A tornado of roses from divine.
Putain.
Putain.
Je fumais une dernière clope, buvais une dernière gorgée d’un spiritueux non identifiable qui avait trainé sur le sol bien trop de temps pour qu’on soit pleinement sûr de sa provenance. J’avais eu une semaine de merde qui se terminait sur une mission de merde. Le moral dans les chaussettes j’avais envie de cracher ma haine, alors je le faisais. Mira’ m’avait envoyé remplir un contrat bien trop barbant pour feindre un semblant de joie, et bien trop dangereuse pour je l’accomplisse seul. Non décidemment rien ne m’excitait en cette soirée.
Je les détestais. Tous. Ou presque. Mais surtout eux, surtout vous qui lisez ces quelques lignes d’un air médusé. Ils veulent tous être heureux, et bien je leur souhaitais bien de la chance. Je préférais boire mes soucis dans une liqueur bon marché certain qu’il n’y avait pas assez d’alcool sur cette terre pour noyer mes peines, je préférais encore rouler un blunt convaincu qu’il n’y avait pas assez d’herbe pour enfumer mes démons. J’avais une douleur dans la poitrine, un trou à la place du cœur qui me semblait ne jamais pouvoir se résorber. Ces moralisateurs aussi je les haïssais, ceux qui ne donnaient pas de deuxième chance, qu’ils aillent bien se faire enculer. Ces gamins qui pensaient avoir compris le grand jeu de la vie, qui se permettait de prodiguer des conseils comme si le monde leur appartenait déjà, Je détestais les amoureux qui se bouffaient des yeux, l’amour dure trois ans, trois mois, trois jours, connard. Peut-être que mon âme sœur était morte, Peut-être que je n’avais jamais eu une âme pour commencer. Peut-être que je l’avais vu passé dans le désert, sans le sou ni l’eau et que je l’avais laissé crever là. Toutes ces fois où j’avais cru bon d’ignorer quelqu’un au lieu de connaître ses problèmes. Peut-être que cette personne qui s’impatientait que je meurs pour toucher mon héritage après notre mariage n’était pas si mauvaise (à ma défense qui ça ne ferait pas flipper ?).
Je détestais ces gens pour qui j’étais le vilain, si je dois vous le rappeler alors que je le ferais, mais personne ne veut d’un héros avant d’atteindre un certain âge. Ma mère et son château, mon père et sa gloire n’était pas à blâmer pour celui que j’étais devenu, non, je n’étais que le monstre qu’on avait voulu faire de moi. Sous les torrents de critiques du peuple, ou sous la plume d’un auteur raté, j’étais devenu cet créature difforme que vous admirez se plaindre.
J’emmerde.
J’EMMERDE.
Ceux qui croient que tout peut se régler par une thérapie, un docteur, ou une Harley Quinn.
Fuck therapy, je voulais quelqu’un qui me frappe jusqu’à que je sois bleu et noir, du sang qui s’écoule sur le visage, incapable de respirer ou de me relever, peinant à respirer. Je voulais … Putain, je perds le fil, tout ce que je savais c’était que celui qui craignait de souffrir, souffrait déjà de ce qu’il craint.
Je voulais qu’on m’éclate la cage thoracique pour dire plus facilement ce que j’avais sur le cœur. Les gens ne comprenaient pas.
Les gens ne comprenaient pas.
Pouvaient-ils jamais comprendre ?
Que je ne me haïssais pas. Je ne galérais pas à m’aimer, parce que c’est une erreur communément faite à mon propos, Ce n’était pas le cas. Je m’aimais plus que je n’aimasse aucun des chiens que je venais de citer. Et pourtant je pensais chaque seconde à me tuer. Imaginez un peu ce que je pensais leur faire.
Et pourtant je n’étais pas mauvais. Il me semblait ne pas l’être du moins. Les vilains sont transformés en vilains parce qu’ils défient l’ordre établie, les normes, les aprioris, qui les ont laissé tomber et aux lieux de les aider, tous les regards qui se portent sur eux transforment leur désespoir en crime contre l’humanité. Connerie. MON HUMANITE HEIN ? Mon humanité n’avait jamais été reconnu. Et je comptais bien changer tout cela. Un jour.
Un jour hein ?
Rigole. Rigole. Même si je préférais me buter là tout de suite en enchaînant clope sur clope comme pour oublier un routier qui me parlait d’art, pour oublier que je le prenais bien trop personnellement, même si je préférais me buter, je deviendrai quelqu’un. Ou je mourrai en essayant.
Et pourtant, hein.
Et pourtant ça faisait quoi ? Quatre ans je dormais à peine, que je pouvais ne rien bouffer pendant des jours en m’en souciant à peine, d’ailleurs le ventre vide, alors que je le remplissais de ce sacrilège à la décence que j’osais appeler alcool. Quatre que je me regardais dans le miroir et que je n’y voyais rien de plus qu’un fantôme
livide,
Dégueulasse,
Maladif,
Translucide,
À en faire sourire un génocide
Je regardai le ciel, je priai des titans dans lesquels je ne croyais pas, et je leur demandais faire quelque chose pour moi. Envoyez-moi quelque chose, quelqu’un, prenez un petit marteau et pétez-moi les doigts, faites ça pour moi, je sais pas. Parce que là.
Là ?
Qu’est-ce qui était le pire ? Toi hein, t’en dis quoi ? Mourir inachevé, ou vivre comme une ombre de notre sanité passée ?
Je sentis mes genoux fléchir. Je sentis des larmes coulaient lentement sur ma gueule. C’était quoi ça ? C’était quoi
Ça
?
Ce moment où je savais plus si j’étais entrain de traiter avec l’humain ou avec un des nombreux démons qui parasitaient mon esprit.
Sur le sol je bénissais le monde d’après, je maudissais le monde d’avant. Toutes les damnées se pavanaient sur théâtre sordide que vous appelez bêtement la vie, et moi, dans tout ça j’étais quoi ? Les pensées se défilaient.
Je me battais, je prenais la fuite, espérant que jamais personne ne m’empêchera d’avancée, je voulais les voir tomber. C’était de bien belles paroles, de bien belles pensées, sûrement trop pour que se soit moi qui les ai créées, mais au fond de ma tête cette mélodie était recouverte de bien trop de crasse et d’horreur pour que j’y prête attention.
Et tout faisait mal. Si mal. J’en avais marre. Marre de devoir perpétuellement lutter. Marre d’être dans ce cercle vicieux. Plus important j’en avais marre d’eux. Pourquoi je me battais si ardemment pour eux ? J’aimais à croire, j’aime à croire, j’aimerai à croire que les êtres sont créés égaux. L’esclavagisme, les rois, les reines, le régime, tout ça … Tout ça, j’aimerais y croire. Mais sommes-nous vraiment tous égaux ? Je luttais pour tout cela, parce que j’en étais certains qu’il fallait lutter pour les petits mensonges, pour qu’ils deviennent de grandes vérités. Mais les gens n’étaient pas tout à fait égaux, n’est-ce pas ?
Peut-être que mon rêve d’égalité n’était qu’un fantasme fantasque, un feu essoufflé et affaiblie, qu’un simple fou, moi, un simple fêlé, portait fidèlement, avec tant d’effort et de ferveur, mais que cela ne restait que ça. Un fantasme fantasque.
Maybe i was fucked up.
Je n’avais jamais ressenti un seul papillon dans mon estomac, pas une seule fois je n’avais perdu ma pensée dans les yeux noirs de quelqu’un dont on voyait du bleu. Je n’avais jamais rêvé de quelqu’un chaque nuit, je n’étais pas de ces gens-là. Ces gentes gens qui souvent ne m’inspiraient que du mépris.
Parfois c’était de l’envie.
Surtout de l’envie.
Non. Non. Il valait mieux les détester. C’était plus simple. Je préférai détruire que créer, entre bien et mal, j’avais fait le choix de plus jamais me faire marcher dessus, entre bien et mal, j’avais choisi mon camp, entre blanc et noir, depuis l’époque où je préférais boire et perdre espoir.
Il ne servait à rien de prier.
Les titans étaient morts. Les anges je n’y croyais pas. Nos créateurs étaient morts, et comment j’aurai pu être consolable, moi qui étais de la race meurtrière qui avait tué le père de tous les meurtriers ? Je n’en savais rien.
Cette mission je voulais pas l’accomplir. Je voulais pas bouger, je voulais glander et me laisser crever, ce soir une aiguille dans le bras droit, et un couteau dans la main gauche, je voulais pas finir cette nuit. Et pourtant je n’avais pas mon mot à dire.
La réalité n’était pas de mon fait, et mon écrivain n’avait que faire de mes états d’âme. Dans cette ruelle sombre mordu par le froid à défaut de me faire mordre par la vengeance (wink), je me demandais si ça le faisait bander de me voir crever comme une sombre merde. Alors ?
Pas de réponse.
Mais avant que j’eusse le temps de lui cracher mon venin à ce « poète » incapable, je dus me relever en vitesse. Les joues encore marquées par les grosses gouttes qui avaient coulé, je me dépêchais de frotter à m’en rougir le visage et les poings alors que j’entendais quelqu’un arrivé. Sans aucun doute mon complice de la soirée. Je voulais avoir présentable. Quelque chose de plus important que ma vie était en jeu, ma réputation. Alors je feignais un sourire craquelé, et je tournais mon visage dans la direction du bruit de pas.
« Alors ? Comme ça on se permet d’arriver à la bourre, Darling ? »
Putain. Ma voix tremblotante trahissait la dernière demi-heure, j’étais ridicule bordel de merde. La pénombre était épaisse et je ne voyais pas la gueule de la personne qui me servirait d’acolyte.
« On a déjà une bonne heure de retard pour le contrat. Si tu te sens pas d’attaque, on peut toujours repousser. Ou si t’as peur. »
De la provocation bravo petit con.
Je me risquais à une tentative désespérée que la personne accepte, et que je puisse rentrer chez moi. Que je m’adonne à une nuit de misère et de sanglots, que je m’endorme seul dans un drap infesté de puce qui me rongeait la peau, et ma joie de vivre. Mais vous vous doutez que si ces mots sont posés sur une feuille blanche, c’est évidemment que la nuit était plus intéressante que ça.