Une loyauté volatile
Jäh
Les nombreuses rencontres que Morwën avait fait ces derniers mois avaient permis un changement radical de position quant à sa situation. Enhardie par cette nouvelle vie qui s'offrait à elle, elle avait décidé de revenir sur sa décision d'ignorer le message laissé par ses parents. Le coffre reposait toujours sous les lattes de plancher de sa hutte mais les mots inscrits sur le parchemin vieilli étaient à tout jamais ancrés dans sa mémoire. Elle savait ce qu'il lui fallait faire pour accéder à la fortune laissée par ses parents, il lui suffisait de prononcer le nom de son défunt père. Il était temps pour l'elfe d'accepter son destin et de profiter du cadeau qui lui avait été fait. Son deuil étant devenu moins envahissant, moins assourdissant. Elle pouvait de nouveau envisager l'avenir là où elle vivait dans un état de stase quelques mois auparavant.
Ignorant encore toute la portée de la fortune qui l'attendait à la grande banque d'Ikusa, Morwën fit le trajet sans se douter une seule seconde que ce voyage la changerait à tout jamais. Conservant ses habitudes, elle avait traversé le désert accompagnée de son cheval, Hwin, qui était son plus fidèle compagnon de route. Bousculée par les mots de Marjhan et Hermelin, elle semblait toute décidée à ne plus se laisser porter par le temps et était animée d'une ferveur de vivre toute nouvelle. Sans trop savoir vers quoi elle s'aventurait, elle poussa la lourde porte de la banque d'Ikusa. La banque était tenue par des gobelins et affichait un faste typique des établissements fortunés. Quelque peu déstabilisée par tant de luxe elle avança chaussée de ses bottes de cuir poussiéreuses jusqu'à ce qui semblait être un comptoir d'accueil. Un gobelin, visiblement plus vieux que les autres l'accueillit avec peu de sympathie, la toisant depuis son promontoire. Son accoutrement n'annonçait rien qui vaille aux gobelins qui l'avaient suivie du regard, se demandant bien ce qu'une vagabonde dans son genre venait faire ici.
« Bonjour à vous, je viens de la part d'Urthel Cilwaen. »
Le regard du gobelin changea immédiatement à l'entente du nom elfique. Il connaissait très bien ce nom, bien qu'il ne l'ai entendu depuis plusieurs années. Il avait personnellement géré les dépôts d'or de l'elfe qui avaient été nombreux tout au long de ses centenaires d'existence. S'affairant alors derrière son comptoir, il disparu un instant du champ de vision de l'elfe avant de réapparaître à ses côtés, lui faisant signe de le suivre.
Morwën n'avait bien-sûr pas remarqué qu'elle avait été suivie par ce qui semblait être un brigand. Il s'était arrêté à l'entrée de la banque, se contentant d'observer les faits et geste de l'elfe à distance. Son flair avait été bon, il avait suivi une personne fortunée et la manière du vieux gobelin de la prendre en charge le lui avait confirmé. Sortant de la banque pour en informer ses complices qui attendaient dehors, il se contenta de partager les informations qu'il avait récolté avec ses associés, laissant Morwën découvrir toute l'étendue de la fortune qui lui avait été laissée. Et quelle fortune. Le coffre était vaste, tellement vaste qu'il n'avait plus vraiment un aspect de coffre. Il s'agissait plutôt d'une chambre forte, remplie d'or. La quantité de pièces d'or aurait pu faire pâlir n'importe quel bourgeois Reikois un peu trop dépensier. Nombre d'entre eux ne disposaient d'ailleurs pas d'une telle fortune, dilapidant leur or en étoffes et autres parures bonnes qu'à faire saliver les petites gens.
Non, cette fortune était celle de deux elfes plusieurs fois centenaires qui n'avaient presque rien dépensé. Ils avaient ainsi amassé tout l'argent possible, avant d'aller mourir dans une guerre perdue d'avance, laissant à leur unique fille la responsabilité d'un tel héritage. Après deux siècles et demi d'existence dans la plus grande sobriété, Morwën eu comme une sensation de vertige en voyant un tel trésor. Car oui, à ses yeux la chambre forte avait des allures de trésor. Un trésor comme celui qu'un dragon garderait précieusement, qu'un pirate aurait volé à quelconque bateau marchand. Mais certainement pas un trésor qu'elle considérait comme sien. Hochant la tête lorsque le gobelin lui indiqua qu'elle avait toute liberté dans cette chambre forte, il retourna à son comptoir, laissant Morwën perdre son regard dans le tas de pièces, l'observant longuement.
« Incroyable » Lacha-t'elle dans un souffle.
Car cette vision était belle et bien incroyable. Comment avait-elle pu ignorer pareille fortune toutes ces années ? Comment son père avait-il ainsi amassé tant d'or sans qu'elle n'en ai la moindre idée.
Elle resta ainsi à contempler l'or pendant de longues minutes, attendant le moment où elle se réveillerait. Mais le moment ne vint jamais, elle était toujours face à ce tas indécent d'argent, ne sachant trop que en faire. Refermant la porte de la chambre forte, elle récupéra la clé qui y était accrochée et repris la direction de l'entrée de la banque où le gobelin l'y attendait. Il l'informa qu'elle pouvait venir à toute heure du jour et de la nuit, demander accès à son coffre. La clé était maintenant sienne et elle pouvait en disposer comme bon lui semblait. Pensant un instant à la jeter au fond d'un fleuve, elle se contenta de hocher la tête, sortant de la banque aussi vite qu'elle y était entrée.
Une fois dehors, elle passa sa capuche, comme si en se cachant elle redevenait l'elfe de la jungle de sang qui vivait d'eau fraiche et de cueillette. Un étrange sentiment l'habitait. Elle se sentait observée, comme si désormais, tout ceux qu'elle croisait savaient. Alors qu'en réalité, elle restait l'elfe aux vêtements poussiéreux. Personne ne s'était retourné sur son passage, personne n'avait même constaté sa présence dans les rues tant elle restait insignifiante. Prenant ainsi la direction de la taverne miteuse où elle avait posé bagage, elle sorti bien vite des beaux quartiers pour rejoindre les bas-fonds, dans lesquels elle était plus à l'aise. Elle comptait retourner dans la jungle, pour digérer l'information, mais elle allait bien vite se rendre compte que ses plans ne prendraient pas la direction qu'elle espérait.
Ignorant encore toute la portée de la fortune qui l'attendait à la grande banque d'Ikusa, Morwën fit le trajet sans se douter une seule seconde que ce voyage la changerait à tout jamais. Conservant ses habitudes, elle avait traversé le désert accompagnée de son cheval, Hwin, qui était son plus fidèle compagnon de route. Bousculée par les mots de Marjhan et Hermelin, elle semblait toute décidée à ne plus se laisser porter par le temps et était animée d'une ferveur de vivre toute nouvelle. Sans trop savoir vers quoi elle s'aventurait, elle poussa la lourde porte de la banque d'Ikusa. La banque était tenue par des gobelins et affichait un faste typique des établissements fortunés. Quelque peu déstabilisée par tant de luxe elle avança chaussée de ses bottes de cuir poussiéreuses jusqu'à ce qui semblait être un comptoir d'accueil. Un gobelin, visiblement plus vieux que les autres l'accueillit avec peu de sympathie, la toisant depuis son promontoire. Son accoutrement n'annonçait rien qui vaille aux gobelins qui l'avaient suivie du regard, se demandant bien ce qu'une vagabonde dans son genre venait faire ici.
« Bonjour à vous, je viens de la part d'Urthel Cilwaen. »
Le regard du gobelin changea immédiatement à l'entente du nom elfique. Il connaissait très bien ce nom, bien qu'il ne l'ai entendu depuis plusieurs années. Il avait personnellement géré les dépôts d'or de l'elfe qui avaient été nombreux tout au long de ses centenaires d'existence. S'affairant alors derrière son comptoir, il disparu un instant du champ de vision de l'elfe avant de réapparaître à ses côtés, lui faisant signe de le suivre.
Morwën n'avait bien-sûr pas remarqué qu'elle avait été suivie par ce qui semblait être un brigand. Il s'était arrêté à l'entrée de la banque, se contentant d'observer les faits et geste de l'elfe à distance. Son flair avait été bon, il avait suivi une personne fortunée et la manière du vieux gobelin de la prendre en charge le lui avait confirmé. Sortant de la banque pour en informer ses complices qui attendaient dehors, il se contenta de partager les informations qu'il avait récolté avec ses associés, laissant Morwën découvrir toute l'étendue de la fortune qui lui avait été laissée. Et quelle fortune. Le coffre était vaste, tellement vaste qu'il n'avait plus vraiment un aspect de coffre. Il s'agissait plutôt d'une chambre forte, remplie d'or. La quantité de pièces d'or aurait pu faire pâlir n'importe quel bourgeois Reikois un peu trop dépensier. Nombre d'entre eux ne disposaient d'ailleurs pas d'une telle fortune, dilapidant leur or en étoffes et autres parures bonnes qu'à faire saliver les petites gens.
Non, cette fortune était celle de deux elfes plusieurs fois centenaires qui n'avaient presque rien dépensé. Ils avaient ainsi amassé tout l'argent possible, avant d'aller mourir dans une guerre perdue d'avance, laissant à leur unique fille la responsabilité d'un tel héritage. Après deux siècles et demi d'existence dans la plus grande sobriété, Morwën eu comme une sensation de vertige en voyant un tel trésor. Car oui, à ses yeux la chambre forte avait des allures de trésor. Un trésor comme celui qu'un dragon garderait précieusement, qu'un pirate aurait volé à quelconque bateau marchand. Mais certainement pas un trésor qu'elle considérait comme sien. Hochant la tête lorsque le gobelin lui indiqua qu'elle avait toute liberté dans cette chambre forte, il retourna à son comptoir, laissant Morwën perdre son regard dans le tas de pièces, l'observant longuement.
« Incroyable » Lacha-t'elle dans un souffle.
Car cette vision était belle et bien incroyable. Comment avait-elle pu ignorer pareille fortune toutes ces années ? Comment son père avait-il ainsi amassé tant d'or sans qu'elle n'en ai la moindre idée.
Elle resta ainsi à contempler l'or pendant de longues minutes, attendant le moment où elle se réveillerait. Mais le moment ne vint jamais, elle était toujours face à ce tas indécent d'argent, ne sachant trop que en faire. Refermant la porte de la chambre forte, elle récupéra la clé qui y était accrochée et repris la direction de l'entrée de la banque où le gobelin l'y attendait. Il l'informa qu'elle pouvait venir à toute heure du jour et de la nuit, demander accès à son coffre. La clé était maintenant sienne et elle pouvait en disposer comme bon lui semblait. Pensant un instant à la jeter au fond d'un fleuve, elle se contenta de hocher la tête, sortant de la banque aussi vite qu'elle y était entrée.
Une fois dehors, elle passa sa capuche, comme si en se cachant elle redevenait l'elfe de la jungle de sang qui vivait d'eau fraiche et de cueillette. Un étrange sentiment l'habitait. Elle se sentait observée, comme si désormais, tout ceux qu'elle croisait savaient. Alors qu'en réalité, elle restait l'elfe aux vêtements poussiéreux. Personne ne s'était retourné sur son passage, personne n'avait même constaté sa présence dans les rues tant elle restait insignifiante. Prenant ainsi la direction de la taverne miteuse où elle avait posé bagage, elle sorti bien vite des beaux quartiers pour rejoindre les bas-fonds, dans lesquels elle était plus à l'aise. Elle comptait retourner dans la jungle, pour digérer l'information, mais elle allait bien vite se rendre compte que ses plans ne prendraient pas la direction qu'elle espérait.