—Tu appelles ça des pompes ? hurla une voix autoritaire. Va me faire un autre tour de terrain et plus vite que ça ! Peut-être qu’après avoir couru un peu tu seras plus disposée à faire ce que je te demande !
Rachelle se releva en sueur, les jambes tremblantes. Le regard troublé par la chaleur du désert qui commençait à lui taper sur le crâne n’arrangeait en rien la fatigue intenable qu’elle essayait de surpasser. Elle tenta d’avaler le peu de salive qu’elle avait dans le fond de la gorge avant de se tenir bien droite, essayant de ne pas s’écrouler.
—O-oui chef, laissa-t-elle échapper à demi-mots dans une douloureuse plainte.
—Je n’ai pas bien entendu ! lui cria alors l’instructeur qui lui faisait face.
La souris fixa l’homme un moment. L’instructeur militaire de la capitale. Du moins celui qui se chargeait des nouveaux venus à cette période de l’année. Il s’agissait d’un homme d’une grande stature dont les cheveux et la barbe étaient taillés de près. Ses cheveux plus proches du gris que du noir laissaient penser qu’il avait déjà atteint un âge vénérable, ou du moins l’âge de prendre sa retraite s’il le désirait. Et pourtant, autant dans sa façon de se tenir que dans sa manière de crier, il était difficile de déceler chez lui la moindre faiblesse dûe à l’âge.
De toute évidence, l’instructeur était un homme dur qui ne laissait que peu de place pour la bonté. Néanmoins, les soldats qui avaient survécu à son entraînement ne tarissaient pas d’éloges à son sujet, c’était donc en entendant ces rumeurs que la souris avaient remplis les papiers, avec l’aide d’un officier sachant écrire, pour demander à ce que sa formation militaire se passe au sein de la capitale : Ikusa.
Ladite formation se composait en trois temps, il y avait tout d’abord les entraînements physiques qui permirent à la souris de se rendre compte de sa faiblesse à côté des autres recrues qui étaient déjà bien plus endurantes et acclimatées au soleil du Reike. Ensuite, la souris devait suivre des cours au sein d’une école avec des enfants bien plus jeunes qu’elle pour rattraper son retard littéraire et ses manques de connaissances. Et pour finir, rarement, elle était envoyée en patrouille avec des soldats confirmés pour apprendre le métier à la dure comme diraient certains. Et bien qu’elle s’efforçait de donner le meilleur d'elle-même chaque jour, il lui arrivait bien souvent de se sentir dépassée par les événements. Comme c’était le cas aujourd’hui.
Elle avait couru à ne plus sentir ses jambes comme punition d’avoir perdu tous ses duels d’entraînements de la mâtinée. Rachelle était certes incroyablement agile dûe à sa vie passée au sein d’un cirque, elle n’avait pour ainsi dire pas la moindre connaissance en termes d’arme ou de technique de combat. Le climat étouffant lui, n’arrangeait rien.
—Hé oh la souris ! cria une nouvelle fois l’instructeur. Si tu veux aller dormir je t’en prie. Mais ne t’attends pas à remettre les pieds sur mon terrain d’entraînement !
Ces mots eurent l’effet d’un choc pour la jeune femme. Comme si la foudre venait de lui tomber dessus, elle se dressa aussi droite que possible.
—Je ne suis pas fatiguée, chef ! cria-t-elle à son tour alors que la flamme de sa résolution brûlait au sein de ses pupilles. Je vais courir ! Deux tours même ! Puis je prendrai ma revanche sur ces fameuses pompes !
L’instructeur laissa échapper un sourire sur le coin de ses lèvres. Rachelle n’était certainement pas son élève la plus douée, mais elle ne manquait pas de motivation.
—C’est l’esprit, allez je veux te voir gambader !
Rachelle partit comme une flèche. Essayant de faire fi de la fatigue qui lui brûlait les jambes. Elle avait également terriblement soif. Mais tout cela n’avait pas la moindre importance. Elle s’était promis de se faire respecter un jour au Reike. Peu lui importait que l’entraînement la pousse aux portes de la mort, peu lui importait d’être moquée et traînée dans la boue si cela lui permettait d’atteindre son but. Elle prendrait sur elle. Si elle était plus bête ou moins forte qu’un autre alors elle travaillerait deux fois plus pour rattraper son retard. Elle voulait prouver qu’à force de travail acharné et d’une résolution à toute épreuve il était possible pour une hybride comme elle de s’élever au sein du Reike, la nation qui prévalait les compétences avant la lignée.
La souris termina ses deux tours de course sur le dos. Respirant bruyamment et ayant l’impression que son coeur allait s’arrêter d’un moment à l’autre, elle resta quelques secondes étendue sous le soleil avant qu’une ombre ne vienne se placer devant elle. Trop épuisée pour voir clairement, la souris put tout de même se rendre compte qu’il s’agissait de l’instructeur. Peu de gens avaient sa stature sur le terrain d’entraînement.
—O-oui les pompes, lâcha Rachelle dans un murmure. Je m’en occupe tout de suite.
L’homme lui jeta une gourde d’eau proche de son visage avant de se retourner.
—On va s’arrêter là pour aujourd’hui, lui expliqua-t-il en cachant son sourire. Par contre, demain tu feras deux fois plus pour ta peine.
Rachelle récupéra la gourde pour la vider d’une traite. En savourant cette précieuse eau salvatrice jusqu’à la dernière goutte.
—Je peux continuer chef, essaya-t-elle d’expliquer alors que sa tête tournait dangereusement.
—Ne va pas croire que je te fais une fleur, renchérit l’instructeur. J’ai un travail pour toi cet après-midi. Enfin un travail, c’est vite dit. Je veux que tu ailles apprendre auprès d’un homme. Autrefois instructeur, il a désormais le beau rôle de contrôleur royal. Il se met bien le bougre.
Rachelle se releva tant bien que mal en s’épongeant un peu le front.
—Qu’est-ce qu’un contrôleur royal monsieur ? lui demanda-t-elle.
—C’est vrai que tu n’es pas encore parfaitement au courant du fonctionnement de notre nation dans ses moindres détails. Tu es arrivé il y a peu. Hum… (Il posa une main sur son menton pour prendre un air réfléchi.) C’est une sorte de garde premium je dirais ? Hahaha, désolé je suis pas le plus doué pour les explications qui ne concernent pas le terrain d’entraînement. Disons pour faire simple, qu’il se charge de veiller à ce que personne ne fraude, que chacun paye ses taxes et respecte la loi. C’est un travail un peu plus intellectuel que le mien, c’est certain !
Il reprit dans un long rire alors qu’il se tapa la jambe. Rachelle afficha un sourire attendri en le voyant faire. Finalement, une fois l’entraînement terminé, l’instructeur était loin d’être le démon qui lui avait été décrit.
—Je vois, répondit la souris en hochant la tête. C’est donc un rôle important. Sauf qu’au lieu de patrouiller dans les rues pour arrêter les bagarres, ils se chargent de tout ce qui est un peu plus précis et qu’on ne remarque pas forcément sans une enquête plus poussée, j’ai juste ?
—Oui voilà, admit l’instructeur en hochant de la tête doucement. Enfin, tu pourras lui demander de vive voix. Suis moi jusqu’à la tente. Je vais te donner une recommandation pour qu’il te prenne au sérieux. Sinon, le connaissant, il risque juste de te jeter hors de son bureau.
Les deux se rendirent jusqu’à la tente alors que les autres recrues commençaient à affluer en direction de la caserne pour un repas bien mérité. La souris posa une main sur son ventre qui gronda de faim. Elle nota dans un coin de son esprit de s’acheter de quoi se sustenter plus tard.
—Voilà tiens, il lui tendit une lettre cachetée d’un sceau de l’armée. C’est une demande de ma part et signée de ma main pour qu’il te prenne en charge pour l'après-midi. Profite-en pour en apprendre le plus possible sur nos lois et évite d’être un boulet d’accord ? Qu’est-ce qu’on va penser de moi si j’envoie mes élèves importuner les autres ?
Rachelle récupéra la lettre entre ses griffes avant de la ranger avec précaution dans sa poche.
—Vous pouvez compter sur moi monsieur, promit la souris. Je n'entacherai pas votre réputation. Qui dois-je rencontrer d’ailleurs ? Vous ne m’avez pas dit son nom.
—Cassian Graves, je le tiens en très haute estime alors je ne doute pas que tu apprendras conséquemment sous son aile. Je vais t’indiquer sur la carte de la ville où tu pourras trouver son bureau.
Il la fit avancer jusqu’à la carte de la ville qui reposait sur une table. Tous les points importants à ne surtout pas oublier lors des rondes de gardes y étaient indiqués.
—C’est ici, expliqua-t-il en tapotant le lieu de son doigt. Tu vois, c’est pas trop loin d’ici.
—Merci monsieur ! répondit avec enthousiasme Rachelle. Je me mets en route sans tarder, il ne vous dira que du bien de moi vous verrez !
—Une minute souriceau, l’arrêta alors l’instructeur en lui retenant l’épaule. Tu empestes le rat crevé à cause de l’entraînement. Tu vas me faire le plaisir d’aller prendre une douche avant de te présenter devant un contrôleur royal. On est des soldats, pas des sans-abris.
—Oh…
—Oui "Oh", comme tu dis, soupira l'homme en se frottant l'arrière du crane. Sérieusement les jeunes de nos jours…
[...]
Une douche plus tard, Rachelle s’était rendue à l’adresse indiquée. Un beau bâtiment au milieu de la ville. Elle n’avait pas eu tant de mal que ça à le trouver, surtout après avoir demandé de l’aide à quelques passants. Légèrement stressée, elle s’approcha de la porte et vérifia que sa tenue ne comportait aucun pli. Elle tapota son chapeau pour en enlever toute la poussière et resserra la lance qu’elle portait attachée derrière son dos.
—Qui ne tente rien n’a rien de toute manière, se dit-elle pour se donner courage avant de frapper à la porte.
L’instructeur lui avait vendu ce Cassian Graves comme un homme d’exception. Un membre hors pair du Reike. Et voilà que Rachelle commençait à être intimidée de rencontrer quelqu’un qui pourrait bien être une légende vivante. Elle avait pu se rendre compte au fil de la discussion que ce Cassian pourrait très bien être incroyablement âgé. Sans doute n’était-il pas humain ce qui fit se questionner la souris.
Elle espérait que son existence éphémère, étant une hybride destinée à ne pas vivre longtemps, ne soit pas un frein aux yeux du contrôleur royal. Elle priait pour qu’il ne la prenne pas de haut ou pire, qu’il la refuse.
Lorsque la porte commença à s’ouvrir, elle s’inclina sans regarder pour présenter sa lettre de ses deux mains devant elle.
—J-je m’appelle Rachelle Virsce monsieur ! S’il vous plait veuillez me prendre sous votre aile pour l'après-midi !
Sa voix manquait d’assurance et elle avait failli se mélanger dans ses mots sous le coup du stress. Mais maintenant qu’elle y était, il n’était plus temps de faire marche arrière.
Après mûre réflexion, il n’avait jamais été question de faire marche arrière dans tous les cas.
Rachelle se releva en sueur, les jambes tremblantes. Le regard troublé par la chaleur du désert qui commençait à lui taper sur le crâne n’arrangeait en rien la fatigue intenable qu’elle essayait de surpasser. Elle tenta d’avaler le peu de salive qu’elle avait dans le fond de la gorge avant de se tenir bien droite, essayant de ne pas s’écrouler.
—O-oui chef, laissa-t-elle échapper à demi-mots dans une douloureuse plainte.
—Je n’ai pas bien entendu ! lui cria alors l’instructeur qui lui faisait face.
La souris fixa l’homme un moment. L’instructeur militaire de la capitale. Du moins celui qui se chargeait des nouveaux venus à cette période de l’année. Il s’agissait d’un homme d’une grande stature dont les cheveux et la barbe étaient taillés de près. Ses cheveux plus proches du gris que du noir laissaient penser qu’il avait déjà atteint un âge vénérable, ou du moins l’âge de prendre sa retraite s’il le désirait. Et pourtant, autant dans sa façon de se tenir que dans sa manière de crier, il était difficile de déceler chez lui la moindre faiblesse dûe à l’âge.
De toute évidence, l’instructeur était un homme dur qui ne laissait que peu de place pour la bonté. Néanmoins, les soldats qui avaient survécu à son entraînement ne tarissaient pas d’éloges à son sujet, c’était donc en entendant ces rumeurs que la souris avaient remplis les papiers, avec l’aide d’un officier sachant écrire, pour demander à ce que sa formation militaire se passe au sein de la capitale : Ikusa.
Ladite formation se composait en trois temps, il y avait tout d’abord les entraînements physiques qui permirent à la souris de se rendre compte de sa faiblesse à côté des autres recrues qui étaient déjà bien plus endurantes et acclimatées au soleil du Reike. Ensuite, la souris devait suivre des cours au sein d’une école avec des enfants bien plus jeunes qu’elle pour rattraper son retard littéraire et ses manques de connaissances. Et pour finir, rarement, elle était envoyée en patrouille avec des soldats confirmés pour apprendre le métier à la dure comme diraient certains. Et bien qu’elle s’efforçait de donner le meilleur d'elle-même chaque jour, il lui arrivait bien souvent de se sentir dépassée par les événements. Comme c’était le cas aujourd’hui.
Elle avait couru à ne plus sentir ses jambes comme punition d’avoir perdu tous ses duels d’entraînements de la mâtinée. Rachelle était certes incroyablement agile dûe à sa vie passée au sein d’un cirque, elle n’avait pour ainsi dire pas la moindre connaissance en termes d’arme ou de technique de combat. Le climat étouffant lui, n’arrangeait rien.
—Hé oh la souris ! cria une nouvelle fois l’instructeur. Si tu veux aller dormir je t’en prie. Mais ne t’attends pas à remettre les pieds sur mon terrain d’entraînement !
Ces mots eurent l’effet d’un choc pour la jeune femme. Comme si la foudre venait de lui tomber dessus, elle se dressa aussi droite que possible.
—Je ne suis pas fatiguée, chef ! cria-t-elle à son tour alors que la flamme de sa résolution brûlait au sein de ses pupilles. Je vais courir ! Deux tours même ! Puis je prendrai ma revanche sur ces fameuses pompes !
L’instructeur laissa échapper un sourire sur le coin de ses lèvres. Rachelle n’était certainement pas son élève la plus douée, mais elle ne manquait pas de motivation.
—C’est l’esprit, allez je veux te voir gambader !
Rachelle partit comme une flèche. Essayant de faire fi de la fatigue qui lui brûlait les jambes. Elle avait également terriblement soif. Mais tout cela n’avait pas la moindre importance. Elle s’était promis de se faire respecter un jour au Reike. Peu lui importait que l’entraînement la pousse aux portes de la mort, peu lui importait d’être moquée et traînée dans la boue si cela lui permettait d’atteindre son but. Elle prendrait sur elle. Si elle était plus bête ou moins forte qu’un autre alors elle travaillerait deux fois plus pour rattraper son retard. Elle voulait prouver qu’à force de travail acharné et d’une résolution à toute épreuve il était possible pour une hybride comme elle de s’élever au sein du Reike, la nation qui prévalait les compétences avant la lignée.
La souris termina ses deux tours de course sur le dos. Respirant bruyamment et ayant l’impression que son coeur allait s’arrêter d’un moment à l’autre, elle resta quelques secondes étendue sous le soleil avant qu’une ombre ne vienne se placer devant elle. Trop épuisée pour voir clairement, la souris put tout de même se rendre compte qu’il s’agissait de l’instructeur. Peu de gens avaient sa stature sur le terrain d’entraînement.
—O-oui les pompes, lâcha Rachelle dans un murmure. Je m’en occupe tout de suite.
L’homme lui jeta une gourde d’eau proche de son visage avant de se retourner.
—On va s’arrêter là pour aujourd’hui, lui expliqua-t-il en cachant son sourire. Par contre, demain tu feras deux fois plus pour ta peine.
Rachelle récupéra la gourde pour la vider d’une traite. En savourant cette précieuse eau salvatrice jusqu’à la dernière goutte.
—Je peux continuer chef, essaya-t-elle d’expliquer alors que sa tête tournait dangereusement.
—Ne va pas croire que je te fais une fleur, renchérit l’instructeur. J’ai un travail pour toi cet après-midi. Enfin un travail, c’est vite dit. Je veux que tu ailles apprendre auprès d’un homme. Autrefois instructeur, il a désormais le beau rôle de contrôleur royal. Il se met bien le bougre.
Rachelle se releva tant bien que mal en s’épongeant un peu le front.
—Qu’est-ce qu’un contrôleur royal monsieur ? lui demanda-t-elle.
—C’est vrai que tu n’es pas encore parfaitement au courant du fonctionnement de notre nation dans ses moindres détails. Tu es arrivé il y a peu. Hum… (Il posa une main sur son menton pour prendre un air réfléchi.) C’est une sorte de garde premium je dirais ? Hahaha, désolé je suis pas le plus doué pour les explications qui ne concernent pas le terrain d’entraînement. Disons pour faire simple, qu’il se charge de veiller à ce que personne ne fraude, que chacun paye ses taxes et respecte la loi. C’est un travail un peu plus intellectuel que le mien, c’est certain !
Il reprit dans un long rire alors qu’il se tapa la jambe. Rachelle afficha un sourire attendri en le voyant faire. Finalement, une fois l’entraînement terminé, l’instructeur était loin d’être le démon qui lui avait été décrit.
—Je vois, répondit la souris en hochant la tête. C’est donc un rôle important. Sauf qu’au lieu de patrouiller dans les rues pour arrêter les bagarres, ils se chargent de tout ce qui est un peu plus précis et qu’on ne remarque pas forcément sans une enquête plus poussée, j’ai juste ?
—Oui voilà, admit l’instructeur en hochant de la tête doucement. Enfin, tu pourras lui demander de vive voix. Suis moi jusqu’à la tente. Je vais te donner une recommandation pour qu’il te prenne au sérieux. Sinon, le connaissant, il risque juste de te jeter hors de son bureau.
Les deux se rendirent jusqu’à la tente alors que les autres recrues commençaient à affluer en direction de la caserne pour un repas bien mérité. La souris posa une main sur son ventre qui gronda de faim. Elle nota dans un coin de son esprit de s’acheter de quoi se sustenter plus tard.
—Voilà tiens, il lui tendit une lettre cachetée d’un sceau de l’armée. C’est une demande de ma part et signée de ma main pour qu’il te prenne en charge pour l'après-midi. Profite-en pour en apprendre le plus possible sur nos lois et évite d’être un boulet d’accord ? Qu’est-ce qu’on va penser de moi si j’envoie mes élèves importuner les autres ?
Rachelle récupéra la lettre entre ses griffes avant de la ranger avec précaution dans sa poche.
—Vous pouvez compter sur moi monsieur, promit la souris. Je n'entacherai pas votre réputation. Qui dois-je rencontrer d’ailleurs ? Vous ne m’avez pas dit son nom.
—Cassian Graves, je le tiens en très haute estime alors je ne doute pas que tu apprendras conséquemment sous son aile. Je vais t’indiquer sur la carte de la ville où tu pourras trouver son bureau.
Il la fit avancer jusqu’à la carte de la ville qui reposait sur une table. Tous les points importants à ne surtout pas oublier lors des rondes de gardes y étaient indiqués.
—C’est ici, expliqua-t-il en tapotant le lieu de son doigt. Tu vois, c’est pas trop loin d’ici.
—Merci monsieur ! répondit avec enthousiasme Rachelle. Je me mets en route sans tarder, il ne vous dira que du bien de moi vous verrez !
—Une minute souriceau, l’arrêta alors l’instructeur en lui retenant l’épaule. Tu empestes le rat crevé à cause de l’entraînement. Tu vas me faire le plaisir d’aller prendre une douche avant de te présenter devant un contrôleur royal. On est des soldats, pas des sans-abris.
—Oh…
—Oui "Oh", comme tu dis, soupira l'homme en se frottant l'arrière du crane. Sérieusement les jeunes de nos jours…
[...]
Une douche plus tard, Rachelle s’était rendue à l’adresse indiquée. Un beau bâtiment au milieu de la ville. Elle n’avait pas eu tant de mal que ça à le trouver, surtout après avoir demandé de l’aide à quelques passants. Légèrement stressée, elle s’approcha de la porte et vérifia que sa tenue ne comportait aucun pli. Elle tapota son chapeau pour en enlever toute la poussière et resserra la lance qu’elle portait attachée derrière son dos.
—Qui ne tente rien n’a rien de toute manière, se dit-elle pour se donner courage avant de frapper à la porte.
L’instructeur lui avait vendu ce Cassian Graves comme un homme d’exception. Un membre hors pair du Reike. Et voilà que Rachelle commençait à être intimidée de rencontrer quelqu’un qui pourrait bien être une légende vivante. Elle avait pu se rendre compte au fil de la discussion que ce Cassian pourrait très bien être incroyablement âgé. Sans doute n’était-il pas humain ce qui fit se questionner la souris.
Elle espérait que son existence éphémère, étant une hybride destinée à ne pas vivre longtemps, ne soit pas un frein aux yeux du contrôleur royal. Elle priait pour qu’il ne la prenne pas de haut ou pire, qu’il la refuse.
Lorsque la porte commença à s’ouvrir, elle s’inclina sans regarder pour présenter sa lettre de ses deux mains devant elle.
—J-je m’appelle Rachelle Virsce monsieur ! S’il vous plait veuillez me prendre sous votre aile pour l'après-midi !
Sa voix manquait d’assurance et elle avait failli se mélanger dans ses mots sous le coup du stress. Mais maintenant qu’elle y était, il n’était plus temps de faire marche arrière.
Après mûre réflexion, il n’avait jamais été question de faire marche arrière dans tous les cas.