Vent frais, vent du matin
Mirari Shax
Un vent chaud souffle sur son visage, parfaite représentation des plaines désertiques qui l’entourent. Il parvient à peine à garder les yeux entrouverts tant l’intense soleil se reflète sur les roches et le sable jaune orangé qui entourent la grande cité d’Ikusa. Il médite. Tout du moins il en donne l’impression, assis là en tailleur sur son rocher, à l’écart de tout, avec pour seule compagnie les courants d’air qui le bercent. Inspire… Expire… Ce simple exercice lui demande bien plus d’effort qu’à son habitude : l’air est plus lourd ici, les sensations sont bien différentes de ce dont il a l’habitude. C’est la principale raison qui le pousse à s’entraîner aujourd’hui, d’ailleurs. Les occupations, il n’en manque pas depuis qu’il a retrouvé son vieil ami musicien, mais depuis les quelques jours qu’il a passé dans sur le territoire du Reike, il sent comme une gène, un malaise dans la source de sa magie dont il compte bien se débarrasser.
L’échec de la mission secrète pour laquelle il est venu à la base et les capacités dont on fait preuve ses camarades lui ont ouvert les yeux : il lui manque quelque chose. Depuis qu’il a enseigné ce qu’il savait à Nehla, elle l’a dépassé en terme de maîtrise. Ne parlons pas de William qui bien qu’il manque un peu de sang froid possède des capacités qui vont bien au-delà de ce dont le rouquin est capable à l’heure actuelle. Il doit apprendre. Et vite, s’il ne veut pas rester derrière et devenir un poids.
Une goutte de transpiration glisse de la basse de ses cheveux sur sa joue, jusqu’à son menton. Il se relève finalement après de longues minutes de contemplation et de réflexion. Le fait est qu’il ne progressera qu’en répétant. C’est ce que sa tutrice lui a appris, et faute de rencontrer un nouveau maître capable de lui enseigner ce qu’il ne connaît pas encore, il n’a d’autre choix que de tenter de le découvrir par lui même. Mais pour se mettre en jambe, rien de tel que de commencer par les bases.
- Premièrement, visualiser.
Il est le seul à s’entendre, mais curieusement, le fait de hausser la voix l’aide à mieux se concentrer. Il ferme les yeux, ce qui peut paraître contre intuitif pour… et bien visualiser quoi que ce soit. Mais dans l’obscurité, des choses invisibles se révèlent à lui : les points de pression qu’il a appris à dompter et contrôler sont nombreux et dense, ici. Rien d’étonnant vu la chaleur. Il lève son bras gauche à hauteur d’épaule, et ouvre la paume de sa main vers le ciel. Il prend une longue inspiration… Soudainement, un vent naît dans son dos, glisse le long de son bras, et se concentre au creux de sa main, tournoyant telle une petite tornade, intense, au point de faire s’agiter sa longue crinière rousse.
Le simple fait de stabiliser sa maîtrise lui coûte plus d’énergie qu’il ne veut l’admettre, alors lorsqu’il passe à l’étape suivant, il ne peut que se concentrer encore plus pour limiter au plus les mouvements parasites.
* Maintenir la forme… Diminuer la pression… Contrôler l’intensité… *
Il se répète quelques phrases dans sa tête, alors que les courants d’air l’enveloppent. Lui obéissant au doigt et à l’œil, et sans réel changement visible, la température commence doucement à baisser, résultat d’un contrôle de la pression méticuleux. Un petit sourire naît au coin des lèvres du jeune homme alors que l’air frais lui caresse l’avant bras. Délicatement, il laisse le courant remonter sur son bras, son épaule… rapidement, une fine couche invisible recouvre la totalité de son corps, rafraîchissement bienvenue. Il maintien son contrôle pendant quelques secondes, puis une fois satisfait, il referme son point, et comme en réponse, la fine couche d’air est expulsée dans toutes les directions soulevant un nuage de sable à une dizaine de mètre autour de lui.
Les bases sont solides, il connaît ces exercices par cœur, il les répètent depuis des années… Il sait qu’il lui manque quelque chose pour progresser, quelque chose d’essentiel. Mais quoi ?