Un remontant, le réconfort après l’effort, le genre de banalité qui donne à la vie toutes les saveurs qu’on lui connait. Plus on l’attend, plus le vin prend du goût, mais les habitudes, la routine, ce genre de rondes fait que sans cesse on se demande « n’est-ce qu’une impression ou ce rouge est-il véritablement meilleur ? ». Ainsi va la vie, à valser entre inconfort et plaisir plus intense, renforcé par le premier qui, finalement, une fois que revient la besogne, se fait attendre. A quel point le cercle de la vie sociétale avait été vicié par ce principe ? Trop, peut-être, mais c’est comme ça que l’existence dans ce monde prend son sens.
Enfin, ça avec la satisfaction de coller deux-trois claques à un taulard en cavale.
Se retournant contre le bar, posant son coude sur son allongée, Gaïa porta à ses lèvres le cocktail garni qu’on lui avait servi. Un vin reikois de la frontière nordiste, étalé sur un cognac local avec la tranche de citron conventionnelle pour ajouter du piquant. Un breuvage approprié aux lèvres qui le goûtaient, une véritable métaphore en soi. Ce n’était pas pour rien que les serveurs de « L’Or en Gorge » lui proposaient cette boisson à chaque soir que l’officière arpentait les lieux. Son visage était connu dans le salon, tout comme il était connu par la plupart des habitants de cette ville depuis sa promotion. Une étrangère responsable des actions sécuritaires, certains avaient pris cette initiative au travers de la gorge. La plupart avaient surtout les jetons qu’une reikoise se charge de leur faire ravaler leurs dents.
- Et vous venez là tous les soirs, cheffe ?
- Tous les soirs où je bosse pas.
- Ce qui fait ?
- Une fois toutes les deux semaines.
L’officier assistant Garreth, encore habillé de son uniforme, oscilla d’une expression compatissante. Soufflant lourdement il accusa le coup de sa supérieure qui semblait faire bien plus d’heures que celles inscrites dans son contrat de cheffe d’escouade. Il crut pouvoir se rassurer en l’entendant alors compléter sa réponse.
- Te méprends pas. Je bosse aussi, là, maintenant.
- Si vous en redemandez, alors. J’imagine que je ne peux pas compatir sur le sort d’une pénitente qui demande le fouet.
- Baisse d’un ton, Garreth.
- Pardon. J’pensais pas que les formalités hiérarchiques étaient votre truc.
- Seulement quand elles me concernent. Les autres poireaux blindés de fric que tu vois là, tu peux leur parler comme tu veux.
- La plupart ont un meilleur statut social que nous, pourquoi tu penses que je m’autoriserais à leur dire quoi que ce soit.
- T’es en train d’me dire que tu pourrais t’laisser corrompre ?
- Non, cheffe, mais bon … dur de dire quoi que ce soit à un type qui peut balayer la justice juste parce qu’il regarde de plus haut.
- Il n’est rien qui est au-dessus de la Justice. Rien.
Son regard de braise armé d’un sourire flamboyant balayait la salle en observant chaque visage. Certains étaient à l’aise, détendus, d’autres étaient plus gênés, timides. L’un comme l’autre ne signifiait rien, il n’y a pas de profil type pour définir les raclures, parfois ce sont ceux qui sèment les plus assourdissantes esbrouffes, parfois, c’est le type que t’avais pas vu au coin de l’auberge dans laquelle tu dors. Ce n’était pas le faciès qui comptait, souvent, c’était le bras tendu de trop, le main que l’on embrasse.
- Garde l’œil ouvert.
- Oui m’dame, à vos ordres m’dame.
Et il reprit une lourde gorgée dans son verre, regardant sa cheffe partir dans un attirail plus ou moins civil. Rien de très féminin, ni vraiment élégant, mais on ne pouvait pas dire que Gaïa était fringuée pour la boue. Pantalon étroit, corset brun et un gilet qui coulait jusqu’au haut de ses cuisses, coincé dans la ceinture qui lui enserrait la taille. On pouvait également noter un brin d’urbanisme au travers des cercles de cuir qui serraient ses manches au niveau des poignets. Déambulant, elle regardait … et elle attendait qu’un idiot décide de faire ses sales affaires ici.
Enfin, ça avec la satisfaction de coller deux-trois claques à un taulard en cavale.
Se retournant contre le bar, posant son coude sur son allongée, Gaïa porta à ses lèvres le cocktail garni qu’on lui avait servi. Un vin reikois de la frontière nordiste, étalé sur un cognac local avec la tranche de citron conventionnelle pour ajouter du piquant. Un breuvage approprié aux lèvres qui le goûtaient, une véritable métaphore en soi. Ce n’était pas pour rien que les serveurs de « L’Or en Gorge » lui proposaient cette boisson à chaque soir que l’officière arpentait les lieux. Son visage était connu dans le salon, tout comme il était connu par la plupart des habitants de cette ville depuis sa promotion. Une étrangère responsable des actions sécuritaires, certains avaient pris cette initiative au travers de la gorge. La plupart avaient surtout les jetons qu’une reikoise se charge de leur faire ravaler leurs dents.
- Et vous venez là tous les soirs, cheffe ?
- Tous les soirs où je bosse pas.
- Ce qui fait ?
- Une fois toutes les deux semaines.
L’officier assistant Garreth, encore habillé de son uniforme, oscilla d’une expression compatissante. Soufflant lourdement il accusa le coup de sa supérieure qui semblait faire bien plus d’heures que celles inscrites dans son contrat de cheffe d’escouade. Il crut pouvoir se rassurer en l’entendant alors compléter sa réponse.
- Te méprends pas. Je bosse aussi, là, maintenant.
- Si vous en redemandez, alors. J’imagine que je ne peux pas compatir sur le sort d’une pénitente qui demande le fouet.
- Baisse d’un ton, Garreth.
- Pardon. J’pensais pas que les formalités hiérarchiques étaient votre truc.
- Seulement quand elles me concernent. Les autres poireaux blindés de fric que tu vois là, tu peux leur parler comme tu veux.
- La plupart ont un meilleur statut social que nous, pourquoi tu penses que je m’autoriserais à leur dire quoi que ce soit.
- T’es en train d’me dire que tu pourrais t’laisser corrompre ?
- Non, cheffe, mais bon … dur de dire quoi que ce soit à un type qui peut balayer la justice juste parce qu’il regarde de plus haut.
- Il n’est rien qui est au-dessus de la Justice. Rien.
Son regard de braise armé d’un sourire flamboyant balayait la salle en observant chaque visage. Certains étaient à l’aise, détendus, d’autres étaient plus gênés, timides. L’un comme l’autre ne signifiait rien, il n’y a pas de profil type pour définir les raclures, parfois ce sont ceux qui sèment les plus assourdissantes esbrouffes, parfois, c’est le type que t’avais pas vu au coin de l’auberge dans laquelle tu dors. Ce n’était pas le faciès qui comptait, souvent, c’était le bras tendu de trop, le main que l’on embrasse.
- Garde l’œil ouvert.
- Oui m’dame, à vos ordres m’dame.
Et il reprit une lourde gorgée dans son verre, regardant sa cheffe partir dans un attirail plus ou moins civil. Rien de très féminin, ni vraiment élégant, mais on ne pouvait pas dire que Gaïa était fringuée pour la boue. Pantalon étroit, corset brun et un gilet qui coulait jusqu’au haut de ses cuisses, coincé dans la ceinture qui lui enserrait la taille. On pouvait également noter un brin d’urbanisme au travers des cercles de cuir qui serraient ses manches au niveau des poignets. Déambulant, elle regardait … et elle attendait qu’un idiot décide de faire ses sales affaires ici.