Les affaires étant ce qu’elles sont, Damon se complaisait à faire cracher le morceau à quelques victimes de son jeu favori : Le « Dites m’en plus. » Il cherchait des informations sur une organisations de rebelles qui pourrait sérieusement compromettre la pérennité du Royaume. Officiellement, le Drakyn n’avait aucun pouvoir pour se permettre d’agir avec autant d’impudence au sein même d’Ikusa. Officieusement non plus en fait. Seulement, ça lui était égal. Quiconque s’attaquait à la corruption de ce Royaume devait en payer le prix fort. Affalés par terre contre un mur, quelques hommes et femmes se trouvaient donc soumis à un interrogatoire musclé. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir été gentil au départ. Alors, peut-être qu’ils ne savaient vraiment rien, mais ça n’excusait aucunement leurs comportements. La pointe de son épée s’enfonça alors dans l’omoplate d’un malheureux qui manqua presque de force pour hurler.
— Monsieur, je me dois de vous prévenir que les rôdeurs sont nombreux ces temps-ci. Les rumeurs évoquent même la présence de justiciers.
Lui, c’était Alastor, son majordome attitré. Il était souvent de bon conseil et très souvent utile pour couvrir ses arrières. Mais il s’inquiétait aussi beaucoup pour un rien. L’homme sectionna la carotide d’un torturé qui tenta l’impossible en voulant se redresser.
— Les justiciers ? Ce ne sont que les recadrés de la garde impériale, ils pensent agir pour le bien d’autrui mais n’agissent que par pur égoïsme. Il est si facile de les briser qu’ils ne constituent aucune gêne pour moi.
De plus, il prenait suffisamment de précautions pour éviter ce genre de maladresses. Les âmes sensibles ne s’aventuraient pas dans cette partie nécrosé des quartiers, à moins de s'y égarer, et dans ce cas…
— Si Monsieur s’évertuait à penser les choses de la sorte, il ne m’aurait pas vivement sollicité pour faire le gai pendant qu’il outrepasse les lois.
Allez bon. Maintenant, son majordome lui faisait la leçon. C’était à se demander comment ce pays ne s’était pas encore effondré. Damon détourna l’attention de ces pauvres gens pour faire face au vieillard.
— Tu marques un point, mais ce sont les intrusions de manière générale que j’anticipe, non pas une individualité débonnaire qui pense mettre un frein à mes activités. Contente-toi de faire le beau un peu plus loin et d’accomplir ta mission. Pour le reste, je me débrouille.
Il se débrouillait toujours, même quand tout courait à la catastrophe.
— Bien, Monsieur, puisque c’est là votre souhait. Quand bien même, permettez-moi de vous dire que vous cherchez les problèmes.
Damon lâcha un soupir, presque consterné d’entendre de telles banalités.
— C’est plus ou moins le rôle qui m’incombe oui. Dire de telles évidences ne te sied pas très bien, Alastor.
Et puis il ne risquait pas grand-chose, sinon d’être interrompu par une bande de curieux trop égocentrés pour comprendre que ce n’était pas la bonne chose à faire. C’est pour cela qu’il poursuivit son interrogatoire, avant de se faire interrompre quelques longues minutes plus tard par son acolyte. A sa grande surprise, il n’était pas seul.
— Cet enfant vous observait depuis les toits, Monsieur. Il a failli échapper à ma vigilance, mais j’ai réussi à lui mettre le grappin dessus avant qu’il n'ait le temps de prévenir quiconque.
La main du géant empoigna brusquement la crinière du garçon pour la ramener près de son visage. Son regard était teigneux, il ne craignait pas la mort. Ce jeune garçon avait l’habitude de la côtoyer ; un vagabond. Dans d’autres circonstances, il aurait été ravi de se servir de cette combativité pour ses propres intérêts.
— Les gamins sont si curieux de nos jours. Une qualité que je respecte du moment qu’elle n’interfère pas entre moi et la liberté.
Il réservait un sort tout particulier à l’animal qui se débattait de toutes ses forces pour échapper à ses griffes acérées. D’un mouvement de tête, il s’adressa à son précieux conseiller.
— Je te serais gréer de surveiller nos invités, Alastor, j’ai plus important à faire.
Il ne méritait pas de finir ici, comme les autres. Son courage exemplaire devait être traité avec les égards qui lui étaient dus, et pour ça, il connaissait la recette idéale. Trainant le garçon dans les ruelles bien silencieuses de la ville, les appels à l’aide incessants du rejeton cessèrent dès l’instant une vague de chaleur passa à quelques centimètres de son visage.
— Désolé, petit, mais je n’ai pas pour habitude de laisser filer les petits fouineurs. Tu vas devoir répondre de tes actes.
Il s’arrêta devant une porte qu’il déverrouilla, mais sans la franchir. Quelque chose attira son attention. Quelque chose qu’il voulait personnellement vérifier. Jetant le môme à l’intérieur de la pièce, il scella ensuite l’accès, suite de quoi il arpenta la ruelle à la recherche de ce quelque chose. Ou de ce quelqu’un.
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Noble du Reike