Elle écoute et apprend, attentive tout en jouant les évaporées, une méthode efficace et pratiquée depuis quelques années déjà. Elle se surprend à sourire alors qu’en temps normal elle reste impassible face aux joueurs mais elle a l’impression d’avoir croisé la reine des courges en cette soirée. Et surtout que la demoiselle semble s’imaginer pouvoir trouver une oreille compatissante ou amicale dans celles de la métisse humaine.

- Eh bien votre père a probablement eu raison, votre… *chercher un mot qui pourrait convenir* rendez-vous est en effet un galant homme semblerait-il et il est plutôt mignon surtout quand vous le faites rougir.

Et d’adresser un clin d'œil à ce pauvre Tagar qui semble mis mal à l’aise par la dénommée Elodie. Pour le rassurer peut-être elle ajoute.

- Tu ne crains rien, nous n’irons pas raconter à son paternel qu’elle vous a conduit dans une auberge de bas étage.

Et la voilà qui semble persister à croire qu’elle est devenue amie de la belle rousse. Quelle idée étrange. Elle se penche vers la rousse pour murmurer des confessions sur son servant du soir. C’est amusant de voir qu’ils n’ont visiblement pas du tout la même vision du moment présent. Néanmoins, l’occasion est belle, elle est collée à mon oreille presque et dans ses cheveux de nombreuses barrettes surmontées de pierres précieuses brillent et attirent son regard, son envie. Allez une petite barrette, elle ne s’en rendra même pas compte. Prestement, usant de ses gestes sûrs (Précision P2 et Supervitesse P1 : je lance un dé 20 la maladresse est possible et visible mais non!) d’une main bien visible elle réajuste une mèche de ses cheveux en souriant.

- Parfait ainsi.

Détourner l’attention est la clé de tout et de l’autre main elle a subtilisé une barrette et donc une petite pierre précieuse, rien pour la noble, quelques pièces pour la rousse. Revenant au jeu elle adresse un franc sourire à Tagar.

- Allez, essayez au moins de vous amuser un peu. Que cette soirée ne pas le souvenir d’un long moment d’ennui pour vous. Vous portez la rigueur sur vous. Montrez lui de quel bois vous êtes fait!

Et les hommes de rire à leur tour et d’en rajouter.

- Un Reikois? Non! J’l’ai pris pour un de ces dandy de Courage.

Le jeu se poursuit et la rousse voit bien que Tagar est prudent, trop même, il mise pas ou peu, et ne sera donc pas une source de revenus pour la soirée hélas. Pour le coup elle se lève un instant après avoir fait une première mise.

- Je vais nous chercher à boire, je reviens.

Elle va au comptoir et réclame des liqueurs d’eau de prune pour tout le monde. Quand le sérieux est trop présent, il faut l’aider à se dérider non?

Étrangement le dénommé Tagar ne semble pas vouloir se détendre et c’est bien dommage. La demi fae n’aime pas jouer dans une ambiance pesante, elle la légèreté, l’aérien, le libre et cela la chagrine quelque peu toute cette tension pour être honnête.

Cela ne va pas l’empêcher de jouer mais elle peine à comprendre qu’on puisse se laisser enfermer par un diktat quelconque dans le fond. Elle ne cherche même pas à refuser le fait que Tagar paye pour lui et sa compagne, c’est pas comme si elle roulait sur l’or dans tous les cas.

La partie reprenait alors que chacun avait bu son verre, chacun sauf Tagar. Dommage c’était lui le plus tendu. Aïna observa l’ingénue qui était prête à dépenser son argent et celui du jeune homme contre une promesse qui ne l’intéressait pas. Tagar était bien élevé, il le portait sur lui, probablement un gars gentil de surcroit, quelqu’un qui sortait de l’ordinaire d’Aina. Dans son univers, les gens répondant à ces qualités étaient rares voire inexistants.

Malgré tout, elle avait en tête de gagner de l’argent ce soir et pour se faire… il fallait que la blonde perdre tout ce qu’elle avait.

- Allez Tagar jouez avec nous, jouez votre avenir avec nous plutôt que de rester en retrait. Et vous Elodie si vous voulez qu’il vous épouse évitez de lui réclamer d’entrée de jeu le contenu de sa bourse. A la limite vous auriez demandé celui de ses bourses…

Et de faire rire toute la table un coup, l’atmosphère se détendant de nouveau simplement. Les cartes se retournaient et il ne restait plus que quelques cartes, fallait-il miser ou pas? Aïna tente sa chance et les trois autres joueurs aussi.

Restaient à connaître les paris de Elodie et Tagar pour savoir qui pouvait gagner le pactole directement ou si un tour devait être rejoué. Ce moment était le plus palpitant aux yeux de la joueuse, celui ou son destin allait se jouer, ou son repas plus prosaïquement.

Règles du pari:

Elle pensait avoir bien maîtrisé le jeu, elle avait compté approximativement et en général elle tombait sur la bonne valeur à la fin mais pour le coup on peut dire qu’elle est sacrément surprise par la vainqueur. Le bougre aurait-il caché son jeu tout du long? Lui si timide et discret, effacé presque durant la partie qui sort grand vainqueur en pariant exactement le bon nombre?

Ce qui la fait mourir de rire, c'est la réaction de son exubérante partenaire de rendez-vous familial qui lui saute littéralement dessus pour l’embrasser à pleine bouche. La bougresse n’en est clairement pas à son premier baiser, cela se voit comme le nez au milieu d’une figure.

Les partenaires de jeux se lèvent, frappant table et chaises avec la violence de leur dépit. La rousse ramasse son jeu et donc n’est pas partie de suite. Elle en est encore à rire de la scène étrange qui vient de se dérouler sous ses yeux quand Elodie s’effondre sur la table sans la moindre élégance digne de son rang.

- Bah dis donc, ça fait la maligne et ça ne tient rien. Belle leçon protocolaire dites donc.

Néanmoins cela semble laisser son compagnon d’infortune dans l’ennui. Loin d’être une âme charitable naturellement, notre joueuse n’est pas contre l’argent, gagné ou pas. Elle l’accepte avec grand plaisir une fois son jeu rangé.

La chance sourit aux audacieux, vous avez osé miser et cela a porté ses fruits tout simplement. Je vous remercie pour l’argent mais on ne va pas dire dédommagement. Croyez-le ou non , son comportement ne me choque pas, vous avez vu où elle vous a emmenée?

Pour le coup il n’était pas responsable, sauf peut-être de s’être faite embarquer par Elodie. Elle se leva, avisa la taille et corpulence de l’alcolisée et celle de Tagar.

- Tu sais quoi, je vais t'aider à la sortir d’ici. Vous avez une calèche ou on doit en chercher une pour vous ramener? Je prends l’argent en paiement de ce service, la partie je l’ai perdu on ne revient pas dessus. Sauf si tu as triché.

Et de rire en disant cela parce que pour le coup elle n’y croyait pas un instant, il avait la tête du gars honnête et bon, pas d’un menteur ou d’un tricheur contrairement à elle. Elle s’approcha donc d’Elodie et passa le bras de cette dernière derrière sa nuque, la prenant dans le dos.

- Allez on la soulève en même temps.

Son regard par contre se déplaçait régulièrement pour observer les trois gars, elle avait un mauvaise pressentiment, certains acceptaient de perdre contre des joueurs mais contre des nobles qui s'incrustaient chez eux...

Aina écoute le gentilhomme et semble en réalité plutôt surprise par ses paroles et réactions, c’est qu’elle ne côtoie pas les gens bien élevés de ce monde. Elle les a pour client quand elle livre des commandes de son paternel éventuellement mais quand ils sont riches elle ne rencontre que leurs serviteurs dans leurs grandes et belles maisons.

Elle circonflexe cependant du sourcil quand il parle de sa fonction. Contrôleur Royal, mais c’est quoi ça comme activité? Il contrôle quoi?

- Vous en faites pas , c’était plus pour vous que je disais ça. L’important c’est qu’on bouge votre Dame pour qu’elle n’ait pas d’ennuis. Les mauvais perdants ici ne sont pas de gentils garçons croyez le.

Elle écoute la suite, portant la blonde avec l’aide de Tagar et ils sortent de l’auberge pour rejoindre la calèche qui doit attendre dehors.

- Eh bien j’accepte tout travail honnête.*et de songer “ou pas” mais sans le dire cela va de soit* c’est dans mes cordes de nous ramener à bon port. Les canassons sont souvent un peu bas du plafond mais ils ne sont pas méchants, sauf si on les rudoie trop. Je leur dirai de ne pas vous bouffer le cuissot si vous voulez.

Ils arrivent donc finalement devant la calèche et tant bien que mal ils installent l’endormie, elle dort du sommeil de l’ivresse, de ceux que rien n’éveille. Elle n’est plus guère élégante pour le coup.

Elle regarde Tagar alors qu’il annonce n’avoir pas triché et dit.

- J’vous crois, je l’aurais vu si vous aviez triché, vous avez vraiment eu la chance du débutant et moi ça me va vu que je vais récupérer la mise malgré tout en vous aidant. Tout le monde y trouve son compte.

- Pas tout à fait miss , c’est nous qu’allons récupérer notre mise et on va probablement en profiter pour s’amuser aussi, on aime pas trop passer pour des tanches.

Et la voilà qui soupire à fendre l’âme.

- Sérieusement? Vous voulez une dérouillée en plus d’avoir pris la honte de votre vie au jeu ce soir? Votre ego est si important qu’il va vous infliger ça?

A-t-elle les moyens de leur coller une rouste comme elle l’annonce? Dur de savoir, en tout cas elle a de l'aplomb à revendre. Et avant que quiconque ne réagisse dans sa main droite est apparue son épée et dans la gauche une dague (un mix de super vitesse et de précision augmentée).

- Envie de jouer vraiment?

Il y a effectivement trois silhouettes visibles et une quatrième tapie dans l’ombre encore pour le moment.

Message 7

 


La demoiselle n’est point une oiselle sans défense ou en détresse. Après elle a la facheuse habitude de rouler pour sa bosser, en solo et de prendre la poudre d’escampette quand cela devient problématique. Fuir est selon elle une porte de sortie parfaitement acceptable : rien ne vaut de perdre la vie ou de prendre une rouste inutilement.

Armes en main elle attend et se retrouve malgré elle prise d’un fou rire à la répartie de Tagar, quel humour il a ou quel don pour attiser les tensions. Les hommes en face ont visiblement la même pensée qu’elle à savoir “ce jeune freluquet de nobliaud se fout ouvertement de leur gueule non?”.

Mais Tagar a raison, ses hommes ne sont pas capables de faire la part la des choses ou de voir la différence.Ils veulent leur fric et si ils peuvent s’amuser avec les deux femmes, ils ne diront pas non. Sauf que ce n’est pas ce qui semble prévu.

Aina est en position d’attaque mais pour l’heure elle ne bouge pas, elle préfère qu’on vienne à elle, réagir, rebondir, renvoyer la balle en somme plutôt que foncer tête baissée comme une mule.

Tagar de son côté s’en sort bien, sa magie d’air et bien utilisée et les armes lancées sont détournées sans trop d’effort. Un bon point pour lui assurément. Puis c’est le tour d’un mur de Terre de surgir du sol, c’est bien vu, il n’en est pas à son premier duel.

La rousse quand à elle a des méthodes différentes. Campées sur ses pieds, elle attend que les hommes approchent aussi, ils ont compris qu’à distance cela ne fonctionnera pas. Le quatrième homme sort aussi de sa cachette et lui veut s’approcher de la calèche pour s’occuper dans tous les sens du terme d’Elodie, la belle endormie. Aina n’est pas du genre altruiste mais ce genre de chose elle n’apprécie pas trop alors elle utilise son don, un peu commun et rarement utilisé en ville sauf que là…

Alors que l’homme avance discrètement et s’approche de la calèche, d’un coup sans prévenir le cheval le plus proche de lui rue d’un coup et envoie l’homme voler plus loin après l’avoir cueilli de ses sabots avant. Il renacle et s’ébroue, montrant par la qu’il veille. Un sourire est bien accroché au visage de la rousse.

- Merci bel alesan. Veille bien sûr elle.

Et elle n’a nul doute, les chevaux à son écoute restent sur leurs gardes, et l’homme au sol peine à se relever, le coup imprévu l’a cueilli aux côtes et il peine à respirer, peut-être des côtes cassées et le risque de perforer un poumon en bougeant. Alors je voilà qui rampe pour s’éloigner, honteusement, douloureusement.

Mais l’affaire n’est pas réglée, trois hommes sont face à eux, l’un d’eux a une épée longue, il avance et alors qu’il fait mine de se mettre en garde il envoie une langue de feu vers la rousse, c’est rapide certes mais elle l’est encore plus. Activant son don elle évite le feu avec la souplesse d’un chat et en un clignement de paupière se retrouve au contact de l’homme. Alors d’un geste vif on entend un cliquetis étrange et dans la foulée on voit son pantalon, ceinture et fourreaux au sol. Les pieds entremêlés alors que d’une pichenette elle le déséquilibre, proche de lui et mordant son nez en riant.

- Bouh vilain.

Le voilà fesses en l’air qui chute au sol, sa dignité perdue. Certes elle s’amuse mais les deux derniers sont bien présents et si l’un d’eux fonce sur Tagar, le second se dirige dans son dos à elle, ayant changé de cible.

 

La jeune rousse fort occupée à se moquer de son adversaire n’avait pas forcément vu celui qui l'attaque de dos forcément. C’était un souci parfois de passer plus de temps à jouer qu’à affronter la vie réellement. Néanmoins elle avait en cette soirée une bonne étoile qui venait du Reike. Ce fut Tagar qui intervient pour lui sauver la mise (après l’avoir raflé ce soir-là). Son projectile de terre a envoyé l’homme voler plus loin, entre le choc et la chute il n’a guère de temps pour réagir et il est inconscient.

Elle se retourne pour réagir finalement, décidant qu’il fallait bien qu’elle fasse quelque chose à son tour pour voir Tagar voler à son tour contre un mur. Quand il retombe, un bruit sourd et désagréable est perceptible, c'est celui des os qui se cassent. Elle doit réagir et cesser les enfantillages, pour le coup elle se sent un peu responsable de la situation.

Elle réagit donc au quart de tour et avant même que l’homme ait pu se retourner vers elle, il est agile et précis mais elle est bien plus rapide que lui. Alors qu’il s'apprêtait à fondre de nouveau sur Tagar pour l’achever, terminer son travail il trouve sur sa trajectoire la belle rousse. C’est elle qui esquive le coup destiné au jeune noble. Un coup, deux coups, elle le jauge, elle le juge, il vise bien, elle le sait elle aurait utilisé les mêmes points d’attaque mais elle possède le même sens aigu des corps. La danse dure quelques secondes, longues surement pour le blessé qui lutte.

Elle a compris sa façon de bouger et se décide à passer à l’offensive, elle sait se battre la bougresse, elle sait bouger, où et quand frapper mais elle n’aime pas forcément cela blesser gratuitement les gens. Alors elle cible son action et quand elle fond sur l’homme elle se retrouve collée à son corps, il est plus grand, plus massif mais ainsi, elle glisse le pommeau de sa dague entre elle et lui et donne un violent coup sous la machoire, au dessus de la gorge. Il suffoque sur le coup, perd son souffle et alors qu’il titube en reculant, elle donne un coup de pied dans ses bijoux de famille, bijoux inutilisables les prochains jours de fait. L’homme s’effondre sous la douleur.

Elle ne cherche pas plus longtemps, range ses armes et s’approche de Tagar. Il est plus grand, un peu mais pas forcément plus lourd, pas d’armure non plus. Elle lui parle doucement.

- Fais dodo joli coeur, je me charge de tout promis.

Elle prend son bras et le passe au dessus de ses épaules et le soulève. Il grimace de douleur, mais ne se réveille pas. Tant bien que mal elle le mène dans la calèche ou elle l’installe aux côtés de la jeune endormie.

- Joli couple !

Elle a envie un instant de les dépouiller et de partir mais… elle se dit qu’elle a plus à gagner à les ramener indemnes. Elle s’installe à la place du cocher et laisse son don agir. Liée aux chevaux, elle leur fait comprendre qu’ils doivent aller là où ils mangent. Et les voilà partis en direction de la demeure familiale de la jeune Elodie.

Le trajet s’est fait dans le calme de la nuit de Liberty, une fois sortis des quartiers mal famés dans lesquels nous nous étions rencontrés, l’ambiance est moins pesante, même la Rousse le sait, le sent. L’odeur y est moins forte, l’air moins lourd, il fait meilleur vivre assurément. Elle n’a rien à faire en réalité, si ce n’est rassurer les deux chevaux qui tirent la calèche et rentrent sagement chez eux, braves bêtes! Ses deux passagers ont bien dormi en tout cas et aucun ne réalisera avant le lendemain matin qu'ils ont été délesté de certains bijoux, Elodie a perdu dans l'histoire ces belles boucles d'oreilles ornées de rubis et le collier assorti, Tagar pour sa part a perdu une chaine en or avec une sorte d'étoile en médaillon, que voulez vous, c'était facile et tentant...

Une belle maison, des serviteurs, c’est ce qui les attend. Le jeune noble s’est réveillé, pour le coup, sans être médecin ou soigneuse, elle sait qu’avec ce réveil la douleur aussi doit être sourde et violente.

Néanmoins il donne ses ordres avec une fermeté qui prouve son éducation, tout dans le paraître. Elle observe et admire un peu cette abnégation qui lui fait mettre de côté sa douleur, sa santé pour les apparences. Elle reste en retrait, ce n’est pas son monde, elle sera payée c’est certain, donc elle attend, c’est facile comme taf pour le coup.

La belle endormie récupérée par les serviteurs qui sentent l’alcool émanant d’elle la fait sourire. Eh bien oui ce n’est pas une blanche colombe qui rentre au nid, c’est une gourde alcolisée!

La calèche est rentrée, le cheval de Tagar mené. Les serviteurs sans plus d’égards pour le jeune homme referment les portes de la demeure devant lui. Ils font bien semblant de ne rien voir, ils sont forts quand même. Mais elle espère qu’il a conscience que demain ils vont jaser et que des histoires rocambolesques circuleront car il n’a pas dit ce qu’il s’était passé. Est-ce le mieux? Si il le croit, c’est son affaire après tout.

Elle attendait pour sa part sa paye et sourit de bon coeur quand dans sa paume le reste des gains du soir atterrit. Belle soirée pour elle, sacrée somme.

- Merci d’avoir payé rubis sur l’ongle.

Sans rien ajouter, elle tourne le dos et va s’en aller, elle a fait son taf après tout. Néanmoins le cheval renacle, et elle entend gémir entre les dents le jeune homme. A-t-elle réellement de l’empathie pour lui? Allez savoir par contre, elle sait qu’il a de l’argent. Alors elle fait volte face et revient.

- Si vous n’êtes pas à sac je peux encore travailler pour vous. vous aider à vous hisser sur l’canasson et vous mener à un médecin. J’en connais plusieurs mais surtout j’en connais une qui vous recevra en pleine nuit, les autres… ils vous renverront chez vous et refuseront de vous soigner de nuit.

Allez Tagar, tu as bien encore quelques pièces pour une belle rousse qui veut rendre service?

 
 

- Dans les rues de Liberty -

Elle le voit bien lutter pour le coup avec sa douleur et ce canasson qui refuse de se montrer coopératif. Quand il lui répond qu’il possède encore des liquidités, elle sourit de plus belle, quelle soirée parfaite pour la jeune joueuse.

- Parfait pour moi alors.

Elle s’approche du jeune homme et apaise le cheval qui arrête de bouger pour le coup. Elle soutient Tagar et le soulève à moitié pour qu’il ne souffre pas inutilement, car inconscient ce serait encore plus compliqué. Non sans douleur pour lui, elle réussit à le faire se hisser sur la selle du cheval.

- Essayez de ne pas trop bouger dans la mesure du possible. Je vais vous ressortir du quartier noble par contre. Mais je vous assure que Mamé Cùram saura vous aider. Evitez juste de la regarder dans les yeux elle déteste ça.

Ils avancent dans la nuit calme et paisible , le cahot de la route semble douloureux mais elle n’y peut rien. Par contre elle est surprise par les questions posées, s'intéresse-il vraiment à elle ou cherche à l’amadouer pour ne pas terminer sa nuit seul? Pas besoin de compliments pour qu’elle profite des plaisirs de la chair, c’est une simple question d’envie ou d’instinct et le jeune noble n’est pas désagréable à regarder.

- Je crois que c’est à peu près tout ce qui est notable chez moi, je joue beaucoup, je gagne ma vie ainsi et quand ça tourne mal j’ai appris à me défendre. Quant à mon physique, il sert juste à amadouer les gentilshommes qui me prennent en pitié rien de plus ou de moins. Je ne fais rien de ma vie, dit mon père, rien qui soit digne d'intérêt.

Elle haussait les épaules, que pouvait-elle y faire au demeurant, devenir ébéniste ou charpentier ne l’avait jamais intéressé. Devrait-elle chercher une voie ailleurs? Probablement mais… un autre jour. Pour le moment elle tenait le cheval par la bride et avançait dans la grande ville qu’était Liberty. Personne ne vint les interrompre dans leur déambulation nocturne. C’est ainsi qu’ils arrivèrent devant une bâtisse de bonne qualité, une échoppe visiblement, une herboristerie même. C’était tenu par une vieille femme qui achetait des plantes à la belle rousse, quand celle ci allait en forêt elle cueillait ce qu’elle pouvait pour la vieille, elle lui confiait des planches d’herbier quand c’était des commandes particulières, pas besoin de savoir lire, juste observer les dessins et trouver les plantes, la vieille lui disait ou chercher, sous bois, roche, rivière, etc…

Elle fit le tour et passa par une vieille grille au fond du jardin. La maison était dans le noir. Elle siffla en arrivant et quelques secondes après deux molosses s’approchèrent en grognant avant de la reconnaitre et de venir réclamer des caresses. Elle continuait de guider le cheval et arriva devant une sorte d’abris ou elle l’attacha.

Elle aida Tagar à descendre et lui montra un tonneau.

- Asseyez vous là. J’vais la chercher.

Elle fit suivre les deux molosses et entra dans la maison. Etait-elle vraiment ouverte à son arrivée?