« Je dois faire des courses, garde la forge et si quelqu’un se pointe ! humph…. Sois polie d’acc ? »
« Heiiin encore mais t’es partit hier en faire ! »
« Ca n’arriverai pas si une certaine louve n’épuisait pas mon stock de relique …. Bon… Compris ? »
« Ugh…. COMPRIS CHEF ! » déclara-t-elle tout en saluant dans le vide comme elle avait l’habitude de le faire.

Polie, polie… il était malin mais la jeune louve se trouvait parfaitement polie, elle ne parlait certes pas aussi bien que la plupart des gens mais elle ne pensait pas offusquer qui que ce soit…. Sauf quand elle devient trop curieuse mais ce n’est pas vraiment sa faute si elle ne connait rien au monde et si tout l’intriguait.
Inconsciemment elle se mit à faire la moue, toute seule dans la forge. Elle passa ses petits doigts dans sa longue chevelure. Aucun nœud, cela était chose rare. Thorgram lui répétait sans cesse d’être plus présentable du coup elle s’était peignée. Toute fière de l’avoir fait, elle n’en fut que plus désappointé lorsqu’elle se rendit compte que cette même tignasse restait parfaitement ébouriffée, ondulé en tous sens même après se les être soigné. Pourtant sous forme de loup ses poils était propre, brillant et particulièrement doux…. Comment pouvait-il y avoir une telle différence.

La jeune femme lâcha un soupir avant de réajuster son tablier rempli d’outils, regarda durant un bref instant la forge ainsi que son établi. La jeune louve était en quelque sorte une assistante, parfaitement apte à prendre en charge des commandes mais il était plus courant qu’elle mette son savoir au service de son patron.
Le maillet retentit à intervalle régulier sur l’enclume afin d’assouplir ce qu’elle forgeait actuellement. Une lame simple, aucunement imprégné d’une quelconque magie, mais une belle lame tout de même. Le bruit se faisait si intense, sa concentration était telle qu’elle aurait très bien pu passer outre le son de la porte qui s’ouvrit. Comme un chien entendant l’appel de la nourriture, elle releva instantanément la tête, posant son œuvre auprès des flammes afin qu’elle ne durcisse pas davantage.

Lorsqu’elle posa ses deux prunelles émeraude sur le client elle fut tout s’abord stupéfaite par l’allure de l’homme. D’une beauté rare il était difficile pour elle d’estimer son âge. Il avait une prestance à couper le souffle, des cheveux d’une couleur assez inhabituelle, c’est le genre de chose qu’elle appréciait beaucoup. Maintenant elle voulait lui poser tout plein de question comme elle le faisait souvent avec un peu tout le monde. À la vue de son allure il n’était pas de la même classe sociale qu’elle, son patron essayait de lui inculquer la chose mais il était encore un peu étrange pour elle de concevoir la chose.
Son visage s’illumina et un large sourire enfantin prit place sur ses lèvres.

« Bonjour m’sieu, Bienv’nu à la forge de Thorgram ! J’suis son associé Holi’el ! »

Voilà ainsi il ne pourra pas dire qu’elle n’est pas polie ! Désormais elle savait se présenter convenablement.
La jeune louve pencha légèrement la tête vers la droite, un trait typiquement canin.

« Comment j’peux vous être utile ? »

La lettre à mon attention de mère m’avait laissé sans voix. Les semaines qui allaient suivre allaient très certainement être très sportives et déterminantes pour les années à venir.
Assis dans mon bureau au sein de la Maison Bleu, je terminais d’écrire en urgence ma lettre pour monsieur Dhaamir, l’un de nos Magistrats de la Diplomatie. Il avait été décidé par mère et moi-même de l’envoyer éclairer un malentendu avec la régente de Shoumei, dame Gunnhildr. Mais avec les nouvelles cartes qui venaient d’être disposé sur la table, il fallait que cette nouvelle lettre rattrape l’héritier Dhaamir pour lui indiquer sa nouvelle mission.

Plaçant la lettre dans une enveloppe que je scellai du sceau de la République, je me dirigeai ensuite vers mon bar personnel. De derrière le comptoir, je sortis un petit verre ainsi qu’une bouteille d’alcool fort obtenue lors d’un traité commercial avec l’ancien seigneur de Kyouji. Du peu que je connaissais de lui, c’était un homme sympathique toujours ouvert au commerce avec la République. Quel dommage il me fut d’apprendre sa mort il y a quelques semaines, tué par le tyran du Reike.

Je fis sauter le bouchon de la bouteille et remplis mon verre à moitié. J’étais certes particulièrement embêté par les nouvelles surprises de mère, mais pas au point de vouloir me perdre entièrement dans l’alcool.
Je bus ainsi en réfléchissant à me prochaine action. Le liquide ambré me réchauffait alors la gorge et l’estomac.

Nul doute qu’il me fallait trouver un moyen de protéger discrètement mère et moi-même dans le cas où une rencontre diplomatique de grande envergure se réalisait. Et je pouvais sentir que cela allait arriver sous peu. J’étais certes un magicien tout à fait capable de me défendre, mais un simple couteau dans le dos pouvait très bien avoir raison de moi. Et dans l’état actuel de la faction du Reike, si un voyage diplomatique devait avoir lieu, le risque d’un assassinat n’était que trop grand.
Je n’avais aucune connaissance en armure particulièrement. Je n’étais aucunement un soldat ou mercenaire. Il me fallait trouver un expert pour résoudre mon problème et éventuellement me guider sur une idée qui errait dans ma tête.

Une fois mon verre finit, j’attrapai mon pardessus et me dirigeai en direction de la grande porte de mon bureau. Je plaçai ma main sur celle-ci, causant l’immense double portes de vibrer magiquement pour ensuite s’entrouvrir.

Comme à son habitude, une escouade de quelques-uns des 100 dorés se tenaient à ma porte, fidèles à leurs postes.
Je cherchais du regard le capitaine Tibère Stormbear, mais je ne le vis point. Probablement était-il occupé à garder le bureau de mère ou a réalisé une tournée de la Maison Bleue.

Je donnai alors ma lettre à l’un des soldats en faction. Indiquant que celle-ci devait atteindre au plus vite la ville sacrée de Bénédictus pour être livré à Kasen Dhaamir. Celui-ci s’inclina alors et commença à s’éloigner en direction de la sortie tandis que j’indiquais à quelques-uns des autres gardes qu’il me fallait sortir en ville et que « l’équipe habituelle » était nécessaire.

Une fois que les gardes avaient acquiescé à mon ordre, je commençais mon même à me déplacer en direction de la sortie de la bâtisse. Je réfléchis alors qui pouvait donc remplir ce rôle « d’expert » dont j’avais besoin. Je fouillais dans mes souvenirs et me rappelais monsieur Tearsong avec lequel l’on avait passé une commande pour les 100 dorés. Il était très certainement le genre d’expert dont j’avais besoin.

J’arrivais enfin dans l’avenue après plusieurs minutes de marches au milieu des couloirs interminables. Après un instant de réflexion vers où il me fallait me rendre, je me mis en marche vers la forge du maître nain.

Durant ma traversée, je saluais les quelques personnes qui me reconnaissaient. Je serrais les mains qui m’étaient présentées tout en leur souhaitant une bonne journée sous le regard de mes gardes du corps dissimulés dans la foule.

En vue de la boutique qui se trouvait un peu excentrée du centre-ville, je pus observer le lieu de travail de ma connaissance. Cela semblait être un étrange amoncellement de différents bâtiments. Aux côtés de la forge principale, était, en effet, accolée une maison à la fois sur son flanc, mais aussi sur son toit. Le tout formé alors une étrange bâtisse légèrement distordue avec une cheminée de forge qui serpentait entre les bâtisses pour arriver au plus haut et déverser sa fumée.

Tout en rentrant à l’intérieur et en espérant que le tout ne s’écroule pas sur moi, je fus accueilli par plusieurs rangée de lames en tout genre disposaient sur des présentoirs.

Alors que je me demandais si le lieu était finalement bien disposé à la commande particulière que je recherchais, je fus surpris d’entendre une voix provenant de la forge.

En me tournant dans la direction de la voix féminine, je fus étonné de voir une jeune fille, le marteau à la main et un épais tablier en cuir rempli de différents outils à la taille.
Ses longs cheveux de feux contrastaient alors avec les flammes de la forge se trouvant derrière elle. Et tandis que ses yeux verts se posaient sur moi, je laissai échapper un sourire lorsqu’elle imita un jeune animal en penchant la tête tout en ayant le sourire aux lèvres.


- Bien le bonjour à vous mademoiselle. Je suis justement à la recherche de monsieur Tearsong. Nous avons déjà fait des affaires par le passé. Est-il présent aujourd’hui ? J’aurais besoin de lui poser des questions concernant la potentielle commande d’une armure.

Mr Tersong ? Ah il voulait probablement mentionner son patron… hmm il est vrai qu’elle ne l’a rarement entendu par ce nom, même elle à ses débuts l’avait direct tutoyé. Bon elle tutoyait tout le monde c’est un fait et il ne semble pas s’en offusquer. Ensuite peu de client l’appelait ainsi, celui-ci semblait vraiment bien parler. Cela l’intriguait davantage sur qui il devait être. Elle ne connaissait guère beaucoup de monde dans cette ville ou du moins retenait difficilement les visages mais quand bien même, une personne si atypique elle s’en serait souvenu.

Elle regarda ensuite l’homme de tout son long puis elle tourna légèrement la tête tout en faisant la moue.

« …. Malheureusement cher m’sieur… l’est partit un peu plus tôt chercher des matériaux et croyez-moi il n’est pas du genre à s’presser, j’commence à être habitué croyez-moi. »

Ah cela devait bien l’arranger qu’elle soit là à l’aider à la forge parce que bon, il sortait quand même à de bien nombreuses reprises. A croire que cela allait devenir une manie. Non pas qu’elle ne savait pas gérer la forge, bien au contraire, elle avait toujours fait ça seule.
La jeune louve changea aussi vite d’expression que précédemment passant désormais à un large sourire, mains sur les hanches.

« Mais j’peux p’tetre vous renseigner sinon, je suis loin d’être une novice ! Thorgram me dit même que je suis très prometteuse. » Déclara-t-elle un élan de fierté dans la voix.

Avec sa bonne quinzaine d’année dans le milieu, elle n’avait peut-être pas le savoir et la pratique d’un vétéran comme son patron mais son talant avait très clairement de quoi faire des envieux.

« Hmm j’suis clairement plus doué dans la conception d’arme mais je forge des armures depuis des années, mon tuteur en avait souvent b’soin, j’en ai même fait avec des cœurs.
Quoi qu’il en soit n’hésitez pas à poser vos questions ! »

Elle n’avait pas l’habitude de l’expliquer mais les armes et armure à cœur sont des œuvres forgées à partir d’un réceptacle magique, pierre, objet ou relique recelant une certaine magie. Cela n’est pas des plus faciles à maitriser mais cela pouvait donner certain avantage en combat.
Si ensuite il tenait à ce que le nain forge son armure, cela pouvait toujours se faire sans problème. Mais avant cela il fallait penser la fonctionnalité, les matériaux nécessaires et ensuite un design approprié à la classe et corpulence de l’attaquant.

« Est-elle pour vous ? Ou la faite vous faire pour quelqu’un ? »

Bien sur elle enclencha la chose sans attendre de réelle réponse, non pas qu’elle se surestimais mais elle se savait capable de renseigner l’homme qu’elle avait en face d’elle.

A ma question la demoiselle sembla pendant un instant perdre sa joie qui jusque-là rayonnait. Je jurerais même avoir vu ses oreilles se baissait comme celui d’un jeune animal. Il semblait que monsieur Tearsong ne fût pas là en cette matinée.

Alors que je m’apprêtais à lui répondre d’annoncer ma venue au maître-nain afin qu’il puisse me recontacter plus tard, soudainement, tout le bonheur de la jeune fille refit surface, me déstabilisant.

Je ne m’attendais pas à de tels virements d’émotions aussi rapide de la dame ! Bien que je dois avouer qu’une telle personne ne pouvait que m’arrachait un sourire. Savoir que des gens telles qu’elle, le sourire aux lèvres, vivaient dans la République me confortaient dans l’idée de continuer à leur offrir une vie meilleure.


- Et bien mademoiselle, si vous avez réussie à convaincre un nain tel que monsieur Tearsong, je suis certain que vous n’êtes on ne peut plus qualifié pour m’aider. Haha.


Je me caressais le menton, réfléchissant pendant quelques instants au produit que je recherchais.


- Bien que l’image d’une armure recouverte de cœur pour l’armée Républicaine soit une excellente idée, je recherche quelque chose de plus discret. Voyez-vous, je risque à l’avenir de devoir me rendre dans des lieux… peu fréquentable si je puis dire du fait de mon travail. Il me faudrait alors une protection dans le cas où les choses tourneraient mal.


Alors que je continuais mes explications, je retirai délicatement mon pardessus noir afin d’éviter de lui faire un mauvais pli. Puis de mouvements habiles, je le réduisis en quelques centimètres carrés de tissus pendant à mon bras.

De l’autre main, je désignais mon costume habituel : chemise blanche avec un léger veston noir et nœud papillon rouge.


- Comme vous pouvez le constater, je ne suis nullement semblable aux braves soldats de la République et mon travail nécessite un style asse protocolaire. J’en viens finalement à ma question : Sauriez-vous s’il serait possible de pouvoir dissimuler des protections sous ce genre d’accoutrement afin de pouvoir limiter la possibilité de me faire poignarder ? Voir même peut être de me protéger des faibles magies ? Il faudrait bien entendue aussi que celle-ci ne gêne en rien mes mouvements.


Je laissais alors quelques instants afin de laisser la forgeronne réfléchir aux besoins que je venais de lui indiquer. Je me doutais bien que lié légèreté et protection était déjà une affaire ardue, mais en plus devoir rajouté l’esthétique obligatoire pour une personne de ma stature, j’imaginais déjà obtenir une réponse négative de sa part.


- Pensez-vous cette commande possible ? Existerait-il un minerai ou un cuir qui remplirait les conditions que je recherche ?

A l’entente de la phrase de l’homme, Holi’el ne put s’empêcher de garder ce petit air triomphant. Les joues rosées sur sa peau d’albâtre. A la manière d’une enfant il était parfois difficile à penser qu’elle avait la vingtaine et pourtant. Ensuite elle le vivait parfaitement bien et ne se doutait pas une seule seconde que son attitude n’était pas spécialement en accord avec son âge réel, il n’y avait après tout aucuns jeunes dans l’endroit ou elle à grandit.
Tout ce qu’elle savait était que le nain était quelqu’un d’un peu bourrin, sévère, ne lâchant pas facilement le moindre petit compliment.

En un sens cela l’arrangeait, les armures cela était moins son domaine, s’il fallait faire sur mesure une armure doté d’un cœur qui est loin d’être évident. Il est certain que cela ne pouvait être un travail que pour son patron, dans le cas contraire elle avait de quoi ajouter un peu sa patte.

L’homme à la couleur de cheveux bien peu ordinaire commença à retirer quelques couches de vêtement sous le regard plutôt étonné de la jeune femme. Se demandant clairement à quoi pouvait bien servir toutes ces couches de tissu. Elle avait l’habitude d’avoir les clients retirer juste un tissu abimé et c’est à peu près tout. Mais elle ne dit rien sachant tenir sa langue.

« En effet un soldat préférait à montrer qu’il a une belle armure particulièrement imposante, l’est bien rare d’voir quelqu’un demander une protection discrète !
Vous êtes quelqu’un d’la haute comme dirait le voisin Ernest, merci pour vot’ travail, il m’a dit que vous œuvrez dans la discrétion pour nous rendre la vie plus simple, héhé. » Déclara-t-elle le sourire aux lèvres alors qu’elle n’y connaissait presque rien.
« hmm bon… »

Ses grands yeux couleur Saphir lorgnèrent alors l’homme sans aucune gêne. Le regardant dans son entièreté avant d’observer plutôt les tissus qu’il avait retiré.
Techniquement le problème n’était pas la protection aux arme blanche, pour cela il ne devrait y avoir aucun souci. Restait l’idée de le protéger contre de la magie. Cela était une autre paire de manches.
C’était au tour de la demoiselle de poser une main sous le menton, d’une expression toujours aussi démonstrative elle donnait vraiment l’impression de réfléchir de tout son être.
« Hmm ça pourrait être gênant…. Hmm ici faudrait plutôt comme ça…. »
Le problème venait aussi du fait que trop fine une armure était plus difficile à travailler et moins résistante à certain type d’alliage.
Soudain la jeune femme releva la tête légèrement surprise.

« Bien sur que vot’ commande est possible mon bon m’sieur, le projet en lui-même n’est pas des plus compliqué et j’suis plus à même de conseiller pour des armures légères… »

Elle fit légèrement la moue.

« … Le plus difficile dans cette histoire s’rait le fait d’avoir une résistance à la magie, même infime, les matériaux sont assez rare.
C’que j’peux vous proposer, soit tu.. Vous arrivez à mettre la main sur du Mithril, il est fort rare et les expéditions pour en trouver sont assez dangereuse, mieux vaut avoir de gros bras avec vous… mais c’est la top qualité en termes de protection magique et arme blanche... Ensuite si vous voulez il faudrait réussir à mettre la main sur de la Lumithrite, bien plus abordable. C’est’un peu la sous gamme du Mythril. Elle est moins résistante mais si jamais vous avez avec vous une ressource de monstre bien costaud, j’pourrais la faire fondre avec et cela renforcera les caractéristiques de vot’armure !
Bon ça ne vaut pas le Mithril mais c’est quand même d’la haute qualité selon le monstre. »

Quelques seconde durant la jeune femme se remit à observer l’homme et récupéra son sourire satisfaite.

« Pour ce qui est d’la discrétion, ces deux matériaux peuvent se travailler avec un résultat assez fin sans que cela n’affecte  la résistance… avec un peu d’cuir en dessous pour vous protéger, vous aurez juste l’air légèrement plus massif. »

La jeune demoiselle commença alors à me tourner autour comme un animal affamé, me scrutant sous toutes les coutures de mes vêtements. Alors que son regard expert me dévisageait, je pouvais voir qu’elle était tout de même recouverte en partie de suie, notamment sur les mains. J’espérais alors secrètement qu’elle évite de me les salir afin d… et bien trop tard…

- Ne me remerciais donc pas mademoiselle. Tant que les tenants et aboutissants de mon travail restent inconnus, c’est que tout va pour le mieux. Je ne fais que mon travail en tant que serviteur de la République, rien de plus.

J’étais particulièrement touché par sa remarque. Il était toujours bon de recevoir ce type de compliment après avoir passé des jours enfermés dans des bureaux, calmer les ardeurs des pires scélérats et maintenir la paix. J’étais habitué à ce genre de travaux lorsque mère et moi-même n’étions que d’humbles investisseurs, mais devoir gérer un pays aussi grandiose que la République n’en restait pas moins un plus haut niveau. Sans compter que de nos actions dépendaient des milliers de vies innocentes. J’étais alors rassurais de savoir que malgré tout des citoyens soient heureux de leurs vies au sein de nos murs.
Une fois son inspection minutieuse terminée, la dame aux cheveux de feu se recula, réfléchissant intensément. Et, je ne sais pas si mon imagination me jouait des tours, je pouvais parfaitement visualiser une queue battre la cadence juste derrière elle. Entre ça et les oreilles d’il y a peu, je devais être particulièrement fatigué.
Elle finit finalement par annoncer le résultat de son analyse. Je fus positivement surpris d’apprendre qu’il pourrait être possible de réaliser ma commande, j’en profitais alors pour sortir un calepin de ma poche afin de noter les quelques ingrédients qu’elle me présentait.

- Du mithril donc ? Je devrais pouvoir vous fournir cela sans trop de difficulté je pense… Et quand vous parlez de matériaux de créatures, lesquels auriez-vous en tête ? J’imagine qu’il faudrait tout de même quelque chose pour faire un habit avec la prestance que je recherche.

L’annonce de mithril ne m’étonnais pas, je savais de source sûre qu’outre sa rareté, il était aussi connu pour sa grande légèreté. Je suis assez confiant de pouvoir réussir à isoler quelques minerais provenant de nos mines. Le cas du cuir me posait plus de problèmes, la plupart des créatures de la République étant considéré comme des espèces protégés, se fournir officiellement ne serait pas quelques choses aisées.

Une chose lui échappait clairement en y pensant... Pourquoi donc voulait-il agir dans l’ombre ? Pourquoi cela devait rester dans l’inconnu comme il le disait. N’aurait-il pas à gagner à faire savoir ses efforts au reste de la ville ? Tel un héros qui surgit pour faire régner l’ordre dans sa cité ?
Bon elle n’était pas là depuis fort longtemps et n’avait certes, jamais vu de trouble dans la ville jusqu’à présent… Mais encore jeune elle idéalisait pas mal les grands et puissants protecteurs de ce monde. Pourquoi pas lui après tout ?

Elle ne savait vraiment quoi penser de l’homme en face de lui, il avait une attitude tellement différente de ce qu’elle avait l’habitude de côtoyer. Il avait un charisme et une prestance forte enviable auprès de tous ceux qui habitait dans le coin. Quoi que son patron élevait deux jeunes femmes tout ce qu’il y a de plus élégant et distingué. L’homme à la chevelure blanche paraissait stoïque, ne réagissant qu’a peine lorsqu’elle s’approcha près de lui, ses paroles étaient aussi fort réfléchit contrairement à la demoiselle qui avait pris l’habitude de déblatérer tout ce qu’elle pensait.

Alors qu’il mentionna le Mythril, Holi’el se mit à écarquiller les yeux de surprise.
Facilement dit-il ? Il s’agissait pourtant d’un matériau assez rare. D’ordinaire lorsqu’elle mentionnait ce genre de matériaux, les aventuriers râlaient presque ou désespéraient à l’idée de réussir à en trouver. Il était parfaitement confiant et n’avait aucun mal à s’imaginer en sa possession.

« Waaw c’est bin rare qu’un client m’parle de trouver facilement du Mythril.
Vous avez l’air tellement confiant, vous devez avoir une super équipe de combattant avec vous ! Ou alors… » Tout en prenant un air mystérieux et un petit sourire en coin. « Vous devez super être vraiment fort c’t’indéniable. Héhé »

Elle aimait bien se faire ses petites histoires, comme son père adoptif n’était pas des plus bavards elle s’occupait souvent en lui inventant tout un tas de conte et légendes à son sujet.

« Hmmmm pour vous donner un exemple… » Tout en prenant la pose, de main sur le menton, regard en l’air avant de se reconcentrer sur le client en face d’elle. « Et bien cela peut être beaucoup d’chose à vrai dire. La peau de Laconda est vraiment résistante, elle peut donner un très bon cuir pour les armures, de même qu’leur dents peuvent être fondu avec votre armure, cela offre généralement des propriétés à votre armure…. Il en va de même pour les griffes de Griffon, les cornes de Rindo…. Tout ça..
Cela n’est pas nécessaire dans votre cas mais il m’a été dit qu’un aventurier a déjà utilisé un Kirin pour son armure, résultat l’est désormais pratiquement insensible à la foudre… Ensuite pour s’attaquer à un Kirin…. Faut être horrible….. »

Bah après tout la viande de Kirin n’est techniquement pas comestible, c’est tuer pour tuer une créature qui vit paisiblement dans les montagnes. Elle croit en avoir déjà vu une fois, très très loin, mais après avoir vécu une vingtaine d’années dans ces montagnes…

« Vous voyez l’idée ? »

Je ne pus m’empêcher de sourire lorsque la forgeronne écarquilla les yeux sur ma remarque sur le mithril. Je n’étais vraiment pas prudent, perdu dans mes pensées dans la logistique du processus du livraison, j’avais oublié que dire pouvoir accéder à un tel matériel surprenait.

Mais quoi donc lorsque l’on traite au cours de la journée avec les plus grandes richesses de la République ? Le mithril avait beau être rare,
réussir à obtenir de quoi forgé une seule d’armure pour une personne avec le réseau d’un pays, ça n’était pas une chose difficile à obtenir.

Tout en souriant et en riant très légèrement, je répondis à la jeune dame.


- Il est vrai que j’ai la meilleure des équipes. Pour ma part, je ne suis qu’un simple bureaucrate vraiment, rien de plus. Sans mes concitoyens de la République, je ne serais rien.


Tandis qu’elle commençait à me citer les noms de créatures pouvant être utilisé, je les notais dans mon carnet sans grande conviction. Toutes les créatures qu’elle me citait étaient protégées. Le laconda encore pouvait être tué lorsqu’il devenait dangereux pour les citoyens de la République, mais les autres étaient pacifiques. Elle cita les griffons, ce qui me fit penser aux quelques-uns que nous avions dans l’étable de la résidence des Goldhearts. J’avais presque grandi avec ces créatures, en plus d’être protégés, jamais je ne pourrais faire du mal à de telles créatures.

Et elle parla du Kirin. Je me figeai quelques instants dans mon écriture pour réfléchir. Ces magnifiques créatures à la puissance magique considérable. Nul doute qu’une armure fabriquée à partir de son cuir devait être très puissante. Mais au prix de la prison à vie à la République.

Tuer une créature aussi majestueuse pour ces besoins personnels. Presque aucun autre type de braconnage n’était pire que ceux incluant les Kirins. Non. Jamais je ne m’abaisserais à abattre une telle créature pour ma protection, il devait y avoir une autre solution.
Je refermai temporairement mon carnet, sortant un petit morceau de tissus pour m’essuyer le visage de la sueur qui commençait à s’accumuler à cause de la forge proche.


- Non, je ne peux me résoudre à participer à la mort de l’une de ces créatures. N’existerait-il pas un autre moyen ? Des parties récoltables sans tuer la bête qui pourrait être utile ? Une alternative ?


Je rangeai alors dans la poche de ma chemise mon tissu imbibé de sueur.

Un bureaucrate ? Un bureaucrate qui possédait la meilleure des équipes ainsi que d’une facilité déconcertante à obtenir un métal particulièrement difficile à récolter. Ses grands yeux se plissèrent légèrement fixant l’homme en face d’elle. Elle ne savait vraiment plus quoi penser de ce client, une énergumène oui. Ou alors il se trouve être quelqu’un de tout particulièrement haut placé auquel cas…. Hmm comment dire, son langage jusqu’à présent n’était pas des plus approprié selon les dires de son patron…. Lors que l’on croisait les petits aventuriers de bas étage il n’était pas d’une grande importance de faire attention à son parler… mais si ses pensées sont bien réelles, elle a littéralement dialogué avec un ponte de la société comme si c’était un vieux pote.

Elle en aurait clairement eu rien à faire si le nain ne lui avait pas longuement expliqué et apprit l’art du langage. Une petite goutte de sueur vint à ruisseler le long de sa joue, impossible à dire si cela prévenait de la forge en arrière-plan ou alors de la gêne ici présente.

« Ha ha ha Et bin dis donc mon bon m’sieur, vous n’êtes clairement pas n’importe qui a c’que j’vois. »

Et zut et re zut… elle allait clairement faire comprendre qu’elle ne savait pas de qui il s’agit… Ensuite est ce important ? Il est vrai qu’elle venait d’arriver en ville il y a peu. On lui avait bien mentionné les personnes importantes de la ville mais aller de là jusqu’à les reconnaitre…. C’était beaucoup lui demander.

« Hmm Bon si vous pouvez avoir du Mythril, cela facilitera clairement le travail et la qualité de celui-ci... Vous en avez besoin pour quand exactement ? »

Pour changer de sujet... oui, le métal en question était léger, résistant, bien plus facile à travailler que son congénère de moins bonne qualité. Même elle pouvait aisément mettre la main à la patte.

« La mort ? Hmm cela peut être tout à fait évité… Les Lacondas mues régulièrement, tout comme les griffes de griffon ne sont pas rares à trouver, ils se battent souvent entre eux… Bon j’admet que pour les Rindos cela sera plus difficile à trouver une corne hormis sur leur dépouilles…
Mais comme je dis cela n’est absolument pas obligatoire pour votre armure, surtout si vous possédez du Mythril qui naturellement résiste bien aux attaques magiques !
Puis si vous préférez il n’est pas spécialement question de matériaux qui nécessiterait la mort de ceux-ci, cela peut vraiment être beaucoup de chose, le but est que l’élément supplémentaire ait un attrait à la magie ou un matériau particulièrement résistant, cela pourrait être un mélange avec une roche ou même certaine plante… bon j’suis pas fort calé en herboristerie. Le choix est assez vaste et est vous est propre. Mais vous n’etes absolument pas obligé, ce n’est que du bonus … en quelque sorte. »

Bon ensuite elle ne comprenait pas en quoi c’était un mal… elle qui chassait régulièrement… la vie et la mort avait sans doute un autre visage pour elle…

Il était plaisant de voir une personne vous parler franchement, sans connaître nécessairement votre titre, rôle ou nom. Je dois bien dire que je tenais fortement à mon petit anonymat que j'avais bâtit en restant calfeutré dans les bureaux de la Maison Bleue. Seule une toute petite partie de la population connaissait mon visage, et pouvoir marcher dans les rues sans être alpagué aux moindres coins de rues et avoir la chance d'être considéré comme un concitoyen normal était très appréciable.
Cette jeune dame en était d'ailleurs le parfait exemple. Une humble forgeronne discutant, aussi simplement, avec le Vice-président de la République sans le savoir. Et il était aussi si rafraîchissant de ne pas avoir à faire face aux montagnes d'étiquettes des plus riches et membres du gouvernement.

Mes jambes commençant à se raidir de rester planté comme un pic au milieu de la chaleur de la forge, je me tournai et commençai à observer les différentes œuvres d'art de la boutique. Me déplaçant entre les rayons, mon regard se posant sur une longue épée effilé. Je l'a pris de mes mains, après avoir déposé mon vêtement à un endroit sans trop de suie, l'observant sous différents angles, faisant refléter la lumière sur sa lame avant de la reposer là où elle était.


- Je suis une simple personne aussi mortelle qu'une autre mademoiselle. Je serais aucunement capable de forger de telles armes par exemple. Qu'elle soit rudimentaire, ou même d'une qualité comme celle-ci.


Je repris alors mon vêtement, l'époussetant des quelques poussières qui s'y étaient posés.


- Tout dépend de vos commandes actuelles. Sinon, en prenant en compte le temps de devoir vérifier nos stocks et de gérer son transport, je devrai pouvoir vous le fournir d'ici une semaine. Qu'en dites-vous ? Bien entendu, finissez donc vos commandes prioritaires avant la mienne.


J'écoutai ensuite attentivement son explication des possibilités pour remplacer le matériel "bonus" comme elle l'appelait. Je fus rassuré d'apprendre que les matériaux pouvaient garder leurs propriétés sur même des créatures étant encore vivantes. Cela facilitait bien des choses et je dois bien avouer qu'une idée me traversa la tête. Ce cher William avait dû s'occuper récemment d'une wyvern s'étant échappé de la réserve. Et si...


- Des écailles de wyvern iraient efficacement avec le mithril ? Ou un autre composant de celle-ci ? Toujours sans la tuer bien évidemment. Même si je ne doute pas de la qualité du mithril à lui seul, je dois bien avouer que la possibilité de renforcer celui-ci ne me déplaît pas.

Il avait bien beau dire tout ce qu’il voulait, avec le ramassis d’aventurier qu’elle avait prit l’habitude de voir ou d’écouter, il lui semblait tout de même évident qu’ils ne jouaient pas dans la même cour. Comprenant néanmoins qu’il n’avait pas l’air de vouloir s’étendre sur le sujet elle dut se restreindre à poser des questions. Voilà qu’il n’était pas facile pour elle. La jeune femme a toujours été habitué à parler à la place de son tuteur, très clairement elle posait tout un tas de question sans en attendre les réponses et c’est son cher patron qui désormais lui apprenais le contraire. Il serait fier d’apprendre qu’elle appliquait au mieux ses enseignements. Une brave jeune fille que voilà.

Par la suite elle observant l’homme à la chevelure d’ivoire, tout dans sa démarche semblait élégant, était-il seulement humain ? Peut être bien était il à moitié elfe… bien qu’elle n’en a que rarement vu cela serait possible et son esprit de petite gamine curieuse reprenait un peu le pas sur ça. Bien que l’information ne lui soit absolument d’aucune utilité…
Bref elle l’observa, rougissante légèrement lorsqu’il se saisit d’une lame qu’elle avait elle-même forgé. Il n’y en avait que peu que Throgram avait autorisé à placarder sur le mur de la forge, un petit prestige qui ne la laissait pas de marbre.

« Et bien chacun nos qualités…. Je s’rait bien incapable de parlementer avec qui’qu’ce soit… frapper le métal est plus posant… »

On n’est pas tous fait pareil et elle respectait amplement le bureaucrate qui ne devait pas non plus avoir un boulot des plus évident de son point de vue.

« Hmm ben, j’pense me souvenir qu’mon patron était sur deux ou trois commandes, il aura ptetre bien fini la semaine prochaine. Dans mon cas je l’assiste surtout, je m’occupe de commande dès qu’il ne peut plus gérer, donc il n’y aura aucun souci pour s’occuper d’la vôtre ! »

Ajouta-t-elle un large sourire sur les lèvres.
Ce même sourire qui s’effaça des la phrase suivantes.

« De… Des écailles de Wyvernes… Une vraie de vraie ? Waw Bien sur qu’ca va marcher, plus que bien même ! J’serai tout de même fort impressionné si vous arrivez à m’rapporter ça haha… une Wyverne c’pas rien mais Bonne chance !
Je m’occupe donc de transmettre toutes ces infos à mon patron et la prochaine fois que l’on s’voit je vous propose l’apparence de l’armure lors de l’échanges de matériaux. Si ainsi tout vous va… J’vais devoir sans vouloir paraitre impoli, retourner à mon boulot, si j’prends du retard… Throgram va m’taper sur les doigts… »

Le petit regard de chien battu prouvait que ce n’était pas la première fois que cela arrivait et certainement pas la dernière… Ensuite elle était efficace la donzelle… Mais distraite.
Pour ce qui était de la wyverne elle en restait bouche bée… elle avait beau bien connaitre la chasse de monstre…. Elle n’en restait pas moins admirative, pour elle les wyverne sont impressionnante et majestueuse !