Vous avez commandé un prof particulier ?
Il était déjà midi passé, quand l'artiste bondit enfin de son lit. Bondir était un grand mot, et vu la figure exécuter par Hadelin, il tenait plus de la limace coulant sur le sol, qu'un acrobate exécutant un bond. Toutefois, le fond prévaut sur la forme, et il était hors du lit. La nuit avait été courte, il faut dire qu'il l'avait passé à boire avec.. Des inconnus. Malgré tous ses efforts sur le moment, c'est-à-dire trois secondes de réflexions, il ne parvient à se souvenir d'aucun nom.. Si ce n'est le surnom de l'un d'entre eux. "Mollusque." Comment diable un tel surnom pouvait être affublé a un type, et qu'il le brandisse fièrement, s'interrogea-t-il. Cependant, l'heure filait, et ses tourments philosophiques allaient devoir attendre. Malgré le manque de sommeil évident que ressentait son corps, son visage ne subissait aucun trait signalant les nuits courtes qu'il passait. Le cadet Bellardy passa une paume sur son visage, en bâillant bruyamment, tandis qu'il poussait le rideau qui empêchait de pénétrer dans sa chambre. S'il avait été un vampire de l'époque gothique londonienne, il aurait fini en tas de cendre. Heureusement pour lui, il n'était ni un vampire, ni de cet univers, aussi se contenta-t-il de fermer les yeux, tandis que la douce chaleur de l'astre se répandait sur sa face paisible, et son torse-nu, et que le son agité de la rue marchande emplissant ses oreilles. Après un petit moment, cette étrange méditation prit fin, comme si les batteries avaient été rechargées. Toujours en tenue d'adam, il se dirigeait vers la "salle de bain" de cette chambre vétuste. La toilette fut sommaire, mais plus que correct, en effet, il allait devoir faire bonne impression cet après-midi. Le visage encore humide, le triste pitre fit face à son armoire. D'un geste maîtrisé, il ouvrit une porte, qui resta dans sa main, arraché de sa structure.
"Bon sang.. C'bon signe. Manque plus qu'j'me fasse la ch'ville en descendant les escaliers."
Grognon, ronchon... Gronchon quoi, il saisit un pantalon de lin, et une chemise dans la même matière, enfilant les deux d'une traite, avec une agilité déconcertante. C'est-à-dire, en soufflant, râlant, sautillant sur une jambe tandis qu'il essayait de passer l'autre dans son bas. Pour le haut, il dû s'y reprendre a trois fois pour parvenir à aligner chaques bouton. Enfin, ce fut la touche final. La barde saisit délicatement un foulard, qu'il noua à l'arrière de sa caboche, passant sur son front, disciplinant alors les mèches de cheveux les plus rebelles, véritable fasciste capillaire. Ses joues gagnèrent le droit de recevoir une paire de gifles, pour se réveiller complètement.
"Hum.. R'veille toi Had'. Essaye pas d'tout faire foirer. Et souris un peu, imbécile."
Il aurait été un coach en développement personnel misérable, mais il était le seul qu'il pouvait se payer, aussi, il se dirigea vers la porte de sa chambre, saisissant un sac à dos, empli d'instruments de musique qu'il possédait, accompagné d'un carnet. Hop, le sac sur l'dos, il semblait être prêt pour la rentrée des classes. Fermant la porte derrière lui, il dévala les escaliers avec une prudence peu commune, comme si sa prédiction précédente avait des chances de se réaliser. Le jeune homme passa devant le tavernier qu'il salua d'un mouvement de tête. Les ivrognes déjà présents n'eurent pas le droit à un tel honneur. Il réservait sa politesse pour ses spectacles. Il franchit le seuil de la taverne.. Et plissa les yeux. Bien qu'une brise plus que salutaire vint caresser son visage, faisant virevolter quelques mèches, le soleil assommant quiconque n'était pas habitué à une telle chaleur.
"Je tuerai pour de la pluie. Juste un peu."
Toujours aussi aimable, il se mit en route. À cette heure-ci, les rues étaient pleines, les gens se bousculaient sans s'excuser, chacun essayant de se frayer un chemin à travers cette foule dense. Hadelin se maudit de n'être parti plus tôt, avant de bien vite se raviser. Le peu d'heures de sommeil était toutefois mieux que rien, et l'idée d'avoir l'air d'un zombie ne l'enchantait pas vraiment. L'artiste s'arrêta un instant devant l'étale d'un vendeur de fruits. Après un long moment de négociation, d'offres, de contre-offres, de bluff, à en faire mourir de jalousie Patrick Bruel dans une partie de poker endiablé, Had' sortit vainqueur du combat, repartant triomphant, avec comme butin de guerre, des oranges, achetés a bas prix. Il emprunta les allées moins fréquentées, déambulant, la tête tournée vers les fenêtres, tout en épluchant les fruits oranges, qu'il dévorait, tout en marchant. Bientôt, il quitta la basse ville, pénétrant dans les coins plus aisés. Les bâtisses n'avaient rien à voir avec son coin où il résidait. C'était beau, architecturalement parlant. Cependant, il y a bien longtemps qu'il était sourd à ce genre de beauté. Non, il ne contemplait pas, il cherchait l'adresse indiquée. Il lui était parvenu qu'une noble recherchait un professeur, pour lui enseigner les arts de la musique, ou du moins de quoi bredouiller quelque chose de correcte avec un instrument.
D'un pas sur, sa pensée se baladait, alors qu'il se rapprochait de sa destination. Encore une noble qui veut se la raconter pour la prochaine soirée mondaine qu'elle organisera, pensait il, tandis qu'il gravissait les marches qui menaient à l'imposante résidence de celle-ci. Il détailla la façade du bâtiment..
"Eh bah, s'pue l'pognon. Tant mieux Had', t'vas pouvoir t'en sortir avec les poches pleines."
Gonflant ses poumons, avant d'expirer doucement, il tapota la porte avec fermetés, déterminé, alors que s'il soupirait déjà de la future séance qu'il allait s'infliger. Quand la porte finira par s'ouvrir, il prendra les devants, se présentant, habillant son visage de son faux sourire.
"Bien le bonjour. Charmant coin. Je me présente Hadelin Bellardy, pour vous divervir. J'ai entendu qu'on recherchait une âme artistique pour enseigner les doux secrets de la musique. Eh bien, me voilà, au secours d'un cœur créatif !"
Ponctuant sa tirade d'une courbette polie, mécanique, mainte fois répétée.
"Bon sang.. C'bon signe. Manque plus qu'j'me fasse la ch'ville en descendant les escaliers."
Grognon, ronchon... Gronchon quoi, il saisit un pantalon de lin, et une chemise dans la même matière, enfilant les deux d'une traite, avec une agilité déconcertante. C'est-à-dire, en soufflant, râlant, sautillant sur une jambe tandis qu'il essayait de passer l'autre dans son bas. Pour le haut, il dû s'y reprendre a trois fois pour parvenir à aligner chaques bouton. Enfin, ce fut la touche final. La barde saisit délicatement un foulard, qu'il noua à l'arrière de sa caboche, passant sur son front, disciplinant alors les mèches de cheveux les plus rebelles, véritable fasciste capillaire. Ses joues gagnèrent le droit de recevoir une paire de gifles, pour se réveiller complètement.
"Hum.. R'veille toi Had'. Essaye pas d'tout faire foirer. Et souris un peu, imbécile."
Il aurait été un coach en développement personnel misérable, mais il était le seul qu'il pouvait se payer, aussi, il se dirigea vers la porte de sa chambre, saisissant un sac à dos, empli d'instruments de musique qu'il possédait, accompagné d'un carnet. Hop, le sac sur l'dos, il semblait être prêt pour la rentrée des classes. Fermant la porte derrière lui, il dévala les escaliers avec une prudence peu commune, comme si sa prédiction précédente avait des chances de se réaliser. Le jeune homme passa devant le tavernier qu'il salua d'un mouvement de tête. Les ivrognes déjà présents n'eurent pas le droit à un tel honneur. Il réservait sa politesse pour ses spectacles. Il franchit le seuil de la taverne.. Et plissa les yeux. Bien qu'une brise plus que salutaire vint caresser son visage, faisant virevolter quelques mèches, le soleil assommant quiconque n'était pas habitué à une telle chaleur.
"Je tuerai pour de la pluie. Juste un peu."
Toujours aussi aimable, il se mit en route. À cette heure-ci, les rues étaient pleines, les gens se bousculaient sans s'excuser, chacun essayant de se frayer un chemin à travers cette foule dense. Hadelin se maudit de n'être parti plus tôt, avant de bien vite se raviser. Le peu d'heures de sommeil était toutefois mieux que rien, et l'idée d'avoir l'air d'un zombie ne l'enchantait pas vraiment. L'artiste s'arrêta un instant devant l'étale d'un vendeur de fruits. Après un long moment de négociation, d'offres, de contre-offres, de bluff, à en faire mourir de jalousie Patrick Bruel dans une partie de poker endiablé, Had' sortit vainqueur du combat, repartant triomphant, avec comme butin de guerre, des oranges, achetés a bas prix. Il emprunta les allées moins fréquentées, déambulant, la tête tournée vers les fenêtres, tout en épluchant les fruits oranges, qu'il dévorait, tout en marchant. Bientôt, il quitta la basse ville, pénétrant dans les coins plus aisés. Les bâtisses n'avaient rien à voir avec son coin où il résidait. C'était beau, architecturalement parlant. Cependant, il y a bien longtemps qu'il était sourd à ce genre de beauté. Non, il ne contemplait pas, il cherchait l'adresse indiquée. Il lui était parvenu qu'une noble recherchait un professeur, pour lui enseigner les arts de la musique, ou du moins de quoi bredouiller quelque chose de correcte avec un instrument.
D'un pas sur, sa pensée se baladait, alors qu'il se rapprochait de sa destination. Encore une noble qui veut se la raconter pour la prochaine soirée mondaine qu'elle organisera, pensait il, tandis qu'il gravissait les marches qui menaient à l'imposante résidence de celle-ci. Il détailla la façade du bâtiment..
"Eh bah, s'pue l'pognon. Tant mieux Had', t'vas pouvoir t'en sortir avec les poches pleines."
Gonflant ses poumons, avant d'expirer doucement, il tapota la porte avec fermetés, déterminé, alors que s'il soupirait déjà de la future séance qu'il allait s'infliger. Quand la porte finira par s'ouvrir, il prendra les devants, se présentant, habillant son visage de son faux sourire.
"Bien le bonjour. Charmant coin. Je me présente Hadelin Bellardy, pour vous divervir. J'ai entendu qu'on recherchait une âme artistique pour enseigner les doux secrets de la musique. Eh bien, me voilà, au secours d'un cœur créatif !"
Ponctuant sa tirade d'une courbette polie, mécanique, mainte fois répétée.