Hélas, il en restait un...
Fin de l'an 0
Mission commanditée par Tagar Reys dans > Une simple traque <
Mission commanditée par Tagar Reys dans > Une simple traque <
- Emmenez-le et préparez l'attelage. Je passerai le récupérer dès que j'en aurai fini ici. Vous pouvez dire aux clients de remonter. Il n'y a plus de danger. " avait indiqué une voix dont le côté doux et mélodieux faisait froid dans le dos derrière ce masque d'acier au faciès figé.
Les quatre officiers qu'elle avait réquisitionné pour sécuriser l'étage de l'auberge s'éloignèrent avec le petit homme replet menotté qui n'osait plus gémir suivit du grand basané grisonnant pris par les bras et les pieds proprement assommé. Les officiers eux-même n'avaient pas posés de question, obéissant avec un frisson désagréable au Limier et à sa mettre de mission. Heureusement, d'ici quelques heures, la sombre silhouette repartirait vers le lieux maudit dans lequel elle rodait d'ordinaire et Ralph n'en serait vraiment pas chagriné. On ne lui avait pas dit qu'il aurait à composer avec ce genre de personnes en s'engageant.
Bien peu désireuse de connaitre les doutes et les révulsions d'un jeune officier républicain à peine sorti des langes, la lourde cape fourrée tournait le dos au spectacle. Dans la chambre intacte, deux personnes étaient encore présentes. Unx homme et une femme. Et elle, entre eux et la sortie.
Comme l'indiquaient les informations que lui avait transmis le Contrôleur Royal du Reike, le vieux goujat qui avait quitté sa femme pour fuir le pays avec les poches pleines de pierre précieuses était bien arrivé sur le sol républicain accompagné de deux gardes et d'un objet de plaisir. Contrairement aux informations du commanditaire de cette traque par contre, Rowena n'était pas tomber sur une fragile jeune femme et deux molosses.
En venant flairer les pistes dans l'hôtel, elle était tombé sur un barbare du désert et une ancienne bandit, tous deux réduits au rôle de protecteurs esclaves depuis bien trop longtemps pour espérer autre chose et déjà bien content d'échapper aux travaux forcés. Leurs cheveux grisonnant leur donnait un certain recul sur les choses et si l'un était farouchement fidèle à son maître, l'autre n'avait pas été difficile à convaincre qu'une vie libre en République valait mieux qu'une vie d'esclave en retournant aux mains des détenteurs publics. L'un s'était donc chargé de l'autre, à présent en route pour la prison pour complicité. ça lui laissait le champ libre pour faire évacuer l'étage par les officiers durant les heures les plus sombres de la nuit. Il n'y avait eu aucun blessé, aucun danger. Tout s'était parfaitement coordonné.
- Approchez. " lança-t-elle de sa voix douce et éthérée à la femme en armure de cuir. L'ancienne bandit la jaugea une seconde, suspicieuse, tandis que les mains de la traqueuse s'affairent à sa ceinture. " Je n'aime pas me répéter.
Alors la femme s'approcha, pour voir une poignée de pièces tomber dans sa paume. Il était hors de question de relâcher dans la nature des personnes qui finiraient immanquablement dans le ruisseau, elle chassait les criminel, ce n'était pas pour les faire pousser comme des champignons.
- Cachez votre marque et sortez par derrière. Trouvez la pension du Loup Éméché. Les gérants s'appellent Edmond et Mérida, ce sont des gens bien. Il vous expliqueront comment vous sortir de là. Les officiers recrutent de bonnes lames. Maintenant partez.
Il ne fallut pas le lui dire deux fois. Les pas précipités de l'ancien bandit s'entendaient de loin dans l'escalier. Théoriquement, Rowena aurait du rendre les trois esclaves au Reike avec leur maître en preuve de bonne volonté de la part de leur nation, mais c'était un zèle que personne ne lui avait clairement imposé. Un zèle qu'elle ne trouvait pas en adéquation avec l'ordre qu'elle essayait de préserver. Alors elle n'avait pas fait preuve de zèle et c'était aussi bien. La bourse de pierres précieuses que portait encore le négociant avait fini dans sa poche et elle servait de bureau de change pour la réinsertion d'une mercenaire qui avait toutes les chances de s'en sortir par elle-même.
Mais il restait le véritable problème. L'homme qui était assis tout contre la tête de lit, enroulé dans un grand tissus de façon à voiler aussi bien son visage que son corps. On ne devinait de lui qu'un collier de barbe soigneusement rasé et taillé sur une mâchoire saillante ainsi que la main qui tenait son voile. Une grande main masculine terminé par de longes griffes bestiales. Hybride ? Lycan ? Une main qui présageait de tout sauf d'un homme qui se cache par pudeur. Une main entretenue, ornée de bijoux de bronze et d'or aussi raffinés que les motifs du tissus. Mais une main qui avait travaillée. Un doigt à la dernière phalange retournée. Une paume épaisse et large. Des traces d'une couleur bleue incertaine qui maculaient sa peau, vestiges qu'elle avait déjà vu sur les mains des esclaves à la teinturerie.
- Dit moi quel est ton nom, ce que tu sais faire, et je verrai ce qu'on pourra te trouver.
Pas de réponse. Il n'avait pas esquisser un geste pour aider son maître. Il n'avait pas dit un mot. Il s'était seulement prostré ainsi. Alors, Rowena ferma la porte de la chambre et tira une une chaise. Elle n'avait pas le temps, mais elle le prendrait toute fois. Le masque dépourvu d'expression se posa face à l'esclave. Voyons si une autre méthode fonctionnait mieux.
- Il ne reste que nous. Ton ancien maître a été jeté en prison. Maintenant c'est moi ton maître. Si tu m'obéis docilement, les choses se passeront bien. Tu sais obéir, n'est-ce pas ? Tu as été éduqué pour ça ?
Dans le silence qui s'étire, la jeune femme observe la mâchoire frémissante sans la moindre honte pour le ton dur sans émotion qu'elle venait d'employer. L'important pour l'instant était de savoir quoi faire de lui. Le mettre à l'aise n'entrait en ligne de compte que si cela la rapprochait de son but, et ce n'était visiblement pas le cas, car la tête voilée fini par acquiescer doucement.
- Bien. Donne moi ton nom et montre moi ton visage.
Il lui fallut encore de la patience pour obtenir gain de cause. Elle leva la voix une fois, et l'homme finit par se tourner vers elle. Ses grandes mains soulevèrent le tissus, dégageant un profil typiquement reikois, bardé de bijoux et bien plus jeune que ce à quoi elle s'attendait. Un nez proéminent et légèrement bosselé. Des pommettes saillantes. Des joues mouchetées de tâches de rousseur presque noire sur sa peau d'un brun ambré tranchant avec le bleu pâle de ses iris aqueuses. En tombant sur ses épaules, le tissus dévoile une longue crinière de cheveux de bronze percée de deux cornes recourbées.
Un Drakyn.
- Ton nom.
- ... Azulon. " souffla sa voix à a la fois jeune et grave.
Elle aurait pu le cuisiner, lui demander ce qu'il faisait pour son maître, mais le trouver nu, simplement vêtu d'un voile dans une chambre qui ne comportait qu'un seul lit était assez parlant en soi. S'il savait faire quelque chose d'autre, il était visiblement trop effrayé, trop brisé ou trop drogué pour réussir à réagir normalement. En quelques minutes, Rowena fit le tour de la pièce pour rassembler de quoi composer une tenue complète qui serait à la taille d'Azulon... Parce qu'il dépassait aisément les deux mètres. Une fois habillé et enroulé dans son grand voile, elle lui passa les menottes pour éviter tout risque et le traina dehors, fermement, mais sans cruauté ou brusquerie. Direction Justice.
Aujourd'hui, elle n'avait pas plus de temps à lui consacré, mais le laisser partir aurait été un acte bien moins charitable que de mettre directement fin à ses jours. Elle allait s'occuper de lui le temps de le mettre en règle et de lui trouver une place... Et avec un peu de chance, cela ne lui causerait pas d'ennuis.