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Mirelda Goldheart
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Présidente de La République
Mirelda Goldheart
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La troupe de Cent-Dorés qui m’escorte se fond dans l’ombre et deux soldats d’élite restent sagement adossés contre chaque mur de mon bureau. Ils ne sont pas ici pour me protéger, ce soir, du moins là n’est pas leur utilité à mes yeux. Koraki Exousia sera ici d’une minute à l’autre et je tiens à ce que la décoration soit parfaite. Alors que les domestiques de la Maison Bleue se sont appliqués à faire de cet endroit un lieu accueillant, je m’approche de la table dressée pour deux et laisse glisser mes doigts sur la surface en bois laqué.

Une bouteille de vin trône entre les deux assiettes. Du Morillon, bouteille savamment choisie pour l’occasion. Il n’est pas exclu de passer un bon moment entre femmes de pouvoir. Certes la mairesse de Courage n’est pas mon amie, toutefois je ne tiens pas à la recevoir comme une malpropre. Elle mérite un accueil à la hauteur de ma réputation, n’est-il pas ?

C’est sur la foi de mes informateurs que j’ai choisi de programmer cette entrevue avec elle en ce jour. J’attends d’elle un bilan complet afin de poursuivre mes placements boursiers et organiser certaines actions des troupes du SCAR. Il y a des investissements qui attendent certaines données pour être rentables. Koraki me les doit, puisque cela fait partie d’un arrangement qu’elle a accepté de son plein-gré en bénéficiant de mon soutien lors de son élection.

Nous sommes une menace l’une pour l’autre, mais je demeure le requin qui peut tuer d’un seul claquement de doigts.

Dans l’heure qui avait précédé l’arrivée du contingent à Liberty, j’avais été prévenue de l’imminence de cette rencontre. Elle arrivait à point nommé, car l’ensemble des démarches qu’il me restait à faire dépendaient de cet entretien. Le pouvoir économique de Courage ne se limite pas à sa proximité avec l’océan. Il y a là-bas des lingots d’or à chaque coin de rue, mais seuls les yeux les plus perçants peuvent s’en apercevoir. Je les convoite aussi, d’autant que nos manœuvres visant à étendre le pouvoir de la République nécessitent un effort financier conséquent.

L’une de mes dames de compagnie tire le siège surélevé sur lequel je compte m’installer pour présider cette réunion. Je m’y assois élégamment, vêtue d’un ensemble gris dont j’ajuste les manches. Nul besoin de robe pour la discussion qui m’attend.

Laisser croire à Koraki Exousia que nous sommes sur un pied d’égalité n’est pas le meilleur moyen d’être respectée dans une relation qui se base sur un rapport de force. Bien que nous soyons très claires sur les termes de notre collaboration, je ne tiens pas à perdre la moindre occasion de le lui rappeler.

Un domestique se présente dans l’embrasure de la porte.

Madame La Présidente… Vos convives sont arrivés…

Il s’incline.

Fais les entrer.
Koraki Exousia
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Mairesse de Courage
Koraki Exousia
Mairesse de Courage
Dans l’antichambre du boudoir qu’occupe la femme la plus riche de Sekai, le monde s’active selon ses moindres désirs. Les domestiques vont et viennent, les gardes se relaient dans leur éternel ballet de surveillance et cet homme qui occupe un petit bureau, qu’est-il ? Un greffier ? Le secrétaire de la présidente ? Peu importe.

Koraki est aveugle à cette danse des marionnettes de Mirelda, ses yeux n’étant accaparés que par une seule chose : le miroir qu’elle a en face d’elle. D’une main distraite, elle remet en place la mèche rebelle de sa chevelure, réaligne le pendentif qui occupe l’espace vide de son décolleté, réarrange les plis de sa robe …

Elle pourrait sembler nerveuse à l’idée de cette rencontre, et cela se comprendrait, vu la nature de la personne avec qui elle allait diner. Pourtant, ce n’était pas le cas. Elle était ailleurs, plongée dans ses propres prunelles d’or, en plein introspection, repensant à ses dernier mois, de comment tout avait put changer aussi rapidement. Dire que tout cela n’avait été possible que par une seule rencontre, celle ayant réveiller l’ambition dévorante, sertit au cœur de Koraki.

L’ambition…

Pour la plupart des politiciens de la République, ce mot désigne la quintessence de leur art. Une fin en soi. Le plaisir d’exercer le pouvoir et l’accumulation exponentielle de mandat étaient leur unique horizon.

Pour Koraki, c’était bien autre chose. L’ambition était une nécessité absolue dans ce monde haïssant autant les femmes de pouvoir que les hybrides, méprisant autant les femmes libres que celles de petite vertu, rejetant les femmes différentes autant que les femmes fortes.

Dans ce monde, l’ambition, couplée à l’intelligence, devenait synonyme de survie. Ce hisser haut-dessus des autres pour ne plus les craindre … Cela devait être un sentiment des plus agréables qu’expérimentait actuellement la Présidente, elle qui ne souffrait plus d’aucune opposition, d’aucune rivalité

Koraki avait la chance de pouvoir y goûter, à moindre échelle. A présent qu’elle était Mairesse, elle avait obtenue prestige et respect. Et elle ne comptait pas s’arrêter là.

Courage était une ville fière qui ne se laisserait pas dominer si facilement.
La mafia y était puissante, les îlots de résistance y étaient nombreux et les esprits se rebellaient constamment.
Et il fallait la mettre au pas.

Un voix vient interrompre ses pensées, sans pour autant lui faire détourner le regard de son propre reflet.


- Madame la Présidente va vous recevoir.

La Mairesse de Courage hoche de la tête et suit la domestique.

« Va vous recevoir » …

« Daigne », serait un terme plus saillant, compte tenu de la personnalité de la dirigeante. Lui arracher quelques instants de son précieux temps était une entreprise plus périlleuse que d’affronter Valeryon. L’image n’était, bien entendu, pas anodine, car pour beaucoup, Mirelda Goldheart était comparable à l’un de ces reptiles légendaires, s’enfermant dans une tour de marbre et d’argent, amassant or et richesse sans autre bût que l’accumulation compulsive de richesse et anéantissant tout les fous prétendant s’arroger le trésor.

Et aujourd’hui, Koraki entrait dans son antre.

Ce serait mentir que de d’affirmer qu’elle le faisait sans peur. Mirelda, si elle n’avait ni griffe, ni écaille, ni croc, restait bien plus redoutable. Si son souffle n’exhalait aucune flamme, un seul mot pouvait anéantir une vie entière. Ce ne serait donc que pure folie qu’y aller avec confiance.

Pourtant, elle serait feinte par la Mairesse. De ce qu’elle savait, s’il n’y avait qu’une seule chose en ce bas-monde qu’exécrait la présidente plus que le parjure, c’était la faiblesse. Jusqu’ici, Koraki lui avait opposer une force qui, si elle ne lui avait pas accordé le respect de la matriarche, avait du moins susciter son intérêt.
Elle se devait donc de continuer sur cette voie et prouver à la seule personne dont l’avis comptait réellement en cette République qu’elle, Koraki Exousia, était la seule digne de lui succéder spirituellement.

Avant de lui succéder tout court.

La porte ouvragée s’ouvre sous l’impulsion de la domestique, qui annonce la Mairesse à sa maîtresse, avant de la laisser entrer.

Son regard se porte sur son hôte, puis sur les deux Gardes Dorés qui l’encadre. Cette image fait immédiatement écho à leur première rencontre et ce n’est certainement pas un hasard. Mirelda est une peintre, dont le pouvoir démiurgique avait crée cette scène et, dans un tel cas, les détails comptaient tout autant que le sujet principal.
La réaction de la Reine des Catins est immédiate : elle sourit.

Fin et élégant, mais dissimulant l’exaltation qu’elle ressent sur le moment et qu’elle dissimule de son être. Oui, ces Gardes Dorés étaient la représentation physique du pouvoir quasi-illimité de la présidente et Koraki avait put y goûter durant un court instant. Un trop bref instant. Les souvenirs étaient encore vifs et elle les savouraient avec délectation. Elle connaissait depuis longtemps le goût qu’avait le pouvoir de vie et de mort, et du choix qui était sien d’appliquer l’un ou l’autre.

Mais en être la victime était un sentiment qu’elle avait découvert il y’ a peu. Être à la merci d’un autre être humain, nullement motivé par la rivalité, l’argent, le pouvoir ou la gloire, avait été l’entrée. Les conditions qu’elle avait imposé à la maquerelle, ne souffrant ni marchandage, ni opposition, avait été le plat de résistance. Enfin, la mise au service de Koraki avait été le dessert. Sur une simple décision arbitraire de la part de la Présidente, cette dernière avait rédigé la vie la Grande Putain.

Une seule soirée, une seule démonstration de pouvoir, et Mirelda lui avait fait découvrir un nouveau plaisir qu’elle n’aurait jamais put imaginer, presque aussi délectable que le sexe et l’orgasme qu’il promettait.
Et Koraki en voulait plus.

Mirelda est là, trônant sur cette simple chaise de bureau aussi fièrement qu’une reine. Elle, pour sa part, attend élégamment que le présidente l’autorise à occuper le siège qui lui fait face.


- Madame la Présidente … Salua t-elle en s’ inclinant. Pardonnez-moi cette familiarité, mais sachez que je suis heureuse de vous revoir. Elle jette un bref regard aux deux gardes et sourit plus férocement. Surtout en des circonstances où ma nuque ne sera soumise à aucune menace.

Une note d’humour pour apaiser l’atmosphère avant que la réelle discussion ne débute, celle qui déciderait du destin de Courage et des nombreuses âmes qui y vivaient.
Mirelda Goldheart
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Tout a été pensé pour que ce repas soit des plus agréables, bien que je n’eus oublié aucun détail pouvant rappeler à Koraki ma supériorité. Je lui ai apporté mon soutien pour les élections de Courage et j’attends en retour qu’elle me rende cette faveur au centuple. Ma poigne saurait se faire moins rude si j’avais la certitude qu’elle n’en profiterait pas pour me sauter au visage. Mais Koraki est une femme de pouvoir. Elle n’attendra pas que j’ai desserré ma prise pour se retourner contre moi. Avec elle, aucune faiblesse n’est permise.

Aujourd’hui, je crois que je comprends quelle femme j’ai été pour ceux qui cherchaient à m’affronter par le passé. À la différence près que je suis humaine et que mon règne ne durera pas éternellement. Un jour, il faudra quelqu’un d’autre à la tête de cette nation. Quelqu’un qui, comme moi, ne lâchera sa proie qu’une fois qu’elle aura la certitude de ne rien perdre… qui de mieux qu’une femme comme Koraki pour remplir ce rôle ? Une femme de sa condition qui remporte les élections de la ville de Courage, c’est déjà suffisant pour attiser ma curiosité.

Madame la Présidente … Pardonnez-moi cette familiarité, mais sachez que je suis heureuse de vous revoir. Surtout en des circonstances où ma nuque ne sera soumise à aucune menace.

Mes paupières se plissent un court instant alors que je relève le menton pour la dévisager d’un regard plus perçant encore. Sa présence ne me déplaît pas non plus. Je reconnais les efforts qu’elle a dû fournir pour se hisser à la place qu’elle occupe aujourd’hui. Et je sais, envers et contre tout, les sacrifices et les risques qui en ont découlé. Les hommes sont toujours plus féroces en essaims. Dans ce monde où les femmes n’ont pas leur place, toute victoire est encore plus dure à arracher qu’ailleurs. Elle est donc digne de provoquer en  moi un vague sentiment d’appréciation.

D’un geste de la main, je désigne la chaise qui n’attend qu’elle.

Elle ne le sera que si je… Pour donner du crédit à ma menace, je lève les doigts à côté de ma tête et fais mine de les faire claquer. Enfin, vous voyez ce que j’entends par là.

Le sourire qui étire mes lèvres est à la fois provoquant et détaché. Toutes les menaces qui ont pu écraser ses épaules jusqu’ici ne pèsent pas bien lourd en comparaison des miennes. J’aime abuser de mon pouvoir. Sans quoi je n’aurais jamais pu devenir Présidente, tout compte fait... Ou sans quoi je n’aurais jamais cherché à le devenir.

Mais nul besoin d’en arriver à de telles extrêmes, n’est-ce pas ? Nous pouvons échanger de façon civilisée en dépit de nos différends… tant que vous les gardez pour vous.

Comme je n’arrive pas à dissimuler mon amusement, je hausse les épaules et m’appuie contre le dossier de mon siège.

Comment se porte Courage depuis notre dernière entrevue, Mademoiselle Exousia ? L’exercice de vos fonctions se déroule-t-il comme vous l’espériez ?
Koraki Exousia
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Oui, elle entendait parfaitement ce que la matriarche entendait, sa capacité à décider de la vie et de la mort d'un simple claquement de doigt. Un pouvoir absolument dévastateur et inaltérable, parfois comparable au divin. Et au fond, qu'est-ce qui différenciait la Présidente d'un Titan, hormis sa mortalité ? Peu de chose en définitive. Elle avait le contrôle sur le destin des millions d'âmes, y compris celle de Koraki. A ce titre, elle était tel un démiurge républicain. Et comme toute divinité, elle devait être vénérée, contentée, sanctifiée pour éviter d'attirer son courroux.

Un fin rire accueille la menace imaginaire de la Présidente alors que la Mairesse prend place. Mirelda, Mirelda, Mirelda ... Toujours la même. Tu es bien incapable de saluer quelqu'un sans le menacer au préalable. Si tu savais à quel point cette attitude pouvait avoir des répercussions physiques sur ton invité, tu t' en garderait, à moins que tu ne veuilles explorer une nouvelle facette de ta personnalité.


- Ils n'existent aucuns différents entre nous, madame la Présidente, uniquement des avis divergents. Et tout comme la République est une et indivisible, en tant que ses plus éminentes représentantes, nous devons représenter cette unité.

Un rôle qu'elle avait déjà interprétée durant le débat, alors qu'à mesure que les questions étaient posées, Koraki défendaient le bilan et les positions de sa supérieure. Une comédie rendue aisée par la proximité des points de vues des deux femmes, il fallait bien l'avouer. La seule nuance serait que la Reine des Catins pourrait être définie comme "une conservatrice hédoniste". La tradition, oui, mais après le progrès et le plaisir.

Et le progrès ne s'obtenait que dans une société pacifiée, disciplinée et ordonnée.

Telle était la politique que Koraki allait mettre en marche à Courage. Et puisque la présidente mettait ce sujet sur la table ...


- Toujours corrompue. Toujours malade. Toujours gangrénée. Comme escomptée. Lui résuma t-elle dans un sourire.

Ce que Koraki n'avouerait pas à voix haute en telle compagnie, c'est qu'elle avait sa part de responsabilité dans ce diagnostique. Pourtant, malgré les pots-de-vin, les assassinats et les menaces aux chantages, on pouvait discerner dans son action les prémices de sa pensée politique. Après tout, avant qu'elle ne prenne la tête de l'Ambrosiaque et ne s'immiscent dans le jeu de la pègre, la violence et les guerres de gangs étaient monnaie-courante. Elle avait contribuée à pacifiée le marché noir à une époque où Mirelda n'était guère plus qu'un nom auréolé d'or parmi tant d'autres candidats. Quelle dommage qu'à ce moment là, Koraki ne soit pas intéressée à la carrière politique de cette vieille femme. Les choses seraient différentes, aujourd'hui.


- Depuis dix ans, une paix relative existe entre les différentes familles de la pègre. Chacune avec une territoire et des activités associées définies. Votre souhait est de voir cette équilibre précaire voler en éclat. Des tas de vies seront détruites dans le processus, des espoirs brisés, des existences anéanties ...

Elle marque une légère pause dans son récit, tâchant de faire taire le tremblement de plaisir qu'elle sentait naître dans sa voix. Cela faisait dix ans qu'elle avait apporté la paix parmi les familles mafieuses, dans le seul bût d'assurer sa propre emprise et sa propre survie, sans avoir constamment besoin de surveiller ses adversaires.

Et aujourd'hui, Mirelda était le cor qui annonçait la reprise des hostilités.

Sous l'effet de l'excitation que cette idée suscitait, le poing de la Catin se serra de sa propre initiative, enfonçant ses propres ongles dans sa chair.


- C'est un projet qui m'inspire.

Un domestique servit la présidente de ce merveilleux vermillon, puis fit de même avec la Mairesse. D'un geste élégant, Koraki prit son verre, ayant constater depuis longtemps que le vin était un allié qui l'aidait à rester digne. Un plaisir pour palier le désir ... N'était-ce pas extraordinaire ?

Bien sûr, la Reine des Catins n'aurait pas l'outrecuidance d'être la première à boire de ce Morillon, mais le simple fait de tenir le cristal entre ses doigts l'aidait à apaiser son excitation.


- Connaissez-vous "l'Art de la Guerre", madame la Présidente ?

Elle parlait, bien entendu, du véritable Art de la Guerre, d'un auteur inconnu, pas de ce torchon écrit par Tensaï, premier du nom. Le simple fait d'imaginer un reikois écrire, fusse-t-il le roi-fondateur, était une idée risible ne suscitant que l'hilarité intellectuelle.
Mirelda Goldheart
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Mirelda Goldheart
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D’un sourire qui se veut détaché, j’observe Koraki d’un œil critique. Quand bien même il subsiste en moi un certain doute concernant la mairesse, je reconnais qu’elle représente à mes yeux une dirigeante de très bonne facture. Dommage qu’elle soit si têtue et souvent si bornée. D’un côté, il n’en faut pas moins pour régner sur Courage, plaque tournante du trafic qui me fait tant d’œil depuis des mois.

Mes doigts tapotent la table alors que j’attrape le pied du verre en silence.

Ils n'existent aucuns différents entre nous, madame la Présidente, uniquement des avis divergents. Et tout comme la République est une et indivisible, en tant que ses plus éminentes représentantes, nous devons représenter cette unité.

J’humidifie mes lèvres et pousse un simple rire pincé. Elle est d’accord avec moi, je le reconnais, mais pour obtenir son obéissance, je me rappelle avoir souffert de ses propos déplacés en tous points. Il a fallu employer les grands moyens pour lui faire accepter mes conditions.

Quant à la question de Courage, cet emblème de la République situé aux abords d’une mer agitée, sa réponse est plutôt franche.

Toujours corrompue. Toujours malade. Toujours gangrénée. Comme escomptée.

Une situation fort déplaisante. Car comme dans toute ville corrompue, il est évident que beaucoup d’argent y coule à flots de manière tout à fait illégale. Je compte bien intercéder dans toute cette affaire. D’une façon ou d’une autre.

Depuis dix ans, une paix relative existe entre les différentes familles de la pègre. Chacune avec une territoire et des activités associées définies. Votre souhait est de voir cette équilibre précaire voler en éclat. Des tas de vies seront détruites dans le processus, des espoirs brisés, des existences anéanties ...

Une paix relative ? C’est vite dit. Certains quartiers de cette ville sont pires que des coupe-gorges. Quant à cet équilibre, il n’est pas seulement précaire. C’est surtout une illusion. Les règlements de compte, la peur et la manipulation : ces affreux travers pourrissent la vie de la ville en son cœur. Il n’y a pas que les guerres visibles qui gangrènent le monde. Pire encore, il y a celles qui se mènent en interne. Je sais de quoi je parle. Il y a une bonne et une mauvaise utilisation de ces armes. Lorsqu’elles sont exploitées à mauvais escient, des villes comme Courage émergent.

Et souvent, la guerre devient nécessaire pour tout reconstruire.

C'est un projet qui m'inspire.

D’un geste lent, j’amène le verre à mes lèvres et en avale une maigre gorgée. Puis j’invite la mairesse à y goûter à son tour.

Il est excellent.

J’en reprends une gorgée.

Je ne parle pas du vin, cela dit. Je trouve bien plus goûtu l’idée d’instaurer un peu d’ordre dans ce fouillis que de me délecter de ce Morillon. Vous connaissez fort bien mes positions concernant Courage. L’effort de guerre nécessite des moyens que j’estime optimiser partout ailleurs… du moins dans les grandes lignes, ce qui me convient pour l’instant. Mais par chez vous, Mademoiselle Exousia, le chaos règne. Comment pourrait-on briser un équilibre qui s’est construit sur de telles fondations ? Je souhaite seulement rappeler à vos concitoyens qu’ils font toujours partie de la République. En outre, ils doivent aussi participer aux actions que j’emploie contre nos ennemis communs.

J’insiste sur ces derniers mots en plantant mon regard droit dans le sien. Sa peau semble pâle à la lueur des éclairages et je m’appuie contre le dossier pour ajuster ma position de supériorité. Il n’y a rien de plus douloureux pour mon dos que de me plier en avant pour parler à mes invités. Les jambes croisées devant moi, je repose les mains sur mon genou et souris. Elle est supposée servir mes intérêts et faire de Courage un instrument aussi fonctionnel que les autres. Or, pour le moment, je ne vois des preuves ni de l’un, ni de l’autre.

— J’imagine que, représentant l’unité de la République, vous et moi avons à cœur le même objectif…

— Connaissez-vous "l'Art de la Guerre", madame la Présidente ?

Sur la même lancée, je lève la main et lève l’index une unique fois. Une domestique s’arrête à mes côtés, aussi invisible qu’un fantôme, et me tend ma serviette avec laquelle j’éponge mes lèvres. Deux autres connaissent leur rôle et apportent quelques mets entre Mademoiselle Exousia et moi. Des biscuits au miel, des gâteaux fourrés à la viande… tout ce que j’aime grignoter autour d’une discussion importante.

— Je suis certaine qu’un rappel ne me fera aucun mal. J’aime les contes pour enfants.

Nul doute sur l’ironie qui se devine dans ma voix. Néanmoins, je suis curieuse. Si elle me parle de cette brute épaisse qui s’auto-proclame roi-fondateur, je ne donne pas cher de mon sang-froid…
Koraki Exousia
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Koraki Exousia
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"Contes pour enfants" ... Quelle humour insoupçonné de la part d'une femme d'ordinaire si austère. C'est donc dans un sourire sincèrement amusé que la mairesse expliqua brièvement les origines purement républicaines de cet ouvrage. Après tout, la nation bleue ayant connue sont lot de malheurs et de conflit, il n'était pas étonnant qu'un général officiant durant la Guerre des Plumes finissent pour s'interroger sur la notion de Guerre, de stratégie, de ses implications, etc ... Mais le plus intéressant, c'était que pour ce général, la guerre n'était qu'une autre façon de penser la politique, que les deux concept n'étaient en réalité que les deux faces d'une même pièce.

- Quand bien même votre présence m'est agréable, je sais que votre temps est précieux. Ainsi, je ne partirais pas dans une longue analyse de ce traité et me permettrais d'en arriver directement au chapitre qui nous intéresse ce soir : celui où ce général théorise sur sa notion de "Guerre Absolue".

D' un geste sec, Koraki brisa en deux le biscuit au miel dans un craquement sonore. Elle prit une bouchée, ses yeux s'écarquillant de surprise avant même le début de la mastication. Elle n'avait toujours entendu que du bien de la cuisine présidentielle et fort était de constater que les ouï-dire étaient bien en deçà de la réalité. S'il ne suffisait que d'une seule raison pour briguer la magistrature suprême, c'était bien ces quelques plaisirs gustatifs.

Fort heureusement, la Mairesse comme la Présidente voyaient plus loin que les avantages gastronomiques de leurs fonctions.


- Au fond, la méthode est fort simple. Le conflit que nous nous apprêtons à livrer contre la pègre de Courage ne pourra souffrir aucune limite. La guerre sera radicale et quiconque s'y opposera ne pourra, en conséquence, n'être défini que comme un ennemi de la République.

L'histoire de cette belle nation regorgeait d'épisodes de massacres, de proscriptions, d'assassinats et de trahison. C'était le genre d'histoire que la Catin lisait le soir, un sourire au lèvre, dans la chaleur réconfortante d'un agréable feu de cheminée, d'une cigarette et d'un bon verre de vin.

Et l'impatience qu'éprouvait la Mairesse à l'idée de reproduire cette merveilleuse histoire à échelle réduites dans sa cité ne rendait cette conversation que plus délicieuse que les mignardises.


- Le meilleur moyen de vaincre les familles mafieuses sera de les désarmer avant même le début des hostilités. Contrôle absolu de toutes les marchandises, surveillance accrue sur les docks, perquisitions des entrepôts sensibles, arrestations par anticipation des nobles connus de nos services de renseignements, etc ... Je ne vous apprends rien.

Les préparatifs d'avant-guerre étaient toutes aussi importants que les opérations belliqueuse. Avant d'affronter son adversaire, il fallait tout faire pour le mettre à genoux au préalable. Une fois affaiblit, il fallait concentrer toute sa force en une seule et unique attaque, afin de ne lui laisser d'autre choix que la reddition pure et inconditionnelle. Il ne fallait faire preuve d'aucune retenue et d'aucune pitié. Ce n'était qu'ainsi que l'on imposait sa volonté à autrui.

La présidente avait préalablement demandé comment Koraki allait faire pour rappeler à Courage qu'elle n'était qu'un rouage dans l'immense engrenage républicain. La voila, la méthode : une démonstration de la puissance républicaine, implacable et fracassante.


- Cependant, nous allons être confrontés à deux problèmes, nuança la Reine des Catins.

Cela ne lui plaisait pas, mais elle devait l'admettre : elle ne pourrait pas gagner ce conflit seule. L'aide de Mirelda était indispensable et la présidente elle-même devait bien s'en douter. Sinon, qu'elle raison aurait elle eut de convier Koraki à ce repas, si ce n'était pour lui faire avouer qu'en définitive, tout ne reposait que sur son bon vouloir ?

- Premièrement, nous ne pouvons tout simplement exterminer ces rats. Il y'en aura toujours pour les remplacer et je ne suis pas prêtes à gaspiller l'argent public dans une guerre sans fin. La seule solution que je vois, c'est de moi-même prendre la tête de cet empire des rats, afin de l'orienter vers nos véritables ennemis.

Et par "ennemis", Koraki entendait ceux que Mirelda désignerait d'un doigt affable. Mettre la mafia de Courage au service de la présidente n'était cependant qu'un petit à payer pour asseoir le contrôle de la Maquerelle sur Courage. Sa domination sur le politique et l'économie serait totale, lui laissant le champ libre pour initier la plus grande et la plus difficile des batailles : celle des esprits. Car subjuguer une ville, ce n'était pas uniquement régner sur ses rues, avant tout dompter ses habitants.

Or, à l'heure, trois institutions prévalaient sur la mairie.


- Deuxièmement, je crains que la Banque des Chaînes, la SSG et ce cher amiral Wilson de la Marine Nationale ne soient ... Réticents à l'idée de me porter assistance. Tous autant qu'ils sont apprécient leur autonomie et ne verront pas d'un bon œil que la Mairie tourne les siens vers leurs affaires privées. C'est là que je vais avoir de votre aide pour les mettre au pas.

Après tout, la théorie du ruissellement marchait aussi dans le cas de la discipline. Si les trois plus grandes instances de Courage tombaient, même momentanément, sous la coupe de Koraki, alors la cité entière finirait par agir de même.

Buvant une gorgée de son verre, la Catin observa la Présidente de ses yeux dorés par dessus le cristal, en un regard que les deux femmes connaissaient très bien, puisqu'il s'agissait de celui qu'elles employaient lorsqu'elles savaient qu'elles allaient réduire à néant les velléités d'indépendance de leurs ennemis.


- Fort heureusement, l'attentat que nous avons subit est un prétexte tout trouvé pour quelques décrets sécuritaire. Au nom et pour le bien de la République, cela va sans le dire.

Pour peu que son interlocutrice eut été une autre personne que Mirelda, Koraki aurait probablement feint la tristesse de ce constat. Mais elles savaient toutes deux que derrière caque drame ce cachait une opportunité. Chaque opportunité étant unique, ce ne serait que preuve de faiblesse et de stupidité que de refuser de la saisir par simple sensiblerie.
Mirelda Goldheart
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Mirelda Goldheart
Présidente de La République
J’écoute sans vraiment écouter. J’ai toujours été passionnée par la guerre, plus encore par la façon qu’ont les êtres vivants de la traiter depuis qu'ils sont en mesure de s’entretuer. C’est l’un des rares concepts qui, dans la folle course du temps, n’a jamais évolué ni réussi à se cacher sous aucun faux semblants. Malgré leur faible niveau social, même les plus pauvres des paysans mènent une guerre contre leurs voisins pour des broutilles et il va sans dire que plus une personne possède de moyens pour guerroyer, plus cela impacte le monde qui l’entoure.

Quand bien même votre présence m'est agréable, je sais que votre temps est précieux. Ainsi, je ne partirais pas dans une longue analyse de ce traité et me permettrais d'en arriver directement au chapitre qui nous intéresse ce soir : celui où ce général théorise sur sa notion de "Guerre Absolue".

Koraki se sert l’un des biscuits au miel qui gisent face à elle et semble apprécier l’expérience gustative. Je raffole moi-même de ces amuse-bouches, surtout lors de ces longues nuits où je passe des heures devant mes parchemins, la tête plongée dans toutes ces affaires qui ne m’intéressent que lorsqu’il est question d’enrichissement personnel. Le goût du miel se prête bien à l’étude de dossiers sensibles et se mêle parfaitement à l’odeur du papier et de l’encre, au silence de la nuit et à la beauté du ciel nocturne. C’est sans doute l’un des seuls moment durant lesquels je ne suis forcée de traiter avec aucun protestataire.

Au fond, la méthode est fort simple. Le conflit que nous nous apprêtons à livrer contre la pègre de Courage ne pourra souffrir aucune limite. La guerre sera radicale et quiconque s'y opposera ne pourra, en conséquence, n'être défini que comme un ennemi de la République.

N’est-ce pas déjà la définition que j’en ai donnée ?

Ma question meurt dans un soupir et je me laisse retomber contre le siège où je repose. Doucement, je prends un gâteau et le fait craquer entre mes lèvres. Koraki m’expose son plan et je reconnais que ses idées sont bonnes. Pourtant, je ne trahis aucune approbation, pour la simple et bonne raison qu’une telle naïveté m’étonnerait d’elle. Quand bien même elle tenterait de mettre son plan à exécution, sous-estimer les rats a toujours été plus dangereux qu’on ne le pense.

Je reconnais que la fin de son discours a au moins le mérite de me rappeler — si par mégarde j’avais pu l’oublier — que la mairesse n’est pas de ces personnes qui diffèrent grandement de moi. Mais je suis telle le vétéran cruel aux nombreuses victoires sanglantes. Je connais ces êtres et je ne crois pas à la solution miracle de celle qui se présente aujourd’hui devant moi comme une sauveuse… bien qu’il me manque sans doute certains éléments. C’est justement ce qui m’ennuie.

Je suis tout à fait prête à vous donner les clés dont vous avez besoin pour mener cette guerre, Mademoiselle Exousia. Notre guerre. Celle de la République toute entière et qui lui offrira, je n’en doute point, un nouveau souffle à l’aube d’un conflit de plus grande ampleur encore. J’émets toutefois quelques doutes sur ce procédé très clair, quoiqu’un peu simpliste à mes yeux…

Le vent se lève et vient flageller les vitres de pluie. Je lève mon visage marqué de sillons qui ne font que rappeler au monde les longues années que j’ai passées à fouler cette terre, cette nation et à éprouver ses lois rudes et sévères. Je sais bien ce que signifierait la victoire que Koraki me promet. J’aurais la mainmise sur la mafia toute-puissante qui sévit là-bas et sur l’immense fortune qu’ils cachent au fond de leurs poches remplies de sang et d’os broyés.

Après tout, ma domination n’est jamais contestable, ni particulièrement en danger au bout du compte. Mais elle n’est pas totale… et avec la mairesse de Courage, peut-être aurais-je l’opportunité de récupérer ce qui appartient de droit à la République : le pouvoir absolu.

Vous et moi avons été des rats à exterminer… De la vermine que rien ni personne ne pensait jamais affronter un jour en tant qu’égal. Je connais votre histoire et vous connaissez la mienne. La pègre que vous tenterez de soumettre ne se montrera pas aussi docile que vous le prétendez.

Je gonfle la poitrine et expire l’air de mes poumons d’un souffle calme et contrôlé. Puis j’oriente mon regard sur les branches qui fouettent les vitres et le reporte sur Koraki, plus glacial encore qu’il ne l’était jusqu’ici.

Toutefois, si vous y parvenez et que vous prenez le contrôle de cet empire… N’oubliez pas que vous m’appartenez. Je peux vous soutenir, encore, mais le prix n’en sera que plus élevé et je ne souffrirai d'aucune négociation. Comptez sur moi pour m’assurer que vous ne preniez pas trop d’ampleur non plus. Il est exclu que vous me fassiez de l’ombre, bien évidemment, il vous faudrait bien plus d’ambition encore, mais je ne peux me permettre de faire de telles préférences sans un bon plaidoyer. Vous faites partie des personnes qui ne se gêneraient pas pour me demander des comptes si vous n’étiez pas ma privilégiée…

Derrière la vitre épaisse, quelques faisceaux lumineux zèbrent le ciel. Des éclairs.

D’autant que vous regretteriez d’avoir eu la prétention de me demander mon soutien et d’échouer dans l’exercice de vos fonctions. Si je décide de prendre ce risque, je veux vous entendre m’assurer que vous réduirez leur résistance à néant et qu’il ne subsistera de leur empire que ce que vous aurez choisi de préserver dans mon intérêt.

Je secoue la tête, fais une pause et mon regard explore le visage de Koraki à la recherche de la moindre hésitation. Puis je prête attention à la droiture de sa position, à la crispation de ses épaules et à la façon dont s’articule son corps pour m’affronter. Il serait bête de ma part de me contenter de mots menteurs alors que la chair parle bien plus justement. Pourtant, la mairesse soutient mon regard sans s’encombrer de sentiments, ce qui n’aurait de toute façon pas eu sa place dans cette discussion.

N’oubliez pas que je sais toujours ce que je fais. Si je décide d’apporter mon soutien à qui que ce soit, c’est toujours parce que j’ai l’assurance que ce placement ne sera pas vain. Or, dans notre cas, je m’appuie seulement sur la confiance que je vous accorde, ce qui vous place dans la situation la plus délicate… Car si vous ne tenez pas vos engagements, comptez sur moi pour que la seule chose que vous puissiez diriger ne demeure qu’un simple bordel.

Je termine mon biscuit et fais passer ma bouchée à l’aide d’une gorgée de vin. Puis je souris et hausse les sourcils.

Si toutefois vous vous sentez toujours prête à remplir n’importe laquelle de mes conditions, je peux vous offrir absolument tout ce que vous désirez — mais ne soyez pas trop gourmande, je pourrais mal le prendre. Nous avons gagné nos guerres par tous les moyens mis à notre disposition… Pas vrai, Mademoiselle Exousia ? Que vous faut-il donc pour remporter celle-ci ?
Koraki Exousia
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Fiche du personnage
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Rang: A - Mairesse de Courage
Mairesse de Courage
Koraki Exousia
Mairesse de Courage
-  N’est-ce pas déjà la définition que j’en ai donnée ?

« Si, mais ta voix est un tel délice à mes oreilles que ne peux m’empêcher de te faire répéter pour en profiter. »

Venait-elle réellement de dire cela à voix haute ? Non, impossible, elle savait encore ce contrôler. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de douter. Tout devenait toujours si compliqué dans son esprit lorsque Mirelda parlait de cette voix condescendante. Ces petites lèvres pincées et abimées par le soleil étaient capables de prononcer des mots si dures que cela en devenait presque … Agréables. Et elles ne se refermaient que pour déguster les pâtisseries.

Ou étaient les aphrodisiaques quand on en avait besoin, sacrebleu ?

Les mots continuaient de défiler, puissants et aiguisés comme du cristal.


- J’émets toutefois quelques doutes sur ce procédé très clair, quoiqu’un peu simpliste à mes yeux…

A ces propos, la mairesse reste sobre.

- Rien n’est jamais sûre dans une guerre, madame. Que vous ayez des doutes n’est qu’une preuve supplémentaires de votre sagesse.

En même temps, tel était le principe de cette réunion : établir un plan d'action. Ce n'était qu'avec les autorités compétentes que Koraki enfanterais des manœuvres nécessaires à son application.

- Vous et moi avons été des rats à exterminer. […] La pègre que vous tenterez de soumettre ne se montrera pas aussi docile que vous le prétendez.
- Nous avons étés des rats, certes. Et comment nous en sommes nous sorties ? En apprenant à dévorer les autres rats. Plus nous en avons engloutit, plus notre appétit c’est amplifié. C’est une force contre laquelle nous ne pouvons lutter, vous et moi. C’est pourquoi nous ne devons ni les consommer, ni les soumettre. Nous devons les élever dans la cage que nous leurs avons confectionnées, en n’exterminant que ceux qui refusent la soumission.

Vient finalement ce regard glaciale qui n’appartenait qu’à la Présidente de lancer, et qui déclenchait à la sulfureuse mairesse des frissons d’effroi autant que d’excitation. La mort n’aurait pas de regard différent, à n’en point douter.

Gracieuse et élégante comme seules les courtisanes pouvait l’être, elle se leva et s’approcha de ses vitres malmenées par les éléments, son verre près de la poitrine. Prenant garde à ne jamais tourner le dos à son hôte, elle se permit néanmoins d’admirer les éclairs, cette manifestation sur spectaculaire de la force la plus puissante de la nature. A croire que l’orage lui-même cherchait à être le témoin des paroles qui s’échangeaient ce soir-là, entre bougies parfumées et confiseries.

La présidente continua par la suite, raffermissant son autorité et son emprise sur la Catin, expliquant tant de choses sur les raisons de son appuie. Oui, tout était claire comme de l’eau de roche : elle préférerait avoir Koraki en tant qu’obligée plutôt qu’en tant qu’ opposante. Cela avait été un mouvement politique parfaitement logique et prévoyant, car il était vraie que si la maquerelle avait eut tout l’amplitude pour faire valoir sa parole, elle s’en serait férocement prise au camp de Mirelda et aurait rejoint l’opposition.

Ce qui aurait été fâcheux, en un sens, car leur opinions politiques convergeaient.

Et enfin, elle pose la question sacrilège qui arrache un sourire féroce à la Putain et la fait détourner le regard du spectacle de la tempête, les iris débordants de cette vigueur vindicative qui ne pouvait annoncer que le malheur sur ses ennemis.


- Que vous faut-il donc pour remporter celle-ci ?
- Un droit de regard complet sur l'administration interne de la Banque des Chaines, afin de vérifier les comptes de tout les bourgeois à la fidélité douteuse et éliminer les clients les plus importants de la pègre.

Un pas gracile la rapproche de la Présidente.

- Un contrôle total sur la SSG, afin de remonter les réseaux de distribution et détruire les entrepôts illégaux.

Un second pas, plus ferme et plus assuré encore. La voix de la discoureuse se fait plus féroce encore, car elle sait qu’elle joue sa carrière, sa position et sa vie entière sur cette seule et unique conversation.

- La mise au pas de la Marine en la plaçant directement sous le contrôle de la Mairie, afin de coordonner les actions de la flotte, de la GAR et du SCAR.

Une fois ces trois premières étapes accomplies, la pègre se retrouvera acculée, coupée du monde extérieur. Elle n'aura alors d'autres choix que de s'unir contre cette ennemie venue de la luxure. Que les familles mafieuses résistent ou qu'elles cherchent à négocier, cela ne changeait absolument rien à leur destin, elles allaient être dans l'obligation d'agir et, par conséquent, de se découvrir.
Isolées, elles étaient nuisibles, mais éparpillées. Solidaires, elles devenaient dangereuses, mais vulnérables. C'est pour cela qu'il fallait réduire leur champ d'action à son minimum avant le début des hostilités. Peut-être même la Mairesse réussirait-elle à les faire s’asseoir à la table des négociations sans qu’une explosion de violence soit nécessaire. Elle l’espérait.

Les citoyens payaient mieux leurs impôts quand ils étaient encore en vie.

Et puis, tout cela n’était que la conséquences logiques de décennies d’inaction politique de la part des mandataires successifs de la Mairie de Courage. A présent, pour palier à ces manquements, il fallait centraliser sous une seule autorité tout les services nécessaires à cette entreprise de dératisation.


- Et pour vous donner quelques garanties, toute cette opération se fera sous contrôle directe d'une commission exceptionnelle diligentée par la Maison Bleue et donc directement placée sous votre autorité. Moi, je ne serais que l'exécutrice de la volonté du gouvernement, de votre autorité, à Courage.

Dans le droit, c’est Mirelda qui obtient le contrôle, dans les faits, Koraki. Les deux y gagnaient.

- Vous ne voulez aucune négociation de ma part et pourtant je vais vous désobéir.

La présidente n’avait jamais cachée la façon dont elle aimait voir les choses se dérouler. Lorsque l’on voulait l’implorer, la première chose à faire était de ployer le genoux genoux.

C’est pourquoi la Mairesse s’approcha t-elle encore de sa supérieure et, une fois à côté de son fauteuil, exécuta ce mouvement que beaucoup jugeait déshonorant. Ceux-là n’étaient que des idiots. L’égo n’avait pas sa place entre les murs de ce salon, seule comptait l’ambition. Si l’ascension sociale de Koraki devait d’abord passer par un affaissement de la nuque, alors elle répéterait ce geste aussi souvent qu’il serait nécessaire.


- J'implore une condition, Madame la Présidente : celle de dissimuler votre nom dans la mise en place de cette campagne anti-pègre. J'y vois deux avantages : tout d'abord, cela assoira ma domination morale sur Courage par son implication physique et sur le gouvernement par l'ampleur de cette opération. Personne ne pourra alors douter ni de mon intégrité politique, ni de mes hésitations.

Elle n’était qu’une nouvelle arrivante sur la scène politique nationale et, pire que tout, une « pute ». Il ne fallait pas sortir des grandes écoles républicaines pour savoir que ce fait allait lui être reprocher, que sa condition lui interdirait respect et écoute. Il lui fallait un coup d’éclat tel que tous tremblerait à l’idée de s’opposer à elle.

Sans oublier que, dans le cadre de cette collaboration à bénéfice unique, renforcer le pouvoir de la Reine des Catins, c’était renforcer le pouvoir de la Présidente.


- Deuxièmement, et c'est certainement le plus important à mes yeux, cela aura le mérite de vous protéger en cas d'échec.

La main parfaitement manucurée de la mairesse vint se poser sur celle de Mirelda, endurcie par le labeur et ridée par l’age. Pourtant, dès deux, c’était bien la plus disgracieuse qui avait le plus de pouvoir en ces lieux. La toucher, c’était entrer en contact avec la force la plus impitoyable de tout Sekai. Les doigts de Koraki se serrèrent sur cette peau fripée, admirant et profitant de cette puissance qu’elle aspirait à obtenir.

- Je ne saurais tolérer de voir votre nom sali en raison de mon échec. Échec que je n’imagine même pas arriver, mais je préfère pêcher par excès de prudence que par ambition démesurée.

Puis elle retire sa main. Mirelda restant une lionne à la mâchoire acérée, mieux valait éviter les contacts prolongés, au risque d’un perdre un doigt. Il y’ avait un moment que la Catin avait apprit qu’en ces lieux, les lames sortaient aussi de leur fourreaux qu’un pénis dans une maison close.

Comme quoi, les deux femmes évoluaient dans des milieux relativement similaires.
Mirelda Goldheart
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Fiche du personnage
Race: humaine
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Présidente de La République
Mirelda Goldheart
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Koraki approche à mesure qu’elle dicte ses prérogatives. Qui dit droit de regard sur les comptes de la Banque des Chaînes… dit que je prendrai une belle longueur d’avance sur mes affaires personnelles. Elle approche encore et me demande les clés de la SSG, ce qui, d’un point de vue purement objectif, serait despotique et reviendrait à mettre les principes de notre nation en danger. Concernant la flotte, en revanche, je reconnais ne pas porter l’Amiral dans mon cœur et ne pas lui accorder grand intérêt non plus. Le fait est que je ne peux pas, même temporairement, m’en faire un ennemi.

Comme d'habitude, Mademoiselle Exousia, je vous trouve un brin excessive. Mais je crois bien que l’on ne vous changera pas et votre soif de pouvoir ne m’est pas étrangère. Pour un projet de cette envergure, je suis prête à faire un effort. Et même si je ne saurais vous offrir tout ce que vous désirez en ces termes, je trouverai un terrain d’entente convenable qui vous permettra de jouir de toute l’aide dont vous aurez besoin.

Sauf pour la Marine, même si je ne peux lui révéler les raisons pour lesquelles je me dois de la préserver. Koraki, à force d’avancer, arrive en bout de table et se plante à côté de moi. Les Cent-Dorés se tendent, prêts à agir, et je les arrête d’une main, la seconde tapotant doucement le bois de la table à un rythme régulier. L’hybride se penche soudain en avant. La voir ainsi courbée à mes pieds me conforte au moins dans l’idée qu’elle a bien retenu sa leçon la première fois.

J'implore une condition, Madame la Présidente : celle de dissimuler votre nom dans la mise en place de cette campagne anti-pègre. J'y vois deux avantages : tout d'abord, cela assoira ma domination morale sur Courage par son implication physique et sur le gouvernement par l'ampleur de cette opération. Personne ne pourra alors douter ni de mon intégrité politique, ni de mes hésitations.

Je reconnais qu’elle a du cran.

Deuxièmement, et c'est certainement le plus important à mes yeux, cela aura le mérite de vous protéger en cas d'échec.

Mes doigts cessent de bouger lorsque ceux de la putain se posent sur ma main. Le contact est chaud, sa peau douce et lisse comme du lait. Nous ne sommes pas nées au même endroit, il va sans dire, mais si nous avons bien un point commun, c’est le suivant : la Reine des Catins et moi avons donné de notre personne pour en arriver où nous en sommes aujourd’hui. D’un point de vue purement physique, d’une part. Parce que les cicatrices qui couvrent ma peau n’ont d’égales que celles qui couvrent la sienne, d’une façon ou d’une autre. Parce que son corps a enduré diverses injures pour en arriver là, mais surtout parce que nos cœurs et nos âmes ont appris à régner.

Il lui reste du chemin à parcourir, mais si elle reste à mes côtés, peut-être y arrivera-t-elle. C’est ce que j’espère, tout du moins. Mes sourcils se froncent. Depuis combien de temps n’a-t-on plus initié un contact à mon encontre sans que je ne l’ai autorisé ? Mais après tout, je l’ai volontairement laissée approcher — je me demande encore pourquoi. Les Cent-Dorés sont prêts à se jeter sur elle et je relève la main pour les arrêter. Le grincement de leurs armures cesse tout à coup et le temps lui-même marque une pause, comme un instant de flottement qu’il prend pour nous observer. Il me suffirait de lever un doigt pour que cette charmante main aux ongles impeccables gise dans une mare de sang.

Je ne saurais tolérer de voir votre nom sali en raison de mon échec. Échec que je n’imagine même pas arriver, mais je préfère pêcher par excès de prudence que par ambition démesurée.

Voyons, Koraki. Je ne saurais vous laisser vous attribuer tous les mérites de cette campagne. Si je vous donne les armes pour entreprendre cette tâche, c’est que j’ai toute confiance en vous. Autrefois, j’aurais sans douté tué quiconque se serait permis ce que vous avez tenté ce soir…

Je plisse les paupières et pose l’index sous son menton. D’une simple pression, je relève son visage et plonge mon regard dans le sien.

Je connais les sacrifices que vous ont coûté votre ascension. Je respecte cela. Mais vous muselez votre audace. Où est passée la voracité de la Reine des Catins, celle qui à défaut d’exterminer les autres rats, prétend pouvoir les diriger ? Vous voulez vous attaquer à la bête noire de Courage et vous craignez de salir mon nom ? Vous souhaitez la guerre absolue, Koraki, et vous préférez la prudence à l’ambition ? Que diable vous arrive-t-il !

Un éclair de pitié anime mon regard.

Lorsque vous êtes entrée ici pour me demander cette faveur, il était déjà proscrit que vous puissiez avoir le moindre doute sur votre succès. Si je vous donne ces armes, vous devez réussir. Et ce n’est pas une menace, cette fois-ci. C’est un ordre. Si je trouve un terrain d’entente convenable pour nous deux et les desseins de la République, j’aurais rempli ma part du contrat et j’attendrai que vous en fassiez de même. Peu importe que mon nom soit invoqué ou non puisque vous allez réussir… Je ne traite qu’avec ceux qui peuvent me l’assurer.

Lentement, je penche la tête sur le côté. Beaucoup ont tenté de lutter contre la corruption, mais aucune n’égalait son pouvoir en férocité.

J’ai des projets pour certains organismes dont vous demandez le contrôle… Je peux toutefois vous offrir un rang d’honneur temporaire qui vous accordera les plein pouvoirs sur les services que vous requérez. Un décret ou deux, comme vous dîtes… Sachez toutefois que la lutte contre la corruption de Courage n’est pas une priorité pour la République. D’autres choses qui vous dépassent se tapissent dans l’ombre et je ne peux prendre le risque de manquer de moyens.

Quelque chose frémit dans mes prunelles. Quelque chose de sévère et d’inflexible.

Pour la Banque, je peux vous accorder ce que vous désirez. Pour la SSG, un contrôle partiel suffira. Pour la Marine, en revanche, je peux seulement vous les prêter. Ce sont mes pions et j’en ai besoin sur un autre échiquier. En attendant que la partie commence, vous pouvez vous en servir… Mais je reste la main qui vous dirige.

Mes doigts s’enroulent plus franchement autour de son menton et mon pouce souligne la ligne de sa mâchoire alors que je la force à basculer la tête en arrière.

Mon nom ne sera pas invoqué publiquement, mais je tiens à ce que les hautes instances prennent connaissance du soutien que je vous apporte. Cela vous convient-il ?

Ce n’est pas une question. Mais elle le sait sûrement.
Koraki Exousia
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Fiche du personnage
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Rang: A - Mairesse de Courage
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Koraki Exousia
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« Excessive », Koraki ? Indubitablement. La disproportion était la composante principale constituant la Reine des Catins, l’ambition étant le reste. Ce n’était que gràçe à cette démesure qu’elle était passée de bête de foire à diablesse de Courage. Une hybride, d’ordinaire condamnée à la mendicité ou à la dissimulation, devenue maquerelle, élue mairesse d’une des cité les plus importantes de cette terre, désignée protégée de la personne la plus puissante de cette nation. Ce n’était pas un parcours qui s’accomplissait avec pour uniques compagnons modestie et morale. C’était l’aboutissement d’une vie d’abus, de violence et de cruauté.

Cependant, il fallait garder à l’esprit que cette férocité n’avait jamais été gratuite. Le plaisir qu’elle avait ressentie n’avait jamais été qu’un bonus, pas un accomplissement. Elle n’avait toujours été qu’une méthode.

Et cette brutalité qui l’habitait restait intacte.


- Il y’a encore quelques mois, je n’étais qu’une simple putain aux yeux du monde, rappela t-elle. Malgré la légitimité que m’a accordé mon élection, ce même monde ne verra en moi qu’une maquerelle arriviste qui ne doit son poste qu’à votre mansuétude. Et c’est le cas.

Insensible aux mouvements des gardes alentours, elle ne prête d’attention qu’à l’unique personne d’importance dans cette pièce. Ils peuvent gesticuler autant qu’ils veulent, porter la main à leur garde et la menacer tout leur soûl, elle n’en a cure. Elle ne les voit pas, ne les entends pas, à tel point qu’ils pourraient ne pas exister que le résultat aurait été parfaitement identique. La seule chose qui attirait toute l’attention de la putain était le regard de la présidente et son acceptation, ainsi que ces doigts usés posés sur son menton.

- J’ai volé cette élection, Madame. Si je n’en éprouve aucune honte, je n’en tire aucune fierté. Ce n’est qu’un fait, qu’ un méfait, parmi tant d’autres, qui ne m’accorde que d’être cité au milieu des archives de Courage, effacée par une multitude d’autres noms. Or, j’entends bien être la Mairesse dont le mandat surpassera ceux passés et ceux à venir.

Cette hargne, cette dévotion, devint tangible lorsque les iris de la catin éclatèrent de cette bestialité qui représentait la moitié de son ascendance. Pendant des années, elle avait prétendue être un ange, cherchant à éviter la honte d’être cataloguée comme une « aberration de la nature », comme aimaient à la désigner les sectateurs de Shoumeï.

Aujourd’hui, grâce à l’indiscrétion de mr Palpeplatine, se secret était connue de toute la nation. C’était toutefois avec un certain soulagement que Koraki se laissait aller à sa vraie nature. Ses ailes s’étendirent de tout leur long, immenses, magnifiques et aussi obscures que les ténèbres qui allaient s’abattre sur les ennemis de la République. Enserrant les deux femmes d’un cocon de plume, de tels appendices allaient sûrement ravivés dès souvenirs dans l’esprit de la Présidente, des souvenirs vieux de 41 ans, précisément.

Et elle désirait revoir cette voracité ?

Ses désirs étaient des ordres. Aussitôt, le sourire de politesse s’estompa, cédant la place à une cicatrice tordu s’étirant d’une commissures à l’autre. Trop souvent cachée, ce sourire-là était la manifestation physique du crime. Amplifié par la lueur flavescente de son regard de prédateur, le visage entier n’exprimait qu’une intention : la folie meurtrière.

Et pourtant, les doigts de la présidente restaient inflexiblement au contact de cette sauvagerie.

La Koraki qui ce dévoilait devant la Présidente était la seule et véritable Koraki. L’hôte de cette soirée pouvait dès lors se targuer d’être l’unique personne en ce monde ayant put obtenir un aperçu du monstre qui se cachait derrière l’intrigante mégalomane. Même Bazyleus n’y avait jamais goûté.


- l' mgvulgtlagln c' mghri … Annonça t-elle d’une voix de damnée.

Si d’aventure Mirelda se laissait aller à la curiosité et demandait la signification de ces mots, ce serait avec un plaisir malsain que l’hybride les lui expliquerait. « Malheur à nos ennemis », déclamé en Bas-Parlé, comme une malédiction, une déclaration de guerre qu’elle adressait aux fous qui se dressaient contre elles.

- Étant à présent Mairesse, je me dois de préserver les apparences. Catin, certes, mais respectable. Après tout, c’est à la vertu de prendre le relais lorsque le vice se repose. Soyez assurée, Ma Dame, que ce vice qui semble vous manquer est toujours présent, tapis dans l’ombre, n’attendant que votre pouce abaissé pour se jeter contre les traîtres qui vous spolie, contre les ignorants qui cherchent à vous duper.

L’aliénation s’éloigne, tandis que revient la Koraki d’agréable compagnie, aussi facilement que l’on tournait les pages d’un livre.

- Votre confiance m’honore. Votre respect me sanctifie.

C’étaient certainement grâce à ces deux attributs que la tête de la Catin reposait toujours sur ce buste, elle le savait. Sinon, elle ne l’aurait même pas tenté. « Autrefois, elle aurait tué », disait la Matriarche. Que c’était-il donc passé pour que l’implacable et impitoyable Mirelda Goldheart s’assagisse au point qu’elle en vienne à tolérer ce qui était intolérable hier encore ? Peut-être le temps avait-il fini par faire son œuvre sur son caractère, peut-être la sénilité avait-elle commencée à gagner la partie contre cet esprit inflexible, peut-être la fatigue d’une vie de combat avait-elle éroder la rigueur de cette personnalité, peut-être était-ce un peu des trois.

Non.

C’était impossible. La présidente était une femme bien trop têtue pour être abattue par des maux qui affligeaient le commun des mortels, elle était bien au dessus de cela. La seule conclusion logiquement applicable à son intellect était une stratégie dont les tenants et aboutissant échappaient encore à la Mairesse. Elle cherchait à s’attirer ses faveurs, ou bien à temporiser l’intérêt que sa subordonnée représentait pour elle, les deux possibilités se finalisant de la même manière : elle avait besoin de son soutien.

Quant au fait qu’elle éprouvait des réticences à lui confier le contrôle de la Marine, il était assez simple d’en deviner la raison et d’en extrapoler les conséquences. Elle l’avait elle-même déclarée lors du débat.

En réalité, peut lui importait que l’amiral soit à ses ordres ou non. Si elle avait été si gourmande durant la négociation, ce n’était qu’au nom de cette sacro-sainte vérité : toujours demander plus que ce que l’on souhaitait réellement. C’était une réalité qui s’imposait aussi bien en affaire qu’en politique. Ce qui comptait réellement, ici, c’était d’obtenir le contrôle absolu sur tout le secteur financier et économique de Courage et elle l’avait obtenue. Entre ça et les pouvoirs militaire qu’elle détenait déjà de part son mandat, des 5 000 soldats de la Gar qu’elle commandait et de ses réseaux d’informateurs bipèdes et ailés, elle détenait tout les outils nécessaire à l’éradication de la pègre.

Sa tête bascule en arrière sous l’impulsion de la Présidente, qui feint dès lors d’avoir un intérêt pour son avis, le lui demandant.

Cella-là, elle était facile.


- Mon avis n’a que peu d’importance dans cette conversation, Ma dame. Je viens pour implorer, vous êtes là pour accorder et je me débrouille avec ce que vous daignez me donner. Cela s’arrête-là.

Elle ne peut réprimer un sourire amusé alors qu'une pensée lui traverse l'esprit et qu'elle s'autorise à partager.

- De toute manière, même si j’essayais de le dissimuler, personne ne serait assez stupide pour croire que vous n’êtes pas intervenue à un moment ou autre dans cette opération. Vous êtes incontournable.

Elle se lève ensuite délicatement, rompant avec regret le contact initié par la femme la plus puissante de ce monde. Quand bien même la Catin surplombait la politicienne, il ne pouvait faire de doute à quiconque de qui dominait l’autre, Koraki la première. C’est ainsi que son visage comme ses ailes s’affaissèrent une nouvelle fois en une révérence gracieuse et servile, remerciant la Présidente pour son accord.

La putain nota toutefois que, pour la première fois depuis qu’elles se fréquentaient, Mirelda l’avait appelée par son prénom. Elle se souvint de ce dîner qui avait initié leur collaboration et de ce qu’elle c’était jurée une fois son auguste invité partie, se rendre si indispensable qu’elle finirait par intégrer le cercle prestigieux des proches de la Présidente. Si une grande avancée avait été accomplie ce soir, il restait encore un long chemin à parcourir avant de devenir une intime. Ce ne sera qu’à ce moment-là que Koraki obtiendrait ce pouvoir qu’elle désirait tant et qu’elle pourrait jouir de sa propre puissance, car devenue inviolable et intouchable.

En attendant ce jour béni où elle pourrait, dans la discrétion de telles retrouvailles, appeler sa supérieur par son prénom comme elle-même le faisait, elle ferait preuve d’un zèle politique tel que le simple fait d’énoncer à voix haute le nom de « Koraki Exousia » pétrifierait de terreur les ennemis de la République.

Elle finit par se retourner en direction de la table basse, remplit les deux verres et en tend un à la prestigieuse Goldheart. Elle lève sa propre coupe, trinquant à une soirée qui voyait l’avenir s’indexer sur les paroles des deux intrigantes.


- A l’avenir radieux de la République des Goldheart.

Même l’orage qui continuait de tonner à l’extérieur ne fut pas de taille à ternir ce moment. Au contraire, chaque éclair ne devenaient que l’illustre témoin de leur alliance.
Mirelda Goldheart
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Mirelda Goldheart
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Que Koraki soit une hybride n’est pas une grande surprise. J’ignorais seulement que son visage pouvait refléter une telle monstruosité sous ses traits si délicats. Sous ses traits de femme voluptueuse se cache une dangereuse prédatrice, qui se révèle une fois que sa proie a succombé à ses charmes, semblable aux dangers du désir et de la luxure. Attirants, mais redoutables. Un contraste comme il en existe peu. Les gardes s’agitent d’autant plus et je comprends leur trouble, mais je lève la main plus sèchement cette fois-ci. Je croyais leur avoir donné l’ordre de ne pas bouger et j’ai bien peur qu’ils ne comprennent ni mes mots, ni mes gestes, ni mes regards. Je n’ai pas le temps de me répéter et encore moins l’envie.

Ils doivent comprendre. Ils vont comprendre.

D’un regard en coin, je les avertis qu’ils regretteront leur prochain mouvement si celui-ci venait à outrepasser mes ordres. Le plus proche de nous initie un pas en arrière. Je reporte mon attention sur Koraki et bientôt, son visage est traversé d’une grande cicatrice qui semble barrer ses joues d’une étrange grimace. Pourtant, je ne tremble pas ni m’esquisse la moindre expression. Ma vieille vie a été parsemée de surprises bien moins agréables encore.

Remarque, les oiseaux noirs portent toujours moins malheur que les anges...

Des mots quittent ses lèvres. Des mots gutturaux dont je ne connais ni la signification, ni la visée. Ceci dit, la promesse qu’ils masquent à peine me fait frémir. De surprise, sans doute, et d’une pointe d’excitation. Une telle ferveur est nourrie de pouvoir. Et le pouvoir rime avec l’or, du moins quand on sait s’en servir.

J’aimerais savoir quels sont les mots doux que vous avez prononcés, Mademoiselle Exousia. Ils sonnent comme un chant mélodieux à mes oreilles…

Un semblant de sourire étire mes lèvres. Aucune peur n’est visible sur mes traits, seulement la satisfaction d’avoir à nouveau misé sur un bon parti.

Lorsque revient la Mairesse que j’ai soutenue quelques semaines auparavant, je penche la tête sur le côté et la laisse reculer. Ses ailes sont majestueuses et ses plumes renvoient la lueur des éclairages en reflets bleutés. C’est le noir corbeau de son plumage qui me reste en mémoire lorsque je me détourne de Koraki pour orienter mon regard vers le Cent-Doré qui commence sérieusement à m’agacer. Il est trop nerveux. Je n’ai pas besoin d’un protecteur si médiocre qu’il en devient incapable de se contrôler.

Lui.

Je montre le soldat. Il sursaute.

C’est l’erreur de trop.

Tuez-le.

Les Cent-Dorés les plus proches n’hésitent pas. Ce sont des vétérans, deux de mes plus proches chiens d’attaque. Ils obéissent et c’est tout ce que je leur demande. D’arrêter de réfléchir. Ça, c’est mon travail. Trop est l’ennemi du bien et je n’ai pas besoin de protecteurs tels que cet incapable. Sa tête roule au sol alors que les lames des soldats s’entrechoquent. Sa colonne est nettement rompue et le bruit sourd de son armure qui se ratatine sur elle-même dans une flaque de sang me fait relever le menton.

Bien.

J’attrape la coupe que me tend Koraki. Puis d’un mouvement aussi froid et stoïque que tous les autres, je l’amène devant mon regard. Le mien ne traduit pas la férocité animale de la Mairesse, mais il n’en a pas besoin pour être létal. L’éclair illumine nos regards, ses ailes et le liquide carmin qui oscille dans nos verres. L’odeur du sang accompagne nos voix comme elle m’a accompagnée toute ma vie, de près ou de loin, et comme elle a sans douté accompagné Mademoiselle Exousia tout au long de son parcours.

À l’avenir radieux de ma République.
Koraki Exousia
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Koraki Exousia
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- "Malheur à vos ennemis."

Telles furent les mots qui accompagnèrent la tête, alors qu'elle était séparée du reste de son corps en un coup net, précis et, certainement l'adjectif le plus important, sans aucune hésitation. Voir se dérouler devant ses yeux la scène dont elle aurait put être l'actrice principale, il n'y a encore que quelques mois, avait quelque chose de mélodramatique. Indirectement, c'était les actions de la Catin qui avait amené à un dénouement si funeste pour ce pauvre soldat qui n'avait eu pour seul péché que de s'inquiéter pour sa maitresse. Elle c'était laissé griser par la soirée et les promesses, avait dépassé les limites de l'étiquette et du protocole et avait donc conduit à cette résolution.

En éprouvait-elle une quelconque honte ? Certainement pas. Jusqu'au bout, il avait eu le choix de son destin. Il aurait put combattre, il aurait put résister, il aurait même put tenter de faire valoir sa loyauté indéfectible envers la présidente et parlementer pour sauver sa vie. Au lieu de cela, il c'était résigné, par surprise ou par lâcheté, peu importait. Le seul fait qui comptait était celui-ci : il était mort, ignominieusement, sans la gloire du champ de bataille ou l'honneur du devoir accomplie. Sa tête roulait à présent sur le sol, car il avait été faible.

Mirelda avait raison, la République n'avait aucunement besoin d'impuissants et de timorés. Ils n'étaient que des parasites, tirant la nation bleue vers le bas, l'empêchant d'atteindre la grandeur qui lui revenait de droit.

Après que les deux femmes eurent trinquées à l'avènement de cette République dont elles rêvaient toutes les deux, les yeux de la Catin se fixèrent à nouveau sur cet appendice au visage figé dans une expression de surprise. Avait-il seulement souffert ou jusqu'au bout c'était-il demandé ce qu'il ce passait ?

Lentement, des tentacules ténébreux émergèrent du sol, enserrant la tête sacrilège pour la porter délicatement dans la main de la Mairesse. Insensible au sang qui coulait entre ses doigts, elle l'observa quelques instants, en proie à une soudaine envie de philosopher.


- J'ai toujours été fasciné par la facilité avec laquelle la vie pouvait céder la place à la mort. Moi, il me faut des semaines de complots et une poigne d'acier. Vous, il vous a suffit d'un seul mot. Cela rendrait presque humble ...

Elle approcha ses lèvres de celles du macchabé, lui accordant un dernier baisé qui, même dans la mort, était une faveur que beaucoup lui envierait. Faisant sciemment durer cet échange, la Catin en profita pour regarder avec malice les réactions des autres gardes. Allaient-ils manifester leur dégoût face à cette scène ou bien l'exemple de leur camarade allait-il suffire ?

Lorsqu'enfin, elle éloigna sa bouche du mort, ce ne fut que pour chuchoter une nouvelle fois en Bas-Parlé :


- Throdogoth ot ... Elle regarda un instant la Présidente, sourit de nouveau et acheva sa malédiction, un voile de fidèle folie transcendant ses iris. Mirelda.

Une seule détonation et la tête fut englobée de flamme noire. Rapidement, la chair fut dissoute, dévorée par ce feu qui, bien qu'intense, n'émettait nulle chaleur, ne brulant pas même la peau de la Catin. Rapidement, il se dissipa, dévoilant à l'auguste matriarche un crâne parfaitement poli, dont le front était ceint d'un emblème : un corbeau.

Symbole de Justice, dont Mirelda était la garante au sein du territoire républicain, ou bien symbole de Koraki ? Cela, cette dernière laissait à sa supérieure le plaisir de choisir.

Un genou à terre, la Maquerelle tendit l'offrande.


- Que ce crâne soit une mise-en-garde autant qu'une marque de ma loyauté. Vos ennemis sont mes ennemis, votre cause est ma cause. Pour la Gloire de la République et ... "La Gloire de Mirelda".

Tels étaient les mots qu'elle avait prononcé à l'adresse de feu garde doré. Il n'était plus un être vivant, il n'était plus une personne, il n'était à présent qu'un objet à qui l'on prêterait une symbolique plus forte et plus importante que ce que sa vie aurait put représenter.

Tel était le destin des faibles : si tu n'étais pas capable de servir une cause, alors tu ne serais qu'un outil que d'autres utiliseraient.
Mirelda Goldheart
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Parfois, pour obtenir ce que l’on souhaite, il faut se salir les mains. Quitte à mentir, quitte à leurrer ou à user de son pouvoir sans limites. Je lance un regard à l’un des soldats qui attend dans l’ombre, de l’autre côté de la pièce, juste derrière Koraki. Elle donne au crâne détaché le baiser de la mort — au sens littéral du terme, ni plus ni moins — et provoque les soldats qui se tiennent immobiles dans mon dos. Ils ont envie de s’agiter, mais aucun ne bouge. Ils sont plus mal à l’aise qu’autre chose tandis que je ravale un sourire amusé. Cette méthode ne fonctionne pas sur moi : disons plutôt qu’elle ne fonctionne plus.

Tant d’horreurs ont défilé sous mes yeux et m’ont poussée à affronter le pire de notre monde qu’il faut aller très loin pour m’étonner. L’homme que je fixe baisse un doigt et acquiesce d’un simple mouvement de tête. Je ne réagis pas et me contente de reporter mon attention sur la Mairesse.

Je tiens la mort dans ma main gauche et la vie dans la droite. J’offre autant que je reprends et je peux décider du destin d’autrui… C’est en partie à moi de décider s’il sera un héros ou un vulgaire tas d’os.

Je désigne l’armure qui gît au sol d’un mouvement las. Puis mon regard est captivé par les flammes noires qui dévorent les parois du crâne que la maquerelle tient entre ses ongles tachés de sang. Finalement, ne sommes-nous pas tous similaires une fois grignotés jusqu’à la moelle ?

Toutefois, j’exècre la faiblesse. Tout comme j’exècre la désobéissance. Peu importe de qui elle vient.

La Mairesse pose un genou à terre et m’offre l’objet avec déférence. J’observe le présent et à quel point la vie peut disparaître d’un simple claquement de doigts.

Que ce crâne soit une mise-en-garde autant qu'une marque de ma loyauté. Vos ennemis sont mes ennemis, votre cause est ma cause. Pour la Gloire de la République et ... "La Gloire de Mirelda".

J’attrape son présent et mes doigts glissent sur les siens pour récolter un peu de sang alors qu’un sourire étire le coin de mes lèvres. Le respect se gagne et la peur est une excellente motivation pour fidéliser son entourage. La putain à l’ambition débordante connaît bien ses usages, elle aussi. Elle et moi sommes sans doute en accord sur ce point — comme sur bien d’autres, tout compte fait. Rien n’est plus efficace que de frapper fort et de n’épargner personne. Mais je n’oublie pas que cette règle s’applique à moi aussi. Donc je dois me tenir sur mes gardes, quoiqu’il arrive, parce que l’ambition est aussi vaste que l’appétit, souvent cachée dans l’ombre de la gourmandise.

C’est toujours un plaisir de faire affaire avec vous, Mademoiselle Exousia.

Je désigne la table d’un mouvement du poignet et plusieurs domestiques approchent pour amener des plats colorés aux senteurs délicieuses.

Mais vous restez manger, n’est-ce pas ? Vous allez adorer notre menu… Avec un bon verre de vin, l’amertume disparaît toujours.

Un sourire étire mes lèvres. J’essaye mes doigts sur la serviette blanche qui repose à côté de mon assiette et la replie avant de la tendre à l’un de mes employés.

Peut-être voudriez-vous vous essuyer les mains ?

J’en profite pour regarder les soldats qui patientent contre le mur du fond. Ils sont froids, stoïques, bien différents de l’homme qui a rejoint le monde des morts quelques minutes auparavant. Leur heaume m’empêche de croiser leurs regards, mais peu importe. Ai-je déjà mentionné que je me fiche de ce qu’ils pensent ? Ils savent que tous mes gestes ont un objectif bien précis.

Celui-ci, entre autres, était stratégique. Un mal nécessaire, comme on dit.
Koraki Exousia
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Non, même sous la forme la plus simple qui soit, personne n’était l’égale d’un autre. Même sous la l’apparence d’un vulgaire squelette, chacun continuait de porter les récits de sa propre histoire. Ce garde qui venait d’échouer dans sa mission, quand bien même il n’était plus capable de parler, pouvait être des plus bavard. Il suffisait d’observer ses os pour découvrir sa vie. On verrait probablement de nombreux membres rompus et ressoudés, témoignant autant des efforts que des sacrifices qu’il avait dut faire pour en arriver à devenir Garde Doré, avant de tout perdre sur une simple erreur. En observant la solidité et la composition de son ossature, on déchiffrerait son quotidien et découvrirait sa façon de vivre, s’il était bien nourri, s’il ne présentait pas de maladie, s’il vivait de labeur ou de non.

Un squelette n’était jamais l’égal d’un autre, car un squelette était ce qui resterait le plus longtemps après le départ de la conscience.

Et pourtant, malgré tout le respect que l’on pouvait et devait avoir envers cet artefact, celui-ci serait purement et simplement oublié. Qu’il soit honorez via une fausse et glorieuse mort ou maudit pour sa couardise et son échec, c’était un choix qui ne lui appartenait plus, comme l’avait si bien rappelé Mirelda.

Tout comme elle avait précisé au bons souvenirs de la Maquerelle que la faiblesse la répugnait plus encore que la traîtrise.

Qu’elle ne s’inquiète pas outre-mesure, la Catin disposaient d’innombrables ressources. Ce n’était pas par folie ou par stupidité qu’elle avait révélé ses deux dons les plus ignominieux à la Présidente, mais par calcul. Elle entendait faire comprendre à la matriarche qu’elle maniait des magies interdites terriblement puissantes. Interdites … Plus tout à fait. Après tout, cela faisait déjà quelques jours qu’elles étaient de nouveau légales.

Pour toujours et à jamais, Koraki Exousia serait l’Ange Noire de la Perdition, la Reine des Catins qui pouvait accorder plaisirs et douleurs. Tout ceux qui s’opposeront à elle trembleront, car ils n’auront attiré que mort et désolation à leur porte.

Mais cela était une autre histoire. Le véritable récit serait celui de ces dizaines de contrebandiers du port de Courage, gisant à une potence tandis que leurs marchandises sont saisies au nom de la République et revendues, que leurs entrepots et entreprises soient réquisitionnés avant que leur vente n’alimente le trésor de la Mairie et que leur famille soit frappée par l’exil.

A présent que la Putain avait rappelé à Mirelda pourquoi elle était la femme de la situation, il allait falloir apaiser la situation. Si l’ambition était une vertu que les deux femmes partageaient, la paranoïa était certainement leur pire péché. Si elle devait s’installer entre elles-deux, alors elles se condamneraient.

Aussi, l’idée d’un repas s’imposa à l’esprit de la catin comme une alternative agréable et bienvenue.


- Les plaisirs de la discussion, les plaisirs de la boisson, à présent les plaisirs de la table … Que me réservez vous encore comme autre surprise, Madame la Présidente ?

Gracieusement, elle accompagna la présidente à table, non sans s’appesantir sur les derniers mots de Mirelda. « L’amertume » … Qu’entendait-elle par là et pourquoi souriait-elle à ce point ? Cette suspicion qui l’accompagnait constamment, guettant le moindre de ses doutes, revint s’immiscer dans son esprit. Et pourquoi regardait-elle si régulièrement ses soldats ? Craignait-elle de se retrouver seule avec Koraki ou bien attendait-elle un évènement particulier ? Elle n’a pas autant d’expérience qu’eux dans le déchiffrement des gestes sybilins de la dirigeante, aussi doit-elle avancer à l’aveugle.

Il serait stupide qu’elle cherche à l’empoisonner maintenant, cela déservirait ses intérêts. Le danger ne viendrait donc pas de l’assiette ou de la coupe. Il ne pourrait donc venir que de derrière.

Sans réellement qu’elle ne le souhaite, une ombre glissa entre les plumes de ses ailes, prêtes à réagir à la moindre menace.

Et pourtant … Si Mirelda cherchait à empoisonner Koraki, ce ne serait pas forcément pour la mettre hors d’état de lui nuire, mais sûrement pour voir jusqu’où cette loyauté qu’elle venait de lui promettre avec forte emphase pouvait aller. Irait-elle jusqu’à s’empoisonner sciemment pour plaire à la Présidente, sachant que cette dernière avait probablement l’antidote sur elle ?

Oui.

S’il fallait aller jusqu’à parier sa vie pour s’assurer le soutien sûre et indéfectible de la plus puissante femme du monde, alors elle boirait cette coupe jusqu’à la lie.

Ou bien le poison se trouvait dans cette serviette, n’attendant que d’être posé sur cette peau délicate et douce pour agir. Ce ne serait pas la première fois que Koraki verrait une telle pratique en œuvre, mais assurément la première fois qu’elle en serait l’actrice principale.

Peu importait, elle ne devait montrer aucun doute, aucune hésitation. Si Mirelda cherchait à l’empoisonner, elle l’accepterait sans hésiter.


- Je savoure avec vous la promesse d’un avenir radieux pour la République et vous remercies de votre avenance. Je n’aurais jamais imaginée que notre conversation s’éternise jusqu’à si tard. Non pas que votre compagnie me déplaise, loin de là …

Elle effaça à l’aide du tissu blanc les marques infamantes de la faiblesse militaire, imitant sa supérieure en redonnant le mouchoir souillé au domestique à qui elle n’adressa pas un seul regard. Sa simple condition lui interdisait cette offrande, il n’était pas suffisamment digne de la mairesse.

Car la seule qui comptait, la seule vers qui ses yeux devaient se tourner, que ce soit en cette soirée ou dans les mois et les années à venir, c’était encore et toujours Mirelda Goldheart.
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Mirelda Goldheart
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Le soldat avec qui j’entretiens une discussion visuelle des plus intéressantes se retire en baissant une unique fois la tête en avant. Les autres gardes sont immobiles, fidèles à eux-mêmes. Pourquoi diable celui-ci tremblait-il ? C’est une question qui ne s’est visiblement pas posée. Si c’était la première fois qu’il se montrait aussi défaillant, pourquoi cette cruauté gratuite ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Mais je n’ai de comptes à rendre à personne. Si l’on m’accuse d’avoir outrepassé mes droits, qu’importe.

C’était de la légitime défense.

Koraki Exousia ? La Reine des Catins ? Elle aura vu la même chose que moi. Un homme qui attaque la Présidente et ses gardes qui la protègent, rien de plus. Quant aux événements qui suivirent, personne n’a besoin d’être tenu au courant. Il aurait fallu pour ça qu’un espion soit à la fenêtre pour observer la scène, mais je sais de source sûre que ce n’est pas le cas.

Pas ici, sous mon toit.

Un traitre est mort ce soir et je ne connais personne qui démentira cette version. Personne de censé, tout du moins. Personne qui ne tienne pas à son poste, au moins un tant soit peu.

Je sais que cette maquerelle, désormais Mairesse, fera une très bonne collaboratrice. Dans le fond, il n’y a de grandes différences entre une pute et un citoyen. Ils veulent tout deux de l’argent, du plaisir, et ils obéissent à plus fort qu’eux. Si son bordel prospère, Courage prospérera, et la concurrence ploiera. J’en suis convaincue.

Je n’ai pas de temps à perdre non plus, Mademoiselle Exousia. Mais la vie est courte…

Le léger sourire qui habille mes lèvres se fait plus prononcé et je désigne le crâne que mes domestiques portent jusqu’à mon bureau en tremblant comme des feuilles. Bien, bien, bien. Tout se passe comme prévu.

Goûtez donc aux joies culinaires de notre chef. Il s’est appliqué spécialement pour nous.

Pour moi, en fait, mais pour elle aussi, par extension. C’est ce que je veux lui faire comprendre.

Tant que vous me serez fidèle, alors vous jouirez des mêmes privilèges que moi… ou presque.

Je jette un regard à mes soldats.

Ce privilège-là est à moi.

Mon regard croise celui du Cent-Doré qui se tient juste à côté de moi. Une lueur entendue habite nos prunelles lorsqu’il baisse respectueusement la tête. Je désigne la chaise, attends que l’on tire la mienne et m’installe à table derrière une assiette qui n’attend que d’être remplie, tout comme nos verres.

Quelle belle soirée…
Koraki Exousia
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Ainsi la paranoïa de Koraki se révéla t-elle infondée. La matriarche ne la menaçait pas elle, mais bien les gardes qui étaient censés lui obéir aveuglement. Cela changeait et s'en était fort agréable. Presque autant que de voir les sous-fifres frémir en portant l'offrande sacrilège sur le bureau. Qui craignait-il le plus, en ce moment : la femme qui avait ordonné la mort ou celle qui avait souillé le cadavre de sa magie impie ?

Une réponse claire aurait été des plus éclairante quand à définir l'aura de l'une et l'autre et pourtant, le plus logique était de croire que ce n'était pas l'une des deux en particuliers qui faisait naitre la crainte dans leur cœur, mais bien leur alliance. Lorsque l'avarice et l'orgueil s'alliaient à la luxure et à l'envie, les portes de l'enfer s'ouvraient. Et Mirelda comme Koraki en étaient les dignes représentantes.

Ou dirigeantes.

Bien vite, la mairesse obéit à la présidente et toutes deux firent honneur au repas.

Bien que baignant dans un luxe qu'elle savourait depuis près de dix années, Koraki dut avouer que tout ce qu'elle avait put gouter jusque là n'était rien comparé à la gastronomie du palais présidentiel. Rien de bien surprenant, le prestige attirant le meilleur, mais si cela devait constituer dès à présent son quotidien, alors avoir embrassé la main de la présidente lors de cette nuit fatidique était un sacrifice bien maigre comparé à tout les délices auxquels elle pouvait prétendre.

C'est ce que ne manqua pas de souligner Mirelda, avant de préciser que la mise à mort restait son domaine.


- En êtes vous si certains, Madame ?

Le meurtre était une pratique courante dans la vie de la Catin depuis près de quinze année. Si elle en avait commandité un nombre considérable, le dernier en date étant ce cher Labienus qui avait eut la stupidité de croire qu’il pourrait se confronter à la maquerelle, elle en avait personnellement commis de plus nombreux, encore.

Certaines des victimes étaient depuis tombés dans l’oubli, autant celui de l’Histoire que dans la mémoire de la Catin. Les plus savoureux, en revanche, restaient des souvenirs plaisants que Koraki aimait se remémorer de temps à autres.


- Je vais vous me laissez aller à la confidence. La première fois que j'ai goûté au sang, ce fut dans un état de rage qui ne m'accorda aucune satisfaction. Je sortit de ma torpeur une fois le massacre achevé et ne put que constater ce que mes mains avaient accomplie, sans le savourer.

Un cirque. Un viol. Une brimade. Les quelques flash qui s’imposaient à son souvenir lui rappelait cette détestable époque où elle n’était pas maîtresse de son destin, où elle était au service du plaisir d’autrui. Cela n’avait pas changé lorsqu’elle acquit sa liberté et s’installa à Courage.

Aujourd’hui, quand bien même elle répondait aux ordres de la dirigeante, elle était plus libre qu’elle ne l’avait jamais été.

Plus que tout, elle se sentait estimée.


- La seconde fois, en revanche, fut bien plus délectable ...

Bazyleus … Diable de Républicain. Telle était ton œuvre, mon beau. Tu avais éveillé l’esprit de la Putain à un nouveau monde de joies sanglantes où les torrents pourpres que répandaient les serres de Koraki étaient une pluie purificatrice lavant ses péchés et honorant sa puissance grandissante.

On pouvait garder une bête sauvage chez soi, tant qu’on ne réveillait pas ses instincts prédateurs. Mais faites lui goûter une seule fois au sang et vous étiez condamné à l’abattre, de crainte de la voir vous faire subir le même sort.

C’est ce qui c’était passé avec la Reine des Catins.


- Je commence à comprendre la jouissance qu'apporte le pouvoir, Madame la Présidente. Et pourtant, même si tout comme vous je peux aujourd’hui commander d'un claquement de doigt, elle joignit le geste à la parole, ordonnant à un domestique appeuré qui ce tenait non loin de remplir le verre de l’auguste vieille femme à présent vide, ce n'est en rien comparable à la saveur métallique qui vous envahit le palais alors que le sang coule d'une blessure que vous avez vous-même infligée. Ce n'est en rien comparable à la douceur que vous ressentez lorsque ce liquide vermillon s'écoule lentement sur votre bras. Ce n'est en rien comparable à l'émulsion qui vous conquiert les sens les sens, de la vue jusqu'à l'odorat.

Elle parlait, bien évidemment, de cette famille de mafieux qu’elle extermina lorsque de cette nuit orgiaque où elle s’accapara le trône des vices de Courage. Mirelda était au courant de cette histoire, puisque la Catin la confessait dans une lettre qu’elle avait donné à la Présidente en guise de paiement pour son soutien, et qu’elle gardait sûrement sous bonne garde dans l’un des coffres de la Banque des Chaines.

Mais elle ne la lui avait jamais raconté de vive voix.

Une histoire merveilleuse, à n’en point douté. La Matriarche Goldheart serrait-elle curieuse de l’entendre ?


- Avez-vous déjà essayé, Madame la Présidente ?

Mirelda l'avait dit elle-même : la vie était courte. Pourtant, en l'espace de six décennies, elle avait été bien des choses : une paysanne, une voleuse, une commerçante, une femme d'affaire, une politicienne et enfin une dirigeante. Mais s'il y'a bien une chose que Koraki était sûr, c'était que son interlocutrice n'avait jamais vêtit le costume de meurtrière. A quoi bon vivre si vieux et si riche, si ce n'était pour essayer la totalité des plaisirs qui pouvait se savourer ?

Après tout, la Reine des Catins avait, elle-aussi, ses propres tests. Mirelda Goldheart, Présidente de la République, avait-elle les tripes pour accomplir les besognes qu'elle confiait à ses hommes de main ?
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Comme prévu, mes gardes ne bronchent ni ne tremblent plus. L’orage semble s’être calmé, du moins pour l’heure, et je jette un œil par la fenêtre alors que le vent balance les branches les unes contre les autres.

Le sous-entendu de Koraki est on ne peut plus clair. Le meurtre ne fait pas partie de mes coutumes, plus par paresse que par volonté. Avec du recul, je crois que j’ai les mains aussi sales que ceux qui tuent pour moi. Ne suis-je pas celle qui ordonne la mort et jette avec cruauté ceux qui me déplaisent au Razkaal ? Pourtant, la mairesse a dû connaître une folie meurtrière plus concrète, plus palpable. Elle a humé l’odeur du sang tandis qu’il glissait sur sa langue et se répandait dans sa bouche comme un poison pernicieux.

Peut-être est-ce ma nature humaine qui m’a poussée à ne jamais désirer y goûter moi-même ? Ou bien cette forme de paresse est-elle aussi teintée d’indifférence ? Je n’ai jamais ressenti de plaisir à tuer, pourtant j’ai déjà commis des crimes, dans un passé si lointain qu'il me semble l’avoir rêvé. Je n’en garde aucun souvenir marquant, sans doute parce que je n’y ai pris aucun plaisir. J’ai déjà empoisonné, souvent poignardé. Rarement pour tuer, cela dit, plus souvent pour menacer. Fut un temps, personne ne me servait et j’étais la seule main que je dirigeais. Alors pour évoluer dans cette jungle immense à la végétation étouffante, j’ai dû me salir les doigts.

Toutefois, il me semble que tous ces souvenirs ont cristallisé dans ma mémoire, comme des blocs de glace qui flottent à la surface d’une mer agitée.

J’y ai déjà été forcée.

Le goût de la vengeance me reste sur les lèvres. Je bois une gorgée de nectar pour oublier cette amertume et ferme les paupières un court instant. La maquerelle sera sans doute curieuse d’apprendre quelles sont les horreurs commises par la femme la plus puissante de cette nation. Pour l’argent, il faut dire que je fus souvent prête au pire. Je présume que les choses n’ont pas beaucoup changé depuis.

Vous savez d’où je viens. La campagne et la politique sont des milieux hostiles pour les femmes, plus encore pour les humaines sans magie telles que moi.

Mon menton se relève et je pose le verre en face de moi.

Je me souviens du plaisir que j’ai ressenti à me venger, Mademoiselle Exousia. Mais pas de cette folie meurtrière dont vous parlez avec tant de passion. En fait, je crois que je n’y ai pris aucun plaisir… J’étais jeune, naïve, et j’avançais à tâtons dans ma vie d’opportuniste. Ce n’était pas très bien vu. Je n’étais que cette ordure à peine présentable née de boue et de sueur… Disons que j’ai fait bien pire que tuer, dans ma vie, et de bien des manières. Peut-être qu’il aurait fallut parfois, car il a souvent été plus cruel de ma part de laisser mes opposants en vie.

Un ricanement quitte mes lèvres alors que je hausse les sourcils.

C’est si lointain… Parfois, je refuse de croire que j’ai réellement tué. La mauvaise herbe ne crève jamais, comme se plaisent à dire certains paysans. Je présume donc que certaines de mes victimes ont dû survivre.

Mon géniteur prétendait toujours qu’il valait mieux incarner l’ortie que la rose. C’était l’une des rares vérités qui quittait ses lèvres. Koraki, en un sens, n’est ni l’une ni l’autre. Elle n’a pas la douceur d’une rose, ni ce pouvoir urticant que l’on réserve aux orties.

Je dirais plutôt qu’elle est une épine acérée qui s’enfonce dans la chair et la déchiquette. N’est-ce pas pire, tout compte fait ?
Koraki Exousia
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Fiche du personnage
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Mairesse de Courage
Koraki Exousia
Mairesse de Courage
Patiemment, la Putain écoute la Présidente, le regard inondé par la curiosité et l'avidité. En un sens, elle se sentait privilégiée, ce soir. Qui pouvait se vanter, sur l'ensemble du Sekai, de recevoir ainsi des confidences de la part de la femme la plus puissante du monde ? Personne. Koraki était la seule et l'unique à bénéficier de ce prestige.

Elle laisse donc son hôte parler tant qu'elle le souhaitait, savourant tant ses parole que le vin, tant et si bien qu'une fois Mirelda tue, la coupe en était vidée. Elle posa alors son verre sur le plateau de marbre qui accueillait leur collation, prenant le temps de réfléchir à sa réplique.

Plus elle en apprenait sur sa supérieure, plus elle ne pouvait s'empêcher de croire qu'elles étaient similaires. Sans honte et sans morale, oui, c'était un acquit pour tous, mais à ce point semblable ?


- C'est l'adversité qui nous forge, Madame la Présidente. Peut-être sommes-nous comparables à ses mauvaises herbes que vous citez, après tout ? On nous bêche, on nous arrache, on nous désherbe et pourtant nous revenons l'année d'après, nos racines ancrées toujours plus profondément dans le sol.

Et cette terre qu'elles investissaient d'avantages, années après années, elles la faisait leur. Au bout du compte, ceux qui tentaient de leurs nuire se retrouvaient étrangers en leur propre domaine, incapables de saisir l'importance de l'ennemi qu'ils avaient vainement cherchés à vaincre.

La putain se lève délicatement, jetant son regard en direction des gardes. Dans ce geste, l'oeil inquisiteur de Mirelda pourrait probablement remarquer le nouveau bijou qui ornait à présent l'annulaire droit de Koraki, un simple anneau noire, gravé d'innombrables symboles indéchiffrables. C'était le trophée qu'elle était aller récupérer au sein de la Banque des Chaines, sitôt la couronne de Mairesse avait-elle été posée sur sa tête.


- Depuis que je me suis mise à votre service, j'ai put goûter à des plaisirs jusque là fantasmés. Le banquet que vous me servez est à la hauteur de ce que j'avais put imaginer. Pour dire la vérité, j'étais réticente à l'idée d'être votre obligée, je n'ai baisé votre main que contrainte et forcée. Et malgré cela, j'en savoure à présent chaque instant. "Jeune, naïve et opportuniste", pour reprendre vos termes. Le pouvoir qui m'a été accordé par votre parrainage vaut amplement les sacrifices.

Sacrifice à plus d’un titre. Après tout, elle avait bien faillit mourir lors de l’attentat. Si ses primes sentiments avaient d’abord été la colère et la rage d’avoir ainsi frôlé la mort alors qu’elle venait à peine de commencer son règne, elle en ressentait aujourd’hui une profonde fierté.

Pas d’avoir défendue les couleurs de la république, ce sentiment mièvre, elle le laissait aux doucereux personnages, mais bien d’avoir prouvé sa valeur et sa force. Cela, elle n’aurait put y gouter sans le soutien de la Présidente.


- Vous m'avez amené dans votre monde et m'en faites savourer chaque délice. Pour cela, je vous en remercie, Madame. J'aimerais vous rendre la pareille.

Cette phrase, elle la prononçait en plongeant son regard dans celui de son hôte. Lorsqu’on se laissait aller à la confidence, on le faisait en contemplant les prunelles de l’autre. Ce n’est qu’ainsi que se disait la vérité.

- Lorsque j'ai exterminé cette famille, avais-je besoin de jouer avec cet enfant ? Avais-je l'utilité de lui faire vivre la pire terreur de sa courte existence ? Avais-je besoin de prendre mon temps ? Non. La beauté était dans la gratuité, madame la Présidente. Je ne l'ai pas fait par besoin ou par contrainte comme ce put être votre cas, je l'ai fait par envie.

Elle pourrait utiliser son pouvoir de séduction, ce ne serait pas la première fois qu'elle l'emploierait contre d'éminents personnages. Seulement, il y'avait deux raisons qui lui interdisait cela. La première, et la plus évidente, étant tout simplement l'anneau que portait Mirelda et qui rendait la maquerelle aussi peu dangereuse que ne l'était la vieille femme. "Une humaine sans magie".

Mais c'était surtout la seconde qui importait : elle tentait de séduire sa supérieure à travers ses mots. On pouvait qualifier les magies comme on le désirait, arcanique ou corruption, cela ne signifiait rien en tant que tel. Ce qui comptait, c'étaient les sons qui s'échappaient d'entres les douces lèvres de la putain et du pouvoir qui était leurs. C'était avec les mots que l'ont corrompait une âme, pas avec une puissance supérieure émanant d'on ne sait quelle dimension.

Malgré cela, il fallait garder une chose à l'esprit : pour Koraki, ce n'était nullement une tentative de corruption. Du moins, pas dans sa façon de penser.

Elle n'était mut que par le seul désir de faire découvrir un nouveau monde à Mirelda : le sien. Elle aurait put lui proposer les plaisirs de la chair, ce qui était et restait avant tout sa spécialité, mais soyons cohérent deux minutes ... Qui, dans toute la république, croirait que Mirelda Goldheart serait intéressé par le sexe exigé ? Personne de censé. Il était de notoriété publique qu'elle n'avait connue qu'un seul homme, avec pour résultat cette erreur de Mikael. Et quand bien même la milliardaire souhaiterait être satisfaite d'un point de vue physique, elle n'aurait qu'à claquer des doigts pour qu'un serviteur lui apporte satisfaction. Peut-être était-ce déjà le cas, d'ailleurs ...

Non, ce qu'il fallait pour une femme comme elle, c'était de gouter à l'interdit suprême.


- Cela n'a rien à voir avec la mise à mort d'un criminel ou la coercition d'un opposant politique, qui ne sont gouvernés que par la froide raison. Peu importe qu'elle soit d'état ou purement tactique, ce meurtre-là est banal, comme la mort l'est à la guerre. Moi, je vous parles d'un univers régit par le délice de cette sensation qui vous envahit lorsque vous décider de prendre une vie vous-même par envie.

Doucement, elle se rapproche un peu plus de Mirelda et se penche légèrement en avant, une main dans le dos. Sa voix n'est guère plus qu'un murmure lorsqu'elle prononce ces trois mots blasphématoires :

- Voulez-vous essayer ?

La fin de sa phrase se confondit avec le geste, alors qu'elle ouvrait sa paume en direction de la Présidente. Cette main aux doigts fins et manucurés, qui n'avait connu pour seule rudesse que la verge brandi d'un nombre conséquent d'amant pécunier, tendue vers celle plus rustre de Mirelda, était tout un symbole. Après tout, pour quiconque regardait cette scène d'un œil extérieur, elle paraissait presqu'identique à celle qui c'était tenue quelques mois plus tôt, lorsque la Matriarche avait elle-même accomplie ce même geste pour exiger la soumission de la Catin. S'en était une douce et délicieuse parodie.

Anneau en question. a écrit:Autour d’un verre de vin [PV Koraki] 2f939d10
Mirelda Goldheart
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Je laisse le verre suivant devant moi sans y toucher. Il ne faudrait tout de même pas que je boive jusqu’à l’ivresse. La dernière fois que c’est arrivé, j’ai enfanté un demi-ange, épreuve tout de même fort traumatisante pour le simple plaisir de descendre quelques verres de vin. D’un mouvement lent, je me penche en avant et laisse la maquerelle s’exprimer. Les mots ont ce goût faussement sucré quand ils quittent ses lèvres, mais je devine en dessous la jubilation qui embrase ses entrailles. Elle se lève et j’observe sa main ainsi que l’anneau qui orne son doigt.

Il offre un tel prestige à son porteur.

Avouons tout de même que la prise de pouvoir de la putain s’est succédée de bien des événements — tragiques ou non — et que notre alliance a néanmoins réussi à traverser chacune de ces épreuves sans en pâtir. Bien entendu, il en va seulement de mon côté puisque je suis celle qui donne et non celle qui reçoit. Notre association est à sens unique, sauf sur certains points, mais il n’en a pas encore été question pour le moment. Viendra le jour où elle me le rendra…

Je ne ressens aucun plaisir à infliger la souffrance à qui que ce soit, mademoiselle... Du moins pas dans ce genre de contexte. D’ailleurs, vous devriez vous méfier. À chasser la corruption, on peut devenir bien pire qu’elle et je n’aurais aucun remord à vous arrêter si vous sombrez trop profondément.

J’attrape la main tendue devant moi avec force et autorité. D’un geste rude, je la force à se pencher davantage et nos visages se rapprochent alors que mon regard de glace la traverse comme une lame. Mes doigts font le tour de sa main alors que sa peau douce semble avoir connu plus de sang que je n’ai versé de larmes et de sueur dans les champs de mon enfance.

Mais si je devais essayer votre petit passe-temps… vous porteriez-vous volontaire ? Seriez-vous l’objet de tous mes désirs alors que je déciderai de prendre votre vie moi-même par envie ?

Ma voix est doucereuse, menaçante. Je répète ses propres mots en articulant bien et plisse doucement les paupières. Il n’est pas question que je la lâche et ma vieillesse ne m’a pas encore volé toutes mes forces. Si je venais à toucher mon anneau, je pourrais m’en servir pour cruellement effacer cette apparence humaine dont elle se recouvre si souvent. Si je venais à le décider, je pourrais aussi faire tomber sa tête sans avoir à me lever de cette foutue chaise. Pourquoi Diable chercherai-je à connaître la débauche et le goût du sang ?

Je préfère contraindre. Posséder autrui bien davantage qu’en lui ôtant la vie. Bien plus longtemps aussi… Autant faire durer le plaisir.

Je sais comment me comporter face à elle. Si je le laisse m’emporter dans ses provocations, je pourrais bien trop vite dévier de ma route, or j’ai un objectif précis en tête et la laisser m’en écarter n’entre pas dans mes projets. Un sourire en coin étire le coin de ces lèvres fines qui ont ordonné tant d’exécutions. Cette bouche avec laquelle j’ai déjà susurré des mots bien pires que de simples condamnations. Les confrontations ne m’ont jamais fait frémir. Elles font partie de mon quotidien depuis si longtemps que j’y prends même plaisir lorsqu’elles s’avèrent stimulantes. Et celle-ci l’est, de toute évidence.

Vous devriez essayer.
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- Alors il sera de mon devoir de ne pas vous décevoir, Madame. Un défi ... Conséquent, étant donné l'exigence de vos standards.

Cela faisait plus d’une décennie que la Catin tissait inlassablement sur son écheveau d’intrigue. Certaines des œuvres qui en avaient jaillit étaient des joyaux digne de figurer parmi les plus grandes sagas littéraires de ce monde, tandis que d’autres c’étaient déchirés sous les coups hasardeux du destin.

Des plans, elle avait toujours des dizaines en tête. Quand bien même une infime portion de ces derniers voyaient réellement le jour, ils étaient toujours savamment établis. Ainsi, il ne faisait aucun doute à la Catin que Courage serait bientôt purgée de toute corruption. Quant à la sienne propre … C’était un problème qui ne regardait aucunement la Présidente.

A Koraki de se montrer suffisamment maline pour lui dissimuler une corruption qu’elle entendait embrasser de tout son être. Surtout quand son interlocutrice la couvre de menace à peine voilées, alors que le visage se rapproche toujours davantage.

C’est en répondant par le même regard que la Matriarche lui adressait que la Mairesse répondit :


- Je comprends mieux à présent. Vous n'êtes pas une prédatrice, Madame la Présidente. Vous êtes une chasseresse. Vous pistez, vous acculez et enfin vous domptez. Une méthode bien différente de la mienne, mais que je respecte. C'est pourquoi j’accéderais avec plaisir d'être votre proie, si cela devait arriver. Et pour vous faire honneur, j'entendrais être la plus difficile de vos chasse.

Ce qui, en d’autres termes, pouvait également se traduire par deux mots : Guerre Civile. Si d’aventures la relation entre Mirelda et Koraki devait se terminer de manière hostile, alors Courage revendiquerait son antique indépendance, répondant au vieil et pourtant si juste adage : « Mieux vaut régner en enfer que servir au paradis. ». Si la Catin se devait de faire preuve de modestie et de retenue, à Mirelda de faire preuve de dignité et d’honneur en respectant sa part du marché.

Douce, la main de la putain l’est, enserrée dans la poigne de fer de dirigeante. Elle ne soihaite pas répondre à sa rudesse par la même hargne. Elle n’en avait pas besoin, car dans cette situation, il ne s’agissait ni d’établir une rapport de domination qui existait déjà en faveur de Mirelda, ni d’égalité entre les deux femmes.

C’était une simple discussion amicale, teintée de menace, entre deux femmes aussi puissantes qu’ambitieuse. Rien de bien surprenant, en réalité.


- Contraindre ... Répéta t-elle comme une litanie.

Un mot merveilleux, empli de promesse et de possibilité. On la servait par devoir, par intérêt ou par motivation salariale, jamais par contrainte et encore moins par conviction. Elle contraignait les corps, pas les esprits, ce n’était pas dans sa façon d’être, ni de faire.

Et pourquoi pas, après tout ? Ce serait une expérience des plus intéressante. Et justement, elle avait une cible en tête ...


- J'aurais bien une idée pour commencer. Mais pour cela, il me faudra votre autorisation.

Instinctivement, elle porta le regard à son anneau. Si la présidente acceptait sa requête, alors cette anneau retournerait à son ancienne demeure. Quelles conséquences un tel acte déclencherait-il ? Comment réagirait le bijoux autant que le bâtiment allaient-il réagir de se voir réuni après tant d’années ? Les légendes n’apportaient aucune réponse. Koraki l’obtiendrait elle-même, dans ce cas.

- Celle de rendre visite à notre compagnon aux longues canines séjournant au Razkaal. Accorderiez-vous cela à ... Une amie ?

Si proche de la réussite qu'elle aurait put en sentir le subtil goût sucré. Quel dommage que cette femme, distante d'à peine quelques centimètres, soit à ce point gouvernée par la raison et le pragmatisme. Mais une guerre ne se gagnait jamais en une seule bataille. Il y'en aurait bien d'autres. La Catin obtiendrait sa victoire, à travers l'égarement morale de la plus puissante dirigeante de ce monde.
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