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- Dialogue écrit avec l'accord de Temris.
RP ouvert à tous : envoyez moi un mp pour participer !
“[...] car cette méthode permettra enfin de révéler les plus grands secrets de l’Histoire de ce monde. Encore au stade expérimental, elle a cependant permis à de nombreuses personnes de retrouver leurs parents, les obligeant à restituer leur héritage. Le procédé est d’une simplicité enfantine : un peu de sang, une étude de quelques jours, et le tour est joué ! Il ne vous restera plus qu’à comparer le résultat avec les milliers déjà présents dans le livre des Archives Dépoussiérées Négligeables. Et bien que l’étude soit coûteuse, il existe des facilités de paiement qui ne nécessitent pas d’or ! En effet, puisqu’il est nécessaire de donner un peu de son sang, autant donner un organe entier ! En contrepartie la consultation vous sera offerte (le fil pour les points de suture reste à votre charge). N’hésitez plus, réalisez une Fouille Amplifiée Keratocele Expérimentale, et levez le voile de la [...]”
Reike referma le livre et le garda sur ses genoux. Pensif, les sourcils froncés et les yeux dans le vide, il étudiait la probabilité qu’une telle étude puisse exister. Si c’était le cas, il avait une chance de trouver à quelle famille il appartenait, et ainsi faire un premier pas sur le chemin du souvenir. A l’inverse, il ne perdrait que du temps à explorer cette piste. Et du temps, il en avait à profusion.
Le soleil baignait tranquillement la terrasse de son échoppe, terrasse sur laquelle il s’était retiré afin d’étudier sa dernière livraison de livres. Un bras de lierre grimpant s’accrochait à la bordure du toit, d'où bourdonnait quelques abeilles et autres insectes. Le tumulte de la rue en contrebas couvrait ce doux bruit d’un mélange chaleureux ; pleurs d’enfants, injures approximatives d’ivrognes, hèles suaves de prostituées, et autres joyeusetés du même acabit. Même les bruits de chaînes et les râles de douleurs des esclaves provenant de l’échoppe ne parvenaient pas à noircir ce tableau. Mais Reike faisait fi de toute cette ambiance. Il se leva. Ses articulations craquèrent sinistrement. Son genou droit se plia dans un sens qui n’était pas tout à fait naturel. D’une main, accompagnée d’un rictus de mépris, il le remit en place. Un autre craquement suivit le mouvement, plus sec. CLAC. A ce son, un tic nerveux secoua le non-mort, accompagné d’un grognement désagréable. Il souffla un grand coup, rouvrit les yeux, et descendit au rez de chaussée, dans l’échoppe. Il s’engouffra dans son bureau aux décors d’instruments de torture. Là, il y récupéra une carte du monde, qui s’était malicieusement cachée sous un pied de commode. Il la déplia et l’étudia soigneusement.
“ Trois éléments. Mon sang. Un homme de science. Et un recueil nommé Archives Dépoussiérées Négligeables. Pour le sang, si ce n’est qu’il est coagulé, je l’ai sous la main. L’homme de science pour réaliser l’étude, quelque chose me dit qu’il viendra à moi de lui même. Il reste donc les Archives. Quel endroit serait le plus approprié pour réaliser des expériences, et qui pourraient de plus renverser toute une dynastie avec quelque révélation inattendue ? Un endroit où la recherche ne serait pas entravée, un endroit où il serait libre d’exprimer ses idées,... ”
Reike posa le doigt sur un point de la carte.
“Liberty. Cela me semble tout indiqué.”
Il calcula la distance le séparant de cette dernière.
“Environ… 10… 11 jours de marche.”
Il roula la carte.
“Liberty regorge de migrants. Si je n’y trouve pas les Archives, au moins je pourrais enrôler de nouvelles marchandises. Cela apportera un peu de fraîcheur exotique à mes étals.“
Il en frémit d'excitation, esquissant un sourire en coin. Il rassembla quelques affaires, accrocha son épée à la ceinture, et se dirigea sans plus attendre vers la sortie. Il croisa son employé, lui expliqua rapidement sa destination, mais omit de raconter le but initial, accentuant plutôt sur sa recherche de nouveaux esclaves. Puis il partit. Il ne prit ni eau ni nourriture, n’ayant pas besoin de boire ou manger pour survivre. Il ne prit ni monture ni bâton, les chevaux et la fatigue l’évitant autant que possible. Il se contenta de baisser sa large capuche sur le front, et de garnir ses bourses de nombreuses pièces d’or. Alors son voyage commença.
Nous passerons ici les détails de son périple, qui ne fut en aucun cas intéressant. Il ne faisait que marcher, ayant pour seuls compagnons le soleil et la lune, le vent et le sable, la pluie et le froid. Ne s’étant pas arrêté de jour comme de nuit, il arriva à Liberty à son sixième lever de soleil.
L’ambiance qui y régnait malgré l’heure matinale lui coupa le souffle. Rires d’enfants, chants mélodieux de troubadours de rues, saluts souriants à leur femme de maris allant travailler,... Le peuple était heureux. Le peuple vivait pleinement. Reike écarquilla de grands yeux blancs, et un ‘o’ de surprise resta figé sur ses lèvres.
“Que… Que… Quelle horeur !“ s’exclama t-il enfin, dégoûté.
Comment les gens faisaient-ils pour vivre dans des conditions si désastreuses ? Il n’arrivait pas à le concevoir. Sa bouche formait maintenant un rictus de mépris, et il porta ses mains à ses oreilles pour ne plus entendre. Il ferma même les yeux.
Après quelques instants de paix retrouvée, il souffla un bon coup et se prépara à se replonger dans ce chaos. Il reprit une expression neutre, ouvrit les yeux, et s’avança.
Là, au milieu de la foule, dans un tourbillon de couleurs, il tenta d'interpeller les passants. Mais aucun ne lui répondit. Soit ils continuaient leur chemin en l’ignorant, soit ils remarquaient son visage et s’empressaient de détaler en poussant un petit cri. Reike ne perdit pas plus de temps. Il ne trouverait aucune réponse au milieu de cette rue si animée. Il devrait dénicher un endroit plus reculé, un endroit où les informations seraient une marchandise comme une autre. Alors il fit le tour de l’immense ville, commençant par les quartiers les plus éloignés du centre. Il ne tarda pas à trouver ce qu’il cherchait : là, au détour d’une avenue, une ruelle étroite s’enfonçait entre les bâtiments. Elle débouchait sur une place sombre et sale. Les personnes qui traversaient l’avenue jetaient systématiquement un regard stressé dans la ruelle, tout en pressant le pas. Sans hésiter, Reike s’y engouffra. Aussitôt, les murs étouffèrent le brouhaha rieur, et enlacèrent l’homme-mort d’un voile froid et humide. De l’autre côté, la place sombre donnait naissance à une dizaine d’échoppes lugubres, entrecoupées de petites rues dont les extrémités disparaissaient dans les ténèbres. Parmi ces boutiques, une taverne. “Au Bar au Mètre”.
Se disant qu’il y trouverait des infos de choix, Reike y entra… avant de se faire refouler immédiatement.
“Pas d’armes à l’intérieur !“ avait crié l’aubergiste.
Reike fulmina, serra les poings, et s’en retourna. Comment faire pour entrer dénicher des informations s’il devait laisser son arme à l’extérieur ? Hors de question d’abandonner sa lame dans un coin. On la lui volerait. Et la taverne ne faisait pas vestiaire. Il devrait en trouver une autre. Il continua donc son chemin, s’enfonçant toujours plus dans les méandres de la ville. Il trouva une autre taverne : “Le Bar à Thym“. L’accueil fut exactement le même. Se retenant d’y mettre le feu, Reike s’éloigna et chercha à nouveau un endroit plus propice. C’est alors qu’il tomba nez à nez avec une boutique de forgeron.
“Mais oui ! Je n’ai qu’à laisser mon épée à l'entretien !“
Extrêmement fier d’avoir trouvé une solution, il avança d’un pas décidé vers l’échoppe. Mais ralentit progressivement, avant de s’arrêter, totalement hésitant, devant le comptoir donnant sur la rue. Il ne voyait pas l’intérieur malgré une large ouverture dans le mur, mais entendait un marteau frapper l’acier. Aucune porte n’était ouverte, cependant l’atelier semblait actif. Aucune sonnette pour signaler sa présence. Reike fulminait toujours. Il attendit que le marteau cesse son œuvre pour lancer un “Eh oh !?” colérique par-dessus le comptoir. Presque aussitôt, quelqu’un lui répondit sans se montrer.
“C’est pour quoi ?
- Une épée à affûter et nettoyer.
- C’est bon, posez la là. Revenez plus tard.
- Comme si j’allais attendre ici…“ clôtura le zombie en s’éloignant. Il jeta un regard par-dessus son épaule : une main venait de saisir l’arme par son fourreau, et la fit disparaître à l’intérieur de l’atelier. Non sans appréhension pour son arme, il retourna vers la taverne.
Là, il se dirigea directement vers le bar. Il apostropha le patron, et dit de but en blanc :
“Je cherche un bouquin. Un bouquin qui s’appelle Archives Dépou…
- Connais pas.
- …ssiérées… Je vois.”
Un silence.
“Donnez moi un verre de Bochet.”
Le tavernier s’exécuta tandis que Reike glissait une pièce sur le comptoir.
“Comment qu’y s’appelle c’bouquin déjà ?
- Archives Dépoussiérées Négligeables.”
Il avala le liquide d’un trait.
“Connais pas. Mais y a une livrairie pas loin. Vous z’y trouv’rez sans dout’ vot’ bonheur.
- Une livrairie ? répéta Reike en accentuant sur le V.
- Ouais. Ils z’ont des livres. Pas loin d’ici.
- Indiquez-moi le chemin.”
Un nouveau silence. L’homme bourru jeta un coup d'œil au verre vide de son client, avant de revenir vers son visage dissimulé. Il se gratta la gorge.
“Donnez moi donc un deuxième verre.
- Ça me revient maintenant. La livrairie est rue du Blibli-au-Taquet. Troisième à gauche en partant d’ici, puis la première à droite.” fit le commerçant en encaissant la deuxième pièce.
Reike rangea sa bourse, et leva une nouvelle fois le coude. Cette fois cependant, son capuchon glissa, dévoilant sa peau grise et ses yeux sans vie. Le patron frissonna, et gronda subitement :
“Hors d’ici, maudits ! Ouste, déguerpis ! Allez allez !”
Tous les clients de l’auberge stoppèrent leurs conversations, et levèrent les yeux. L’insulté reposa lentement son verre, remonta sa capuche, lança un regard noir à l’homme, et tourna les talons. En franchissant le seuil, il vit du coin de l'œil que le tavernier avait rejoint une table en maugréant. Ses occupants semblaient remontés.
Sans perdre de temps, il s’en retourna vers la boutique du forgeron. Il voulait récupérer sa lame, même si l’artisan n’avait pas encore commencé. Il frappa rapidement sur le comptoir, mais avant même qu’il n’ait pu ouvrir la bouche, son épée apparut par l’ouverture, prête.
“Rapide..!”
Le forgeron lui annonça le prix. Mais au même instant :
“Tiens tiens tiens. Un Non-Mort dans nos rues. Eh les gars, est ce que vous pensez qu’on peut re-tuer un mort ?”
Des ricanements se firent entendre. Reike se retourna, laissant le forgeron bras tendu, épée en l’air. Le groupe attablé précédemment l’avait suivi. Ils arboraient un sourire narquois et roulaient des épaules. Cinq gaillards à l’air patibulaire. Et quelques-uns armés de planche cloutée ou de barre de fer.
“Tu vas dégager de cette ville, sale démon !” cracha l’un d’eux.
Reike n’hésita pas un instant. Il arracha l’épée des mains de l’artisan, dégaina l’acier, et se jeta sur le groupe d’assaillants. Ces derniers, surpris, ne réagirent que peu promptement. Le premier tombait déjà, coupé en morceaux. Les autres crièrent, et enfin le combat débuta.
S’ils étaient musclés, les villageois étaient patauds. S’ils étaient supérieurs en nombre, leur courage s’effritait à mesure que leurs alliés mourraient. Ainsi l’échauffourée se termina loin de la forge, dans une autre rue, tandis que le dernier des voyous fuyait désespérément, hurlant des supplications incompréhensibles. Ses sanglots finirent noyés dans du sang, lorsque la lame de la dague de Reike transperça sa nuque. Celui-ci, essoufflé par l’échange, couvert de tripes et d'hémoglobines, retira son arme du coup de l’homme qui agonisait. Et tout en pestant, il essuya le métal sali sur ses victimes. Il n’eut pas le loisir de râler plus encore, car déjà le claquement de sabots sur les pavés résonnait.
“Des gardes ? il est temps de filer.”
Le Non-Mort retira sa cape, la retourna sur elle-même afin de dissimuler le sang, et la revêtit. Il remit son arme principale à la ceinture, et s’enveloppa dans son vêtement. Puis il s’en alla.
“[...] car cette méthode permettra enfin de révéler les plus grands secrets de l’Histoire de ce monde. Encore au stade expérimental, elle a cependant permis à de nombreuses personnes de retrouver leurs parents, les obligeant à restituer leur héritage. Le procédé est d’une simplicité enfantine : un peu de sang, une étude de quelques jours, et le tour est joué ! Il ne vous restera plus qu’à comparer le résultat avec les milliers déjà présents dans le livre des Archives Dépoussiérées Négligeables. Et bien que l’étude soit coûteuse, il existe des facilités de paiement qui ne nécessitent pas d’or ! En effet, puisqu’il est nécessaire de donner un peu de son sang, autant donner un organe entier ! En contrepartie la consultation vous sera offerte (le fil pour les points de suture reste à votre charge). N’hésitez plus, réalisez une Fouille Amplifiée Keratocele Expérimentale, et levez le voile de la [...]”
Reike referma le livre et le garda sur ses genoux. Pensif, les sourcils froncés et les yeux dans le vide, il étudiait la probabilité qu’une telle étude puisse exister. Si c’était le cas, il avait une chance de trouver à quelle famille il appartenait, et ainsi faire un premier pas sur le chemin du souvenir. A l’inverse, il ne perdrait que du temps à explorer cette piste. Et du temps, il en avait à profusion.
Le soleil baignait tranquillement la terrasse de son échoppe, terrasse sur laquelle il s’était retiré afin d’étudier sa dernière livraison de livres. Un bras de lierre grimpant s’accrochait à la bordure du toit, d'où bourdonnait quelques abeilles et autres insectes. Le tumulte de la rue en contrebas couvrait ce doux bruit d’un mélange chaleureux ; pleurs d’enfants, injures approximatives d’ivrognes, hèles suaves de prostituées, et autres joyeusetés du même acabit. Même les bruits de chaînes et les râles de douleurs des esclaves provenant de l’échoppe ne parvenaient pas à noircir ce tableau. Mais Reike faisait fi de toute cette ambiance. Il se leva. Ses articulations craquèrent sinistrement. Son genou droit se plia dans un sens qui n’était pas tout à fait naturel. D’une main, accompagnée d’un rictus de mépris, il le remit en place. Un autre craquement suivit le mouvement, plus sec. CLAC. A ce son, un tic nerveux secoua le non-mort, accompagné d’un grognement désagréable. Il souffla un grand coup, rouvrit les yeux, et descendit au rez de chaussée, dans l’échoppe. Il s’engouffra dans son bureau aux décors d’instruments de torture. Là, il y récupéra une carte du monde, qui s’était malicieusement cachée sous un pied de commode. Il la déplia et l’étudia soigneusement.
“ Trois éléments. Mon sang. Un homme de science. Et un recueil nommé Archives Dépoussiérées Négligeables. Pour le sang, si ce n’est qu’il est coagulé, je l’ai sous la main. L’homme de science pour réaliser l’étude, quelque chose me dit qu’il viendra à moi de lui même. Il reste donc les Archives. Quel endroit serait le plus approprié pour réaliser des expériences, et qui pourraient de plus renverser toute une dynastie avec quelque révélation inattendue ? Un endroit où la recherche ne serait pas entravée, un endroit où il serait libre d’exprimer ses idées,... ”
Reike posa le doigt sur un point de la carte.
“Liberty. Cela me semble tout indiqué.”
Il calcula la distance le séparant de cette dernière.
“Environ… 10… 11 jours de marche.”
Il roula la carte.
“Liberty regorge de migrants. Si je n’y trouve pas les Archives, au moins je pourrais enrôler de nouvelles marchandises. Cela apportera un peu de fraîcheur exotique à mes étals.“
Il en frémit d'excitation, esquissant un sourire en coin. Il rassembla quelques affaires, accrocha son épée à la ceinture, et se dirigea sans plus attendre vers la sortie. Il croisa son employé, lui expliqua rapidement sa destination, mais omit de raconter le but initial, accentuant plutôt sur sa recherche de nouveaux esclaves. Puis il partit. Il ne prit ni eau ni nourriture, n’ayant pas besoin de boire ou manger pour survivre. Il ne prit ni monture ni bâton, les chevaux et la fatigue l’évitant autant que possible. Il se contenta de baisser sa large capuche sur le front, et de garnir ses bourses de nombreuses pièces d’or. Alors son voyage commença.
Nous passerons ici les détails de son périple, qui ne fut en aucun cas intéressant. Il ne faisait que marcher, ayant pour seuls compagnons le soleil et la lune, le vent et le sable, la pluie et le froid. Ne s’étant pas arrêté de jour comme de nuit, il arriva à Liberty à son sixième lever de soleil.
L’ambiance qui y régnait malgré l’heure matinale lui coupa le souffle. Rires d’enfants, chants mélodieux de troubadours de rues, saluts souriants à leur femme de maris allant travailler,... Le peuple était heureux. Le peuple vivait pleinement. Reike écarquilla de grands yeux blancs, et un ‘o’ de surprise resta figé sur ses lèvres.
“Que… Que… Quelle horeur !“ s’exclama t-il enfin, dégoûté.
Comment les gens faisaient-ils pour vivre dans des conditions si désastreuses ? Il n’arrivait pas à le concevoir. Sa bouche formait maintenant un rictus de mépris, et il porta ses mains à ses oreilles pour ne plus entendre. Il ferma même les yeux.
Après quelques instants de paix retrouvée, il souffla un bon coup et se prépara à se replonger dans ce chaos. Il reprit une expression neutre, ouvrit les yeux, et s’avança.
Là, au milieu de la foule, dans un tourbillon de couleurs, il tenta d'interpeller les passants. Mais aucun ne lui répondit. Soit ils continuaient leur chemin en l’ignorant, soit ils remarquaient son visage et s’empressaient de détaler en poussant un petit cri. Reike ne perdit pas plus de temps. Il ne trouverait aucune réponse au milieu de cette rue si animée. Il devrait dénicher un endroit plus reculé, un endroit où les informations seraient une marchandise comme une autre. Alors il fit le tour de l’immense ville, commençant par les quartiers les plus éloignés du centre. Il ne tarda pas à trouver ce qu’il cherchait : là, au détour d’une avenue, une ruelle étroite s’enfonçait entre les bâtiments. Elle débouchait sur une place sombre et sale. Les personnes qui traversaient l’avenue jetaient systématiquement un regard stressé dans la ruelle, tout en pressant le pas. Sans hésiter, Reike s’y engouffra. Aussitôt, les murs étouffèrent le brouhaha rieur, et enlacèrent l’homme-mort d’un voile froid et humide. De l’autre côté, la place sombre donnait naissance à une dizaine d’échoppes lugubres, entrecoupées de petites rues dont les extrémités disparaissaient dans les ténèbres. Parmi ces boutiques, une taverne. “Au Bar au Mètre”.
Se disant qu’il y trouverait des infos de choix, Reike y entra… avant de se faire refouler immédiatement.
“Pas d’armes à l’intérieur !“ avait crié l’aubergiste.
Reike fulmina, serra les poings, et s’en retourna. Comment faire pour entrer dénicher des informations s’il devait laisser son arme à l’extérieur ? Hors de question d’abandonner sa lame dans un coin. On la lui volerait. Et la taverne ne faisait pas vestiaire. Il devrait en trouver une autre. Il continua donc son chemin, s’enfonçant toujours plus dans les méandres de la ville. Il trouva une autre taverne : “Le Bar à Thym“. L’accueil fut exactement le même. Se retenant d’y mettre le feu, Reike s’éloigna et chercha à nouveau un endroit plus propice. C’est alors qu’il tomba nez à nez avec une boutique de forgeron.
“Mais oui ! Je n’ai qu’à laisser mon épée à l'entretien !“
Extrêmement fier d’avoir trouvé une solution, il avança d’un pas décidé vers l’échoppe. Mais ralentit progressivement, avant de s’arrêter, totalement hésitant, devant le comptoir donnant sur la rue. Il ne voyait pas l’intérieur malgré une large ouverture dans le mur, mais entendait un marteau frapper l’acier. Aucune porte n’était ouverte, cependant l’atelier semblait actif. Aucune sonnette pour signaler sa présence. Reike fulminait toujours. Il attendit que le marteau cesse son œuvre pour lancer un “Eh oh !?” colérique par-dessus le comptoir. Presque aussitôt, quelqu’un lui répondit sans se montrer.
“C’est pour quoi ?
- Une épée à affûter et nettoyer.
- C’est bon, posez la là. Revenez plus tard.
- Comme si j’allais attendre ici…“ clôtura le zombie en s’éloignant. Il jeta un regard par-dessus son épaule : une main venait de saisir l’arme par son fourreau, et la fit disparaître à l’intérieur de l’atelier. Non sans appréhension pour son arme, il retourna vers la taverne.
Là, il se dirigea directement vers le bar. Il apostropha le patron, et dit de but en blanc :
“Je cherche un bouquin. Un bouquin qui s’appelle Archives Dépou…
- Connais pas.
- …ssiérées… Je vois.”
Un silence.
“Donnez moi un verre de Bochet.”
Le tavernier s’exécuta tandis que Reike glissait une pièce sur le comptoir.
“Comment qu’y s’appelle c’bouquin déjà ?
- Archives Dépoussiérées Négligeables.”
Il avala le liquide d’un trait.
“Connais pas. Mais y a une livrairie pas loin. Vous z’y trouv’rez sans dout’ vot’ bonheur.
- Une livrairie ? répéta Reike en accentuant sur le V.
- Ouais. Ils z’ont des livres. Pas loin d’ici.
- Indiquez-moi le chemin.”
Un nouveau silence. L’homme bourru jeta un coup d'œil au verre vide de son client, avant de revenir vers son visage dissimulé. Il se gratta la gorge.
“Donnez moi donc un deuxième verre.
- Ça me revient maintenant. La livrairie est rue du Blibli-au-Taquet. Troisième à gauche en partant d’ici, puis la première à droite.” fit le commerçant en encaissant la deuxième pièce.
Reike rangea sa bourse, et leva une nouvelle fois le coude. Cette fois cependant, son capuchon glissa, dévoilant sa peau grise et ses yeux sans vie. Le patron frissonna, et gronda subitement :
“Hors d’ici, maudits ! Ouste, déguerpis ! Allez allez !”
Tous les clients de l’auberge stoppèrent leurs conversations, et levèrent les yeux. L’insulté reposa lentement son verre, remonta sa capuche, lança un regard noir à l’homme, et tourna les talons. En franchissant le seuil, il vit du coin de l'œil que le tavernier avait rejoint une table en maugréant. Ses occupants semblaient remontés.
Sans perdre de temps, il s’en retourna vers la boutique du forgeron. Il voulait récupérer sa lame, même si l’artisan n’avait pas encore commencé. Il frappa rapidement sur le comptoir, mais avant même qu’il n’ait pu ouvrir la bouche, son épée apparut par l’ouverture, prête.
“Rapide..!”
Le forgeron lui annonça le prix. Mais au même instant :
“Tiens tiens tiens. Un Non-Mort dans nos rues. Eh les gars, est ce que vous pensez qu’on peut re-tuer un mort ?”
Des ricanements se firent entendre. Reike se retourna, laissant le forgeron bras tendu, épée en l’air. Le groupe attablé précédemment l’avait suivi. Ils arboraient un sourire narquois et roulaient des épaules. Cinq gaillards à l’air patibulaire. Et quelques-uns armés de planche cloutée ou de barre de fer.
“Tu vas dégager de cette ville, sale démon !” cracha l’un d’eux.
Reike n’hésita pas un instant. Il arracha l’épée des mains de l’artisan, dégaina l’acier, et se jeta sur le groupe d’assaillants. Ces derniers, surpris, ne réagirent que peu promptement. Le premier tombait déjà, coupé en morceaux. Les autres crièrent, et enfin le combat débuta.
S’ils étaient musclés, les villageois étaient patauds. S’ils étaient supérieurs en nombre, leur courage s’effritait à mesure que leurs alliés mourraient. Ainsi l’échauffourée se termina loin de la forge, dans une autre rue, tandis que le dernier des voyous fuyait désespérément, hurlant des supplications incompréhensibles. Ses sanglots finirent noyés dans du sang, lorsque la lame de la dague de Reike transperça sa nuque. Celui-ci, essoufflé par l’échange, couvert de tripes et d'hémoglobines, retira son arme du coup de l’homme qui agonisait. Et tout en pestant, il essuya le métal sali sur ses victimes. Il n’eut pas le loisir de râler plus encore, car déjà le claquement de sabots sur les pavés résonnait.
“Des gardes ? il est temps de filer.”
Le Non-Mort retira sa cape, la retourna sur elle-même afin de dissimuler le sang, et la revêtit. Il remit son arme principale à la ceinture, et s’enveloppa dans son vêtement. Puis il s’en alla.