An 1: 5 Avril (1)
Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis dit-on et j'espère pouvoir me compter au nombre des gens sachant faire fonctionner correctement leur cerveau. Aussi après avoir juré sur le moment que jamais je ne remettrai les pieds en Ikusa, j'ai décidé qu'il n'en était rien que je devais revenir.
Il est simple pour moi de trouver des raisons de me déplacer et surtout au niveau de ma compagnie marchande. Le commerce fonctionne à plein régime, je n'ai pas à me plaindre. Rares voire inexistantes sont les fois où mes navires n'ont pas les cales pleines lorsqu'ils se déplacent.
Le printemps s'installait partout même en Shoumei et naviguer jusqu'à la belle Ikusa avait un réel plaisir. Sentir les embruns sur mon visage, observer sereinement l'horizon, cela me faisait toujours autant de bien visiblement. La traversée se fit cette fois-ci sans le moindre incident et j'étais ravie et contente d'avoir osé passer outre mes appréhensions.
Nous arrivions en vue du port et je laissais le Capitaine et les marins gérer les manœuvres. Sur le pont je restais là, laissant mon regard couler sur les quais déjà bien animés en cette heure matinale. La vie était trépidante et agitée même sur un port et l'arrivée d'un gros navire marchand était toujours source d'agitation. Nous avions une cargaison de matériaux pour un artisans Reikois qui devait fabriquer en retour des pièces de marqueterie qui seraient une fois produites, livrées en Sancta. Un marché en plusieurs étapes en somme et mon navire servait pour l'acheminement dans les deux trajets, matières premières et produit fini.
Nous accostions enfin et commença le ballet hypnotique des va et vient du déchargement. Ruyven m'avait rejoint sur le pont pour observer le tout et surtout pour me protéger de tout éventuel agresseur cela allait de soit. Depuis ma mésaventure passée, il refusait de me laisser seule alors venir ici sans lui? Impossible, mon ombre portait donc une armure contrairement à moi.
Cela dura plusieurs heures, j'aurais pu partir à l'auberge en attendant mais je souhaitais rester là à attendre et veiller que tout se passe bien, que personne n'ait un souci ou que savais-je.
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La journée touchait donc à sa fin et le déchargement lui était presque terminé quand un de mes hommes revint en courant et hurlant à moitié. Que diable se passait-il?- Dame Myriem, Dame Myriem, on a tenté de vous voler!
- Me voler? Mais de quoi parlez vous?
Par un réflexe stupide j'avais vérifié que mon collier était toujours autour de mon cou et que sous ma jupe je sentais le poids de ma bourse, accrochée aux passants de la ceinture du jupon. Non tout allait bien. Je fronçais les sourcils interrogatives.
- Dites m'en plus allons.
- Votre coffre dans le bureau, il... enfin quelqu'un a essayé de l'ouvrir visiblement. Je l'ai vu en déposant le registre que vous veniez de me confier. Mais venez voir.
Intriguée et agacée je le suivis avec Ruyven et nous découvrimes donc dans mon bureau, un coffre non ouvert mais au mécanisme brisé par un voleur de pacotille. Bien ma veine en un sens, rien n'avait pu disparaître mais d'un autre côté je ne pouvais rien récupérer. Je soupirais et observant l'intendant je lui dis.
- Il ne vous reste qu'à partir demander à la Capitainerie le nom d'un serrurier compétent.
Il soupira mais s'exécuta et partit en quête d'un serrurier sur les quais d'Ikusa.