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Sahelle Saint-Just
Histoires de Clan [Agrus] Sahell14
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Crédits : 1557

Fiche du personnage
Race: Sirène
Vocation: Guerrier
Alignement: chaotique neutre
Rang: B
Noble du Reike
Sahelle Saint-Just
Noble du Reike
Le vent chaud du désert s’attarde sur ma peau, s’engouffre joyeusement dans l’ébène soyeux de mes cheveux dénoués, tandis que j’offre à ses effleurements, mon visage. Un sourire, lentement, fleurit sur mes lèvres tandis que je libère la corde qui maintient la voile et notre vitesse sur les flots. Je pourrais laisser cette tâche à l’un des hommes qui arpentent mon bateau, mais j’avoue que l’exercice me plait, là-haut, en équilibre, surplombant les eaux turquoise du détroit, goûtant aux alizés salés. Je me sens libre, presque autant que lorsqu’il m’arrive de m’abandonner à ma nature et de plonger vers les fonds marins. Accrochée à un mât, il n’y a rien d’autre qui compte que l’adresse, l’habileté. Aucune contrainte hormis celle qu’on s’impose, aucunes limites, aucun masque à figer sur nos traits.  

Je me laisse glisser sur le pont, atterrissant avec la grâce nonchalante d’un chat. Mon second, à la barre, manœuvre délicatement et La Murène s’engage dans un bruissement de grément vers la baie d’amarrage et le port. Je m’approche de lui, le congédiant d’un signe de tête pour reprendre ma place de Capitaine, et le gouvernail. Il n’y a pas besoin de mots entre lui et moi, plus depuis longtemps, plus depuis les premières affres de notre enfance où nous apprenions l’art de la guerre auprès de notre père. Il se contente d’opiner du chef, puis de retourner à ses autres attributions dans un cri bref à l’attention des autres marins.

Attentive, les mains ancrées sur le gouvernail, mon regard musarde, papillonne jusqu’aux murailles crénelées de la Capitale qui toisent l’estuaire, hautaines et superbes, imprenables vigies de pierre. Et, sous l’ombre de leur égide, une brusque chappe de plomb s’affaisse sur mes épaules rappelant à ma mémoire, les devoirs qui m’attendent dans la Cité. Un soupir m’échappe, un regret aussi. La liberté de filer sur les eaux limpides, la langueur du voyage constellée d’embruns, la simplicité d’une vie sans convenances ni obligations, sans jeux, me manquent déjà. Je crois qu’une parcelle de mon âme, scellée en mon cœur, aimerait tout abandonner pour la fraicheur et la caresse de l’océan, pour le grincement des gréments et le claquement des voiles sous un vent vif, juste pour ne pas avoir à gravir les marches de la Citadelle à la recherche de mon Chef de Clan.

Oh bien sûr, l’idée de retrouver Agrus m’est douce et peut-être davantage encore, mais je doute que ces retrouvailles soient agréables. Il est parti. Abruptement. Comme ça. Sur un coup de tête. Sur un coup de sang. Et en abandonnant ainsi le Conseil, dans l’ignorance de ses actes, de ses desseins, il les a placés dans l’embarras et déclenchés un mouvement entre panique et suspicion.

Je n’aurais jamais cru qu’il pouvait agir avant tant d’inconséquences, lui qui pèse toujours les avantages et les inconvénients avant de se résoudre à une décision. J’ignore ce qui l’a conduit à cette extrémité, les chemins sur lesquels il s’est engagé pour voir en cette fuite, l’unique résolution de ses difficultés mais je sais les périls de cet agissement. Certains du Clan n’approuvent pas ces agissements, et pire encore, les interprètent comme un acte félon, de traitrise, d’affront. Malgré leur cercle restreint, ils remuent les rancœurs passées, les désaccords, les jalousies. Ils jouent de la situation, espèrent en tirer avantage et pourquoi pas évincer Agrus, après tout Chef de Clan est un titre séduisant qui ne manque ni d’attraits, ni de richesses, ni de prestiges. La situation n’est pas encore dramatique ou explosive, mais qui sait comment elle pourrait évoluer dans les semaines à venir.  

*******

L’enseigne en bois peinte, suspendue à la façade par des chaines, juste au-dessus de l’entrée, oscille brutalement. La porte s’ouvre et un homme râblé s’en échappe, imbibé d’alcool, la démarché vacillante et la respiration ronflante. Il heurte mon épaule, m’abreuve d’injures que je reçois avec indifférence avant de repartir dans la nuit tombante. M’introduire dans cet établissement ne m’inspire qu’un vague agacement, pourtant j’hésite. Le lieu n’est pas vraiment opportun pour discuter avec Agrus et lui remettre le pli dissimulé dans ma veste, mais j’ignore où et quand une nouvelle opportunité se présentera, alors faisant fi de mes appréhensions, je pénètre dans le bâtiment.

Une fumée épaisse m’assaille, mélange de tabac et d’odeur de cuisson. Il y a foule, et un brouha s’élève de la salle accompagnant ce smog odorant d’une agitation joyeuse. Sur une scène, au fond, un musicien que personne n’écoute, s’essaye à une balade ancienne qu’il me semble reconnaitre malgré quelques fausses notes. Mon regard arpente les tables en quête de la silhouette massive de mon Chef de Clan.  

Il est là, attablé devant les reliefs d’un repas déjà consommé. Une fille d’auberge s’arrête à sa hauteur, débarrasse agilement quelques assiettes tout en lui glissant un secret à l’oreille puis s’esquive en riant. Je m’approche, le visage clôs, comme ciselé dans la roche ou la glace.  

“ Agrus Boros... “commençais-je, révérencieuse, en m’installant en face de lui. avant de me faire plus chaleureuse.“On pourra dire que tu m’as fait courir la ville avant que je ne puisse te mettre la main dessus."
Anonymous
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Histoire de Clan

Feat Sahelle Saint-Just

Une journée riche et chargée, que ce soit en émotion mais aussi en problèmes et chaos. Cette visite chez les Wessek m'a particulièrement mit les nerfs en pelote. Les voir ainsi traiter une esclave, de sang-froid et sans la moindre pitié d'âme me fait me demander si ce royaume ne court pas à sa perte avec de tels idéaux. Si je le pouvais, je voudrais tous leur rendre leur liberté, permettre de leur faire goûter a ce que sais de marcher sans lien, de ne devoir écouter les ordres d'aucun maître. En soit, je pourrais les libérer et les faire fuir, commencer à organiser autour de cela. Avec un moyen rapide, cela serait mieux...

C'est avec toute ses idées en tête que je prenais la direction de la taverne. J'avais besoin de me reposer l'esprit, de l'embrumé un peu plus que de raison, de me remplir la panse d'un repas chaud, d'avoir une ambiance plus festive et de gaîté. En poussant la porte du lieu, je me baissais pour rentrer à l'intérieur de l'établissement. Il y régnait déjà une odeur acre de transpiration, d'alcool et de fumée. Des rires puissants vinrent m’accueillir alors que j'allais m'attabler sur une des rares place vide. J'apostrophais la serveuse, que je gratifiais d'un sourire charmeur, avant de lui passer commande. Une bonne pinte et l'un de leur plus coûteux repas. Elle-même me rendit mon sourire et parti me chercher ce que j'avais commander.

Alors que ma boisson arrivait, je laissais traîner mes oreilles et mon esprit à travers la pièce. Les rumeurs, les informations, les actes, ce sont dans ce genre d'endroit, où se réunissent badauds et voyageurs, se passant les messages à travers ses discussions qui peuvent paraître anodine pour eux. Ma chope arriva à point nommé et j'en engloutis une large moitié d'une traite, la reposant bruyament sur la table, participant à l'ambiance général. Du coin de l'oeil, je vis un barde au comptoir, ayant un luth dans son dos. Je lui fis un petit signe pour attirer son attention et lui envoya quelques pièces pour qu'ils nous jouent un air d'entrain. Souriant et heureux, il se leva et alla se mettre debout sur une table, en plein milieux d'une partie de carte, qu'il chamboula légèrement. Cela devait être un habitué pour ne pas se faire houspiller par les clients...




La musique se mit à emplir la taverne, accompagné du rythme des mains et des pieds des gens présents. Tous appréciaient le musicien et je fus heureux d'avoir lancé un tel engouement. Mon repas arriva sur la fin de la musique, alors qu'il en embrayait sur une autre, sans que personne ne le paye pour cela. Je demandais à la serveuse s'il était connu du coin et elle me gratifia d'une affirmation et qu'en général il chante pour rien. Elle me remerciait donc de lui avoir octroyé de quoi se nourrir pour quelques jours. Riant légèrement, j'attaquais mon plat en commandant une cervoise supplémentaire, finissant la première.

Malgré la fraîcheur de la nuit, il faisait une chaleur étouffante à l'intérieur et je posais mon lourd manteau non loin de moi pour ne pas suer. Coller dans ce genre de vêtement n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. Je mordis dans un morceau de pain et de fromage, que je mélangeais au bœuf gras qui accompagnait le tout. La sauce épicé imbibait le tout et rendait le plat d'une saveur des plus intéressantes. Je me régalais alors qu'une chope supplémentaire finissait dans mon gosier. J'ai toujours été un bon vivant en terme de ripailles, faisant honneur à la cuisine et la boisson de chaque lieux, personnes qui faisaient un minimum d'effort pour rendre cela comestible.

Une demi-douzaine de chope me tenait chaud au ventre quand la suivante me fut offert par l'établissement. Ils voulaient me remercier de ne pas causer de grabuge et de commander autant, me glissa la serveuse dans un gloussement. Un léger rire s'échappa de mes lèvres, agitant une main pour signifier que cela n'était pas nécessaire. A place, je leur pris une part supplémentaire de viande, ayant quasiment fini la première et possédant encore un creux dans l'estomac. Un frisson me parcourut l'échine tandis qu'un regard intense me perforait le dos. Avant que je n'ai le temps de me retourner pour voir de quoi il pouvait s'agir, j'entendis une voix que je ne connaissais que trop bien. Déglutissant légèrement, je pivotais ma lourde carcasse pour faire face à mon bras droit.


- Hum... Salut... Sahelle, balbutiais-je en me grattant la nuque, gêné par la situation. Comment vas-tu ? Je te sers à boire ? J'ai une pièce de viande qui arrive aussi déjà si tu as faim...

Avant même qu'elle ne me réponde, je lui commandais de quoi s'hydrater le gosier. Pour la première fois depuis longtemps, je voulais soit me changer en petite souris pour disparaître rapidement ou bien aller m'enterrer très loin d'ici. Je n'étais pas encore prêt à faire face au clan, à assumer le fait que je sois parti sans rien dire et en les laissant en plan. Je leur avais bien envoyer une lettre pour les rassurer et je présume que c'est pour cela qu'elle était ici. Mon regard se plongea dans celui de la capitaine marchande et c'est un petit sourire triste qui s'arbora sur mon visage. Je l'abreuvais de question pour détourner l'attention. Mais je ne me voilais pas la face, même si elle y répondrait, je devrais, moi aussi, subir un interrogatoire.

- Comment cela se passe dans le nord depuis mon départ ? Des changements ? Comment va ma communauté ? Et le clan s'en sort pour que tout se passe au mieux ?
Sahelle Saint-Just
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Sahelle Saint-Just
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Fuyant. Comme ces anguilles qui peuplent la mer intérieure, si glissantes, si sinueuses sous leurs écailles d’argent qu’on ne parvient à les attraper qu’avec ruse et difficulté. Son regard dévie, m’évite et déjà je devine la tension soulevant ses épaules d’une sombre anticipation. Il ne veut pas de cette discussion, et pourtant elle est aussi inexorable, qu’inévitable. Et, nous le savons tous deux.

“Agrus....” je soupire, repoussant sa proposition d’un geste de la main, refusant nourriture et boisson. “Tu sais pertinemment que je ne suis pas ici pour manger.”

Je décale mes coudes sur la table, pose mon menton sur mes mains jointes, l’observant sans rien dire pendant quelques secondes. A vrai dire, je savoure presque cet instant, ce calme avant la tempête, ce silence avant les excuses et les rancœurs, ce temps où je pourrais presque croire qu’il m’a invité à me joindre à lui, par plaisir et non par obligation J’aimerais me leurrer encore quelques instants dans cette illusion de presque normalité, juste profiter de sa compagnie et de sa présence, de la musique et des conversations qui s’égrènent autour de nous. Peut-être même apprécierais-je cette assiette de viande grillée dont l’arôme me chatouille les sens ou cette chope d’alcool épicé, spécialité de la Cité. Mais je ne suis pas femme à me satisfaire d’un simulacre et à éviter mes devoirs aussi déplaisants soient-ils.

“Comment ça se passe...? Oh parce que ça t’intéresse maintenant ? Non parce qu'aux dernières nouvelles, il me semblait que tu t’étais enfuit et que tu nous avais abandonné !”

Je laisse ma colère affleurer dans ma voix pourtant hivernale, incapable cependant de taire les récriminations qui remontent dans ma gorge , acides et brûlantes.

“Est-ce que tu as une idée du foutoir que tu as laissé derrière toi ? De notre inquiétude ? De notre incompréhension ? Bon sang, tu as disparu comme ça ! Sans un mot, sans rien ! Et t’avise pas de me dire que ta lettre était suffisamment explicite ! Et toi tu me demandes si tout se passe pour le mieux !”

Je soupire, évacuant un peu de mon agacement pour reprendre une attitude plus distante.

“Le Conseil t’a rédigé une lettre. Mais non Agrus, ça ne va pas bien. Ça ne va pas bien du tout. Je ne sais pas trop à quoi tu t’attendais en disparaissant mais quoi qu’il en soit... tu n'es pas sorti du sable...”

J’extrais de ma veste un pli cacheté, le déposant devant moi avant de le faire glisser sur la table vers lui.

“Certains se sont mis en tête que tu devais être remplacé, que tu n’étais plus apte à nous diriger aux vues de ta défection. J’en entendu à plusieurs reprises le mot félon. Je dirais bien qu’il faut que tu reviennes mais j’imagine que tu n’es pas parti sans raison...”

Mes yeux se lèvent vers les siens. Obsidienne contre jade. Quels secrets dissimule-t-il dans le velours moiré de ses iris, quelles raisons inavouables à son départ abrupt ? Je doute qu’il s’en confie à moi. Pourtant, lorsqu’il s’empare de la lettre, ma main se pose sur la sienne avec une familiarité bienveillante.  

“Dis-moi pourquoi ?...”

Puis plus doucement, presque dans un murmure inaudible par peur qu’il ne me reproche ma spontanéité et ma curiosité, qu’il me repousse :

“... s’il te plait.”
Anonymous
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Feat Sahelle Saint-Just

Moi-même je ne pus réprimer un soupire face à sa première réponse. Je sais qu'elle n'est pas ici pour manger ou boire. Je sais pourquoi elle est venue. Me chercher, me ramener, que je reprenne ma place. Le pouvais-je réellement ? Revenir comme une fleur, un sourire aux lèvres. Jamais ils ne voudront. De plus, aujourd'hui, j'ai d'autre engagement, d'autre priorité, une nouvelle famille à protéger. Bien qu'elle ne soit pas mienne. Pourraient-ils comprendre que je doive y retourner, ne serait-ce que pour un temps court ? Si je pouvais mettre des allers-retours entre ici le nord, tout serait plus simple.

Comme si le monde voulait me faire passer un message, l'ambiance s'apaisa, laissant de simples paroles légères emplirent l'atmosphère, glaçant la retrouvaille. Croisant les bras, je m'enfonçais dans ma chaise, mon regard se plongeant dans celui de Sahelle, faisant ainsi remonter tous les souvenirs que j'ai d'elle. De notre première rencontre, quand je l'ai tiré des flammes, à chaque moment un peu plus difficile pour moi. Et pourtant, au cours de ses dernières années, ne pas oser solliciter son aide, une oreille attentive ou même simplement sa présence à sans aucun doute été une erreur. Aujourd'hui, prendre une telle décision reviendrait à se rattraper de manière extrêmement maladroite. Je ne pourrais faire en sorte que ça aille mieux entre nous qu'avec le temps.

Ce fut du sarcasme qui s'ensuivit. Elle était un peu dur. Je me suis toujours inquiété et intéressé. Pendant plus d'une trentaine d'année, cela à été ma priorité, sans jamais me détourner. Et aujourd'hui, après être parti pendant seulement trois mois, les reproches tombaient. Je ne dis pas qu'ils ne sont pas légitimes. Après tout, sans explication de ma part, il est bien normal de ne pas comprendre. Et c'est bien pour cela que je m'emportais pas immédiatement. Encore moins face à elle. Un autre, je n'aurais pas dis. Non, cela m'attristais plus qu'autre chose qu'elle pense ainsi, après toutes ces années à mes côtés.

Bien-sur que je demande, bien entendu que je suis inquiet. Alors oui, on pourrait me rétorquer que si je l'étais suffisamment, il me suffisait de revenir auprès d'eux. Mais cela ne fonctionne plus ainsi. Je ne pourrais plus reprendre ma place comme avant. A moins de me faire libérer de mes obligations, ce qui me troublerait si cela arrivera. Le plus simple... Cela serait de rallier le nord au Reike et que j'en devienne son protecteur. A ce moment là, il me serait bien plus simple de reprendre ma place et de protéger les miens. Ils seraient miens en soit mais ma communauté aura toujours une place des plus importantes dans mon cœur.

Je fis une moue quand elle poussa la lettre cacheté de notre sceau sur la table, pour me la remettre. La prenant délicatement, je l'ouvris pour la lire directement. Ce qu'elle me disait, je le retrouvais un peu plus en détail écrit et couché sur le papier. Même après tout ce temps, je ne m'attendais pas à ce que l'on souhaite me remplacer aussi vite. Trente cinq années de dure labeur, balayé aussi rapidement et inutilement. Mes mains se crispèrent sous l'émotion, chiffonnant la lettre. Si retour il y a, le premier effet sera de punir tout ceux n'ayant pas cru en moi. J'ai fais un travail considérable tout ce temps et c'est ainsi que l'on me remercie ? Quand je suis partie, la communauté était stable, les temps propices à la paix avec les autres. Comment tout cela a pu dégénérer autant ?


- Je verrais ce que je peux faire. Malheureusement, ce n'est plus de mon ressort maintenant en ce qui concerne mes disponibilités et mes déplacements. Je fais partie de la Garde Royal du Roi et de la Reine du Reike.

Je disais cela de manière des plus neutre possible, cachant le dégoût que la situation me provoquait. Au contraire de vouloir me faire revenir, elle me rebutait. Si je l'avais quitté calme pour problème personnelle, y revenir dans une tellement situation, je risquais juste d'exploser et d’alourdir les problèmes que le clan connaît déjà. Et simplement me pointer pour régler les soucis ne changera rien, il faudra que je prenne des mesures et potentiellement radicales. Sauf que ce n'est jamais ce que j'ai voulu. Est-ce pour cela que l'on veux me remplacer aussi vite ? A-t-on attendu mon départ pour s'assurer une nouvelle tête plus forte ? Ai-je été trop doux ? Trop... Juste ? Je ne pouvais me permettre de le croire.

Alors que la colère montait progressivement en moi, au point que j'en oubliais les plats et boissons sur la table, je sentis sa main se poser sur la mienne. Mes yeux se posèrent dessus, avant d'aller se plonger dans les siens. Ce simple geste m'adoucit, faisant redescendre la vapeur brûlante qui me prenait aux tripes. Je soupirais, allant prendre une petite gorgée de bière. Puis vint la question fatidique, celle demandant d'expliquer mon départ. Je n'en avais encore parlé à personne, ne serait-ce pas le moment de le faire ? Après tout, qui de mieux qu'elle pourrait m'écouter et me comprendre ? Il y aurait bien eu quelqu'un d'autre mais elle n'est plus maintenant... Je soupirais, le regard plongeant vers la table, mon autre main allant se poser sur la sienne.


- Ces dernières années, je me suis... Perdu. A me demander si ce que je faisais était le mieux pour tous, si je remplissais au mieux mon rôle. Après tout, je n'ai jamais pu comparé à d'autres... Et à côté, une envie égoïste de faire autre chose, de penser un peu plus à moi avant les autres... J'ai cherché des réponses sans en trouver et c'est pour cela que je suis parti... Le Reike m'a accueilli et ses derniers mois, j'ai pu comprendre beaucoup de choses sur moi-même...

Une larme roula le long de ma joue, de mes écailles et alla s'écraser sur la table graisseuse. Surpris, j'en essuyais mon œil alors que d'autres se mirent à rouler sans que je ne comprenne pourquoi. Avais-je tant ignorer mon âme depuis tout ce temps ? Elle se mit à couler seule, sans que je ne ressente la moindre tristesse dans l'état actuelle. Même ma voix n'en fut pas moduler. Comme si mon corps se dissociait de mon esprit, de mes pensées. Finalement, je le compris quand les paroles suivantes sortirent de ma bouche de manière naturel, sans que je ne tente de les refréner.

- Et qu'en je vois qu'au bout de quelques mois, on cherche déjà à me remplacer parce que c'est devenu un bordel sans nom, je me dis que j'ai bien fait de partir ! Que je n'étais pas fais pour cela et que tout ce que j'ai apporté n'a rien changé à la vie de tous ses gens que j'ai recueilli, aimé et protégé ! Et moi dans tout cela... Personne n'a jamais vu la détresse qui m'a pris !!

Cette fois-ci, c'est la colère qui parla. Mon poing s'abattit violemment sur la table, la zébrant, la fissurant et l'éclatant en deux. Je ne jetais même pas un regard dessus, continuant de le maintenir envers Sahelle. Pourquoi m'emportais-je ainsi... Je n'en avais parlé à personne, gardé pour moi. Cela me semblait normal. Je passais en second plan, après tout cela. Depuis quand voulais-je devenir celui pour qui on s'inquiète. En y regardant de plus près, même si elle a été à mes côtés, j'ai toujours été seul, à répondre à des exigences... Tête baissée, poing toujours serrés, je me rendis au comptoir, y déposant une bourse pour payer mes conneries et murmurant une excuse. Je revins ensuite vers la capitaine, récupéra mon manteau que je nettoyais des quelques solides qui venaient de se poser dessus.

- Je suis désolé...

Sur ses mots, je me détournais et sorti dans l'air frais de la nuit. Enfilant mon par-dessus, je plongeais mes mains dans les poches, soufflant doucement pour tenter de me calmer. Mes mots avaient dépassé tout cela. Moi-même ne m'attendais pas à être autant impacté par mes ressentis et mes émotions. J'avais toujours fais attention à ce que je pensais et ressentais. Pourtant, je le voyais maintenant, contenir tout cela m'avait miné plus que m'aider. Qu'allais-je faire faire maintenant...
Sahelle Saint-Just
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Sahelle Saint-Just
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Agrus… Mon cœur s’emballe, rate un battement avant de se serrer douloureusement dans ma poitrine en écho à ses larmes. Elles coulent par surprise sur ses joues, glissent sur les écailles de sa peau, emportent avec elles, les vestiges de mes reproches. Ma main se lève, en miroir de la sienne pour les cueillir à la source, mais je n’ose ce geste trop intime. Elle retombe contre mon flan, inerte.

« Agrus… »

Que pourrais-je ajouter ? Le silence n’est-il pas la seule réponse appropriée à cette peine qui suinte de son âme ? La femme en moi, celle dont les rêves inavouables se parent de deux prunelles émeraudes sous une mèche de cheveux blanche et la torsades de cornes sombres, aimerait juste le prendre dans ses bras, lui avouer combien elle le comprend, le réconforter, le rassurer, mais je sais que c’est un rôle que je ne peux, que je ne dois endosser. Malgré toute mon affection. Malgré toute ma compréhension et mon empathie. Je serre le poing sous la table, laisse mes ongles s’enfoncer dans le creux de mes paumes.

Comment ai-je pu être aussi aveugle ? Comment avons-nous pu l’être ? J’avais toujours vu en Agrus, ce roc inébranlable, cette force de la nature, tranquille et imperturbable, ce chef débordant d’assurance, sans faille, menant d’une main bienveillante son clan. Mais même le plus valeureux des guerriers concède quelques faiblesses, quelques fêlures sous son armure. Finalement, l’alcool qui stagne dans la chope sur le coin de la table, m’appelle comme une promesse d’oubli. Je n’ai plus envie de voir son regard hanté, où je mesure, au même titre que chacun de ceux qui composent notre clan ou son cercle plus proche, mes responsabilités. Notre culpabilité.

Son poing s’écrase sur la table avec fracas, les regards se tournent sur nous, alors qu’un liquide jaune dégouline lentement des choppes pour venir souiller le sol déjà couvert des résidus de viandes grillées et de poteries brisées. Le silence. Même le barde s’est tu, là-bas sur sa scène, observant Agrus me tourner le dos pour se diriger vers le comptoir, avant de recommencer à faire pleuvoir ses notes guillerettes. Tout comme les conversations de nos voisins. J’imagine la déconvenue qu’ils lisent sur mon visage, mais bien vite la vie reprend tout autour, une serveuse se presse pour venir ramasser les détritus et éponger l’alcool, un homme mal dégrossi se retourne vers moi, avec sollicitude.

« Il vous fait des misères c’t’homme là, ma p’tite dame ? »

C’est tout juste si j’ai le temps de réagir, que déjà, Agrus s’empare de son manteau et s’éloigne dans un « Je suis désolé. »

« Non, du tout. » répondais-je rapidement plus par politesse qu’autre chose, en sautant de ma chaise pour suivre le guerrier.

Je le rattrape dehors. La nuit est douce, fraîche, parfumée par ces fleurs du désert qui ne s’ouvrent qu’à la lune montante. Et aux cœurs de ces ténèbres moirées par la lueur des astres, et les fenêtres des foyers éclairés, la silhouette d’Agrus. Je me refuse à le laisser s’enfuir, une fois encore, pas maintenant. Jamais. Je cours jusqu’à lui, ma main s’accrochant à son biceps pour le retenir, pour l’obliger à se retourner.

« Attends Agrus… Attend… Ne pars pas ! »

Je pivote devant lui, bloquant sa route, bloquant son échappatoire avec mon corps, même si j’ai parfaitement conscience que d’un seul geste il pourrait m’écarter sans difficulté.

« Ne t’excuse pas. Ne t’excuse jamais d’avoir dit ce que tu penses. Pas avec moi. »

Les mots peinent à venir, je ne sais comment les ordonner pour qu’ils collent à mes pensées. Je soupire. Peut-être faut-il tout simplement commencer par le début. Il est clair que ma désapprobation, mon agacement, et mon sarcasme n’ont pas aidé à apaiser notre conversation, mais plus encore, je ressens l’aiguillon de ma culpabilité, pour n’avoir soupçonner détresse ces dernières années.

« C’est à moi de m’excuser. J’étais pleine de rancœur et je me suis laissée t’accuser sans réellement chercher à comprendre les motifs de ton départ. Nous t’avons tous pris pour un acquis, sans prendre conscience que, peut-être nous ne te méritions pas. Mais s’il te plait, ne pars pas. Tu es notre chef, nous avons besoin de toi…. »
J’ai besoin de toi.
«  … Il y a toujours une solution. Pour chaque problème. Il faut juste les prendre un par un. Je t’en prie, viens en discuter, mon bateau est au port, nous y serons tranquilles, je donnerais leurs permissions au quart encore à bord. »

Mes iris se plantent dans les siennes. Je prie pour qu’il accède à ma requête, et je crains l’incertitude, l’hésitation, qui dansent dans l’émeraude de ses prunelles iridescentes malgré l’ombre. L’heure est trop grave pour qu’il refuse, pour notre clan, pour lui.
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Feat Sahelle Saint-Just

Mes jambes se mirent mécaniquement à avancer, sans que je ne cherche réellement à me diriger quelque part. J'ai simplement besoin de marcher, de me vider l'esprit, de mettre une nouvelle fois tout ce qui vient de se passer de côté pour mieux aller. C'est toujours ainsi que je fonctionnais de toute manière et cela ne m'avait pas vraiment desservi jusque là. Enfin... En y repensant, je n'avais jamais affronté le problème, l'évitant toujours du mieux que je pouvais. Et encore aujourd'hui, avec une occasion de pouvoir y remédier, je me défilais de nouveau. Quel piètre chef je faisais...

Je n'entendis même pas ses pas résonner sur les pavés pour me rattraper. Une petite course pour revenir à mon niveau. Je sentis une main sur mon bras, demandant de m'arrêter. Mon corps s'immobilisa de lui-même, ravi de recevoir un ordre quelconque. Mon regard se tourna pour observer Sahelle. Elle a toujours été à mes côtés depuis que son âge de raison lui a permis de gérer mes directives. Au fil des années, elle en est devenu mon bras droit, voguant et récupérant toutes les informations dont le clan avait besoin, faisant aussi parfois office de messagère et de marchande. Je lui avais donné tellement de tâches, parfois même ingrates et elle ne s'est jamais plains. Au contraire, je la voyais prendre plaisir à chaque fois. Et aujourd'hui encore, c'est elle qui me vient en aide...

Elle passe devant moi pour me bloquer la route. Avais-je envie de passer par là de toute manière ? Je ne sais même pas où cela mène mais certainement pas au palais. Le fait qu'elle me dise de ne pas m'excuser raviva une flamme d'amusement en mon être. S'excuser est un signe de faiblesse. Une rengaine que je sortais régulièrement par le passé. Et c'est ce que j'avais montré. Une faille, une brisure. Une faiblesse que je cachais tant bien que mal en moi. Le fait simplement d'en parler ou d'en évoquer avait élargie la brèche, laissant suinter tout mon ressenti au dehors. J'en frissonnais, non pas par froid mais par... Peur. Ce n'est pas une situation que je suis apte à gérer. Malgré ma carrure, je me sentais faible, tout petit et insignifiant face à cela. Et ceux, depuis la première fois que cela m'a effleuré...

Mon attention se porta de nouveau sur l'humaine qui se trouvait à mes côtés. Un petit sourire m'agita alors que ma main se leva pour dissiper ses excuses. Elle non plus n'a pas à en faire. Il est légitime qu'elle ressente de la colère et de la rancœur vis-à-vis de mon attitude. Je n'ai pas été des plus agréables ses dernières années, sans parler de mon départ. Je m'isolais régulièrement et prenait moins de temps pour les autres. Parfois, sur une semaine entière, je me retrouvais présent parmi eux pour cacher cela, ne pas les inquiéter et faire en sorte que tout se passe bien.


- Je... Ne partirais pas. Parce que c'est toi qui me le demande, Sahelle... J'accepte ta proposition, ouvre la voie...

Sans m'en rendre compte, je venais de lui donner un ordre, par simple habitude. Cela ne devrait pas. Elle aussi a sa liberté, ses envies, ses pensées. Et qu'en sais-je ? Moi-même est toujours pris ma position et mon entourage pour acquis, ne cherchant plus spécifiquement à faire le meilleur de moi-même quand au début. Les années m'ont changé, cette position m'a modifié, pour donner un amas informe d'incompréhension et d'incertitude vis-à-vis du mon monde m'entourant. Nous nous mimes donc à marcher en direction du port, dans un certain silence un peu pesant. Je ne pus me retenir de la briser.

- Comment vas-tu Sahelle... ? J’espère que le conseil et mes parents ne t'en ont pas trop fait baver à mon départ...

Une demande bateau, simple, comme pour relancer la discussion. Mais ce ne sont ses mots qui me brulaient les lèvres, ce ne sont ses questions que je voulais poser. Je soupirais doucement pour remettre un peu d'ordre dans mon esprit, avant de me jeter à l'eau.

- Tu... As toujours été heureuse parmi nous... ? A nos côtés... ? Avec ton talent, tu aurais pu aller où tu le souhaitais... Est-ce que cette vie te convient... ?

Mon regard se mit à chercher le sien alors que l'air emplis d'embrun commençait doucement à titiller mes narines. Nous étions sur les quais, alors que mes questions résonnaient encore sur la pierre. Une fois de plus, je m'inquiétais pour autrui avant moi-même. En y regardant de plus près, il s'agissait clairement d'un mécanisme de défense de ma part. Pour me protéger. De quoi ? Là est toute la question...
Sahelle Saint-Just
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Fiche du personnage
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Sahelle Saint-Just
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“Ouvre la voie”.

Ces quelques mots, brefs, résonnent entre nous dans la noirceur parfumée de cette nuit. Et, avec une langueur libératrice, l’étreinte d’acier enserrant mon cœur d’une vive appréhension se lézarde, se fissure, laissant apparaitre sous mon angoisse, l’étincelle d’un espoir ténu. Sous mes doigts, la tiédeur de son bras, m’arrache à mon immobilisme, et, fuyant cette proximité interdite, je recule d’un pas. Comme pour obéir à son injonction. Je l’invite d’un mouvement de tête à me suivre, murant mes émotions sous un carcan de silence que seul le claquement de nos bottes sur pavés vient perturber. Et sa voix. Pleine de sollicitude. Presque suave.  

“ Tes parents s’inquiètent beaucoup pour toi.” lui répondis-je, choisissant d’ignorer à dessein sa première question. “Concernant le Conseil... je préfère quand c’est toi qui donnes les ordres, au moins je n’ai pas à me soucier de savoir s’ils sont dans l’intérêt du Clan, ou seulement du tien. Tu ne ferais rien pour nous nuire. Je n’en dirais pas autant de tous les Anciens. Mais c’est un sujet dont il vaut mieux parler loin des oreilles indiscrètes.”

Au fil de notre marche, les effluves des fleurs s’étiolent sous un vent salé, chargé des odeurs du large, des embruns, du clapotis de l’eau sur les coques. Les premières voiles des plus grands navires apparaissent au-dessus des toitures, dominant les tuiles noires des bicoques, comme d’énormes nuages retenus sur les gréements. Et des voix s’élèvent, plus loin, dans des ruelles si sombres qu’elles ressemblent à des coupe-gorges. Des hommes. Des femmes. Un air de musique que la brise balaye et disperse d’un souffle frais.

Déjà j’aperçois la silhouette effilée de ma Murène, son profil fuselé et rapide, sa proue décorée d’un éperon et du poisson dont elle porte le nom, lorsque sa voix retentit à nouveau. Douce. Comme un murmure hésitant. Intime. Etrangement soucieuse de moi. Je me fige. Sous la lueur de la pleine lune, son visage se pare d’ombres mouvantes, inquiétantes. Les reflets dansent sur sa joue, soulignant la fermeté de sa mâchoire, l’éclat de son regard sous quelques mèches indisciplinées et l’aura de ses cornes acérées. J’hésite un instant, non parce que sa demande me gêne mais parce que je m’inquiète qu’il la pose.  

“ Le clan m’a apporté une famille. Ejena et Torten m’ont accueillie comme leur fille dans leur foyer, lorsque ma mère est morte. Ils m’ont donné des frères, une sœur, une éducation, ils m’ont choyée alors que je n’étais qu’une étrangère en leur sein. Je n’ai pas souffert de la faim, du froid, de la cruauté ou du manque. Le clan m’a appris à me défendre, m’a donné une voie, et un navire. Je ne suis pas malheureuse Agrus. Je suis loin d’être malheureuse.  Bien sûr comme chacun j’ai des devoirs, je dois aussi me plier à certains ordres même s’ils me déplaisent, mais au fond je ne suis pas une femme à courir après des chimères sur un bonheur parfait et utopique qui n’existe que dans les balades des Bardes. Peut-être que tout n’est pas exactement comme je le souhaiterais, que certains de mes rêves demeurerons de beaux espoirs oniriques mais la perfection n’est qu’une illusion. Je sais trouver le bonheur et le plaisir quand ils se pointent, en profiter juste dans l’instant présent sans me torturer sur les méandres de mon avenir. Passer du temps à rire avec des amis. Sentir le vent de l’océan et filer à toute vitesse sur ses eaux. Déguster le ragout d’Ejena au coin du feu avec Merna qui raconte des histoires de monstres et de dieux. M’entrainer avec toi. Ceux sont des petites choses, mais ceux sont des petites choses qui me suffisent et me rendent heureuse.”

Je me détourne de lui, rompt le contact de nos regards.

“Il n’y a pas d’autres endroits où je souhaiterais être. Non pas par une obligation, ou une reconnaissance quelconque, mais parce que mes attaches sont dans ce clan. Les gens que j’aime. Les idéaux que tu y as insufflés. Pourquoi voudrais-je quitter ce me pousse à être le meilleur de moi-même ?”

Le claquement de mes pas résonne à nouveau sur le pavé jusqu’à ce que nous arrivions. Je congédie rapidement les hommes restés à bord pour le quart, leur offrant une soirée de repos bien mérité. Ils s’effacent dans l’encre de la nuit, absorbés par la citadelle et ses promesses de plaisirs, dans un chapelet de rires enthousiastes. Il ne reste plus que nous, à présent. Je l’invite à pénétrer dans ma cabine.

Le lit trône sous les fenêtres ouvertes de la dunette qui reflètent les eaux moirées de lumières lunaires et astrales, à demi-défait. Au milieu de la pièce, un bureau en bois, simple et sobre, disparait sous des rouleaux de cartes et vélins, d’une plume et son encrier, de livres, de sextants, de compas. Je les repousse d’un geste de main pour déposer une lanterne. La lumière vacille un instant, projetant sur les murs, la valse de sa flamme. Il y a, à sa droite, une bibliothèque garnie de livres sous laquelle une banquette expose ses coussins de soie rouge et or. Je suspens mon sabre, ôte du haut de mes bottes une dague avant de proposer à Agrus de s’installer sur l’unique fauteuil de mes quartiers.

Après avoir extrait d’un placard une bouteille et deux verres en céramique, je m’installe, face à lui, sur ma couchette. Il m’est étrange de le savoir si proche, dans cette bulle que je me suis construite à bord de mon vaisseau. D’un regard, il peut embrasser ma vie complète. Les cartes et le matériel de navigation. Les surins et le sabre suspendu près de moi. Les coussins soyeux étrangement décalés dans cet intérieur plutôt spartiate. Les livres agencés avec soin sur les étagères. Les draps satinés et froissés. C’est un peu comme se dévoiler, se mettre à nue, sans un mot.

Je lui sers un verre, brise le silence et sa curiosité.

]“Liqueur de miel et de sapin”

Je ne sais pas exactement par où commencer, alors, comme un écho à ses questions sur mon bonheur, je lui demande :

]“Et toi Agrus, est tu plus heureux maintenant que tu ne l’étais avec nous ?”
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Sa main posé sur mon bras pendant qu'elle me guide me calme, me ramène à la réalité, efface ce sentiment de tristesse petit à petit. Même si je sais qu'il est toujours là, enfoui au fond, tapi sous tout ce que je rejette depuis tant d'année. Mon esprit se focalise sur ses premières réponses, permettant d'oublier un peu plus mon état d'esprit. Pour mes parents, je me doutais qu'ils s’inquiéteraient. Même avec le temps, ils ont toujours été surprotecteur avec moi, que ce soit pour les combats du clan ou même pour les traités. A toujours vouloir se rassurer. Je reste leur petit Agrus, qui a failli mourir face à un ombragon, il y a plus de quarante années maintenant.

Par contre, le fait que les anciens cherchent à améliorer leur condition me tiquer. Je l'avais déjà observer chez certain, qu'ils préféraient que le nom Boros soit un peu plus mis en valeur et que la communauté s'axe autour. Bien que je ne voulais aucunement de tel décision, avoir leur avis aussi contraire des miens m'a toujours permis de mieux ajuster mes directives, pour les assouplir comme les renforcer. J'aurais du m'y attendre, qu'à mon départ, ils chercheraient à se renforcer. J'en serrais les poings, ma rage reprenant le dessus, revenant sur le devant de la scène. Oui, il semble que mes émotions soient régisseurs de mes pensées pour cette soirée.

Alors que je maugréais dans ma barbe des insultes à leurs encontre, mon regard se porta sur une coque que je commençais à moi aussi connaître par cœur, celui de la Murène. Le seul Navire que possédait le clan et qui appartenait à Sahelle. Elle en est le capitaine après tout, elle a tous les droits dessus. Bien entendu, je lui faisais confiance pour ne pas le revendre ou le fracasser sur un rocher. Même si, je le sais, elle y tient plus que tout. Peut-être plus qu'à moi. Un léger rire s'échappa de mes lèvres et fit écho à cette pensée. Je m'avançais pour aller poser une main sur le bois et j'en suivis les veinures, appréciant le touché du bois. C'est un beau navire, solide et fier. Je suis heureux de cet investissement.

Je me tourne de nouveau vers elle ensuite, happé par sa tranche de vie, ce qu'elle explique et raconte. Les noms qu'elle me donne, je revois leur tête sans problème. Une famille aimante, n'ayant jamais causé de tord ni plaint. Ils m'ont souvent invité à souper lors de la période qui a suivit le sauvetage de Sahelle. Comme pour rappeler ma présence rassurante à la petite qui venait de quasiment tout perdre. Mais la famille l'accueilli, élevé et aimé, comme leur propre fille. Le fait qu'elle me parle de ses chimères et de ses rêves s'insinua dans mon esprit, et je gardais cette interrogation dans le bateau.


- Oui, ce sont des gens de bien...

Je fus heureux d'apprendre qu'elle était heureuse de sa vie. Une nouvelle larme roula en l'entendant faire des éloges sur ce que j'avais bâtis. Je n'avais pas raté cela du coup ? Est-ce que cela convient ainsi pour tout le monde ? Est-ce que tous sont heureux ? Je ne pouvais le savoir que si je retournais dans le nord, retrouver les miens, ceux qui m'entouraient. Régler les problèmes du mieux que je pouvais.

- Merci d'être venu, de me dire tout cela...

Je la suivi sur le ponton puis le bastingage. Le bateau tanguait doucement au rythme du clapotis de l'eau. Cela me berçait presque, au point que j'en fermais les yeux pour apprécier le roulis. L'humaine fit prendre congé à l'équipage qui me salua avec un large sourire, heureux aussi de me revoir. J'hochais la tête et leur souhaitèrent une bonne soirée. Et qu'ils ne fassent pas de mauvaise pub pour Sahelle en étant de mauvais bougres sur terre. C'est avec un rire significatif qu'ils disparurent au travers des ruelles, nous laissant seul. Elle me fit signe de nouveau de la suivre jusqu'à sa cabine.

L'intérieur est finement meublé et de manière assez simple. Cela me fait sourire. Je reconnais bien le comportement de Sahelle à travers cela. Retirant mon manteau, je vais m'installer sur la banquette, qui grince doucement sous mon poids. Je la regarde sortir deux verres et une bouteille. Elle me connaît bien, rien ne vaux un peu d'alcool pour m'amadouer. Une liqueur de miel et de sapin... Il n'y a que dans le nord que l'on en trouve une aussi bonne. Il n'y en a même pas au Royaume, ce qui m'avait attristé quand je l'ai découvert. Je prends doucement le verre entre mes doigts et trempent mes lèvres dans le liquide, appréciant la chaleur et le bien-être qu'il en dégage.

Une nouvelle question de la part de Sahelle. Plus heureux... Comment pourrais-je répondre à cela, ce n'est pas comparable. Un côté, j'ai une vie confortable où c'est moi qui régit, ayant des responsabilités d'une communauté. De l'autre, je ne suis que garde, pour la royauté, prenant les ordres et gardant simplement sa majesté. Ce sont deux faces d'une pièce.


- Je ne le suis pas plus, mais je suis heureux ici oui... Ce n'est pas comme vivre dans le nord... Ici, je me sens plus... Libre. De tout.

Oui, en soit, c'est la liberté que j'ai ici qui me plaît. Bien que je sois attaché au poste de garde, j'ai bien moins de comptes à rendre auprès de tierces personnes. Je fais ce que l'on me demande, rien de plus, rien de moins. Je m'adosse le long d'un des murs de la cabine, regardant mon verre, que je vides facilement. Mes yeux cherchèrent ensuite la bouteille pour tomber dans ceux de Sahelle.

- Parle moi de ces rêves que tu as...
Sahelle Saint-Just
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Sahelle Saint-Just
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Lentement, je tourne le liquide teinté d'ambre dans mon verre, silencieuse. La liberté. Je ne suis pas sûre que ce soit la liberté qu'il recherche avec une telle flamme, ou du moins pas celle qui s'absout de toutes attaches, de toutes entraves. Cette liberté là ne s’acquiert pas dans la fuite de ses responsabilités, ou dans la vassalité qu'il s'est choisi. Elle nécessité une âme à nue, écorchée, dénuée de l'essence même de ses émotions. N'y a t-il pas que sans sentiments, la haine ou la colère, le plaisir ou l'amitié, l'amour, et la peur l'envie, l'ambition, sans leurs assujettissements que l'on goûte à la liberté absolue. Il n'y a que sans aucun lien d'aucune sorte, qu'elle se révèle dans toute sa grandeur et sa non-mort. Parce que sans ce qui nous prive cette liberté réelle, de ce principe utopique et illusoire, sommes nous toujours vivants ? Sommes nous toujours nous ?

Je crois que ce qui a précipité la fuite d'Agrus c'est le poids de la gouvernance, des choix, des décisions difficiles, et... de la solitude aussi. Autant de chaînes invisibles qui l'entravaient et dont il s'est débarrassé. Aujourd'hui, personne ne lui demande de décider pour un clan entier et d'endosser la responsabilités et les conséquences de ses actes. Aujourd'hui personne ne lui demande de trancher sur le destin de plusieurs milliers de gens, d'avoir leurs vies entre ses mains au risque de les briser dans un faux-pas.

Je porte le verre à mes lèvres, me délecte du parfum de la forêt lié à celui sirupeux du miel, avant de lui répondre dans un léger rire qui s'allume tout aussi rapidement qu'il s'éteint.

« Mes rêves ? Tu ne peux pas me dépouiller de tous mes secrets Agrus ! Je suis bien trop sobre pour ça ! Il va te falloir davantage de liqueur et... avant nous devons avoir une discussion sérieuse. Je suis désolée, mais ça ne peut pas vraiment attendre. Après... après peut-être, mais pour l'heure il y a plus important. Nous allons prendre les problèmes un par un, trouver des solutions et faire en sorte... que tu te sentes libre. D'accord ? »

J'attends un signe de sa part avant de continuer et de lui tendre la main.

« Je dois voir la lettre que le Conseil t'a fait parvenir. »

J'avise rapidement de ce qu'elle contient, et ma bouche s'ourle d'un rictus narquois.

« Hmmm, on peut pas dire qu'ils soient rentré dans les détails ! Plus succinct, tu meurs ! »

Je ferme les yeux quelques secondes en prenant le temps d'agencer mes idées. Il faut prendre les ennuis dans l'ordre. D'abord s'occuper d' Agrus, ensuite du reste.

« Bon ils ont omis, un ou deux petits points. Et ils ne vont pas te plaire. »

Je pose ma main sur la sienne sentant l'ouragan poindre.

« Je t'ai dis qu'il y avait des agitateurs, c'est un peu un raccourci. Enfin oui et non, je pense que c'est un dragon à plusieurs têtes, mais je n'ai que des soupçons et des suppositions. Aucune preuve, donc délicat de donner des noms sur qui tu vas avoir envie de passer ta colère.  En tout cas, pour que tu comprennes la situation, sache que ton absence a crée un vide dans la hiérarchie du clan, indépendamment de l’existence du Conseil, et comme tu le sais, la nature a en horreur le vide. Certaines décisions sont reportées, ou repoussés, bref ça n'avance pas. Sauf que ces derniers temps, l'ambition de certains les grattouille. Le prestige, le pouvoir... ça attire les vautours et même certaines personnes de bien que j'aurais jugé au-dessus de ces considérations voient ton siège libre  et pensent que pour la pérennité du Clan cela ne peut durer. Ce n'est pas officiel, encore, en tout cas ça ne l'était pas quand je suis venue te trouver mais Wojek escompte te défier et prendre ton titre. »

Mes doigts se serrent contre les siens.

«  Je ne suis pas sûre que l'idée vienne complètement de lui, il a des accointances avec certains anciens réfractaires aux changements que tu as soufflés., et je me méfie de ces vieux débris rusés. Je les soupçonne de vouloir … éviter d'en arriver à un combat à la loyale qu'il perdrait. J'ai toutes les raisons de croire qu'ils vont t’empêcher de répondre au défi en t'éliminant avant. »

J'inspire légèrement, refusant de lui avouer, pour l'instant, l'origine de mes suspicions. Mon menton se lève vers lui, et mon regard se noie dans l'océan émeraude de ses iris.

« J'ai juste besoin que tu me dises... Veux tu encore être notre Chef de Clan ?  Quelle que soit ta décision, de demeurer ou de partir, je te soutiendrais. Mais je dois savoir à quoi m'en tenir. Tout comme je dois savoir si ton l'allégeance à la Reine et au Roi te concerne uniquement ou si elle engage aussi notre Clan ?»
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Feat Sahelle Saint-Just

Nous sommes tous les deux, posés dans la cabine, à assimiler les pensées de l'autre, à simplement s'observer, sans rien dire. Le craquement du bateau nous berce, le liquide dans nos verres réchauffent les cœurs et les âmes. Quand était-ce la dernière fois où nous nous étions retrouvé seul tous les deux pour discuter ainsi ? Je ne crois pas que cela ne soit jamais arrivés. Toujours accompagné de mes parents et des anciens ou des siens parfois. Même si cela fait longtemps maintenant que nous nous côtoyons, nous avons jamais vraiment discuté l'un envers l'autre, à cœur ouvert. Doucement, je reprends une gorgée du nectar qu'elle m'a servi, en attendant sa réponse.

Qui vint, dans un tumulte de belles paroles et discours. Je ne cherches pas à la dépouiller de ses secrets, simplement que nous ayons une discussion simple pour une fois, en dehors des problèmes de clan, de nos vies. Comme si, nous nous rencontrions pour la première fois ! Comme elle a fait en me parlant de ses ressentis envers la vie au sein de notre clan. Juste être naturel, montrer qui tu es, plus que le fait d'être mon bras droit, mon espionne, celle à qui je donne des ordres. Mais avec qui je ne prends plus réellement le temps de parler quand je vais mal ou quand je veux juste m'aérer l'esprit. Elle sera d'accord pour en parler, une fois que nous aurons résolu la situation. J'acquiesçais en hochant la tête.

Elle me demanda la lettre, que je lui remis sans le moindre soucis. J'avais suffisament confiance en elle pour qu'elle la lise. Je ne m'attends pas à ce qu'elle me trahisse et me plante un couteau dans le dos. Au vu de sa réaction quand nous nous sommes retrouvés, il est clair qu'elle tient à moi, au clan, bien plus que sa carrière personnelle. A moins qu'elle ne joue extrêmement bien la comédie, au point que je ne l'aurais pas remarqué ses dernières années. Non non, ne pense pas à cela. C'est ton allié la plus fidèle. Ton amie la plus sincère... Sahelle décache une nouvelle la lettre pour la parcourir le plus rapidement possible, lâchant un commentaire quand elle eut terminé.


- Qu'est-ce que tu en penses ? Demandais-je dans un soupir, comprenant que cela devait être plus grave que ce qui est noté.

Je fermais doucement les yeux, alors que ça main se posait sur la mienne, comme pour apaiser la colère qui allait déferler en moi. Pourtant, ce sont d'autres pensées qui se mettent à poindre. Elle n'a jamais été aussi attentionné et douce avec moi. En général, on est plus du genre à se lancer des claques dans le dos et chanter des chansons grivoises. C'est arrivé une ou deux fois, les plus belles soirées alcoolisés de toute ma vie. Mais aujourd'hui, je la voyais d'un œil nouveau, découvrant une personnalité qui n'attendait que ce moment pour se présenter. Et... c'est agréable. Si j'avais su... Jamais je ne serais parti. Elle aurait été là pour m'aider, m'appuyer dans cette passe difficile.

J'écoute ce qu'elle a me dire. Et seul le soleil sait qu'il y a beaucoup à dire. Mon départ a laissé un vide ? Bien entendu, pourquoi n'y avais-je pas pensé... Règle du plus fort et des opportunistes. Si y a moyen d'engranger du pouvoir, il faut le prendre. C'est ainsi que j'ai bâti la communauté, à la force de marchandages et de combats. Alors laissé un clan sans personne à sa tête, bien entendu que quelqu'un va tenter d'en reprendre la coupe. Je ne fus même pas choqué en apprenant le nom de celui qui le voudrait pour lui. Oui, de la colère arriva, ma main serrant celle de la capitaine avec force, lui brisant presque les os. Après tout, je lui ai offert une vie confortable, sécurisé et juste. Se retourner ainsi égoïstement... Je ne lui avais pas inculqué la manière qu'il fallait de vivre parmi nous. Au fond de lui, il restait le bandit que j'ai rencontré.


- Qu'il vienne me trouver... Je l'attends de pied ferme. Et cette fois-ci, ma lance ne transpercera pas son épaule.

En crachant ses mots, une petite étincelle électrique s'échappa de mes lèvres. Encore une fois, ma magie se trouvait sous le joug de ma colère. Ce n'est pas la première fois qu'elle s'en voit renforcé et plus versatile a cause de cela. Je devrais me pencher dessus quand j'aurais un peu de temps. Si je peux en faire quelque chose, cela pourrait être intéressant. Quoi qu'il en soit, je finis mon verre d'un trait après cette révélation, m'en servant un nouveau et remplissant celui de ma camarade. Et si elle refuse, j’appuierais sur le fait de ne pas laissé son chef de clan boire seul. Surtout avec une telle conversation.

Il est possible que cela ne vienne pas de lui. Je soupirais, plongeant mon regard dans le liquide mielleux qui tournoie dans mon verre. Il y un acte que j'aurais du faire depuis bien longtemps et dont l'idée ne venait que de poindre. Oui, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Après tout, ils ont toujours été une gêne pour moi, a vouloir prendre les décisions, renouer avec le Reike. Mais, en soit, on s'en sort très bien sans le Royaume, qui est bien plus misérable que ce que j'ai pu lire ou voir dans le passé. Et je ne mets même pas toutes les fautes sur Tensai, il devait déjà être pourri bien avant. Une gorgée supplémentaire vient se rajouté à tout l'alcool parcourant déjà mon corps.


- Tu as raison. Je dois revenir, ne serait-ce qu'un temps pour régler les problèmes. Et s'ils veulent m'assassiner, a moins que tu n'es glissé un quelconque poison dans mon verre, ils peuvent toujours essayer.

Je me mis à rire un peu plus joyeusement à cette dernière phrase. Je voulais détendre l'atmosphère, n'appréciant pas les ambiances sérieuses. Cela me donnait envie de faire des blagues, de sourire et de mettre en confiance. Alors oui, je me restreins, parce que je sais me contenir et reconnaître les moments où je peux me permettre un tel écart. Et pourtant la dernière question alourdit une nouvelle fois l'air. En même temps, elle a bien le droit de savoir mon avis là-dessus.

- Je... Oui je le veux toujours et cette idée de quitter définitivement le clan ne m'a jamais effleuré. Je serais revenu, même si cela aurait pu prendre plus de temps... Au moins pour vous revoir, savoir comment vous vous portez tous... Mes parents, ma communauté... Toi.

Il y avait un petit de flottement. Je ne voulais pas qu'elle se sente au même niveau que les autres, dans le sens où cela pouvait lui mettre une pression différente du reste. Je la considère comme ma petite sœur et, il faut bien l'avouer, une membre de la famille Boros. Je l'ai vu grandir, se développer, devenir une femme forte. Si elle l'avait voulu, j'aurais pu lui attribuer le nom de famille. Qu'elle garde celui de sa mère me semble juste et je n'ai jamais cherché à lui en parler. Ce n'est pas une pratique que l'on a vu souvent. Voir même jamais en y repensant.

- Pour ce qui est de cette décision d’allégeance, je pensais le faire pour le clan au départ. Mais, après quelques mois, je dois me rendre à l'évidence qu'il ne s'agit que d'une décision égoïste et que le royaume n'apportera rien à la communauté. Au contraire, des actions de ma part pourraient avoir des retombés négative dans le futur. Et je ferais en sorte que la paix ne soit entaché.
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« Tu sais très bien que c'est pas mon genre, le poison ! »

Contrais-je d'un rire en frottant encore ma main endolorie. Je sens encore les relents de sa colère, l'odeur de son électricité, la menace qui plane sur ceux qui ont osé s'élever contre lui en préparant sa chute , sous ses éclats d'hilarité joyeuse. Des braises dans la cendre. Nos voix ne resonnent d'ailleurs pas très longtemps, à l'unisson, éteinte par la dureté d'une réalité plus sombre et par les mots qui s'envolent entre nous.

« … mes parents, ma communauté... Toi »

La blessure en mon cœur s'ouvre. Ne dis pas de telle chose, ne laisse pas l'espoir en moi se glisser Agrus. Je n'ai pas la force de caractère suffisante pour le repousser, pour ne pas vouloir que ces quelques mots soient davantage que ce qu'ils sont. Je suis stupide. Je sais qu'il n'en est rien. Je sais qu'il me considère comme un membre de son clan, une sœur d'arme, peut-être se remémore-t-il, parfois cette enfant qu'il a sorti des flammes, ou m'offre-t-il son amitié. Mais il ne perçoit pas en moi la femme, celle qui chavire sous la jade perçante de son regard, celle qui se nourrit de la vision enivrante de son corps à demi-nu après une séance d’entraînement, celle qui rougit de l'idée qu'il soit dans sa cabine, seul.

Mes paupières se closent un instant, et mon souffle se meurt sur mes lèvres dans un battement de cœur raté. J'empoigne le coussin de soie rouge et or gisant à mon coté sur la couchette, et dans un réflexe inopportun, le glisse contre mon sein, en rempart entre lui et moi. Verra-t-il la fragilité qui perce l'obsidienne de mes iris sous la frange de mes cils, à la lueur vacillante des bougies ? Devinera-t-il sous mon geste, cette bulle de protection que je tente d'ériger entre nous, cette défense, cette distance ?

Retranchée au derrière du coussin, mes émotions muselées pour qu'il ne ressente rien du tumulte en moi, je doute. Que se passerait-il s'il réduisait la distance entre nous ? S'il jouait de son charme si désarmant ? Saurais-je résister ? Me rappeler ces  autres femmes, éprises, lui voler une nuit de plaisir pour finir par être exclues de sa sa vie ? Je ne veux pas de cela, mais ce que je veux est impossible non ?

J'inspire doucement, chassant toutes ces pensées de ma tête. Me reconcentrer sur la tache qui nous attends et les difficultés prochaines, m'aide à oublier le désir de sentir ses lèvres sur les miennes.

«Alors, nous nous battrons. Je pense cependant que ce serait une erreur de nous mettre à dos le Roi du Reike. C'est pas parce qu'il est faible maintenant qu'il oubliera un coup de poignard dans le dos. Si tu n'as aucune estime pour lui, j'imagine qu'on peut s'en aller à la sauvette. Mais sinon, il faut la jouer plus finement. »

J'envisage plusieurs possibilité mais elle se conditionne toutes à ce roi dont j'ignore presque tout. Et si je ne les expose pas, c'est que je préfère qu'Agrus réfléchisse à ce qu'il veut. Pour le Clan, certes, mais aussi pour lui. Un Chef malheureux ne rend pas son Clan fort.

« Surtout si tu souhaites aussi garder ta fonction auprès de lui. Tu sais rien ne t'empêche d'être les deux. Il faut juste préparer correctement le terrain et surtout.... surtout enlever les œufs pourris du panier. » concluais-je en lui rappelant que le conseil n'était en rien innocent de cette situation.

Devrais-je lui révéler que ses soutiens s'effritent les uns après les autres sous l'influence de certains. Je me demande même dans quelles mesures ceux qui ont été approchés ne souffre pas de menaces sournoises ou de pressions diverses.

« Ton assassinat, tu sais, n'est que la dernière étape. Je pense qu'ils savent qu'elle a des chances d'échouer alors... disons qu'il y a une entreprise de sape de ton autorité et de tes soutiens. Je sais que plusieurs guerriers ont été approchés, moi comprise, lors de mon dernier passage. Je te l'ai dit, j'ai beaucoup de suspicions et pas d'éléments tangibles mais je me méfie. Il y a beaucoup de façons de t'atteindre et de te diminuer. Ces gens là te connaissent depuis toujours. Tes forces. Tes faiblesses. Il y a un... soupçon de peur dans le Clan. Non c'est pas vraiment ça. Je ne sais pas comment le décrire. Un peu comme si quelque chose couvait. Mes parents étaient si... et les tiens tellement fermés. »

Je soupire.

« Ils pourraient user de chantage pour que tu abdiques ou que tu te laisses tuer pendant le duel. Tu ferais quoi s'il s'en prenait à ta mère, ou ton père, ou s'ils menaçaient d'écorcher vif un enfant. Il y a quelques mois, j'aurais dit que c'était impensable, mais aujourd'hui ? »

Je ris doucement, un rire sans joie, un rire sombre.

« On m'a approché, j'ai refusé et j'ai fini sous l'eau, pieds et poings liés avec une pierre aux chevilles Oh, bien sûr, je ne sais pas qui m'a assommé avant de me jeter par dessus les quais du port, mais franchement la coïncidence n'est pas fortuite. Heureusement que je suis plus coriace que j'en ai l'air!»

J'imagine que l'auteur de cet affront se riait de voir un capitaine de bateau, noyé. Une ironie mordante. Ils auraient réussi leurs coups, si ma nature de sirène n'avait été un secret dissimulé en mon cœur, je giserai sous les flots, dans un linceul d'algues et de vase, la lettre du conseil encore dans mon corsage.

« Prenons une décision pour le Reike, pour ton engagement auprès du roi, quitte à demander une audience. Si l'homme est intelligent, il verra les avantages de te laisser libre de mater cette défection et de lui offrir un soutien, et sinon... sinon il faudra envisager les événements autrement. Ensuite nous partirons avec la Murène, rejoindre le conseil.... en tachant d'éliminer les assassins et penser à une stratégie pour faire sortir les traîtres du rang, sans que des innocents en paye le prix. »

J'avale une gorgée de la liqueur encore intacte devant moi, avant d'en resservir dans nos deux verres. Je lève le mien, pour l'entrechoquer avec celui d'Agrus, scellant notre amitié, notre accord , libérant notre discussion de la sévérité qu'elle recelait jusqu'alors.
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Non bien-sur, pas ton style. Mais, pour le coup, cela serait un point à mettre pour l'application du poison, je pourrais ne pas le craindre justement parce que ce n'est pas ton style. Mais non, je ne devais pas penser ainsi. Après tout, j'ai placé en toi une confiance absolue qui n'a jamais été déçu jusque là. Et même si j'ai fais des erreurs, ce n'est pas aujourd'hui que tu me décevras Sahelle, j'en suis certain.

Sans que je ne sache pourquoi, je vois que certains te blessent, ce qui me fait le même effet. Je ne sais ce qui peux te passer par la tête par moment et je ne veux aucunement que tu prennes mal ce que je peux dire ou faire à ton encontre. J'ai toujours été un peu maladroit, bourrin par moment, sans me soucis que ce que les autres puissent ressentir vis-à-vis de cela. Mais si c'est toi, c'est avec plaisir que je réfléchirais à comment me comporter. Faire du mal à un membre de sa famille n'est jamais quelque chose d'agréable.

Et finalement, si je le vois. Ce genre d'attitude des plus protectrices. Tu veux mettre de la distance entre nous, te protégeant symboliquement avec un coussin que tu prends contre toi. Pour le coup, j'ai envie que tout ceci ne soit pas important, voulant me blottir contre toi pour te rassurer. Je ne t'ai vu que rarement dans de tels émois et il a toujours été difficile de te tirer de ses émotions, de te faire revenir. Je ne sais pas comment je dois m'y prendre, encore maintenant où c'est toi qui est venu me chercher pour me ramener dans le nord. Avec un petit soupire gêné, je me penche vers toi pour te prendre dans mes bras, te caressant le dos en guise de réconfort.

Au bout de quelques instants, je me retire, reprenant ma place, sans prononcer le moindre mot quand à cette acte. Si tu veux me parler, tu le feras quand tu seras prête et j'attendrais cela avec la plus grande patience que je possède. En attendant, nous devons nous focaliser sur les problèmes qui t'on amené ici et, j'en suis désolé. Je veux toujours te parler, en apprendre un peu plus encore sur toi et ce que tu ressens. Cela se fera sans doute sur le trajet de retour... Elle pense comme moi, ne pas se mettre à dos la royauté. Buvant une légère gorgée, je lui réponds directement à ceci.


- Il n'est en aucun cas faible, même en ses heures. Le royaume est affaibli, c'est différent. Mais oui, j'irais leur en parler, ils comprendront certainement.

Enfin lui surtout. Malgré nos différences de force, il m'avait reconnu pour ce que j'étais. Pouvais-je jouer sur le côté chef de clan pour faire basculer une nouvelle fois la balance de mon côté ? Cela ne me coûtait rien d'essayer. Au contraire, il serait presque capable de me donner une mission pour le nord. Cela faisait un moment qu'il ne me demandait plus rien, je trouvais cela presque étrange, pour ne pas dire angoissant. Il cherchait toujours à me donner des ordres de missions. Il a peut-être un peu de travail avec la reconsctruction du royaume et la séduction de la reine...

- Tu as parfaitement raison. Oui je souhaites être à leurs côtés mais j'ai aussi mes responsabilités. Je ne peux plus les fuir éternellement...

Mes muscles se contractent à la fin de tes paroles, imaginant une nouvelle fois tout ceux qui m'ont toujours léchés les bottes pour mieux me faire tomber une fois que je ne suis plus apte à gouverner. Grognant, je finis une nouvelle fois mon verre, les vapeurs d'alcool commençant lentement à attaquer mon esprit et ma constitution. Je reste pourtant alerte et à l'écoute de tes paroles, me resservant encore une fois de cette douce liqueur que tu as rapporté avec toi. Je t'écoute parler de l'assassinat et, plus globalement, des actions qui ont été entrepris pour me faire tomber. Cela réveille de nouveau la colère en mon sein.

-Je ne pensais pas qu'ils iraient à de tels extrêmités, murmurais-je pour moi principalement. Je fais confiance en mes parents pour se défendre. Et ils le feront, j'en suis certains.

Et quand tu commences à raconter ce qu'il t'ai arrivé, je n'arrive pas à retenir ma force, qui fissure et brise le verre que je tenais dans mes mains, répandant et gâchant le précieux liquide sur le bois du sol de ta cabine. De nombreux morceaux de verres viennent aussi se ficher dans ma main, du sang se mettant lentement à couler et goutter. Dans un juron, je m'excuse pour le désordre que je viens d'occasionner, me mettant à retirer les débris de ma main. Une fois sur qu'il n'y en avait plus, je referme mes plaies avec la magie, au vu du fait qu'elle ne sont pas profonde. Je te vois inquiète quand à cela et te rassure avec un sourire qui se veux plus forcé qu'autre chose.

J'ai du mal à croire qu'il en soit arrivé jusque là, jusqu'à te pousser à l'eau pour t'éliminer, t'évincer. C'est avec cette pensée en tête que j'entreprends de nettoyer mes conneries, bien que tu ne veuilles pas. Il faut bien que j'assume un minimum parfois. Je ne pouvais imaginer comment cela a du être dur pour toi, seule, à chercher de l'aide comme tu le pouvais. Je n'ai plus envie de parler de tout cela, cela me déprime et me fait replongé dans des émotions que je tente à tout prix d'éviter depuis que je suis au Reike. Cela me prends au corps, me rongent sans que je n'arrive à comprendre pourquoi. Parfois même, cela détracte mon mana et ma Magie... Je repris un verre et eut la bonne idée de le poser des que j'eu finis de boire.


- Qu'importe la réponse de la Royauté, je voguerais à tes côtés pour rallier le nord et m'occuper de tout cela. Je pensais avoir instauré suffisamment de paix et de confiance. Je me suis lourdement trompé. C'est acté, arrêtons d'en parler, je ne voudrais pas que ma colère que je ne contrôle plus ne te blesse...

Je souffle un bon coup, comme pour me calmer et envisager les événements du mieux que je le peux. Je devrais aller voir le Roi et la Reine le plus tôt possible pour avoir leur accord. Je me doute qu'ils en discuteront, je prendrais d'ailleurs le temps de préparer mes affaires. Et une vision d'une autre personne s'imposa aussi à moi. Oui, cela serait bien qu'elle vienne, cela aiderait à faire ce qu'elle m'a demandé. Retrouvant un semblant de bonne humeur, je me mis à expliquer.

- Il est possible que je ne sois pas seul pour ce voyage. Je serais accompagné... Je pris une petit temps de battement pour trouver le terme le plus approprié. D'une élève. Elle cherche à se renforcer pour devenir une combattante et j'ai accepté de la prendre sous mon aile. Un peu d'action dans des terres hostiles ne pourra que lui faire du bien.

Je n'ai pas encore pris ce rôle de maître au sérieux, nous verrons bien avec le temps si je suis apte a faire cela. J'ai déjà été fier d'elle quand elle a pu maîtriser sa transformation. Mais pouvais-je assumer d'enseigner et apprendre à une tierce personne ? Par le passé, je ne l'avais pas fais directement. En général, les gens m'observaient et je les laissais faire. Mais jamais, je n'étais allé les voir pour les conseiller ou leur dire comment mieux faire. Mon attention revint sur toi et je te sens troublé.

- Si tu l'acceptes évidement, c'est ton navire, toi la capitaine... Petit moment de silence avant que j’enchaîne. Dis moi Sahelle... Pourquoi tu sembles triste à mon égard... ?
Sahelle Saint-Just
Histoires de Clan [Agrus] Sahell14
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Fiche du personnage
Race: Sirène
Vocation: Guerrier
Alignement: chaotique neutre
Rang: B
Noble du Reike
Sahelle Saint-Just
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Je ferme les yeux humides, clos mes paupières sur mes larmes muselées. Pourquoi sa douceur m'est-elle aussi cruelle ? Pourquoi, mon cœur se déchire-t-il encore plus à mesure que ses bras puissants s'enroulent autour de moi avec cette tendresse inattendue. Je voudrais lui rendre ce qu'il m'offre, mais mes mains restent ballantes, le long de mon corps raidi. Je n'ose même plus respirer, mon nez, presque au creux de son cou, de peur de m'enivrer de son odeur jusqu'à la déraison. Il m'est interdit, je le sais. Depuis toujours. Et même si mes doigts rêvent de se perdre dans le vallon de son dos, mon corps s'alanguir jusqu'à se fondre dans le sien, je n'en ai pas le droit. Il est chef de Clan. Et je suis l'une de ses guerrières. S'il y a de la camaraderie, du respect, de la fraternité ou de l'amitié entre nous, il ne peut exister davantage. Je n'ai pas le droit de céder, pas le droit de me laisser aller contre lui, de sentir son cœur pulser contre le mien, d'encourager la caresse de ses mains. J'ai envie de hurler, d'expulser cette frustration qui ankylose mon corps et meurtri mon cœur, mais mes lèvres demeurent scellées sous une amertume silencieuse. Alors je cède sans le vouloir, ma joue effleurant son épaule, mes mains grimpant entre nous, cheminant sur son torse, pas pour le repousser comme je l'aurais souhaité, non, simplement pour sentir en dessous, sous le tissu, sa chaleur.. Jusqu'à ce qu'il s'écarte.

Je loue, un instant, la lueur vacillante des bougies qui dissimulent sans doute mes joues rougies par ma honte d'avoir céder, et le tumulte que son contact provoque en moi. Je suis une idiote trop faible... Jamais auparavant n'a-t-il mis autant à mal les remparts ceignant mon cœur, jamais auparavant il ne s'était perdu dans un geste aussi intime. Je frisonne sous ma liberté recouvrée et la distance instillée entre nous après cette proximité. De froid... d'inquiétude... de manque...de tristesse... de honte mélés. Je n'écoute plus que distraitement ce qu'il m'annonce. Plus rien ne m'atteint. Je suis absente, perdue peut-être sous l'émeraude de son regard.

C'est l'évocation d'une autre personne qui me ramène à la conversation. Accompagné ? La blessure qu'il m'inflige se devine-t-elle dans l'obsidienne de mes iris, planté sur lui comme les crocs d'un serpent de mer ? J'en doute, mais ma voix, elle, se fait tranchante sous les affres d'une jalousie étouffée par mon devoir et mes responsabilités.

« Qui ? »

« … d'une élève... »

Inévitable. Mon poing se serre sous la table, mes ongles s'enfoncent dans ma paume. Il souffle le chaud et le froid, m'offre le réconfort de ses bras pour me jeter aussitôt dans des abîmes glacés. Mon cœur se contracte et gèle lentement, reformant une à une les couches de l'armure épaisse qui le couvrait avant son étreinte, et dont, jamais, de n'aurais du me défaire. J'aime Agrus. Pas comme un Capitaine le devrait, pas comme une amie le doit, mais comme une femme veut un homme. J'aurais pu essayé mes charmes de sirène, peut-être, pour obtenir de lui, une réciprocité, mais je l'aime trop pour m'attacher un esclave, pour ternir ce qui fait de lui, justement, l'homme que j'aime. Je sais qu'il me faut laisser couler mes sentiments, qu'il faut que je me reprenne et oublie ces quelques secondes contre lui obscurcissant mon esprit d'un avenir impossible.Il a le droit à son bonheur, même si j'en suis exclue, même si je dois m'en exclure.

« Aucun problème . Si c'est ton élève , elle est la bienvenue.»

Son autre question, elle, résonne encore sans que j'apporte de réponse, laissant le silence s'éterniser. Pourquoi suis-je triste ? Ah, mais n'est-ce pas plutôt de la résignation ? De l'inquiétude ? Pour lui, pour moi, pour notre clan ? Je ne sais exactement ce qu'il perçoit comme de la tristesse, cette pointe de jalousie qui ombre mes iris à la mention de cette autre, ou l’appréhension de notre futur périple, à moins qu'il ne soit questions de mes angoisses sur ses pertes de contrôle récurrentes, sa fuite, les non-dits, les regrets...
Je me sert un verre, le porte à mes lèvres. L'alcool est fort, entêtant, il me délierai la langue si je me risquais à quelques gorgées supplémentaires, mais l'oserais-je ? Le devrais-je ?

« Tu me trouve peinée ? Oui... c'est surêment le cas, mais il y a bien des raisons à cette tristesse. Par laquelle commencer ? Je suis peinée que tu sois parti sans un mot et seul, sans accorder ta confiance à aucun d'entre nous. Je suis peinée que tu te sois senti prisonnier parmi nous au point de vouloir mettre de la distance. Je suis peinée que tu souffres de cette situation et que doive encore endosser un rôle qui t’oppresse. Je suis peinée que la tristesse et la colère brillent dans tes yeux, que tu doives subir la trahison d'amis ou de parents, que tu abandonnes ce qui semble te rendre plus serein pour redresser ce que tu pensais acquis. Je suis peinée d'être l'oiseau de mauvais augure qui t'annonce le délitement de tout ça et t'arrache à ces terres. Je suis peinée que tu en sois réduis à te croire incapable de te maitriser quite à me blesser sous le coup de l'énervement. »

Je soupire, resservant nos verres vides, sans un regard pour les morceaux de celui qu'il a brisé.

« Je suis peinée que tu m'imagine assez faible pour être incapable de me défendre, même face à toi et ta colère.... »

J'avale mon verre d'un trait, le reposant dans un claquement sur la table. Le verre de trop ? Peut-être seulement celui qui insuffle le courage d'aller jusqu'au bout de mes pensées, de ma franchise sans filtre. Je contourne la table, pour me rapprocher de lui. Mes yeux harponnent les siens, obsidenne tumultueuses contre jade éclatante. J'espère qu'il mettra mon geste sur le compte de cet alcool qui brûle mes veines, mais en vérité c'est le coupable idéal d'une situation qui je sais , ne se représentera jamais. Lui. Moi. L'intimité de ma cabine et la liqueur dans notre sang. Un au-revoir. Un adieu à ce qui ne peut être mais qui illumine mes espoirs.

Je me penche vers lui, mes lèvres si proches des siennes, qu'elles les effleurent presque, séparées d'un murmure.

« … Peinée que tu oublies que je suis aussi une femme, et que lorsque tu me prends dans tes bras, je ne peux pas demeurer indifférente même si je le devrais... alors que toi tu l'es.» achevais-je dans un souffle si ténu qu'il aurait pu être tu, et sans oser lui voler ce qu'il ne m'offre.
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Pourquoi... Pourquoi est-ce que je te sens aussi fébrile, aussi vulnérable aujourd'hui ? Je t'ai toujours vu comme une femme forte, qui ne machait pas ses mots et me racontait à peu près tout quand elle avait des problèmes. Alors pourquoi ce soir, j'ai l'impression de te revoir, toute tremblotante de peur, dans mes bras, quand je t'ai sortie des flammes de ta maison qui s'effondrait ? Tu avais ce regard qui se demandait si tout ceci n'était pas qu'un rêve, appelant, criant le nom de ta mère en silence, muré derrière cette terreur d'avoir pu mourir si je n'avais pas été là.

Notre étreinte s'intensifie, je te sens vouloir me communiquer un fait que je ne connais, qui te ronge. Le contact de tes mains sur mon torse est une première, jamais encore de tels étreintes et actions n'a été entrepris entre nous. Et, sans même réfléchir un minimum, je mets cela sur le compte de l'alcool, de la situation, du fait que tu m'es retrouvé. C'est un peu comme si que je t'avais abandonné après tout. Toi et tous les autres. Nous finissons par nous relâcher et j'entends comme une supplique dans ton souffle, comme si tu aurais voulu que cela ne s'arrête pas aussi vite. Nous avons à parler, malheureusement.

Nous finîmes par en venir à la personne que je veux inviter. Quand j'en parle, j'ai un peu de mal à discerner tes réactions mais ta voix est catégorique, tu as un énorme apriori sur la personne que je veux embarquer avec nous. Pourtant, je suis certains que vous vous entendriez bien et elle ne sera pas un poids pour la situation à venir et le clan. Bon certes, elle est encore très maladroite et à un peu de mal à se tenir sur ses jambes mais c'est parce que qu'elle n'est pas encore habitué à notre terre. Un tour en bateau lui fera le plus grand bien, j'en suis sur. Tu finis par accepter qu'elle soit du voyage, légèrement adoucit. J'ai un petit sourire aux lèvres, ne sachant pas encore comment trop interpréter tous tes changements d'attitudes aussi succin. Je ne t'ai jamais vu ainsi et je m'inquiète. C'est bien pour cela que je prête une oreille des plus attentives à ce qui suit.

Il y a quelques minutes de silence qui s'écoulent et j'en ressens la lourdeur. Si tu me réponds, ce sera sans aucun doute pour me révéler ce qui te ronge et obscurcit le cœur. Je souffle et soupire doucement, buvant une gorgée du breuvage que je commence de plus en plus à apprécier. Cela serait dommage que je doives l'associer à une mauvaise soirée... Tu te mets enfin à délier tes lèvres, ta voix sortant d'abord peu assuré pour me répondre, avant de prendre de l'ampleur à chaque fait que tu ajoutes à ta liste de craintes et tristesse. Je fais une petite moue peiné, chacun d'entre eux me pesant un peu plus sur les épaules. Il est vrai que tout ceci ne se serait pas passé si je ne m'étais pas enfui. Si je t'en avais parlé. Nous avions déjà eu des discussions bien plus intimes par le passé après tout.

Je continue de t'écouter, ruminant encore une fois la situation qui allait me tomber dessus en rentrant dans le nord. J'ai envie de te dire que ce n'est en aucun cas ta faute et que jamais je ne t'en voudrais pour m'avoir retrouvé et amené à me confesser. Depuis que tu es là, je me sens mieux, un poids qui s'est enlevé de ma poitrine et de mon esprit. Bien sur, il a été vite remplacer par la situation pressante que je devais résoudre. Tu nous ressert, sans même demander si j'en veux, connaissant parfaitement mes habitudes. Je grimace en t'entendant parler du fait que tu ne pourrais te défendre. Ses derniers temps, j'ai du mal à contrôler ma foudre sans ma magie. Je la sens de plus en plus puissante et versatile.

Je ne sais que te répondre quand tu claques ton verre sur la table, comme pour signifier que tu as terminé de raconter tes peines. Comme tout à l'heure, je préfères moi-même laisser un peu de temps avant d'émettre mes pensées, ce que je peux aussi avoir sur le cœur. Allais-je regretter de ne pas avoir répondu immédiatement. Je sentis ton regard appeler le miens et j'accepte une entrevue, le plongeant dans tes jades. Sauf que ce n'est plus de la peine ni de la tristesse que je vois poindre en leurs seins, sur ton visage. Je cligne un peu des yeux, me faisant sans aucun doute des idées, l'alcool embrumant mes ressentis et mes pensées. Et te voilà qui te penche vers moi, nos lèvres à quelques centimètres l'une de l'autre, nos souffles chaud se fondant l'un dans l'autre.

De simples paroles. Des mots en soit, prononcée pour répondre à ma curiosité, qui ne sont rien sans l'intonation et la situation. Je perds un battement de cœur et un souffle quand je t'entends prononcer cette phrase. Une surprise, totale et complète de cet aveux, qui vient emboîter toutes les pièces du puzzle de ton attitude depuis que nous sommes dans sa cabine. Et je ne peux te donner que raison après tout. Oui, je ne t'ai pas vu comme une femme que j'aurais pu avoir. Je t'ai vu grandir, mûrir, devenir belle, combattante, courageuse. Te démener pour nous faire accepter d'acheter un bateau, toujours tout faire pour nous faire plaisir et aider. Toi qui riait avec moi de mes aventures d'une nuit, semblant te moquer de toutes celles ne faisant que partager ma couche. Et, de ce que je pourrais comprendre, il n'y a pas que cela que tu veuilles de moi...


- Je... Ne sais quoi te répondre... Tu as raison Sahelle... Et si cela t'a impacté depuis tout ce temps... Je suis désolé...

Je prononce cela dans un murmure, un souffle aussi, n'osant me retirer ou te repousser. Que ce soit l'un ou l'autre, cela signifierait la même chose. Maintenant que tu m'as avoué ceci, rien ne serait pareil entre nous. Il va m'être difficile de faire impasse sur cela. Bien entendu, malgré mon choix, le tiens et la suite à tout cela, je resterais à tes côtés et notre relation passé ne s'en verra pas effacé. Je me sentais fondre, vulnérable. Moi, le croqueur de femmes, craignait d'en perdre une ! Mais a qui je peux le cacher, il est bien normal d'avoir peur de perdre l'une de celles qui comptent le plus pour moi... Je pose mes mains sur tes épaules, mon regard toujours plongé dans le tien, avant de prendre une décision. Je te reprends dans mes bras, mon visage se décalant pour se poser sur ton épaule.

- Ne le prends pas mal, je ne sais pas comment réagir face à cela... Et, malgré ce que je peux paraître régulièrement, je ne voudrais pas abuser de la situation... J'aurais l'impression de jouer avec toi et tes sentiments... Tu importes énormément pour moi Sahelle...

Doucement, une de mes mains vient te caresser le haut du dos, comme pour te soulager et te rassurer. Mes paroles paraissent maladroite et c'est le cas. Je ne peux te rejeter. Bien que cela fasse des années que je n'ai pas ressenti de sentiments puissants pour une personne, j'ai toujours l'espoir qu'ils pourraient revenir un jour. Malheureusement... Je te connais depuis longtemps, au point que je me dis qu'ils auraient déjà vu poindre si cela avait été destiné entre nous. Alors bien sur, je pourrais te prendre pour femme, régner sur le clan à mes côtés. Serais-tu capable de l'accepter, année après année ? De vieillir, sans que moi je ne le paraisse à tes côtés ? Juste le simple fait de me savoir que pour toi te comblerais... ? Et si je ne peux te donner d'enfant, que ressentirais-tu...

- Je... Suis complètement perdu... Qu'attends-tu de moi, qu'est-ce que tu espères... ?.
Sahelle Saint-Just
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Sahelle Saint-Just
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Si mon cœur ne se morcelait pas à chacune de mes inspirations, si mon sang ne gelait pas dans mes veines, et mes larmes ne coulaient pas, silencieuse et feutrées, sous la frange de mes cils, je l'aurais frapper. Ne pas abuser de la situation ? Ne pas jouer avec mes sentiments ? alors que ses mains courent dans mon dos, et mon souffle se perd dans ses mèches argentées, alors que mon être entier vibre au contact du sien. Je ne suis taillée dans la glace, ni ciselée dans le marbre et l'obsidienne. Crois-t-il réellement que je ne ressens rien, que je ne suis qu'indifférence alors qu'il m'attire à l'ombre de ses bras, dans une étreinte trop intime. Son odeur, les pulsation de cœur sous mes doigts, ses muscles tendus et tièdes roulant contre moi. Comment pourrais-je résister à cette douceur, à la caresse de ses mains, à cet envoûtement et cette dépendance qu'il instille en moi ? Je me fend, je me brise sur les écueils de cette tendresse cruelle sans m'en réussir à m'en arracher, comme une droguée, comme une alcoolique déjà trop dépendante de sa présence.

« Je n'attends rien de toi Agrus. »

Je relève son visage, prenant avec une tendresse policée son menton entre mes doigts, l'obligeant à lire à l'encre de mon regard, la tempête qu'il provoque en moi. Un instant, je me fige, appréciant la courbe de ses lèvres, buvant son souffle comme si l'oxygène me manquait. Ah, je comprends ces femmes s'alanguissant dans ses bras, se glissant sans la chaleur de sa couche en espérant tisser entre ses draps, un lien indéfectible, un sortilège de séduction pour que jamais il ne les abandonnes l'aube venue. Moi-même, je sens l'envie d'user de mes sorts, de ma voix, mais ce ne serait qu'une illusion éphémère, une traitrise à ce que nous sommes.

« …. et je ne te demande rien. »

Je savais avant même mes aveux que rien n'adviendrait entre nous. Il est un chef de Clan et je ne suis personne. Les hommes comme lui, même s'ils aiment des femmes telles que moi, épousent des dames de leurs rangs pour nouer des alliances, pas des guerrières, pas des capitaines. Et quel avenir pourrions nous avoir, alors que je chevauche les océans pendant qu'il vit sur les terres. Malgré tout, il est un rêve, un désir, un espoir, inaccessible et pourtant irrésistible auquel je ne sais me soustraire.

Ma main se lève, frôle l'une de ses cornes sur sa longueur, arpente sa joue pour longer sa mâchoire, d'un effleurement imperceptible, éthéré. A croire que je n'ose sentir pleinement la texture de sa peau sous mes doigts, de peur de ne savoir taire l'avidité et la convoitise de mes désirs. Un sourire un peu triste étire ma bouche bien qu'il recèle une tendresse douloureuse.

« L'amour se donne, il ne se prend pas. Et j'ai toujours su qu'il ne pourrait y avoir davantage entre nous.... Mais lorsque tu me prends ainsi dans tes bras, lorsque tu me caresse, ma volonté et raison me font défaut et je n'ai qu'une envie, c'est que tu t'étendes sur moi. Peut-être qu'elles ont raison... toutes ces femmes...celles que tu n'aimes qu'une nuit et que tu chasses au petit matin... Peut-être que devrais faire comme elle, t'attirer dans mon lit et jouir de ta présence pour en conserver précieusement ton souvenir au creux de mon cœur, lorsque tu m'auras rejeté. Peut-être mieux vaut-il profiter d'un instant que de se languir une vie entière... . »

Je prends son visage en coupe, pose mon front contre le sien jalonné de ces deux cornes qui nous cerclent, protectrices. L'idée chemine doucement. Elle est tentante, à l'image de cette bouche si proche, qui me provoque. Mais je répugne à me renier, même pour cet homme, même par amour.

« Mais je m'y refuse. Par fierté. Par orgueil,,, par stupidité ?peut-être... »

Je dépose un non-baiser sur ses lèvres. Chaste. Fugitif. Un frôlement arachnéen presque.

« Je prendrais ce que tu m'offriras Agrus. Rien de plus. »

Je le repousse, m'absous de ses bras, parce que tout n'est que torture contre lui, de son parfum enivrant, à ses mains  qui cheminent encore au creux de mes reins et enfièvrent mes sens. Je sais que si je reste lovée contre lui, je finirais par l'attirer dans mon lit, par dévorer pleinement sa bouche et son souffle, par gouter sa peau, ses charmes, jusqu'à la déraison, envers et contre lui. Il y aurait des regrets. Des remords. Des non-dits. Et je me refuse à perdre ce qui existe entre nous, juste pour satisfaire ma voracité et mon besoin incandescent de lui.

« Mais tu dois comprendre,,, que si tu m'enlaces comme ça, je... je... » j’exhale un soupir « que si tu renouvelles une étreinte comme celle-ci entre nous, ce sera parce que tu choisis qu'il existe un « nous » quel qu'il soit... »

J'étouffe. La distance qui nous sépare me semble à la fois infinie, et pourtant insuffisante. Un pas. Seulement un, qu'il ne franchira pas. Ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais... j'ai besoin de m'extirper de cet air saturé de lui, de mes envies muselées, de sortir sur le pont pour rafraichir mes ardeurs sous la brise marine, sentir l'onde glisser sur ma peau et mes écailles. Froide. Glacée. Pour oublier et éteindre le feu et la fièvre qu'il allume en moi. Alors je fuis. Je le fuis, détournant mon regard du sien pour qu'il ne perçoive sous les braises de mes ardeurs, ma lâcheté.

« Je serais rassurée si tu ne déambulais pas dans les rues , seul, à cette heure.Tu devrais dormir ici, cette nuit. Je vais monter la garde. Dehors.»
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Histoire de Clan

Feat Sahelle Saint-Just

Je me sens de plus en plus perdu à chaque fois que je te regardes. Je ne pensais que le ressenti que tu avais à mon égard se traduisait par des sentiments aussi fort pour ma personne. Depuis ma jeunesse, je ne faisais plus attention à cela, m'attelant à la tache de chef de clan. C'était à moi de vous protéger. Personne n'avait à me soutenir normalement... Alors pourquoi, à chaque fois que je te regardes, que je prononce des mots, que je te touches pour te réconforter, j'ai l'impression de te blesser, de te meurtrir un peu plus à chaque fois ?

Tu dis que tu n'attends rien de moi et pourtant, je le sens dans ton attitude, dans ta voix que tu brûles de me demander un peu plus encore. Si tu ne le fais, c'est pour éviter de te perdre dans mes bras, dans mes... Draps. Parce qu'il semblerait que ton corps veuille aussi le mien. Sans être méchant, ce sont des effets que je ressens. Tu relèves mon visage et, une nouvelle fois, nos regards se perdent l'un dans l'autre, sans que l'un de nous n'osent dire le moindre mot sur la situation. De mon côté, pour éviter de commettre un impair et, du tiens, pour ne pas succomber un peu plus encore. C'est toi qui finit par rompre ce silence flottant, comme pour combler ce que tu venais de dire précédemment. Je me serais douter de cette phrase mais le fait de l'énoncer mettait au point nos pensées.

Nous restons ainsi, sans bouger, sans boire, a se contempler. Je n'ose réagir, parler. Après tout ces mois où je ne l'ai revu, j'ai tellement d'aventures et d'histoires à te raconter. Et pourtant, je ne trouve pas cela des plus appropriés dans la situation. Pour le moment, te laisser à tes pensées, tes idées, tes envies seraient le mieux. Je n'ai rien à te répondre, juste ma présence. Un frisson m'arpente quand tu lèves ta main pour me caresser une corne. Peu de personnes le savent mais cela peux s'avérer être une zone assez sensible. Je te laisses faire, appréciant le contact sur la joue. Jamais tu n'avais été ainsi par le passé et je me rends compte à quel point j'ai pu me fourvoyer sur ce que j'ai pu être et faire. Alors que tu souris tristement, tu te remets à parler, plus longuement cette fois-ci.

Plus un aveu, du fait que c'est belle et bien de l'amour que tu ressentais pour moi, ce qui est plus qu'une simple attirance physique. Mon regard se voila, ma mine s'assombrissant et s'attristant un peu plus à chaque mots. C'est ainsi que tu me percevais, comme un simple croqueur de femmes. Les rejeter, je le faisais pour ne pas les faire souffrir par la suite. Je ne cherchais pas spécialement de compagnie la nuit, ce sont toujours elle qui sont venu me demander, quémander cette carrure, cette masse cette chaleur. Je ne pouvais leur offrir plus, tout mon être tourné vers le clan uniquement. Est-ce pour cela que j'ai sombré dans la dépression ces dernières années ? Il y a une partie de vrai. De ne pas trouver de femme pour m'accompagner et pour me donner de descendance...

Nos fronts se collèrent l'un contre l'autre et je fermais les yeux pour profiter de ce moment entre nous, aussi fugace que doux, le temps semblant se stopper. Je sentis ton souffle se rapprocher, te laissant m'embrasser si tu le voulais. Je ne reculerais pas mais ne le rendrais pas non plus. Je ne pus dire si elles se touchèrent, tant le contact fut éphémère. Et tu finis par me repousser, pour appuyer tes paroles de refus. J'en soupirais mais n'arrivait pas à déterminer si c'était par dépit ou bien par soulagement. Je n'aurais su quoi faire si ton corps venait se presser contre moi pour me demander une chaleur et une vigueur pour la nuit.

Je restais encore muet, te laissant parler, épanché tes sentiments et tes pensées à mon égard. Je me reculais un peu plus quand tu parles des affections que je te fais, qui semble t'affecter plus que je n'aurais pu le croire. Je ne voulais que te réconforter, t'aider à passer le cap. Et à la place, je ne faisais que creuser l'affection et les sentiments à mon égard. Comment pouvais-je être aussi maladroit avec toi... Et te voilà à te lever, ouvrir la porte et laisser l'air froid marin venir emplir la pièce, éteignant la chaleur que nous y avions mis. Tu me préfères ici, sous ta surveillance et je l'accepte pour ne t'inquiéter. La porte claque derrière toi et je me retrouve seul, dans cette cabine.

Je finis doucement mon verre, mon esprit tourbillonnant sous des montagnes de suggestions et de pensées. Je ne pouvais rester ainsi ici, sans n'avoir rien dis, à te laisser se morfondre face à toutes révélations que tu m'as dis. Surtout que nombreuses de tes paroles m'ont impactés, ouvert un peu plus yeux sur toutes ses dernières années. Je reposais mon verre et prit mon manteau, avant de sortir à mon tour, pour te chercher, te tenir compagnie. Tu trouvais à la proue, observant l'horizon, le vent balayant tes cheveux. Mon pas lourd se faisait entendre, craquant le bois du bastingage sous chacun de mes mouvements. Mon manteau alla se poser sur tes épaules et je restais derrière toi, me mettant à observer les astres.


- Par le passé, j'ai souvent reçu de nombreuses demandes d'alliance par mariage arrangé. Je les ai toutes refusés, trouvant plus approprié que je me trouve une personne qui m'aimerait pour ce que je suis et non parce qu'on lui a imposé. Depuis... Kalastria...

Je fis une pause, prenant une grande et lourde inspiration. J'avais toujours refusé de discuter de ce qu'il s'était passé avec elle, cette Drakyn qui m'avait volé mon cœur, l'avait chéri avant de me le rendre en disparaissant sans aucune raison. J'avais cherché à savoir pourquoi, à comprendre. Cela n'avait laissé qu'une profonde cicatrice en mon être.

- Depuis elle, je n'ai pu aimer de nouveau comme je le voulais, laissant des relations vide et sans aucun sens. J'aurais pu simplement prendre une femme pour le clan, pour ne plus me trouver seul. Pourtant, au plus profond de moi, il est évident que je veux de nouveau aimer quelqu'un...

Délicatement, mes bras vinrent passer autour de ta taille, mon corps se collant contre le tiens, séparer simplement par mon lourd par-dessus. Te serrant contre moi, je n'osais te regarder, laissant mes yeux toujours scruté le large.

- Je ne veux te donner de l'espoir, je ne vois pas pourquoi il ne serait pas possible qu'il y ai un ''nous''. Par contre, je te demande de me laisser du temps. Comme tu l'as dit, je ne t'ai jamais regardé comme une femme. Et avec le temps, cela ne s'est pas arrangé. Maintenant que tu es là, laisse moi te redécouvrir, apprendre qui tu es. Je ne peux te garantir un résultat, encore moins celui que tu attends... Mais laisser une chance au destin de faire son œuvre....

Malgré que je ne le veuille pas, je préférais te lâcher et ne pas accentuer cette étreinte. Sans même attendre de réponse de ta part, je me détournais de toi et commençais à reprendre la route en direction de ta cabine, pour aller me reposer. Ma main se posa sur la rambarde et je m'immobilisais, avant de tourner ma tête et mon regard vers toi, un doux sourire aux lèvres.

- Merci Sahelle, d'être venu me chercher, tu n'imagines pas comment cela me fait du bien... Tu as toujours été là pour moi et je n'ai jamais pu te remercier comme il le fallait... Ne reste pas dehors, tu n'as pas besoin de monter la garde, les environs sont sur... Je vais prendre une chaise, cela me suffira pour cette nuit...

J'avais connu pire comme support de repos. Je repris le chemin et poussa la porte de la chambre, qui n'avait plus le même visage maintenant. Je n'allais pas dormir tout de suite, un dernier petit verre me ferait sans doute le plus grand bien...
Sahelle Saint-Just
Histoires de Clan [Agrus] Sahell14
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Fiche du personnage
Race: Sirène
Vocation: Guerrier
Alignement: chaotique neutre
Rang: B
Noble du Reike
Sahelle Saint-Just
Noble du Reike
J’ai envie de hurler. J’ai envie de pleurer. Pourtant, nul cri n’effleure le seuil de mes lèvres scellées, nulle larme ne scintille sous la lune ronde, à la lisière de mes cils. Je suis pétrifiée, minéralité séculaire, figure de proue abîmé d’une indicible tristesse, muette sous la fraicheur de la nuit. Le vent s’engouffre, facétieux et taquin, dans la soie noire de ma chevelure qui claque comme un étendard sinistre, dans mon dos. Je n’arrive à taire le tremblement qui agite ma main, le frissonnement qui dévale ma nuque. Même la contemplation de l’océan sous la quiétude nocturne ne me détourne de cette fièvre ruisselant dans mes veines et mon cœur endolori. Je suis stupide. Oui… stupide d’avoir gâché nos retrouvailles, stupide de n’avoir su retenir mes aveux du soir.

Le craquement du bois sous le poids d’un corps rompt soudain ma retraite, mais je ne me retourne pas. Je n’en ai pas besoin pour reconnaitre le pas et la présence de celui qui me rejoint. Dans ma poitrine, mon cœur se serre, s’emballe puis s’arrête quelques secondes, aussi indécis que je le suis. Il glisse sur mes épaules son manteau, encore empreint de son parfum, de sa chaleur et je me sens comme emprisonnée dans le cercle de ses bras. Je n’ose bouger, de peur d’avoir rêvé, d’avoir imaginé son souffle dans mes cheveux. Mais sa voix me détrompe. Il est là. Proche. M’entourant. M’enlaçant.

Je ferme les yeux, hume cette odeur n’appartient qu’à lui. Je crois qu’une flèche traverse mon cœur. Silencieuse et mortelle. Il me faudrait la déloger, avant qu’elle ne grave dans ma chair, le relief d’un espoir. Mais pour cela, il me faut m’affranchir de lui, me retrancher de ses bras, m’absoudre de sa tentation. J’en suis incapable. C’est risible… désespérant. Je crois qu’il ne se rend compte combien ses mots brillent de cet espoir qu’il veut me refuser, combien il m’inonde d’une espérance illusoire. De toutes façons il est trop tard. Je suis perdue. Depuis qu’il me retient dans son ombre, depuis que sa bouche murmure contre mes cheveux, depuis qu’il est là, tout contre mon dos.

Son « peut-être » s’enracine en mon âme, engloutit mon cœur sous un chiendent tenace et lorsqu’il me quitte et m’abandonne seule, de nouveau, j’ai l’impression que l’on me vide de mon essence. Je voudrais le suivre, lui répondre mais… il veut du temps et moi… Moi ? Je ne sais plus. Ma raison s’embrouille, emmêlée dans le maelstrom d’émotions qu’il a déclenchées. Je suis une idiote. Croire, attendre, espérer ce qui ne devrait être. Pourtant, l’obsidienne de mes pupilles s’ancrent à la lune, délivre sous ses augures, une prière silencieuse.

Lentement, je m’extirpe de ma torpeur, resserre sur ma poitrine le manteau d’Agrus. Mon pas est léger, aérien, jusqu’à la porte de ma cabine. Ma main se lève, pour frapper contre le bois, puis se suspend un long moment, figée. Finalement je place ma paume tout contre, puis mon front. J’écoute un instant au travers, le murmure trahissant sa présence avant de me laisser glisser dos contre bois. Je ne peux entrer. Je ne le dois. Alors je demeure là, assise devant cet obstacle qui nous sépare, lui et moi, jusqu’à ce que le sommeil s’empare de mes pensées.
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