C’est presque deux ans après leur rencontre que la jeune femme répond finalement à la promesse qu’elle avait pu lui faire.
Rengoku et Nehla se sont séparées une dizaine de jours auparavant, après avoir passé deux longues semaines ensemble pour parfaire les postures et la maîtrise de quelques techniques enseignées à la jeune mage de l’eau. Appliquant avec soin tous les conseils prodigués, la jeune femme ne déroge pas à la routine matinale mise en place il y a peu, entraînant son corps en enchaînant les exercices physiques, sans oublier de déjeuner convenablement. Après une longue douche et avoir soigné les quelques écorchures sur son corps, elle se plante devant son lit, perplexe quant au choix de sa tenue.
Son départ de Liberty s’est fait un peu précipitamment, et elle n’avait pas prévu de se rendre de sitôt chez lui. Ses vêtements ne sont probablement pas adaptés pour une visite à la noblesse Reikoise, mais ses économies ne lui permettent pas non plus de s’octroyer le luxe de faire des emplettes. Elle opte finalement pour la longue tunique qu’elle a dégoté en arrivant à Ikusa, complétée par un pantalon près du corps. Elle arrange un peu sa coiffure puis quitte la petite auberge où elle loge, un paquet sous le bras, après avoir demandé son chemin au gérant qui lui a expliqué, à grand renfort de cartes de la capitale, comment se rendre à l’adresse qu’on lui a donné il y a bien longtemps.
Ses pas la mènent rapidement sur place, elle hausse un sourcil en observant le manoir qui se dresse devant elle, avant de reculer un peu, soudainement peu sûre que ce soit une bonne idée. Prenant son courage à deux mains, elle lisse du revers de la main sa tunique puis se dirige vers la porte. Sans avoir le temps de poser ses doigts sur le bois, un craquement se fait entendre, dévoilant une silhouette inconnue à la jeune femme dans l’encadrement de la porte. Il l’observe de la tête aux pieds avant de hausser un sourcil interrogateur.
Euh… Bonjour ?
Un simple signe de tête répond à sa salutation, l’invitant à continuer.
Je suis Nehla Theldj, je devais rendre visite à Monsieur Tagar Reys.
Il n’est pas présent.
Oh ! Dans ce cas je… Tenez, vous voudrez bien donner ce paquet à Madame Reys ?
Elle tend le livre emballé dans un papier vert, accompagné d’une petite carte, à l’homme qui la regarde sceptique.
Il y a deux ans, elle a reçu un colis de la librairie Theldj, de Liberty, elle se souviendra peut-être du papier qui emballait les romans. C’est un cadeau, je me suis dit que ça pourrait lui faire plaisir. Et si vous pouviez indiquer à Monsieur Reys que je suis passée…
L’homme fronce un sourcil puis consent finalement à prendre le petit présent avant d’incliner poliment la tête. Elle soupire doucement avant qu’un sourire en coin ne se dessine sur ses lèvres, finalement un peu soulagée, le stress qui s’était insinuée en elle disparaissant en même temps que la porte se ferme. Elle se doute qu’après ces longues années, il a probablement oublié la promesse qu’ils se sont fait. Peut-être même ne l’aura-t-il pas reconnue, avec ses cheveux courts, ses nouvelles cicatrices, et sa tenue bien différente de celle qu’elle a pu porter au Bruit qui Court.
Elle se retourne finalement, décidée à rentrer chez elle, mais se fige en entendant à nouveau la porte s’ouvrir. Elle tourne légèrement la tête, la bouche légèrement entrouverte, sans pour autant se retourner complètement. Un doux sourire se dessine sur ses lèvres lorsque ses yeux rencontrent les siens.