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Anonymous
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Theldj !

Ses yeux se relève subitement du manuel qu’elle tient entre les mains, ses sourcils se haussent, ses lèvres s’entrouvrent, sans qu’un son ne puisse en sortir. Sa voix est arrivée bien avant ses pas aux oreilles de la jeune fille, et, remarquant que d’autres têtes se sont levées, ses joues prennent une teinte rouge vif alors qu’elle ramasse rapidement ses affaires, fermant ses carnets et autres grimoires à la hâte, mais visiblement pas assez vite pour l’homme qui vient de l’interpeller de l’autre bout de la grande bibliothèque de l’université. Les pas qui résonnent dans le calme studieux du grand bâtiment cessent soudainement, et la jeune mage aux longs cheveux noirs tourne lentement la tête, désormais plus inquiète que surprise.

Theldj, qu’est-ce que tu fais là, hein ?

Bonjour, Maître. Je… J’étudie un des manuels sur la maîtrise de…

Ramasse tes affaires et suis-moi. On a à faire.

Bien, Maître.

Confuse, elle baisse la tête et range à la hâte ses ouvrages, veillant à ne rien abimer dans sa précipitation, et quitte le bureau auquel elle s’est installée en replaçant le fauteuil sur lequel elle vient de passer de longues heures avec soin. Ses pas rapides suivent ceux déterminés de cet homme aux longs cheveux argentés, la tête baissée pour éviter les regards visiblement excédés de certains étudiants qui subissent le boucan du grand mage ayant fait irruption dans leur silence.

Ils traversent ensemble l’université de Liberty, sans échanger un seul mot ni un regard, jusqu’à ce que le mage se stoppe près d’un grand bassin dans un bruissement de tissus. Nehla s’arrête à quelques pas de lui, attendant en silence de savoir ce qu’il a préparé pour elle. Il se contente de désigner le bassin d’un geste de la tête sans bouger d’un centimètre.

La silhouette de la jeune fille, frêle aux côtés du vieux mage qui l’accompagne, se rapproche doucement du bassin, un sourcil haussé. Elle dépose son sac à même le sol avant de se pencher un peu en avant, observant son reflet dans l’eau immobile.

Allons, on ne va pas y passer la journée.

Elle se redresse, tournant son buste pour regarder, interloquée, son maître, incertaine face à ses attentes qu’il ne verbalise pas. Ses yeux se plissent légèrement en même temps que sa mâchoire se serre pour tenter de déchiffrer l’expression du visage de son professeur, mais elle ne trouve aucun indice. Ses yeux parcourent alors avec attention le corps du vieux mage, à la recherche d’une quelconque information, puis elle hausse à nouveau les sourcils en remarquant l’ouvrage qu’il tient, calé entre son bras et son torse, la tranche tournée vers son élève. Fusion de . Elle ne parvient pas à déchiffrer le reste. Sa tête se penche légèrement sur le côté alors qu’elle plisse à nouveau les yeux pour mieux voir, mais il fait disparaitre l’ouvrage dans un des plis de sa cape et lui désigne à nouveau le bassin d’un signe de la tête.

Docile et curieuse, elle se déchausse, retire ses bas, puis entre dans le bassin, frissonnant légèrement lorsque l’eau fraîche glisse sur sa peau. Elle se tourne ensuite pour faire face à son professeur qui esquisse un geste de la main. La jeune fille comprend vite, à la lueur amusée des yeux de son maître, qu’il veut s’amuser un peu avant d’entrer dans le vif du sujet. Elle pare rapidement l’attaque en faisant naître un grand mur d’eau à sa droite, qui enveloppe bientôt la vague créée par le mage pour l’enfermer dans une sphère aqueuse qui retombe gracieusement dans le bassin sans faire un bruit.

Un bref sourire satisfait se dessine sur le visage de l’homme alors que ses doigts décrivent un nouveau mouvement. Elle ne le connaît pas et ne pourra donc pas prévoir sa riposte. Une dizaine de serpents aqueux jaillissent près de ses jambes et viennent enserrer son corps sans qu’elle puisse réagir. En vain, elle tente de maîtriser les filets d’eau qui n’ont de cesse de resserrer autour de ses membres, l’immobilisant progressivement dans une posture peu confortable. Elle a beau tenter de faire réagir l’eau autour d’elle, la panique la gagne à mesure que les secondes défilent et qu’elle se rend compte de son impuissance. Les remous du bassin se font désordonnés, les vagues qu’elle crée meurent rapidement avant même d’arriver vers son corps, les murs qu’elle tente d’ériger autour de son corps sont sans effet. Ce n’est qu’après l’avoir laissé se débattre pendant de longues secondes, qui ont paru des heures pour Nehla, que son maître se décide enfin à stopper la constriction des serpents. Il ne la libère pas pour autant, la gardant pour le moment prisonnière, à bout de souffle et d’énergie, mais surtout d’idées pour se sortir de là.

J’espère que tu es prête pour ta leçon pratique du jour.

Il lui lance le livre qu’il gardait contre lui, la libérant instantanément des serpents, ne lui laissant qu’une seconde pour se ressaisir et attraper l’ouvrage avant qu’il ne soit détruit par l’eau. La jeune fille évite du mieux qu’elle peut de mouiller le livre, aspirant l’eau de ses mains l’une après l’autre pour la contenir dans une petite sphère aqueuse qui va ensuite s’écraser à ses pieds, causant une légère vague dans le bassin désormais plus calme. Elle enjambe le petit muret, dépose le manuscrit sur son sac et s’apprête à retirer l’eau qui imbibe ses vêtements mais n’en a pas le temps. Le vieux mage s’approche d’elle, pose sa main sur son épaule et absorbe instantanément la moindre goutte d’eau qui se trouve à proximité. Elle cherche des yeux l’endroit où il a déversé le tout, mais ne trouve aucune trace de liquide autour de lui. Ses grands yeux verts rencontrent ceux argentés de son professeur qui se contente de baisser le regard vers le livre.

Nehla s’empresse de sortir un carnet et un crayon, s’installe sur le rebord du bassin, et parcourt aussi rapidement que possible l’ouvrage, notant les points clés et les informations qui lui semblent les plus importantes. Le mage de l’eau ne l’interrompt pas, patientant à ses côtés, immobile, qu’elle termine sa lecture. Elle referme avec soin le manuscrit et le pose à nouveau sur son sac avant de relire ses notes.

Il faudra que tu travailles cette technique, ça peut être une bonne défense. J’espère que tu as tout noté.

Il note du coin de l’œil le hochement de tête de son élève avant de se lever et de lui faire face.

Tu vas maintenant t’entraîner à maîtriser l’eau. Ne m’interrompt pas. Tu ne maîtrise rien du tout tant que tu ne fais pas corps avec. Tu te dois de faire une place dans ton corps et dans ton esprit pour ton élément, sans ça, toutes les heures que tu passes à étudier et à pratiquer seront inutiles. C’est bien joli de contrôler l’eau, Theldj, mais si tu n’en as pas à proximité, tes prouesses seront limitées, tu me suis ? Bien. Maintenant que tu as lu, mets en pratique. Tu vas retourner dans le bassin et faire corps avec ton élément. Concentre-toi. Ressent l’eau autour de toi. Accepte-la et fais-lui une place. Littéralement. Fais de la place dans ton corps pour toujours avoir de l’eau en réserve. Remplace le sang qui coule dans tes veines par de longs filets d’eau. Pousse tout ce que tu peux et remplis le vide avec de l’eau.

Sceptique et peu sûre d’elle, Nehla hoche tout de même la tête et obéis sagement à son instructeur. Ses pas la mènent jusqu’au milieu du bassin, là où l’eau est un peu plus profonde et lui arrive à mi-cuisse. Elle ferme les yeux et elle attend. Longtemps. Mais rien ne se passe. Sans qu’elle n’entende quoi que ce soit, elle sent soudainement la main de son professeur sur son épaule. Il n’a pas fait un bruit en entrant dans l’eau, pas un seul remous, pas une vaguelette, elle n’a rien senti. Elle tourne doucement la tête pour croiser le regard désespéré du mage. Il se place finalement devant elle et lui attrape les mains.

Concentre- toi.

Elle hoche la tête et ferme à nouveau les yeux. Elle sent à nouveau, sur ses poignets, les filets d’eau qui viennent s’enrouler doucement tout le long de ses bras, enserrer son corps, puis se figer. Elle tente d’ouvrir un œil mais les doigts du mage se pressent un peu plus sur sa peau, l’invitant à ne pas se laisser distraire. Elle secoue doucement la tête pour chasser les questions qui lui brûlent les lèvres et se concentre à nouveau sur le contact des mains sur les siennes et des filets d’eau qui l’entourent. Soudainement, elle sent une pulsation, une contraction autour d’elle. Puis une deuxième, une troisième, des pulsations, encore et encore, les serpents d’eau se contractent en rythme. Son professeur déplace légèrement ses mains pour que les doigts de Nehla entrent en contact avec son poignet.

Elle hausse les sourcils en comprenant d’où viennent les pulsations. Pour en être bien sûre, elle appuie légèrement ses doigts sur les poignets du mage, en comptant dans sa tête. Un sourire se dessine sur ses lèvres en même temps qu’il apparait furtivement sur celles de l’homme en face d’elle.

Faire corps avec ton élément. Regarde mieux. Ressens mieux.

Il ne lui lâche pas les mains mais fait disparaître les serpents aqueux en les absorbant, comme il a assimilé l’eau qui dégoulinait du corps de son élève plus tôt. Elle observe le liquide translucide glisser sur la peau de son professeur et disparaître petit à petit. Avant qu’il ne soit trop tard, elle glisse ses doigts sur l’avant-bras de son maître pour sentir le procéder puis elle lève la tête en attendant son approbation. Il relâche finalement la pression pour la laisser faire. Les doigts fins de la jeune fille glissent sur les avant-bras du mage avant de s’y accrocher un peu plus fermement.

Ses grands yeux verts disparaissent derrière ses paupières, elle inspire doucement avant d’expirer, puis lie leurs bras avec un serpent aqueux, bien moins fluide et dense que ceux du mage, mais suffisant pour son expérience. Elle cherche simplement à sentir le contact de l’eau sur sa peau et voir la différence entre ce qu’elle peut percevoir et ce que le professeur ressent. Ils restent ainsi, immobiles, ou presque, pendant de longues minutes, jusqu’à ce que Nehla relâche sa prise.

Tu as compris ?

Elle acquiesce doucement avant de s’installer plus confortablement, en tailleur, au milieu du bassin, de l’eau presque jusqu’au menton. Son professeur la suit et adopte la même posture pour l’observer et réagir si besoin, mais surtout pour voir si elle est capable de faire ce qu’il lui demande. Ils savent tous les deux qu’elle a beaucoup progressé et que son apprentissage est presque fini, vue la vitesse à laquelle elle assimile les techniques qu’il peut lui montrer, mais il tenait à lui offrir une dernière leçon, et pas des moindre, avant de la laisser quitter l’université de Liberty.

Son regard émeraude se fixe un instant dans celui du professeur, puis, lorsqu’il incline doucement la tête, elle ferme les yeux, inspire lentement, puis expire. Elle se concentre d’abord sur son corps, elle écoute sa respiration, elle prend conscience de l’air qui glisse dans ses poumons, puis, doucement, elle étend sa conscience au reste de son torse, puis à ses bras, et finalement, à ses jambes, pour avoir pleinement conscience de sa posture, le moindre muscle, les battements de son cœur, la légère brise dans ses cheveux. Elle se concentre ensuite sur l’eau qui l’entoure, immobile, sage, qui n’attend qu’elle finalement. La densité, la texture, puis la proximité d’un autre corps qu’elle contourne.

Elle commence par créer un léger courant autour d’elle, pour mieux sentir les remous de l’eau, invitant cet élément à affluer vers elle, comme pour l’absorber. Après de longues minutes, elle ouvre finalement les yeux en soupirant.

Comment je suis censée la faire entrer en moi ?

Il était temps que tu poses les bonnes questions.

Anonymous
Invité
Invité


Sans bouger, ou presque, le mage fait à nouveau jaillir de sa peau de longs filets d’eau, les laissant dessiner le tracé de ses veines, de ses muscles, retirant sa cape et retroussant ses manches pour que Nehla puisse mieux observer le comportement de l’eau.

Si tu essayes, tu ne parviendras pas à imiter la technique. Quand je t’ai dit qu’il fallait faire corps avec ton élément, c’est qu’il faut aussi te faire accepter par lui. Si le tracé est si précis, c’est justement parce que l’eau répond à mon corps autant que mon corps répond à l’eau. Tu ne vas pas décider seule de cet échange de bons procédés. Tu dois laisser l’eau agir sur toi, et non l’inverse. L’eau est un élément vivant, elle ne t’appartient pas et tu ne la maîtrise pas. C’est elle qui te possède.

Observant avec attention les filets parcourir le corps de son maître, pulser au rythme de son cœur, elle remarque soudainement que l’eau du bassin autour de lui est aussi prise de pulsation, qui répondent cette fois à sa respiration.

Bien entendu, tu restes maître de ton corps, mais quand tu pourras fusionner avec ton élément, il répondra à tes appels. Qu’ils soient conscients ou non. Si tu m’attaques, je ne vais probablement rien faire pour me défendre, puisque l’eau s’en chargera pour moi. Cette eau particulière, puisque je lui laisse une place dans mon corps pour vivre, tu comprends ? Si je meurs, elle disparait. Si elle disparait, je meurs. C’est donnant donnant.

Elle penche légèrement la tête sur le côté, les sourcils froncés. Le mage s’approche légèrement d’elle puis saisit à nouveau ses mains.

Il faut t’oublier un peu. Perds le contrôle pour le retrouver.

Nehla soupire doucement, sachant pertinemment ce qui l’attends. De longues heures à rester immobile dans l’eau qui commence à refroidir. Elle a l’habitude des méthodes de son professeur, et même si elle reconnait sans peine l’efficacité de la démarche, elle sait qu’il lui faudra être plus que patiente pour voir le moindre résultat pointer le bout de son nez. Le regard brillant du mage se fait un peu plus dur, elle ajuste à nouveau sa posture et ferme les yeux.

Ils restent ainsi pendant quelques heures, Nehla attendant patiemment qu’il se passe quelque chose, sans que la moindre vaguelette ne se forme près d’elle. Son esprit divague à plusieurs reprises pendant cette séance de patience, ses pensées allant flirter avec ses récentes lectures, ses attentes, ses rêves, mais à chaque fois, elle sent une imperceptible pression sur son poignet qui la fait revenir à l’instant présent. Elle se doute que, comme son oncle, son professeur peut s’immiscer dans son esprit et détecte à chaque fois la moindre de ses pensées, sans laisser la moindre trace de sa présence. C’est finalement le mage qui met un terme à leur exercice en lâchant soudainement les mains de la jeune fille en fronçant les sourcils.

Tu n'y mets aucun effort.

Il se relève promptement, visiblement offensé ou en colère, laissant Nehla dans une incompréhension des plus totales.

Tu n’y parviendras surement pas de toute façon. Je perds mon temps. Retourne donc à tes manifestes, tu pourras peut-être faire une mage correcte comme ça.

La jeune fille se relève soudainement dans un grand bruit d’eau, espérant convaincre son maître d’essayer encore une fois, mais il ne daigne pas se retourner et disparait rapidement de son champ de vision sans qu’elle ne puisse esquisser le moindre geste ni prononcer un mot. Ses mâchoires se serrent en même temps que ses poings se crispent. Un frisson désagréable parcourt tout son corps. Elle l’a déçu à maintes reprises, mais jamais il n’a évoqué le potentiel échec de la jeune fille.

Elle s’apprête à quitter le bassin pour rassembler ses affaires et retourner à la bibliothèque mais se ravise rapidement avant de se laisser à nouveau tomber au milieu du bassin, les mâchoires toujours serrées, les sourcils froncés, tout son corps aussi crispé que son esprit. Elle est obstinée. C’est probablement la seule chose qu’elle a pour elle.

Nehla s’installe à nouveau en tailleur après avoir passé en revue mentalement les notes qu’elle a pu prendre et s’être un peu détendue. Elle prend une grande inspiration, expire lentement, puis ferme les yeux. Et elle attend. Patiemment. Elle ne peut pas forcer l’eau à fusionner avec elle, mais si elle peut au moins essayer de se faire accepter, elle aura déjà fait un pas.

Elle reste longtemps au milieu du bassin. Concentrée sur sa tâche, elle ne remarque pas la présence des étudiants qui passent près de son lieu d’entraînement, elle n’entend pas les rires des moqueurs, ni les chuchotements, elle ne sent pas les regards sur elle, elle ne ressent pas la faim, ni la fatigue, elle se concentre, toujours, elle patiente, encore. La nuit qui tombe ne la fait pas sortir de sa posture, elle n’a plus de notion du temps de toute façon, puisqu’elle attend que l’eau fasse son œuvre sur elle. Bientôt, son corps ne la dérange plus, elle oublie la faim, la fatigue, le froid, elle ne ressent plus le léger vent sur sa peau ni les frissons qui parcourent de temps à autre son échine.

C’est à une heure avancée de la nuit qu’elle sent à nouveau quelque chose. Un léger frémissement autour d’elle. Elle peine à retrouver sa concentration, curieuse de savoir si cette sensation est réelle ou si c’est une pure invention de son esprit pour la faire sortir de là, mais elle y parvient tout de même, fronçant malgré elle les sourcils lorsqu’elle se bat contre ses instincts les plus primaires.

Elle ne sent pas les premiers rayons du soleil du petit matin caresser sa joue. Elle n’entend pas le chant délicat des oiseaux qui se réveillent en même temps. Mais elle sent le léger mouvement de l’eau. Elle ouvre subitement les yeux, haussant les sourcils, puis se lève brutalement, tremblant sur ses jambes ankylosées d’être restées trop longtemps dans la même posture.

Ses jambes, son buste, ses bras, presque tout son corps. Cette sensation parcourt sa peau, un doux frisson qui fait naître un sourire en coin sur ses lèvres. Une fine pellicule d’eau la recouvre. Elle reste en place, elle ne tombe pas, elle ne s’évapore pas, elle l’habille, une seconde peau aqueuse, translucide, légère, mais bien présente. La jeune fille s’aventure à esquisser quelques gestes, mais l’eau reste en place, telle une carapace presque invisible, alors qu’elle n’a pas utilisé sa magie, elle n’a rien demandé, elle n’a pas voulu créer quoi que ce soit. Et pourtant, une armure aqueuse vient de se créer sur son corps.

Elle relève soudainement la tête, s’arrachant à sa contemplation, lorsqu’elle sent un regard appuyé sur elle. Son maître se lève du petit banc sur lequel il s’était installé et s’avance dans le bassin, enjambant le petit muret comme s’il n’existait pas, sans créer le moindre mouvement dans l’eau sur son passage.

Bien. Laisse-moi voir.

Il tourne autour d’elle, inspectant avec attention la fine couche aqueuse qui recouvre le corps de son élève, ses longs doigts venant parfois frôler la mince carapace qui ne se déchire pas, malgré les petites pressions qu’il exerce par endroit, il ne détecte aucune faille. Satisfait, il recule d’un pas, un sourire en coin fait furtivement son apparition sur ses lèvres, puis il fronce les sourcils.

Ça t’aura pris presque vingt heures, Theldj. Un peu moins, je te l’accorde, mais tout de même. Allons déjeuner.

Vous êtes resté là à… ?

Il esquisse un geste de la main pour toute réponse, et malgré toute la volonté de l’élève, elle ne parvient pas à contrer l’attaque de la déferlante qu’il lui lance, s’écrasant avec elle dans le bassin. Elle se relève péniblement, constatant avec effroi que la pellicule d’eau qui la recouvrait a disparu. Elle lance un regard mêlant incompréhension et colère vers le mage qui laisse échapper un léger rire avant de lui faire un signe de la tête pour qu’elle sorte du bassin. Il la débarrasse de tout l’excédent d’eau, sachant pertinemment qu’elle est à bout de force et qu’elle en est bien incapable seule, avant de la couvrir de sa cape.

Ils rejoignent une petite auberge dans laquelle ils se restaurent en silence, Nehla ne se privant pas pour demander à plusieurs reprises qu’on remplisse à nouveau son assiette et sa grande tasse de café, se rendant soudainement compte qu’elle est plus qu’affamée et épuisée. Son maître se contente du strict minimum, observant la jeune fille distraitement, l’air soucieux et songeur.

On va recommencer.

Nehla acquiescement doucement alors que son esprit lui crie de refuser, sachant pertinemment le calvaire que son corps a déjà subi.

Mais il nous faut plus d’eau.

Elle acquiesce à nouveau en terminant une énième tasse de café puis lui emboîte le pas lorsqu’il se lève. Elle le suit en silence, soucieuse de savoir s’il a autre chose derrière la tête que la séance de patience visant à apprivoiser l’eau. Ils marchent longtemps, quittent la ville, pour se retrouver près de la rivière qui suit son cours près de Liberty. Arrivés à destination, il se contente d’un signe de tête vers le rivage et, docilement, Nehla se déchausse, enlève ses bas et se rend au beau milieu du cours d’eau. Le mage s’installe en tailleur au bord de l’eau alors que son élève fait de même, veillant à garder la tête hors de l’eau et à trouver une position confortable malgré les galets et les creux dans le lit de la rivière.

Ça sera soit plus difficile, soit plus facile. Cette eau est plus vivante que celle du bassin de l’université. Tu vas devoir perdre le contrôle de toi-même, te battre contre ton instinct primaire qui te dit de résister lorsque le courant risque de t’emporter. Si tu fais ça correctement, tu devrais réussir à te lier à ton élément. Du moins suffisamment pour ne pas te noyer.

Elle écarquille les yeux. Il sait pertinemment qu’elle est une piètre nageuse, et c’est bien pour cette raison qu’il a voulu une plus grande quantité d’eau. Elle cherche dans son regard la moindre trace de pitié, de sympathie, d’un quelconque sentiment qui contredirait sa pensée, mais ne trouve rien. Il compte bien la laisser se noyer si elle ne parvient pas à fusionner avec l’eau de cette fichue rivière. Il va même probablement augmenter la force du courant, ou la densité de l’eau, sciemment. Elle fronce finalement les sourcils et resserre les mâchoires en sentant ce même frisson désagréable parcourir tout son corps, et, après avoir fermé les yeux et respiré calmement un instant, plante son regard dans celui qu’elle devine amusé derrière sa façade presque neutre de son professeur, une lueur de défis dans les yeux. Elle est bien déterminée à ne pas mourir ici, et quand bien même il parviendrait à ses fins, elle ne va pas se laisser faire facilement.

Il hoche la tête. Elle inspire lentement, puis expire, et enfin ferme les yeux. Elle doit se battre contre sa peur de mourir, irrationnelle, avant de pouvoir faire le vide dans son esprit et entrer en phase de méditation, comme lui a apprit son professeur. Pendant de longues minutes ses sourcils se froncent, ses mâchoires se serrent et se desserrent, à mesure que les pensées affluent dans son esprit et qu’elle les chasse. Elle passe en revue toutes les éventualités, toutes les techniques qu’elle connaît, toutes les parades qu’il lui a apprises, toutes les notes qu’elle a pu prendre en compulsant les nombreux manuels de magie qu’elle a pu trouver à la bibliothèque de l’université ou à la librairie de son père, comme si faire l’état de ses connaissances en la matière lui permettrait de rester en vie si l’envie prend à son maître de la malmener. C’est après quelques heures qu’elle parvient enfin à se libérer de ses pensées et qu’elle peut patienter. Elle perd petit à petit le contrôle de son corps, le délaissant dans la rivière pour se concentrer sur son esprit, qu’elle tente sans relâche de vider, pour en perdre le contrôle également.

Anonymous
Invité
Invité


Pendant de longues heures, immobile, elle teste ses limites, les limites de sa patience et de sa résilience alors que son maître l’observe à quelques mètres de là, exactement dans la même position si ce n’est qu’il est au sec et qu’il a les yeux ouverts, son regard argenté braqué sur l’élève, un sourire en coin sur les lèvres, seule trace visible de sa satisfaction quant à l’obéissance sans faille de la jeune Nehla.

Le corps de la jeune fille fatigue de plus en plus, mais elle ne le ressent pas, toute occupée qu’elle est à essayer de ne plus contrôler son esprit. Elle finit, à bout de force et de patience, par se perdre dans un pseudo-sommeil éveillé. Elle tombe dans un abysse sombre, peuplée d’ombres et de tâches de lumières qu’elle ne parvient pas à identifier, au plus profond de son conscient, de son inconscient, de son subconscient, elle n’en sait rien, mais le fait est qu’elle se trouve dans un espace, dans un lieu, entre deux mondes.

C’est le moment que choisi son maître, bien au courant de l’état de son élève, pour agir. Il se lève tranquillement et parcourt rapidement les quelques pas qui le séparent de l’eau de la rivière, y plongeant la main sans lâcher la jeune fille des yeux. Il veut s’assurer qu’elle s’en sortira, même s’il lui a fait croire le contraire. Il augmente peu à peu la densité de l’eau, mais, à sa grande surprise, il se rend compte n’avoir aucune influence sur le courant. Un sourcil froncé, il se relève et entreprend de se débarrasser de sa cape au cas où il devrait plonger pour extirper Nehla de la mauvaise situation dans laquelle il l’a mise. Les bras croisés sur sa poitrine, il attend, mettant à son tour à mal sa patience. Il ne peut pas non plus entrer dans son esprit, sous peine de réduire en poussière les efforts démesurés déployés par la mage en devenir.

Seule au milieu de la rivière dont le courant se fait un peu plus fort, Nehla perçoit un infime picotement sur sa peau, au bout de ses doigts engourdis. Perdue dans les méandres de son rien, elle s’accroche à cette sensation qui, bientôt, s’étend à l’intégralité de son corps. À nouveau, une fine pellicule vient recouvrir son corps, légèrement plus épaisse qu’au petit matin, un peu plus dense, la prise est aussi plus ferme sur sa peau, comme si cette armure aqueuse voulait s’assurer d’être bien accrochée. Le mage observe en silence, essayant d’apercevoir les éventuels mouvements de l’eau, sans vraiment y voir grand-chose, alors il se concentre sur le visage de sa protégée, espérant y déceler quelques informations.

Mais le visage de la jeune fille reste impassible alors qu’un des évènements les plus marquants de sa vie est sur le point d’arriver. Doucement, sans vraiment qu’elle s’en rende compte, la pression de l’eau autour d’elle augmente, la densité de la pellicule qui la recouvre se fait plus grande, elle se retrouve bientôt enserrée dans un étau aqueux dont elle ne peut s’échapper, puisqu’à moitié inconsciente. Ses sourcils se froncent tout de même lorsque, soudainement, l’eau qui recouvre son corps et qui la maintient fermement remonte sur son cou, jusqu’à sa bouche, s’infiltrant entre ses lèvres. En même temps que sa bouche se remplit du liquide froid de la rivière, l’emprise aqueuse se fait plus forte, et, soudainement, elle bascule en arrière.

Se soudain changement de posture et la sensation de l’eau sur son visage la fait sortir de ce monde hors du temps. Elle écarquille les yeux, mais il est déjà trop tard. L’eau l’enveloppe dans un cocon, toute entière, et elle ne peut se débattre tant l’étreinte est forte. Elle reste passive, paniquée, attendant sa probable mort, pas encore résignée mais défaitiste. L’eau continue de s’insinuer dans son corps, glissant dans sa gorge pour aller remplir ses poumons, délogeant rapidement le reste d’air qui s’y cachait, libérant de petites bulles qui viennent s’écraser à la surface de la rivière soudainement trop calme.

Elle sent désormais tout ce qui se passe. L’eau qui restreint le moindre mouvement, le calme ambiant, les remous légers du fin courant qui s’infiltre en elle, le liquide qui emplit petit à petit ses poumons, sa gorge, son nez, sa bouche. Ses lèvres entrouvertes ne bougent pas, de même que ses yeux, fixés vers le ciel qu’elle devine à travers les fines bulles, reliquat d’oxygène dont elle est désormais à court.

L’homme se crispe sur la berge, ses mâchoires se resserrent, mais il n’esquisse pas le moindre mouvement pour venir la secourir.

Nehla, elle, perd finalement le total contrôle. Elle perd le contrôle sur sa vie, sur sa survie. Elle laisse l’eau décider de sa vie ou de sa mort. Pendant ce qui lui paraît une éternité, elle laisse l’élément faire son œuvre dans son corps. Elle ressent le moindre changement. Le fin filet qui parcourt ses veines, les percées que fait le liquide dans son ventre, bousculant ses organes pour s’y frayer de multiples chemins, le vide près de son cœur, bientôt rempli d’une eau qui bouillonne, probablement satisfaite d’avoir trouvé la meilleure place dans son corps. Son esprit, légèrement affolé, tente de résoudre les problèmes qu’il détecte dans son corps, mais en vain, l’élément a prit le total contrôle de son hôte. Elle contrôle l’humaine qui voulait la contrôler. Mais comme l’a dit son maître, c’est donnant donnant.

Soudainement, l’étau qui la tenait prisonnière se relâche, libérant son corps qui revient flotter à la surface. Le visage à l’air libre, elle sent l’eau quitter ses poumons, bientôt remplis par une grande goulée d’oxygène qu’elle peut avaler lorsque son buste est libéré de la pression de la rivière.

Le mage accourt rapidement, mais il est stoppé dans son élan par un grand mur d’eau qui le sépare de la jeune fille. Elle se relève péniblement, à bout de force, et manque à nouveau de tomber à la renverse, mais une grande vague fait son apparition derrière elle lorsque le mur disparait, la soutenant pour la maintenir debout, sans qu’elle ne demande rien. L’homme fait à nouveau un pas, mais des serpents d’une densité proche des siens enserrent ses jambes, l’empêchant de se mouvoir. La jeune fille lève finalement les yeux vers son maître, elle sent l’eau sur son visage, mais au lieu de couler en de longs filets sur sa peau, elle l’absorbe en un clin d’œil.

Il lui faut quelques minutes pour prendre à nouveau pleinement conscience de son corps, haletante, elle peine à retrouver son souffle, cherchant à expliquer ce qui vient de se passer. Rien n’est visible, mais elle se sent bien différente. Finalement, les serpents relâchent le maître et la vague qui tenait le corps fébrile de Nehla disparaît au moment où l’homme glisse son bras derrière son élève pour la rattraper. Il l’observe un instant, sans dire un mot, puis la soulève lorsqu’elle perd connaissance pour la porter sur la rive. Cette fois, il n’a pas besoin de retirer l’eau qui recouvre son corps, puisqu’elle l’absorbe toute seule, mais il la couvre de sa cape et s’assure de la placer au soleil pour qu’elle se réchauffe un peu. Il patiente de longues heures, lui laissant le temps de récupérer un peu d’énergie et, surtout, conscience de son corps et de son esprit.

Le jour commence à décliner lorsqu’elle ouvre finalement les yeux. Elle observe un instant le ciel bleu, strié de quelques rayons de soleil d’une chaleur orangée, puis elle se relève sur un coude. Le mage, installé en tailleur et adossé à un arbre près d’elle, ne relève pas les yeux du vieux manuscrit qu’il déchiffre patiemment. Elle observe son corps, à la recherche de la moindre marque qu’aurait pu laisser cette expérience étrange, soudainement peu sûre d’avoir vraiment vécu ça. Elle se tourne finalement vers son maître qui fait disparaître un léger sourire en coin en refermant son livre rapidement. Il se relève et attrape la main de la jeune fille pour l’aider à se remettre debout, puis il l’observe longuement, sans dire un mot. D’un signe de tête, il l’invite à le suivre, et ils regagnent Liberty en silence.

Il la raccompagne chez elle, lui tend le livre qu’il était en train d’étudier, puis soupire.

Bien. Je crois qu’on en a fini. Je ne peux plus rien t’enseigner pour le moment. Trouve ton chemin et continue de t’exercer.

Mais je…

Bonne continuation, Theldj.

Il se tourne brutalement dans un bruissement de tissu froissés, laissant la jeune fille seule devant la porte de la librairie Theldj. Elle soupire à son tour et pousse la grande porte vitrée, soulagée d’entendre le tintement de la petite clochette. Le regard de son père se lève de son registre, il fronce un sourcil, puis hausse les épaules alors que sa fille se dirige vers le fond de la bibliothèque pour s’affaler dans un des fauteuils. Épuisée mais curieuse, elle ouvre le vieux manuscrit, faisant tomber une petite note qui a dû servir de marque page. Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres lorsqu’elle lit les quelques mots de son maître, puis elle referme l’ouvrage sans même lire une ligne.

Sa formation auprès de Maître Sayid Alma est terminée, de même que son apprentissage au sein de l’université de Liberty. Elle sait qu’elle en ressort grandie, dotée d’une nouvelle aptitude qui lui permettra de se défendre. Elle fronce cependant un sourcil, bien consciente que tout ce qu’elle a appris du mage ne lui servira pas à se battre, seulement à protéger sa vie. C’est d’ailleurs la dernière leçon qu’il a bien voulu lui donner.

Chère Nehla,

J’espère que tu feras bon usage de ce don que tu possèdes. N’oublie pas que ta vie est précieuse, désormais bien davantage, puisque tu abrites en toi la source de cette même vie. Protège-la autant qu’elle te protègera.

Bien à toi,

Sayid Alma
Codage par Libella sur Graphiorum


Elle soupire à nouveau et se lève péniblement du fauteuil, le corps meurtri par ces deux jours passés à cette ultime leçon, mais le sourire aux lèvres, satisfaite de savoir qu’elle a rendu fier son maître, avant d’attraper une pile de livre et de les ranger avec soin sur les différents rayons de la boutique.

Nehla Theldj, mage de l’eau.

Elle a atteint son objectif. Il ne lui reste plus qu’à vivre ses aventures.

Ses yeux se relèvent subitement du manuel qu’elle tient entre les mains, ses sourcils se haussent, ses lèvres s’entrouvrent, sans qu’un son ne puisse en sortir. Ses pas sont arrivés bien avant sa voix aux oreilles de la jeune fille. Le mage aux cheveux argentés glisse une petite boîte entre les mains de Nehla. Son regard brille d’une lueur qu’elle n’a encore jamais vue. Elle ouvre le petit écrin pour y découvrir une broche ornée d’un bouton de laurier. Un sourire en coin apparait sur ses lèvres alors qu’elle ramasse ses longs cheveux dans un chignon flou qu’elle maintient avec le petit objet argenté. Il acquiesce doucement lorsqu’elle tourne la tête vers lui puis quitte la librairie en adressant un signe de tête au père de famille qui a, à nouveau, relevé les yeux de son registre, puis pousse la porte pour disparaître définitivement de la vie de son élève.

Sois forte, Theldj.

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