Croiser le Fer
« Feat Rowena L.»
Ennuyée...
Tu fixais l'horloge finement ciselée sur le mur du salon, incapable de faire quoi que ce soit que de te perdre dans une léthargie proche de la mort. La vie de noble était confortable, trop, cela rendait tout beaucoup trop simple si bien que perdre du temps n'était pas une fatalité pour une élite de ton acabit... Et pourtant... Cela te rendait folle, cela te plongeait dans un état proche de la démence, incapable de répondre aux pulsions les plus viscérales de ton être.
Généralement, tu avais deux moyens pour passer le temps, les activité légales et illégales... Les meurtres, la chasse, les carnages... Tu faisais cela plutôt la nuit, là où les regards se perdaient dans l'obscurité et où les oreilles indiscrètes étaient parasitées par la fatigue. Là où personne ne pourrait remonter à toi et où tu pourrais répéter l'exercice encore et encore jusqu'à en être lassée à nouveau...
Mais en cette belle journée, en ce zénith qui perçait ta demeure et s'abattait sur ta cour extérieur faisant office de terrain de duel, tu ne prévoyais rien d'aussi sanglant. Tu avais quémandé les services d'un énième maître d'arme, un que tu n'avais pas encore épuisé de tout ton soûl. Quelqu'un apte à te tenir en éveil le temps de quelques échanges, de peut-être même t'apprendre quelques combines que tu ne maîtrisais pas encore. Évidemment, rien n'était gratuit et si l'homme en question faisait preuve de talent alors tu saurais le payer plus que grassement.
Et alors que tu attendais... Pendant des secondes qui paraissaient être des minutes... Et des minutes paraissant être des heures... Tu fus finalement sortie de ta longue agonie par le bruit symptomatique d'un visiteur en pleine approche. Ni une ni deux, tu enjambais ton fauteuil dans un mouvement acrobatique pour te diriger vers l'entrée, allant jusqu'à couper l'herbe sous le pieds de tes domestiques. Tu étais si excitée qu'il était difficile pour toi de cacher ce sourire enjouée qui se pavanait sur ton visage. Un sourire n'ayant pas le même son de cloche entre le jour et la nuit...
- Vous voilà ! Venez et installez vous.
Tu t’arrêtais cependant quelques instants sur sa présence. Une femme ? Étonnant. Tu avais jusqu'ici assumée à tord de son genre mais pour une surprise, tu la trouvais plutôt agréable. Elle était plus petite que toi, d'une vingtaine de centimètres, mais sa charpente était plus large, plus bâtie. Forgée par une vie d'effort très certainement, peut-être qu'elle saurait te donner du fil à retordre plus que les autres avant elle.
- Je ne m'attendais pas à voir une... Femme. Surprenant. Vous devez déjà me connaître mais je me nomme Ölrún Aldobrandini, la prononciation est importante, j'y tiens. Je vous ai embauché pour avoir un partenaire avec qui m'exercer, vous serez payé à la valeur de vos compétences rassurez vous.
Tu parlais avec une franchise et une éloquence un peu déroutantes. Un mix entre l'air supérieur de la haute et la brutalité d'un barbare. Et alors que tu la faisais s'installer, elle pouvait alors observer l'immense demeure que tu possédais. Une parmi tant d'autres à vrai dire. L'empire financier des Aldobrandini ne connaissait pas vraiment de frontière. Tôt ou tard il écraserait celui des autres familles réunies et finirait par faire rougir les Goldhearts, tu t'en assurerais, entre deux tueries.
- Mais dites en moi davantage sur vous. D'où venez vous ? Que savez vous faire exactement !
Un sourire oppressant, presque glaçant perçait ton faciès alors que tu sentais déjà l'excitation faire trembler tes muscles. Tu n'avais qu'une envie, c'était d'abréger ces commodités et de te battre ! Mais il fallait prendre son temps parfois, et ne pas griller inutilement les étapes.
- Du vin ?
Un peu d'alcool avant de se battre. Ce n'était généralement un bon mélange pour personne, mais tu n'aurais su te contenter d'un thé ou autre breuvage doux. Là était l'addiction des faibles et des lâches. Ce n'était pas ton cas.