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Au beau milieu des jardins de la Maison Bleue, la silhouette élégante d’un magistrat filait d’un pas preste. Ne prêtant nullement attention aux tapis de fleurs qui s’étendaient de chaque côté de la voie pavée, Kasen ajustait le col de sa tunique d’un blanc albâtre.
Approcher de l’immense bâtisse à la couleur si particulière presque chaque jour ne cessait pourtant de l’émerveiller, mais Kasen avait l’esprit ailleurs en ce jour.
Il n’était revenu de son périple finement dissimulé au Reike que la veille. Et malgré la fatigue qui l’habitait encore, il était enfin temps pour lui d’exposer le bilan de sa visite diplomatique à Benedictus. Étant donné l’importance de cette dernière, il n’avait eu aucun mal à obtenir audience auprès de la Présidente : une première depuis sa prise de poste en tant que magistrat.
Kasen entra finalement dans la bâtisse pour se retrouver dans ce gigantesque hall fourmillant de vie. Évitant soigneusement les employés débordés et autres gratte-papiers têtes en l’air, il s’approcha de l’accueil.
Avant même qu’il n’ait adressé la parole à l’hôtesse face à lui, un imposant garde des 100 dorés qui se tenait près du comptoir lui fit quelques signes de la main que le diplomate interpréta immédiatement comme une invitation à le suivre.
Le diplomate ne se fit pas prier, emboîtant le pas à ce mastodonte vêtu d’or. Kasen n’avait pas la moindre idée d’où se trouvait le bureau de la Présidente… ni aucun autre bureau que le sien, d’ailleurs.
La Maison Bleue était un véritable chef d'œuvre d'ésotérisme, et les 100 dorés étaient parmi les seuls à connaître la position de chacune des innombrables pièces, à l’emplacement variable, qui composaient l’endroit.
Au détour de quelques couloirs et autres pièces à l’architecture vertigineuse, le garde se posta finalement devant une porte aussi raffinée que toutes les autres, mais sensiblement identique.
Parfaitement ponctuel, Kasen toqua à la porte, prenant une grande inspiration avant que celle-ci ne s’ouvre devant lui.
D’un pas confiant et décidé, il s’engouffra dans le bureau de Mirelda Goldheart, qu’il avait foulé pour la première et unique fois quelques mois auparavant lorsque la Présidente l’avait convoqué afin de lui proposer de succéder à son père en tant que magistrat.
Alors qu’il s’avançait dans la pièce richement décorée, le blondinet se remémorait ses dernières rencontres, bien que peu nombreuses, avec la Présidente.
Quelques séances au sénat lui en avaient dépeint le portrait d’une femme aussi raffinée que stricte et aussi éloquente que franche. Une personne que Kasen ne pourrait certainement pas convaincre et encore moins impressionner par un beau et long discours passionné.
Malgré cela, il partait plutôt optimiste. La régente de Shoumei avait formulé des conditions claires à la signature d’une nouvelle alliance. Des conditions qui n’étaient d’ailleurs pas pour déplaire au diplomate.
Arrivant finalement près de l’imposant bureau trônant dans la pièce, Kasen adressa un sourire discret à celle qui s’y tenait avant de la saluer, inclinant légèrement la tête en gage de respect :
Madame la Présidente, merci de me recevoir.