La capitale de la République grouillait de vie et de trésors enfouis, d'enfants qui gambadaient dans les rues sauf dans certains quartiers, où ils mendiaient ou volaient plutôt. Les deux étant possible en même temps, car la nature double d'un humain se déclare très jeune. Prenez la capitaine de la Compagnie Noire, blonde aux cheveux tressés jusqu'au milieu du dos, armée et prête à se servir de ses lames ; Elle était la preuve vivante qu'il faut se méfier de cette engeance qu'est l'humanité. L'humain est polyvalent, résistant  et surtout retors. Et puis il se reproduisait facilement, abondamment, comme de la mauvais herbe ou certains champignons.

Elle préférait de loin la compagnie des pires crapules, eux au moins, avaient l'honnêteté d'afficher clairement leur intentions. Puis ses crapules devenaient souvent la famille, comme de juste chez les mercenaires, ce métier sous côté mais pourtant si utile à bien des égards.

- Madame, Madame ! On l'interpellait de l'autre côté de la tenture qui séparait son chez elle, du reste du troupeau. Sa tente était au centre du campement, à l'extérieur de la ville. C'était ici qu'elle avait décidé d'élire domicile, après quelques déboires au centre de la cité. Il ne faisait pas bon vivre pour la petite noblesse de Reike dans Liberty, fusse-t-elle exilée. Ses yeux noirs et ses cheveux bonds, la réputation qui la précédait, tout cela faisait qu'on lui avait réservé fort mauvais accueil dans la populace.

Et bien que les nobles furent mieux élevés, elle savait reconnaître dans le regard, quand elle se faisait indésirable. Cette tente était noire, comme de juste. A l'intérieur, c'était une couleur pastel qui prédominait, et un brasero faisait des ombres inquiétantes sur les tentures qui l'entourait. Madame, Madame ! Cria une nouvelle fois une recrue dont elle ne connaissait pas le nom. Ils avaient recruté, sur les conseils de son Lieutenant, tant et si bien qu'elle ne savait plus vraiment qui était qui, et surtout les nouvelles têtes.

Sa voix froide et presque masculine fit un discours à peut près de ce genre :  Et bien Soldat, Entre et qu'on en finisse. L'invitation fut lancée, et elle entendit le petit nouveau dire à une ombre qui se dessina de l'autre côté de la "porte" quelque chose comme "Attendez là, je vais voir si vous pouvez avoir audience auprès du capitaine"...  Il pleuvait à pierre fendre aussi ne comprit-elle pas la fin de la phrase, et ne fit-elle pas sûre d'avoir bien comprit.

Alors comme ça elle avait de la visite ? Etrange, les temps n'étaient pas si troublés que ça en République, et elle avait dût se rabattre sur de menus contrats afin de survivre avec sa Compagnie de vétérans des armes. Ses hommes, c'était toute sa vie.

- Et bien Soldat, que se passe-t-il ? Lacha-t-elle de l'autre côté d'une table en acajou, sur lequel était étalés des cartes, des papiers de toutes sortes, des lettres cachetées et d'autres ouvertes avec sa dague privilégié. Il faut dire que sa compagnie ne manquait ni d'amis en République, ni d'ennemis partout ailleurs ... Un invité, il a insisté pour vous voir en personne ! car d'habitude, elle avait le Lieutenant pour ça.

Boarf, toute façon le protocole n'était pas son ami. Et bien qu'attends-tu pour le faire entrer ! Il doit mourir de froid et s'impatienter sous cette trombe d'eau dont le ciel nous gratifie ! Qu'elle lâcha sèchement, entretenant le mythe selon lequel le Capitaine était toujours de mauvais humeur. Tout ça pour que venir la déranger en premier soit de si mauvais augure, que les hommes en fassent dans leur froc plutôt que de venir toquer à sa tente pour tout et n'importe quoi.

Elle était habillée comme à l'accoutumée, d'une chemise en lin blanche et d'un pantalon pratique pour le combat, en cuir noir. Elle posa les pieds sur la table, montrant ses lourdes bottes à son invité qui entrait alors....