Ikusa, voilé par le manteau de la nuit, ne mourrait pas lorsque le soleil cessait de briller. C’était une autre vie qui venait remplacer celle que tous connaissaient, une vie bien plus dangereuse pour la plupart, bien plus intrigante pour certains. A l’ouest de la cité, dans sa « niche », une hybride dormait à poings fermés. Ses rêves ne la portaient pas loin, elle qui ne connaissait que la vie de servitude, ne pouvant oser prétendre à la liberté des songes. Dans son royaume onirique comme dans sa vie, elle se voyait servir, car c’était ainsi qu’elle fut élevée et sa vie-même n’était justifiée que par le besoin d’aider autrui. Sa première famille, les brigands qui l’ont faite concevoir avaient été clairs sur la question, elle n’était née que pour leur obéir. Ce réflexe demeurait encore, plus qu’une philosophie, il s’agissait d’une obsession. Si bien que lorsque la grille de sa minuscule case s’ouvrit doucement, le minuscule crissement fit presque bondir la jeune fille hors de son sommeil.
Elle se retrouva debout, tête baissée à endurer de ses yeux encore en sommeil la lumière d’une torche qui vint lui lécher le visage. Le rythme qui s’évadait des pas devant elle n’était pas celui de la démarche du maître Odilon. C’était une approche bien trop aérienne, trop leste, la tête de la famille avait un talon plus imposant, plus ferme. Impossible de douter, il s’agissait de leur fille cadette, Aelia, une jeune adulte seulement un peu plus vieille que l’esclave et possédée par une curiosité maladive pour l’inconnu. Sahili avait appris à se méfier de ses initiatives depuis qu’elle l’avait presque tuée avec un sort qu’elle ne maîtrisait pas. Il était cependant de son devoir de lui obéir et elle ne pouvait pas déroger à cette règle, elle n’était qu’un meuble.
- Viens par ici, Sahili. celle-ci s’exécuta. Il faut que tu m’accompagnes quelque part, dehors. Va me chercher ta corde.
Elle murmurait, comme à chaque fois qu’elle venait la visiter la nuit. La jeune maîtresse était toujours à s’aventurer en péripéties et périples qui relevaient de l’extraordinaire et le fait qu’elle invite son esclave dans ses histoires renvoyait à cette dernière une certaine once de fierté. Il était difficile, peut-être paradoxal, d’expliquer cette sensation, mais aux yeux argentés que baissait sans honte l’hybride, il s’agissait d’une magnifique marque de confiance. Elle avait tendance, de manière très insolente et elle n’oserait que trop s’en excuser, à considérer Aelia comme une grande sœur qui donnait une saveur acidulée à la vie. Sahili ne vivait pas pour le frisson, mais parfois, il était enivrant.
Comme précédemment ordonné par sa propriétaire, l’esclave prit une corde et l’accrocha au collier qu’elle avait autour du cou. Elle ramassa le bout et le tendit à la jeune femme qui le saisit avant de s’écarter dans la cour sous le couvert de la nuit. Toutes deux se retrouvèrent à l’extérieur. L’asservie n’osait pas demander la raison de leur excursion, si Aelia ne jugeait pas utile de lui dire, alors il serait insolent de poser la question.
- Tu en sauras plus lorsque nous serons arrivées. Mais sache que tu ne sers qu’à garantir ma sécurité.
Evidemment, comme le reste de sa famille, la cadette excellait à la magie et son domaine de prédilection résidait dans la télépathie. Les pensées de l’esclave n’étaient jamais un secret pour elle et grâce à cela, elle connaissait la fidélité sans faille qui animait leur animal. Sahili inclina cependant le visage plus encore, écrasée par la culpabilité d’avoir eu des pensées qu’elle jugeait trop hautaines. Heureusement pour elle, sa maîtresse ne sembla pas en prendre offense, son tempérament léger s’y accordait bien mal. Pendant plusieurs dizaines de minutes, peut-être même quelques heures, elles marchèrent à s’en retrouver hors de la ville. Au tournant des dunes, des lueurs se dessinèrent comme une aurore artificielle.
Sous le regard intimidé de Sahili et le sourire satisfait de sa maîtresse, un horizon de caravanes leur apparurent, chacune drapée de magnifiques tapis qui recouvraient le sable d’un ciel de draperies. Oubliant presque la corde qui retenait son esclave, Aelia avança à enjambées rapides vers le marché qui ne paraissait pas vraiment bien fréquenté. Il y avait quelque chose sur les visages qui faisait s’abaisser les oreilles de l’esclave. C’était comme si tout le monde ici était capable de la dévorer sans aucun état d’âme, et le pire, c’était que la jeune maîtresse ne s’en souciait d’aucune manière. Elle continuait à avancer, cherchant des yeux une chose que l’hybride n’arrivait pas à discerner.
- Ah ha !
Le pas d’Aelia s’accéléra encore, tirant sur le cou de l’hybride qui manqua de trébucher. Elle s’arrêta alors net, et, fixant une étrange forme au milieu de la foule, la fille Wessek murmura à l’oreille de son meuble.
- Regarde, c’est une fae … mais pas n’importe laquelle. On raconte qu’elle se sert de la viande des humains pour survivre, que c’est la seule pitance qui peut satisfaire sa faim. Je me demande ce que l’odeur d’une hybride pourrait lui inspirer … hm ?
Elle gloussa en se couvrant la bouche, alors que Sahili se muait silencieusement d’une inquiétude qui lui creusait les entrailles. La pauvre croisée voulut faire un pas en arrière, mais sa maîtresse avait d’autres plans.
- Approchons-nous !!
Et elle tira sur le cou de sa possession, une fois de plus, l’entraînant avec elle vers la créature aux aspects sinistres.
Elle se retrouva debout, tête baissée à endurer de ses yeux encore en sommeil la lumière d’une torche qui vint lui lécher le visage. Le rythme qui s’évadait des pas devant elle n’était pas celui de la démarche du maître Odilon. C’était une approche bien trop aérienne, trop leste, la tête de la famille avait un talon plus imposant, plus ferme. Impossible de douter, il s’agissait de leur fille cadette, Aelia, une jeune adulte seulement un peu plus vieille que l’esclave et possédée par une curiosité maladive pour l’inconnu. Sahili avait appris à se méfier de ses initiatives depuis qu’elle l’avait presque tuée avec un sort qu’elle ne maîtrisait pas. Il était cependant de son devoir de lui obéir et elle ne pouvait pas déroger à cette règle, elle n’était qu’un meuble.
- Viens par ici, Sahili. celle-ci s’exécuta. Il faut que tu m’accompagnes quelque part, dehors. Va me chercher ta corde.
Elle murmurait, comme à chaque fois qu’elle venait la visiter la nuit. La jeune maîtresse était toujours à s’aventurer en péripéties et périples qui relevaient de l’extraordinaire et le fait qu’elle invite son esclave dans ses histoires renvoyait à cette dernière une certaine once de fierté. Il était difficile, peut-être paradoxal, d’expliquer cette sensation, mais aux yeux argentés que baissait sans honte l’hybride, il s’agissait d’une magnifique marque de confiance. Elle avait tendance, de manière très insolente et elle n’oserait que trop s’en excuser, à considérer Aelia comme une grande sœur qui donnait une saveur acidulée à la vie. Sahili ne vivait pas pour le frisson, mais parfois, il était enivrant.
Comme précédemment ordonné par sa propriétaire, l’esclave prit une corde et l’accrocha au collier qu’elle avait autour du cou. Elle ramassa le bout et le tendit à la jeune femme qui le saisit avant de s’écarter dans la cour sous le couvert de la nuit. Toutes deux se retrouvèrent à l’extérieur. L’asservie n’osait pas demander la raison de leur excursion, si Aelia ne jugeait pas utile de lui dire, alors il serait insolent de poser la question.
- Tu en sauras plus lorsque nous serons arrivées. Mais sache que tu ne sers qu’à garantir ma sécurité.
Evidemment, comme le reste de sa famille, la cadette excellait à la magie et son domaine de prédilection résidait dans la télépathie. Les pensées de l’esclave n’étaient jamais un secret pour elle et grâce à cela, elle connaissait la fidélité sans faille qui animait leur animal. Sahili inclina cependant le visage plus encore, écrasée par la culpabilité d’avoir eu des pensées qu’elle jugeait trop hautaines. Heureusement pour elle, sa maîtresse ne sembla pas en prendre offense, son tempérament léger s’y accordait bien mal. Pendant plusieurs dizaines de minutes, peut-être même quelques heures, elles marchèrent à s’en retrouver hors de la ville. Au tournant des dunes, des lueurs se dessinèrent comme une aurore artificielle.
Sous le regard intimidé de Sahili et le sourire satisfait de sa maîtresse, un horizon de caravanes leur apparurent, chacune drapée de magnifiques tapis qui recouvraient le sable d’un ciel de draperies. Oubliant presque la corde qui retenait son esclave, Aelia avança à enjambées rapides vers le marché qui ne paraissait pas vraiment bien fréquenté. Il y avait quelque chose sur les visages qui faisait s’abaisser les oreilles de l’esclave. C’était comme si tout le monde ici était capable de la dévorer sans aucun état d’âme, et le pire, c’était que la jeune maîtresse ne s’en souciait d’aucune manière. Elle continuait à avancer, cherchant des yeux une chose que l’hybride n’arrivait pas à discerner.
- Ah ha !
Le pas d’Aelia s’accéléra encore, tirant sur le cou de l’hybride qui manqua de trébucher. Elle s’arrêta alors net, et, fixant une étrange forme au milieu de la foule, la fille Wessek murmura à l’oreille de son meuble.
- Regarde, c’est une fae … mais pas n’importe laquelle. On raconte qu’elle se sert de la viande des humains pour survivre, que c’est la seule pitance qui peut satisfaire sa faim. Je me demande ce que l’odeur d’une hybride pourrait lui inspirer … hm ?
Elle gloussa en se couvrant la bouche, alors que Sahili se muait silencieusement d’une inquiétude qui lui creusait les entrailles. La pauvre croisée voulut faire un pas en arrière, mais sa maîtresse avait d’autres plans.
- Approchons-nous !!
Et elle tira sur le cou de sa possession, une fois de plus, l’entraînant avec elle vers la créature aux aspects sinistres.