- Spoiler:
- Ce rp met en scène le personnage de Melma Ar'Rok.
Pour plus d'informations, c'est ici: https://woa-rpg.forumactif.com/t1773-valide-melma-ar-rok
Le 2 octobre, an 1
Iria ouvrit les yeux, l’air hagard. Ses paupières s’ouvrirent et se refermèrent plusieurs fois avant qu’elle puisse voir clair. Les poutres apparentes au plafond lui firent prendre conscience rapidement qu’elle n'était pas chez elle. Elle voulut se lever, trouver une arme, n’importe quoi, mais en tentant de se redresser, sa main gauche céda. Une douleur vive qui lui parcouru tout le bras l’assaillit et la jeune femme ne put retenir un cri - plus de surprise qu’autre chose. La douleur était certes présente, mais elle demeura toute somme supportable. Renonçant à sortir de sa couche, Iria fit le point: elle n’était pas chez elle et avait une main bandée qui lui faisait un mal de chien. Au moins, elle n’était pas attachée: elle n’avait pas dû tomber entre les mains d’un ennemi du Reike ; et la chambre dans laquelle était bien tenue. Un peu pittoresque, certes, mais charmante. Un feu crépitait dans la cheminée, et un verre d’eau trônait sur la table de nuit - qu’Iria bût d’une traite.
Les souvenirs de la veille étaient tout sauf clairs: seul lui revenait les premières heures de la journée, avant de se rendre à l’arène où se déroulait le grand tournoi royal. Elle s’était ensuite installée au milieu de la foule lorsque les spectateurs étaient entrés, peuplant des gradins qui ne demandaient qu’à être occupés. Elle se souvint de l’homme qui s’était installée à ses cotés, un homme au teint si blanchâtre qu’on aurait pu le croire mort. Elle se souvint de l’autre, un homme mystérieux qui fumait quelque chose qui n’était pas du tabac. L’odeur était horrible, et la fumée noircissait son champ de vision. Puis, plus rien. Enfin, pas rien, seulement des bribes. Des éclats de voix, le bruit de l’acier contre l’acier et du sang. Beaucoup de sang. Mais impossible de se souvenir des faits, des actions, des faits auxquels s’accrocher.
Alors qu’elle était absorbée dans ses pensées, la porte de la chambre s’ouvrit. Une femme élancée, à la chevelure noire de jais coiffée en queue de cheval, et aux habits immaculés entra. Iria la reconnut immédiatement: c’était son amie depuis très jeune. L’une des seules qui l’avait suivie lorsqu’elle avait rejoint le clan Ryssen et qui avait survécu jusqu’à ce jour. Son visage portait une expression sévère, et seuls ses yeux montraient la joie qu’elle avait l’habitude de partager autour d’elle.
“Mel!”, s’exclama Iria, son cri s’étouffant dans une toux grasse qui lui secoua les côtes.
“Reste allongée mon amie”, lui répondit la guérisseuse en s’approchant du lit, un verre en terre cuite à la main. “Et bois. Ne t’inquiètes pas, ce n’est qu’une mixture au fouettard. Histoire d’éliminer les résidus d’herbe du diable présents dans ton organisme.”
Iria but le liquide visqueux que Melma porta à ses lèvres. Le goût était immonde, comme l’odeur de la décoction le laissait deviner. Ce n’était pas les feuilles de fouettard - un mets par ailleurs délicieux - que son amie avait préparé en antidote au poison qu’on avait fait entrer dans son organisme, mais les racines, autrement moins appétissantes. C’est à ce moment qu’Iria réalisa: on avait tenté de la tuer, et elle n’en avait aucun souvenir. Cette révélation apportait bien plus de questions que de réponses, et un flot de nouvelles interrogations vinrent aux lèvres de la reikoise. Cependant, il fallait qu’elle procède avec méthode si elle voulait que les pièces du puzzle s’assemblent d’une manière qui puisse se montrer logique. Elle voulut parler, interroger son amie, mais elle n’en eut pas le temps: celle-ci s’était remise à parler.
“Tu as reçu une forte dose d’herbe du diable. Probablement via une arme, car le poison semble s’être propagé à partir de la plaie que tu avais sur ta main. Du propre en tout cas, la lame t’a transpercé la paume d’un coup net et je n’ai pas eu trop de mal à la nettoyer puis recoudre. Tu devrais en retrouver l’usage habituel d’ici quelques semaines. Putain de rebelles!”, finit par s'exclamer la guérisseuse.
Putain de rebelles. Cette envolée de la part de Melma fut tout ce qu’il fallait à Iria pour que tous les événements de la veille lui reviennent. Le nuage de fumée de l’homme à la cigarette étrange. L’énorme flash lumineux provoqué par Rengoku. Les dizaines de signaux magiques émis en un court laps de temps qu’elle avait capté avec son senseur. Puis les combats. Et enfin, la folie, la rage sanguinaire propre au champ de bataille. Le sang. L’homme qu’elle avait abattu d’une dague au milieu du front. L’homme qu’elle avait transpercé de son épée. Et enfin la femme qu’elle avait achevé d’un coup d’estoc alors qu’elle était a terre. Les images qui tourbillonnaient dans sa tête lui donnèrent la nausée. Adressant un signe frénétique de la main à Mel, Iria eut le temps d’attendre que cette dernière produise une bassine pour rendre tout ce qu’elle avait dans son estomac.