La nuit, tous les chats sont gris
Ft. Hildana
Encore fourrée dans un plan louche, Morwën avait décidé de passer sa soirée à enquêter sur la nouvelle cible qui lui avait été confiée. Doutant encore de sa volonté de mener la mission à bien, elle voulait tâter le terrain avant de s'engager dans quelconque mission. Une fois la cible repérée, elle avait aisément découvert où l'idiot vivait, le gus ne portant visiblement pas grand intérêt à sa sécurité. Peut-être ignorait-il tout simplement que quelqu'un cherchait à le tuer, encore un mystère dont Morwën n'aurait absolument rien à faire. Attendant que le bougre sorte de chez lui, elle avait laisser la nuit tomber et les rues de la ville s'obscurcir. Là, tapie dans une porte cochère, elle avait patiemment étudié les allées et venues devant la bâtisse, comptant le nombre de rondes que faisaient les gardes royaux. Bien que le quartier soit assez peu cossu, les gardes étaient sur les dents depuis l'attentat contre la reine et il fallait redoubler d'ingéniosité pour faire convenablement son métier. Les temps étaient dur pour les assassins décidément. Adossée au mur de pierre qui jouxtait la demeure, elle avait laissé le tour de garde de vingt trois heure passer sans se faire remarquer, se contentant de caresser un cheval qui attendait devant, feignant qu'il lui appartenait.
Une fois les gardes éloignés, Morwën s'approcha d'une fenêtre, observant l'intérieur à la recherche d'indices sur le métier de la cible, sentant l'entourloupe d'un contrat compliqué. Elle avait tendance à ne pas s'intéresser aux raisons qui poussaient les gens à faire appel à ses services, mais cette mission avait un drôle d'air de plan foireux. Alors, préférant s'éviter la déconvenue d'une galère innommable à gérer. Grognant en voyant que le con n'avait rien laissé allumé chez lui, elle s'approcha de la porte d'entrée, tirant quelques outils de crochetage de sa besace. Penchée vers la serrure, elle ne tarda pas à y enfiler ses outils, tentant avec plus ou moins de succès de crocheter cette porte. Mais la grognasse faisait de la résistance, refusant de se laisser ouvrir par les vaines tentatives de l'elfe. Grommelant silencieusement, elle jetait quelques regards par dessus son épaule pour tenter de voir arriver des témoins mais fut contrainte d'abandonner quand les secondes manquèrent de se transformer en minutes. Elle ne pouvait décemment pas se faire repérer de la sorte, elle emprunterait donc une autre voie. Abandonnant l'idée de crocheter cette serrure, elle se redressa, rangeant ses instruments dans sa besace avant de repartir d'où elle était venue. Un important sentiment d'être épié semblait animer ses gestes, comme si sans voir qui l'observait, elle pouvait sentir ce regard peser sur elle.
Changeant de ruelle d'un habile pas de côté, elle tentait de troubler son poursuivant, feignant de prendre des directions pour se diriger dans une autre. Finalement, elle s'agrippa à un balcon qui passait là, y grimpant sans attendre pour bénéficier de l'avantage de le voir arriver. Et quelle ne fut pas sa surprise de voir que son poursuivant était une femme. La curiosité piquée, Morwën monta rapidement sur les toits, tentant de mettre de la distance entre la femme aux cheveux cendrés et elles, mais la bougresse semblait avoir vu clair dans son petit jeu. S'amusant de cette petite course poursuite qui s'était instaurée entre elles, Morwën prit la Valkyrie à revers en sautant d'une avancée de toit, pour atterrir devant l'inconnue, la dévisageant de son petit mètre quatre-vingt quatre. Là, les yeux levés vers la grande gigue qui l'avait prise en chasse, elle s'approcha malgré tout, méfiante mais amusée.
« Pourquoi me suis-tu grande dame ? » Dit-elle à visage découvert. Bien consciente qu'elle n'avait pas fait grand chose de répréhensible, elle restait malgré tout sur ses gardes, ne sachant que trop bien que le Reike renfermait une quantité astronomique de gens dangereux.