Comme si les précédents jours n'avaient pas été suffisamment fatiguant … Il devait avoir dépassé ses limites lors du tournoi et du bordel qui s'en était suivit. La semaine d'abstinence qu'il avait été contraint de suivre précédent le tournoi lorsqu'il était derrière les barreaux avait eu bien plus d'impact que prévu, même aujourd'hui son bassin et ses ailes souffraient encore de l'impact de rochers lui étant tombé dessus, bien que ses brûlures elles avaient disparues.

Si ce n'était que ça, cela serait bien plus facile de faire disparaitre cette douleur. Mais une bien plus grande déplaisance agitait le corps de la fée d'un mètre et quelques. Une douleur musculaire qu'elle n'avait jamais connu avant, comme un état de fatigue extrême sans le sentiment de repos que l'on pouvait avoir lorsque l'on s'asseyait, juste le tirement de ses muscles.

Marcher était devenu particulièrement pénible, bien plus pénible que d'habitude. Il voulait voler, mais ne pouvait pas utiliser ses ailes cassées et trouées. Après cela, plus jamais il laissera ses belles ailes se faire abimer. L'inquiétude ne s'arrêtait pas à cette sensation d'avoir des fourmis dans ses muscles cherchant à s'échapper de la prison qu'était sa peau. Ses cheveux noircissait, sa peau pellait, ses yeux … Nan ils étaient toujours à la limite de l'aveuglement.

“Cela a probablement à voir avec mon âge …” Pensait-il, ne faisant pas attention à tout ce qui l'entourait et les évitant juste à la dernière minute, ne faisant finalement attention qu'à une seule chose : Garder l'épée qu'il devait livrer entre ses mains.

L'épée volée au soldat borgne, faisant deux à trois fois la taille de la fée, deux fois celle de l'armure qu'elle utilisait pour pouvoir la porter et qui avait enfin trouvé quelqu'un qui comptait l'utiliser. Pas la fée qui n'aimait pas son poids, mais une masse de muscle à la peau verte et au pelage orangé. Facile à repérer donc dans la foule …

“ALORS POURQUOI IL N'EST PAS LA ?!!”

Le liquide ambré frappa la paroi solide du mur, à l’impact de fines gouttelettes furent projetés ça et là par la puissance du jet. Le loup balança sa tête en arrière relâchant un râle de plaisir à sentir sa vessie se vider dans cette ruelle sombre. Encore une journée de chasse rondement menée qu’il finissait avec une cervoise bien méritée qui étanchait sa soif mais que sa vessie avait rapidement rejetée. Le jet puissant se transforma en fontaine se tarissant, puis s’arrêta. D’un mouvement du poignet il fourra son instrument dans son pantalon avant de sortir de l’ombre le cachant des yeux indiscrets.

Le soleil terminait tranquillement sa course et les lanternes éclairaient de leur lumière chaude les ruelles d’Ikusa. Le loup ne s’en était pas encore retourné à Kiouji, souhaitant profiter du voyage pour découvrir la capitale. Quoi de mieux pour visiter une nouvelle ville que de se faire une tournée des bars. Les regards choqués sur sa silhouette lupine glissait sur son indifférence cependant il ne pouvait faire autrement que de remarqué que l’espèce humaine continuait en majorité à être révulsée par son apparence. Le barbare en profitait pour apeurer ceux s’approchant trop de lui et jouissait malgré les rues bondées d’espace pour se déplacer. La nuit appartenait à Fenrir. Draïtane ne lui gâcherait jamais le plaisir de gouter à la liberté dans ce corps partagé.

Au détour d’une ruelle alors que le sauvage cherchait une nouvelle auberge à découvrir. Il remarqua au loin un large dos émeraude qu’il ne put que reconnaitre. Il s’agissait d’un des participants au combat de l’arène. Un puissant manieur de marteau. Le loup chercha dans sa mémoire le nom de celui-ci mais son niveau d’attention pendant le discours de l’orateur ne lui avait pas permis de capter celui-ci. Détournant le regard, Fenrir chercha Draïtane dans le refuge de leur marais mental. S’avançant près de son compagnon assis dans la brume près d’un feu. Il s’enquit de ses souhaits de sa voix guttural, il gronda en sortant de la pénombre :

« T’en penses quoi ? »
« Hmm.. Costaud. On a déjà bu. »
« Et ? »
« T’as raison »

Sur ces paroles Draïtane avança vers le large dos du gladiateur. Quand il entendit une voix beuglante :

« ALORS POURQUOI IL N'EST PAS LA ?!! »

Interloqué Draïtane ne changea pas sa route. Il se rappelait clairement qu’avant l’irruption de Sebastien dans l’arène le combattant contre qui il voulait jouter n’était autre que cette espèce de masse verte tout droit sortit de la cuisse d’un titan. Lui qui ne croyait pas au destin devait concéder que les dieux voulaient le voir se battre contre l’être vert. Alors qu’il arrivait à porter un ivrogne tituba devant lui et vomit une partie de ses boyaux sur ses pieds. Le loup hurla son mécontentement alors qu’il se trouvait à deux pas de Falthène et Braak qui s’échangeait épée et paiement.

Ses envies de bagarres contre le géant vert disparurent aussi vite que l’ivrogne à la mine défaite avait déchargé sa bile sur ses bottes. Le bougre levait les mains en signe d’excuse. Le loup le choppa au col de sa patte droite. Il rapprocha sa gueule bardée de crocs du visage du paysan, les yeux vitreux de l’homme s’écarquillèrent. Il n’avait pas remarqué sur qui il avait fait son office. La peur le saisit. Draïtane l’envoya d’une rotation du buste valser contre le mur de la taverne derrière lui. Il retomba dans l’auge emplit d’eau pour les chevaux. La pestilence l’odeur sur ses jambes remonta rapidement à ses narines de loup. Il se rapprocha de l’auge et entreprit de nettoyer ses bottes en appuyant celle-ci sur la poitrine de l’ivrogne, l’empêchant de retrouver l’air salvateur dont il semblait avoir tant besoin d’après les mouvements de plus en plus erratiques de ses bras.

Fenrir et Draïtane se regardait intérieurement se demandant où ils s’arrêteraient. La civilité n’était toujours pas leurs forts. Bien que Draïtane faisait des efforts pour comprendre les relations humaines, Fenrir lui, dont la pensée animale ne passait que par le respect du plus fort, pensait que cet affront devait être puni pour l’exemple. Leur joute muette semblait ne pas s’arrêter mais ils arrivèrent à un accord mental. Le bougre aurait la vie sauve. Après tout il voulait encore visiter la capitale.

Pour les personnes externes Draïtane continuait à nettoyer ses bottes, en gardant le pauvre ivrogne sous l’eau. Cherchant à le noyer. En vérité il avait décidé de lui laisser la vie sauve, il attendait le point de rupture pour que le souvenir d’avoir vomi sur les mauvaises bottes se grave à jamais dans la mémoire de l’ivrogne. Ça cependant seul le sauvage le savait.  Les badauds le regardaient horrifiés mais n’intervenaient pas. La taille imposante du loup, la noirceur de son poil et ses pupilles dorées luisantes, les effrayaient trop.

Pendant ce temps dans le marais mental de leur esprit Draïtane et Fenrir riaient de concert. S’imaginant devenir les bienfaiteurs du bougre en participant à le sevrer de l’alcool au souvenir de la nuit où il avait failli mourir.

La fée n'était pas aussi joyeuse que le titan, bien qu'elle avait la patience de ne pas arracher la bourse de ses énormes paluches, elle était à ça de le faire. Pesant quelques instants le sac et préparant une remarque bien sèche, son regard mort était attié par un bruit peu glorieux.

“Encore un ivrogne”, pensait le chasseur en reculant de quelque pas. Si cela avait été ses pieds, autant dire qu'il serait déjà mort. Mais ce n'était pas son problème dans l'immédiat. Se désintéressant de ce que les trois blaireaux pouvaient bien faire, il dirigeait on regard vers le grand vert, pointant un doigt accusateur vers lui, mais restant au sol.

“Quand on te donne un lieu et une heure, le minimum est d'arrivé à temps ! Cette saloperie doit faire cinq fois mon poids et je l'ai trainé sur je sais pas combien de mètre !”

Avec des mouvements plus ample que d'ordinaire, pour éviter les frottements de ses peaux brulées entre elles. Bien pour ça qu'en plus d'être dans des vêtements de civil, aucune trace de cuire ou d'armure, ses vêtements étaient bien trop amples, deux tailles voir trois trop grands. Du moins son haut l'était, son pantalon restait juste une taille trop grand.

“Aussi comment ça se fait que tu ais de quoi acheter ça ? Tu n'es pas sensé être un esclave ou je ne sais quoi ?”

Il manquait là des informations cruciales pour la fée, mais qu'elle n'avait pas tant envie que ça de découvrir. Après tout l'important était que l'argent était là, et après avoir croqué une des pièces avec ses dents presque composées uniquement de canine pour confirmer que c'était bien de l'or, il ne pouvait se soucier plus que ça de comment il s'est procuré tout ça.

“Bon, bah ça régle ça je supposes.”

Il passait un petit moment à regarder la masse que représentait Brak'targ. C'était assez étonnant que ce dernier n'est pas été blessé durant ce fiasco qu'était le tournoi, contrairement à la fée d'une certaine manière qui devait être l'un, si ce n'est le candidat ayant fini dans le pire état. D'un autre côté, il ne lui semblait pas que le grand vert se soit livré à des activités particulièrement dangereuses.

“Comment s'annonce ta carrière de gladiateur avec l'arène complétement éclatée ?.. Ah aussi je voulais te demander. Tu connais ce type ?”

La fée pointait en direction de celui en train de noyer quelqu'un. Il semblait presque enclin à le tuer, bon, après ce qu'il lui avait fait, pourquoi pas, mais il faisait un peu trop de bruit avec toute cette agitation.