Lune Écarlate
« Feat Me'a»
Affaiblit...
La main couverte de sang, tu longeais les ruelles de la basse-ville, serpentant entre l'ombre et la lumière, évitant les regards indiscrets alors que tu laissais perler derrière toi quelques gouttes de sang rapidement balayées par la pluie. Appuyant autant que tu pouvais sur la plaie béante, tu essayais de ralentir l'hémorragie, le temps de trouver un abri, un instant de repos pour espérer soigner cela.
Une heure auparavant, tu en menais cependant bien plus large. C'était l'une des premières fois que tu gouttais à l'extase de prendre une vie, à la joie que provoquait le manque de contraintes, de chaînes pour t'entraver dans tes actes. Évidemment, tu avais planifié tout ceci avec brio, à quelques détails prêts. Jusqu'ici, tu ne t'étais frottée qu'à des ivrognes battants leurs femmes ou des ripoux faisant circuler moult marchandises illégales. Des gens dont la société avait tout intérêt à se débarrasser mais aussi des gens qui n''auraient su se défendre face à l'imprévu. Simplement, tu avais vu grand, tu avais voulu ressentir l'adrénaline à nouveau et tu n'avais pas prise en compte l’entièreté des variables.
Il était bien plus dur de se battre contre un humain défendant sa vie que dans un vague exercice d’entraînement contre un quelconque maître d'armes au nom réputé. Idiote, le combat s'était fait avec fracas rejoint par quelques renforts. Et si tu avais fini par prendre le dessus, gardant toujours ton masque et ta dégaine des plus ésotériques pour préserver ton identité, tu en étais ressortie avec cette blessure qui marquait ta première erreur. Une erreur que tu ne commettrais plus jamais. Du moins, si tu avais l'occasion de vivre encore longtemps.
Tournant ton regard, tu venais à entrevoir un bâtiment aux lumières encore allumées malgré l'heure tardive. Ni une ni deux, tu venais à forcer la porte avant de te retrouver dans une herboristerie. Coup de chance ? Pas vraiment. A chacun son métier, et malheureusement pour toi tu n'aurais su dire quelle concoction aurait été bonne pour te soigner à cet instant. De toute manière tu n'eus pas vraiment le temps de la réflexion alors que l'occupante des lieux vint à débarquer dans la pièce.
Rapidement, tu venais à brandir ta rapière au niveau son cou dans une dextérité inégalée, même avec la plaie béante qui perçait ton corps.
- Pas un cri.
Ton masque ne laissait rien entrevoir pas même ton regard et pourtant tu la fixais de manière abrupte. Malgré la situation, tu gardais ton sang-froid, quand bien même tu n'aurais plus vraiment beaucoup de sang si tu continuais à le perdre ainsi. Fixant les lieux de droit à gauche, tu vins à te porter à nouveau sur la femme.
- Vous pouvez me soigner ?
De ton autre main, tu laissais dévoiler ta blessure, non sans faire tomber un peu de sang. Et même meurtrie, tu n'en restais pas moins dangereuse. Il ne te faudrait que quelques secondes pour planter cette rapière dans son cœur mais une éternité avant de te trouver comment te soigner. Tu ne pouvais qu'espérer qu'elle se prête au jeu, par bonté ou par peur.
Sans quoi il te faudrait improviser, et vite.