Je me sens... Vraiment, mais alors vraiment pas à ma place. Dans quoi je me suis embarqué ? Déjà pour commencer qu'est-ce que c'était que cette proposition sorti du futur et d'un imaginaire bien trop improbable pour qu'il arrive. D'abord une fée se pointe quand j'en éprouvais le besoin (quand je dis besoin, genre... Fin vous voyez ce que je veux dire non ?) et d'un coup d'un seul j'embarque quasiment le même jour (ou le lendemain je ne sais plus) à bord d'un bâteau sur lequel je connais absolument personne et personne ne me connait. Et je vais devoir vivre avec ça pendant combien de temps ? Mais pourquoi j'ai dis oui en fait ? Je me suis montré tellement confiant et sur de moi quand j'en ai parlé à mes parents et que Lysandre leur en a parlé également. Je... Je sais toujours pas qui c'est d'ailleurs à part une fée couleur émeraude qui porte ce prénom.

En fait oui c'est ça, plus les jours et les semaines passaient plus je me demandais ce que je foutais là. Je commençais à ressentir du regret d'être parti. Les deux adultes ? C'est à peine dire si je reconnaitrai leur voix tellement je les attends jamais m'adresser la parole. J'ai essayé avec "Lysandre"... J'ai la fâcheuse tendance à apparaître de manière instantanée. Soi je vais trop vite soi je fais trop peu de bruit j'en sais rien mais à chaque fois que je tentais de l'approcher c'était un kangourou qui se déclenchait au premier mouvement ou son... Purée elle m'avait fait peur à avoir peur comme ça, et puis pas qu'une fois ! J'avais peut-être de mauvaises habitudes à perdre ?

Au moins j'essayais d'engager la parole à plusieures reprises peu importe les membres du groupe. Pour ce qui est du grand monsieur... Je sais pas pourquoi ça me fait rire d'y penser comme ça mais il est aussi bavard qu'une tombe et tout aussi froid... L'ange semblait être plus ouverte mais tout aussi désintéressé par mon cas que l'était monsieur. Onight et Sybil ? Et je remarque ça mais Lysandre leur ressemble absolument pas... C'est surtout pas de la même espèce pourquoi je tilt que maintenant AAAAAAAH !
Il restait donc Lysandre que j'essayais d'apréhender avec plus ou moins de succès également. Pas facile de trouver des sujets en commun ou intéressants quand l'autre était littéralement un parfait inconnu n'est-ce pas ? Au moins contrairement à ses "parents" il y avait bien plus d'effort de sa part pour essayer de me parler que l'inverse. Remarque je me poserai des questions si elle m'avait abordé comme ça pour qu'au final il n'y ai aucun dialogue une fois monté à bord. C'était le moment idéal pour poser les questions les plus importantes. "MAIS POURQUOI MOI" était la première question que j'avais pu lui poser quand on avait pu se poser quelques minutes. La grande et unique question qui retentissait dans mon cerveau de Drakyn à cet instant. Et puis aussi est-ce que je vais pouvoir aider ? Parce que bon ça fait genre une bouche de plus à nourrir et en plus je mangeais pas mal... J'étais un ventre sur pattes me disais mes potes sur l'île, en plus d'être un éclair ambulant, toujours un peu foufou, à courir et tout. J'espère que ça gênais pas trop pour le quotidien.

Tiens parlant du quotidien, pourquoi j'ai l'impression de tout me coltiner ? Pourquoi c'est limite si je sers de porte-bagage. Je suis pas un toutou non plus !

Non mais qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Lysandre ne se comprenait absolument pas sur ce coup là, ni ce qu'elle avait put ressentir, ni les actions qui en avaient découlé. Elle avait simplement posé les yeux sur lui, en traversant une ville quelque conque sur Kaizoku, et là...la fae était incapable de dire ce qui lui avait pris. Même les années ne lui permettraient pas de le savoir avec certitude, malgré que la demoiselle n'en savait rien sur le moment alors. Le drakyn qui avait capté son attention était en train de s'entrainer torse nu. Elle s'était arrêtée en pleine rue en le découvrant.

Elle qui n'approchait jamais les gens avait laissé ses pas l'approcher du jeune homme qu'elle avait observé. Qu'avait-il donc pensé d'elle alors qu'elle lui proposait de but en blanc de rejoindre leur groupe de mercenaire ? De voyager au travers le monde entier et de découvrir celui-ci ? La fae savait que ses parents grogneraient, ne serait-ce que pour la forme avec son père adoptif mais elle n'en avait cure. Cela ne la dérangeait pas de couper ses propres gains en deux pour qu'il les accompagne. Et les parents du drakyn...Elle avait dut les rassurer et leur parler un peu de sa propre vie avec ses parents. Ils avaient finalement choisi de ne pas contester plus avant le choix de celui-ci...Mais pourquoi avait-il d'ailleurs accepté ?

Le temps avait commencé à défiler tranquillement. Loin de garder l'élan qui l'avait poussé à demander à Rustaar - puisque c'était son nom - Lysandre s'était un peu plus retranchée sur elle-même. Elle voyait bien que ses parents avaient du mal à accepter le nouveau venu. Non pas du mal en fait. Ils ne s'en préoccupaient pas en réalité. Ils étaient grés de sa présence quand il fallait aider à quelque chose mais sinon...ils étaient dans leur propre monde. Tout simplement. Cela lui rappelait un peu ses premiers temps - douloureux - parmi eux. La fae ne savait pas si cela changerait avec les semaines voir les mois. Elle ne voulait par contre pas imposer cela au drakyn surtout qu'elle était la cause de sa venue.

Lysandre prit donc son parti de parler régulièrement au jeune homme. Lui aussi avait essayé et elle avait vu les résultats avec ses parents. Elle ne savait pas trop quoi lui dire, tout comme lui quand il tentait d'engager la conversation. La fae espérait qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur. Cela faisait des dizaines d'années qu'elle n'avait eut personne d'autre que sa famille avec qui parler régulièrement. Elle en avait perdu l'habitude. Alors, elle essayait un peu tout et n'importe quoi. Elle devait bien avoir l'air ridicule...!

Et pourtant, Rustaar revenait vers elle et ne partait pas en courant. Lysandre avait choisi l’honnêteté quand il lui avait posé la question qu'elle redoutait. Elle ne savait pas pourquoi lui. Elle l'avait simplement vu et avait sut. Sut quoi ? Elle n'en savait rien. En dehors du fait qu'il devait l'acc...Enfin, les accompagner. Elle avait essayé de le rassurer en lui démontrant que ses parents ne mangeaient pas et qu'elle avait les moyens d'assurer qu'il ne ressente pas la faim...La fae savait ce que c'était que de sentir la faim tirailler ses entrailles pendant des jours et des jours, au point que même l'eau ne suffisait plus à faire mentir son estomac. Elle ne souhaitait à personne d'avoir à vivre cela. Pour ce qui est du reste...Elle avait simplement conseiller à son nouveau camarade de se laisser du temps parmi eux pour appréhender sa nouvelle vie et voir s'il appréciait celle-ci. Ce n'était certes pas la plus tranquille mais elle promettait d'avoir son lot d'engouement contrairement à une vie rangée et bien routinière.

Rapidement, Lysandre constata un problème cependant. Sa jeunesse parmi eux avait fait en sorte qu'elle s'habitue à Sybil et Onight. Les deux savaient qu'ils devaient l'approcher avec douceur. Mais Rustaar...Elle se faisait l'impression d'être une biche effrayée un peu trop souvent. La première fois qu'il l'avait réveillé...Elle en frissonnait encore malgré les semaines rien qu'à y repenser. Cela avait fait remonté un lot de mauvais souvenirs en elle et la fae avait hurlé de terreur. Avant de devoir calmer sa mère adoptive qui pensait que le drakyn l'avait blessé. Cet épisode là n'avait été facile pour personne...Tout comme les situations similaires ne semblaient agréables ni pour Rustaar ni pour elle-même. Il était si rapide qu'il la surprenait facilement et alors elle bondissait comme si ses bourreux venaient de poser leurs fétides empreintes sur son épaule. Si Onight et Sybill finirent par s’habituer à l'entendre pousser de petits cris soudainement effrayés ou affolés, Lysandre se demandait si son cœur le supporterait...

Elle voyait bien cependant que cela n'était pas agréable pour Rustaar. Il devait la prendre pour une folle à agir ainsi...Si elle lui avait tout de suite indiqué aussi clairement qu'elle le pouvait que ce n'était pas contre lui, la fae avait du mal à se livrer sur les raisons de son problème. Raison qu'elle connaissait très bien. Elle avait toujours été lucide à ce sujet depuis qu'elle avait compris. Elle n'osait cependant pas encore offrir les clefs de sa peur au drakyn. Non, elle s'habituait encore seulement à lui et si elle tentait régulièrement de lui assurer que ce n'était pas sa faute, la fae espérait que cela suffirait pour le moment au jeune homme. Et qu'il ne regrettait pas d'avoir choisi le monde à visiter.

Pas simple... Pas simple. Pourquoi ? Je ne sais pas, au fond tout semblait si logique et sans prise de tête ici. Je veux dire oui y'a les quelques corvées habituelles, oui je parle qu'à Lysandre ou presque... Mais c'était pas si mal en fait contrairement à ce que je pensais au début. Bon je suis toujours l'esclave de service ça n'a pas changé à ce niveau là. Mais je sais pas, je m'y fait quoi. Disons que la différence de communication entre tout ce petit monde (je parle de moi envers chaque membre du groupe) faisait que j'avais vraiment l'impression d'être la chose de Lysandre. Encore une fois rien de mal là-dedans c'est juste que c'est elle qui m'a embarquée ici et j'ai l'impression que c'est à elle de s'occuper de moi au final. Les parents ne mangent pas et au bout du compte les repas sont pour deux. Je m'affairai à lui faire à manger il était hors de question qu'on se contente de manger des truc cru comme ça pour se remplir l'estomac, nononon. C'était souvent des repas de fortune d'une certaine manière. Fin c'est vrai en général dans les temps du midi il fallait bien manger un truc pour continuer la route. Parce qu'on marchait siiiii longtemps, même moi j'en avais mal aux pattes à force alors il fallait bien compenser par la bouffe. C'était Onight qui chaissait et en soi, tant mieux. J'étais pas vraiment du genre à tuer des animaux moi... Je sais qu'il le fallait mais j'aime pas. Je sais que j'ai du le faire une ou deux fois pour être au courant de comment le faire et tout si jamais j'étais un jour dans la nécessité de ce genre de pratique... Mais ça me dégoute... Le sang et tout le bruit que ça fait quand la bestiole meurt non c'est hors de question. J'avais limite un haut-le-coeur rien qu'à entendre au loin ce que tuait Onight.

Du coup je choisissais pas trop ce qu'on mangeait, mais je choisissais comment le faire. Une petite poêle, de la matière grasse pour pas que ça colle trop dans le fond, du sel du poivre pour pas que les choses soient trop fade et voilà ! Oui enfin... Voilà pour moi. Lysandre ne mangeait pas de viande. Ca m'est arrivé plusieures fois de commencer à faire ma tambouille innocemment pour deux avant de reprendre l'info dans mon esprit et me faire "MEEEEEERDE". Purée de crotte de dragon. J'avoue autant je respecte carrément le régime (bah en même temps elle avait pas trop le choix) mais il fallait que j'adapte ma façon de penser. De toute façon moi tant que je pouvais il fallait que je mange de la viande, mon corps en a besoin (ou alors j'aime tellement ça que de toute manière c'est difficile de m'en passer)
Alors petit à petit j'apprenais à faire de quoi pour elle. Salade de différentes origines avec des condiments différents à chaque fois pour tester. Dans le processus je m'en faisais une toute petite portion pour moi pour ne serait-ce que voir le goût que je proposais. C'était régulièrement une salade composé. Des fois épicés avec des légumes revenus dans la poêle. J'ai même tenté un risotto de poivron, tomate et je sais plus quel autre légume ça faisait un petit tas de truc confit c'était vachement bon ! Bon après j'ai eu très mal au ventre pendant quelques jours m'enfin c'est un détails...

On arrive doucement mais sûrement à mon anniversaire. Je ne l'avais dis à personne pour éviter toute tentative de cadeau ou autre. Déjà ça me gêne qu'on m'offre des trucs... Et de deux si je commençais à fanfaronner et crier que c'est ce jour là je vais paraître pour un gros égoiste alors il en était hors de question. Je préfère continuer à m'occuper des tâches quotidienne pépère et m'occuper de Lysandre de plus en plus. Elle était vraiment pas bien en présence des autres alors je voulais rassurer comme je pouvais. Déjà j'ai tenté une mise en confiance supplémentaire avec elle. Un soir alors que j'étais toujours aussi pataud pour discuter et lancer des conversations, j'ai essayé de raconter un peu mon histoire. C'était également peut-être une solution pour qu'on ai de plus amples possibilités pour combler la parole. Lui racontant alors mon enfance tranquille, citant vaguement quelques éléments familial et les quelques amis que j'avais sur place... Jusqu'au moment de partir et ce que je pensais rapidement du voyage qui venait de débuter pour moi. En espérant pas trop l'embêter lors de ces longues journées d'été

Suivant de plus en plus régulièrement Rustaar du regard, Lysandre se mit à l'observer régulièrement. L'épier aurait peut-être était plus juste en fait vu comme ses prunelles bleu-violettes se fixaient sur lui alors qu'il était plus loin. La fae pensait que le suivre ainsi et s'habituer à sa présence et chacun de ses mouvements pourrait l'aider à ne plus sursauter quand il approchait.Et puis, il était agréable à regarder alors pourquoi s'en serait-elle privée ?

Le drakyn faisait justement des efforts pour faire des repas plus attrayants que ceux à quoi elle s'était habituée. Cherchant à ne pas gêner ses parents, la fae avait pris l'habitude de manger des fruits et légumes crus. Mais là...Rustaar régalait ses papilles oui ! Elle avait l'impression d'avoir un chef personnel. Le drakyn semblait avoir été surpris d'apprendre qu'elle ne mangeait pas de viande - bon elle avait bien gouté une fois quand elle avait trop faim étant jeune - mais cela ne lui avait pas parut concluant et elle avait préféré continué de récolter sa nourriture dans la nature. Ou de la voler puis acheter dans les villes.

Alors que son camarade commençait à lui conter son histoire, Lysandre avait parut très intéressée. Elle venait s'asseoir ou s'allonger, ni trop proche ni trop loin, suivant le terrain pour écouter attentivement Rustaar. Elle était curieuse, très curieuse et écoutait tout ce qu'il lui dévoilait avec une attention soutenue. Et puisque la fae se disait que c'était injuste qu'il soit le seul à recevoir un tel cadeau - quoi qu'elle considérait plutôt sa propre histoire comme un fardeau - et qu'elle estimait de toute façon que le drakyn avait mérité de savoir pourquoi elle sursautait tout le temps...Il était resté avec eux après tout, ne s'était pas enfui une fois sur le continent alors qu'il aurait put le faire et faisait tout pour s'intégrer dans le groupe malgré les difficultés.

Elle s'était éloignée avec lui. Entendre ce qu'elle avait à conter ravivait toujours la colère de ses parents adoptifs alors si elle pouvait leur éviter ses histoires...Lysandre avait prévenu Rustaar que son histoire ne serait pas aussi heureuse que la sienne et lui avait offert une porte de sortie à l'entendre. Elle ne souhaitait pas le forcer après tout. Puisant dans ses souvenirs, enfin ses cauchemars auraient été plus juste, la fae se recroquevilla sur elle-même comme pour se protéger alors qu'elle se mettait à parler. La haine de ses parents, notamment de sa mère biologique car elle était née plus fae qu'ange. Les coups au quotidien alors qu'elle ne savait même pas encore marcher et donc fuir. Les brûlures dont elle gardait des traces quelque part sur son corps. Le manque de nourriture au point qu'elle avait l'habitude de tomber inconsciente d'inanition. Les boissons alcoolisées qui la rendaient malade et amorphes. Et le pire...les gestes des hommes et des femmes qui avaient commencé par ceux de ses propres parents biologiques, violant son corps et son âme en la forçant à des actes qu'aucun enfant ne devrait avoir à subir. Déflorée alors qu'elle tenait à peine debout, la fae n’avait été qu'un objet pour le plaisir de ceux qui profitaient de pouvoir libérer leur concupiscence avec un être qui ne dirait pas non par crainte des représailles. Pire encore, les chantages émotionnels pour qu'elle participe à tout, elle qui était plus esclave que bambin. Et l'abandon dans une bataille pour qu'elle y meurt et leur fasse une bouche de moins à nourrir alors qu'elle était dans sa dixième année...cela aurait put être la goutte qui ferait déborder le vase mais qui l'avait finalement sauvé.

Dévastée rien qu'à y repenser, Lysandre avait laissé le drakyn et était repartie vers le camp. Il pourrait la rattrapper s'il le souhaitait alors qu'elle ne lui avait rien caché des horreurs de son passé. La suite avec Onight et Sybil avait attendu d'autres soirées, quand elle avait retrouvé son calme. Peut-être comprendrait-il qu'ils étaient avec lui comme ils l'étaient avec tout le monde en dehors d'elle ? Ils lui avaient permis de survivre, la trouvant au milieu des cadavres et ne l'abandonnant pas malgré qu'elle n'était pas utile. Certes sans la tendresse dans un premier temps mais les adultes et l'enfant avaient fini par s'adopter et s'apprécier. Ils étaient devenus sa vraie famille malgré leur manque de liens du sang.

Sur une note presque plus joyeuse, Lysandre convia Rustaar aux entrainements qu'elle effectuait avec Onight - avec l'accord de celui-ci bien entendu - pour qu'il puisse se mettre à niveau. Le drakyn avait l'air bien entrainé mais le mort-vivant...il avait eut des milliers d'années pour se perfectionner. Contrairement au quotidien, la fae supportait les contacts alors qu'ils se battaient sous l’œil attentif de son père.

Comme apaisée, la fae qui avait gardé ses distances physiques jusque là commença à laisser le drakyn approcher un peu plus près d'elle. Lysandre sentait qu'il devenait petit à petit un peu plus qu'un inconnu alors que les saisons avançaient. Peut-être deviendraient-ils amis avec le temps ?

Un jour, une histoire. Ca aurait pu être le titre d'un livre fort intéressant où toutes et tous auraient pu y conter leur expériences diverses et variés. Voir ce qui peut changer d'une famille à une autre et d'un lieu à un autre, imaginer toute les possibilités et se sustanter de l'expérience d'autrui pour revoir la nôtre d'une autre façon

Mais il n'y avait aucun mot qui dégnait se poser sur ma langue. Aucun geste n'était suffisant pour l'accompagner. Au final, est-ce que j'avais vraiment envie de faire une comparaison avec la mienne ? Oui j'ai vécu une meilleure vie, sans nul doute, mais est-ce alors respectueux de faire cette distinctions entre deux entités ayant subit des choses aussi différente ? Je me sentai chanceux et... Terriblement triste. Quand je voyais Lysandre se faire toute petite avec ce tremblement dans la voix qui me donnait envie de pleurer avec elle à chaque syllable. Je la savais peut-être un peu timide certes mais ce n'était pas du tout le même stade... Et que dire de tout ça ? Que dire du malheur de quelqu'un ? Rien j'avais juste... Rien. Je l'avais laissé parler, c'était la seule chose que je pouvais faire en sommes. Ecouter sans essayer de l'interrompre, écouter par respect pour elle, écouter pour mieux l'aider. En tout cas... Bon je vais pas revenir sur ce qu'elle a pu vivre parce que ça m'avait coupé l'appétit pour des jours et des jours en plus limite de me faire déprimer tout autant. Je n'avais pas essayé de la rattraper quand elle s'était enfuie, je me suis douté qu'elle voulait un peu de temps pour elle. Certes je l'avais appelé à son départ, mais je n'étais pas allé plus loin. Je m'étais simplement redressé et m'étais mis en marche vers le camp, m'approchant de sa couche pour lui indiquer que j'étais toujours là si elle avait besoin, lui souhaiter une bonne nuit et m'endormir également. Mais fallait pas la laisser tomber ou l'esquiver après avoir entendu ça au contraire il fallait l'accompagner encore plus, et c'est en participant aux entraînement que l'idée m'ai venue.

Et si, vu que de toute façon je penses pas me tromper en disant que ses parents vont pas aider, nous faisions des exercices également ? Pas le même genre de truc ultra physique ou magie et tout non ! Quelque chose qui demande plus de patience, de la compréhension. J'aurai bien commencé par faire des truc en mode "touche moi l'épaule" mais je penses qu'il vaut mieux s'occuper de ce qui touche à l'environnement d'abord plutôt qu'au corps lui-même. Elle n'a pas l'air bien auprès des autres à cause de toute ses mésaventures passées et bordel, je peux le comprendre. Alors à un soir où les températures descendaient doucement et que les journées se rétrecissaient tout aussi doucement, j'avais pris mon courage à deux mains. J'avais mis quelques semaines à me demander comment faire et à préparer ça dans mon coin sans lui en parler. Je voulais pas la forcer, mais je voulais aussi que si elle s'y mette c'est parce qu'elle le voulait et non pas parce que mes actes l'ont inscités.
Telle était ma proposition :

- Lysandre... J'ai quelque chose à te proposer, j'aimerai que tu m'écoutes et que tu réflechisse bien d'accord ? Voilà... J'aimerai faire, si tu le souhaites, un travail avec toi pour essayer de dompter cette frayeur constante que tu tiens de... Enfin tu sais. Pour ça que je voulais faire ceci : Des petits exercices où l'on parlerait tout les deux un peu plus intimement. Dire ce qui nous gêne ou non, ce que tu aimes par exemple. Le but serait que tu essayes au moins pour moi, une confiance mutuelle. Je vais pas te manger ni te faire quoi que ce soit. Il n'y aura pas besoin de se toucher, en tout cas pas au début. Après si tu as encore l'envie ou la foi, on pourra essayer de passer ce cap tout doucement...

C'était dit de manière peut-être un peu chelou... Raaaaaah j'arrive jamais à expliquer c'est mon gros soucis aussi ça, j'espère juste que ça ne sera pas en vain, ou que ce que je propose si elle accepte servira bel et bien à quelque chose.

Bref, je laisserai pas tomber une amie

S'étant retournée seulement le temps de regarder son compagnon drakyn, Lysandre était ensuite retournée au camp en tachant d'effacer ses larmes. Sa mère s'inquièterait si elle rentrait ainsi et la demoiselle ne souhaitait pas que ses parents s'en prennent au jeune homme en pensant que c'était sa faute. Elle avait répondu à son bonne nuit d'une petite voix alors qu'il s'était couché. La fae avait tenté d'oublier les réminiscences que raconter son passé lui avait fait revivre.

Si Lysandre avait été surprise par la proposition de Rustaar - c'était bien le premier à lui offrir une telle possibilité - elle avait vite répondu par l'affirmative. La fae elle-même était fatiguée d'être toujours à l'affut surtout dès que le groupe séjournait en ville.

Dès qu'elle se retrouvait dans une cité, la jeune femme surveillait tout autour d'elle comme si elle était constamment aux aguets. Non pas des voleurs. Non pas des regards des autres. Mais du fait que personne ne l'approche de trop près. Elle voulait bien supporter le toucher des autres quand elle n'avait guère le choix et qu'il était rapide mais quand elle le pouvait..elle l'évitait. Lysandre trouvait cela triste aussi céda-t-elle volontiers à l'envie et l'espoir d'une meilleure situation.

Les exercices n'étaient pas grand chose en plus au début. Plus un échange de gouts et de couleurs que de réels travaux à ses yeux. Elle s'y prêtait volontiers. Les questions étaient basiques comme quel était son plat ou encore sa couleur préférée ? Voir sa saison favorite dans l'année ? À ne pas vouloir recevoir sans rien offrir, Lysandre y répondait elle-même aussi. Des pommes de terres, quelque soit la garniture avec ou la façon de les cuisiner. Le turquoise mais à égalité la couleur du sable qui lui rappelait la chaleur du soleil. Le printemps quand la vie autour d'elle renaissait. Certes, ce n'était pas très intime encore d'après elle mais c'étaient là les questions qui lui étaient venues naturellement. Elle indiqua aussi qu'elle n'aimait pas que les gens touchent ses ailes car elles étaient sensibles - elle-même ignorait encore à quel point ! - mais qu'elle voudrait bien essayer le reste. Plus tard cependant. Elle ne s'y sentait pas encore prête.

À côté cependant, la fae avait continué d'observer Rustaar dès qu'elle pensait être discrète. Et même quand elle savait ne pas l'être en fait. Sa curiosité semblait plus visiblement portée sur la queue dorsale de celui-ci. Elle avait beau avoir vu du monde avec de tels appendices déjà, c'était bien la première fois qu'elle voyageait après tout avec quelqu'un. Et le membre avait l'air d'être plus qu'une simple parure ce qui l'intriguait.

Lysandre avait aussi continué avec son flots de questions et de réponses sur l'environnement et ce qu'elle connaissait de ce monde. Elle parla des animaux et des plantes qu'elle connaissait. Combien les premiers étaient souvent gentils quand on ne les effrayait pas et les secondes mortelles qui on ne les connaissaient pas. Elle cherchait visiblement à se changer les idées avec ses discussions dans les premiers temps après l'échange de leurs passés mais avait ensuite continué comme elle le faisait depuis le début de l'année.

Avec la baisse des températures alors que les derniers mois de l'année approchaient, la demoiselle s'était même inquiété pour son camarade. Son ile était tout au sud et il ne connaissait peut-être pas les hivers plus rigoureux que le continent subissait parfois. Serait-il correct alors que c'était généralement une période de l'année où ils pouvaient tous bouger plus au vu des longues nuits ?

Pu..... Rée.... Pour.... Brrrr... Fait si.... Froid... Dans ce pu...tain de patelin.... Perso...nne m'a... PréveBRRRR... nu... J'aurai du... Appppppppprendre à util... iser le .... F-f-f-f-f-f-f-eu...

PFIOU, heureusement que les auberges existent dans ce monde de brutes j'aurai pas survécu beaucoup plus longtemps (j'exagère pas... je vois pas de quoi vous parlez...). Mais quand même c'est quoi ces températures affreusement basse ? Déjà que j'aime pas spécialement la chaleur alors si en plus vous vous mettez à me mettre en travers du chemin une saison où il fait aussi froid mais je vais pas m'en sortir je vais faire des chocs thermiques tout les 3 mois c'est tout de même dingue !
Bref... La saison était plutôt propice si l'on peut lui donner ça à une ambiance plus proche de ce qu'est une famille dirai-je ? Le temps faisait qu'on allait plus régulièrement dans des habitations chauffées plutôt que dormir dehors. On m'aurait entendu claquer des dents toute les nuits je me serrai fait défoncer par le daron bourru là qu'entend tout à perpète. Je crois que c'était surtout la matriarche du groupe qui préférait avoir une couche au chaud en cette période, il faut croire que tout le monde marche à sa baguette.

Chaque passage dans une des auberges signifiaient qu'il fallait réserver et il n'était pas étonnant que cela se retrouve à avoir les deux "adultes" d'un côté et les deux enfants de sexe différents dans des chambres également différentes, non pas que j'y trouvait quoi que ce soit à dire. Je me sentai pas m'introduire dans son espace comme ça alors qu'elle a déjà du mal en dehors. Ca me laissait l'occasion de réfléchir un peu sur la suite des événements et sur ce que je pensais de tout ça. Bientôt un an que je suis parti avec eux. Je ne sais même pas si je peux dire que le temps ai passé vite j'arrive pas vraiment à me rendre compte sur l'instant, mais j'ai pas passé un si mauvais moment comme je me l'imaginais au début. J'aurai pu accepter comme refuser sans que l'on s'en offusque peut-être mais... Je sais pas vraiment ce qui m'a pris à ce moment là, mais j'arrive pas à me dire que j'avais fait une erreur ou quoi. Disons que les bons et les mauvais côtés se contrebalançaient en trouvant jusque là un équilibre qui me semblait correct. Je participais quand on me le demandais et j'étais nourri et logé (quand on se logeait). Si cela avait été sans Lysandre j'aurai surement ragequit depuis bien longtemps, c'est bel et bien la seule chose qui me retient ici. L'impression que sans moi son état se détériorerait... Oui c'est relativement égoiste comme pensée je suis d'accord mais quand je la vois je remarque juste une jeune fille qui a peur de ce qui l'entoure directement. Elle est aux aguets à temps complet et moi ça me la fou mal. Ce que je lui ai proposé lui a pour l'instant convenu et même si cela ne semble pas payer spécialement de mine j'ai une légère impression d'avancée.

Petit à petit, j'en apprenais plus sur elle et elle en apprenait plus sur moi, ce que je trouve logique et équitable en sommes. Y'a pas de raison que l'un ou l'autre en sache davantage que son homologue, donc j'avais enrichie ses réponses des miennes, j'aimais bien le bleu, la viande rouge... ET PAS UNE PERIODE A TEMPERATURE EXTREME !
C'était alors que tout commençait à se tasser un peu. Les questions repartirent sur des choses plus générales, échange de connaissance. J'adore les animaux et je ne pouvais qu'être d'accord avec ses premières avancées sur ceux-ci, et les plantes étant donné que j'y touchais presque jamais à part les quelques unes que je connaissais... Voilà, ça m'instruit. Quant à moi je n'avais pas grand chose sur cela à lui montrer ni à lui enseigner. J'avais tellement zéro expérience par rapport à elle alors c'était pas simple d'essayer de lui apprendre des trucs qu'elle connaissait pas. J'ai essayé de lui parler de tout ce qui touchait un peu à l'astonomie étant donné que c'était un de mes sujets favoris, même si j'ai pas trop eu l'occasion de m'y remettre cette année. Un peu la cuisine aussi du coup tant que j'y étais, au cas où, l'histoire de Kaizoku...

Et puis avec la fin d'année (et ses températures affreuses) le moment avait été je penses de bonne augure pour lui proposer les premiers exercices physique. Pour commencer c'était surtout à elle de venir vers moi, de tenter le contact par elle même. Pour le premier coup, j'avais tendu ma main proche d'elle et l'avait déposé paume en bas, pour qu'elle n'ai pas peur que j'essaye de prendre la sienne brusquement. Je l'avais vu aussi, mais peut-être est-ce qu'elle voulait toucher ma queue ? Et si je lui proposais de me caresser les cheveux, pour vraiment prouver que je voulais rien lui faire ?

La fin d'année promettait d'être froide. Du moins, Lysandre avait l'impression que celle-ci le serait plus que de raison. Peut-être était-ce que parce Rustaar avait du mal à supporter ces températures que celles-ci lui paraissaient plus abruptes qu'à l'habitude ? Heureusement qu'ils passaient souvent plus de temps dans les auberges durant les fins d'années dans ce cas là. Puisque le groupe sortait à des heures où il y avait moins de monde seulement, la fae se satisfaisait de la situation même si elle surveillait généralement les alentours encore et toujours. Une telle habitude serait-elle perdue un jour ?

Lysandre était particulièrement contente quand le drakyn lui apprenait quelque chose qu'elle ne connaissait pas encore. Si elle était plus habituée à la pleine nature, elle ne s'était encore jamais intéressée aux étoiles en dehors de leur beauté naturelle. Elle s'efforça donc d'être une élève attentive. Et une fois en ville, ce fut l'inverse qui se provoqua de toute façon. Si la fae avait des connaissances de base - on ne vivait pas près d'une centaine d'années sans en accumuler - ce fut celui qui avait grandi en communauté qui put lui apprendre plus de choses.

Ne plus manger seule dans les salles à manger des auberges était en tout cas agréable. Cela évitait que bien des hommes un peu trop balourd dans leur approche ne viennent essayer de s'installer à sa table. Défaisant son habitude de manger plus souvent dans sa chambre que dans la pièce commune de ces bâtiments, Lysandre découvrit les plaisirs d'avoir quelqu'un avec qui discutait durant ces périodes. Et sans avoir besoin de faire attention à chacune de ses manières, point important que l'éducation de Sybil lui avait fait retenir.

Continuant les exercices en étant petit à petit plus confiante - autant en elle-même qu'en son désormais ami - Lysandre avait mis un moment à faire le premier geste. La patience avait été de mise avant qu'elle ne vienne frôler la main du drakyn mais elle l'avait fait. En douceur, Lysandre avait posé sa main sur celle de son camarade. Que la main de Rustaar semblait grande ! Pendant un long moment, la fae s'était contenté de ce simple contact. Si elle avait semblait être prête à détaler au tout début, le temps lui avait permis de constater que Rustaar ne mordait pas quand elle le touchait et elle avait alors accepté de passer à la suite. Certes, les progrès pouvaient être lents aux yeux de ceux qui vivaient une vie trop courte mais Lysandre préférait allait à son rythme. Elle n'accepta pas pour le moment de toucher la queue de son camarade même si celle-ci semblait toujours autant l'intriguer. La fae jugeait cette partie trop intime alors qu'elle avait encore du mal à juste tenir une main. Les cheveux par contre, ça elle accepta tout de suite. Ils ne devaient pas être si différents des siens non ? Enfin à part la taille des mèches qui était diamétralement opposée. Curieuse, mais n'osant pas alors demander, la fae regarda les cornes de son camarade. Peut-être comprendrait-il le message ?

La fin de l'année s'avançait dans un cadre infiniment plus paisible que ce qu'elle avait commencé. L'année suivante serait prometteuse si elle continuait sur le même standard. Seul l'avenir pourrait dire où l'amitié naissante s'en irait...