16 décembre de l'an 0 :

Mais qu’est-ce que je fais là ?

Je n’arrête pas de me poser cette question depuis que j’ai mis le pied dans cet établissement. Le début de la soirée avait pourtant bien commencé, j’étais dans un restaurant chic de Liberty avec des partenaires d’affaires Reikois qui font des affaires en République que ma mère voulait absolument que je rencontre. J’ai vite compris pourquoi quand deux de mes interlocuteurs ont commencé à parler de leurs filles en âge d’être marié.

Ma mère adore faire ce genre de chose, les rencontres arrangés, c’est vraiment une passion chez elle. Blague à part ses associés étant de bon vivant, ils ont décidé d’aller faire une sortie en ville, mais pas n’importe où. Histoire de s’encanailler, ils ont décidé de s’offrir un petit frisson en m’emmenant dans une taverne d’un quartier populaire où il y a des combats !

Moi qui déteste la violence, je vais être servi. Nous sommes accueillis par un dénommé Jetim, le patron de l’établissement d’après ce que j’ai compris. Il nous positionne à la meilleure table et je comprends très vite que nous allons faire tache avec nos vêtements par rapport à la faune habituelle.

Mais cela ne semble pas déranger mes compatriotes, qui connaissent bien les lieux. Ils m’emmènent donc dans une seconde salle où s’agglutine une foule, pressée de voir les combats commencer. Certains font même des paris ! Et je comprends la cause de toute cette agitation quand arrive une orc, immense, très musclé et son visage me dit immédiatement quelque chose.

Il s’agit de Tatiana ou de Titanya, je ne sais plus exactement. Elle a été engagée en l'an -3 par mon père en tant que mercenaire pour assurer notre protection lors d'un voyage dans le Shoumei. Je lui fais donc un signe de la main pour la saluer.

La montagne de muscle me lance un regard suspicieux et je sens que j’ai fait une boulette. Elle ne m’a peut-être pas reconnu pense que je lui manque de respect et va venir après pour me casser la gueule, tout est possible. En-tout-cas, je dispose d’un peu de temps pour m’enfuir si nécessaire, car son opposant vient d’entrer dans l’arène. C’est un nain et j’ai presque de la pitié pour lui, car j’ai déjà vu son adversaire combattre.

À la présentation qui s’ensuit, j’apprends le nom exact de la jeune femme, je ne me suis donc pas trompé. Les personnes qui m’accompagnent ont l’air très excité, alors pour moi, tout ceci ne m’intéresse guère. Évidement, le nain, se fait rétamer et balancer à travers la pièce. Elle profite de ce « temps calme », pour me tutoyer tout en se trompant sur mon prénom et je vois la surprise dans les yeux des associés de ma mère.

Mais je n’ai pas le temps de leur expliquer car le nain revient en force avant d’être à nouveau en difficulté. Il est emprisonné entre ses cuisses et autant le dire peut-être sympa, autant le subir doit faire mal. D’ailleurs, il se débat comme un beau diable, mais son adversaire est vraiment trop fort et au moment où je m’apprête à répondre à sa seconde question, il tombe inconscient.

Aussitôt, la foule est en délire et je vois les habitués, qui ont sûrement gagné un gros paquet d’argent en pariant sur elle, venir la féliciter en lui tapant sur le dos. Les personnes avec qui je suis venu, rejoignent la première salle pour aller manger et je leur indique :

J’arrive dans une minute.

J’attends que la foule soit partie et qu’un soigneur s’occupe du malheureux nain pour venir à elle, lui faisant une légère révérence :

C’est bien moi, Tagar Reys, Dame Titanya, comment allez-vous ? Votre combat était très impressionnant.

Comme dans mes souvenirs, la jeune femme est très « tactile » et elle me remercie pour le compliment. Elle a encore progressé au niveau élocution et phrasé ce qui est une bonne chose. Elle me pose ensuite différentes questions et j’y réponds en souriant :

Je suis venu en République pour mon travail et ma mère a souhaité que je rencontre certains de ses associés en affaires. Je repars dans quelques jours. Si tu le souhaites, tu peux nous rejoindre pour manger un bout et boire un verre, c’est moi qui t’invite pour fêter nos retrouvailles.

Je ne sais pas si elle enchaîne avec un autre combat, mais manger lui fera du bien. Si elle refuse, je lui proposerai de la voir un plus tard. Je m’aperçois qu’elle s’est bien développée au niveau corporel en peu de temps et elle devenue bien plus sexy. Ne voulant pas me prendre de claque, je ne lui dis pas ce que je pense en face et me contente d’un simple :

Tu es devenu une grande et belle demoiselle, c’est une nouvelle coupe de cheveux ?

Il me semble qu’elle a beaucoup changé depuis l’épisode au Shoumei, son patois était à l'époque pratiquement incompréhensible et nous avons passé pas mal de temps à discuter, lui apprenant à bien articuler. D’ailleurs, une fois qu’elle m’a répondu, je la complimente sur ce point :

Je suis très impressionné par ta maîtrise de la langue, tu connais même des expressions ! C’est pour cela que tu es venu en République, pour prendre des cours ?

Ce qui expliquerait les combats de gladiateurs, cela lui permet de gagner pas mal d’argent, tout en lui laissant du temps libre. Si elle continuait à être garde de caravane, cela aurait été impossible, les voyages durant parfois des semaines. J’attends donc sa réponse, guère pressée de retrouver la bande de joyeux drilles qui m’a accompagné jusqu’ici.

On ne va pas se mentir, la première partie de ce qu'il disait n'intéressait pas vraiment Titanya. Bon certes, c'est elle qui avait posée la question, mais elle s'attendait à quelque chose de plus, croustillant, pour elle du moins. Certaines personnes pourraient entendre quelque chose d'important dans les paroles de Tagar, mais pas elle. Par contre, la suite eut plus d'importance pour elle. Un bon repas, de la bonne bibine ? Aux frais de Tagar ? Il n'en fallait pas plus pour faire naître un sourire de requin sur le visage de l'orc.

Bonne bouffe, bonne bibine, ha ha ha, ça'm'va bien Tagar ! Plus qu'un B !

Dit elle en lâchant un rire franc. C'est vrai qu'elle avait eu une bonne baston, enfin, il y en aurait d'autres en tout cas. Plus qu'un B, mais elle pourrait encore s'en occuper plus tard si elle avait encore la tête à ça.Jetmi avait prévu d'autres combats, mais elle n'avait rien contre manger et boire avant. Ce n'était certainement pas une bonne idée, mais l'orc n'était pas connue pour être des plus sage. Et puis elle était contente de voir Tagar mine de rien, il restait l'un de ses premiers contacts en dehors du clan.

Elle garda son sourire aux paroles suivantes, il la trouvait plus grande ? C'était très flatteur. Bon, pour le terme "belle", elle n'était pas sûre, pour elle quelque chose de beau, c'est quelque chose de fort. Donc, en soi, il la trouvait plus forte ? C'est à ce moment de sa réflexion qu'elle arqua son sourcil.

T'me trouve plus grande ? Et plus forte ?! Mes ch'veux ? Heu non... z'ont juste poussés...

Elle avait appris que des gens étaient payés pour "tailler" la chevelure des gens. Pour le moment, elle n'avait fait que les laisser pousser. Il fallait bien avouer qu'elle semblait un peu perdue par le "belle" et les compliments capillaires, mais Tagar enchaîna rapidement, sur d'autres compliments. A nouveau, elle sourit au Reikoi.

Ouais, t'as vu ! J'parles plus mieux... heu... mieux. L'patron d'l'auberge m'a aidé. Elle rigola à la dernière question de Tagar. Nah, ça m'semblait plus logique, les Chouxmiel, ils causent une langue bizarre, y z'utilisent plein d'mots pour un truc... j'comprends rien. Et le Rekt, y'fait chaud, j'aime pas et pis, j'connais d'jà l'ambiance.

Reike était pas mal pour elle, mais Titanya estimait que si elle voulait se retrouver dans une nation guerrière, elle aurait juste à rejoindre un clan orc, pourquoi se contenter d'une version bas de gamme ?

Bon, on va graille ?!

C'est avec un grand sourire qu'elle était prête à suivre Tagar vers sa table. Et ses amis.(?)

La jeune guerrière accepte de manger en notre compagnie et m’explique le pourquoi de sa chevelure et de sa venue en République. Ses arguments se tiennent et je lui réponds :

Je suis content pour toi, que tu te plaises ici.

Elle semble avoir très faim et je lui indique avec un grand sourire :

Bien sûr, si tu veux bien me suivre.

Je ne lui propose pas mon bras, cela ferait un peu bizarre et je suis sûr qu’elle ne comprendrait pas. Nous passons donc dans la première salle, très bruyante et je la guide jusqu’à la table occupée par les amis de ma mère qui ont bien commencé à boire. Jean, un homme d’une quarantaine d’années ayant bien trop de kilos en trop est bien éméché et m’applaudis quand on arrive, me demandant :

C’est votre nouvelle conquête ?

Je n’ai jamais aimé l’humour gras et je lui réponds du tac-au-tac :

Pourquoi ? Vous craignez qu’elle soit plus désirable que votre propre fille ?

C’est Jacque, un elfe avec une imposante chevelure qui intervient :

Du calme tous les deux, nous sommes là pour passer un bon moment.

Puis il s’adresse à Titanya :

Assieds-toi, on a commandé des bières et du poulet, tu vas pouvoir te régaler.

Je me calme un peu et je prends une chaise, afin de m’installer confortablement. Les plats arrivent et c’est une sacrée portion ! Mais je sens que cela ne va pas suffire pour la jeune femme, j’indique donc à Jetim :

Je vais prendre un second plat pour que tout le monde puisse manger à sa faim.

C’est à ce moment que Jean intervient à nouveau, en s’adressant à la gladiatrice :

Alors mon cœur, tu as un petit copain ?

Sans même se cacher il observe son opulente poitrine.

La jeune femme se défend bien, même si je ne sais pas si elle dit les choses sérieusement ou au second degré. En-tout-cas, cela semble calmer Jean qui arrête, au moins pendant un temps, ses avances. Elle nous sert à boire, ce que j’accepte bien volontiers, même si je termine ma boisson bien moins vite qu’elle. Elle demande ensuite si nous sommes tous Reikois et l’homme aviné qui a repris du poil de la bête qui lui réponds :

On est Reikois de cœur, mais on vit ici pour les affaires. Et ma jolie, tu viens d’où ?

J’attends qu’elle lui réponde avant de lui indiquer ce qui est arrivé à mon père, car cela va changer un peu l’ambiance :

Il est mort il y a plusieurs mois, lors de la prise d’Ikuza, la capitale du Royaume.

Je voir l’elfe hocher la tête et levant sa chope, il m’indique :

À votre père, un des meilleurs hommes que j’ai connus.

Je souris à ce compliment qui est vrai, car mon paternel était vraiment quelqu’un d’exceptionnel. Je lève donc également mon verre pour trinquer, puis une fois ceci fait, je précise à la jeune femme :

Il t'avait beaucoup apprécié lors de notre expédition. C’est grâce à toi que nous avons pu nous en sortir sans mal.

Elle avait quand même effrayé une bande de brigands rien qu’avec sa musculature et son air féroce et ainsi éviter un véritable bain de sang. Je décide de passer un à sujet plus léger et je lui demande en souriant :

As-tu pu mettre de l'argent de côté?

Je me rappel avoir eu une longue discussion un soir pour lui expliquer comment les non-orcs font des économies et j’espère avoir été compris. On va donc voir si mon enseignement a porté ses fruits. Si en plus, cela peut couper le sifflet à Jean, ce sera un bonus bien agréable.

Je souris aux paroles de l’orc sur mon père. Si seulement cette croyance était vraie, mais pour moi, on meurt quand on se prend une lame d’épée à travers le corps. Que l’on se souvienne ou pas du mort n’a aucune importance. Toutefois, je respecte ses coutumes et je la remercie d’un signe de tête. J’ai droit à un léger coup de coude en retour et des paroles sur mon paternel qui me font chaud au cœur. Je lui prends donc sa main gauche qui est sous la table et la serre brièvement pour montrer à quel point je suis touché. Je fais ce geste un peu caché, car je suis une personne assez pudique quand il s’agit de montrer ma peine. Elle enchaîne ensuite sur le sujet de l’argent et je lui indique en souriant :

D’un point de vue financier, je t’invite à acheter un logement. Même si tu n’y habites pas en permanence, tu pourras le louer, ce qui te fera une source secondaire de revenu.

Elle me pose ensuite une question et je n’ai pas le temps d’y répondre, car Jean le fait à ma place :

Bien sûr qu’il reviendra, lorsqu’il aura connu mon Elodie, il deviendra captivé par elle !

Mais Jacque ne l’entend pas de cette oreille et nous informe :

C’est ma fille qui lui plaira, Rosellita est charmante et a bénéficié de la meilleure éducation !

Et voilà, c’est reparti et pendant que les deux pères continuent à se disputer, je dis à la jeune femme à voix basse :

Désolé, pour tout cela. Je ne sais pas ce que va donner ces deux rendez-vous arrangés, mais la réponse est oui. Je compte rester encore une semaine ici, on pourra ainsi s’entraîner, j’ai appris de nouveaux mouvements qui devraient t’intéresser.

J’ai en effet continué mon entraînement et si je déteste la violence, il faut bien être prêt, de manière à ne pas finir comme mon père.

J’ai droit à un compliment de la part de Titanya qui me fait sourire. Elle accepte également ma proposition de s’entraîner ensemble puis met fin à la discussion entre les deux nobles de manière bien peu délicate. Je deviens aussitôt le centre de l’attention ce qui ne me plaît guère et je leur indique :

Il est vrai que j’ai un droit de véto, toutefois, ma mère s’est engagée envers vous et je rencontrerai vos deux filles qui sont charmantes, j’en suis persuadé.

Pour mieux les amadouer, je précise :

Après tout, vous avez très bien réussi en République, ce qui est signe indiscutable d’un grand sens des affaires.

Je vous mes deux interlocuteurs se rengorger comme des coqs, comme quoi passer de la pommade marche toujours aussi bien envers les riches. C’est juste dommage que cela ne soit pas aussi simple avec les femmes. Elles ont une sorte de sixième sens, un peu comme les animaux qui les prévient quand les hommes se moquent d’elle, à moins qu’elles ne soient juste plus intelligentes que nous.

Je peux enfin manger, car j’ai très faim, mais le plat est assez moyen, il manque de piment comme trop souvent dans cette contrée. Mes interlocuteurs semblent s’y être habitués et je pense que si je restais quelques années, je le serais également. Toutefois, je rentre dans quelques jours et tout devra être terminé d’ici là. Si une des deux femmes qui vont m’être présenté me plaît, je vais revenir rapidement, sinon, cela dépendra de mes missions.

Je ressers l’orc qui a déjà fini son verre et je lui indique :

Sache que si un jour, tu veux visiter le Reike, la promesse que t’as faite mon père est toujours valide. Je t’accueillerais avec plaisir et te ferais découvrir la capitale.

Respecter les paroles de mon père, c’est une question d’honneur.

La jeune femme répond par l’affirmative à ma question et je lui indique en souriant :

Je dois repartir par bateau, car je suis également présent pour affaires et il faut que je ramène un prisonnier au Reike. Si tu es disponible, je t’embauche directement.

Il s’agit d’une personne ayant essayé de frauder le Trésor royal et qui s’est réfugié ici. Demain, j’ai mon rendez-vous avec une Traqueuse pour le retrouver puisque la force de milice locale, ici appelée police est une belle bande d’incapable. Le sujet dévie ensuite sur les combats et je lui réponds :

Nous avons les plus belles arènes de tout Sekai. Même si l’arène royale est actuellement fermée pour cause de travaux, suite à un incident.

J’entends tousser Jean et Jacques, ce qui me fait sourire. L’incident dont je parle est le fait d’un groupe de rebelle qui a fait parler d’eux et qui a fait pas mal de dégâts aux guerriers, au public et aux infrastructures durant un tournoi présidé par le Roi. Mais je ne me laisse pas déconcentrer et je précise :

Mais il existe de nombreuses arènes, certes moins impressionnantes, mais qui permet aux plus valeureux d’entre les Reikois et étrangers de se faire un nom. Il y a également des combats d’esclaves ou de gladiateur.

Concernant les esclaves, il s’agit le plus souvent de personnes ayant commis un crime comme un assassinat. Je vois du coin de l’œil Jean qui a l’air assez embarrassé et qui nous dit d’une petite voix :

Justement, concernant les esclaves, il y a un petit problème. Ma fille, Elodie, est contre et refuse de se faire servir par eux, pour elle, tout le monde devrait être libre.

Je comprends ce point de vue, mais les traditions ont la vie dure. Toutefois, je peux faire un effort sur ce point et je lui indique :

Cela ne posera pas de problème pour moi.

Tout en mastiquant, plus ou moins bruyamment, l'orc observa Tagar, ce dernier l'invitait à venir au Reike, ou plutôt, il voulait l'embaucher pour aller au Reike. Le coup de l'embauche sonnait comme une fausse excuse. Ce qui ne dérangeait pas Titanya pour tout dire, à voir s'il comptait réellement la payer, mais surtout si le travail pour lequel il voulait l'embaucher était sérieux. Elle préférait mériter son salaire. En ce qui concerne Jetmi, il ne devrait pas y avoir trop de soucis, il avait déjà dû se passer d'elle, il y avait peu de risque que l'auberge disparaisse avec son absence. Elle avala ces dernières bouchées de nourriture et répondit :

Hum... si j'peux bosser et faire un p'tit tour au Reikt 'vec toi, ça m'va !

Tagar lui parla ensuite des arènes de Reike. Elle connaissait, de nom et très légèrement de visu, elle était déjà passé dans le pays, mais la chaleur et d'autres trucs avaient fini par la convaincre de bouger encore. C'est vrai que c'était le gros avantage du Reike, une mentalité plus guerrière, bon, pour la mentalité elle avait vu mieux, mais ils avaient les moyens pour mettre cette mentalité en oeuvre et cela commençait par les arènes.

Ouais, j'avais d'jà vu ça. Mais sans essayer, j'suis passé rapid'ment à Reikt.

Elle écouta la suite des explications. Les gladiateurs, cela avait l'air d'être des sacrés loustiques, ouais, eux, elle aimerait les combattre. Elle ne releva pas les petites mimiques de l'un des amis de Tagar, ne comprenant pas bien.

D'combats cont'des 'sclaves ? J'espère qui savent c'battre.

Un combat facile, c'était honteux, sauf en cas de guerre ou là, tu tombes sur ce que tu trouves. L'un des deux hommes rebondit là-dessus en parlant de sa fille. Ca, elle avait vu la différence entre la république et les autres, notamment les orcs. Mais surtout, elle avait appris des choses à force d'observer en République. Elle s'adressa donc à l'homme qui venait de parler de sa fille.

Ouais ! En république c't'un peu diff'rent hein ?! Chez les orcs c'plus simple, les faibles obéissent aux forts. Elle grignota encore un peu et but une nouvelle lampée de bière, puis continua. Pour vot' fille z'avez qu'à lui dire, qu'les'claves soient y z'ont un toit, des r'pas et pas d'thune. Soit ils sont libres, payés une misère et y crèvent d'faim.

La république lui avait prouvé que derrière des mots ronflants comme "liberté" il y avait une triste vérité économique et hiérarchique et nombre d'esclaves affranchit se sont retrouvé dans la misère par la suite. Après plus ou moins la misère ? Cela dépendait de leurs anciens maîtres. Puis elle se tourna vers Tagar.

T'a vu ? J'suis cultivationnée hein ! J'comprends d'trucs, ha ha ! Ptêtes qu'c'est moi qu'tu devrais choisir, bwahaha !

Elle éclata de rire sous sa propre idiotie tout en mettant une petite tape amicale à Tagar.

La jeune orc accepte de m’aider pour sécuriser le transport de mon futur prisonnier et me pose une question sur les combats qui ont lieu dans les arènes. Je lui réponds donc :

Ce sont des combats entre esclaves. Normalement, ce n’est pas à mort, mais il arrive que des blessures guérissent mal et ils meurent. Nos nouveaux dirigeants sont plutôt pour adoucir l’esclavage, alors ce type de combat est de moins en moins présenté au public.

Nous avons droit ensuite à la vision de Titanya sur la vie des plus pauvres entre la République et le Reike et si les deux chefs de famille ont l’air gêné, je hoche discrètement la tête à l’attention de la montagne de muscle pour montrer que je suis d’accord avec elle. Elle prend ensuite la confiance et je lui dis tout à fait sérieusement :

Tu as toujours été intelligente et surtout une excellente observatrice de ton environnement.

Avoir un regard extérieur et critique sur ce que les gens ne pensent pas remettre en cause est très important et c’est ce que j’ai appris à faire au cours de mes voyages. Elle me propose ensuite de la choisir et me tape dans le dos, pile au moment où je finis ma chope. Les deux combinés font que j’avale de travers et il me faut bien une minute pour reprendre mon souffle. Une fois ceci fait, je me sens devenir rouge, chose que je déteste et je reprends la parole :

Tu mérites un véritable guerrier, chose que je ne suis pas.

Je vois Jean et Jacques soulagés, je suppose qu’eux aussi trouve ce petit côté sauvage de l’orc un peu excitant. Mais il ne faut pas oublier la raison de ma présence ici, je dois réaliser deux rencontres arrangées et c’est bien ce que je compte faire.

La jeune femme indique qu’elle est d’accord avec moi sur tous les points et je vois tout le monde, moi y compris être soulagé. Jean et Jacques, car ils pourront peut-être marier leurs filles respectives, et moi, car je n’ai guère envie de la combattre, surtout sans magie.
Elle continue de manger bon cœur et Jean lui dit :

Vous avez bien raison !

Puis il se tourne vers moi :

C’est donc entendu, Élodie est justement disponible demain soir. Vous verrez, c’est une charmante demoiselle, calme et posée, l’épouse parfaite.

Jacques, ne voulant pas être en reste, m’indique :

Rosellita a reçu une excellente éducation. Vous pourrez la rencontrer après-demain, je suis sûr que vous aurez de nombreuses choses à vous dire.

Je hoche la tête devant les deux hommes et comme tout le monde à fini son repas, je leur indique :

Messieurs, c’est bien compris, je serais devant votre porte à vingt heure, le jour que vous avez choisis.

Ils ont l’air tout content et quittent rapidement les lieux, pressés de prévenir leurs familles. Je ne doute pas que ce soit, un jour, important pour eux, alors que pour moi, c’est juste un lundi comme les autres lundis. Je ressers une dernière fois l’orc, lui donnant jusqu’à la dernière goutte de bière du pichet de bière, puis je lui indique :

Titanya, si cela ne te dérange pas, je voudrais bien rester pour te voir combattre à nouveau. Je suis sûr que je pourrais apprendre quelques trucs intéressants en te voyant rosser tes adversaires.

Juste après mes paroles, Jetim arrive et indique à mon interlocutrice, tout sourire :

J’ai une Drakyne qui souhaite te défier. Tu verrais à une poitrine encore plus… Pardon, je veux dire qu’elle semble aussi forte que toi.

Je compte rester ici jusqu’à ce que le site ferme. Je reviendrais demain pour l’entraînement, il vaut mieux qu’il se fasse en dehors de la ville pour éviter tout problème.

Titanya me répond que cela ne la dérange pas d’être observée lors de son activité favorite et je lui dis en riant à mon tour :

J’étais sûr que tu dirais cela, je suis ton plus grand fan !

Je les suis donc jusqu’à l’arène et je dois avouer que je ne suis pas déçu ! La Drakyne qui l’a défié a également une forte capacité pulmonaire et un sacré problème de vision, car son haut est vraiment tout petit. Son matériel semble pouvoir sortir en déchirant sa chemise à tout moment. Je suis sûr que je ne suis pas le seul à penser cela, vu que tous les regards sont fixés au même endroit.

Pour tout dire, je ne me souviens même plus du nom que Jetmi vient de citer. Étant un homme, je ne peux pas faire deux choses à la fois et cela se vérifie encore. La cloche retentit, signalant le début du combat et cela me sort de mes pensées. C’est alors que je sens comme un courant d’air et surpris, je vois un mage qui commence à préparer un sort !

D’un coup, je comprends leur stratégie ! Pendant que la Drakyne détourne l’attention grâce à son « vêtement », son acolyte utilise ses sorts pour l’aider ou gêner son adversaire ! Voilà un plan redoutable ! Mais je n’aime guère les tricheurs, alors j’utilise ma magie de la terre pour créer quatre murs de terre tout autour de lui, l’emprisonnant totalement. Je peux ainsi lui annoncer :

Tu vas rester ici tout le temps du combat, ensuite, je te relâcherai.

Il y a pas mal de parieur et tous me regardent. Je leur annonce donc :

Il était en train de distraire les combattantes.

Ils haussent les épaules et regarde le combat, pour ma part, j’encourage l’orc, lui criant :

Écrase cette tricheuse, Titanya !

L'orc rit de bon cœur aux paroles de Tagar, puis ils se dirigèrent vers la salle d'à côté pour voir leur nouvelle adversaire. Jetmi n'avait pas menti et elle comprenait qu'il lui avait parlé de poitrine en premier, il y avait du monde au balcon et en plus de ça, c'était très visible. Certes, elle aussi n'avait que des bandes de tissus pour masquer sa poitrine, mais au moins, elles recouvraient tout. C'était étrange comme choix, cela devait être embêtant pour combattre. En-tout-cas, elle espérait que la Drakyn serait forte.

Le combat commença alors et tout semblait normal, au début. Bien vite, Titanya fut gênée dans ses esquives, c'est comme si un mur invisible l'empêchait de passer. Du coup, elle se prit plusieurs coups de poings ou de pieds bien sentit à cause de ça et de la surprise généré. Visiblement surprise, l'orc prit une autre stratégie, à savoir parer et bloquer plutôt que d'esquiver, mais là aussi ses membres semblaient être bloqué par quelque chose, ralentissant ses mouvements. Elle sentait... Du vent ?

Quelque chose n'allait pas et cela ne venait pas de son adversaire, elle la dominait, Titanya voyait ses mouvements ralentis, des petits courants d'air dans ses yeux, elle s'en prenait plein la figure et ça commençait à faire beaucoup même pour elle. Pour une raison qu'elle ne comprenait pas bien, son adversaire perdait parfois du temps à prendre des poses se mettant physiquement en avant.

Puis, plus rien, plus de sensation de maintien, plus de souffle dans les yeux, Titanya regarda autour d'elle et entendit Tagar l'encourager, elle le vit, derrière lui un genre de boite de terre. Il lui disait d'écraser cette tricheuse ? Cela lui rappelait qu'elle était encore en combat et en tournant la tête un nouveau coup de poing vint percuter son visage. Cette fois-ci, elle l'encaissa bien et para plus facilement le prochain coup et l'autre. Le visage de la Drakyn semblait montrer qu'elle venait aussi de comprendre la situation.

Titanya eut un sourire carnassier et elle s'élança, à elle d'imposer son rythme. Et elle allait sortir le grand jeu, peu importe que son ennemi soit au niveau pour le supporter ou non. Elle s'approcha en combat rapproché, feintant un coup-de-poing violent au visage elle changea de position au dernier moment pour venir asséné une multitude de petits coups de poings au ventre de son adversaire. Elle réagit en faisant un pas en arrière, Titanya reste au contact avec un bon en avant suivi d'un lourd coup de poing, un direct du droit en pleine extension. La Drakyn perd du sang, une dent, la salle exulte, tous ne comprennent pas et beaucoup voient simplement un bon combat avec une sacrée remonté de l'orc. Cette dernière ne laisse aucun temps mort, à nouveau sur ses appuis, elle assène trois coups de pied à la cuisse de son adversaire qui s'en protège simplement en essayant de se décaler. C'est le moment d'en finir. Titanya la saisit par les quelques bandes de tissus qui couvrent son arrogante poitrine.

Trait'ment spécial pour t'tricheurs !

Elle l'attire à elle via le tissu pour lui mettre un violent crochet à la tempe, le corps de son adversaire, groggy, part en arrière, Titanya la ramène à elle, finissant de déchirer le restant de tissu, la salle exulte à nouveau. Puis l'orc saisit la tête de son adversaire et après avoir décidé qu'une prise mortelle serait de trop, elle opte pour quelque chose de plus spectaculaire et de moins violent. Elle place alors la tête de son adversaire entre ses cuisses, regarde l'assistance un petit moment, les habitués réagissent, ils connaissent la prise. Puis avec un mouvement de rotation elle soulève la Drakyn pour venir la rabattre au sol, à travers la première table de bois à disposition. La table cède, les quelques boissons encore présente s'envole, les clients sont content. L'orc, encore assise rigole et cherche Tagar du regard tout en se relevant.

HRP : La prise de fin (sauf que c'est une orc qui la porte sur une Drakyn et qu'il y a une table )

Spoiler:

L’orc reprends du poil de la bête après mes encouragements et après l’avoir attrapé par son corsage, elle la tabasse jusqu’à ce que son vêtement se déchire. Je sens mon visage rougir à nouveau et baisse un peu les yeux. Finalement, Titanya termine le combat avec une prise spectaculaire et la Drakyn, une fois arrivée au sol, ne bouge plus.

C’est un véritable tonnerre d’applaudissement et je suis sûr que si la gagnante aurait fait la moitié de son poids, eu un sourire avenant et avait l’apparence d’une humaine, elle aurait été portée en triomphe. Comme ce n’est pas le cas, les spectateurs aussi bien que les parieurs viennent la féliciter en lui tapant dans le dos. Pendant ce temps, j’enlève ma veste et je la pose sur le buste de la perdante, histoire de sauvegarder un peu sa dignité.

Je vois Jetim s’approcher et je me doute de la raison de sa présence, il veut sans doute savoir pourquoi une tour de terre a émergé dans son établissement. Je prends donc les devants et je lui annonce :

Il s’agit d’un duo de tricheur, la Draknys captive les regards et se bat, tandis que son acolyte, un mage maîtrisant l’Air, gêne son adversaire.

C’était un bon plan et si je n’avais pas senti ce déplacement d’air, je n’y aurai vu que du feu !

L’aubergiste hoche la tête pour me remercier et, à sa demande, je détruis la petite prison que j’ai créée. Je ne sais pas ce qu’il va faire des deux malandrins, mais ce n’est plus mon problème. Ici, nous ne sommes pas au Reike et les lois sont différentes. Je pense que dans mon pays, ils s’en seraient sorti avec une lourde amende ou une peine d’asservissement de quelques mois.

En-tout-cas, je vais voir Titanya et je la félicite :

Ce fut vraiment un beau combat.

C’était le dernier affrontement de la soirée et je lui demande donc :

Est-ce que tu veux faire quelque chose ou l’on se retrouve demain ?

J’ai droit à une nouvelle tape dans le dos et à une proposition pour le moins… surprenante. Je la regarde bizarrement, essayant de voir si elle est sérieuse ou pas. Bien sûr, je ne suis pas né de la dernière pluie et j’ai déjà entendu parler de plan à trois, voire même de trouple. Mais là, c’est la première que l’on me demande de regarder !

J’avoue ne pas savoir comment réagir et comme d’habitude dans ces cas-là, je commence à rougie, ce qui m’exaspère. C’est la quatrième fois en une soirée ! Il faudrait vraiment que j’apprenne à mieux gérer mes émotions quand il s’agit de sexe. Finalement, je me reprends et je lui en souriant :

Je suis sûr que cela doit être passionnant, malheureusement, je suis de la vieille école et ma Mère ne serais pas d’accord. Je vais donc te laisser et je viendrais te chercher demain, un peu après l’aube, le temps que tu puisses te reposer un peu après ta nuit qui promet d’être agité.

Je pense m’en être plutôt bien sortit, même si j’ai une pointe de regret. Les autres s’amusent sans soucis pendant que je dois me préserver. Toutefois, les choses s’arrangeront d’elle-même une fois que je serais marié et je pourrais rattraper le temps perdu. Je rentre donc à ma propre auberge, mais j’avoue avoir du mal à trouver le sommeil. Je me réveille tôt et un peu fatigué. Je prends un solide petit-déjeuner pour compenser et je rejoins l’établissement de Jetim. C’est d’ailleurs ce dernier qui m’indique la chambre de mon amie et je frappe à la porte.

Une fois qu’elle aura ouvert, je lui demanderais si elle a passé une bonne nuit et nous pourrons aller à l’extérieur de la ville, comme je l’avais prévu. Les choses sérieuses pourront alors commencer.