait me valoir de gros ennuis alors je préférais favoriser la fuite plutôt que l’affrontement si cela était encore possible.

« Si toi pas vouloir que les autres se servent, toi surveiller ton chocolat !

Peut-être qu’en demandant il me laisserait partir ? Après tout je n’avais rien fait de mal.

« Maintenant laisse rentrer Naä'vys sinon Ayshara s'inquiéter ! »
Gadreel
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Gadreel
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La sérénité sans faille de la voleuse était grotesque à voir. Elle ne surveillait pas ses arrières comme l’aurait naturellement fait un voleur. Venait-elle de naître ? Avait-elle vécu dans un cocon sécurisant toute sa vie pour ne ressentir aucune crainte face à l’ombre du danger ? D’où sortait-elle ? Le démon pensait à pleins de manière de l’appréhender, mais il avait choisi l’amusante idée de pousser sa tête pâle dans le sac. La créature fut déséquilibrée, tomba et écrasa dans sa chute quelques malheureux légumes. Les nourrices auraient sûrement grincé des dents. Le plaisir malsain de faire trembler ce petit corps prenait l’ascendant sur la logique. L’enveloppe vide s’humectait instinctivement les lèvres.
Les muscles de Gadreel étaient tendus, signe que la fin du mois approchait. Une âme, une dernière, luisait dans un flacon transparent. Il arrivait au bout de l’échéance. Il serait contraint de trouver d’autres manières pour se nourrir. La méthode facile d’une femme morte n’était plus d’actualité. Avant de mourir, n’avait-elle pas jugé utile de lui partager sa méthode pour les voler et les emprisonner ?
Adossé contre la porte, il la regarda s’agiter dans tous les sens pour se défaire du sac. La panique se réveillait. Elle en avait mis du temps… De son air impassible, il la fixait de ses yeux sombres sans sourciller, sans sourire, sans bouger.

Personne ne portait des tissus de cette qualité à moins d’appartenir à un noble ou d’être proche de la royauté elle-même.
Deux étranges billes lumineuses venaient de glisser sur l’ombre près de la porte. Entre surprise et crainte, elle semblait ne pas saisir dans quelle dangereux scénario elle venait de se glisser. La brillance de ses yeux apportait une couleur bleutée à son visage. Cette opalescence lui rappelait ceux de la directrice disparue. Quel regard singulier, il pourrait presque se perdre dans des miasmes de souvenirs. Pour autant… Il n’était pas le genre d’individu à perdre son temps avec le sentimentalisme, aussi distrayant qu’avait pu être ses échanges avec Melki…

La créature de la nuit aurait bien envie de l’éliminer mais dans ses éclaircissements hasardeux, elle avait lâché un nom important. Ces deux miroirs appartenaient à la royauté, tiens donc… L’esprit agité du démon parut déçu par l’annonce. Elle venait de réduire le champ des possibles. Il grognait, reproduisant la peine d’un enfant à qui on venait de retirer un jouet intéressant… Ou, un repas. La détresse du brun était froide, dénuée de volonté. Gadreel était très vite revenu à une expression détachée, entouré de son aura piquante et désagréable.
Les mots décousus de la fille faisaient leur chemin jusqu’à ses oreilles. Elle parlait si mal avec un accent à couper au couteau. Une étrangère alors ?

La fumée âcre s’écrasait contre le plafond avec une lenteur sinistre. Le manque d’air de la pièce étouffait et ralentissait l’ascension les volutes de fumée.
Avec un drôle d’intérêt, il l’inspectait de la tête au pied puis fixait ce visage barbouillée de chocolat. Sa crasse et sa grossièreté lui donnaient un certain charme. Si seulement elle ne s’était pas permise de voler avec des désespérantes explications le mettant en faute… Un être vivant emplit d’inutiles émotions aurait sûrement senti la colère monter. Pour Gadreel, il n’en était rien, l’émotion était plate, mais ses pensées étaient obscures. Il aurait bien envie de l’égorger lentement pour voir si elle allait continuer de le mettre en faute.

« Quelqu’un t’aurait-il vu te glisser jusqu’ici ? » Son ton était chargé. Son incertitude l’amusait, mais ses yeux perçaient vers la sortie, elle allait peut-être essayer de forcer l’accès ? Ce serait bien plus distrayant que de la voir se dandiner avec l’espoir qu’il se décale gentiment.

Les pulsions étaient si intenses. Elles avaient toutes une voix dans son esprit. Elles le tentaient mais il parvenait à les opprimer et à les contenir. Ses muscles ressentaient cette tension tel l’aimant contre le fer. La pénombre de la pièce rendait l’ombre plus affamée. En fin de compte, l’enfermer ici était une bien vilaine idée. Le psychotrope qu’il aspirait quelque fois lui permettait de distiller sa pensée et de la rendre plus incohérente. En cet instant, il n’avait pas eu sa dose de la journée. Des restes infimes de ce poison coulaient dans son sang, mais c’était fort peu suffisant pour se maîtriser.

« Tu sais ce que je dis aux enfants ? Celui qui est pris doit assumer les conséquences. Il fallait être plus discrète Naä’vys.… Tu penses sérieusement que tu vas partir si facilement ? Je t’ouvre la porte et c’est terminé… ? » La mettre en pièces, la morceler, n’était pas une possibilité envisageable. « Tu devrais au moins essayer de t’excuser au lieu de m’accuser tu sais… »
La voix grinçait, la tonalité grave ne le rendait pas du tout sympathique.
Un sceau royale la protégeait. Ce qui malheureusement, la rendait intouchable. Gadreel ne pourrait pas prendre le risque que des enquêteurs viennent jusqu’à lui. Même si les traces de cette étrangère pourraient être difficile à déceler dans ces rues grouillantes. Melki lui avait toujours rappelé la prudence. De ce fait, il devait réfléchir à ce que ses actions pouvaient engendrer. Les résultats qui se dessinaient dans son esprit se terminait par sa propre mort. Non que cette idée ne lui déplaisait, mais il ne pouvait décidément pas mourir demain. Il ne ressentait pas de crainte vis-à-vis de la mort elle-même. Pour autant, il ne la souhaitait pas.
Il choisit ce moment pour laisser échapper un rire qui fit trembler la porte dans son dos. Du bout des doigts, il cachait ce vilain sourire qui d’étirait sur ses lèvres fines et plus pâle que la norme.

« Dois-je te rappeler que tu es venue de ton plein gré ici fourrer ce nez sale dans les affaires des autres ? Je n’ai pas besoin de surveiller car personne ne se risque à mettre ses pieds ici. »
L’aura menaçante ne forçait pas le trait. D’un mouvement inconscient, la population l’évitait. Même sans aucune sensibilité à la magie, des choses dérangeaient. Maintenant qu’elle avait toute son attention, l’entendait-elle aussi, ce crépitement ?

Il avait fini de rire subitement. La perspective de jouer avec sa peur l’amusait. Gadreel restait toujours fixe à l’exception de cette fumée épaisse qui investissait l’espace clos. Il bougeait, portait le tube mortel à ses lèvres pour aspirer le tabac qui investissait sa gorge et ses poumons. La fumée s’épaississait cinq courtes secondes vers le visage brillant de la créature chapardeuse. Curieux regard, vraiment, d’où sortait-elle ? Il n’était pas étonnant que la reine ait envie de garder cette préciosité près d’elle, elle n’aurait pas fait long feu dans les rues de la capitale. D’ailleurs, ce fameux destin pourrait bien la retrouver si elle restait aussi faible et stupide.
Gadreel ne chercherait pas à l’aider dans ce sens. Il n’en voyait pas l’intérêt. Sa main disponible chercha le métal aiguisé de l’une de ses dagues, sa peau fut coupée parce qu’il sortit la lame par le fer. Le sang coula en perle fine le long de sa main. Allait-il voir l’agitation chez l’illettré fraichement sortie du palais ? Décidemment, il ne pouvait que vouloir faire peur à ce visage pleins de curiosités et de questions : « Personne n’a jamais eu envie de te les voler ? Tes yeux… Tu sais, tu pourrais me payer comme ça… Mais si tes billes s’arrêtent de briller quand ils s’échapperont de leurs creux, ce serai du gâchis. » Le démon fouillait dans sa mémoire, un sourire carnassier étira ses lèvres. Elle n’utilisait sans doute pas ce nom important dans le but de le soumettre. Elle le disait avec la voix craintive d’une personne acculée, en proie à un manque d’assurance.

« Tu devrais prendre tes responsabilités. Tu sais ce que ça veut dire au moins ? » Demanda-t-il de sa voix sombre, sceptique. Devait-il presser le cœur déjà palpitant de cette fille ? Elle allait bien lire la menace dans cette lame ? Le démon ne transpirait ni de haine, ni de colère. Il nageait toujours sur cet océan calme, sans vague. Si la créature utilisait ses sens, elle n’allait rien percevoir dans les intentions du démon. Elle ne pourrait que se fier à son imagination.  

“Perle de sang”
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L’ambiance à l’intérieur de la petite pièce plongée dans le noir était devenue aussi lourde et grave que le soleil de plomb qui pesait sur la capitale en cette fin d’après-midi. L’aura du singulier personnage qui me faisait face dans la pénombre se faisait elle aussi de plus en plus oppressante et il devenait clair qu’il ne me laisserait sans doute pas repartir comme j’étais venue, la bouche en fleur. J’aurais en effet dû me montrer plus prudente. Dans les jungles de sang, le plus fort s’empare de tout ce qu’il veut, y compris les meilleures prises. Or, dans un rapide rapport de force, je n’étais pas certaine de pouvoir déterminer qui serait ici la proie. Depuis les récents événements du palais j’étais certes devenue moi-même plus forte mais la pratique me manquait et les dernières semaines passées au palais ne m’avaient guère encouragée à faire de l’exercice pour me maintenir dans une condition physique acceptable pour un combat rapproché face à un être qui me dominait en masse et en taille.

L’inconnu semblait profiter de la situation et la faisait durer intentionnellement. À présent qu’il était adossé à la porte, mon seul plan d’évasion tombait à l’eau. Je sondais la pièce de mon regard luminescent à la recherche d’une issue, en vain. Il me fallait donc décaler la masse de muscles qui me bloquait le passage d’une manière ou d’une autre. J’aurais sans doute pu jouer la carte de la soumission, baisser l’échine et espérer qu’il me laisse sortir une fois qu’il serait satisfait après que je me sois confondue en excuses comme il le demandait. Il est après tout normal dans la nature de respecter l’Alpha du groupe, comme je le faisais avec le roi tyran. Toutefois, un vent nouveau soufflait en moi depuis quelques temps qui me poussait à m’affirmer avant toute autre chose. Si je voulais rester aux côtés de la reine et la protéger afin que certains événements ne se reproduisent plus, je devais devenir forte, beaucoup plus forte !

« Naä’vys ne s’excusera pas ! Elle n’a rien fait de mal ! »

Disais-je avec aplomb, toujours persuadée d’être dans mon bon droit alors qu’un rire sinistre déchirait la pénombre et faisait vibrer l’air.

« C’est toi qui menace Naä’vys ! C’est toi qui devrait présenter des excuses ! »

L’effronterie presque enfantine dont je faisais part était en réalité le résultat d’un mélange entre les différentes habitudes que j’avais pris durant mon errance dans la jungle et ma récente réhabilitation au sein du palais royal. Aussi, malgré la situation, je ne parvenais pas à craindre l’inconnu qui se cachait dans l’obscurité et les volutes volatiles produites par son « bâton à fumée », pas encore du moins. Mon regard frémit cependant en direction du mouvement à peine audible que je percevais grâce à mon ouïe développée. Je crus reconnaître le bruissement singulier d’une lame que l’on glisse hors de son fourreau, mais surtout, l’odeur amère et métallique du sang. Allait-il attaquer ? Ses intentions ne mirent pas longtemps à être révélées et elle me firent frissonner d’avantage.

« Personne ne prendra les yeux de Naä’vys ! Personne ne prendra sa lumière ! »

Mes mains se mirent à tâtonner discrètement dans mon dans avec l’espoir de trouver quelque chose qui pourrait me permettre de me défendre, ou au moins de l’occuper quelques instants. Pour le moment, l’homme restait immobile, imperturbable. Dans l’obscurité, je ne savais lire ses émotions et rien au niveau de son odeur ne me permettait de dire quand il allait agir. Ne faisait-il que s’amuser ? Cherchait-il à obtenir quelque chose de ma part ? Elyse m’avait prévenue que, bien que ma présence au palais soit restée relativement discrète, des gens pourraient essayer de m’avoir afin de pouvoir atteindre la reine par mon intermédiaire… Était-ce le cas ?

~ Il est temps d’agir, Loup. ~

La voix d’Agneau résonnait depuis les tréfonds de mon esprit, où il était désormais contraint de reposer.

~ Tchhh… Je sais. ~

Je fus quelque peu surprise et désarçonnée par ce soudain échange auquel je n’étais pas conviée. L’un comme l’autre ne m’avaient pas laissé le temps d’intervenir. En d’autres circonstances, je me serais même vexée que deux parts de mon esprit se permettent ainsi d’échanger sans mon assistance mais il n’était pas temps pour cela.

« Et qu’en est-il de TES responsabilités, homme de fumée ? »

À nouveau je sursautais. Je ne m’attendais pas non plus à ce que l’esprit lupin s’adresse à voix haute à l’inconnu. Que pouvait-il bien se passer dans les méandres de ma cervelle pour que Loup se décide à agir de lui-même ? Sa voix était plus profonde et rauque encore que celle de l’étranger et semblait résonner à la manière d’un écho dans les entrailles d’une caverne.

« Je te conseille de ne pas toucher à la fillette, où il t’en coûtera ! »

Je sentais grandir derrière moi une présence à laquelle je m’étais habituée et qui était d’habitude plus discrète. Ce qui aurait dû être mon ombre s’il y avait eu assez de lumière dans la pièce était en effet en train de gonfler, grandissant toujours plus jusqu’à finalement dépasser en taille nos deux personnes. En son centre se dessina enfin le sourire plus carnassier encore de Loup, dont les pupilles aussi luminescentes que les miennes se penchèrent vers notre interlocuteur commun. Son corps n’était pas physique et traversait les objets qu’il rencontrait à la manière d’un ectoplasme. Je savais aussi qu’il ne serait pas véritablement capable d’attaquer mais ça… l’homme l’ignorait.

Au même moment, mes mains empoignèrent la sangle de ce que je pensais être le sac de chocolat dans lequel on m’avait plongé la tête quelques minutes plus tôt. À mesure que je tirais dessus, la bourse remontait peu à peu vers moi jusqu’à ce que je puisse finalement l’empoigner à mon tour, non sans faire tomber au sol quelques morceaux bruns et sucrés sur le sol.

~ Quoi que tu fasses, dépêche-toi. Je ne peux maintenir cet aspect trop longtemps ! ~

« Je suis prête. »

Ma diversion était en place, j’étais prête à bondir à la moindre occasion. Ne restait plus qu’à observer la réaction de mon ravisseur.
Gadreel
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Les bêtes acculées devenaient agressives. La lame menaçante avait créé de l’anxiété chez elle. Il voyait ses yeux danser partout dans la pièce, et se fixer sur lui. Elle craignait une blessure, légère, grave, fatale. Gadreel se demandait à quel point son esprit lui amenait des idées sanglantes. Comment appréhendait-elle ce moment ? En premier, elle l’accablait toujours. Ensuite, elle haussait même le ton. Pour finir, son assurance la perdrait. Elle avait eu l’air si apeuré quelques secondes plus tôt que de la voir s’agiter et s’offusquer le distrayait. Au moins, elle ne resterait pas dans son coin terrifié à attendre la mort.
Gadreel l’observait de son regard glacé, sans prétention, sans intention. Seule la lame pouvait apporter son lot de supposition. Il laisserait l’esprit de la voleuse s’affoler tout seul. L’ombre occupait l’espace, une noirceur douce et agréable pour le démon qui ne ressentait aucun mal-être.

Dans cette situation, il ne savait même pas s’il était possible pour lui de lui arracher des excuses. Ce bout de femme avait l’air bien trop ancré dans ses idées. Il n’en pleurerait pas car il ne cherchait pas à ce qu’elle s’apitoie sur elle-même et à ce qu’elle s’agenouille en cherchant la pitié. Alors qu’en cet instant, elle agissait comme une enfant, persuadée de sa vérité, persuadée du tort de l’autre.
« Bien sur… Tu n’as rien fait de mal. Si tu y crois dur comme fer, tant mieux pour toi. Moi, en tant que propriétaire des lieux, je n’en crois pas un traitre mot… Tu es une bien piètre voleuse qui plus est. Tu as fait un bruit pas possible et tu n’as même pas surveiller tes arrières… Es-tu juste idiote ou juste naïve ? » Dit-il avec un ton doucereux.
La créature fumante la regardait sans ciller. Le démon attendait patiemment dans l’ombre qu’elle lui offre ses yeux luminescents dont la nature l’avait pourvu. Des joyaux d’une rare beauté qui scintillaient dans le noir s’agrandissait par la peur.

Je te menace parce qu’il n’y a rien de plus satisfaisant que de déceler la peur sur un visage criant de maladresse. Devait-il lui murmurer ses intentions ? Nul besoin, elle se ferait des films toute seule. L’imagination ne devait pas être ce qui lui manquait. Ses muscles étaient si tendus qu’il la gardait à l’œil. Elle était capable de bondir à tout moment et il était prêt à la repousser ; elle ne sortirait pas tant qu’il ne l’avait pas décidé. Il voulait imprimer dans son esprit apeuré un message qu’elle n’oublierait pas de sitôt. Les ténèbres étouffent la lumière. Puis, l’atmosphère devint lourde, écrasante. Son corps sentit une ombre néfaste investir les lieux, l’air était comme écrasé par la voix venue du fond des abysses. Cette tonalité semblait s’échapper de la bouche de la fille qui avait pris une toute autre expression. Une chose informe gonfla derrière le corps frêle et investit une partie de la pièce. Son apparence était écrasante et son sourire intensément dangereux. Le regard bleu électrique était chargé de menace. D’où sortait cette créature ? Les yeux du démon balayaient le visage de la jeune femme et se fixait sur la chose. Il restait immobile, alerte, plus surpris par ce revirement de situation qu’apeuré. La chose était chargée de cette assurance que la fouineuse n’avait pas. La personnalité n’avait rien à voir, comme si cette ombre protectrice cherchait à la protéger d’un éventuel malheur.

Malice. Il déviait son attention sur la femme, un éclat brillait au fond de ses yeux noirs. « Tu as un esprit tordu et cassé, pas vrai ? » Sa voix impartiale était chargée de la même densité. Il n’avait pas sourcillé, il n’avait pas tremblé. Son corps lui semblait plus lourd, mais aucune émotion n’apparaissait. Le démon n’avait pas mangé depuis si longtemps que l’émotion pure avait totalement disparu. « Je suis dans mon bon droit, je suis chez moi, c’est mon terrain de jeu ici. » Il pouvait faire durer ça encore longtemps, la créature l’écrasait de toute sa prestance et il ne niait pas son caractère angoissant. Le démon était comme hypnotisé par la chose, attiré inévitablement par l’aura sombre qu’elle dégageait.

« Je suis honoré de voir cette chose monstrueuse tapis au fond de toi Naä'vys. En fin de compte, tu es un monstre aussi. Joli. Comment dois-je vous nommer ? Pensez-vous que j’allais trembler devant cette révélation ? Vous vous donnez tellement de mal pour la protéger, avez-vous peur qu’elle meurt ? » Gadreel était en train de leur parler comme à deux personnes bien distincts. S’il faisait bien d’attribuer un respect différent pour les deux, il cherchait surtout à comprendre comment l’être mystique avait-il pu se trouver là. Il avait l’air bien plus enclin à faire le mal que la frêle jeune fille. Les personnalités lui semblaient drastiquement opposées. Cette attirance pour cette curiosité le mettait sur un chemin compliqué à suivre. Il ne voulait pas la laisser s’échapper tant qu’il n’en saurait pas plus. Mais en savait-elle suffisamment elle-même ? Et l’ombre qui gonflait et l’écrasait, avait-elle toute sa tête ou avait-elle perdue des morceaux de mémoire en chemin ?
« Mais qui êtes-vous donc… Un mignon petit chien ? » En quête de colère et de haine, il espérait que la petite pique ferait agir le personnage qui jusque-là, n’avait fait que le menacer. Tout comme lui, la dague restait un instrument de pression psychologique. Qu’attendait-il pour agir ? Qu’il passe aussi à l’attaque ? Ou, ne pouvait-il simplement pas devenir une forme tangible ? Il n’avait qu’un seul moyen de le savoir.

Il voyait bien que la fille était toujours plus tendue, alors il se décala de la porte tout en l’ouvrant. Le bain de lumière était violent, mais il s’efforça de garder un œil sur elle, un sourire indéchiffrable accroché aux lèvres.
Qui ouvrait la porte après avoir posé des questions débordantes de curiosités ?

Si elle fonçait dehors, la porte se refermerait sec devant son nez. Le brun avait déjà le pied près à frapper la porte et la main prête à accueillir le visage pour le coller contre le bois épais.
Si elle ne bougeait pas, la porte resterait ouverte et la lame provocante continuerait de sauter en l’air pour retomber dans sa main. Le brun était capable de gérer plusieurs choses en même temps. Après tout, il gérait depuis plus de cent ans des énergumènes pourvues de pouvoirs de différentes natures.


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J’ignorais encore vraiment pour quelle raison Loup intervenait dans cette scène peu banale, lui qui répétait sans cesse qu’il n’accordait aucune importance à mon bien-être ou à ma sécurité. De plus, en sachant à quel point il lui en coutait d’utiliser ses pouvoirs, il était d’autant plus étonnant qu’il les emploie à mon service. J’avais l’impression que quelque chose avait changé dans le statu quo de nos esprits, bien que je ne sache pas réellement quoi, et que cela le forçait à se montrer plus docile et obéissant qu’à l’accoutumée. Je me doutais qu’Agneau y était en partie pour quelque chose, mais je peinais à imaginer la douce et docile présence se rebellant contre son créateur pour le forcer à se soumettre. Je notais dans un coin de ma tête qu’il me faudrait éclaircir ça avec ces deux phénomènes.

J’avais sans doute tort, mais depuis que Loup s’était décidé à intervenir, je me sentais… apaisée. Il avait beau être belliqueux, manipulateur et menteur, en plus d’avoir essayé de tuer ma meilleure amie en prenant le contrôle de mon corps, mais au moins je savais plus ou moins à quoi m’attendre avec lui. Dans un sens, lui aussi avait vieilli et cela le rendait prévisible et on aurait pu dire qu’il avait perdu quelques dents. Aussi, le voir faire face avec moi à adversaire commun lui donnait un côté rassurant et protecteur, comme s’il s’agissait d’un ange gardien. Après tout, il avait beau dire qu’il me haïssait, mais c’est tout de même lui qui me gardait et vie et en bonne santé avec sa propre essence magique. S’il me détestait à ce point, il aurait depuis longtemps arrêté d’entretenir mon corps.
(Naa’ ignore encore qu’il a aussi besoin d’elle pour rester en vie puisque que leurs âmes sont liées)

L’apparition spectrale eut l’air de faire son effet sur l’inconnu… Mais pas exactement comme nous l’avions escompté. Il conservait un calme froid et neutre, et, plutôt qu’effrayé, il semblait en vérité fasciné par le spectacle se déroulant devant ses yeux. Il saisit très vite l’état dans lequel se trouvait mon esprit, ou du moins, il saisissait l’essence du problème. Jonglant habilement avec les mots et changeant de ton en fonction de son interlocuteur, il était tantôt respectueux envers Loup et tantôt sarcastique avec moi. Que cherchait-il ? Qu’attendait-il ? Je sentais l’esprit de la bête bouillonnait et s’agiter à mesure qu’il essuyait les piques que lançait le mystérieux orateur.

« INSOLENT ! JE VAIS… »

J’interrompais Loup d’un geste de la main.

« Loup, reste tranquille, il fait cela pour nous tester, tu le sais bien. »

À nouveau je parlais dans ce dialecte qui nous était propre, un mélange de grognements, de sons gutturaux et de mots aux racines anciennes et perdues que j’utilisais pour échanger avec mes deux hôtes lorsque je vivais encore dans la jungle. Bien qu’ils aient appris en même temps que moi le Commun, je conservais cette habitude lorsque je m’adressais directement à l’un ou l’autre. Attisée par la colère, la force mentale du Loup grandissait et je craignais de perdre à nouveau le contrôle, d’autant qu’il puisait abondamment dans mes réserves afin de maintenir sa forme « physique » hors de son plan d’existence. À mesure qu’il grandissait, l’impact sur mon corps se faisait lourdement ressentir.

Une goutte de sueur perla sur mon front alors que j’analysais avec difficulté la situation. L’homme s’était en effet écarté de la porte, mais son regard et son sourire trahissaient une double intention, mais la quelle ? De toute façon, même si je l’avais voulu, je me trouvais désormais incapable du moindre geste tant la pression de la bête était lourde. J’avais le sentiment de porter sur le dos une charge dix fois supérieure à mon poids et j’ignorais encore par quel miracle je tenais encore debout. C’est à ce moment-là que retentit à nouveau dans mon esprit la voix douce et rassurante d’Agneau.

~ Tout va bien Naä’vys, reste concentrée. ~

« J-Je ne vais pas pouvoir le retenir encore longtemps, que va-t-il encore se passer lorsque je serais inconsciente ?! »

Une larme luminescente glissa le long de ma joue. J’étais terrifiée à l’idée de me retrouver à nouveau dépouillée de mon corps par l’esprit malin et qu’il n’en profite pour faire à nouveau le mal.

~ Garde ton calme, Naä’vys. Nous allons t’aider, mais il faut nous laisser faire. ~

J’acquiesçais d’un hochement de tête.

« Je te fais entièrement confiance. »

~ Alors ouvre nous ton esprit, comme tu le faisais dans la jungle. La seule différence est que tu garderas le contrôle de ton corps. ~

Sans perdre plus de temps, je m’exécutais. Faisant fi de la présence de l’homme et de Loup, je fermais les yeux, laissant l’esprit d’Agneau le temps de se mêler au mien. Je retrouvais d’anciennes sensations, comme l’impression de me retrouvais projetée hors de mon propre corps mais cette fois-ci, comme promis, je restais seule maître de mon être.  À la place, un sentiment d’apaisement mais aussi de force emplit mes membres et ma conscience alors que petit à petit, l’ombre du Loup reprenait une taille que je pouvais maintenir sous mon contrôle.

« Qu’est-ce que… »

~ Abandonne-toi au Repos de l’Agneau. ~

Transportée par ce nouveau cocktail sensoriel, je ne faisais même pas attention au mince duvet blanc laiteux qui se développait peu à peu le long de mes avant-bras et de mes mollets.
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✦ ✧ ✦

Cherchait-elle à lui lancer un sort ? La langue mystique s’échappait de sa bouche et formait des sons et des mots qu’il n’avait jamais entendus. Sa méconnaissance de l’étranger l’empêchait de faire des liens et cela aurait bien pu le frustrer s’il avait ressenti profondément quelque chose. Son être écoutait, alors qu’il penchait un peu la tête et levait les deux sourcils en signe d’étonnements. Comment une chose pareille avait-il pu atterrir dans le palais de la reine ?  « Qu’as-tu donc fait pour que la royauté daigne se pencher sur un être aussi détraqué ? Dis-le-moi s’il te plaît… »  Un compliment ou un reproche ? La créature, ou les créatures selon le point de vue, construiraient bien leur avis sur sa question. Puis, il suppliait presque. Le ton de sa voix s’était fait plus rond plus chaleureux. Comme si cela pourrait aider la fille aux regards lumineux à lui apporter son secret. Décidément. Quelle rencontre singulière.

Gadreel espérait recevoir une réponse, il se montrait presque suppliant... Mais après toutes ces menaces, elle ne pourrait pas être tranquillisée. Il en était conscient. Jusque-là, elle n’avait fait que se braquer et attendre qu’il lui saute à la gorge. Il ne savait comment interpréter ses petits pas et son dos courbé. Ni comment prendre la sortie de l’ombre aux yeux brillants. L’aura de l’esprit loup était indéniablement effrayante. Un faible d’esprit auraient surement senti ses jambes trembler face à cette forme de magie noire.

Gadreel trouvait le temps long. La fille ne cherchait pas à sortir. Elle attendait le bon moment, à l’affût. Au lieu de ça, elle continuait à laisser couler des mots aux racines inconnus. Il n’avait jamais entendu cette langue. « Je vais perdre patience. » Sa voix terriblement neutre laissait une empreinte dangereuse. Elle doutait des intentions du directeur ou elle était en proie à des questions trop intenses. Réfléchir sans agir, c’était d’un ennuie. Gadreel vit naître sur les avants bras de la fille un duvet immaculé alors qu’elle semblait se concentrer. L’ombre écrasante sembla s’effacer au profit de quelque chose d’une autre nature.

L’être vivant était en train de passer par toutes les couleurs de l’émotion ou il s’agissait d’une nouvelle personnalité ? S’il comptait juste, il avait affaire à trois choses. L’enfant, l’adulte et le dernier ? La mère, ou quelque chose du genre. « Je dois me sentir honoré de pouvoir percevoir chez toi toutes les couleurs de ton esprit ? »

La pousse des poils, ensuite ? La chanson du silence s’éternisait. Elle lui montrait ses secrets pour se protéger ? Mais, elle n’agissait jamais. L’ombre n’avait fait que menacer par les mots, la première femme l’aurait fait pleurer tellement elle était effrayée, et la ou le dernier semblait confiant. « Je pensais que tu allais m’amuser un peu. J’étais parti pour me dire que j’avais enfin trouver un adulte aussi curieux et fantasque qu’un enfant. »

Eux au moins, n’avaient plus peur. Ils tentaient des choses, s’arrêtaient puis évaluaient ses réactions. Elle ne savait pas sur quel pied danser, elle pensait sûrement qu’il pourrait la tuer ou pire l’enfermer. Gadreel ne pouvait que faire semblant de la comprendre. Il pouvait aussi comprendre sa propre envie de la garder pour lui. Cette curiosité n’avait pas le droit d’être étouffer au palais. Elle aurait tellement plus de choses à faire chez lui. Jusqu’à quel point ses personnalités protègeraient ce corps si frêle quand il se trouvait entaillé ? Et les bijoux qui lui servaient d’yeux, n’étaient-ils que des décorations ou avaient-ils des propriétés magiques ?

Il savait bien qu’ils n’étaient que deux inconnus, mais des questions lui brûlaient la langue. « Vous allez vous décider à me parler directement ? Ou il va falloir que je vous sépare en trois morceaux ? »

(c) oxymort

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La scène paraissait sans doute surréaliste pour l’inconnu qui guettait dans l’ombre. Mon esprit et mon corps passaient par toutes les couleurs et moi-même j’ignorais la métamorphose qui était en train de s’opérer dans mon corps. Pour l’instant, je me concentrais uniquement sur la sensation de chaleur rassurante et apaisante qui m’emplissait, similaire à celui qu’une mère pouvait apporter à son enfant. Sur le moment, plus rien ne semblait avoir d’importance. Aussi loin que mes souvenirs pouvaient m’emmener, je ne m’étais jamais sentie aussi sereine et détendue qu’en ce moment-même, comme si je m’éveillais après un long, très long sommeil. Dans le lointain, je percevais les échos graves et profonds de la voix de l’homme qui me gardait captive et pourtant, ils glissaient autour de moi sans véritablement pouvoir m’atteindre.

Puis soudainement… plus rien. J’étais brusquement ramenée à la triste et morne réalité sans préavis ni transition. À nouveau je me retrouvais plongée dans les ténèbres de ma « cellule », coincée entre mon geôlier, la porte et l’ombre menaçante de Loup. Cependant, je sentais certains changements dans mon être. J’avais l’impression d’être plus alerte, plus réfléchie et mes sens semblaient s’être affinés. Mon regard balaya une nouvelle fois la pièce et je me rendais compte que j’y voyais aussi clairement que lors d’un soir de pleine lune. Je distinguais désormais clairement l’enveloppe menaçante qui faisait face à l’ombre de Loup.

« Loup, il suffit. »

Ma voix s’était faite si impérative et assurée que même lui en fut surpris et, pour la toute première fois, il m’obéit sans broncher. La silhouette lupine sembla se dégonfler comme un ballon de baudruche avant de retourner au néant, me laissant physiquement seule avec l’homme qui me tenait prisonnière. Ce dernier semblait plutôt contrarié de s’être retrouvé ignoré durant quelques instants et de n’avoir trouvé aucun interlocuteur à ses questions. Pourtant, il n’avait pas bougé. Même si son air renfrogné lui donnait un côté menaçant, il ne s’était toujours pas décidé à faire usage de l’arme qu’il agitait dans sa main.

Peut-être que tout cela n’était finalement qu’un artifice organisé dans le seul but de me tourmenter, de s’amuser à mes dépends ? Quoi qu’il en soit, cela n’avait que trop duré. Il était clair qu’aucun de nous deux n’avait véritablement l’envie d’en venir aux mains, sinon cela aurait été fait depuis longtemps. Il fallait toutefois trouver un moyen de maintenir l’étrange statu quo qui s’était mis en place lors de nos échanges erratiques tout en guidant mes pas vers la providentielle sortie.

« Naä’vys ne répondra pas à tes questions, homme dans l’ombre ! »

Campée sur mes positions, je voulais, à mon tour, le faire réagir, voir jusqu’où il était prêt à aller pour obtenir les réponses qu’il convoitait. Après tout, il m’avait finalement surtout l’air d’être, comme moi, un grand curieux. Du moins je l’espérais.

« Naä’vys te propose un marché. »

Je prenais encore un instant pour moi afin de m’assurer intérieurement des termes du contrat.

« Laisse sortir Naä’vys d’abord ! Après, Naä’vys promet de répondre aux questions que tu lui poseras, sans s’enfuir. »

Mon regard lorgnait irrésistiblement vers le sac éventré qui lui avait valu toute cette mésaventure et que je tenais finalement toujours dans la main.

« Et Naä’vys prendre aussi le chocolat, car homme dans l'ombre méchant. »

Mes yeux se posèrent à nouveau vers l’homme, en attente d’une réponse.
Gadreel
Le murmure de l&#39;eau a des allures de tentatrice
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✦ ✧ ✦



« Vous pouvez m’appeler Gadreel, plutôt que l’homme dans l’ombre. »  Cette brève présentation posait des tonalités froides et distantes, sans pour autant être chargée de négativité.
Elle aurait une idée de l’identité du personnage désormais. Quoique cela risquait de lui être peu utile, vu qu’elle évoluait dans une sphère sociale éloignée de la sienne.
La crainte de la fille s’était faites aspirée par la confiance en soi. Après être passé par toutes les émotions possibles et inimaginables, la petite chose à la crinière blanche avait opté pour un dialogue et un échange de bons procédés. Un marché. Un mot bien judicieux dans la bouche d’une sauvageonne. Il était généralement difficile d’acheter le démon avec des informations tant qu’il ne voyait pas d’intérêt à les utiliser dans un futur proche. Il réfléchit tout de même, ses yeux sombres balayaient le visage déterminé et audacieux de sa prisonnière. S’il n’était pas animé par grand-chose, il avait été capable lors de cet échange de savourer toutes les couleurs de sa personnalité. Allait-elle conserver longtemps cette particularité que nul autre avait ? Le palais allait forcément la transformer pour qu’elle s’adapte à la vie en société. Elle montrait dores et déjà des signes de cet enseignement. Pour sa part, il avait d’une certaine manière dû travailler sur la dissimulation de sa monstruosité. Sans contrôle, l’écran noir tapis dans son esprit serait dicté par l’instinct pur.

« Bien. C’est intelligent de votre part. Je peux accepter un tel marché, en émettant quelques réserves sur le chocolat. »
La méchanceté était un concept tellement variable. Il l’avait fait tremblé après tout,et jusque-là elle avait craint une réaction de la part du directeur. Mais savait-elle que l’information précieuse qu’elle avait lâché sur son lien avec la reine l’avait sauvé ? Non, elle n’avait pas l’air de le penser.
La faim se creusait dans son estomac, et Gadreel aurait pu l’éliminer sans se poser de questions. De ce fait, les habits prestigieux de la voleuse n’auraient pas pu protéger son âme…
L’être devrait alors de contenter de reculer ? De la laisser partir ?
Maintenant que Naä'vys avait compris qu’il ne l’éliminerait pas, elle inversait petit à petit la tendance. Sa volonté de sortir était bien plus forte que sa peur et il finit par agir. Ses premiers pas ne l’amenaient pas vers l’extérieur, il choisissait plutôt de s’approcher de la fille mi humaine mi louve. Sa vivacité était en désaccord total avec sa nonchalance continuelle, et elle surprenait toujours. Il était rapide, intuitif, et il ne mit que quelques secondes pour l’écraser contre le mur peu solide qui s’ébranla un peu.

La meurtrière sur le bord de ses lèvres se consumait et allait vers sa fin, le filet de fumée s’étirait vers le plafond à quelques centimètres des cheveux de la fille alors que sa main se refermait sur le poignet fragile. Même s’il acceptait une part du marché, il n’admettait pas toujours qu’on aille contre ses règles.

« Naä'vys. Naä'vys. Naä'vys. Le chocolat, c’est interdit pour les mal élevés. Vous n’en aurez pas. » Il ne souriait pas, ne bougeait pas. Seul son regard noir tombait dans le sien alors qu’il disait d’une voix aux tonalités plus mauvaises. « Je suis quelqu’un de méchant après tout. »
Son pouce glissa jusqu’à son pli palmaire pour venir effectuer une pression forte en son creux. Suffisamment pour que la criante douleur lui fasse lâcher prise. L’expression de son visage n’avait pas bouger alors qu’il entrouvrait ses lippes qui relâchaient la cigarette qui s’écrasait fumante entre eux deux. Il l’écrasa sans la quitter du regard.
« Je vous accompagne. »  Pas de questions inutiles ni de confiance facilement confiée. Il tenait toujours son poignet avec fermeté, et lorsque l’articulation semblait s’agiter, sa prise se resserrait. Il l’attira à la lumière, chose qui lui déplaisait intensément. Le binôme donnait l’impression de marcher main dans la main, de se promener, alors que l’affreuse empreinte du soleil s’imprimait sur leurs rétines. Le démon ferma les paupières un instant, sans relâcher sa prise. Son regard capta ensuite un groupe d’enfants qui s’était mis à jouer avec gaieté au ballon dans la cours. L’un d’eux regarda avec curiosité dans leur direction. Gadreel s’en détourna, un sourire presque amical pendant à ses lèvres. « Et je vous libèrerais dès que vous aurez rempli votre part du marché. »
Nul besoin de promettre. Ce mot était un concept à lui tout seul. Chaque être vivant sur cette planète rompait des promesses au quotidien.
Il avait continué d’utiliser le vouvoiement. Il considérait les différentes entités qui constituaient cette étrange personnage. D’une parce que le concept même de ces personnalités dissociées l’intéressaient et de deux parce qu’il souhaitait mettre cette particularité en relief avant qu’ils se disent au revoir…

(c) oxymort

Naä'vys
Et partout où était Agneau... Loup était jamais loin ...
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Naä'vys
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En à peine un souffle, l’ambiance semblait avoir changé dans la réserve plongée dans l’obscurité. Le ravisseur s’était-il lassé de son jeu macabre à cause de ma nouvelle force ? Je ne le saurais sans doute jamais et cela n’avait en réalité que peu d’importance. Ce que je désirais à présent, c’était sortir d’ici et retourner au plus vite me réfugier au palais pour ne sans doute jamais revenir. À présent que j’avais annoncé mon jeu, c’était au tour de l’inconnu d’avancer ses cartes afin de mettre fin, ou non, à notre échange.

Un nom, son nom. Ce fut la première chose qu’il accepta de me céder. Un simple nom pouvait avoir de grands pouvoir, bien plus qu’une arme et mieux valait ne pas le confier au premier inconnu venu.  Au moins, il ne serait plus l’inconnu, l’homme de l’ombre, mais Gadreel. Je répétais à mi-voix plusieurs fois autant pour le graver dans ma mémoire que pour m’habituer à la prononciation. Il sonnait dans ma gorge comme un raclement rauque et profond, peut-être un peu par moquerie. Un sourire se dessinant discrètement à la commissure de mes lèvres. Les choses avançaient, lentement mais sûrement.

« Naä’vys ne l’oubliera pas. »

Mon air joyeux s’accentua d’abord davantage en comprenant qu’il semblait disposé à accepter le marché. Toutefois, j’eus tôt fait de le perdre lorsque je compris qu’il me faudrait sans doute faire une croix sur la précieuse marchandise. En un battement de cil, l’ombre avait quitté son coin de la pièce et s’était jetée sur moi, m’écrasant de toute son imposante stature contre le mur froid et dur de la cellule. J’avais baissé ma garde et écoutant ses viles promesses et je me retrouvais à présent à sa merci, prise de court par l’étonnante vivacité de l’homme. Sa poigne, aussi solide que le métal enferma mon bras qui tenait encore la besace de chocolat et lui interdit tout mouvement. Si l’intervention d’Agneau m’avait conféré vitesse et vigueur d’esprit, elle ne m’avait pas accordé plus de force et le malfaisant n’eut aucun mal à me maîtriser.

« Menteur ! Gadreel a accepté le marché ! Il doit relâcher Naä’vys ! »

Toutes mes vaines tentatives de me défaire de sa prise n’étaient récompensées que par plus de douleur. La fumée qui s’échappait de sa cigarette me brûlait les yeux et polluait l’air que je parvenais déjà à peine à obtenir à cause de la pression qu’il exerçait sur moi. La faible lueur bleutée de mon regard illuminait à peine son visage froid et immobile tandis que je plongeais contre ma volonté dans les pupilles noires et profondes qui me fixaient intensément alors qu’il continuait de s’exprimer sur le même ton calme et monotone. Oui, méchant, c’était le cas de le dire ! Il ne semblait finalement pas encore tout à fait prêt à cesser les tourments qu’il faisait peser sur moi.

Je sentis son pouce glisser le long de mon poignet jusqu’à la paume de ma main. J’eus tôt fait de comprendre ce qu’il manigançait encore lorsque la violente pression qu’il y exerça me fit grimacer de douleur. Instinctivement, mes doigts s’ouvrirent et se crispèrent, laissant tomber leur prise au sol. Plus de chocolat pour Naä’vys. Les braises mourant au creux de ses lèvres, il les laissa chuter entre nos deux corps avant de les écraser froidement, sans cesser de me fixer. Etrangement, je voyais comme une mise en garde de ce qui pourrait m’arriver dans la gestuelle qu’il employait pour éteindre le corps calciné de son cigare.  

Finalement, après quelques instants d’un silence bien trop pesant, l’homme m’attira avec lui, sans relâcher sa prise, m’entraînant finalement vers la lumière du jour qui s’engouffrait dans la petite pièce comme l’eau dans la coque béante d’un navire. La nuance entre les deux ambiances m’aveugla un moment, le temps que mes yeux se soient à nouveau habitués à la chaleur du soleil. Des piaillements proches me laissèrent supposer que des jeunes jouaient non loin de nous, supposition qui fut confirmée lorsque je recouvris enfin la vue. Pour la première fois, je vis mon geôlier sourire. Ces enfants étaient-ils les siens ? Encore une question qui devrait attendre face à l’impatience de mon hôte.

« Naä’vys va essayer d’expliquer, Gadreel n’a pas besoin de la retenir ! »

Voyant que cela avait autant d’effet qu’essayer d’attraper une mouche avec des baguettes, je soupirais pour laisser le temps à mon cervelet d’organiser une explication compréhensible avec les mots que je possédais. Je n’avais jamais vraiment essayé d’expliquer le fonctionnement de notre étrange trio, pas même à Ayshara, pour la simple et bonne raison que j’en ignorais la plupart des clauses et des causes.

« Naä’vys ne sait pas vraiment comment c’est arrivé, Naä’vys ne se souvient plus. »

L’effort de réflexion était lisible sur mon visage.

« Loup et Agneaux sont là depuis… des saisons et des saisons. Les magiciens du palais disent que Loup « possède » Naä’vys, dans son esprit. Pourtant, Loup et Naä’vys différents ! »

En vérité, j’ignorais ce que pouvait bien être une possession. C’était un mot que j’avais capté lors des discussions à mon sujet et que j’avais retenu. Toutefois, j’étais certaines d’une chose, je n’avais rien au commun avec la Bête, si ce n’est le corps qu’il utilisait comme réceptacle.

« Pour Agneau c’est… différent. Agneau est dans mon esprit aussi, mais il n’est ni Loup, ni Naä’vys. Il parle et pense dans la tête de Naä’vys et parfois il la contrôle aussi mais… il est gentil. »

Je babillais mes explications sans vraiment m’assurer qu’elles avaient un sens pour mon interlocuteur. Il s’agissait plutôt de l’exposition de mon propre ressenti qu’une véritable description scientifique et réfléchie. Après tout, comment décrire les choses de l’âme autrement qu’avec le cœur ?

« Je pense que pour le moment Agneau dort, il m’a offert son pouvoir pour me protéger. Loup doit être quelque part, mais il s’en va souvent lorsqu’on l’empêche de faire des vilaines choses… peut-être qu’il boude ? »

Un rictus maladroit se dessina sur mes lèvres comme pour indiquer que j’en avais fini avec mes explications. De toute façon, j’avais épuisé tout mon vocabulaire sur le sujet et je commençais à souffrir d’une migraine à force de forcer sur ma pauvre cervelle. L’usage trop prolongé de la langue commune me demandait encore beaucoup d’efforts et je fatiguais rapidement lorsque j’étais amenée de la sorte à m’expliquer sur des sujets que je maîtrisais mal. Mon regard glissa sur la main qui me tenait toujours prisonnière, puis à nouveau sur le visage ferme de son propriétaire.

« Naä’vys peut partir à présent ? »
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Les mots étaient approximatifs et grossiers. Ses lacunes en langue commune devaient être un vrai handicape au quotidien. Exprimer aux mages du palais, des choses qu’elle ne comprenait pas elle-même devait être laborieux.

Ceci expliquait la raison pour laquelle l'esprit du loup semblait être à des années-lumière de la personnalité apaisante de cette fille. Un monstre caché dans le corps d'une jeune femme à l’enveloppe fragile. Quel était son but ? Du peu qu’il en avait vu, il ne servait que d’intimidation. Les pouvoirs du monstre cachés dans l’esprit de Navys semblaient être étouffés, et même contrôlé par cette personnalité protectrice. Cette harmonie devait permettre à l’ensemble des entités de trouver un équilibre dans cette cohabitation. Gadreel trouvait dommage que l’esprit du loup ne puisse pas offrir plus d’interaction physique avec son environnement. Il avait dû incontestablement être doté à un moment donné d’une force qui pouvait faire plier une partie du monde. Sa personnalité écrasante créerait surement des dommages conséquents à l’intérieur du palais. L’amitié que cette petite chose fragile devait nourrir pour la reine allait disloquer la seule chose intéressante qui composait cet être conscient. Les mages allaient la modifier ou tenter d’évacuer la bête de son esprit. À moins que cela ne soit pas réellement possible de façon pratique.

Le démon ne ressentait pas de la curiosité au sens propre du terme. Pourtant, il crut en avoir en cet instant. Absorbé par les explications qu’apportaient la créature aux personnalités multiples, il se sentait suffisamment accaparer par son histoire pour se poser des questions. Alors, il supposa qu’il était intéressé.

La frustration du loup avait dû gagner en intensité avec les années, mais son hostilité et leur interaction tout à l'heure ne permettraient pas à Gadreel d’avoir une conversation saine. Puis, de toute façon, il semblait s’être éteint lorsque la troisième personnalité, plus maternelle s’était imposée.

« J’imagine à quel point les chaines qui le retiennent doivent être lourdes à supporter sur les épaules invisibles de son âme. » Soupira-t-il en relâchant progressivement son emprise sur le poignet alors que les mots de la fille se terminait.
Il pourrait être déçu d’apprendre ce que ferait le palais de cet être surprenant.

« Je me demande bien ce qu’ils vont faire de toi au palais. Ils vont te dénaturer. » Il aurait mieux valu qu’il agisse et qu’il dévore son âme. Au moins, elle aurait vécu à travers lui.
Quel spectacle révoltant et grotesque de laisser partir une chose si amusante et craintive. Elle avait tellement craint pour sa vie que ses jambes se tournaient déjà vers la sortie. Pensait-elle sérieusement qu’il pourrait, à la vue de tous, courir derrière elle pour écraser son corps au sol et lui faire du mal ? Les enfants regardaient, le monde aussi. À ce stade, il n’aurait plus aucune raison de l’endommager.

Ce vrai chef-d’œuvre allait être gâché par la magie bienfaitrice des mages du palais. Mais il ne pourrait pas y faire grand-chose. Il finirait bien par oublier à quel point Naa’vys avait poussé son intérêt. Il finirait pas ne plus penser à l’intensité de leur rencontre et les projets qu’il aurait pu créer pour elle. Quel dommage. Elle était si impatiente de fuir la situation et de se recroqueviller dans le cocon solide que lui prodiguait le palais. Il percevait bien dans son petit regard effronté toute son envie de quitter cet endroit pour ne plus jamais revenir.
La probabilité pour qu’ils se croisent à nouveau était si faible. À l’évidence, les émotions falsifiées qu’il essayait de montrer ne toucheraient pas le minois de ce cabot. Allait-elle comprendre à quel point l’être noir en face de lui nourrissait cette envie d’en connaître plus sur le loup qui cherchait à protéger cette enveloppe ? Ce devait être un ancien esprit très puissant. Puis, il se mit à penser sournoisement à ce qu’il aurait pu ressentir s’il avait pu la tuer. Si l’évocation même du nom de la reine tant aimée n’avait pas stoppé le démon dans son geste. Son corps aurait-il implosé en goûtant à cette mixture explosive ?

L’ambition ne faisait pas partie de l’enveloppe de Gadreel. Alors, si tôt que le projet venait à lui, qu’il s’évaporait avec ennuie.

L’expressivité de la fille, impatiente de retrouver sa liberté, lui transmettait tout ce qu’il y avait de bons à savoir. La confusion serait temporaire. Le sujet devait rendre les mages perplexe mais passionné.  Elle était encore en proie à des questions, et elle n’avait résolu qu’une partie de l’énigme. Trois personnalités nageaient en elle. Intéressant. Il se demandait de quelle manière ces choses communiquaient entre elles à l’intérieur.

« C’était une charmante rencontre. N’hésitez pas à revenir avec des meilleurs intentions que le vol la prochaine fois. Peut-être que je vous paraîtrai plus sympathique. » Son intérêt morbide pour l’étrangeté de l’humaine possédé pourrait aller en grandissait. Or, il ne se berçait pas d’illusions. Un sourire naissait au coin de ses lèvres. De la déception pourrait se lire dans son regard vide avec un peu d’imagination.

« D’ailleurs. Ton ami le loup a bien raison de bouder. Dans de pareil circonstance, la frustration de ne pas pouvoir agir selon ses volontés propres peut être un problème. Un peu comme ta volonté de manger ce chocolat que j’ai étouffé en le gardant pour ceux qui le méritent. Tu as ressentie de la colère. Alors, pour lui, ce doit être pareil. »
Gadreel força un sourire alors que les regards curieux des enfants s’accentuaient. En posant ses derniers mots, il avait donné un coup de tête vers la sortie. Elle la connaissait, et elle n’aurait aucun mal à s’y retrouver. La sauvageonne était arrivée jusqu’ici, elle serait suffisamment intelligente pour retourner au palais toute seule. Après tout, si une petite chose si frêle était parvenue à survivre, ce n’était pas uniquement dû aux êtres qui la possédaient. Il ne lui avait pas offert d’adieu. Forcer les traits en de pareilles circonstances rendrait l’esprit de Naa'vys confus. Et Gadreel appréciait particulièrement l’idée qu’elle le craigne.

« Tu es une anomalie bien curieuse. » Puis, il s’en détourna, pour se diriger vers le vacarme.

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