Ikusa était pour Cyrus comme la dernière étape d'un jeu de plateau auquel il jouerait souvent, la dernière case avant la fin. Il était effectivement beaucoup plus facile et rapide de rentrer à Mael en passant par la mer que par les monts au Sud. Pour cette raison, et souvent pressé par la simple envie de retourner chez lui, Ikusa fut une ville où il se rendit très souvent durant ses nombreux voyages. Il y restait peu de temps, pas plus de quelques jours généralement, le temps de trouver un navire et de prendre la mer. Pour cette raison aussi, la Capitale du Reike était l'une des villes qu'il connaissait le mieux après Mael bien entendu...et par les Titans, qu'il n'aimait pas cette ville. Bien entendu, comme toutes les autres, et de par sa nature prompt à l'émerveillement, il ne pouvait s'empêcher d'admirer les plus vieux édifices, les beautés architecturales et la splendeur des édifices militaires. Sans compter que, ayant été bercé dans la culture du Reike par sa mère, il avait une curiosité assez importante concernant la religion de cette nation, son histoire et ses coutumes. Par ailleurs, c'est en Reike qu'il vint à partir en quête du plus grand nombre de reliques après Shoumei.
Mais pas cette fois. Il revenait à Ikusa dans le but de trouver un navire le conduisant dans sa patrie. Il débarqua sans presque aucun sou, ayant fort besoin d'une bain et un sac en toile épais sur le dos chargé de bricoles sans réelles valeurs marchandes mais qui feraient le bonheur des petites églises de Mael et de ses alentours. Comme à son habitude lors de son passage dans la ville, il détourna le regard sur les marchés d'esclaves qu'il détestait par dessus tout et prit bien garde d'éviter les ennuis. Cette fameuse bagarre avec un garde de la ville autrefois était toujours dans sa mémoire. Le Reike pouvait être chaleureux selon lui et son peuple, très accueillant, mais l'histoire de cette patrie était lourde et difficile. La longue dynastie des Draknys n'avait pas toujours été tendre, la guerre civile était encore très fraîche dans la plupart des mémoires et le nouveau roi n'était pas non plus un modèle de gentillesse. Il régnait une forme de violence dans cette contrée qui ne seyait guère aux personnes pacifistes. Cette histoire pesait lourd sur les épaules de cette patrie et lorsque l'on était étranger et aussi observateur que Cyrus, on ne pouvait s'empêcher de le remarquer.
- Il me faut un navire !
Se dit-il soudainement et à haute voix tandis qu'il flânait dans un petit quartier où l'on vendait toutes sortes d'armes et d'armures et qui était gorgé de soldats et autres mercenaires. Les autres autour de lui le regardèrent comme un fou, mais il n'en avait cure et d'un pas décidé parti à l'est de la ville, vers la rive, son petit port et ses rafiots. Il posa la question un peu partout, croisant ça et là des capitaines et autres matelots mais étrangement il semblait être arrivé au mauvais moment. Il n'y avait pas de navires sur le départ avant plusieurs jours, et les autres avaient déjà pris la mer. A quelques jours près, d'avance ou de retard sur son arrivée, et il aurait déjà mit le pied sur le pont d'un gallion, mais cette fois ci, la chance était contre lui. Un peu fatigué, il décida en fin de matinée d'aller dépenser une petite pièce de cuivre dans une taverne proche de la mer, gardant ce qui lui restait d'argent pour payer sa traversée.
Il prit la première venue, sans vraiment chercher à sélectionner l'endroit ou prendre son repas, tant qu'on lui servait un plat de poisson frais et une bière de moyenne qualité il serait content. Pourtant lorsqu'il franchit le pas de la porte, il pensa quelques instants qu'il allait aussitôt repartir. A peine entrée, il entendit une voix de femme crier fort, très fort, et aussitôt la réponse d'un homme, le genre bourru, qui beuglait encore plus fort...le tout sous l'hilarité des quelques lourdauds rassemblés dans le coin. Pas vraiment un endroit accueillant et Cyrus s'apprêtait à faire demi tour lorsqu'il entendit l'homme qui gueulait traiter son interlocutrice de morue...ce qui, peu importe sa patrie, restait une insulte. Alors, par curiosité, et certainement mené par son envie perpétuelle de faire le bien à sa façon, il s'avança dans la petite taverne un peu malpropre pour mieux voir ce qu'il s'y passait.
Là, une jeune femme, de taille moyenne et les joues rosées par l'alcool sans le moindre doute, se tenait fermement à une table, les deux mains campées sur elle, fusillant du regard un gros balourd devant elle. Elle était svelte mais avait une carrure souple et énergique, elle ne devait pas manquer d'exercice. Quelque chose intrigua aussitôt Cyrus...comme un vieux souvenir...mais il n'arriva pas tout de suite à mettre le doigt dessus. Il avait une très bonne mémoire, mais la multiplicité de ses rencontres au fur et à mesure de ses voyages rendait parfois la reconnaissance de quelqu'un assez ardue. L'homme lui se tenait devant elle, les mains sur ses hanches, balançant plaisanterie sur plaisanterie à la jeune femme, faisant marrer au passage le petit groupe d'hommes derrière lui. Ils n'avaient pas l'air fin ces hommes là, et Cyrus craint aussitôt qu'ils ne s'en prennent à elle. Il ne savait rien de la situation, et d'autres aurait certainement reculé après avoir satisfait leur curiosité...mais pas lui.
C'est pourquoi il s'avança, levant les mains devant lui, vers le groupe d'hommes. Avaient-ils entamer la dispute ou bien était-ce la jeune femme. Peu lui importait au fond. Il n'était pas du genre chevalier servant, et n'était pas plus galant qu'un autre homme, mais il n'était pas question de laisser une femme seule face à autant de potentielles menaces. A dire vrai, même si la situation avait opposé un seul homme face à un groupe de femmes, il aurait prit le parti de l'homme. Cyrus n'aimait tout simplement pas l'injustice, ou encore les combats déséquilibrés. Car à entendre les insultes qui fusaient, il se doutait que la situation allait rapidement dégénérer.
- Messieurs, que se passe-t-il ?
En guise de réponse, il eut droit à des regards violents de la part du groupe de loubards mais il eut au moins le faible succès de faire taire l'audience. L'homme le plus près de lui s'avança lourdement et l'attrapa par le col sans prévenir et fit mine de le soulever...sans succès. Cyrus le regarda, fort surpris mais pas énervé pour autant.
- Dégage !
Lui souffla l'homme boursouflé en lui postillonnant au visage. Cyrus recula d'un pas, cherchant toujours à calmer la situation...puis regarda la jeune femme du coin de l'oeil. Ces yeux bleus, ces cheveux blonds, ce visage fin, cette attitude un peu garçonne mais ne cachant rien de sa féminité. Un souvenir lui revint, d'une époque où il avait tout juste commencé à voyager autour de Mael. Une saison de tempêtes et l'arrivée d'un navire pas comme les autres près du petit port de Mael. Il écarquilla les yeux, car plusieurs années après, il réalisa qu'elle n'avait pas vraiment changé, elle avait simplement grandi. Lui était devenu un homme et elle une très belle femme, mais il n'avait plus aucun doute, c'était bien elle. Oubliant totalement qu'un homme le tenait par le col, il se concentra uniquement sur la jeune femme et articula sur un ton entre la question et la surprise.
- Aïrès ?
Mais pas cette fois. Il revenait à Ikusa dans le but de trouver un navire le conduisant dans sa patrie. Il débarqua sans presque aucun sou, ayant fort besoin d'une bain et un sac en toile épais sur le dos chargé de bricoles sans réelles valeurs marchandes mais qui feraient le bonheur des petites églises de Mael et de ses alentours. Comme à son habitude lors de son passage dans la ville, il détourna le regard sur les marchés d'esclaves qu'il détestait par dessus tout et prit bien garde d'éviter les ennuis. Cette fameuse bagarre avec un garde de la ville autrefois était toujours dans sa mémoire. Le Reike pouvait être chaleureux selon lui et son peuple, très accueillant, mais l'histoire de cette patrie était lourde et difficile. La longue dynastie des Draknys n'avait pas toujours été tendre, la guerre civile était encore très fraîche dans la plupart des mémoires et le nouveau roi n'était pas non plus un modèle de gentillesse. Il régnait une forme de violence dans cette contrée qui ne seyait guère aux personnes pacifistes. Cette histoire pesait lourd sur les épaules de cette patrie et lorsque l'on était étranger et aussi observateur que Cyrus, on ne pouvait s'empêcher de le remarquer.
- Il me faut un navire !
Se dit-il soudainement et à haute voix tandis qu'il flânait dans un petit quartier où l'on vendait toutes sortes d'armes et d'armures et qui était gorgé de soldats et autres mercenaires. Les autres autour de lui le regardèrent comme un fou, mais il n'en avait cure et d'un pas décidé parti à l'est de la ville, vers la rive, son petit port et ses rafiots. Il posa la question un peu partout, croisant ça et là des capitaines et autres matelots mais étrangement il semblait être arrivé au mauvais moment. Il n'y avait pas de navires sur le départ avant plusieurs jours, et les autres avaient déjà pris la mer. A quelques jours près, d'avance ou de retard sur son arrivée, et il aurait déjà mit le pied sur le pont d'un gallion, mais cette fois ci, la chance était contre lui. Un peu fatigué, il décida en fin de matinée d'aller dépenser une petite pièce de cuivre dans une taverne proche de la mer, gardant ce qui lui restait d'argent pour payer sa traversée.
Il prit la première venue, sans vraiment chercher à sélectionner l'endroit ou prendre son repas, tant qu'on lui servait un plat de poisson frais et une bière de moyenne qualité il serait content. Pourtant lorsqu'il franchit le pas de la porte, il pensa quelques instants qu'il allait aussitôt repartir. A peine entrée, il entendit une voix de femme crier fort, très fort, et aussitôt la réponse d'un homme, le genre bourru, qui beuglait encore plus fort...le tout sous l'hilarité des quelques lourdauds rassemblés dans le coin. Pas vraiment un endroit accueillant et Cyrus s'apprêtait à faire demi tour lorsqu'il entendit l'homme qui gueulait traiter son interlocutrice de morue...ce qui, peu importe sa patrie, restait une insulte. Alors, par curiosité, et certainement mené par son envie perpétuelle de faire le bien à sa façon, il s'avança dans la petite taverne un peu malpropre pour mieux voir ce qu'il s'y passait.
Là, une jeune femme, de taille moyenne et les joues rosées par l'alcool sans le moindre doute, se tenait fermement à une table, les deux mains campées sur elle, fusillant du regard un gros balourd devant elle. Elle était svelte mais avait une carrure souple et énergique, elle ne devait pas manquer d'exercice. Quelque chose intrigua aussitôt Cyrus...comme un vieux souvenir...mais il n'arriva pas tout de suite à mettre le doigt dessus. Il avait une très bonne mémoire, mais la multiplicité de ses rencontres au fur et à mesure de ses voyages rendait parfois la reconnaissance de quelqu'un assez ardue. L'homme lui se tenait devant elle, les mains sur ses hanches, balançant plaisanterie sur plaisanterie à la jeune femme, faisant marrer au passage le petit groupe d'hommes derrière lui. Ils n'avaient pas l'air fin ces hommes là, et Cyrus craint aussitôt qu'ils ne s'en prennent à elle. Il ne savait rien de la situation, et d'autres aurait certainement reculé après avoir satisfait leur curiosité...mais pas lui.
C'est pourquoi il s'avança, levant les mains devant lui, vers le groupe d'hommes. Avaient-ils entamer la dispute ou bien était-ce la jeune femme. Peu lui importait au fond. Il n'était pas du genre chevalier servant, et n'était pas plus galant qu'un autre homme, mais il n'était pas question de laisser une femme seule face à autant de potentielles menaces. A dire vrai, même si la situation avait opposé un seul homme face à un groupe de femmes, il aurait prit le parti de l'homme. Cyrus n'aimait tout simplement pas l'injustice, ou encore les combats déséquilibrés. Car à entendre les insultes qui fusaient, il se doutait que la situation allait rapidement dégénérer.
- Messieurs, que se passe-t-il ?
En guise de réponse, il eut droit à des regards violents de la part du groupe de loubards mais il eut au moins le faible succès de faire taire l'audience. L'homme le plus près de lui s'avança lourdement et l'attrapa par le col sans prévenir et fit mine de le soulever...sans succès. Cyrus le regarda, fort surpris mais pas énervé pour autant.
- Dégage !
Lui souffla l'homme boursouflé en lui postillonnant au visage. Cyrus recula d'un pas, cherchant toujours à calmer la situation...puis regarda la jeune femme du coin de l'oeil. Ces yeux bleus, ces cheveux blonds, ce visage fin, cette attitude un peu garçonne mais ne cachant rien de sa féminité. Un souvenir lui revint, d'une époque où il avait tout juste commencé à voyager autour de Mael. Une saison de tempêtes et l'arrivée d'un navire pas comme les autres près du petit port de Mael. Il écarquilla les yeux, car plusieurs années après, il réalisa qu'elle n'avait pas vraiment changé, elle avait simplement grandi. Lui était devenu un homme et elle une très belle femme, mais il n'avait plus aucun doute, c'était bien elle. Oubliant totalement qu'un homme le tenait par le col, il se concentra uniquement sur la jeune femme et articula sur un ton entre la question et la surprise.
- Aïrès ?