World of ashes
Forum RPG médiéval-Fantastique / ouvert à tout public / avatars illustrés
Derniers messages
Fonda
Ayshara Ryssen
Admin
Ogma Gunnhildr
Modo
Naa'vys
Modo
Poste vacant
staff
Bienvenue sur Woa,
World of Ashes est un monde magique où trois grandes puissances économiques et politiques règnent. Ici, les enjeux sont importants et une situation peut changer du jour au lendemain. Incarnez un simple paysan, un talentueux magicien ou même un riche seigneur ! De nombreuses possibilités et combinaisons différentes vous attendent avec impatience ! Forum optimisé pour Google Chrome. Avatars 200 x 400 px.
Votez pour nous ♥

Nouveautés dans le monde...

2022.07.01Nous migrons vers https://www.rp-cendres.com/ À très bientôt ! ♥

2021.12.01Ouverture du forum ! Rejoignez-nous sur discord <3
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Derniers sujets
Validation | Ellie McIntyre | RépubliqueMar 15 Nov - 18:46L'Âme des cendres
Accès au forumJeu 25 Aoû - 6:24L'Âme des cendres
Validation rps spéciaux - DeurkJeu 18 Aoû - 19:10Rachelle Virsce
Validation de Koraki Exousia- RépubliqueJeu 18 Aoû - 18:54Rachelle Virsce
Reike : Validation RP de Rachelle [Normaux]Jeu 18 Aoû - 18:41Rachelle Virsce
Validation | Marceline Cornebouc | ReikeJeu 18 Aoû - 18:27Rachelle Virsce
Planter dans les cendres [Rachelle | Marceline]Lun 8 Aoû - 11:25Marceline Cornebouc
Validation RP Ioan NörDim 31 Juil - 18:57Rachelle Virsce
Validation RP de ZaïnSam 30 Juil - 18:08L'Âme des cendres
Validation des RPs de ParwanLun 25 Juil - 14:03Parwan Sahriki
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Anonymous
Invité
Invité
Liberty – Mois de janvier


Il commençait à se faire tard.
Le crépuscule avait jeté sur une ville qui ne dormait jamais vraiment un voile de ténèbres propices à ceux qui œuvrent dans l’ombre. En cette saison, les journées étaient plutôt courtes et le climat frais et sec : un hiver tout ce qu’il y avait de plus classique dans cette région de Sekai.
 
Alleria venait de parcourir une énième fois le dossier : une fumeuse histoire qui concernait les services d’immigration.
 
La situation d’Avril devenait instable et on faisait savoir à demi-mots à sa protectrice qu’il fallait aller falloir payer pour lui éviter une condition plus fâcheuse encore. Bien sûr, la cadette n’était guère au courant de tout ceci, dormant probablement sur ces deux oreilles dans cette auberge accueillant des réfugiés politiques de tous bords : la magistrate n’avait pas trouvé mieux pour elle pour le moment.
 
Tout ceci n’était pas normal, la régularisation ne devrait pas être si compliquée, en tout cas Alleria ne se souvenais pas de telles difficultés il y a un siècle de cela…
Les lois de la république avaient-elles tant changé que cela ? Impossible… En tous cas, elle le sentait bien : Liberty n’était plus aussi calme que jadis, d’importants changements étaient en marche, et elle ne pouvait se débarrasser d’une espèce de mauvais pressentiment.
 
Le vent était en train de tourner, charriant de lourds relents de corruption.
 
Pour quelqu’un qui vivait si longtemps, la gradée était parfaitement en mesure de reconnaître une situation qui allait de mal en pis avec le temps : la ville semblait sous tension, et cela faisait malheureusement les choux gras de délinquants en tous genres.
 
En outre, et il fallait bien le reconnaître, l’arrivée au pouvoir des Goldhearts n’avaient rien arrangé à la situation. De là à penser que les choses s’enveniment du fait du parti actuellement au pouvoir… Oui. Il n’y avait qu’un pas.
 
La République était plongée dans une ère de capitalisme exacerbé que la magistrate ne lui connaissait pas.
 
Certains dossiers de demande de naturalisation passaient assez rapidement, dans des conditions qui restaient à éclaircir, passant allègrement devant nombre de personnes dans l’attente et qui risquaient l’expulsion si l’administration ne donnait pas une réponse favorable à leur requête.
Quelque chose ne tournait pas rond… Cela faisait des jours qu’elle retournait le problème dans tous les sens, elle avait du mal à croire que la corruption pouvait atteindre ce genre de service public…
 
Il n’y avait normalement pas d’argent à s’y faire, mais depuis qu’elle veillait sur l’intégration d’Avril, Alleria mettant le nez dans des bizarreries plutôt alarmantes.
 
Quelque peu agacée elle écrasa lourdement son dos contre le dossier de sa chaise en soufflant du nez et en levant les yeux vers une horloge mise bien en évidence dans le bureau qui lui était réservé dans la maison bleue.
 
Un silence…

« Merde ! » Fit-elle brusquement, claquant sans ménagement la pile de document contre le bois de la table, comme pour exorciser sa frustration.

Quand les choses touchaient à la sécurité de sa sœur, la patience de l'orageuse était généralement très limitée.
 
La magistrate pensait être seule, du moins l’était-elle dans son bureau. Elle avait depuis bien longtemps congédié le garde chargé de l’escorter et son adjointe était certainement déjà rentrée chez elle depuis quelques temps, difficile à dire… Toujours était-il qu’elle n’était actuellement pas visible dans les parages.
 
« Kasen, n’as-tu vraiment rien vu ?... » L’élémentaire garda pensivement les yeux braqués sur l’horloge accrochée à sa gauche.
 
Et s’il était parfaitement conscient de la situation ?  Et si en fin de compte…

* Non… Impossible… * Il faudrait plus que ça pour la pousser à douter de la noble lignée des Dhaamir, mais tout de même…
 
Elle ne lui avait pas parlé de cette histoire pour le moment, mais au vu de la situation qui devenait de plus en plus pressante vis-à-vis d’Avril, elle allait passer à la vitesse supérieure. Les menaces de déportation à moitié assumées se faisaient de plus en plus insistantes…
 
Les Dhaamir…
Le paternel avait récemment légué le flambeau à son fils, dans des conditions qu’Alleria s’expliquait fort difficilement. Magnus était parti sans prévenir personne, et n’était jamais revenu… Enfin, en tous cas, il n’avait jamais repris son poste, et n’était pas réapparu à la maison bleue.
 
Tout ceci n’avait pas de sens.
 
Lui ? Prestement terrassé par une malade au point de ne plus pouvoir se montrer en public ?
 
Alleria refusait de croire une seule seconde qu’une maladie ait pu l’écarter aussi vite de sa mission sans que personne ne la voit venir.
Cet homme était dévoué, corps et âme, et elle ne s’expliquait absolument pas cette situation, d’autant plus qu’hormis un peu de fatigue accumulée, il semblait plutôt en bonne santé.
 
La militaire avait connu sa mère, Aliénor, avant lui, et avait suivi toute sa carrière : depuis ses débuts jusqu’à sa révérence finale. Elle avait beaucoup de respect pour lui et avait toujours reconnu qu’il avait énormément apporté à la nation : restait à savoir si le fils serait digne du père.
 
Kasen n’était pas arrivé depuis très longtemps à la maison bleue, mais il semblait qu’il avait déjà plutôt bien fait ses marques. Alleria suivait son évolution avec bienveillance, mue par le respect qu’elle accordait au patronyme : elle n’avait toutefois pas l’intention de lui faire de cadeau si elle se rendait compte que l’arrivée du nouvel héritier avait ouvert une porte aux réseaux criminels.
 
Assurément, il n’était pas bête, mais il n’avait ni le recul ni l’aplomb de Magnus… Des personnes mal intentionnées auraient-elles pu en tirer parti ? Se service de cette petite instabilité de la passation du flambeau ? Cela restait à définir, et la magistrate comptait bien démêler la vérité, où qu’elle l’emmène.
 
La soirée n’était pas encore trop entamée et elle préférait confondre le nouveau visage des Dhaamir dans un contexte plus privé, loin des oreilles indiscrètes. Alleria ne savait plus en qui elle pouvait avoir confiance hormis quelques rares personnes, dont les représentant de cette famille de diplomate faisaient encore partie.
 
« Hmf… C’est parti. »
 
***
 
Trois coups portés à la porte, le silence s’ensuivit. Alleria, toujours en tenue de fonction, patientait, laissant son regard flâner sur les arbres et arbustes soigneusement entretenus du jardin de la vaste demeure familiale dans lequel vivait l’actuel magistrat de la diplomatie.
 
Ces gens là avait un goût plutôt prononcé pour l’élégance et l’irréprochabilité : pour tous ceux qui avaient pu côtoyer Magnus dans ces belles années, cela n’était pas étonnant.
Même Aliénor avait cette tendance, et Kasen semblait honorer lui aussi cette tendance à la propreté et à la perfection là où on pouvait encore la trouver en ce bas-monde.
 
La lourde porte pivota, s’ouvrant sur un être minuscule aux yeux de la femme, plutôt grande.
 
« Toujours de service, à ce que je vois. » Lança-t-elle, laissant un maigre sourire amusé, un brin ironique à l’adresse de la vénérable gouvernante, arrivée à ce poste depuis un bon bout de temps déjà.
 
Alleria était déjà venue ici, pour diverses affaires, elle appréciait la franchise décomplexée de ce petit bout de naine, dont l’apparence un peu flétrie ne représentait nullement l’énergie véritable.
 
« Non mais r’gardez que v’la. » Son regard vif étincela tandis qu’elle levait les yeux vers l’élémentaire. « Z’avez encore grandi non ? Arriv’ra un jour vous pass’rez plus c’te porte. » Son accent était haché au couteau, mais Alleria connaissait déjà le personnage.

« Oh, cela vous ferait bien trop plaisir. J’ai passé l’âge. » Elle la considéra tranquillement. « Peut-être qu’avec le temps on perd quelques centimètres. Qui sait ? Belle énergie néanmoins. »

« Arf ! N’m’en parlez pas ! Hmf… Vous m’filez du mauvais coton magistrate, m’enfin, parlons peu, parlons bien, vous voulez. Z’êtes pas là pour tailler l’bout d’gras avec moi j’imagine ? »

« Il faut que je parle à Kasen. » Le petit air amusé qui était jusque là resté accroché à son visage s’effaça quelque peu, laissant place à une expression plus grave et sérieuse. « C’est une affaire importante Griselda… Je suis navrée de venir sans prévenir, mais ça pourra difficilement attendre. »

« Hop hop hop ! Pas d’messe basse sans curé ! J’men vais voir si m’sieur Dhaamir est disposé à vous r’cevoir. » La porte s’ouvrit un peu plus. « N’restez donc pas dans l’froid comme ça, qu’est-ce qu’on va penser d’nous si vous g’lez sur place. »

« Merci. »
 
La militaire fit mine d’entrer, mais soudainement, la naine se posta dans ses pattes, lui coupant le passage.
 
« Toute magistrate qu’vous soyez, z’allez essuyez vos vilains ripatons avant d’rentrer ! »

« Ah… Oui, bien sûr. »
 
A peine Alleria eut-elle le temps que s’exécuter que la petite gouvernante trottinait déjà d’un pas énergique, disparaissant au détour d’un couloir.
 
La jeune femme soupira, la vieille Griselda était toujours égale à elle-même, et son caractère bien trempé se frottait sans problème à l’impulsivité bien connue de l’élémentaire qui ne la recadrerait jamais ici : la naine était maîtresse ici, et Alleria respectait cela sans problème.
 
Aux éclats de voix qui se firent entendre, la gouvernante « encouragea » prestement un autre domestique avant que sa douce voix ne s’éloigne à nouveau.
 
* Toujours un sacré pitbull celle-là. * Songeait la jeune femme, qui ne se rendait pas forcément compte qu’elle-même partageait certains traits de caractère avec la naine.
 
***
 
Quand la dirigeante revint, armée de sa redoutable prose, elle invita la magistrate à la suivre, sans grande surprise.
 
Alleria passa donc dans ces couloirs richement décorés, qu’elle avait déjà visité par le passé. A quelques détails près, la demeure des Dhaamir semblait comme figée dans le temps : peu de choses avaient réellement changé. Et bientôt, escortée de Griselda, elle put entrer dance la pièce où l’attendait son confrère magistrat.
 
« Bonsoir Kasen. » Fit-elle d’un ton posé, l’élémentaire avait tendance à appeler les gens par leur prénom, une vieille habitude de ses longues années de roublardise. Pour certains, c’était uniquement par praticité, et pour d’autre c’était par bienveillance. « Désolée de me présenter ici si tard. Comment se porte votre père ? »
 
Alleria respectait la discrétion du magistrat sur ce point privé, et n’évoquait jamais ce sujet entre les murs de la maison bleue.
Elle ignorait si le fils serait disposé à communiquer des informations à ce sujet, mais cela ferait une entrée en matière, et elle n’était de toutes façons pas là pour ça.
Kasen Dhaamir
Un héritage pour l'avenir ? [Kasen] QpLck1z
Messages : 229
Crédits : 1911

Fiche du personnage
Race: Humain
Vocation: Mage
Alignement: Loyal bon
Rang: B
Noble de La République
Kasen Dhaamir
Noble de La République
- Musique -:

Installé dans son fauteuil, l’échine courbée, les coudes sur le bureau et les paumes soutenant sa caboche alourdie par le sommeil, Kasen lisait avec un intérêt tout relatif un document qu’il devait ratifier… comme ils s’en trouvaient des dizaines d’autres éparpillés un peu partout sur son plan de travail.

Si le blondinet avait compris dès son arrivée au gouvernement plusieurs mois auparavant qu’il devrait se retrousser les manches pour s’y faire une véritable place, la situation politique pour le moins tendue du moment lui donnait bien plus de travail que son département ne pouvait raisonnablement traiter.

Alors il enchaînait les heures, continuant de s’enfoncer dans la paperasse à des heures tardives, et ce malgré sa productivité qui chutait indubitablement et sa concentration qui s’effilochait.

Puis la porte du bureau retentit sous une nuée de coups. Sans même lever la tête, le diplomate savait parfaitement qui s’apprêtait à entrer sans attendre qu’on l’y invite. Après des décennies de service, Griselda n’avait toujours pas appris qu’il était possible d’annoncer sa présence sans tambouriner à la porte avec la délicatesse d’un bélier.

D’un pas preste, la naine s’approcha du bureau avant de beugler bien plu fort que la situation ne l’exigeait.

Y’a une dame pour vous m’ssieur Kasen !

Le magistrat redressa le menton, posant un regard interloqué sur la gouvernante.

Qui ça ? Je vous ai entendu, vous aviez l’air de la connaître.

Bien sûr que j’la connais ! Une grande dame d’la République là, faites don’ pas celui qui sait pas d'qui j'veux dire !

Comment ça une grande dame ? Grande comment ?

Plus que moi !

Kasen laissa échapper un soupir faussement exaspéré, s’enfonçant dans son fauteuil alors qu’un rictus amusé se dessinait sur ses lèvres.

Me voilà bien avancé. Vous avez d’autres indices ?

D’autres indices… vous êtes marrant vous ! Elle a l’crin sur le côté là, comm’ça, mima la naine. Elle est pas vilaine de visu… mêm’ si faudrait qu’elle songe à prend’ un peu de rab à la cantine, elle est pas épaisse.

Mais… je la connais ?

M’enfin oui, faites donc pas l’nigaud ! Elle fait plus minaude qu’son âge, elle avait d’ja la même trogne quand z’étiez tout môme ! C’est une collègue à vous !

Vous savez que des collègues à moi plus grandes que vous, avec des cheveux et qui vivent longtemps, il y en a quand même quelques unes ?

La naine fronça les sourcils avant de cracher un juron dans un mystérieux patois montagnard dont elle seule avait le secret.

Bon, on va pas y passer la nuitée ! J’vais vous la chercher vot’ dame, vous verrez bien qui qu’c’est !

Kasen observa d’un air attendri Griselda tourner les talons et repartir à toute vitesse. Si la mémoire capricieuse de la naine témoignait de son âge avancé, il n’aurait troqué pour rien au monde les services de sa gouvernante, en place depuis bien avant sa naissance.

Aussi atypique et agaçante que Griselda pouvait être, elle était le cœur battant de la demeure. Elle n’avait ni besoin d’une tignasse blonde ou du patronyme des propriétaires pour faire partie intégrante de la famille.

Lorsque le bois de la porte vibra à nouveau sous les poings rocailleux de la gouvernante, la porte s’ouvrit sur cette fameuse collègue.

Kasen, debout et en train de finir d’empiler les nombreux documents qui étaient encore éparpillés quelques secondes auparavant, adressa un grand sourire à la magistrate. D’un geste de la main, il l’invita à s’avancer dans le bureau et à prendre ses aises.

Entrez donc, Alleria, faites comme chez vous.

Sur ces mots, le blondinet jeta un coup d'œil amusé à la naine qui leva les yeux au ciel lorsqu’elle se rappela du nom d’Alleria Greywind, qui lui était pourtant si familier. La gouvernante s’éclipsa en grommelant, refermant la porte derrière la visiteuse inattendue.

Bonsoir Kasen. Désolée de me présenter ici si tard. Comment se porte votre père ?

Oh, ne vous excusez pas. Votre visite m’est autrement plus agréable que la paperasse dans laquelle j’étais en train de m’embourber.

Le diplomate se dirigea près d’un large buffet dans le coin de la pièce, tout en poursuivant :

Mon père va… plutôt bien, à vrai dire. Il en est rendu à un stade de sa maladie où il n’est plus vraiment conscient de sa condition. Les médecins ne savent toujours pas vraiment de quoi il est atteint, mais ils n’ont plus grand espoir qu’il retrouve un jour sa lucidité. Il ne souffre plus et est plutôt apaisé, c’est sans doute le plus important.

Si la description de l’état de Magnus était fidèle à la réalité, Kasen s’était bien gardé d’évoquer ce qu’il savait de la condition de son père. Ce mal qui rongeait le vieil homme n’avait rien d’une maladie, et était dû à un interrogatoire musclé et affreusement long qu’avait subi l’ancien diplomate lors d’une mission au Reike. Magnus s’était pour ainsi dire fait griller le cerveau à grands renforts de magie psychique. Tant de détails que Kasen avait pris soin de ne dévoiler à personne tant les conséquences politiques pourraient en être catastrophiques.

Une fois arrivé devant le buffet, le magistrat se figea un instant avant de se retourner vers Alleria, la mine désolée.

J’ai longtemps hésité à inviter quelques amis et collègues à son chevet mais … il ne vous reconnaîtrait même pas, et vous le reconnaîtriez à peine également. Je doute que ce soit bénéfique pour quiconque.

Il ponctua sa phrase d’un petit soupir, comme pour chasser ces pensées mélancoliques.

Je vous sers quelque chose ?

Sur ces mots, Kasen avait déjà ouvert l’une des portes coulissantes du meuble devant lui pour en sortir deux verres.

Ayant déjà visité ce même bureau à plusieurs reprises par le passé, Alleria savait sans doute que nombre de bouteilles aux contenu atypique se cachaient dans ce meuble. Chez les Dhaamir, le goût pour les spiritueux était comme la politique : une affaire de famille.
Anonymous
Invité
Invité
Comme à son habitude, Kasen se montra calme et courtois tandis qu’il accueillait la magistrate dans son bureau.
 
Alleria l’observa avec intérêt, la mine totalement neutre, souriant à peine après l’avoir salué et lui avoir rendu son affable accueil.
Non pas qu’elle ait un problème quelconque avec lui, elle n’était simplement pas une personne démonstrative et se contentait de l’essentiel.
 
De ce qu’elle pouvait en voir et en conclure, l’héritier des Dhaamir semblait accuser une certaine fatigue.

Il y avait fort à parier que l’heure tardive et les piles de documents sur son bureau n’y étaient pas pour rien. Lui-même admettait d’ailleurs bien volontiers qu’il ne prenait aucun plaisir à ces tâches administratives, et Mère Lune sait à quel point la militaire le comprenait sur le point de traitement la paperasse. Fort heureusement, Athénais, son adjointe, était plutôt efficace pour l’aider à s’en débarrasser.
 
Toujours était-il, le jeune homme semblait mettre beaucoup d’énergie dans ce qu’il faisait : un peu trop pour son propre bien peut-être.
 
Toutefois… Si cette simple impression ne prouvait absolument rien en soit, cela confortait Alleria dans l’idée qu’elle se faisait déjà du fils de Magnus : un type sérieux, bosseur et, elle en était convaincue, honnête.
 
Respectueuse mais pas intimidée le moins du monde, la militaire évolua tranquillement dans ce bureau qui ne lui était pas inconnu, écoutant son collègue tout en contemplant l’un des portraits qui ornaient le mur : une toile représentant Magnus Dhaamir.

Kasen lui confirma la maladie de son paternel : la version officielle, celle qu’on lui avait déjà servie, confiant à l’élémentaire ses doutes concernant son rétablissement.
 
« Je vois. » Répondit-elle, toujours très calme et très neutre. Elle ne ferait pas l’affront à Magnus d’éprouver de la pitié pour son état, elle savait fort bien que ce n’est pas ce qu’il souhaiterait. « Je pense que vous avez la bonne philosophie Kasen. Puissent les étoiles lui apporter cette paix qu’il a toujours défendue. »
 
Elle ne parlait pas en ces termes avec tout le monde, mais elle faisait suffisamment confiance au diplomate et à son ouverture d’esprit pour faire une légère référence, sans prétention, au shierak, auquel elle était convertie.
 
Elle arracha son regard de l’œuvre peinte et s’avança pour rejoindre Kasen, qui semblait plutôt troublé par ce qu’il disait au sujet de son propre père. Son attitude déviait quelque peu de l’affabilité neutre et de la confiance éloquente mais humble qu’il dégageait habituellement.

Son cœur semblait teinté de doute tandis qu’il restait là, devant ce buffet. Quelque chose ne tournait décidément pas rond…
 
Bien sûr, elle se garda bien d’appuyer sur ce point et hocha tranquillement la tête quand il lui proposa de boire quelque chose : où alors, était-ce la devanture grande ouverte du meuble qui lui faisait cette alléchante proposition ?

Alleria connaissait la teneur fort qualitative de la cave des Dhaamir et ne commettrait pas l’erreur de refuser un verre, surtout si c’était pour le partager avec une connaissance.
 
« Avec plaisir. » Fit-elle, se permettant un léger sourire. « Auriez-vous encore un peu de cette fameuse liqueur manaella ? J’avoue avoir quelque peine à m’en procurer après que Magnus me l’ai fait goûter. »
 
Il y avait quelque chose dans cet alcool qui était très plaisant pour elle, elle soupçonnait presque qu’un peu d’electrum soit compris dans la recette au vu des légers crépitement qu’elle ressentait au contact de ce type de minerai, attirant la foudre.
 
Ils s’installèrent donc auprès d’une table basse, cernée de quelques agréables fauteuils dans un coin du grand bureau du diplomatique de Kasen.

« Santé. »

Le silence s’installa quelques instants après que les deux nobles furent servis que qu’Alleria ait dument remercié son hôte.
 
« Peut-être que certaines choses doivent rester secrètes. » Commença-t-elle, plissant légèrement les yeux en observant d’un air critique le jeune Dhaamir. « Excusez mon indiscrétion. J’espère simplement que tout ceci ne cache pas de vérités plus sombres. » Elle leva légèrement son verre, reprenant une expression un peu moins concernée et haussant doucement les épaules. « La vigilance est le chemin du royaume immortel. »
 
A nouveau, elle porta le breuvage à ses lèvres pour en prélever une infime quantité, prenant son temps.  Il était être temps d’entrer dans le vif du sujet :
 
« Quelle drôle d’époque. » Commença-t-elle innocemment, faisant tourner le spiritueux dans son verre. « Cela fait un certain temps déjà que j’occupe ces fonctions, vous savez… Pardonnez-mon franc parler, nous sommes entre nous, mais je dois bien dire que je n’ai jamais vu autant de bordel à Liberty. » Elle s’interrompit, considérant son interlocuteur quelques instants avant d’appuyer ses coudes sur ses genoux. « Les services d’immigration, par exemple… »
 
Quelques instants passèrent, elle écrasa son dos dans son fauteuil, elle ne prenait pas de gants, il n’y avait nulle malveillance dans ses propos :
 
« En toute amitié, vous m’avez l’air dépassé par la situation… N’avez-vous rien remarqué ? »
Kasen Dhaamir
Un héritage pour l'avenir ? [Kasen] QpLck1z
Messages : 229
Crédits : 1911

Fiche du personnage
Race: Humain
Vocation: Mage
Alignement: Loyal bon
Rang: B
Noble de La République
Kasen Dhaamir
Noble de La République
- Musique -:

Alleria prit instantanément ses aises dans le grand et raffiné bureau des Dhaamir, se laissant porter par la curiosité que lui inspiraient quelques œuvres et autres reliques familiales exposées ici.

Kasen se contenta d’acquiescer respectueusement en guise de remerciement lorsque sa collègue adressa quelques paroles teintées de foi religieuse à l’attention de Magnus.

Le shierak, le divinisme, le culte des ombres… Rien de tout cela ne guidait la vie ni la morale de Kasen. Le blondinet n’avait d’ailleurs connaissance d’aucun ancêtre s’étant revendiqué croyant. Pour des diplomates censés maintenir la paix entre des peuples aux mœurs et aux croyances bien différentes, se tenir à l’écart de la religion était d’ailleurs bien avisé.

Ses fonctions comme sa curiosité avaient poussé le magistrat à longuement étudier chacuns des cultes les plus répandus en ce monde, à en comprendre les rouages pour comprendre leurs pratiquants. Comprendre les autres, n’était-ce pas là la base lorsqu’on aspire à unir différents peuples ?

D’une main assurée, Kasen plongea la main entre les dizaines de bouteilles aux formes et contenants variés pour aller trouver celle demandée par son invitée.

Je vous aurais volontiers donné le nom du liquoriste, mais j’ai bien peur que mon père n’ait jamais pris la peine de le noter où que ce soit.

La bouteille et deux verres à la main, le magistrat rejoignit Alleria près de la table basse, où il l’invita à s’installer confortablement. Tout en servant généreusement son invitée, il poursuivit :

Il avait vraiment un don pour revenir de ses missions les bras chargés de bouteilles qu’il dénichait à droite à gauche.

Après avoir trinqué avec Alleria, Kasen s’enfonça confortablement dans son fauteuil.

Peut-être que certaines choses doivent rester secrètes. Excusez mon indiscrétion. J’espère simplement que tout ceci ne cache pas de vérités plus sombres. La vigilance est le chemin du royaume immortel.

La remarque de la magistrate n’effaça pas le moindre instant l’expression souriante imperturbable du diplomate. Pourtant, il ne doutait pas que ce n’était en rien le mystère de la provenance de cette liqueur à laquelle elle faisait référence.

Alleria avait effectivement de quoi se questionner. La disparition de Magnus puis son état de santé lors de sa réapparition avaient fait grand bruit, éveillé les soupçons et les rumeurs. Et si Kasen avait fini par mettre le doigt sur la cause du mystère, il avait bien l’intention qu’il ne reste qu’un malencontreux aléa de la vieillesse aux yeux de ses pairs.

J’ai bien peur que la vigilance de mon père comme la mienne ne suffisent à nous libérer des conséquences du temps qui passe.

Une phrase bien tournée sur la triste inéluctabilité de la vie humaine, un ton confiant… Kasen avait habilement esquivé la question déguisée de son interlocutrice. Une réponse dont elle se contenta visiblement avant de changer de sujet et d’aborder le sujet de sa visite.

Quelle drôle d’époque. Cela fait un certain temps déjà que j’occupe ces fonctions, vous savez… Pardonnez-mon franc parler, nous sommes entre nous, mais je dois bien dire que je n’ai jamais vu autant de bordel à Liberty.

Le franc-parler d’Alleria n’était plus à démontrer depuis bien longtemps, et sa façon de s’exprimer sans détour était une qualité qui manquait à bien des politiques… dont probablement à Kasen.

Les services d’immigration, par exemple…

Le blondinet se redressa afin de poser son verre sur la table. Les yeux rivés sur sa collègue, il attendait avec impatience les prochains mots qui, il s’en doutait au vu des précédents, ne seraient pas pour le caresser dans le sens du poil.

En toute amitié, vous m’avez l’air dépassé par la situation… N’avez-vous rien remarqué ?

La mine du diplomate se fit plus sérieuse. Si Alleria était resté vague, lui laissant le temps de répondre, il était évident qu’elle appuyait sa remarque sur un problème précis, que Kasen était bien incapable de deviner.

À vrai dire… je le suis, vous avez raison. La situation actuelle exige que je consacre la quasi-totalité de mon temps à la politique extérieure, et je dois bien vous avouer que je ne mets les pieds au CIODI que pour les réunions importantes, et lorsqu’un dossier exige une prise de décision importante.

Nul n’ignorait, et surtout pas Alleria, que la situation géopolitique était plus tendue qu’elle ne l’avait été depuis des siècles. L’arrivée de Tensai Ryssen à la couronne du Reike faisait peser une nouvelle menace sur la République. Pour compliquer le tout, le gouvernement avait opté pour une stratégie de pression économique qui n’avait fait que renforcer les tensions.

Si le rôle de directeur du CIODI incombait bel et bien au magistrat de la diplomatie de Liberty, c’est une responsabilité supplémentaire dont Kasen se serait volontiers passé en cette période trouble.

Je vous dirais bien que le département est entre de bonnes mains, avec le même sous-directeur et la même équipe compétente qui y officie depuis des années mais… si vous avez pris la peine de venir jusqu’ici, je suppose que je me trompe ?

Un lueur d’inquiétude naissait dans le regard du magistrat. Si distant qu’il était du CIODI depuis plusieurs mois, et si confiant en l’organisation du département telle que son père la lui avait laissée, qu’avait bien pu remarquer Alleria que lui-même n’avait su déceler ?
Anonymous
Invité
Invité
Kasen n’avait pas l’air disposé à livrer plus d’informations concernant l’état de santé réel de son paternel.
 
Fort bien, Alleria s’était contentée de ses réponses évasives : elle respectait le nom des Dhaamir et ne mettrait pas son nez dans leurs affaires privées contre leur plein gré. Il y avait un sujet pourtant auquel le blondinet n’échapperait pas. Quelque chose dans son air affable venait d’ailleurs de changer, se parant de nuances plus concernées : la pique semblait avoir atteint son objectif.
 
La militaire l’écouta en silence, faisant distraitement tourner la liqueur dans son verre. Le silence ne se brisa pas immédiatement quand il eut terminé de parler, l’élémentaire considérait placidement les éléments qu’il fournissait.
 
« J’ai des raisons de penser que les vers sont dans la pomme depuis un certain moment déjà. » Commença-t-elle évasivement, mais d’une voix légèrement teintée de dégout.
 
Elle repensa à certains documents, sensés appartenir au centre de l’immigration, qu’elle avait retrouvé dans le bureau d’un mafieux local lors d’une enquête avec l’enquêtrice Sigrior.
 
Des documents listant des profils éligibles à la prise d’une identité républicaine… Et d’autres concernant le traitement des immigrés reboutés des frontières… Des informations qui n’avaient décidément rien à faire sur le bureau du scélérat.
 
« La conjoncture actuelle avec le royaume voisin doit vous donner pas mal de pain sur la planche, c’est vrai… Les tensions ont rarement été aussi intenses dans notre ère, de mon expérience. Comment pourrait-il en être autrement quand l’homme en face de vous assied sa domination en lettres de sang. » Elle leva les yeux vers différents objets ornant la pièce, issus de diverses cultures. « Un fardeau diplomatique, s’il en est, je veux bien concevoir qu’il occupe la majeure partie de votre temps. »
 
A nouveau, elle sirota une infime gorgée de la liqueur avant de faire un geste de la main, comme pour balayer ces propos.
 
« Le détournement de votre attention vers des sujets plus vitaux semble permettre à certains de détourner l’utilité de certains services publics. Je ne sais pas exactement comment, pourquoi, et à qui ça profite… Mais j’ai l’impression qu’il y a une anguille sous roche, Kasen. » Elle haussa les épaules avant de préciser sa pensée auprès de son collègue. « Au détour de certaines enquêtes, j’ai retrouvé des documents du CIODI dans les affaires d’un sale type… Du genre qui fait ses choux gras sur des marchés parfaitement illégaux. Le genre de personne qu’il ne vaut mieux pas approcher de trop près, si vous voyez ce que je veux dire… En poussant un peu plus loin, je me suis rendue compte d’anomalies très étranges dans les historiques de naturalisation : certaines personnes passent devant d’autre dans les files d’attente, sans qu’il n’y ait la moindre explication… Et bien souvent ce sont des hommes, des types avec de sales gueules, pardonnez l’expression. »
 
Elle s’interrompit, baissa le regard vers son vers, lui laissant l’opportunité de s’exprimer, avant de reprendre quand il en eut terminé.
 
« Je ne vous reproche rien, magistrat, mais cette affaire me touche bien plus personnellement que vous ne l’imaginez… » La pensée qu’elle eut pour Avril voila quelque instant son regard. « S’il le faut, je mènerais une enquête plus approfondie moi-même… Quitte à me jeter directement dans la gueule du loup. »
Kasen Dhaamir
Un héritage pour l'avenir ? [Kasen] QpLck1z
Messages : 229
Crédits : 1911

Fiche du personnage
Race: Humain
Vocation: Mage
Alignement: Loyal bon
Rang: B
Noble de La République
Kasen Dhaamir
Noble de La République
- Musique -:

J’ai des raisons de penser que les vers sont dans la pomme depuis un certain moment déjà.

L’élémentaire prenait tout son temps pour en venir au fait, comme si elle espérait secrètement que son collègue lui avoue qu’il était déjà au courant des faits. Mais Kasen ne lâcha pas un mot, attendant patiemment que son interlocutrice poursuive.

Il écouta d’une oreille attentive la description des relations avec le Reike que lui faisait la magistrate. En effet, cela faisait des siècles que les tensions entre les deux nations voisines n’avaient pas été aussi grandes. Et si Alleria avait peut-être déjà connu une de ces crises diplomatiques, Kasen quant à lui ne les avait vécues qu’à travers les livres d’histoire.

Si seulement le problème se résumait à la prise de pouvoir de Ryssen, Alleria. J’ai bien peur que notre politique actuelle n’ait fait qu’exacerber les tensions. Si le Roi du Reike ne décide pas de repartir en conquête de lui-même, c’est peut-être bien la pression économique que nous lui infligeons qui l’y forcera.

Le blondinet ne s’était aucunement gêné pour mettre la politique de son gouvernement face à ses défauts devant sa collègue. Après tout, elle ne risquait aucunement d’être surprise par sa position, puisqu’il ne se privait pas de répéter ses mises en garde à Mirelda Goldheart lors des séances au sénat.

Mais je ne voudrais pas vous assommer une fois encore avec mon alarmisme. Je crois comprendre que le sujet qui vous amène est tout aussi inquiétant.

Kasen écouta attentivement les paroles d’Alleria, prenant au fil de son discours la pleine conscience de la gravité de la situation qu’elle décrivait. Il resta silencieux un instant, hochant machinalement la tête.

Je vois. Je… n’avais pas la moindre information à ce propos, je le crains.

Le diplomate réalisait que si cette défaillance du CIODI avait permis à plusieurs personnes dangereuses de s’infiltrer sans la moindre difficulté à la République, c’est que bien plus d’une personne devait être impliquée.

Bien que vieillissantes et laborieuses, les procédures de contrôle de l’immigration avaient le mérite d’être sécurisée… du moins jusqu’à ce jour. Avant d’être validé, un dossier devait être rempli par un administrateur, passer devant une commission et être finalement validé par un haut responsable du département.

Le diplomate jeta un regard intrigué à l’élémentaire. Si elle était venue le voir lui, c’est sans doute qu’elle le pensait fiable. D’un autre côté, il savait la magistrate suffisamment prudente pour n’écarter aucune piste

Je ne vous reproche rien, magistrat, mais cette affaire me touche bien plus personnellement que vous ne l’imaginez… S’il le faut, je mènerais une enquête plus approfondie moi-même… Quitte à me jeter directement dans la gueule du loup.

Avant même de répondre, le magistrat se leva pour rejoindre son bureau et y saisir un carnet qui y était déposé. S'asseyant à nouveau en face d’Alleria il l’ouvrit avant de rayer d’un trait toutes les inscriptions figurant sur la dernière page. Son planning du lendemain venait de disparaître.

Je ferai appel à un enquêteur dès demain, et je superviserai les choses moi même. Si vos inquiétantes découvertes ne sont pas qu’un mystérieux malentendu, alors il est grand temps de faire un peu de ménage au CIODI.

Il posa à nouveau le regard sur l’élémentaire, tentant de jauger la confiance qu'elle lui accordait. La gratifiant d’un sourire bienveillant, il poursuivit.

Bien évidemment, vous êtes la bienvenue si vous souhaitez participer à l’enquête. Vous avez toutes les raisons de vous pencher sur mon cas avec autant si ce n’est plus d'intérêt que celui des mes équipes.

Le blondinet garda son carnet soigneusement ouvert sur ses genoux, la plume à la main.

Avant que nous nous quittions… peut-être avez-vous quelques éléments qui pourraient m’aider ? Vous avez fait part d’un motif personnel. Avez-vous quelques noms en tête qui méritent une attention toute particulière ?

Bien trop respectueux pour demander frontalement à Alleria de s’étendre sur sa vie privée, Kasen restait néanmoins curieux quant à ce détail qu’elle avait évoqué.
Anonymous
Invité
Invité
Kasen était habité de la sagesse de son paternel et de celle qui posait les fondations mêmes de son sang.

Cela ne faisait pour Alleria aucun doute, mais il était encore jeune et expérimenté…
S’il approchait les problématiques internationales avec beaucoup de sagesse et de clairvoyance, cela pouvait altérer la vision sur des sujets pouvant être au second plan… Comme une menace latente qui ne serait pas aussi évidente qu’une tension diplomatique entre deux puissances mondiales.
 
La vision qu’avait Kasen des choses n’était secrète pour personne au sein du haut gouvernement de la République, il ne se privait d’ailleurs pas de l’exposer dans les assemblées, n’hésitant pas à se confronter à Goldheart. Il fallait du courage et du cran, et l’héritier des Dhaamir faisait bel et bien honneur à sa lignée.
 
 Alleria suivit son interlocuteur du regard tandis qu’il se levait chercher un carnet, espérant de tout cœur qu’elle pourrait trouver en lui un allié pour démêler de vrai du faux de cette mascarade administrative qui pourrait fort bien prendre des proportions inattendues…
 
Les mots l’avaient-ils réellement touché ? Il avait entrepris de rayer des lignes dans son agenda : allait-il vraiment prendre tout ceci à cœur ? La magistrate militaire écouta avec intérêt ce que son confrère lui disait.
 
Elle le jaugea silencieusement, il semblait touché par la cause et son sourire effaça pour un temps la fatigue qui tirait quelque peu ses traits vers le bas. Elle était fermement convaincue que le blondinet n’avait rien à voir avec tout ceci, mais elle se demandait s’il pourrait vraiment affronter les organisations criminelles qui semblaient participer à tout ce bazar…
Elle avait néanmoins eu son oreille… Pouvait-elle espérer davantage ? Objectivement, il serait compliqué pour lui de faire davantage dans la situation dans laquelle il se trouvait… Cela serait-il suffi ? Le temps seul serait juge de cette problématique.
 
« Si je peux être d’une aide quelconque, et même si le dossier ne concerne pas les administrations de l’armée, vous pouvez croire en mon envie de faire avancer l’affaire. » Elle haussa les épaules, parlant d’un ton calme et détaché. « Je savais que vous seriez réceptif à tout ceci… »
 
Nous y voilà, forcément, il était intrigué par la confidence qu’elle venait de lui faire concernant l’existence d’un motif personnel dans la résolution de toute cette affaire. Alleria n’avait jamais parlé de sa sœur à quiconque, de peur que l’on essaie de se servir d’elle pour atteindre des informations de l’état-major.
 
« Athénaïs a monté un dossier très complet qui permet de faire quelques liens… Rien de bien concret, j’en ai bien peur, mais tout ceci peut être des pistes pour votre enquêteur spécialisé. Il est difficile d’en avoir davantage sans entrer au cœur du CIODI. Je vous passerai le dossier demain, avant le conseil du Sénat. » Elle laissa son regard retomber sur son verre de cristal vide, hésitant encore avant de finalement se décider. « La famille… » Commença-t-elle évasivement, avant de remonter un regard assuré vers son interlocuteur. « Je suis convaincue que cette notion revêt une importance toute particulière pour vous-même. »
 
Elle s’interrompit quelques instants avant de reprendre.
 
« Je n’ai jamais été une enfant modèle, mais avec le temps je me suis rendu compte que dans un monde où tout le monde se trahis pour un peu d’or, certains liens sont plus forts que d’autres. Le sang par exemple. » Elle posa son verre sur la table basse avant de se lever, sentant leur entrevue approcher résolument de son dénouement. « J’ai une sœur, elle s’appelle Avril. Une ressortissante de la fédération de Shoumei qui aurait dû être… Comment ils disent déjà ? Ah… Oui... » Une mine de dédain teintée de dégout passa sur sa face, elle laissa tomber le mot comme s'il s'agissait de quelque chose de particulièrement répugnant. « Purgée. »
 
Elle observa le magistrat diplomatique, qui avait certainement eut vent de cette sordide histoire fédérale :
 
« Charmante tuerie, s'il est est... N’est-il pas ? Enfin… Le problème est qu’actuellement les services de naturalisation et d’immigration ne fonctionnent plus comme il le devraient… Les procédures sont viciées, les profils retenus pour devenir citoyens me semblent étranges… Ma sœur remplit tous les critères, comme beaucoup d’autres, et pourtant, rien ne bouge. Ces gens risquent d’être expulsés du pays alors que leur demande est en règle. » Elle soupira, serrant le poing de frustration « Et tout cela au nom de quoi ? C’est à nous de le découvrir j’imagine… Où alors la vieillesse me monte à la tête. »
 
L’élémentaire se tut, mâchoire serrée, la mine sombre, en avait-elle trop dit ? Discréditait-elle sa cause en évoquant ce point ? Peut-être… Ou peut-être pas. En tout cas, le jeune homme avait peut-être senti la passion qui l’animait quand elle parlait plus à cœur de ce problème.
 
Elle ignorait encore ce que Kasen pourrait penser de tout cela, s’il considérerait que toutes ces histoires ne seraient que de vaines élucubrations teintées de paranoïa sur des sujets décidément personnels… Il était difficile de statuer, et le magistrat avait l’air d’avoir besoin de se poser pour peser ces révélations avec lucidité.
Ce besoin de trouver un peu de paix ne tarda pas à prendre la forme d’une vieille naine retord, à la langue bien aiguisée.
 
« Ce fut un véritable plaisir d’échanger avec vous, Kasen. S’il vous plaît, veuillez transmettre mes salutations à Magnus, si vous le pouvez. » Fit-elle, reprenant sa placidité habituelle, ne laissant pas le trouble et l’emportement provoquer de questionnement chez Griselda. « Prenez le temps de penser à tout ceci à tête reposée… Nous pourrons en reparler demain… Il se fait déjà tard. »
Quelques échanges… Elle attendit que la naine s’éloigne un peu pour glisser un dernier mot à son confrère : moins protocolaire, plus authentique.
 
« Merci, Kasen. »
Kasen Dhaamir
Un héritage pour l'avenir ? [Kasen] QpLck1z
Messages : 229
Crédits : 1911

Fiche du personnage
Race: Humain
Vocation: Mage
Alignement: Loyal bon
Rang: B
Noble de La République
Kasen Dhaamir
Noble de La République
- Musique -:

Alleria semblait absolument déterminée à résoudre cette enquête, et à suivre l’affaire elle-même. Si Kasen ne doutait aucunement du goût de l’élémentaire pour la justice, cette dernière expliqua la motivation bien plus personnelle derrière sa requête :

J’ai une sœur, elle s’appelle Avril. Une ressortissante de la fédération de Shoumei qui aurait dû être… Comment ils disent déjà ? Ah… Oui… Purgée.

Le diplomate resta de marbre. Il venait d’être nommé lorsque le massacre des nobles avait débuté, et ce dernier constitua sa première désillusion.

Malgré l’aspect révoltant de la purge, Kasen avait à peine abordé le sujet lorsqu’il rencontra Gunnhildr. La paix déjà fragile entre les deux factions n’aurait peut-être pas survécu à une altercation sur ce sujet… et la paix était bien souvent plus précieuse que les valeurs.

Je suis désolé pour votre sœur, Alleria. Plus désolé encore si le service d’immigration dont je suis en charge est impliqué. Je mettrai tout en oeuvre pour arranger les choses.

La magistrate ne s’éternisa pas. Les deux collègues se donnèrent rendez-vous dès le lendemain afin de mettre en place une enquête sérieuse dans le but de trouver les coupables du malfonctionnement du CIODI afin que cet organisme crucial de la République retrouve un fonctionnement sain et efficace.

━━━━━ ▼ ━━━━━

Quelques jours plus tard…

Assit à son bueau, les main tremblantes, Kasen laissait son regard parcourir encore et encore les deux lettres qu’il tenait entre ses mains.

Quelques mots seulement figuraient sur chacun des bouts de papiers, et pourtant le magistrat les lisait encore et encore, comme s’il espérait les avoir mal compris.

La première lettre était signée de la main d’Alleria, et avait été déposée sur son bureau le matin même. À l’écrit, l’élémentaire lui indiquait être sur le point de rencontrer un inconnu ayant des informations sur sa sœur, Avril.

Visiblement consciente du danger qu’elle encourait, Alleria avait pris la peine de demander à Kasen de s’assurer que sa sœur puisse rejoindre la République dans le cas où l’entrevue se passerait mal.

La seconde lettre, Kasen ne l’avait reçue que depuis quelques minutes. Portant le sceau de la maison bleue, elle le convoquait à une réunion de crise suite à la découverte du corps sans vie d’Alleria, retrouvé au petit matin dans une ruelle de Liberty, criblé de carreaux d’arbalète.

Incapable de bouger ou d’organiser ses pensées, le diplomate ne pouvait que constater avec effroi l’ampleur de l’affaire qu’il avais promis à Alleria de démêler. Elle avait perdu la vie en mettant son nez dans la corruption du CIODI… et Kasen en était le directeur.

Le même sort lui serait-il réservé ? Quelle était l’étendue de cette corruption ? Était-il seulement raisonnable de l’évoquer à ses collègues magistrats ? À la présidente ?

La gorge nouée par la peur, le diplomate finit néanmoins par se lever. Bien décidé à ne pas baisser les bras ni à se laisser impressionner, il déboula dans le bureau de son assistante :

Annulez tous mes rendez-vous d’aujourd’hui, je vous prie. Doublez le nombre de gardes, et informez les employés de maison que tous les allés et venus seront contrôlés jusqu’à nouvel ordre.

Quittant sa demeure avec deux gardes comme escorte, le diplomate fila comme demandé en direction de la Maison Bleue. Il n’avait pas la moindre idée de comment cette affaire finirait, mais il était sûr d’une chose : la République avait bien changé, et sa vie allait elle aussi changer.
Contenu sponsorisé
Réponse rapide