Bénédictus, La Haute Cathédrale - 5h32
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Il était très tôt. Plus tôt qu'Amren en avait normalement l'habitude. Et pourtant, elle n'avait eu aucune difficulté à se jeter hors du lit, dès qu'on frappa à sa porte pour la réveiller. À vrai dire, elle avait à peine fermé l’œil de la nuit, l'excitation la tenant en haleine, rêvassant éveillée pour la plus grande partie de la nuit. Elle n'avait jamais eu besoin d'être endormie pour rêver. Après une toilette rapide, la rousse avait enfilé son vêtement immaculé, à son habitude, et avait choisi son voile le plus léger, celui qui laissait entrevoir une partie de son visage. Elle attacha sa chevelure dans un chignon bien serré, avant d'attraper son petit bagage, et de sortir. Marcus n'était pas devant sa porte ce jour-ci. Elle ne s'étonna pas de son absence.
Comme si personne n'avait douté un seul instant que la nonne allait risquer de manquer cette occasion. Elle fila hors des appartements religieux, dévalant les marches plus rapidement qu'elle ne l'avait jamais fait. Manqua même de s'entraver dans sa longue robe. Puis se rattrapa au dernier instant.
Avant de passer les larges portes de la Haute Cathédrale, Amren s'arrêta. C'était en général la limite qu'elle n'avait pas à dépasser... Mais aujourd'hui, elle avait le droit. Aujourd'hui, elle avait le droit de sortir, de partir en voyage, et ce soir, elle aurait même le droit de retirer son voile, de revêtir l'une des plus belles robes qu'elle n'avait jamais eu la chance de porter, et même de participer au bal. Lorsqu'elle passa les portes, elle en était certaine, c'était le plus beau jour de sa vie.
Marcus attendait devant la Haute Cathédrale, accompagné de deux autres personnes. La rousse reconnue aisément la première, c'était Lyris, qu'elle avait rencontré il y a deux jours, lors de son entraînement avec le chevalier.
- Bonjour Amren ! Lança le jeune homme, alors qu'il était en train de sceller sa monture.
Un moment de silence passa.
- Bonjour Lyris. Répondit Amren, ce qui provoqua un léger étonnement chez le compagnon d'armes de Marcus. Il hocha la tête en retour.
Aujourd'hui était un jour particulier... Et pour être honnête, la rousse se sentait pousser des ailes. Elle avait décidé que rien ne viendrait gâcher cet événement si particulier. Elle avait même encore du mal à croire que son oncle avait réellement accepté qu'elle s'y rende.
Quelques mètres plus loin, déjà perchée sur sa monture, se trouvait une jeune femme, le nez perdu dans un petit carnet. Elle ne semblait pas avoir encore vu la nonne arrivée. Cela devait être Kaden, l'amie guerrière de Marcus... Elle portait ses cheveux taillés courts, et contrairement à Lyris ou Marcus, son armure était faite de cuir. Pourtant, à l'aura assurée qui s'émanait d'elle, elle ne semblait pas moins dangereuse ou compétente... Un mélange de jalousie et d'envie titillait la jeune rousse. Marcus avait signalé qu'il l'estimait beaucoup. Jusqu'où allait cette estime ? Amren se demanda s'il y avait quelque chose entre les deux, mais elle n'eut pas le temps de laisser libre cours à ses pensées. Marcus apparu devant elle, la bride de sa monture à la main. Tout à coup, Kaden avait complètement disparu des pensées de la jeune femme.
- Bonjour Marcus... Le salua Amren, s'agrippant fermement à son bagage. Ses joues se coloraient, la jeune femme surprise dans ses pensées. Elle se rassura, si elle pouvait lire ses émotions, lui n'avait pas l'habilité de savoir ce qui se tramait dans son esprit.
Ce qu'elle ignorait, c'est que les gens pouvaient facilement le deviner, simplement en l'observant. Elle avait tant l'habitude d'être transparente, qu'elle oubliait un peu trop souvent cette éventualité.
Le convoi était composé des trois montures de Marcus, Lyris et Kaden. Quant à Amren, un petit convoi tiré par deux autres chevaux l'attendait. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'apprendre à monter. Ou pour être tout à fait juste, elle n'avait jamais eu l'occasion d'apprendre grand-chose, en dehors des écrits divins, et d'être une nonne obéissante.
Il leur faudrait une journée entière pour arriver jusqu'à Shoumei. Marcus avait tenu à ce qu'il parte tôt, pour prévoir un peu de temps supplémentaire en cas de retard. La route n'était pas compliqué jusqu'à Maël, mais on ne savait jamais ce qu'il pouvait arriver. Et puis, ils voyageraient tranquillement. Amren se réjouissait déjà de pouvoir profiter des paysages qu'elle découvrirait sur la route.