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Rengoku
The Shield of the Dragonborn - Marjhan & Rengoku 60ic
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Crédits : 1673

Fiche du personnage
Race: Lumina
Vocation: Mage
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
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Rengoku
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Supérieur


Quelque jours après le Holmgang du 1er jour du 5ème mois de l’an 1.

Rengoku avait envoyé un courrier, peu après sa victoire lors du combat légendaire qui la fit affronter le félon Vaal Yesfaren, pour rencontrer le couple royal. Cette anecdote de vie se passe après ceci, et notamment après une transition qui si elle était temporaire n’en avait pas moins été importante pour la vie de Rengoku.

La Lumina Reikoise avait été, pour le moment, promue en temps que garde royale. Les détails des explications ne seront pas fournis ici (pour des raisons évidente de chronologies et du fait que le narrateur a autre chose à dire), mais sous suggestion du souverain Tensai lui-même, et vu les propositions et l’ambition de Rengoku, il fallait faire encore une chose. La force de la femme n’était plus a prouvé, son dévouement envers le Reike non plus.
Il ne manquait que la loyauté : être sûr de sa fiabilité. Pas le droit à l’erreur en ces temps où la dissension règne dans les esprits et la rébellion toujours active. Après tout, un seigneur avait réussi à être un traître, cela prouvait que le risque était réel.

Aussi cela fait quelque jours à peine que Rengoku s’occupait de la garde des souverains : elle logeait au palais, ce qui la changeait de l’auberge bon marché où elle séjournait d’habitude. Elle devait, profession oblige, également porter une armure qu’on lui avait fourni pour l’occasion. C’était plus fatiguant que cela en avait l’air, notamment pour une personne n’en ayant jamais porté, et qui devait s’habituer à un bras en moins : son équilibre avait pris un sacré coup.
Mais globalement, elle s’en sortait, non pas qu’il y’ai grand-chose à faire. La Reine et le Roi ne sortaient quasiment pas ces temps-ci, et il n’y avait aucune intrusion à déplorer.
Si Rengoku faisait cela malgré son habituelle bougeotte, c’était qu’on lui avait dit d’attendre. Le Roi lui confiera bientôt une tâche, importante selon lui, et là, elle était déjà mise à l’épreuve. Un peu de patience ne fait de mal à personne, pensait-elle.

Quoi qu’il en soit, Rengoku avait fait la connaissance de plus d’une personne lors de cette expérience, notamment la dénommée Marjhan. La Valkyrie, d’une prestance physique impressionnante, n’était autre que la protectrice directe de la Reine. Bien qu’officiellement la hiérarchie soit floue, dans les faits, c’était sa supérieure direct, mais les deux femmes n’avaient, pour l’instant, pas vraiment eu l’occasion d’échanger. SI le métier de garde royal était déjà chronophage, celui de Marjhan semblait être au moins aussi rigide.

Et alors que Rengoku avait une période de libre devant elle, elle demanda à la voir. Heureusement pour elle, on lui autorisa cela : la dame n’était pas en mission. Une Lumina en armure, un cache-œil et un bras en moins, rendait donc visite à une Valkyrie qui semblait être passé sur le bucher moitié-moins de temps qu’indiqué sur la boîte.

« Marjhan. »

S’inclinant légèrement en plus du salut Reikois, Rengoku respectait entièrement le protocole. Ce qu’elle pensait faire parti du protocole, en tout cas.
Sachant qu’elle ne la dérangeait pas, elle enchaîna directement.

« Je voudrais savoir si tu avais du temps libre, aujourd’hui ou dans les jours qui viennent. Nous n’avons jamais discuté, et j’ai pensé que cela était potentiellement une occasion. »

La laissant répondre, elle finira juste par enchainer :

« Et s’il y’a le moindre reproche à me faire sur mon travail, je le corrigerais immédiatement. »
Phrase sans doute superflue. On ne la ménagerait pas, et les choses seront dites comme elles sont pensées. Rengoku discutera avec elle du choix du lieu, si Marjhan accepte ce petit rendez-vous.

Anonymous
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The shield of the dragonborn
Feat. Rengoku

La seule chose qui pouvait arracher la reine des griffes de sa protectrice, était le roi. Ce dernier l'avait sans doute nécessitée, pour une affaire politique, - après tout, le jugement ne datait que de quelques jours, et il fallait encore arrondir les bords sur certains sujets. Aussi la vit-on traverser un des couloirs du palais, son armure balourdant ses épaules, quand un garde royal l'interrompit. Les gardes royaux, d'ailleurs, et s'ils déléguaient à la Chienne de fer une autorité tacite, eu égard de son statut particulier, veillaient à l'éviter, ces derniers temps. Un détachement de plusieurs soldats avait été réquisitionné, pour assister au combat de cette valkyrie, contre le souverain du Reike. Et les choses avaient... dégénéré.

Si toute la garde n'avait pas été présente, elle avait en revanche, sans doute, entendu les claquements supersoniques, l'explosion d'un feu noir, et la moitié des vitraux du palais sautant en morceaux. Sans parler de ça. Les brûlures, qui bouffaient la chair autrefois immaculée, de la Protectrice. Si son corps avait toujours été le vestige de nombreuses blessures, sa façade, toujours, sut rester digne, d'un blanc laiteux à tordre d'envie les mains poudrées de ces demoiselles nobles. Mais plus aujourd'hui. Aujourd'hui, et dans une nonchalance ma foi salutaire, Marjhan exhibait sa défaite évidente, et on racontait que les bédouins avaient élucubré quelques petits surnoms à son encontre. « Face de feu », en tête.

« Rengoku. »

Elle appesantit ses yeux clairs sur la Lumina. Elle ne l'avait jamais rencontrée d'aussi près. Celle qui avait triomphé des arènes, et réduit les manigances de ce serpent de Vaal à néant. Elle l'en remerciait, d'ailleurs. Tel qu'elle l'avait dit à Alinka, sa disciple : si Rengoku ne s'en était pas chargée, c'est elle qui l'aurait fait. Marjhan la plaçait, à ce titre, dans la deuxième catégorie d'individus.

La première concernait quatre-vingt dix-neuf pourcent de la population reikoise. Elle y enfouissait à grand-peine, comme dans une valise obèse, les traîtres, les lâches, les rebelles, les poseurs, les hommes, même, et tout ce petit beau monde tintinnabulant de clochettes et barbouillé de sang de cheval. La deuxième, celle de la Lumina, étaient les rares élus qui avaient, par la force des choses, exigé son respect. Que l'on apprécie, ou non, les exactions de la nouvelle garde royale, et l'initiative avec laquelle elle manoeuvrait chacune de ses péripéties, il s'agissait une combattante exemplaire, et d'une femme, par-dessus le marché.

La dernière catégorie, n'était réservée qu'à deux personnes.

Elle lui rendit son salut, mais son visage, las, accusait dix-huit années de service qui lui en avaient trop pris. Jusqu'au visage lui-même. Aussi, la perspective d'un verre, loin de l'échiquier politique, des manigances nobles et de la roideur militaire, fut la bienvenue.

« Tu es comme je l'imaginais. Pleine d'entrain et de bonne volonté. » L'aurait-elle rencontrée un mois plus tôt, qu'elle aurait tourné l'attitude de la Lumina en dérision. Tout comme l'aurait fait, sans doute, le vieux briscard couturé de cicatrices, devant la réjouissance d'une jeune recrue. Mais de l'eau avait coulé sous les ponts. Aujourd'hui, plus que jamais, l'attitude et les actes héroïques de Rengoku pesaient sur la balance. « Avec un bras en moins, cependant. »

Elle ébaucha un petit sourire, dentu, plus taquine qu'autre chose. Elle pouvait se le permettre : sa propre face avait été transformée en un panneau de signalisation « Attention au feu ».

« Suis-moi. »

Toutes deux finirent par quitter le palais. Adjacentes à ce dernier, quelques tavernes, un peu plus cossues, plus calmes que celles que l'on connaissait dans la basse-ville. Des tavernes habituées à accueillir des gardes royaux et des champions de la nation. Elle s'installa, avant de commander du scotch, sec. Et de coincer, entre ses dents, un gros cheroot.

« En ce qui concerne ta phrase de tout à l'heure... tu t'en sors admirablement bien. Ton port est haut, digne. Tu salues tout comme il faut, et tu es apprêtée avec soin que l'on attend d'un militaire de ton envergure. Sans parler de l'aura que tu dégages. Tu es moitié plus galvanisante que les pourceaux écervelés que l'on me flanque, ordinairement. Mais... » elle souffla un nuage de fumée. « C'est dans l'action, qu'une âme, quelle qu'elle soit, se révèle. Dis-moi plutôt, Rengoku. Pour une fois que je t'aie en face de moi, sois sincère... qu'as-tu ressenti, lorsque tu as crevé cette vipère de Vaal Yesfaren ? de l'apaisement ? une réjouissance ? De la haine, peut-être ? (elle l'avait suggéré d'un haussement de sourcils, parfaitement maîtrisé) Ou... rien qu'un creux, au fond de ta poitrine ? »

Marjhan n'aimait pas jouer les léchi lécheurs, qui allaient dans le sens de la conversation. Elle faisait partie de ces individus, que d'aucuns surnommaient « Emmerdeurs de première », et d'autres, « Esprits détenteurs d'une inclinaison subversive ». Rengoku serait-elle une garde royale efficace ? probablement. Mais qu'avait-elle, réellement, dans le ventre ? On ne pouvait devenir ce qu'elle était devenue, par un bête concours de circonstances. Là, enfoui au fond de cette tête, grouillait tout un boulevard d'ambitions qu'elle désirait connaître.



Rengoku
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Autour d'un verre et d'une clope


Un regard, et la valkyrie lui rendit son salut. Dans son visage cependant, Rengoku pouvait y voir une lassitude, une routine. Il est évident que leur vision quant à leur tâche n’était pas la même. Sans savoir précisément depuis combien de temps elle exerçait ce rôle, la Lumina avait eu vent que cela faisait au moins depuis la naissance de la Reine, soit un peu moins de vingt ans. Il est alors peu étonnant de voir moins de zèle dans ses mouvements que dans les siens, garde depuis au mieux une semaine, et avec un objectif précis à la clé.

En plus de quelques compliments, Rengoku reçut une légère pique sur son nouvel-handicap. Elle sourit à cela, tout en passant une main sur l’épaule où un bras était désormais absent. La régénération fonctionnait, mais cela prenait du temps. Elle fut légèrement amusée par cela, sans en tenir rigueur, elle ne sentait pas d’animosité dans la remarque.
Et, plus que simplement accepter, Marjhan prit les devants et laissa Rengoku suivre, ce qu’elle fit et elles arrivèrent donc dans une taverne où la toute-nouvelle garde royale avait l’habitude de voir certains collègues et une fois encore, elle en reconnut quelques un.

Marjhan fuma et but quelque chose de plus fort que Rengoku qui, également, commanda une simple bière et voulu en profiter pour s’allumer une cigarette avant de se souvenir qu’elle n’avait qu’un bras... Peu importe, finalement. Elle en prit une dans ses affaires, remarqua qu’il n’y en avait presque plus (et les fonds n’étaient pas bien remplis), la mit dans sa bouche et l’alluma d’une flammèche au bout de son doigt. Elle commanda également à manger, elle a vraiment fin à cette heure de la journée. De la bonne viande accompagnée de féculents, à voir si la protectrice voudra faire de même, quitte à comparer les goûts et les appétits.
La place était confortable, l’ambiance accommodante.

Puis la Valkyrie prit l’initiative, décidément, elle ne perdait pas de temps. Son cheroot en bouche, elle eu un discours en deux parties. La première était louanges qui si elles touchaient Rengoku, ne l’affectait pas tout autant que la question qui suivit. Une sacrément bonne question, droit au but, qui fit mouche.
Elle se remémora cet instant, pas difficile... c’était vivide, dans son esprit. Le son de la magie qui fendit l’air, le sourire de Vaal alors que son cou sautait, le silence presque religieux qui alourdissait l’arène.
Et son propre ressenti.

« Premièrement, merci pour tes compliments, cela me montre au moins que je fais correctement la tâche qui m’est confiée. Deuxièmement, pour ce qui est de Vaal, il y’eu beaucoup de choses. De l’apaisement, c’est évident : celui d’être encore en vie, d’être sûr qu’il ne pourra recommencer ses exactions. Une certaine réjouissance également... cela serait mentir que de le cacher. Vaincre un adversaire de ce niveau, après un tel combat, une telle retombée d’adrénaline, c’était quelque chose. Le reste est un peu plus flou, mais pas de haine. De la fierté, et aussi... (elle pointa légèrement son bras et son œil) un rappel de rester humble et ne me pas me reposer là-dessus. Je suis loin d’être suffisamment forte pour m’arrêter. »

Ce genre de combat était très rare dans la vie de la Lumina, mais cela lui permit de savoir où elle se situait, assez précisément, en termes de puissance. Et elle se savait donc assez forte pour battre en combat singulier une personne aussi impressionnante que Vaal Yesfaren, mais avec une précision cependant.
C’était un vampire, et les vampire sont naturellement connus pour fondre au soleil et à toute autre éblouissante lumière, ce qui se confirma lors du Holmgang. Sans ça, Rengoku pense qu’elle serait morte.

Mais assez parler d’elle. Elle avait deux questions à poser à Marjhan.
« Pardonne moi si je suis indiscrète, mais j’aimerais te demander plusieurs choses. Pour commencer, depuis combien de temps exerce tu ton devoir en tant que protectrice ? Et enfin, ce ne sont que des bruits de couloirs, mais des années à vagabonder m’ont appris à ne pas jeter directement les rumeurs. »

Elle devait savoir ce qu’elle allait demander. Tirant une latte pour marquer une pause, elle cracha sa valda :

« As tu vraiment combattu le roi en duel ? »

Si c'était réellement le cas, c'était mien de rien assez exceptionnel.


Anonymous
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Feat. Rengoku

Pas de haine... Les mots firent lever sourcils et lèvres, chez la valkyrie. Combattre sans haine : un concept qu'elle trouvait hors-sol, abstrait. La passion était ce qui manoeuvrait les coeurs, et dans une moindre mesure, l'hubris. Cette même hubris, qu'elle mettait point d'honneur à combattre, et qui menait la nation vers un naufrage certain. La passion, quant à elle, et pourvut qu'on la disciplinât, était un bon aiguillon pour avancer. Elle ne s'était jamais imaginée sans. En fait, seules fois où elle y parvint, fut quand les combats étaient joués d'avance. Tensai avait vu la passion poindre, contre Marjhan, lorsque cette dernière lui avait arraché sa molaire, et fissuré le nez. Elle se souvenait encore de ses yeux ébaubis; de ses jolies mirettes, qui s'agitaient comme un jeu de flipper. Là, oui, quelque chose de brûlant, de magnétique, s'était instauré entre eux deux.
Mais pas suffisamment, pour qu'elle en sorte vainqueur.

Loin de tout ça, loin de cette haine, des ambitions dévorantes des hommes, loin de la colère et des envies de meurtre, Rengoku semblait avoir été démoulée avant-hier. Est-ce vraiment inexact... ? songea la Protectrice. Les Luminas venaient d'une île lointaine et insouciante. Et si certains, comme Seagan, alignaient plusieurs siècles au compteur, ils portaient l'insouciance d'une âme d'enfant, et leurs agissements, comme leur morale, poussait Marjhan à les considérer comme de petits chérubins égarés, plus que des entités pluricentenaires. Si la garde royale, face à elle, n'avait pas été estropiée d'un oeil et d'un bras, elle aurait certainement eu droit à la même impression.

Elle reprit une gorgée de scotch, puis, bouffée de tabac, crachant une série de ronds dans les airs. Il était assez difficile de quantifier le nombre de soirées que l'escrimeuse avait passées dans ce bar, à compter les mouches mortes et écluser les bouteilles d'alcool. Ce qui, intrinsèquement, répondait à la question de Rengoku. Depuis combien de temps était-elle Protectrice ?

« Quand j'ai été recrutée, les deux mains de la princesse Ayshara ne faisaient pas le tour de mon doigt. C'était une époque prospère, et on me qualifiait davantage de « maître d'armes » qu'autre chose. »

Qui aurait cru que le petit bourdon au crâne lisse et aux yeux mauves, deviendrait, un jour, l'authentique reine de ce pays ? que sa dynastie, vieille de cinq-mille ans, s'effondrerait en moins d'un mois ? Elle s'en souvenait, comme si c'était hier. Les Ryssen qui s'infiltraient dans le palais. La valkyrie, prête à les renvoyer au néant, et la princesse, qui tentait vaille que vaille de la retenir par le bras. A cette époque, déjà, elle avait pressenti le danger que représentait ce jeune chef de guerre aux cheveux blancs.

Elle en revenait toujours au même homme.

As-tu vraiment combattu le roi en duel ? Elle s'humecta les lèvres, et prit, derechef, sa gorgée de scotch. La réponse était implicite, et on pouvait s'attarder sur un certain nombre de détails. Au-delà de sa peau, carbonisée, et des bruits cataclysmiques qui avaient été entendus, des lieues à la ronde, une semaine de ça, Marjhan accusait une certaine fatigue. Un certain relâchement, qu'on ne lui connaissait pas, même après toutes ces années. Contrairement à une idée reçue, que s'étaient fait de vieux écrivaillons adeptes de branlette inspirée à l'endroit de la valkyrie, Marjhan n'était pas « invaincue ». Du temps où ses ailes n'étaient pas apparues, elle avait subi un certain nombre de défaites. Avait dû être, plusieurs fois, récupéré dans le sable froid du désert, et soigné, des mains tremblantes de vieux soufis. Parce que ce monde est vaste, et qu'avec tout le prodige que vous brandissiez votre épée, - et elle n'avait pas son égal, dans ce pays - avec toute la rage qui emplissait votre coeur, toute la conviction, vous finissiez nécessairement par tomber sur plus gros. Ou plus rusé. Ou plus nombreux.

Tensai aussi avait connu ses défaites, sans doute. Bien que, cette fois-ci, il avait été la sienne. Marjhan n'était pas invaincue. Mais ce combat lui avait fait l'effet d'un électrochoc. Il y avait encore une étape à franchir, avant d'atteindre le toit du monde. Une tête à faire tomber. Elle n'avait pas imaginé qu'on puisse être si dur, si résilient. C'était de cette manière, et aucune autre, que ce monde créait l'élite, filtrait le bon grain de l'ivraie. Par l'échec. Seules les âmes pures, - dans leurs convictions - résistaient. Que disait le proverbe, déjà ? « Le malheur est un marche-pied pour le génie, un trésor pour l'homme habile, pour les faibles un abîme. »
Et elle s'était toujours interdit la dernière catégorie.

« Tes petites oreilles traînant déjà là où il ne le faut pas, soldat », souffla-t-elle, et là encore, elle eut un sourire moqueur, entendu, affichant toute sa jolie denture éclatante. Elle termina son cigare, et l'écrasa dans le premier cendrier venu. « C'est juste. Je l'ai affronté. Et j'ai perdu. » Elle n'aimait pas faire durer le suspense; à quoi bon ? si elle avait gagné, tout le monde sait, eu égard de sa misandrie, qu'elle aurait arraché les tripes du roi, pour l'y prendre avec. Mais elle avait échoué. Et c'était elle, qui en était ressortie avec de vilains stigmates.

« Il est bien plus fort que tous ceux que j'ai affrontés jusqu'ici, - et j'en ai affronté beaucoup. Des monstres, des géants, des chefs de guerre, des archimages... Huit décennies entières, à errer dans les dunes de ce maudit désert. Si on m'avait donné une pièce à chaque fois que j'enfouissais ma lame dans le ventre d'un neuneu, je fumerais du chichon coupé à la merde de dragon. Pourtant... » Elle se souvenait encore du contact rude de ses poings, contre sa peau. Des montagnes, qui s'effondraient derrière eux. De tous les efforts qu'elle avait fournis, pour le faire saigner. « C'était comme si le ciel l'avait conçu d'une seule pièce, déjà fort, déjà parfait. Sans qu'il n'aie eu besoin de parcourir le monde comme je l'ai fait. Et son feu... »

Son feu hurlait. Un feu noir et empoisonné, qui brûlait plus qu'aucune chaleur. Même les soins d'Ayshara n'étaient pas parvenus à guérir toutes ses plaies.
Elle eut un haussement d'épaules.

« Ca n'a, en l'espèce, plus aucune forme d'importance. Je suis en vie, et je compte bien m'en servir un jour prochain. »

Ca pouvait être une menace. Ca devait être une menace. Mais c'était surestimer l'importance de ce combat pour la valkyrie. Demeurait, au-dessus d'elle, son ambition ultime : la nation. Qu'on la vainc ou qu'on la brûle, elle continuerait de servir la Couronne. Elle, Tensai, Rengoku... des noms qui finiraient dans la poussière. Aucun homme, fut-il en mesure d'abattre des montagnes, ne survivait à la nation. Elle leur était supérieure, et en dépendait, en ultime instance, le sort des femmes.

« J'espère que cela répond à ta question ? »



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