"Tu crois en être capable ? Très bien, si tu me fais admettre avant l'aube que tu m'as fait vivre... disons trois choses extraordinaires, alors je te récompenserai, en plus de ce que je te dois déjà pour ce que tu m'as donné plus tôt. Sinon, ce sera toi qui me devras un service."L'ange laisse ses sourcils se hausser.
Vraiment ? Il ne peut se mentir à lui-même : Soren adore les défis. Qu'ils soient ancrés dans le réel ou intellectuels, il savoure le challenge et l'adversité, le fait de devoir se mesurer et de prouver qu'il est effectivement le meilleur, qu'il réussit effectivement quasi tout. C'est d'ailleurs ce petit 'quasi' qu'il aime le moins ; les échecs sont trop peu nombreux pour qu'on s'attarde sur eux mais tout de même trop nombreux pour qu'on les oblitère des faits.
"Niveau de difficulté : trop facile." Il contemple son verre qui tourne tout seul devant lui. Il y voit tant de formes et de couleurs qu'il trouve ça bêtement beau.
"Il ne me reste déjà plus que deux choses à faire et tant de possibilités qui s'offrent à moi."Ses doigts pianotent sur le comptoir dans un bruit régulier et enquiquinant.
Il fait chaud. Il fait chaud. Il fait trop chaud. Il aurait eu envie de se lever et déchirer son haut à col roulé pour laisser voir au monde la beauté des arabesques d'encre sur sa peau. Cependant, au vu de la température actuelle de la pièce, être vêtu ou nu ne changerait pas l'état de sudation actuel de son corps, dont la conscience tangue entre divers univers, diverses pensées, divers désirs inavoués. Il s'amuse d'étudier la réaction de Sùrin qui, après s'être essuyée la bouche avec la délicatesse d'une petite bourgeois distinguée, jure et observe son environnement avec des yeux énormes. Elle finit par enfouir son visage dans ses mains pour fuir cette réalité aux contours trop nettement dessinés, pour respirer quelques secondes. Quand elle revient à elle, elle chuchote quelques mots que l'alchimiste a tout le mal du monde à percevoir, lui-même dans un lutte permanente pour maintenir des idées claires et une pensée à peu près structurée, puis s'effondre sur son épaule en gloussant comme une dinde. Et elle lui pose là un deuxième défi.
"Action."Nulle vérité ne saurait être révélée en cet instant ; il n'y a rien de bon à savoir sur lui. Alors, elle lui impose comme défi de voler un des clients assis au bar comme eux. Soren soupire ; il est bon bagarreur, bon chercheur, bon manipulateur mais certainement pas bon voleur. Dérober était plutôt la spécialité des marginaux et pauvres âmes qu'il côtoyait dans son adolescence sulfureuse. Cependant, un défi est un défi et il ne peut y échapper maintenant qu'il lui a été donné. Alors, il glisse de sa chaise haute, met quelques secondes à se stabiliser sur ses jambes tant les images que lui renvoient ses yeux tanguent et se déforment, et il observe tranquillement les consommateurs. Il repère un homme relativement âgé fumant un cigare, une femme d'une cinquantaine ou soixantaine d'années, seule, parée de magnifiques bijoux, un groupe de jeunes en pleine conversation, un homme et une femme qui se dévorent du regard. Il se dirige vers l'homme âgé, mais c'est la soixantenaire qui l'interpèle.
"C'est rare de voir des Anges, de nos jours."Désemparé, le jeune alchimiste s'arrête, l'air surpris se lisant avec grande honnêteté sur son visage.
"Comment vous savez ?"Mais putain, parce que tu viens de le confirmer, pauvre con."Exactement."... Elle lit dans mes pensées ?Pourtant, ils ne s'étaient pas touchés... Si ? La femme sourit et l'invite à prendre place à côté d'elle. Ce qu'il fait, décontenancé et agacé. Comment il va voler quoique ce soit si elle connait déjà ses intentions ? Il prend le temps de la détailler ; pas forcément belle, on peut cependant constater qu'elle a du vécu derrière elle et qu'elle cherche à prendre soin du mieux possible de ce qu'il reste de sa probable beauté antérieure. Elle dégage quelque chose de... particulier. Soren peut jurer qu'elle n'est pas humaine.
"En effet, je ne le suis pas." Elle boit son verre et le regarde de haut, joueuse.
"Qu'est-ce que je pourrais bien être ?""Si vous pouviez arrêter de vous taper l'incrust' dans ma tête, vous me renderiez la vie plus agréable."La femme se mord les lèvres. Une lueur étrange brille dans ses yeux.
"Je t'aide à réaliser ton petit défi si tu devines bien."Elle s'était doucement approchée de lui. Sans trop comprendre pourquoi, elle lui paraît tout à coup bien plus attirante ; ses boucles d'oreilles en or massif pendantes le long de son cou marqué par le temps, ses yeux verts tels deux émeraudes plantés dans l'immensité nacrée de ses yeux soulignés d'un khôl plus noir que la nuit, ses lèvres aussi noires que le sang des artères... Soren reconnaît le sort de séduction, mais il n'a aucune force pour lutter contre. Les effets de la drogue le ralentissent, l'amoindrissent, le rendent passif en cet instant et perméable à ce genre de charmes. Alors, il se laisse faire quand elle lui caresse la joue, dessine le contour de sa mâchoire carrée.
"J'adore les jeunes comme toi. Ils ont un goût tout particulier." Il semble à Soren que les yeux de cette séductrice virent au rouge.
"Surtout les Anges. Ce sont mes préférés."Il prend sa main et la baise.
"Je vous aurais bien laissé prendre un bout de ma personne, mais j'ai moi-même quelqu'un à dévorer ce soir." Il pose des yeux paresseux sur son interlocutrice.
"Seriez-vous une vampire ? Une ombra ? Peut-être une sirène."La femme rit, puis vient s'emparer des lèvres de Soren qui se laisse faire, et lui rend-même le baiser. Une fugace pensée pour Sùrin qui doit l'observer lui traverse l'esprit, mais il la balaye aussitôt. Son sujet d'intérêt lui tend discrètement sa main, où au moins 4 bagues se concurrencent par leur préciosité. Tout en délicatesse et subtilité, il en fait glisser une le long du doigt - celle avec un saphir - et la place dans sa poche avant de se dégager du baiser.
"Je suis un démon. Et je me nourris des jeunes imprudents."Elle se détourne de Soren avec un sourire moqueur, et il demeure là le coeur battant quelques secondes, avant de tranquillement revenir vers Sùrin pour se glisser dans son dos, passant sa main entre les omoplates de celle-ci, venant se lover sur son épaule.
"Navré de ce spectacle, je suis tombé sur une milf." Il prend la main de l'elfe et y glisse la bague sur le doigt qui s'adapte le mieux.
"Je trouvais le saphir aussi beau que tes yeux, alors j'ai dû faire quelques compromis..."Il ne sait trop quelle image son cerveau n'a pas eu le temps de traiter, mais il sent une main agripper ses cheveux derrière sa tête et venir l'éclater contre le comptoir. Il sent aussitôt quelque chose craquer ; son nez ? Son arcade ? Son crâne tout entier ? Mille étoiles se dessinent devant lui tandis qu'il entend un boeuf beugler derrière lui :
"TU TE TAPES MA FEMME ?"L'instinct de survie et ses années d'entraînement ressurgissant, Soren donne un coup de coude dans le plexus solaire du type derrière lui et en se retournant, lui place un uppercut qui vient faire s'entrechoquer avec violence les dents du géant qui s'en était pris à lui. Puis il tangue quelque secondes.
Nan, ça va pas être possible. Drogue + choc traumatique crânien =..."Bouge !"Il saisit le poignet de Sùrin et la tire avec grande force. Il sent du sang couler sur son visage sans savoir d'où ça provient ; peut-être bien du nez et de l'arcade sourcilière simultanément. D'un jeu de coudes, ils se frayent un chemin jusqu'à la sortie et Soren guide la belle, tous les deux une nouvelle fois élancés dans une course effrénée pour échapper aux affres de l'insupportable réalité. Il prend des ruelles au hasard, laisse le destin les guider jusqu'à ce que les cris furieux de l'homme ne soient plus qu'un souvenir lointain. Finalement, ils atterrissent en face d'un autre bar, mais l'alchimiste est contraint de s'arrêter. Retenant ses nausées à grande peine, il manque de s'écrouler et se rattrape contre un mur, plaçant ses mains de parts et d'autres du visage de Sùrin, la forçant par la même occasion à s'y plaquer aussi. Et il rit, un rire qui sort de sa gorge déployée.
"Putain ! Putain..." Il s'étonne encore de ne pas avoir sombré quatre fois d'affilée au moins dans le coma.
"Pourquoi tu me fais ça, Sùrin ? C'est ta faute, c'est ta putain de faute." Il saisit ce visage trop joli, trop innocent entre ses mains.
"C'est moi qui saigne, c'est moi qui paye... Non, tu dois payer aussi."Il s'écarte juste avant de l'embrasser parce que ça serait trop facile et saisit sa main pour qu'elle le suive. Il l'entraîne dans le bar en face, qui en fait n'est pas tellement un bar ; disons... un lieu de libertinage très connu. Soren était-il vraiment venu au hasard par ici ? Peut-être, ou pas tant. Il glisse ses dernières pièces à l'agent d'accueil qui s'interloque du faciès du client, finalement ne pose pas plus de questions, et les deux individus s'engouffrent sur cette large piste de danse/danse un peu sensuelle et proche du frotting quand même tandis que des corps dénudés ou quasi se mouvent autour de bars de métal, légèrement en hauteur par rapport à la foule. L'ange n'a cependant pas le coeur à danser ; il l'amène vers un videur qui semble le reconnaître.
"Ah, Lust ! Ca fait longtemps qu'on t'avait pas vu ici." Il matte d'un oeil suspicieux Soren.
"T'as... pas très bonne mine. Mais bon, qu'est-ce qu'il te faut aujourd'hui ?"L'ange se tourne vers Sùrin.
"Je ne sais pas, ça dépend si la prude de Shoumei préfère être à la vue de tous ou dans un tête-à-tête plus intime ?"Libre à elle de choisir où ça la mènera.
- Okay, moi aussi je te laisse un choix:
- A la vue de tous:
Le 'videur' placera Soren et Sùrin sur une large estrade avec un trône, un collier, un fouet, bref, des accessoires pour s'amuser.
- Un tête à tête:
Le 'videur' les amènera à une chambre très classe et cosy à l'abri des regards et du bruit, avec des accessoires aussi j'imagine. 8D