Les hommes de Björnolf Osvald étaient de fidèles soldats. Tous, recrutés avec soin après un entrainement intensif, voir surhumain. En effet, ceux-ci devaient s’accoutumer à enchainer les guerres et les batailles contre diverses armées et ce, de races différentes. Les combats s’enchainant devenait bien entendu éprouvant physiquement et mentalement. Un soldat devait tenir le coup sur la distance et faire dont d’une force mentale à toute épreuve. D’autant plus que l’armée d’Osvald était réputée pour ne transparaitre aucune faiblesse. Cette exigence venait directement de leur capitaine, le soldat d’Elite Björnolf Osvald qui se tenait toujours en première ligne lors de ces dites batailles. Il était ainsi devenu pour sa troupe un modèle à suivre, un symbole de courage et de force. Se tenant souvent aux abords de la capitale, ces dits-soldats assuraient une protection envers celle-ci et ses villageois en soutenant les routes commerçantes menant vers les autres villes du royaume de Reike. Cette vigueur et cette ténacité leur ont valu le nom de “Rempart”. Un nom qu’ils arboraient fièrement sur leurs étendards pourpres et ocre de cette faction militaire.

– NOUS SOMMES ATTAQUES ! UN ORC FONCE...AAAAAARGH

L’attaque fut imminente. Alors que les troupes se remettaient à peine d’un affrontement victorieux face à une horde d’Orc, ils devaient à présent faire face à sans doute un récidiviste. La charge du monstre vert de plus de plus de trois mètres de haut balaya nos soldats dans les airs comme de vulgaires poussières trainant au sol. Des soldats sonnèrent alors l’alerte, rameutant des confrères tapis dans les tentes environnantes. Björnolf, qui était alors plus loin de la scène, creusait avec facilité et d’une main, les tombes des frères d’armes laissés au combat lorsque que Yggdrir, son second arriva à lui essoufflé.

– Nous... Nous sommes attaqués ! Un Orc, plus grand que les autres. Huff… Huff..

Le sang de Björn fit qu’un tour tandis que son regard jaune et sévère scintillait. Il serra les poings et couru rapidement en direction du monstre. Pendant ce temps sur le champ de bataille d’avant-garde, les soldats du Reike s’était rassemblé en muraille pour protéger leur campement et leur blessé. Une troupe de soldats essaya d’encercler le monstre qui ne se laissait pas faire essayant de clamer son innocence. Sans doute un orc réclamant vengeance, pensèrent-ils tous. Le monstre chargea à nouveau vers la troupe lorsque soudain Björnolf s’interposa en s’opposant au monstre en lui tenant les deux épaules. L’onde de choc de la collision balaya les soldats se tenant à proximité de la scène. Björnolf, qui était présent face à face au monstre remarqua que celui-ci n’était pas un Orc, mais ressemblait plutôt aux Drakyns du village de Reike. Ceux-ci n’avait pas pour habitude d’attaquer les troupes de l’armée, c’est sans doute pour cela que ces soldats l’ont confondu avec un Orc. Ceci étant Björnolf remarqua par ce contact que la puissance de la créature était similaire à la sienne. Il n’avait pas encore eu l’occasion de se mesurer à quelqu’un d’une force similaire, ce qui fit sourire le soldat d’Elite.

– Je ne connais pas tes intentions créatures. Mais personne n’a le droit de s’attaquer à mes hommes sans mon consentement.

L’épreuve de force se termina d’une équivalence et les deux hommes s’écartèrent. Björnolf dégaina l’espadon attaché à son dos et se mit en position de combat.


– Battons-nous, seul à seul !

L’affrontement qui se présageait excitait les pulsions guerrières de Björnolf Osvald. Beaucoup aurait préconisé le dialogue à l’affrontement, mais ce n’était pas le cas de Björn. Celui-ci préférait apprendre à connaitre son adversaire par la force.

– Tss...

Le “monstre vert” faisant face à Björnolf Osvald montrait des signes d’éducation bien trop courtoises qui cassèrent directement l’envie de combattre auprès de Björn. Il arrêta donc de maintenir sa position de combat et rangea son arme dans son fourreau. L’air las, Björn, d’une impolitesse sans nom, n’écouta qu’à moitié les explications du géant vert. Tandis que cet affrontement titillait toutes les pulsions de son corps, elles étaient cette fois, toutes retombées. Dépité, l’homme-loup croisa le bras et regarda Brak d’un regard impétueux avant de lui adressa la parole.    

– Tu dis t’appeler Brak. Ce nom me dit vaguement quelque chose...

En effet, Brak’Trarg était considéré comme une légende des combats de gladiateur. Connu pour sa sauvagerie et sa brutalité, son dernier combat dans l’arène pour l’obtention du CrackPum, un marteau sombre et légendaire, fut l’un des moments marquants du royaume. Pourtant, aujourd’hui, la “bête” montrait un tout autre visage. Celui d’une créature instruite, préférant la discussion et les valeurs de bonne conduite au combat. C’était d’ailleurs la première fois que Björnolf était face à cette bête. Et ce fut une déception. Contrairement aux rumeurs qu’il s’était fait de lui, Björn ne ressenti aucune agressivité venant de la bête. Bien du contraire, elle semblait refuser tout affrontement gratuit, ce qui ne ravivait pas le soldat d’Elite.  

– Ta réputation te précède. Néanmoins, je ne vois plus d’intérêt à t’affronter. Tu sembles plus inoffensif qu’un chaton vert dans les bras de sa mère.

Une insulte, une provocation ? Est-ce que Björnolf cherchait à énerver gratuitement Brak’Trarg pour engendrer l’affrontement ou était-il profondément déçu au point de devenir vulgaire et impoli. D’un geste du bras, le poing fermé, Björnolf Osvald fit signe à ses soldats de rompre la position de combat. Entrainé pour se battre, ceux-ci furent épris d’un sentiment partagé entre la satisfaction de se reposer et la déception liée à un affrontement subitement éteint. Ceci étant, aucune n’excuse n’est formulée de la part du capitaine de la troupe.

– Par contre, je n’excuserai pas mes hommes d’avoir été sur leur garde face à une attaque inconnue. Si tu trouves qu’ils ont été un peu trop dur pour toi, sache que c’est ça se retrouver face à l’armée des Ours-Loup. Nous ne sommes pas réputés pour vaincre nos ennemis par la diplomatie. C’est d’ailleurs cet état d’esprit qui rend notre armée si puissante et redoutable. Nous venons juste de sortir d’un affrontement face à une horde d’Orc et nous avons de nombreuses pertes à panser. Si j’étais toi, j’éviterai de courir impunément vers une meute de loup, protégeant leur famille. J’espère que tu retiendras la leçon. D’ailleurs pourquoi es-tu venu en direction de notre campement ? C’était un pur hasard ou tu fais rôle de messager ?


Les phrases de Björnolf Osvald étaient plus tranchantes que l’épée qu’il tenait. Ne montrant aucune souplesse ni aucune pitié. Il espérait ainsi provoquer quelque chose chez Brak ou tout du moins lui donner envie de fuir loin. Ses soldats, quant à eux, étaient retournés aux campements s’occuper des blessés tandis que d’autres s’étaient repositionnés au poste de garde.

Enfin ! Le monstre vert montrait enfin son vrai visage, celui d’une bête féroce inarrêtable. Par surprise, il réussit à renverser Björnolf Osvald sur le dos pour le marteler de coup. Les soldats se mirent sur leur garde et Yggdrir leva son bras horizontalement pour leur dire de ne pas intervenir. Tandis que Björnolf se faisait marteler de coup, les soldats fixèrent à présent Yggdir qui conservait un sourire radieux, inattendu par rapport à la situation. Il se pencha et ramassa un casque qui trainait au sol. Le dépoussiérant grossièrement, il se mit ensuite à hurler pour se faire entendre !

– LE MONSTRE VERT FACE À NOTRE CAPITAINE, SIR OSVALD ! QUI VEUT PRENDRE LES PARIS, LA MISE EST DE CINQ FLORINS !

Comment ?! Tous les soldats se regardèrent et virent ensuite le capitaine en train de se prendre des violents coups, le sol étant devenu désormais un tas de gravas et de poussières volant sous les monstrueux impacts ! Timidement, certain soldats commencèrent à se laisser aller au jeu et prirent des paris. Quelques audacieux parièrent sur Brag tandis que les plus âgés des troupes parièrent pour leur capitaine.

Ce que nous ne voyons pas dans ce combat, c’était le sourire de Björnolf. Et ce malgré les nombreux coups qu’il se prenait et l’immense douleur qu’il ressentait. Il était heureux de pouvoir affronter le champion de l’arène. Durcissant son corps pour encaisser plus facilement, Björnolf finit par attraper le poing gauche de la bête puis la droite en concentrant l’énergie sur ses doigts. Il était alors capable d’écraser à main nue une tonne de roche. Mais il n’en fit rien car il savait que Brag aurait besoin de ses mains pour poursuivre le combat. En contre partie, il envoya un puissant coup de boule sur la tête de la bête, créant ainsi une épaisse onde de choc renversant quelques soldats. Ce coup eut également l’effet de faire reculer la bête.  

Björn s’extirpa à son tour de la crevasse et s’étira les muscles à présent endoloris.

– Qu’est-ce que ça fait du bien ! T’as sacrément costaud finalement. Les choses sérieuses vont enfin pouvoir commencer !  

Concentrant la puissance dans son poing Björnolf couru vers la bête afin de lui envoyer un enchaînement de coups, crochet et uppercut comme l’aurait fait un Boxer.

Voyant que le géant vert ne se mit pas en position de défense, mais bien d'attaque, Björnolf changea de stratégie pendant l'attaque et dégaina son Titan Slayer de justesse pour se protéger des haches créant ainsi une nouvelle et puissante onde de choc. Le regard de Björnolf était cette fois sérieux, lui qui avait provoqué Brak Trark, le considérait réellement comme un adversaire dangereux. La preuve en est. Titan Slayer est dégainé, chose que le capitaine ne faisait que très rarement.

– D'où te vient toute cette rage refoulée Monstre Vert ? T'en as morflé qu'en t'étais gamin ? 

Alors que Björn titilla une fois de plus Brak pour le pousser dans ses derniers retranchements, de plus en plus de soldats s'approchaient pour prendre les paris. Même les blessés venaient, soutenu par d'autres soldats pour laisser leur piècette en jeu. Björn continua de s'adresser à Brarg.

– Regarde autour de toi, tous ces hommes parient ta défaite, non pas parce que tu es mauvais, mais parce qu'ils savent que je suis meilleure ! Ta puissance est égale à la mienne, c'est vrai mais ... 

Bjornölf enfonça d'un coup sec son pied dans le sol, créant un faussé qui obligé le monstre à esquiver. Relâchant rapidement la force d'appui de son titan slayer, Björnolf s'agenouilla et balaya du plat de sa lame Brak Trark l'empêchant de reprendre appuie. Le tout se déroulait extrêmement vite et de manière anticipée faisant tombe le monstre sur le dos. Björn pointa sa lame au sol et tendit la main à Brak.

– Alors mon gros ? On s'est calmé ? 

Björnolf savait qu'en poursuivant le combat au corps, il subirait une défaite cuisante. Brak Trark l'avait sérieusement endommagé et lui avait arraché son plastron de protection, il était indispensable de mettre fin à l'affrontement rapidement en distrayant son adversaire. Ce n'est pas une stratégie très honorable, mais ça a l'avantage de prendre le dessus d'une situation périlleuse. Ceci étant Björn fut content d'avoir pu mesurer la force de Brak, il peut ainsi prendre en compte ses paramètres pour l'intégrer au besoin dans une mission.

Björnolf se redressa doucement pour ne pas ouvrir ses nouvelles blessures. La main sur le torse, il remarqua qu'il avait également plusieurs côtes fêlées. Décidément ce monstre vert était plutôt coriace et ce n'était pas pour déplaire le capitaine de la garde. Celui-ci n'avait pas compris pourquoi j'avais engendré ce combat, je lui devais donc une explication.

– Si je ne t'avais pas reconnu, j'aurais sans doute tenté de te tuer sur place. À quoi tu pouvais t'attendre d'autre ? Nous sommes des soldats du Royaume du Reike, envoyé depuis plus d'un an sur différents champs de bataille. Nous gagnons chacune de celles-ci, car nous ne nous laissons pas attendrir par de quelconques pièges. Peut-être qu'au passage, nous avons terrassé des monstres "innocents" mais nul n'est réellement innocent lorsqu'il charge en direction de mes hommes. La raison à ta question est simple, c'est la survie. Et ces d'ailleurs grâce à tous ces hommes que la capitale n'a plus été attaquée depuis des années. Je ne te demande pas de le comprendre, c'est un fait. Un point c'est tout !  

Un medecin s'approcha de Björn pour bander ses blessures, mais celui-ci le repoussa d'un geste de la main et renfila sa cape.

– Nous ne prenons pas nos alliés ou nos adversaires en pitié, c'est là notre force. J'avais besoin de t'énerver pour me mesurer au vrai toi, autrement, j'aurais dû affronter un être pathétique qui refuserai de blesser les autres, et un combat de ce genre ne m'a jamais intéressé. Ceci étant je suis bien curieux de savoir comme tu t'es pris pour acquérir une telle force, c'est de naissance ou tu as suivi un entrainement particulier ? 

Bjornölf regarda le monstre vert dans les yeux, on dirait qu'il était ouvert à la diplomatie après s'être mesuré à celui-ci. Le sourire aux lèvres, il adressa une nouvelle proposition à Brark.

– Bien... Étant donné que je t'ai battu, tu m'es redevable sur une prochaine mission. J'aurais sans doute besoin de ta force et ton tempérament pour mener à bien celle-ci... Tu n'as pas peur de l'eau j'espère ? 

Le cadre était désormais posé. De quelle mission faisait référence Björnolf ?