Plus tôt dans la journée
-Si.-Non, je t'en supplie Capitaine !
-Maëvis. Si.
Je soupire. Ça ne sert à rien de lutter et je dois me résigner. Après l'énorme boulette de la semaine dernière, je me doute bien que les supérieurs m'ont à l'œil et cherchent à me le faire payer. Je suis assez doué dans mon boulot, ça, tout le monde le sait. Mais quand je fais des conneries, généralement, je ne fais pas les choses à moitié…
-Et puis franchement, y'a que toi pour te plaindre d’être en poste dans une soirée mondaine où tu auras juste à faire acte de présence et dissuasion. Je donnerai cher pour savoir ce qui te passe par la tête parfois…
Malgré tout, je remarque facilement son sourire en coin. Toute l’escouade s’était déjà foutu de ma poire de toute façon. Pourtant, ils savent pertinemment pourquoi. Je suis un loup. C’est dans ma nature d’aimer les grands espace et surtout bouger. Je veux dire, on a jamais vu de loup-garou qui apprécie sincèrement de rester sans bouger le moindre muscles non ? Et bien voilà pourquoi je tire une tête de six pieds de long. Les soirées mondaines sont d’un tel ennui ! Un garde, c’est fait pour patrouiller dans les rues…
Premier quartier de Lune
Et voilà, je le savais. La nuit s'annonce longue, très longue. Il n'y a pas encore la moitié des invités que je regarde déjà le soleil se coucher en espérant qu'il m'entraîne avec lui... Je ne peux laisser échapper un soupir. Bon. Je n'ai pas choisi d'être là, mais au moins je peux choisir d'être irréprochable.
D'après mes informations, nous sommes dans la demeure d'un riche marchand très influent qui a réussi à s'attirer les faveur du caporal Moultarde. Au nom de leur amitié et de sa position, il a réquisitionné la Garde pour ce soir et nous voilà donc dans une salle de bal, couvrant chaque issues. La bâtisse est richement décorée, des peintures et des sculptures des quatre coins de la République ornent les murs surchargés. J'ai renoncé depuis longtemps à m'y intéressé, il n'y a qu'un riche pour les admirer sans avoir mal à la tête... Non, moi ce qui m'intéresse, c'est la foule qui traverse les grandes portes ornées de feuille d'or. Avec mes sens développés, mon rôle est avant tout de sentir et enregistrer mentalement chaque invité. Le poison est toujours le petit favori dans ce genre de soirée... Pour le coup, ce n'est pas si différent que de chercher des champignons comestibles au milieu de la forêt pour moi.
J'essaie d'effacer le babillage incessant du maître des lieux à côté de moi quand je reçois un coup dans les côtes. C'est Karl, le mage avec qui je fais souvent équipe. Il est sympa... bien qu'un peu éparpillé.
-Pssst, Maë. Mates-moi un peu ce canon !, me chuchote-il.
Merci Karl, mais je n'ai pas besoin de ton aide pour repérer l'origine du soudain émoi qui s'empare de l'assemblée. Et puis, comment la rater ? Celle qui vient d'arriver semble attirer à elle tous ceux qui ont le malheur de se trouver sur le même plan d'existence qu'elle. Je fronce légèrement les sourcils. Oui d'accord elle est jolie, mais à ce point ? Allons bon, les standards se perdent de nos jours...
-Oh par mes ancêtres, quel regard ! Je te le dis Maë, je suis sûr que je suis amoureux... elle peut venir quand elle veut dérober mon cœur...
En effet, quel regard. Si moi je la regarde suspicieusement, elle, semble vouloir nous déchiqueter. Pendant un court instant, nos yeux se croisent, et ce que j'y vois me trouble. C'est moi où son aura a légèrement changé ?
-Mouais, dis-je sans détourner le regard. Tu sais, j'ai déjà vu mieux. Tu devrais pas tomber en pâmoison devant la première donzelle qui passe, surtout les riches. Nombreux sont ceux et celles qui mettent le maximum pour soigner leur apparence, qui ont la tête la plus creuse.
Et c'est souvent ceux et celles qui mettent le plus d'efforts à se mettre en valeur, qui cachent les plus lourds et vicieux secrets. Autant de raison qui me poussent à garder un œil vigilant sur elle. Mon flair, au-delà de son parfum embaumant, me titille. Je ne saurai dire pourquoi, mais je sens les embrouilles. Finalement, la soirée pourrait être plus animée que je ne le pensais ?