La troupe de Cent-Dorés qui m’escorte se fond dans l’ombre et deux soldats d’élite restent sagement adossés contre chaque mur de mon bureau. Ils ne sont pas ici pour me protéger, ce soir, du moins là n’est pas leur utilité à mes yeux. Koraki Exousia sera ici d’une minute à l’autre et je tiens à ce que la décoration soit parfaite. Alors que les domestiques de la Maison Bleue se sont appliqués à faire de cet endroit un lieu accueillant, je m’approche de la table dressée pour deux et laisse glisser mes doigts sur la surface en bois laqué.
Une bouteille de vin trône entre les deux assiettes. Du Morillon, bouteille savamment choisie pour l’occasion. Il n’est pas exclu de passer un bon moment entre femmes de pouvoir. Certes la mairesse de Courage n’est pas mon amie, toutefois je ne tiens pas à la recevoir comme une malpropre. Elle mérite un accueil à la hauteur de ma réputation, n’est-il pas ?
C’est sur la foi de mes informateurs que j’ai choisi de programmer cette entrevue avec elle en ce jour. J’attends d’elle un bilan complet afin de poursuivre mes placements boursiers et organiser certaines actions des troupes du SCAR. Il y a des investissements qui attendent certaines données pour être rentables. Koraki me les doit, puisque cela fait partie d’un arrangement qu’elle a accepté de son plein-gré en bénéficiant de mon soutien lors de son élection.
Nous sommes une menace l’une pour l’autre, mais je demeure le requin qui peut tuer d’un seul claquement de doigts.
Dans l’heure qui avait précédé l’arrivée du contingent à Liberty, j’avais été prévenue de l’imminence de cette rencontre. Elle arrivait à point nommé, car l’ensemble des démarches qu’il me restait à faire dépendaient de cet entretien. Le pouvoir économique de Courage ne se limite pas à sa proximité avec l’océan. Il y a là-bas des lingots d’or à chaque coin de rue, mais seuls les yeux les plus perçants peuvent s’en apercevoir. Je les convoite aussi, d’autant que nos manœuvres visant à étendre le pouvoir de la République nécessitent un effort financier conséquent.
L’une de mes dames de compagnie tire le siège surélevé sur lequel je compte m’installer pour présider cette réunion. Je m’y assois élégamment, vêtue d’un ensemble gris dont j’ajuste les manches. Nul besoin de robe pour la discussion qui m’attend.
Laisser croire à Koraki Exousia que nous sommes sur un pied d’égalité n’est pas le meilleur moyen d’être respectée dans une relation qui se base sur un rapport de force. Bien que nous soyons très claires sur les termes de notre collaboration, je ne tiens pas à perdre la moindre occasion de le lui rappeler.
Un domestique se présente dans l’embrasure de la porte.
— Madame La Présidente… Vos convives sont arrivés…
Il s’incline.
— Fais les entrer.
Une bouteille de vin trône entre les deux assiettes. Du Morillon, bouteille savamment choisie pour l’occasion. Il n’est pas exclu de passer un bon moment entre femmes de pouvoir. Certes la mairesse de Courage n’est pas mon amie, toutefois je ne tiens pas à la recevoir comme une malpropre. Elle mérite un accueil à la hauteur de ma réputation, n’est-il pas ?
C’est sur la foi de mes informateurs que j’ai choisi de programmer cette entrevue avec elle en ce jour. J’attends d’elle un bilan complet afin de poursuivre mes placements boursiers et organiser certaines actions des troupes du SCAR. Il y a des investissements qui attendent certaines données pour être rentables. Koraki me les doit, puisque cela fait partie d’un arrangement qu’elle a accepté de son plein-gré en bénéficiant de mon soutien lors de son élection.
Nous sommes une menace l’une pour l’autre, mais je demeure le requin qui peut tuer d’un seul claquement de doigts.
Dans l’heure qui avait précédé l’arrivée du contingent à Liberty, j’avais été prévenue de l’imminence de cette rencontre. Elle arrivait à point nommé, car l’ensemble des démarches qu’il me restait à faire dépendaient de cet entretien. Le pouvoir économique de Courage ne se limite pas à sa proximité avec l’océan. Il y a là-bas des lingots d’or à chaque coin de rue, mais seuls les yeux les plus perçants peuvent s’en apercevoir. Je les convoite aussi, d’autant que nos manœuvres visant à étendre le pouvoir de la République nécessitent un effort financier conséquent.
L’une de mes dames de compagnie tire le siège surélevé sur lequel je compte m’installer pour présider cette réunion. Je m’y assois élégamment, vêtue d’un ensemble gris dont j’ajuste les manches. Nul besoin de robe pour la discussion qui m’attend.
Laisser croire à Koraki Exousia que nous sommes sur un pied d’égalité n’est pas le meilleur moyen d’être respectée dans une relation qui se base sur un rapport de force. Bien que nous soyons très claires sur les termes de notre collaboration, je ne tiens pas à perdre la moindre occasion de le lui rappeler.
Un domestique se présente dans l’embrasure de la porte.
— Madame La Présidente… Vos convives sont arrivés…
Il s’incline.
— Fais les entrer.