- Une heure plus tôt, sur le voilier de Zaïn -

Une légère houle faisait doucement tanguer le trois-mâts bien fixé à quai par de solides amarres, les voiles rentrées, le navire peint en blanc ne bougerai pas de la journée. Sur le pont, personne, les matelots du navire de plaisance n'avaient pas été appelés et étaient rentrés chez eux. Cependant, le propriétaire et capitaine du trois-mâts était bien à bord et avait même de la visite dans sa cabine près de la poupe du navire. La large pièce était meublée de nombreuses bibliothèques tapissant les parois latérales le la salle faite en bois de chêne. Un bureau central trônait devant une large vitre s'ouvrant sur le port privé et les autres navires adjacents apontés. Au centre de la cabine faisant office de bureau, un lustre doré diffusait une douce lumière chaleureuse sur le haut des crânes des trois personnages en présence. Devant le bureau se tenait de manière fort rigide un petit homme tout de noir vêtu, au fond de la pièce, près de la porte, un grand elfe se tenait dans l'ombre, les mains croisées dans le dos. Enfin, celui qui se faisait appeler Zaïn, capitaine du navire, était confortablement carré dans le fauteuil en cuir derrière son large bureau. Il écoutait attentivement de ses grandes oreilles le petit homme qui lui parlait avec déférence.

- Le patron viendra au combat de demain soir, il sera présent avec ses collaborateurs de Taisen. Il veut qu'ils se sentent à l'aise à la capitale et voudrait éviter qu'ils perdent leurs mise durant le combat si vous voyez ce que je veux dire. L'hybride plissa le nez en entendant cette dernière phrase prononcée par son interlocuteur.

- Je crois comprendre, mais juste pour être sûr j'aimerai que vous me le disiez de vive voix. Fit-il en dépliant une main.

- Le boss veut que Big Jaw se couche au quatrième round face à Tête de Brique. Cracha le petit homme, à présent tremblant.

- Big Jaw ? Il va pas aimer ça, surtout qu'il a une dent contre Tête de Brique, alors se coucher face à lui... Je crains plutôt qu'il ne m'obéisse pas et face du squash contre le mur avec la tête de Tête de Brique. Il sourit. T'as compris le jeu de mot ? Le petit homme esquissa un bref sourire.

- Pas sûr que le boss apprécie la blague autant que vous. Ajouta doucement l'émissaire.

- Rah ! On peut jamais rigoler un peu. Ok, je vais dire à Big Jaw de se coucher au quatrième round. Quel gâchis... Il congédia le mafieux d'un signe nonchalant de la main.

Le petit homme s'inclina, fit demi-tour et se dirigea vers la porte. Lorsqu'il l'ouvrit, une jeune femme aux longs cheveux carmins et aux grandes oreilles de renard se tenait dans l'encadrement derrière la porte. Elle sourit au petit homme qui passa son chemin, la laissant entrer. Elle traversa à grandes enjambées la cabine après avoir salué l'elfe silencieux.

- Arkady, la sœur de Zaïn -

- Qu'est-ce que j'ai entendu là ? Tu accepte de fausser tes combats juste pour éviter de contrarier le boss ? Commenta-t-elle d'un air narquois tout en s'assaillant sur le bureau.

- Arkady... Je ne t'attendais pas, cette surprise est un rayon de soleil dans ma journée morose ! Il se leva, plissant les yeux. Tiens, tu tes fait percer l'oreille ? Remarqua-t-il en touchant du doigt la boucle d'oreille dorée de sa sœur.

- Eh oui, tu aimes ? Demanda-t-elle, enjouée.

- Ça s'accorde à merveille avec tes yeux ! Comme on a les même, tu pourra me prêter ta boucle à l'occasion ? Il fit mine d'approcher une main avide de la boucle d'oreille, un sourire malicieux plaqué sur le visage.

- Ah non ! Pas touche ! Je l'ai acheté avec ma solde celle-ci ! RAAHH touche pas ou je le dis à Maman ! Immédiatement Zaïn eu un mouvement de recul. Son sourire disparu.

Puis reparu soudainement. Il se jeta en avant vers sa sœur qui s'écarta vivement, son frère allant s'écraser contre le tapis. N'importe qui en présence n'aurait pu s'empêcher de pouffer face à cette scène burlesque. Les plus sentimentaux d'entre nous ne manqueraient pas de voir dans cette scène un moment touchant de jovialité entre frère et sœur. Zaïn se releva en se massant les paumes des mains qui avaient été irritées par le frottement avec le tapis. Sa sœur lui assena une pichenette sur le front, croisant ensuite les bras sur sa poitrine.

- Et voilà ! Encore une fois tu n'as que ce que tu mérite, et ce, sans même que je n'ai eu à te toucher. Fit-elle t'un ton réprobateur.

- Bah, de toute façon je dois aller au travail, le bateau est tout à toi... Au moins jusqu'à midi, je rapporte le repas pour qu'on mange sur le pont. Que la table soit mise. Répliqua-t-il, faussement hautain avant de se diriger vers la porte de la cabine.

- Et après t'être fait rétamer aussi facilement tu te permet de m'enjoindre d'ordres... Eh écoute-moi quand je te parle ! Zaïn ! Et voilà il est parti. Arkady grogna un instant avant de poser les yeux sur l'elfe qui pris enfin la parole.

- Vous faites la paire tous les deux. Commenta-t'il avant de sortir à son tour.

- À présent, à l'arène de combat -

Quelques instants de marche dans les ruelles et Zaïn fut arrivé devant son arène qui représentait toute sa fierté. Au moins la quartier des commerces n'était pas loin du port, ce qui faisait qu'il n'avait pas beaucoup à marcher pour se rendre à son lieu de travail. Tout au plus une dizaine de minutes, surtout qu'il prenait des raccourcis par les petites ruelles entre les bâtiments de grès. En journée cela allait vite, mais le soir ces sombres ruelles étaient envahies par les pires malfrats, prêt à détrousser les passants et à trafiquer toute sorte de substance illicite. Mais cela ne dérangeait pas Zaïn qui continuait de prendre ces ruelles, même plongées dans la pénombre, pour rentrer chez lui le soir. Qui oserai s'en prendre à un type comme lui ? Et puis même ceux ayant déjà tenté leur chance ont à présent le nez décalé de plusieurs centimètres. A peine eut-il passé le porche de l'arène qu'un des combattants vint à sa rencontre, tout en sueur.

- Oh patron ! Vous devez voir ça ! Venez ! Il s'empressa de retourner vers le coeur de l'arène, suivit de son boss.

Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il arriva sur les gradins pour constater le rififi qui s'était installé dans le cercle central. Deux esclaves pugilistes étaient au sol, l'un avait le nez en sang et l'autre était K.O. Au centre se tenait une jeune femme qui semblait peu robuste, mais tout laissait à croire que c'était elle qui avait mis au sol ces deux combattants. En face d'elle se tenait Big Jaw, le champion de tous les pugilistes de l'arène. Il arborait un sourire confiant et faisait craquer ses poings, Big Jaw était un orc mesurant presque trois mètres et pesait une tonne selon les légendes. Or, Big Jaw se dressait face à la jeune femme essoufflée. Il fit un pas dans sa direction. Zaïn hurla à l'impératif :

- On tape pas les filles ! Il pointa un doigt en direction de Big Jaw qui s'immobilisa sur le champ.

Sans plus attendre, le patron sauta la rambarde pour descendre dans l'arène, il s'avança d'un pas sûr en direction de l'orc qui fit parallèlement un pas en arrière. Zaïn arriva à son niveau et leva les yeux pour les plonger dans ceux de Big Jaw qui n'en menait visiblement pas large face à l'hybride qui pourtant paraissait un gringalet face à cette montagne de muscles. Une paire de secondes s'écoula durant lesquelles ils se dévisagèrent. Finalement Zaïn leva un poings et Big Jaw parti à la renverse de peur de se recevoir un coup. Baissant à présent les yeux sur l'orc, les fesses au sol, Zaïn le gronda :

- Tes un bon combattant, mais va falloir revoir tes manières. Puis il pivota vers la demoiselle et s'inclina doucement.

- Veuillez les excuser pour leur présomption. Mais je vois que vous les avez remis à leurs place, vous avez bien fait. Quel est votre nom ma chère ? Lorsqu'il le fallait, Zaïn était un vrai gentleman.

- Au centre de l'arène -

Cette jeune femme était surprenante, cela ne faisait aucun doute qu'il y en avait pas deux comme elle au Reyke. Elle disait se nommer Theldj, ce nom ne disait rien à Zaïn, tout du moins ce n'était pas un nom de grand combattant ou de maitre d'art martial de sa connaissance. Mais lorsqu'elle dit "toujours pas", il compris que cela ne faisait pas si longtemps qu'elle avait appris à se battre. Toutefois, si cela était le cas, parvenir à mettre à terre Flash Gordon et Poings de Fer - les noms de combattants des deux esclaves amochés - n'était pas rien et prouvait qu'elle en avait dans le ventre. Il se présenta alors que les badauds commencaient à se disperser et que Big Jaw quittait l'arène.

- Tevon-Duncan, mais appelez-moi Zaïn. Va falloir soigner tout ça par contre. Fit-il remarquer en désignant les maintes blessures de la jeune femme.

- Golan ! Appela-t-il d'une voix forte. Golan est mon comptable et également un bon soigneur. Informa-t-il son interlocutrice.

Quelques secondes plus tard, l'elfe bien vêtu qui était présent dans la cabine tout à l'heure, pénétra dans l'arène et se dirigea d'un pas lent vers celui qui l'avait appelé. Zaïn n'eut pas à dire ce qu'il avait à faire, l'elfe aux longs cheveux noirs s'approcha respectueusement de la jeune femme et jeta un coup d'œil aux hématomes qu'elle venait de subir. Après avoir obtenu l'autorisation d'un regard, il approcha une main au dessus des flancs de Theldj, comme pour sonder l'ampleur des dégâts. Il fit la moue, impossible de déterminer si c'était grave ou pas, mais il le dirait lors de son diagnostique. En effet, Golan était pourvu du pouvoir de régénération des blessures, ainsi il fit disparaitre sans peine les petits hématomes, mais devrait surement se concentrer d'avantage afin de colmater les os brisés. Il en vint à observer la blessure à l'arrière du crâne de la jeune combattante et la surprise le traversa, lui qui était pourtant si silencieux et imperturbable.

- Surprenant. La peau du crâne a été déchirée à cause d'un impact, mais la blessure est déjà cautérisée, certe de manière bâclée, mais ne saigne pas. Il releva les yeux vers Zaïn. Peu importe d'où elle vient, c'est une petite aux grandes ressources que vous avez rencontré là, patron. Et il se remit à son ouvrage, cherchant à limiter la douleur de sa patiente qui avait finalement desserrée les poings.

- Dites-moi, mademoiselle Theldj, votre accent trahit vos origines républicaines, quel est votre maître ? Par là Zaïn demandait qui lui avait enseigné les arts du combat.

Elle avait définitivement piquée sa curiosité. Petit a : Elle était bien mystérieuse dans ses motivations et son identité. Petit b : Il ne l'avait pas vu combattre mais en avait vu les résultats. Petit c : Elle semblait encore avoir de l'énergie à revendre malgré le combat qu'elle venait de mener. Certes, il était fort malvenu de "frapper les filles" comme il le disait si bien, mais il était indubitable que ce n'était pas une fille ordinaire. Golan venait de terminer de regénérer les blessures superficielles et avait visiblement agit pour limiter les douleurs de la - ou les - côtes cassées. Il hocha la tête et se redressa de toute sa hauteur et s'écarta fort respectueusement.

Cette jeune femme lui rappelait étrangement sa sœur, Arkady, qui était également pleine de ressource et pouvait s'opposer à des hommes pesant le double de son poids. Mais qu'elle soit entrée comme cela pour se battre avec des esclaves pugilistes sans rien demander frôlait la folie, une folie qui ne prendrai pas la sœur de Zaïn. C'est pourquoi il aimerai bien connaître les motivation de la jeune femme. Il allait falloir qu'il l'invite à manger, car après un tel combat, il ne faisait aucun doute que son estomac ne manquerai pas de crier famine.

En plus c'était son genre de fille...

- Au centre de l'arène -

Le nom de Sayid Alma ne disait rien à Zaïn, pourtant il avait connu nombre de grands noms dans le milieu des arts martiaux du Royaume, Alma devait être un grand Maître de la République, expliquant pourquoi Zaïn ne le connaissait pas. Il décida alors qu'il passerait ses prochains jours à se documenter sur les Maîtres étrangers, provenant des nations voisines, cela promettrait d'être fort édifiant. D'autant plus que ce Maître devait avoir tout un art des éléments, quelle ne fut pas sa surprise lorsque Nehla fit apparaitre une douche portative comme s'il eu s'agit d'un peigne ou d'une gourde. Il ne pu s'empêcher de siffler d'admiration, cela expliquait pourquoi elle était venue à bout des deux pugilistes. Lorsqu'elle eue terminée, il détourna son regard de la bulle d'eau pour poser ses yeux sur le visage de son interlocutrice. Leurs quarante-deux centimètres de différence se faisaient ressentir, mais il aurait été mal venu et même condescendant qu'il se baisse ou mette un genoux à terre pour être à sa hauteur. Justement, cela aurait été galant face à une jeune femme régulière, mais face à une guerrière, se baisser ne figurait pas dans les convenances.

- Appelez moi Zaïn, tout court, ne vous embêtez pas avec les formules de politesse, je ne suis pas le roi. Pas encore, enfin je crois. Mais je vous en prie, posez moi la question de votre choix. Il sourit, portant machinalement une main à ce qui était l'équivalent des lobes d'oreilles chez lui.

Nehla ne manquait pas d'audace ! Zaïn comprenait parfaitement pourquoi Flash Gordon et Poings de Fer étaient tombés dans le piège. On pourrait de prime à bord penser qu'elle était fragile, mais on se rendait vite compte de la trempe dont elle était faite, du bois dont elle se chauffait. Et les deux combattants l'avaient appris à leurs dépens, Zaïn ne s'y risquerait pas à son tour. Surtout qu'il avait pour principe de ne pas manquer de respect et d'encore moins lever la main sur une femme. Elles en avaient déjà assez bavées dans l'Histoire de le gente féminine. Alors on n'allait pas se permettre à user de violence face à une femme alors qu'elles commencent à peine à entrevoir une possibilité d'égalité avec le sexe masculin. Et puis qui était-il pour oser se permettre de lui manquer de respect, lui qui n'était qu'un moins que rien d'hybride dans une société d'humains ? Tout comme elle, il avait gagné le respect grâce à ses poings. Tiens, elle le questionnait justement à ce propos.

- Alors je vous arrête tout de suite. Mon arène compte bien des femmes à l'occasion. En revanche elles sont relativement grandes et plutôt large on va dire. Contrairement à vous qui êtes fort jolie et bien plus soignée. Mais vous venez de prouver aujourd'hui que l'art du combat n'était pas une affaire de carrure, mais de technique. C'est précisément ce que je m'évertue d'enseigner, par exemple, Big Jaw, celui qui voulait vous écraser de sa tonne et demi à l'instant, pourrait facilement être vaincu par le - ou la - première venue. Il serra le poings pour imager son propos.

- Il faut définitivement que je vous présente à ma sœur, vous vous entendrez à merveille. Mais dites-moi, qu'est-ce qui vous amène à Ikusa ? Peut-être cherchez-vous à vous perfectionner ? Questionna-t-il avec déférence.

- Dans l'arène -

Il fallait bien que Zaïn teste les compétences en combat de ses esclaves lors de l'achat, afin de voir lesquels avaient un minimum d'expérience et lesquels avaient le plus de chance de s'en sortir. Le but n'étant pas d'accumuler les esclaves sans trop être regardant et en espérant qu'un ou deux se démarquent du lot. Zaïn ne prenait que les meilleurs.

- Fut un temps, les pugilistes revêtaient des cestes ornés de rivets de fer, mais ils ont été abandonnés car les combattants étaient souvent trop amochés pour pouvoir continuer à se battre, c'était pas beau à voir. J'ai combattu à cette époque là, vous pouvez voir que je m'en ai suis bien sorti ! Il tourna la tête de droite à gauche pour montrer qu'il n'avait aucune marque, à part cette cicatrice qui lui barrait le nez. Depuis que je suis passé à la direction, je ne participe plus à des combats d'arène, cependant bien sûr que je continue à exercer mon art. Faudrait pas voir à trop s'engraisser non plus ! Notamment pour les entraînements où, bien sûr, on se fixe des limites, je ne suis pas là pour abîmer mes pugilistes non plus. Ce serai contreproductif pour un entraîneur.

Zaïn se rendit compte qu'ils n'avaient pas bougés du centre de l'arène depuis le début de leur petite conversation, même les deux guerriers blessés étaient sortis de l'hémicycle, celui dans les pommes avait été traîné dehors afin d'être soigné à son tour. Ainsi le patron commença à se mettre en mouvement, afin de continuer cette entrevue dans le bureau, une pièce plus digne d'une vraie guerrière qui pourra récupérer plus tranquillement après son combat. En tout cas elle semblait avoir de l'énergie à revendre, à tel point que sa magie semblait être instinctive chez elle, qui plus est elle était très souriante finalement.

- Oh mais je vous en prie, venez vous battre tout votre soûl, une arène est faite pour ça après tout. Et si vous voulez vaincre Big Jaw, nous pourrions en discuter à l'occasion sans souci ! Un titre de champion n'a pas pour vocation d'être gardé trop longtemps. Il sourit, après tout Big Jaw était censé être démit de son titre de champion lors du prochain combat.

Ils pénétrèrent ensuite dans le bureau attenant à l'arène, il lui fit signe de s'installer, Nehla ne se faisant pas prier pour s'affaler dans le large fauteuil recouvert d'une fourrure de bison. De son côté, Zaïn ouvrit un des tiroir du large bureau et en tira une bouteille crénelée et deux verres, il la déboucha et versa dans les récipient un liquide orangé translucide.

- Sirop d'abricot, de toute évidence. Signifia-t-il ironiquement en tendant un verre à son invitée.

- Mais j'aimerai bien vous inviter à dîner si vous le voulez bien. Ajoutât-il avant d'en prendre lui même une gorgée.

C'était à cette demande là que l'estomac de Nehla pris les devant, se chargeant de répondre de lui-même par un borborygme. Zaïn sourit de plus belle, levant son verre, prenant cela comme un assentiment tacite. Il s'assit sur le rebord de son bureau, penchant son regard vers la jeune femme. Il allait surement l'amener au restaurant d'à côté qui n'était pas très fréquenté à cette heure-ci. Le gérant lui gardait toujours une table dans une alcôve tranquille, mais dans un instant, la laissant déguster sa boisson avant d'y aller.

- Vous résidez où à Ikusa le temps de votre séjour ? Un parent ? Un hôtel ? Questionna-t-il afin de déterminer s'il fallait lui ménager un logement.

- Au port -

Elle était tout de même curieuse, elle rirait beaucoup et souriait tout autant, comme si chaque parole de l'hybride était une private joke pour elle. Tant mieux ! Se réjouis Zaïn, discernant l'optique de pouvoir laisser un petit peu de son propre humour poindre enfin de ce discours formel qu'il lui tient depuis leurs rencontre. En effet, il faisait passer la galanterie avant la jovialité, mais dès lors qu'on commençait à connaitre le personnage, Zaïn devenait de plus en plus préposé aux badineries. Comme quoi cela valait la peine de passer un peu de temps avec lui, histoire de rigoler ne serait-ce qu'un peu. Il se rendit compte que Nehla était d'ailleurs une personne très cultivée, il y régit en ces termes :

- Oh tiens, je croyais justement que vous n'étiez qu'un tas de muscles dénué de toute capacité intellectuelle, vous me surprenez ! Il afficha un large sourire qui découvrit ses dents. Mais ne vous attardez pas sur ces vieux bouquins ennuyeux que je garde à l'arène, ils n'y sont que pour m'occuper dans les temps morts, pour tuer l'ennui. Les véritables œuvres littéraires que j'ai en ma possession sont bien mieux à leurs place à bord du Vanguard. Tenez, le voici justement ! Il pointa un doigt en direction du trois-mâts amarré.

- En faisant mes courses, j'ai trouvé cette image parfaite pour illustrer le Trois-mâts de Zaïn -

Ils étaient en effet arrivés dans le quartier du port où Zain connaissait chaque quai et chaque marchand, ayant l'habitude d'arpenter le port d'Ikusa. Les mouettes et goëlands battaient de concert avec les marins, le son des voiles et les chargements de marchandises. C'était un endroit qui vivait à tout instant par son ambiance, le petite brise transportant de fines gouttelettes dans l'air rafraichissait ceux qui s'approchaient du bord de l'eau et une légère houle de port faisait se balancer imperceptiblement les navires amarrés au nombreux pontons. Des marins marchaient en tout sens, transportant des cordages ou des caisses de produits marins, parlant fort de manière à se faire entendre. D'autres se chargeaient de l'entretien, clouant des planches, nettoyant les ponts ou reprisant les voiles. C'était ça le port d'Ikusa.

Et c'était dans ce milieu qu'ils arrivèrent sur le ponton permettant de grimper à bord du long navire blanc aux trois-mâts dont les voiles étaient toutes rentrées, se balançant doucement, presque immobile. Sur la proue était gravé en lettre d'or le nom du navire que venait d'énoncer son propriétaire. Zaïn grimpa le premier à l'aide d'une passerelle, suivit de près par son invitée. Il déplia un bras pour l'inviter à s'installer à la table ronde en fer forgé qui était dressée pour deux couverts, sur le pont.

- Vous êtes à présent à bord du navire le plus rapide du Royaume ! Un pur navire de vitesse, pas de canons, aucune marchandise, seulement l'ameublement nécessaire pour y vivre et les vivres pour y survivre. Il sourit, fier de sa tournure de phrase. Et vingt-sept voiles pour tirer les quelques dizaines de tonnes de bois, du pin jaune il n'y pas plus léger dans la marine, précisa-t-il, et quelques matelots les plus aguerris pour le manier, sans parler d'un capitaine aiguisé. Lui-même en était le capitaine, bien sûr. Enfin, ce prolégomène visait à vous ouvrir l'appétit pour le repas que je vais vous proposer à présent, afin de célébrer cette rencontre qui, je l'espère, sera prolifique. Il afficha de nouveau un large sourire en s'installant à la table, en face de Nehla.

Lorsqu'il le fallait, Zaïn pouvait déployer des talents rhétorique qui l'impressionnait lui-même. Il avait bien descellé les multiples qualités de son interlocutrice, il ne fallait surtout pas qu'il paraisse comme un pleutre face à elle. Sur la table en fer forgé, autour de laquelle ils avaient pris place, étaient posés deux assiettes en céramique blanche décorée de fines peintures sur le rebord représentant des mésange bleues. Les couverts qui les bordaient étaient en argent, après tout il recevait quelqu'un de respectable, alors il lui adressait toute la déférence qui lui était due. Enfin, un jeune femme portant un tablier blanc et une toque sortit des entrailles du navires, portant un plat entre ses mains, une coupole recouvrait et cachait ce qu'il contenait, mais l'odeur qui s'en échappait laissait y deviner du poisson fraichement cuisiné. Zaïn sourit de plus belle en désignant la jeune femme qui s'approchait avec le plat.

- Voici ma cuisinière ! C'est surement la plus talentueuse d'Ikusa, capable de vous cuisiner un poisson-loup en moins de temps qu'il n'en faut pour le pêcher. Non non, je ne la surestime pas, attendez de voir ce qu'elle nous a préparé. Et voyant la mine perplexe de son invitée, Zaïn précisa : Oh vous vous demandez comment ai-je fait pour faire dresser la table si vite pour nous deux ? Eh bien sachez qu'en me levant ce matin, je savais que je ferai une rencontre aujourd'hui, j'ai pris les devants comme vous pouvez le voir, le repas est prêt à peine arrivés. Il passa une serviette blanche dans son col afin de protéger son veston durant le repas qui s'annonçait.

La "cuisinière" déposa lestement le plat sur la table et fit demi-tour en incendiant du regard son patron. Ce dernier répondit par un sourire suffisant, mais n'y prêta plus attention, soulevant la coupole en argent afin de découvrir deux poisson finement assaisonnés sortant directement de la poile. Des quartiers de citrons ornaient les bords du plats et une salade de légumes était disposée entre les deux poissons. Zaïn s'empara de la palette et déposa l'un d'eux dans l'assiette de Nehla et y fit glisser un ou deux morceaux de citrons. Il se servit ensuite et commenta :

- Du saumon aux fines herbes, mon plat préféré. Il ne manque plus que le muscat qu'apporte justement ma cuisinière. cette dernière revenait justement avec une troisième assiette et une bouteille.

Mais au lieu de déposer simplement la bouteille et l'assiette, la "cuisinière" s'installa à une troisième chaise qu'elle rapprocha avec le pied et posa l'assiette qu'elle tenait devant Zaïn, s'emparant de celle qu'il avait devant lui - contenant son saumon - pour la déposer devant elle. Après avoir échangé les deux assiettes, elle débouchonna le muscat et s'en servit un verre, bien à l'aise. Face à l'incrédulité de Nehla, elle retira la toque de cuisinière pour découvrir deux grandes oreilles d'hybrides parfaitement identiques à celles de Zaïn, elle se tourna vers l'invitée et se présenta d'une voix parfaitement douce.

- Zaïn a surement voulu vous impressionner et a fait croire que j'étais sa cuisinière, ce qui est en partie le cas, il n'a donc pas mentit. Mais en oubliant de préciser que j'étais également sa sœur. Je me présente : Arkady Tevon-Duncan pour vous servir. Elle lui adressa un large sourire, lui tendant une main.

- Eh, tu as pris mon assiette, pourquoi j'ai les restes d'hier soir  et pas ce magnifique saumon ? Demanda Zaïn, constatant que sa nouvelle assiette ne contenait qu'un steak et quelques pommes de terres cuites.

- Parce que je n'ai pas prévu trois saumons, vu que tu ne m'a pas prévenu que tu avais une invitée. Mange ce que tu as, et moi je me régale avec le saumon que j'ai cuisiné. Elle se tourna vers Nehla. Mais je vous en prie, mangez donc, le plaisantin n'a que ce qu'il mérite. Et Arkady sourit de nouveau, commençant à découper son poisson.

- Sur le pont du Vanguard -

Il était très simple de se rapprocher assez d'Arkady pour pouvoir plaisanter avec elle, en effet c'était une personne qui adorait sourire et discuter. Et si elle était comme cela aujourd'hui, ce n'était pas pour les mêmes raisons que son frère qui était né le sourire aux lèvres. Arkady n'a pas toujours été aussi joviale, elle n'est ainsi que depuis qu'elle travaille aux côtés de Zaïn, car avant cela elle était bien sombre et n'avait pas tellement d'occasions de sourire par le passé. D'ailleurs son sombre passif peut toujours se ressentir au fond de son regard, comme une flamme noire qui habitait toujours la jeune femme, tentant de dissimuler cette souffrance passée par des sourire carabinés de flagorneries avec son frère. Mais l'histoire d'Arkady n'étant pas au sujet du jour, nous revenons à présent au repas.

- Appelez-moi donc Arkady. Signifia-t-elle d'un air complice à Nehla. J'ai aussi travaillée dans une auberge un temps, et je comprendrai que vous ne vouliez plus servir à présent. Ajouta-t-elle alors que Nehla lui confiait qu'elle avait également servie dans une auberge.

En face, Zaïn paru aux anges lorsque son invitée sacrifia la moitié de son plat en sa faveur, lui permettant d'avoir une tranche de saumon. Et sa joie était parfaitement à propos : L'odeur que dégageait le poisson cuit laissait deviner qu'il était tout simplement succulent, mariné dans du bouillon de légumes pimentés en wok puis ensuite Arkady l'avait fait revenir dans une poile avec de l'huile de tournesol et du thym et romarin. Elle avait ensuite ajoutée un filet de citron et ainsi servis le tout avec une salade et sa vinaigrette. On voyait là une preuve tangible qu'elle avait bien travaillée dans une auberge par le passé et en avait gardé quelques rudiments. Certes, on aurait pu croire de prime-abord - jugement purement physionomique - qu'Arkady était serveuse, mais elle était en cuisine. Heureusement car elle aurait fait une bien piètre serveuse, ces dernières étant souvent draguées de manière outrancière par certains clients, elle n'aurait pas tenue et aurait fracassée un client dès le premier jour. En étant en cuisine au moins elle avait pu développer son art culinaire tout en laissant les clients en sécurité. Revenons-en à notre histoire de saumon.

- Ce sont des gens comme vous qu'il faut pour redresser ce monde : des altruistes ! Avait complimenté Zaïn avec véhémence.

Il ne se fit pas prier et transféra le demi-poisson dans son assiette, écartant la viande et les pommes de terre. Il les mangerait après, gardant le moins bon pour la fin, comme le disait le proverbe... n'est-ce pas ? Il s'empara de ses couverts et découpa avec joie la chair tendre du saumon pour apporter un morceau à sa bouche, Arkady roula des yeux en contemplant la victoire partielle de son frère. Il avait eu de la chance d'avoir invité une altruiste, pensa-t-elle. Mais elle préféra porter son attention sur Nehla qui lui adressait encore un sourire complice, décidément son frère avait rapporté à bord une jeune femme bien souriante et fort sympathique, cependant Arkady tiqua sur le "patron" que Nehla avait affublé Zaïn. Ce dernier n'y avait réagit, tout content qu'il était.

- Ne me dites pas que allez combattre dans son arène ? Que vous a-t-il donc promis ? S'étonna-t-elle, craignant que Nehla avait été appâtée par l'argent.

- Alors je t'arrête tout de suite Kady, c'est Nehla qui est venue à moi, pas l'inverse. Elle a mis à terre Flash Gordon et Poings de Fer à elle toute seule, l'exploit étant tout de même remarquable, c'est pas par intérêt mais par respect que je l'ai invité à manger. Faut dire quand même que c'est pas tous les jours que des gaillards de cent kilos se font botter le derrière par une jeune femme de cinquante kilos. Il pris une gorgée de vin. La technique prime sur la carrure, et de la technique, Nehla en a, bien que je ne l'ai pas vue en action, un retard qu'il va falloir rattraper si tu le veux bien. Lui signifia-t-elle dans un sourire sincère.

- Oh ça des hommes à qui il faut botter le cul, c'est pas ce qu'il manque. Commenta Arkady en croisant les bras sur sa poitrine.

Elle y apposa un clin d'œil adressé à Nehla, elle qui semblait cumuler les clins d'œil.

- Au port d'Ikusa -

Ils étaient tout trois de bonne humeur, plaisantant et souriant, surtout Zaïn qui aimait beaucoup recevoir des gens à bord de son bateau. C'était comme une maison : Toute habitation s'égaillait par le nombre d'invités qu'elle contenait. A l'occasion les Tevon-Duncan tiraient des guirlandes entre les mats et faisaient installer un petit orchestre vers la proue et une foule d'invités venaient danser, boire, et discuter gaiement sur le pont du navire. Et ce, en moyenne deux fois par mois, la plupart du temps après un bon combat à l'arène, ou pour tout autre prétexte qui puisse justifier une fête : Anniversaire, mariage, et même séparation lorsque cela était opportun, et cetera. Mais Zaïn appréciait tout particulièrement les réceptions à petit comité, et avoir une invité pour dîner figurait dans cette catégorie de discussion joviale que l'hybride appréciait. Mais comme toute bonne chose avait une fin, Nehla fit mine de les quitter, ce qui étonna le patron qui pourtant n'aurait abandonné ce cadre presque idyllique pour rien au monde : douceur de mi-journée, ciel éclatant, légère brise, chants des mouettes, tout allait bien ici et cela laissait même entrevoir la possibilité d'une bonne sieste au soleil. Mais son invité se leva, les salua fort aimablement et ne se fit pas prier pour tourner les talons. Zaïn n'avait rien dit, tout étonné de ce départ, et ce n'était pas à Arkady d'aller rattraper Nehla. Ainsi il tourna son regard vers sa sœur qui lui fit les gros yeux, il pencha la tête sur le côté, elle leva le menton en direction de là où était partie Nehla. Zaïn compris, il se leva difficilement - il fallait dire que ces chaises étaient fort confortables - et fit un léger détour par les cuisines pour prendre un petit paquet, puis il descendit sur le ponton pour rejoindre la jeune femme sur les quais.

- Eh ! Je voulais vous demander si vous n'aviez rien de prévu pour le reste de la journée, et je me disais que si vous vous sentiez d'aplomb, après ce bon repas, vous pourriez me proposer une démonstration de vos talents au combat, et cette fois en direct. Il ajouta immédiatement : De plus vous êtes partie sans prendre votre dessert. Il sortit le paquet dans lequel résidait des choux à la crème. Il les lui tendit.

Si Zaïn pouvait parfois se montrer arrogant ou un peu trop confiant - il s'accordait à dire que c'étaient ses seuls défauts, et encore pas tellement - il était particulièrement attentif au bien être des gens qu'il rencontrait. Du moins au départ, il se montrait systématiquement jovial pour tester la résistance empathique de ses interlocuteurs. Et finalement il décidait s'il fallait continuer ainsi ou bien opter pour une diplomatie moins... rhétorique, pour une diplomatie plus "musclée". Ainsi, si Zaïn Tevon-Duncan continuait à se montrer aimable après un certain temps, cela signifiait que vous entriez dans sa catégorisation des "gentils". En effet, l'hybride était quelque peu manichéen sur les bords, estimant que ceux qui ne se manifestaient pas comme des amis étaient ses ennemis. A partir du moment où il l'a rattrapait pour lui donner ce dessert sucré, Nehla pouvait partir du principe qu'il ne lui serai fait aucun mal. Quoique...

A l'exception près qu'il lui demandait tout de même un combat, donc peut-être pas en fait.

- De retour à l'arène -

Ils avaient fait le trajet en silence, si Nehla en profita pour étudier les tactiques à adopter, Zaïn n'en au pas besoin. Ayant l'habitude depuis son plus jeune âge de mener des duels, il avait appris instinctivement à étudier les personnes qu'il rencontrait. C'était devenu un automatisme chez lui que d'envisager le combat avec chacune de ses nouvelles rencontres, et cela s'avérait parfois utile, comme dans ce cas là où il savait d'avance comment il allait battre la jeune femme.

Étonnant n'est-ce pas ? La surprise doit surement vous prendre en lisant ces paroles. Mais si Zaïn semblait avenant, il était surtout prévoyant. Or, Nehla lui avait déjà dévoilée sa carte maitresse : sa maitrise de l'élément aquatique. L'hybride avait immédiatement envisagé que les flammes étaient le moyen le plus efficace pour lutter contre ce pouvoir. Inutile d'être un expert en arcanes pour savoir que le feu était le meilleur moyen de battre un ennemi dont la principale force était l'eau. Et par le feu cela impliquait les très fortes chaleurs, pas de simples petites flammèches qui s'éteindraient dans un petit crépitement. Le vrai Feu.

Par là, Zaïn ne maitrisait pas l'élément du feu, il n'avait d'ailleurs aucun pouvoir magique, mais il possédait un tout autre type de feu, moins tangible, le Feu avec une majuscule. Celui qui brûlait en lui. Et si Nehla parvenait à l'immobiliser avec ses serpents aquatiques, si elle l'enfermait dans une bulle, si elle se protégeait avec une barrière d'eau, Zaïn n'aurai qu'à déployer une force brute, écrasante, violente, inéluctable... face à elle. Il briserai ses barrières, traverserait son eau. Zaïn pouvait tout simplement faire abattre un pan entier du bâtiment sur son adversaire, si seulement ce duel était sérieux. Mais c'était un entrainement, donc il se contenterai d'user de ses simples poings pour vaincre son adversaire. Après tout il était là pour juger des capacités de sa nouvelle amie, il n'était pas là pour l'écraser, tout au contraire même.

Dès son entrée dans l'arène, le silence se fit, des regards incrédules se posèrent sur le duo. Pendant que la jeune femme se préparait de son côté, Zaïn s'avança vers un homme de grande taille, de peau noir, portant un chapeau aux larges bords, l'homme posa ses grands yeux ronds, comme ceux d'un poisson, sur le patron.

- Qu'est-ce que cela signifie patron ? Demanda le grand noir, les bras croisés, appuyé contre l'un des murs de l'arène.

- Passe-moi ces bandages Léon. Ordonna Zaïn, désignant les rouleaux posés sur le banc.

Léon s'exécuta, l'hybride commença en enrouler les bandages autour de ses mains, faisant un rembourrage qui limiterai les dégâts pour le combat à venir.

- Vous allez vous battre ? S'étonna le sbire.

- Un entrainement. Signifia Zaïn, finissant ses protections.

- Contre cette gringalet ? L'étonnement de Léon s'accru.

- Assieds-toi, tu pourrai être étonné. Répliqua le patron, il fut obéit.

Sur ces mots, Zaïn revint vers le centre de l'arène, Nehla semblait prête et le questionna sur les règles.

- On évite de viser le visage. A partir de là, cela me semble bien. En combat, il ne souriait pas. Cela exposait trop ses dents.

Sur ces mots, Zaïn se mit en position de combat, faisant glisser son pied droit un peu en arrière, le faisant pivoter à 90° du pied gauche, bien campés dans le sol. Il rentra le menton, ne quittant pas une seule milliseconde son adversaire des yeux, prêt aux lancement du duel. Il ramena ses poings devant lui, les bras bien rigides, les poings recouverts de tissus fermés et bien serrés. Il congestionna son buste et renforça ses abdominaux, avançant ses épaules, serrant les mâchoires, se penchant imperceptiblement en avant tout en se concentrant sur son centre de gravité. Zaïn était à présent bâtit comme l'une de ces statues antiques que l'on trouvait dans les glyptotèques

Il attendait à présent que Nehla fasse le premier mouvement, ce mouvement déterminerai d'emblée l'issue du duel. Tous retenaient leur souffle. Une mouche vola.

- Au centre de l'arène -

Battle OST I

Nehla recula, esquiva prestement un coup qui l'aurait envoyé valser dans les airs, prouvant à Zaïn que si elle savait frapper fort, elle savait aussi esquiver. Les deux adversaires étaient de force équivalente, quoique Nehla était plus petite et moins lourde, frappant ainsi moins puissamment, mais avait également de la magie à sa disposition que Zaïn n'avait pas. Il profita de l'interlude instaurée par cette prise de distance pour poser un genoux à terre, saisissant une poignée de sable, il se frotta alors les mains, et lorsque tous les grains furent écoulés au sol, ses lèvres esquissèrent subrepticement un bref sourire alors qu'il se relevait face à son adversaire.

Plus loin derrière Nehla, une partie du mur de l'arène était fissurée, on pouvait voir du premier coup d'œil que c'était un impact qui avait crée ces dommages à la paroi. Zaïn n'avait jamais voulu reboucher cette fissure pour la garder en souvenir, car c'était bien lui qui l'avait crée deux ans plus tôt lors du Holmgang qui l'avait opposé à l'ancien propriétaire de l'arène. Zaïn avait provoqué en duel son ancien patron, un duel qu'il ne pu refuser, un combat bien évidemment remporté par l'hybride. Et Nehla se tenait à présent à l'emplacement même où se tenait l'ancien patron, juste avant qu'il soit violemment projeté en arrière d'un direct dans l'estomac qui réduisit en bouillie son estomac. L'adversaire de Zaïn était mort bien avant l'instant où son corps alla s'écraser contre le mur, achevant de réduire en miette son squelette.

Mais Zaïn se trouvait cette fois-ci face à une adversaire bien plus coriace. Il fit un pas de côté, faisant glisser son pied gauche dans le sable. Nehla l'imita alors, faisant un pas dans le sens opposé. Il en fit un second, les poings levés. Son adversaire en fit un second, en position offensive.

En deux pas Zaïn fut à un mètre de Nehla, il feinta prestement un crochet du droit, mais lança du même temps son pied gauche dans un balayement visant ses côtes, son pied atteint sa cible et Nehla glisse sur le sable de quelques centimètres, serrant les dents, puis sourit. Elle lui agrippa le pied, le coinçant sous son aisselle, elle profita alors que son adversaire soit déstabilisé pour le faire chuter au sol. L'hybride se retrouva le dos contre le sable, réagissant à temps pour esquiver d'une roulade le talon de Nehla qui se planta alors dans le sol, soulevant de la poussière.

Dans sa roulade Zaïn se releva, campant de nouveau ses pieds dans le sol. Nehla se repositionna sur la défensive. Elle était forte mais en plus maligne, elle avait tout de suite compris qu'attaquer Zaïn allait à son désavantage, elle attendait alors que l'hybride lance les assauts afin de contrôler les échanges de coups. Il s'en était rendu compte et lui accorda le crédit de cette tactique. Il rentra le menton.

Il lança alors un poing fulgurant en direction de son adversaire, elle bloqua le coup.
II enchaina d'un direct du droit, elle esquiva en se baissant.
Il balaya l'air devant lui, elle para l'attaque.

Ces trois assauts avaient été réalisés en moins d'une seconde et demi et pourtant Nehla s'en sortait sans trop de dommages. Il savait qu'à courte distance il avait l'avantage et pendant que Nehla se concentrait sur les attaques hautes que lui assénait Zaïn, il releva violemment le genoux droit dans l'estomac de la jeune femme. L'impact allait surement lui faire cracher du sang si elle ne réagissait pas à temps.

- Au centre de l'arène -

Battle OST II

Nehla avait raison : ils étaient de force physique comparable, et même si la magie donnait un certain avantage à la jeune femme, Zaïn avait l'expérience du combat à ses côtés. Ils auraient pu en effet arrêter là, il aurait suffit à Zaïn d'applaudir et tous les spectateurs auraient fait de même. Mais si Nehla avait raison, Zaïn savait qu'il n'avait pas encore tout donné, et Nehla n'avait pas encore tout donné. Jusqu'à maintenant ils n'avaient fait que se jauger. Le vrai combat débutait dès à présent.

L'hybride ne répondit pas et se laissa basculer en arrière, Nehla se pencha sur lui, et leva un poing, prête à fondre sur lui. Zaïn fut réactif et passa ses bras autour de la taille de la jeune femme et dans un mouvement de pivot il se retrouva dans son dos, la ceinturant fermement. Zaïn se redressa alors vivement, emportant Nehla avec lui, la faisant passer par dessus lui de manière à ce qu'elle aille s'écraser la tête la première dans le sable.

Mais la jeune femme fut tout aussi réactive et elle plaça les mains au dessus de sa tête pour éviter qu'elle s'écrase au sol, ce qui aurait pu considérablement la sonner. Elle plia alors les bras sous l'impact et en profita pour s'extraire de l'étreinte de son adversaire. Zaïn se releva d'un bond mais la jeune femme lui sauta alors sur le dos, passant alors son bras autour de son cou, commençant à serrer. L'hybride recula vivement pour atteindre le mur, écrasant Nehla contre la paroi, mais elle ne lâcha pas prise et serra plus fort, utilisant sa magie pour lancer des décharges successives, ce qui ne fit qu'énerver encore plus le patron.

Il donna alors un coup de coude dans le flanc gauche de la jeune femme qui desserra alors sa prise, Zaïn en profita pour lui saisir le bras et dans une pirouette fit faire un demi-tour à son adversaire pour la plaquer face contre le mur, lui faisant une clé de bras. La jeune femme protesta d'un borborygme incompréhensible et plaqua ses deux pieds contre le mur de l'arène pour se projeter en arrière, Zaïn tomba à la renverse et Nehla chuta un peu plus loin.

Ils se relevèrent tout deux et se firent face de nouveau, Zaïn adopta alors une position martiale plus avancée, jusqu'alors il s'était tenu tel un roc, campant bien le sol de ses pieds, rentrant le menton, un peu vouté et les poings levé de manière offensive. Mais à présent, il avait les bras le long du corps, les avant-bras contractés et les poings desserrés, il se plaça de biais par rapport à Nehla et il sautillait de petit bonds énergique dans le sable, il était mille fois plus volubile qu'avant, respirant d'une énergie qui ne demandait qu'à éclater.

- Qu-est-ce qu'il se passe ? Demanda alors à demi-mot un des gladiateurs.

- Il change de tactique. Lui répondit Léon, le grand noir aux bras croisés.

- Oui, je vois bien, mais pourquoi maintenant ? Questionna doucement l'esclave.

- Le patron a bien vu qu'il était façe à une adversaire plus agile que lui, plus légère. Il a tout de suite compris que s'il restait tel un rocher, le combat n'évoluerai pas, il passe donc dans une posture plus offensive, plus rapide. Expliqua Léon en chuchotant.

- Combien de positions martiales maitrise-t-il donc ? S'étonna le combattant assis sur un gradin.

- Un sacré paquet... boxe maelienne, lutte nordique, pugilat taiseniens, boxe républicaine, et quelques autres arts martiaux que je ne l'ai pas encore vu utiliser mais qu'il connait bien. Récita Léon en agrandissant ses yeux globuleux.

- Et c'est quelle technique ça ? Demanda l'esclave.

- Juste avant il utilisait des principes de la lutte nordique, quand il l'a plaqué contre le mur par exemple. Là c'est du Tao. Commenta Léon en rabaissant le rebord de son chapeau sur le côté.

Soudain, Zaïn passa à l'attaque lançant son pied en direction du visage de Nehla trois fois consécutives, la forçant à reculer. Il établissait une certaine distance entre eux, le principe fondamental du Tao : La distance entre les duellistes. Soudain il changea de pied et attaqua par le bas, cognant violemment de son pied gauche le tibia de son adversaire qui chuta au sol.

S'arrêtant un instant, il regarda Nehla en plongée et leva un doigt.

Il vit sur son visage qu'il était parvenu à l'énerver, étant ce qu'il recherchait à faire par là. Dans presque tous les cas, un adversaire énervé est un adversaire vaincu d'avance, enchainant les erreurs, en proie à la colère. Mais si cela fonctionnait dans les duels entre guerriers, Zaïn avait oublié qu'une mage était plus imprévisible...

- Au centre de l'arène -

Tout se passait bien pour Zaïn jusqu'au moment où Nehla transforma l'arène en piscine municipale. Les bulles d'eaux et les vagues fusaient de toutes part, forçant les quelques spectateurs à sauter sur des gradins plus élevés. Au centre du cercle, l'hybride commençait à se dire que, peut-être, il commençait à être dans la mouïse. Et son appréhension se confirma dès lors qu'il fut enfermé dans les fluides venant l'enserrer de toute part, et bien qu'il ai un sacré souffle, lui permettant de rester en apnée un moment, ses poumons finirent par lâcher l'affaire, au grand damne de Zaïn qui chuta dans l'inconscience.

Notre personnage principal étant K.O à partir de là, notre récit s'axe à présent autour de Léon - le grand noir au large chapeau - dès lors qu'il remarqua que son patron était en train de se noyer, il tira sa rapière de son fourreau dans un tintement qui effraya les esclaves alentours, conscients que si Léon Bonard venait à dégainer son épée, c'était que quelqu'un allait mourir. Le chasseur de prime, étant entré au service de Zaïn Tevon-Duncan l'an passé, était l'un des plus grands escrimeurs du Reike, tout comme son patron, il n'a jamais connu la défaite, et lorsqu'il sortait sa rapière de son fourreau c'était pour frapper avec.

Il sauta alors avec agilité dans l'arène et tenta de se frayer un chemin à travers les vagues, mais fut projeté en arrière, ne pouvant venir en aide au patron. Léon opta donc pour l'option de vaincre le mal à sa source, avec un tic nerveux il essaya de se rapprocher de Nehla, mais sans succès là aussi. Le tueur à gage fut repoussé en arrière lorsque la bulle d'eau éclata, mais il se releva bien vite et en deux prestes enjambées il était à portée de frapper la mage dans la nuque, pouvant lui sectionner la tête d'un balayement. Mais il n'en fit rien, voyant Nehla commencer à faire son possible pour sauver son adversaire, comprenant alors la méprise qui avait manqué de tuer Nehla, il s'écarta alors, rangeant son épée. Toutes les autres personnes en présence purent relâcher leur souffle qu'ils retenaient jusqu'alors, lorsque le patron ouvrit un œil.

- Alors c'est ça la défaite ? J'suis pas fan... Plaisanta t-il en toussotant.

On reprend à partir de là la narration du point de vue de Zaïn. Posant une main sur l'épaule de Nehla, il se releva doucement, au cas où il ai quelque chose de cassé, mais visiblement son renforcement avait limité la casse, il n'avait rien mis à part un légère difficulté à retrouver un souffle normal. Il releva alors les yeux, voyant une foule de mines incrédules et inquiètes devant lui, en commençant par Nehla dont toute trace de colère avait disparue de son visage. L'hybride s'essora tranquillement les oreilles comme s'il s'agissaient de serviettes mouillées, écoulant quelques gouttelettes sur le sol. Zaïn sourit de plus belle, découvrant ses dents blanches.

- Morale de l'histoire les enfants : Ne jamais mettre en rogne une mage. Des rires se firent entendre.

- Elle ne m'a pas laissé de rouge à lèvre j'espère ? Demanda t-il alors à Léon, lui montrant sa bouche. Par son détachement il cherchait à taquiner Nehla, alors même qu'elle avait faillit le tuer.

Léon fit non de la tête.

- Merci pour ce combat, et merci de m'avoir épargné. Il adressa à Nehla une respectueuse révérence.

Zaïn faisait ici preuve d'humilité, un aspect de sa personnalité qu'il n'avait presque jamais démontré de son existence.

- Ikusa, Arène de combat -

Lorsque Nehla s'évanouit, Zaïn s'empressa de la soutenir, mettant genoux à terre. Immédiatement, il se releva, la tenant entre ses mains. Il semblerai en effet qu'ils avaient tout deux subits durant ce duel et qu'ils avaient bien besoin de repos, et elle de soins. Il fif appeler Golan et décida d'amener Nehla dans un endroit où elle pourrai récupérer tranquillement. Avant de quitter le centre de l'arène, il déclara à son public, et plus particulièrement à l'orc, Big Jaw, qui l'observait :

- Voilà pourquoi faut pas taper les filles ! Allez, retournez au travail, et que ça saute ! Et il grimpa les marches.

Quelques instants plus tard Zaïn avait allongée la jeune femme sur un canapé et s'était quand à lui assis au bureau en attendant Golan. L'elfe pénétra dans la pièce sans toquer, et d'un regard il compris pourquoi on l'avait fait venir. Immédiatement, il s'affaira auprès de la blessée, constatant les blessures infligées avec une moue dépitée, il tourna son visage anguleux en direction du patron

- Pourquoi ? Demanda-t-il d'un ton glacial.

- C'est elle qui a commencée ! Se défendit Zaïn, tentant la voie de la plaisanterie.

- Elle avait déjà les côtes fragilisées, maintenant tout est à refaire. Constata Golan.

- Ce sont les risques de la vocation, ce sont les blessures qui endurcissent les combattants. Expliqua le patron.

- Cela risque de me prendre un certain temps. Ajouta l'elfe.

- Manifestement. Conclu l'hybride.

Avant de quitter la pièce, il déposa la boite de choux à la crème et un verre de jus d'abricot sur la petite table à côté du canapé, en espérant que ces "médicaments" apaiseraient Nehla après son réveil. Il espérait également qu'ils ne seraient pas en froid après ça, surtout que Zaïn n'avait pas franchement envie d'être l'ennemi de la mage.

Il se rendit dans la pièce adjacente, le bureau où ils avaient discuté ce matin, et se servit un verre de cognac et s'installa alors dans un fauteuil avec un livre sur les genoux : L'Aube Radieuse écris et publié par la républicaine Lavender Banks, roman qu'il avait acheté en lot à Taisen il y a quelques années et qu'il n'avait pas encore ouvert. Mais quand il pensait que c'était un roman d'aventure, il s'avéré que l'ouvrage de Banks tenait plus du manifeste sociologique plutôt que d'un roman. Ce qui ne l'empêcha pas d'en lire la moitié pendant que Nehla se reposait et était soignée.

« ... et si Brenha ne considérait pas les nains comme ses égaux, elle savait apprécier leurs présence, aussi rustres soient-ils. En revanche, même si son mari et seigneur, Carambo, s'accordait sur maints sujets avec elle, il avait en horreur ces petits êtres barbus et mal vêtus. Carambo avait participé à une de ces rixes d'antan qui avaient été perpétrées contre le peuple nain vivant au sud de Liberty. Et depuis, il était parvenu à dissimuler avec habileté son implication dans la discrimination violente des nains de Liberty, sauf à Brenha, qui avait toujours connu les penchant atrabilaires de son mari. Le concours des circonstances incita donc Brenha à agir comme elle n'aurait jamais pensée pouvoir agir un jour, c'est ainsi qu'elle... »

- L'aube Radieuse, Lavender Banks.

Zaïn se coupa alors dans sa lecture lorsque Nehla Theldj pénétra dans la petite bibliothèque, il posa son livre après avoir mémorisé la page et se leva respectueusement. Il fut ravis de constater que la jeune femme marchait déjà et il afficha un très large sourire, la voyant avec le verre de jus d'abricot à la main.

- Sans rancunes ? Demanda-t-il à tout hasard.

- Ikusa, Arène de combat -

Zaïn se leva tel un ressort dès lors que Nehla lui indiqua qu'il n'y avait aucune rancune des suites de leur duel, un sourire se dessina alors sur le visage de l'hybride. Le patron constata alors l'œuvre de l'elfe qui avait soigné la jeune femme, le talent de Golan n'était plus à prouver et cela se voyait par le simple fait que Nehla était en capacité de marcher normalement. C'était incroyable ce qu'était capable de faire la magie de soin, et Zaïn se dit alors, encore une fois, qu'il avait bien fait d'embaucher l'elfe, si peu bavard soit-il, il était d'une efficacité sans pareille. Quant au patron, il avait aussi été quelque peu amoché, rien de cassé, mais dans le sens où il avait eu du mal à retrouver un souffle normal après le combat et était encore endolorit par endroit.

- Quelle bonté d'âme ! Complimenta-t-il tout en prenant un choux à la crème. Je ne me bats pas assez souvent, comme tu as pu le voir j'étais un peu rouillé sur la technique, quant à toi, tu fut tout bonnement impressionnante. Je pense que tu as méritée mon manteau. Il leva un pouce en l'air à son attention.

Il fit quelques pas vers la porte mais ne l'ouvrit pas, prenant le manteau de fourrure qui était accroché au porte-manteau adjacent. Le manteau long était d'un blanc immaculé aux coutures dorées, une fine fourrure recouvrait les épaules. Il tendit la cape à Nehla qui la passa, ils se rendit alors compte que l'écart de taille entre eux faisait passer la jeune femme pour une moine, le manteau qui normalement allait jusqu'aux genoux de Zaïn descendait jusqu'aux pieds de Nehla. Au moins si le but était de cacher son corps meurtris, ce manteau était parfait. Ceci-dit, l'hybride constata également que ce n'était pas la tenue la plus discrète d'Ikusa, au contraire même. Mais qui oserai donc s'en prendre à une mage aussi coriace qu'elle ?

Le manteau en question :

Zaïn se dit alors qu'il était peut-être temps de libérer Nehla, se rendant compte qu'il l'avait accaparé une bonne partie de la journée et il aurait été abusif de lui subtiliser sa soirée, qui plus est elle ne devait demander qu'à se reposer, selon la prescription de Golan. Et Zaïn se dit alors que lui non plus il n'allait pas faire long feu ce soir. Normalement il aurait dû rendre visite à Rettesech Vir Ginne dans la soirée, selon son agenda, mais le grippe-sou allait attendre, Zaïn pouvait bien repousser sa visite au lendemain. Le patron ouvrit donc la porte et invita Nehla à descendre vers la sortie, tout en l'accompagnant, ils parlèrent.

- Depuis toujours je suis persuadé que seule la force brute suffit à défaire un adversaire, tout du moins dans une arène. Mais aujourd'hui tu m'as enseigné que la magie pouvait être bien plus efficace, quoique plus imprévisible. Il lui adressa un sourire. Je me rends compte que mon arène pourrai se démarquer des autres en proposant des combats de mages et non de pugilistes... C'est une pensée à approfondir, bien sûr il faudrait rendre cela impressionnant en demandant aux mages de ne pas expédier le duel trop promptement, de fignoler les effets... Bref, un véritable spectacle ! Cela changerai un peu des combats de pugilistes, qu'en pense-tu ? Lui demanda-t-il, après tout c'était elle l'experte.

En effet, si l'arène de Zaïn subsistait encore s'était grâce à sa réputation et uniquement grâce à cela. Car la grande arène d'Ikusa, qui fut endommagé, va bientôt rouvrir ses portes, et dès lors seuls les plus fidèles habitués continueraient de se rendre à la plus modeste arène de Zaïn. Alors, il serait forcé de frayer de nouveau avec la mafia d'Ikusa tout en truquant ses combats, ce qu'il ne voulait pas faire. Ainsi, si Zaïn voulait rester un leader en matière d'arène de combat, il devait proposer quelque chose d'inédit.

Ceci-dit, il était aisé de trouver des esclaves suffisamment habiles de leurs mains pour se battre dans le sable de l'arène, mais disait-on que les mages étaient plus fiers, avec un hubris plus élevé que le commun des mortels. Si Zaïn voulait en convaincre pour qu'ils viennent se battre à l'aide d'artifices magiques au sein de son arène, il allait devoir allonger la monnaie. A moins qu'il ne creuse d'avantage la question et qu'il trouve une parade pour rester à flot lorsque la concurrence ressurgirai.