A son expression, ou tout du moins, à la moitié d’expression que l’on pouvait apercevoir de son visage, de part l’arrangement capillaire de l’élémentaire. Cette dernière semblait avoir une certaine curiosité, assez fort, pour la réponse de la magistrate à la question qu’elle lui avait posée sur son propre usage des choses domestiques. Il fallait dire que là, on touchait à ce qui était le centre même de toute la vie de la dame de compagnie, son intérêt était donc toujours très fort à ce genre de question, tout comme il pouvait l’être pour tout ce qui concernait le protocole, les normes et l’étiquette, pour qui elle était sans doute la personne la plus intransigeante de la Maison Bleue, qui veillant qu’à chaque instant, le personnel reste dans une attitude que l’on pouvait qualifier de versaillaise.
D’autant que la demoiselle n’avait pas l’habitude des puissants nobles en dehors des règles. La plupart des puissants de la république venant de familles plurimillénaires ou bien d’individu quasiment aussi vieux que la nation elle-même… Tout un groupe, qui vivait des règles strictes que ne semblaient pas appliquer la lumina. Et en soit, cela l’étonnait, encore plus vis-à-vis d’une magistrate de la justice, qui faisait la plupart du temps, avec les magistrats de la guerre, parmi les plus normés et rigoureux de toute la puissance du pouvoir.
- Si ce n’est le couple Moriarty, il n’y a nul servant chez moi. Ho… heu… Elizabeth et James Moriarty. Il leur est arrivé un évènement peu enviable il y a un temps maintenant, une longue affaire que j’avais traité. Je leur offre un toit désormais et ils entretiennent mon domaine en contrepartie. Il y a bien quelques agents d’entretien qui passent par intermittence également, mais rien ne ressemblant de près ou de loin à une servante comme vous l’êtes. Je crois bien que 500 années sur les routes ne m’ont pas aidées prendre certaines des habitudes aristocratiques,L’élémentaire semblait toujours quelque peu interloqué, par la réponse de la magistrate. Deux personnes qui faisaient l’entretien, des agents intérimaires… En effet, c’était des plus étonnant, portant alors sa main ganté de noir à son menton, elle semblait réfléchir, cette dernière tremblotant quelque peu pour les yeux les plus aguerrit.
L’élémentaire ne semblait pas pour autant vouloir en rajouter sur ce sujet, pas qu’elle ne puisse pas avoir de questions supplémentaires à ce sujet, mais ce n’était pas son rôle, d’autant qu’elle percevait très bien que cette discussion pouvait facilement glisser de sa part dans ce qui pourrait être le jugement et la critique. Or, Havoise connaissait non seulement son rôle et son métier, qui dans un premier temps lui interdisait cela, mais aussi sa place, socialement et politiquement inférieur à celle de la personne en face d’elle. Un roturier ne pouvait pas considérer le noble comme son égal, une règle absolue à laquelle elle ne semblait vouloir déroger, même si par la force des choses, le dit noble le lui demandait. L’ordre était l’ordre car il était immuable et ne pouvait changer.
Le sujet glissa ensuite sur celui des passions et des loisirs, la dame de compagnie avait aisément concédé qu’elle n’en avait pas, n’ayant jamais eu le loisir d’en avoir, cela était bien vite parti en dehors de son esprit.
A cette réponse, la lumina semblait réfléchir avant de lui répondre.
- Penchant vif et persistant, voilà ce qu’est la passion. Aussi destructrice qu’elle puisse être constructrice, elle régit certaines de nos pensées, de nos actes. Peut-être irraisonnable la plupart du temps. A titre d’exemple, un sujet qui me passionnait personnellement durant mes études à l’académie Magic était bien la Cosmologie,
Sans vraiment comprendre, Havoise observait la magistrate fermer les portes de la salle. Il fallait dire que les premiers propos de la magistrate étaient assez abstraits, la dame de compagnie ayant sur le coup juste cerné que la lumina avait un gout prononcé pour tout ce qui concernait la cosmologie. Quelque chose que l’élémentaire ne connaissait pas du tout, il lui avait fallu même quelques secondes pour se rappeler de ce que pouvait bien signifier ce terme avant de comprendre que cela était en rapport avec l’origine du tout.
Alors que la magistrate profitait alors de sa magie pour créer une sorte de forme de lumière en trois dimensions d’une extrême complexité dont Havoise à son niveau actuel ne pouvait pas cerner tout ce qui la composait, cette dernière marqua une expression de surprise en voyant cela apparaitre sous son nez n’était pas la plus habituée à être au contact des magies de haut niveau. Pendant quelques secondes, plutôt que vers la lumière, son regard tomba sur sa main ganté, la dame se demandant, si elle pourrait faire un jour quelque chose de similaire, si elle parvenait un jour à contrôler ses pouvoirs, à faire en sorte qu’ils s’expriment autrement qu’en la détruisant.
- Vie, mort, réalité, rêve, ordre, chaos… Lumière et néant. La cosmologie est à l’origine de bien des idées et théories en tous genres. Je crois qu’on y trouve sa représentation la plus juste en République, la science étant, ici-même, détachée de toute étrangeté religieuse. Les religions, par ce même axe de pensée, sont d’une façon ou d’une autre basées sur la Cosmologie. Et si l’on regarde bien ces dernières à travers le spectre cosmologique, elles se ressemblent beaucoup. Lune et Soleil, autant que Divins et Gardiens. Evidemment des variations existent et c’est aussi une histoire d’interprétation personnelle. Mais alors les religions puiseraient-elles leurs enseignements de la cosmologie elle-même ? Cela rendrait caduque la dualité existante entre le couple religieux Shoumeien et le Shierak Reikois.Tout en observant les formes lumineuses que faisait Haira, la dame de compagnie écoutait sagement ses propos. En toute honnêteté elle ne pouvait pas vraiment répondre à ce que disait la lumina, dans un domaine qui dépassait de loin son champ de compétence et d’expertise. L’élémentaire n’ayant pas envie de tomber volontairement ou non par la pensée d’une attitude ultracrépidarianiste qui ferait qu’elle s’avancerait avec une pseudo certitude dans un domaine où elle ne connait rien. D’autant que même dans son inexpérience du sujet, elle sentait que les propos de Haira devaient être sujet à des débats interminables entre deux gens bien plus compétent qu’elle. Sans doute aurait elle un intérêt à écouter ces débats entre partisan d’une cosmologie athée ou bien de modèles religieux, conflit dans lequel elle était tout à fait neutre.
- Bref, la passion ou du moins une activité ludique en vos considérations, est importante dans une vie, aussi longue soit cette dernière. Cosmologie, histoire, peinture, voyage, littérature, art-martiaux, magie... autant de sujets que d'activités possibles. Ainsi faut-il vous la trouver, mademoiselle Havoise. N’avez-vous jamais eu le regard scintillant d’une certaine curiosité, une envie d’en savoir plus ? Quelque chose qui faisait l’objet d’un entrain particulier, peut-être inexplicable parfois je le conçois…Regardant la magistrate un instant, l’élémentaire afficha rapidement un sourire qui pouvait transparaitre comme étant assez gêné. Reprenant son ardoise pour y graver quelques mots, elle les montra à la magistrat.
Je n’en ai jamais eu l’occasion ni l’expérience.
Pour tout vous dire
Je suis déjà heureuse d’être en vie
Le loisir était bien souvent l’affaire de ceux qui savaient que la mort était loin d’eux, la passion encore plus. Face à la mort, face à la souffrance, on refaisait rapidement ses propriétés en faisait disparaitre ce qui était du bonus.
Havoise semblait après cela réfléchir, il est vrai que dit comme ça, ses propos pouvaient paraitre quelque peu stupide et béats, c’est pourquoi elle décida d’explicité ses propos par une démonstration. En soit, ses marques n’étaient pas un secret, c’était juste elle, qui en avait honte.
Posant son ardoise et sa craie sur le mobilier proche de sa main libre, elle retira le gant noir de son autre main. Laissant tout le loisir à la lumina de constater une main noiratre, qui semblait brulé, assez difficile à regarder pour les gens qui étaient sensible, la vision en elle-même était douloureux, car au-delà des terribles marques noirs, la main semblait toujours en train de bruler sous l’acide, le silence permettant d’entendre de manière assez mesuré, un bruit d’acide rongeant quelque chose, tandis que de tant à autre, quelques vapeurs semblaient sortir de sa main. Havoise semblait d’ailleurs y faire assez attention, évitant d’y exposer les parties de son corps de son corps non touchés, mais aussi d’attendre par inadvertance la magistrate, ces vapeurs semblant quelque peu dangereux, mortelle même, Haira le comprendrait si son instinct de survie fonctionnait.