Derrière les apparences vendeuses [privé]

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Les bruits couraient dans toute la faction que le bas peuple avait pris des mesures après la guerre pour repeupler le royaume. Bien que de nombreux orphelins avaient été faits lors des divers massacres ayant eu lieu, ils ne valaient, pour la plupart, pas la peine que l'on s'y intéresse et surtout, n'avaient rien des puissants et des nobles formant la basse couronne de la hiérarchie jadis établie. Nobles qui après moult pertes, se devaient d'obtenir des héritiers dignes de ce nom pour redonner au Reike, sa gloire d'il y a quelques années. Une crise donc, pour certains qui jugeaient manquer de temps. Trouver une compagne dont la compatibilité et la fertilité seraient suffisante pour y remédier s'avérait difficile. Il fallait faire vite et il fallait faire les choses bien. C'est pourquoi les "filles rouges" virent le jour, des jeunes femmes, esclaves, sélectionnées précisément pour répondre aux attentes des futurs géniteurs. Des riads furent reconstruits aux quatre coins du royaume, où elles furent emprisonnées dans des conditions à l'apparence correcte. Les pièces de réceptions faisaient rêver et laissaient à penser que ces filles étaient bien traitées, tandis que leurs chambres elles, étaient des taudis où elles vivaient les unes sur les autres. L'une d'entre elle était celle de Kenna, ainsi que de trois autres filles. Une place était vacante et elle savait qu'un transfert n'allait pas tarder à combler ce manque qui aux yeux des esclavagistes, était une perte d'argent. Oui, les "filles rouges" étaient des produits et toute cette mascarade n'était qu'un commerce d'opportunité. Malheureusement, celle qui fut jadis Elain St. Clair, en avait fait les frais.

Ce soir sans lune ni étoiles pour éclairer la cour intérieur, Kenna s'était absentée lors du repas du soir. Elle cherchait une nouvelle fois, un moyen de recouvrir sa liberté. C'était devenu son obsession, une nécessité pressante. Elle ne voulait pas de cette vie, elle voulait fuir et quitter le royaume à tout prix. Depuis plusieurs semaines déjà, elle avait été exhibée devant un tas d'acheteurs potentiels. Ceux qui, s'ils l'avaient décidé ainsi, auraient enfoui au fond d'elle le fruit d'une nouvelle vie. L'idée la répugnait encore, elle qui était pure et qui rêvait autrefois de son chevalier sur son cheval blanc. La dure réalité de la vie l'avait frappée en plein visage et avait laissé des cicatrices invisibles, mais aussi indélébiles.
Dans la pénombre, elle écumait chaque recoin des murs de la cour. À cette heure-ci, les gardes mangeaient eux aussi et peu d'entre eux étaient fidèles à leur poste. C'était là une information cruciale pour elle. Pourtant, quelque chose lui fit penser qu'elle n'était pas aussi seule qu'elle le croyait.

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Ven 8 Oct - 0:59

La vie d’ambassadeur du Reike est tout de même agréable: on voyage, on visite, on rencontre bon nombre de nouvelles personnes. Pourtant, un détail cloche en cette soirée si sombre pour Lucifer, plus qu’un détail, il s’agit d’un doute qui le ronge petit à petit: est-il suivi en cet instant? C’est une bien étrange sensation pour un simple homme de main du barbare qui dirige son pays, mais lorsqu’on sait que le bel homme aux pupilles rouges communique parfois avec la rébellion dans le but de lui faire payer ses crimes, sa soi-disante “paranoïa” devient presque justifiable. Ses sensations peuvent l’induire en erreur peut-être, mais pas ses pouvoirs magiques; il sentait une présence qui le suivait depuis un petit moment à présent et, s’il ne voulait pas avoir l’air suspect, prendre la fuite en s’envolant à toute vitesse n’était pas le meilleur des plans non plus. Surtout avec une nuit pareille, bien qu’il passerait inaperçu dans le ciel malgré ses ailes, rien ne lui garantit qu’il n’en deviendrait pas une cible, et un coupable au passage, bien plus facile à identifier.

Ce n’est pas vraiment par choix que Lucifer s’est décidé à continuer d’avancer dans ces rues plus étroites qui mènent vers un endroit où il n’aurait probablement pas mis les pieds, ni à cette heure-ci, ni un autre jour d’ailleurs. Du moins, pas sans y être vivement invité. Le voilà à présent qui se promène dans des riads où il croise à l’occasion quelques gardes, ces derniers semblent remarquer immédiatement son rang à la vue de sa tenue de noble et avec cette démarche assurée qui le ferait remarquer dans une foule.

La présence qui le suivait semble l’avoir perdue, ou au moins ne se trouve plus dans son périmètre de détection, ce qui représente un sacré morceau si jamais l’individu était censé lui coller au train. Malgré ces longues minutes à marcher dans divers sens et à enchaîner les changements de rues, le visage aux traits fins de Lucifer ne laisse jamais percevoir ce qu’il peut bien penser à cet instant, ni même le fait qu’il émettait des craintes à l’idée de s’être fait démasquer. Non, c’est bien trop tôt pour que quiconque ne puisse découvrir son implication avec les rebelles ou même ses plans pour s’occuper de Tensai.

Sa promenade sous ce ciel parfaitement obscur continue alors avec un rythme un peu plus lent, bien qu’il reste sur ses gardes. Il s’agirait de ne pas rebrousser chemin tête baissée ou d’avoir l’air suspect auprès de qui que ce soit, alors il agit comme un promeneur: Lucifer regarde successivement le ciel assombri, les décors des riads qui l’entourent, contemple parfois certaines gravures un peu luxueuse qui se trouvent sur les murs, et pourquoi… Le visage d’une jeune femme qui marche à une dizaine de mètres de lui. N’ayant pas conscience du genre d’activités qui sont menés ou orchestrés ici dans un premier temps, le jeune homme n’eut pas à réfléchir plus que nécessaire pour comprendre que finalement… c’est peut-être mieux pour lui de regagner les rues principales d’Ikusa s’il ne souhaite pas que des rumeurs puissent naître le concernant.

C’est à cette réflexion courte, mais distrayante, qu’il doit le fait d’avoir bousculé légèrement une autre jeune femme au coin d’une rue, tendant presque immédiatement les bras pour la rattraper en cas de chute. Mouvement quelque peu inutile vu qu’elle semblait s’être préparée au choc un instant avant lui, ce qui le força à faire une légère révérence pour présenter ses excuses:

“Veuillez m’excuser mademoiselle, avec une telle obscurité et perdu dans mes pensées, je n’ai pas fait attention. Tout va bien?”

Redressant son regard vers la frêle demoiselle, son visage lui a l’air familier. Se pourrait-il qu’il la connaisse?

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Ven 8 Oct - 10:08

Quelqu'un se trouvait-il à présent derrière elle ? Une sueur froide lui rappela à quel point elle était vulnérable. C'est un instinct de survie qui l'avait sauvée à ne nombreuses reprises par le passé, qui la fit se retourner soudainement en se protégeant le visage de ses deux bras. Il y eu une bousculade, bien moins forte que celle à laquelle elle s'était attendue. Elle voulu hurler sous la surprise, mais s'était retenue puisqu'elle n'avait rien à faire là et que s'il s'agissait malencontreusement d'un esclavagiste, elle aurait de sérieux problèmes. Elle recula d'un pas et se découvrit le visage, stupéfaite par ce qu'elle entendit. Quelque chose clochait. Venait-on de la prendre pour quelqu'un qu'elle n'était pas ? Non, cela était impossible. Personne en ce lieu ne se serait adressé à elle de la sorte en connaissance de cause. Personne mis à part un client, si seulement elle avait eu la chance de tomber sur un parti aussi respectueux, ce qui en soit relevait du miracle. Les visites étant terminées depuis plus de deux heures, elle éluda donc cette idée. Si l'homme qui venait de s'excuser n'était ni un esclavagiste et/ou garde, ni un client, il devait s'agir d'un intrus. Kenna devint soudainement pâle. Elle avait entendu parler parmi les mères porteuses de visiteurs nocturnes qui voulaient profiter de leur compagnie et leur faire un enfant sans avoir à payer quoi que ce soit. Ce qui dès le départ avait été une erreur plus pour la future mère, que pour eux-même s'ils se faisaient attraper. Une "fille rouge" mise enceinte par un inconnu était une marchandise devenue "défectueuse" et celles-ci disparaissaient, d'après ce qui en était dit, dans des conditions mystérieuses pour ne plus jamais réapparaître. Pour Kenna, il n'y avait nul doute, elles étaient mortes. Paniquée à l'idée que cela lui arrive, elle s'avança vers l'intrus d'un pas décidé, pour montrer qu'elle n'avait pas peur et qu'elle n'hésiterait pas à se défendre. Il fallait l'avouer, la partie où elle n'avait "pas peur" était plus une manière pour elle de se voiler la face et de se donner du courage. Elle tenta de garder sa voix assez basse pour ne pas attirer l'attention sur eux. Rappelons-le, elle n'avait elle aussi, rien à faire là. Tout ceci se déroula tellement vite dans sa tête, qu'elle ne répondit tout bonnement pas aux excuses faites. Elle agressa presque l'individu dont elle ne pouvait distinguer suffisamment les traits dans l'obscurité.

- Vous ! Qu'est-ce que vous faites ici ? Comment êtes-vous entré ?

Le lieu était, d'après ce qu'elle avait pu constater, une véritable forteresse. Elle attendit un début de réponse avant d'enchaîner en lui coupant la parole.

- Vous n'avez rien à faire là ! Vous êtes l'un de ces clients pervers ?

Elle regarda la masse d'ombre que formait le corps de l'homme de haut en bas, son visage montrant une expression de dégoût à son encontre. Elle s'était déjà faite une idée sur son interlocuteur, avant même que celui-ci ait eu la chance de s'expliquer. Elle croisa les bras contre sa poitrine comme pour protéger son honneur lorsqu'elle cru et je dis bien cru, le voir baisser le regard.

- Qu'est ce que vous regardez ? Si vous ne partez pas je vais appeler les gardes !

Elle déglutit, bien qu'elle venait également de s'offusquer, mais cette menace serait-elle suffisante ? Cela n'était pas faute d'essayer.
Les yeux de Kenna brûlaient d'une furie et d'une autre émotion tout aussi forte : la crainte de se faire découvrir. Elle surveilla les alentours du coin de l'œil et lorsque la lumière d'une torche émana de derrière le coin d'un mur menant à la cour intérieur, elle se pressa de se cacher derrière un pilier. Néanmoins, elle n'était pas la seule à avoir eu cette idée et elle se demandait comment justifier un tel comportement auprès de celui qu'elle venait de menacer ouvertement.

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Ven 8 Oct - 11:09

Les excuses qui sont sorties de la bouche de Lucifer en semblent en rien avoir convaincu la jeune femme qu’il ne lui veut aucun mal, bien au contraire: maintenant qu’il sait où il a mis les pieds, c’est presque logique qu’elle réagisse ainsi. Pourtant… ce n’est pas non plus comme s’il avait grimpé des murs ou escaladé des murs afin de pénétrer ici. Serait-ce à cause de son statut d’ambassadeur, et par extension de représentant du couple royal, qu’on l’aurait laissé passer sans le moindre contrôle. Si c’est le cas, pas étonnant que la demoiselle fasse preuve d’une telle agressivité.

Le représentant du Reike a bien tenté de prendre la parole à un moment pour clarifier immédiatement la situation, mais plutôt que de le laisser s’expliquer, la femme dont il ne discerne pas totalement le visage le traite à présent de pervers. Il ne manquait plus que ça… Avec ce qui semble être un air de dégoût sur le visage et ses paroles peu appréciables, Lucifer émis l’hypothèse un court instant que cette femme ne trouverait sûrement jamais preneur, mais ce n’est pas vraiment une réflexion digne de son rang, alors autant la garder pour lui et hausser des épaules en roulant des yeux, cherchant un moyen d’expliquer en une phrase rapide et simple qu’il va quitter les lieux encore plus vite qu’il n’y ait, malencontreusement, venu.

Sauf qu’apparemment, la moindre action, mouvement, tentative de parole ou même réaction du visage semble être un nouveau prétexte pour l’accuser d’encore plus de choses. Cette fois, Lucifer en a plus qu’assez de ces enfantillages et compte bien lui faire entendre ce qu’il en pense! On ne s’adresse pas à un ambassadeur ou quelqu’un de son rang comme on parlerait à un manant! Sauf qu’au moment de parler, à nouveau, la jeune femme réagit mais cette fois... dans le but d’aller se dissimuler derrière un pilier? A-t-elle vu quelqu’un d’encore plus suspect ou dangereux? Merde! Avec tout ce qui se passe depuis quelques instants, le mage a relâché sa vigilance et ses sens magiques ne le préviennent plus pour savoir s’il est toujours suivi ou non. D’un mouvement habile, il se réfugie à son tour derrière un pilier, non loin de celui où était cachée la perfide demoiselle qui ne semble sortir que du venin de sa bouche. Une fois le garde, sûrement la cause de la frayeur qu’a eu la demoiselle, disparu au coin d’un croisement, Lucifer prit immédiatement l’initiative de parler et au diable le fait qu’elle essayerait peut-être de lui couper la parole!

“Que cela soit bien clair: je suis un ambassadeur du Reike, jeune femme, et je ne compte nullement vous laisser me calomnier de la sorte!”

Aussi droit et fier qu’il puisse l’être dans la pénombre, ses pupilles rouges et son visage se révèlent doucement, au fur et à mesure qu’il sort de l’ombre du pilier pour s’approcher d’une torche accrochée à un mur adjacent. Sûrement qu’en voyant son visage, la jeune femme serait rassurée de voir qu’il n’a rien d’un imposteur ou d’un violeur, et qu’il ne compte nullement lui faire du mal.

“Je m’appelle Lucifer Blake, enchanté. Je vous prie à nouveau d’accepter mes excuses pour la gêne occasionnée, je me suis simplement perdu jusqu’ici lors d’une balade nocturne. Vous n’avez rien à craindre de moi, soyez-en certaine.”

Fixant toujours la pénombre dans laquelle se cache la demoiselle, il affiche un sourire simple et confiant, laissant clairement percevoir qu’il ne craint rien de sa part et qu’elle devrait en faire autant. Il n’est qu’un homme qui s’est aventuré au mauvais endroit sans vraiment y prêter attention, et si elle s’est cachée ainsi à la simple vue d’un garde qui patrouille, il serait prêt à parier qu’elle n’a aucune envie d’être découverte en extérieur...

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Ven 8 Oct - 22:03

Kenna resta la plus immobile et silencieuse possible. Fort heureusement pour elle, elle était douée pour passer inaperçue. Ses jeunes années en tant que servante lui avaient apprises à faire profil bas, bien que souvent elle ait été au bord de la crise de nerfs. Elle était patiente lorsqu'il le fallait, avec les enfants autant qu'avec les plus âgés, mais en ce qui concernait les nobles et ce peu importe leur âge, cela était une toute autre histoire. Elle n'aurait pas pu aller jusqu'à dire qu'elle les haïssait tous, mais elle n'en était pas loin. Après avoir été jetée à la rue pendant la guerre, comme si elle avait été jetée dans la fosse aux lions, elle éprouvait une rancoeur prononcée envers les castes les plus hautes. Les puissants qui n'avaient jamais connu que le confort dans leur vie, méritaient d'être rabaissés et de vivre au moins une fois ce qu'ils faisaient subir à ceux qui n'avaient d'autre choix que de les servir. Cette rancoeur s'était d'ailleurs accentuée depuis qu'on avait fait d'elle une esclave, une mère porteuse, mais surtout d'après elle-même : une vulgaire catin à la solde des riches de ce royaume...

Lorsque le danger qu'on les découvre, elle et le pervers présumé, fut écarté, elle sortit de l'ombre du pilier. Elle aurait bien repris ses menaces, mais elle n'en eut guère le temps. L'homme avait bombé le torse en s'avançant vers elle et s'était présenté en tant qu'ambassadeur. Ce à quoi Kenna répondit par un rire qui lui échappa. Elle croisa les bras une nouvelle fois contre sa poitrine, non plus pour se protéger, mais par méfiance. Elle ne le croyait absolument pas. Qu'est-ce qu'un ambassadeur viendrait faire ici à cette heure ?

- Bien sûr, bien sûr. Et moi la reine du Reike.

Elle roula des yeux tellement fort qu'elle cru pouvoir apercevoir ce qui se trouvait derrière ses orbites. Elle claqua sa langue contre son palais, agacée et voulant se débarrasser au plus vite de lui. Néanmoins, elle n'en fut plus si certaine à présent que le visage de l'homme commençait à se dessiner. Des pupilles rouges la regardaient avec dureté. Un tel regard, elle s'en serait rappelée toute sa vie. Ses souvenirs se bousculèrent et elle recula de plusieurs pas, aucunement certaine d'être prête à revivre ce jour ou même à simplement affronter cet homme. Elle le reconnu, avant même qu'il s'identifie comme "Lucifer Blake". Il n'y avait nul doute là-dessus, c'était bien lui et Kenna voulu se frapper pour ne pas l'avoir reconnu plus tôt, au timbre de sa voix si singulière. Si cela avait été le cas, elle aurait hurlé pour ameuter tous les résidents du riad et à la lune les conséquences pour elle. Elle se mit à trembler, mais ce n'était pas par peur. Elle était en furie et eut beaucoup de mal à garder son sang froid.

- Non... Non. Je sais très bien qui vous êtes et j'ai tout à craindre de vous !

Peut-être aurait-elle dû parler moins fort, mais elle ne put se contrôler davantage. Elle fit alors la seule chose qui lui passa par la tête. Elle se déchaussa et lança d'abord l'une de ses babouches...

- Lucifer-

...puis la deuxième, ...

- Blake-

...en direction du visage de son interlocuteur. La scène était ridicule, mais elle ne s'en souciait pas, elle avait mieux, ou plutôt bien pire à faire.

- Vous et votre maudite famille !

Elle lâcha un grognement de rage et traversa la distance qui les séparait pour venir attraper l'homme par le col de ses deux mains. Il faisait bien une tête de plus qu'elle, mais cela ne la découragea pas pour autant.

- J'espère que vous n'obtiendrez jamais votre place parmi vos ancêtres ! Vous n'êtes qu'un- !

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Sam 9 Oct - 11:23

Bien qu’elle doute complètement du fait qu’il soit un ambassadeur du Reike, en atteste sa réponse cinglante une fois de plus et son comportement détestable, l’esclave qui fait face à Lucifer semble finalement avoir une soudaine prise de conscience lorsque ce dernier s’avance et se présente. Elle semble complètement troublée de le voir, ou plutôt de le reconnaître. Pour sa part, le fier ambassadeur n’a pas la moindre idée de la personne qu’elle peut bien être, mais avant même d’avoir la possibilité d’y songer, il la fixe en train de se déchausser, elle n’oserait tout de même pas…

*Mais elle est folle ma parole!*

Voilà ce à quoi pense en un instant Lucifer lorsqu’il est obligé d’esquiver la première babouche de la jeune femme. Le tir était assez précis, il faut l’admettre, son nez aurait pris un sacré coup s’il n’avait pas de si bons réflexes, mais si on parle bien ici de la “première” babouche, c’est parce que la seconde n’allait pas tarder à suivre. Le bel homme, bien qu’élégant et fier de sa posture bien droite, n’hésite pas une seule seconde à faire un petit pas en arrière pour être certain d’esquiver le second projectile. Encore une fois, c’était son joli minois qui était la cible de cette odieuse attaque, quelle tragédie cela serait d’abimer son deuxième plus grand atout pour les réunions diplomatiques!

“Vous feriez mieux d’ar-”

Vaine tentative de la dissuader de continuer sa folie apparemment, rappelons qu’il est ambassadeur officiel du Reike, et donc un représentant officiel du couple royal, alors qu’elle n’est qu’une esclave. Aux yeux de Lucifer, elle est une vie comme une autre, mais aux yeux du bourreau qui aura vent de ses méfaits, elle ne sera qu’un tas de viande qui va pourrir quelque part.

Voilà que la jeune femme se met à parler de la “maudite” famille Blake, ce qui va commencer à faire tiquer Lucifer: qu’est-ce qu’elle peut bien leur vouloir? Et de toute manière, ne connaît-elle vraiment pas sa place dans tout ça? Si cette scène se passait au grand jour, il aurait déjà été obligé de la maîtriser pour la faire taire et aurait appelé les gardes pour se charger d’elle. Pourtant, bien qu’elle va lui sauter dessus pour l’attraper au col, l’instinct du beau brun lui conseille vivement de ne pas briser la nuque, malgré cette envie virulente de la faire taire. D’ailleurs, elle semble tellement obsédée par le fait de lui nuire qu’elle en oublie presque qu’ils sont en extérieur, en pleine nuit, et qu’alerter un garde est la dernière qu’elle voudrait faire. Plaçant de manière forcée sa main sur la bouche de l’esclave et la repoussant jusqu’à un mur pour les cacher tous les deux dans l’ombre, il la bloque complètement pour s’assurer que le garde qui fait sa ronde ne va pas les surprendre.

“Jusque là, je me suis montré clément envers quelqu’un de ton rang, mais si tu veux vraiment que les gardes te découvrent dehors, je t’emmène à eux dans l’instant qui suit, c’est clair? Tu leur expliques que la “reine du Reike” avait envie d’une balade nocturne!”

Tout cela est dit sur un ton autoritaire et pourtant à voix basse, histoire de ne pas répéter les mêmes erreurs qu’elle. D’ailleurs, maintenant qu’il a les mains posées sur elle, une sur la bouche et l’autre qui bloque son bras pour la garder collée au mur sans pour autant l’écraser, c’est peut-être son unique chance de sonder son esprit pour savoir ce qu’elle lui veut réellement. Ca l’empêchera d’utiliser sa magie pour repérer ceux qui s’approchent, mais en échange, il connaîtra l’identité de la folle qui lui casse les pieds depuis l’instant où elle l’a vu. Fermant les paupières un instant pour sonder son esprit, une fraction de seconde à peine lui permettra de revoir un souvenir qu’il partage lui aussi, celui de l’entrée de la demeure des Blake, deux servantes sont avec lui et la scène lui fait comprendre immédiatement qui elle est. Presque stupéfait de revoir cette personne à un tel endroit, il lâche son emprise sur elle, sa voix a perdu son autorité pour laisser place à la confusion lorsqu’il prononce son nom:

“Elain… C’est bien toi?”

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Dim 10 Oct - 12:16

Entraînée à vive allure à reculons, Kenna sentit le poids de son propre corps, immobilisé contre l'un des murs sous les voûtes. Elle avait été surprise et n'avait pas eu le temps de réagir. Le son de sa voix se perdit immédiatement contre la paume de Lucifer Blake. Bien qu'il avait su garder le minimum de distance entre leurs deux corps pour ne pas rendre le moment plus indécent qu'il ne n'était, Kenna pouvait sentir la chaleur qui émanait de lui. Les yeux écarquillés, elle qui n'avait jamais été dans une situation d'une telle proximité avec le sexe opposé, ne se débattit pas. Elle chercha le visage de l'homme dans l'obscurité, voulant revoir ses traits et surtout ses yeux si particuliers. Dans le temps, elle aurait été ravie qu'il lui porte de telles attentions, mais aujourd'hui et dans ce contexte, réprimer ce qu'elle ressentait était bien simple. Parmi tous les sentiments aussi divers et variés qu'elle avait pu ressentir pour son ancien maître de maison, elle éprouvait à présent une colère qui écrasait tous les autres.

Elle l'écouta parler, tandis qu'elle sentait son souffle caresser son visage. Il était si proche et pourtant, elle ne le distinguait pas suffisamment pour appréhender ses intentions. Le silence s'installa à nouveau. Kenna laissa tomber sa garde un si bref instant, mais il suffit pour que ses yeux se remplissent de larmes. Elle ressentit des picotements dans sa nuque, mais il fut trop tard lorsqu'elle comprit que son assaillant avait déjà sondé son esprit. Le visage de l'esclave parlait pourtant pour elle, elle était tellement en colère qu'elle l'aurait giflé. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit sans réfléchir après qu'il l'ait relâchée et qu'il ait prononcé son prénom, son vrai prénom.

Elle garda dans son dos, le mur pour seul soutien. Ses jambes auraient pu se dérober sous elle une dizaine de fois tellement elle était affectée par ce qu'il se passait devant elle. Elle murmura néanmoins d'une voix tremblante :

- Vous savez ce que je suis devenue ? Je suis devenue une esclave, une esclave que l'on engrosse à volonté sans qu'elle ait son mot à dire. Sans que j'ai mon mot à dire...

Une première larme coula le long de sa joue lorsque son propre aveu la frappa. Elle continua néanmoins sur sa lancée, en contenant les autres. Elle avait abaissé sa main pour venir agripper fermement son jupon.

- Tout ceci est de votre faute. Je vous hais au plus haut point.

Sur sa dernière phrase, elle avait stabilisé sa voix, mais elle s'était contenue pour ne pas parler plus fort qu'elle ne l'aurait dû. Elle avait peut-être plus à perdre qu'elle ne le pensait.

- Alors cette gifle, c'est bien la moindre des choses que vous méritez.

Elle finit sur cette demi-vérité en s'écartant de la paroi et avança en bousculant l'homme d'un coup d'épaule. Elle était partagée entre l'envie de lui faire la peau et celle de laisser son sort être décidé par le soleil et la lune. Elle croyait fermement en cet adage qui disait que le sort nous rattrapait toujours.

Avant même qu'elle n'ait fait un mètre, elle aperçut du coin de l'œil un garde qui reprenait sa ronde. Elle se retourna subitement et se précipita une nouvelle fois en direction de sa cache, si bien qu'elle entra en collision frontale avec un torse qu'elle aurait cru un peu plus loin. C'était cette fois-ci à Lucifer Blake d'être dos au mur, mais à Kenna de se tenir le nez, endolori par l'impact.

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Lun 11 Oct - 0:50

Difficile pour Lucifer de dire s’il mérite réellement ou non la gifle qu’il vient de recevoir de la part d’une ancienne servante de sa famille ou non. L’histoire qu’elle lui conte juste après lui avoir offert sa main en plein visage semble bien trop réelle pour n’être qu’une excuse à son geste. Il pourrait plaquer à nouveau l’une de ses mains sur elle pour vérifier ses dires, mais est-ce que c’est vraiment nécessaire? Est-ce qu’il en a seulement envie? Non, clairement pas. Le jeune ambassadeur reikois ne dit pas un mot, sa tête est encore tourné sur le côté suite à la gifle, il ne tient pas à la regarder en face, pas parce qu’il fuit les paroles qu’elle lui adresse, mais parce que s’il agissait tel que son rôle lui ordonne, Elain serait morte demain matin au plus tard.

A-t-il été un mauvais maître lorsque sa famille vivait encore et que sa maison disposait de plus d’une dizaine de servants? C’est probablement l’inverse: Lucifer a toujours été l’un des plus respectueux envers eux, quitte à parfois agir dans le dos de son propre père pour éviter des corrections inimaginables à certains d’entre eux. Pourtant, est-ce qu’il a tenté de faire quoi que ce soit en apprenant qu’on avait congédié une grande partie des servants peu de temps après le début de la guerre? Non, il n’a pas agi, il n’a même pas eu l’occasion de le faire mais est-ce que ce genre de détails va intéresser Elain en cet instant? Bien évidemment que non.

Alors à défaut de pouvoir lui dire la vérité ou d’être en mesure de lui présenter des excuses sincères, le beau brun la laisse déverser sa haine et cracher son poison. En effet, cette gifle est sûrement la moindre des choses qu’il mérite et il se décide à fermer les yeux sur ce qui vient de se passer. La frapper, la punir, l’envoyer vers une mort certaine, ça ne changerait pas ce qu’il ressent actuellement, ça ne changerait pas non plus ce qu’elle a vécu ou ce qu’elle vit en ce moment.

Perdu dans ses pensées alors qu’il la remarque à peine partir il ne sait où, un choc vient se faire au niveau de son torse, le faisant reculer d’un léger pas. C’était… elle à nouveau, quelque chose ou quelqu’un semble l’avoir incitée à faire demi-tour presque aussitôt. Soit c’est le garde qui continue sa ronde vers eux, soit il s’agit d’un autre garde qui a entendu le raffut qu’ils font depuis quelques minutes.

“J’aurais beau te dire tout et n’importe quoi, même ce que tu veux entendre, ça ne suffirait pas à te convaincre de… Bref, si j’agis dans ton intérêt maintenant, est-ce que ça serait un début?”

Bien que Lucifer n’en croit pas spécialement ses oreilles lui non plus, il semble prêt à l’aider malgré le fait que ça pourrait lui nuire. Après tout, ça ne serait pas la première fois qu’il fait ça pour elle, bien qu’à l’époque elle n’était qu’une adolescente. A présent, elle a sa propre vie, même si c’est une horrible vie d’esclave que l’on entretient juste pour la vendre à celui qui voudra un héritier. Il avance de deux pas alors que le garde semble se rapprocher au vu du bruit des pas et de la lumière de sa torche qui se rapproche. C’est à elle de se décider à présent, alors il lui tend la main et lui demande:

“Veux tu de mon aide pour l’éviter et ne pas être punie, oui ou non?”

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