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Anonymous
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- Ah ouais ? Ah ouais tu veux voyager ? Baptême du feu, mon bonhomme, j’ai besoin de rouleaux de cachemire assez rare et il se trouve que les stocks les moins chers sont à Liberty, de l’autre côté du Reike. Ça te dit d’y aller ?

Il n’en fallait pas plus pour motiver le turbulant troubadour. Voilà des années qu’il voulait prendre la route pour explorer des confins que peu d’Etourneaux avaient pu voir jusqu’ici. Les autres nations dont on entendait toutes les histoires, mais qu’il n’avait encore jamais aperçu. Et là, il pourrait en traverser deux pour le prix d’une ! Quelle aubaine. Mais bien évidemment, celui qui lui avait fait cette commande -le vieux Basil pour ne pas le nommer- ne comptait pas laisser son protégé et sa précieuse cargaison voyager seul. Il lui paya le trajet sur un navire marchand, le Roc à Madour, un fameux trois-mâts aux voiles pourpres. Il partait de la région du Doreï, s’en irait longer les côtes de Reike, remonter la péninsule de la Réserve pour accoster dans la baie à l’Est de Liberty, l’une des plus grandes villes de la République et là où se trouvaient ces précieux rouleaux de cachemire.

Même si l’Ancien avait eu assez de bonté, et d’or, pour lui payer le trajet et pour acquérir la marchandise, il incombait à Marcabru de gagner sa pitance à bord du navire. Navire qui, d’ailleurs, était le premier sur lequel voyageait le jeune homme, ce qui ne manqua pas de lui causer un léger mal de mer de quelques jours. L’avantage c’est qu’en étant malade on mange moins, c’était déjà ça d’économisé. Mais à la fin de sa petite convalescence, il restait au musicien pas moins de neuf jours de voyage à financer. Qu’à cela ne tienne, il allait jouer. Au terme d’une partie de cartes mémorable, Marcabru réussi à prendre la place du traditionnel joueur de flûte qui accompagnait l’équipage durant chaque escapade et qui les fatiguait un brin. Surtout qu’en plus d’apporter un peu de fraîcheur, le fait de ne pas avoir besoin de sa bouche pour jouer d’un instrument permettait au troubadour de raconter des histoires à ces pauvres marins harassés par les embruns bouillants au large du Reike.

Les journées s’écoulèrent donc au rythme bienveillant de Marcabru et de son luth. Les marins apprécièrent tant et tant sa musique qu’ils lui offrirent souvent de quoi boire, le soir, pendant les repas. Il ne brillait pas au bras de fer comme la plupart de ces fiers gaillards, mais rivalisait de chance lorsqu’ils faisaient ensemble quelques parties de dés ou de cartes. Une chance si insolente, d’ailleurs, qu’un soir un compère qui avait un peu bu osa le traiter de tricheur. Bien évidemment le poète afficha le visage le plus choqué du monde. Lui, tricher ? Mais la suspicion commençait à faire son œuvre dans le pont inférieur de ce bateau. Il lui fallait prouver son innocence, mais comment ? Eh bien en ne faisant rien de moins que de se déshabiller devant l’équipage hilare. Bottes, braies, chemise, veste, chapeau, tout y passa ! Ce ne fut qu’au moment d’enlever son dernier sous-vêtement que l’accusateur, calmé parl es bouffonneries du jeune homme, l’arrêta et affirma croire à son innocence.

Une semaine passa ainsi, dans les rires et le labeur, et une seconde était déjà bien entamée lorsque le Roc à Madour arriva en vue du port de Galleon. Ils entraient sur le territoire de la République. A leur arrivée sur la terre ferme, le troubadour dû bien se résoudre à quitter ceux qui, il avait peut-être du mal à l’admettre, étaient devenus de fiers compagnons, peut-être même des amis. Ce voyage, il ne l’oublierait probablement jamais. Et pour s’en assurer, Marcabru composa une balade en l’honneur de ce brave équipage, pour les remercier et leur assurer une prospérité mérité dans le cœur de ses futurs spectateurs.Il la chanterait dès son arrivée à Liberty, il leur promit.

A quai, il fallait maintenant que Marcabru repère une petite caravane marchande avec qui faire le trajet jusqu’à la ville. Tout seul sur les routes il ne ferait pas long feu, même celle de la République. Rapidement, un couple de caravaniers accepta que lui, son vieux cheval et sa cariole, les accompagne. Cette partie du périple fut plus calme, presque muette, tant le musicien ressortait épuisé de ce voyage maritime. Il se fit tout de même violence pour divertir les marchands lors de la seule soirée qu’il passa en leur compagnie. En effet la caravane ne mit que quelques dizaines d’heures à arriver en haut d’une colline d’où l’on pouvait apercevoir les murs robustes et accueillants de la capitale républicaine.

Face à cette vision, n’ayons pas peur des mots, Marc en fut estomaqué. Il sentit très littéralement un haut-le-cœur le prendre, tant la pression de deux semaines de voyage ayant éprouvé aussi bien son esprit que son corps venaient de le quitter brutalement. Il pria longuement les titans en particulier Kaiyo, Seigneur des Océans, et Lothab, pendant que les autres marchands se reposaient en le regardant avec curiosité. Il était bien loin de chez lui, en vérité, et on peut comprendre qu’ils n’aient pas vu énormément de divinistes dans leur vie jusqu’ici. Le troubadour devait leur paraître soudain bien différent.

Leur ultime pause terminée, la compagnie descendit la colline clairsemée jusqu’à arriver sur la vaste route pavée qui menait jusqu’à la porte principale. Même ici, dans cette contrée lointaine, le destin des marchands et vagabonds de passage ne change pas vraiment. Ils n’entrent qu’après avoir été minutieusement questionnés et fouillés. Une procédure dont Marc était relativement habitué, même si la fatigue le rendait bien plus impatient d’entrer que d’ordinaire.

C’est alors qu’arriva son tour. Le reste des marchands qu’il avait suivi depuis son débarquement étaient déjà entrés à Liberty. Il trouverait bien un moyen de les rejoindre jusqu’à un campement, un caravansérail ou tout autre lieu réservé à l’accueil des convois de marchands. Mais voilà, lui qui pensait expédier son tour de fouille relativement rapidement, il se trouvait que le destin en avait décidé autrement…
Anonymous
Invité
Invité
J’ai déjà rencontré beaucoup d’aventuriers dans ma vie, et beaucoup d’entre eux, quand ils me demandent pas si j’ai déjà pris une flèche dans le genou, allez savoir pourquoi, se questionnent si je n’avais songé à quitter ma vie de garde. En soi, c’était une question légitime, mais bien vite répondue. Alors bien sûr j’étais né avec quasiment un pied dedans, ma mère-louve occupant quand même un poste haut placé dans la Garde Républicaine, mais surtout… non. Non je n’ai jamais songé à une autre carrière. Bien mal renseigné est celui qui croit que la vie d’un garde n’est pas palpitante. En vérité, c’est en partie grâce, ou à cause, dépend du point de vue, desdits aventuriers que notre quotidien est si rempli. Et quand on ne passe pas notre temps à réparer leurs bêtises, c’est les gens du peuple qui nous fournissent notre lot d’aventures. Même les plus insignifiantes situations du quotidien peuvent devenir une grande aventure. La preuve en est qu’aujourd’hui, je suis en poste aux portes de la ville et déjà je sens les rencontres plus qu’intéressante. C’est toujours quand on s’y attend le moins que le plus improbable arrive après tout.

-MAIS VOUS ÊTES PAS SÉRIEUX ?!

Ouille. La voix surpuissante du Capitaine me vrille le tympan. Je sais pas ce que les gars du Centre d'Intégration Officiel des Immigrants ont foutus, mais ils viennent de déclencher une véritable furie. Le Capitaine, il est sympa, mais quand on le chauffe… oulala.

-Maëvis ! Enora ! Vous continuez d’enregistrer les arrivants ! Je vais mettre de l’ordre dans ce 49-3 et j’vais vous en secouer moi des cocotiers !!

Alors, j’ai pas très bien compris cette histoire de cocotiers, mais le 49-3, je sais que c’est du sérieux. La porte va rester fermée pendant un bon moment… Je soupire. Déjà que d’ordinaire, la Porte Principale, c’est pas ce qu’on appelle un exemple de fluidité…
Bon. J’ai mes ordres, autant essayer de calmer le jeu et les gens. Manquerait plus qu’une petite émeute en surplus.

-Eno’, tu prends les dix suivants ? Comme ça on couvrira plus facilement.

Elle acquiesce et chacun armé de son parchemin, plume et encrier, nous nous dirigeons vers les voyageurs. Quitte à attendre, autant avancer la paperasse et papoter. Montrer un peu d’humanité est, par expérience, la meilleure façon de calmer les ardeurs.

-Bonjour et presque bienvenue à Liberty étranger !

Je m'annonce avec un sourire non feint au premier de la queue. Du premier coup d'œil, je remarque ses yeux creusés et son air un peu hagard. Un petit reniflement et je sens l’odeur des embruns et des chemins. Il ne vient pas de la porte d’à côté, ça c’est sûr. Je lui proposerai bien un petit quelque chose à grignoter mais… j’ai déjà tout mangé…

-Au nom de la Garde, je tiens à m’excuser pour la gêne occasionnée. Il y a eu un petit couac administratif et la Porte va devoir rester fermée un ptit moment. En attendant, afin d’aller plus vite, je vais prendre vos renseignements. Aloooors…

J’avise une petite caisse non loin et je m’y installe nonchalamment avant de mouiller ma plume.

-Nom complet, âge -approximativement si vous connaissez pas votre date exacte-, profession, nature de votre venue et durée du séjour. Si vous venez pour immigrer, il me faut aussi votre nation d’origine, le cas échéant.

Et comme tout est trop procédural pour moi, je me présente également. C’est quand même plus agréable.

-Je suis Maëvis, enchanté.
Anonymous
Invité
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On aurait pu penser que la vie d’un troubadour, à l’inverse de celle d’un garde, serait remplie de péripéties magnifiques, à se raconter devant une bonne flambée à vous faire roussir le poil des bras. Et pourtant, à ce moment précis d’affluence maximale aux portes de Liberty, pour Marc celle-ci n’a jamais semblée plus loin et plus difficile d’accès du fait de l’armoire à glace qui se fichait devant lui. Il se souvenait alors de mots échangés avec une voyageuse un peu plus tôt. Elle avait aperçu ce garde, qu’elle semblait bien connaître, et s’était penché vers l’oreille de Marcabru.

- Regarde cet oiseau, là. Il a l’air balèze, hein ? Une de mes connaissances à Liberty dit que c’est une machine. Ce type-là tu le largues dans le Grand Nord, sur le glacier avec un chemise de nuit pour tout vêtement et un cure-dent, et le lendemain tu le vois débarquer les poches remplies d’or. Je te conseille de pas faire le malin.

On aurait dit que cette veuve toute fripée avait décelé sur le visage du musicien, probablement dans l’un de ses incontrôlables sourires à quatre-cents dents, qu’il préparait un mauvais coup. Eh oui parce qu’un tel barrage c’était l’assurance, d’abord, d’être fouillé, ensuite d’être questionné sur son identité et tout ceci n’était pas du goût de notre héros qui préférerait pouvoir arpenter les chemins en toute anonymité. Malheureusement, cela n’arrivera pas.

C’est donc la mine un brin renfrognée, et fatiguée, que Marc arriva finalement devant ce monsieur dont on lui avait rebattu les oreilles. En effet, il n’avait pas l’air très commode, encore pire que l’empereur, et notre pauvre troubadour n’avait pas le moindre joker pour se soustraire à cet interrogatoire.

L’officier déroula donc tout ce qu’il pouvait demander. Il n’avait pas l’air de trop mal juger le jeune homme. Tant mieux, dira-t-on. Il se présenta même avec son prénom ! Maëvis, donc. C’était assez particulier, en tout cas peu courant à Shoumei, mais peut-être qu’ici c’était l’équivalent de Piair, Pol ou Jak. Le troubadour hésita à le remercier par un sourire, mais autant ne pas tout de suite froisser ce soldat. Et les réponses commencèrent.

- Alors alors. Nom ! Marcabru, de Lunel !

Ça commence bien, il ne peut pas s’empêcher de le faire façon pièce de théâtre, perché sur le siège de sa cariole.

- Âge ! Je dirais entre 20 et 45 ans pour ne pas me tromper.

Ah là il commence à entendre les gens autour, la moitié râle, la seconde, râle bien franchement, et la troisième le fait en souriant tout de même.

- Profession : Voleur !

Alors là, certains dans la queue se mettent à rire. Bien content de ce résultat, et soucieux de jouer avec son public, le bouffon se retourne pour leur répondre.

- Eh bah quoi ? Voler c’est pas une sinécure ! C’est un métier, faut l’apprendre !

Il refait face à son interlocuteur, qui, on l’espère, n’est pas déjà en train de lui mitonner un bon coup de pied au derrière.

- Raison de ma venue et durée du séjour… Je viens pour travailler, mais je resterai pas longtemps, vous inquiétez pas ! Auriez-vous l’amabilité de me dire où se trouve le joaillier le plus proche s’il vous plaît ?

Il faisait le spectacle de toute l’assistance, et l’agacement de beaucoup, mais c’était fait exprès. Pour éviter trop d’ambiguïté qui lui vaudrait un séjour au trou, Marcabru faisait bien attention de tout dire avec cette intonation insupportable de comédien. Vous savez, celle qui les fait crier et articuler chaque mot comme s’ils s’adressaient à une foule d’octogénaires. Mais allez savoir si monsieur le garde avait été conquis par la prestation. Impossible d’en être certain, mais quand on veut être sûr de son coup, on plante des navets, on ne provoque pas les autorités.
Anonymous
Invité
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Le jeune homme commence à bafouiller ses réponses et je les couche sur mon parchemin, avec ma langue coincée entre mes dents, les sourcils froncés de concentration. Je n’aime pas particulièrement ça mais je suis bien obligé, et j'écris donc “Marcabru de Lunel”. Je ne connais pas ce lieu, mais il y a lune dedans, aussi je me dis que ça doit pas être mal comme patelin. Entre 20 et 45 ans… il a pas plus grand comme fourchette ? Bon alors je vais mettre 30, ouais c’est bien ça… Profession… voleur. Je suspends ma tâche, en faisant une grosse sur mon parchemin par la même occasion, et lui jette un regard torve. T’es sérieux mec ? Hum… Profession : barde. Il n’y a que ces coucous là pour vouloir amuser la galerie lors d’un contrôle d’identité.

Très bien, autant rentrer dans son jeu. Il commence à bien divertir les autres personnes, alors pourquoi pas ne pas continuer. La Porte ne va pas s’ouvrir avant une éternité, autant mettre à profit mes compétences sociales.

-Oh mais bien sûr que je connais le joaillier le plus proche, Monsieur de Lunel. Il se trouve qu’il se trouve dans le quartier des Chênes (ou des chaînes ? je lui laisse le bénéfice du doute). Ce devrait être simple pour vous de trouver, après tout, vous y aller pour en porter non ?

Visiblement, la joute verbale distrait les badauds et c’est tant mieux. A trop être à cheval sur les règles et les procédures et on se retrouve un matin avec plus de poils blancs qu’un loup arctique.

-Par contre, avant de pouvoir vous laisser entrer, je vais devoir contrôler votre habilité. Je ne voudrais pas laisser un voleur peu dégourdi perturber les rues. J’espère que vous maîtrisez mieux ce luth et vos dix doigts que votre crédibilité. Je pense même laisser juge tout le monde ici présent de votre prestation. Et vu que vous avez la langue bien pendue, pourquoi pas nous chanter une petite chansonnette de votre cru également, mmmh ? Sujet libre.

Je me suis à présent levé et j’affiche un sourire narquois. Il a de la chance d’être tombé sur moi, et pas sur Léandre ou encore le Capitaine. Il faut dire que dans le clan, on apprend à vite lâcher du leste et de ne pas prendre les choses trop à cœur, pour le bien de notre psyché.
Anonymous
Invité
Invité
Notre bon Marcabru sentit ses épaules se relâcher face à cette foule qui semblait accepter sa présence et ses pitreries en cette belle journée d’été. Mais elles se raidirent aussitôt lorsque son regard rencontra celui du garde avec qui il avait gentiment joué. Pourquoi le barde ressenti donc cet étrange frisson ? Eh bien en bas de sa cariole, dans la prunelle minuscule qu’il percevait sur ce visage, Marc s’attendait à trouver bien des choses. De la rage, de la colère, de l’indignation, de l’agacement, même une simple et froide indifférence. Il n’y avait rien de tout ça, vous le croyez-vous ? Il y avait bien pire : de l’amusement. Mais pas celui que les gens comme Marcabru recherchent dans un public, l’amusement paralysé d’une foule immobile, non. C’était la promesse insupportable, que l’on croise parfois dans ce métier, que cet homme voulait renchérir, participer, le forcer à danser. Quelle horreur. Mais Marc ne se départit pas de son large sourire, il devait mentir pour le bien de son image d’espiègle saltimbanque. Il était là pour se moquer du monde, absorber sa frustration pour la jeter dans les nuages. Ce n’était pas une armoire à glace, marionnette du pouvoir, ayant l’outrecuidance de ne pas être vexé qui l’en empêcherait.

Mais alors que voulait ce sale type à un honnête prétendu voleur ? Faire des calembours ! Vous rendez-vous compte ! Le gars porte une hallebarde toute la sainte journée, y’a le soleil qui lui éclate la caboche, il ne parle à personne, il ressemble à un Golgoth et il fait des calembours ! C’est quoi ce pays où tout le monde s’improvise troubadour ? Marc ne doit pas avoir beaucoup de confrères entre ces murs si c’est la norme. Passons. Le garde fait un petit jeu de mots avant de menacer, peut-être, un innocent musicien qui, certes, se dit voleur, mais ne vaut mieux-t-il pas courir après les malfrats qui se cachent plutôt que ceux qui s’assument ? Les seconds sont tout de même bien plus simples à surveiller !

Néanmoins, il semblerait que tout cela ne soit que vantardise. Quelque part, ouf, d’autre part c’est quand même sacrément jouer avec le cœur des gens ! Et si notre bon Marc eut été sensible ? Au palpitant fragile ? Ce monsieur se serait retrouvé avec un cadavre sur les bras ! Pour un calembour ! Et Ça aurait été entièrement de sa faute. Mais après l’intimidation vint la provocation. Marcabru de Lunel ne saurait se servir de son luth ? Qu’est-ce que c’est que cette honte ? Sans toujours rien en montrer, cela commençait vraiment à le chauffer, le barde. Il pouvait pas faire comme tout le monde ? Soupirer face à la bêtise des autres et laisser couler ? Non, il fallait qu’il en rajoute, qu’il oblige le troubadour à faire une représentation gratuite tout en empêchant les gens d’entrer ce qui, avouons-le, devait en agacer plus d’un.

- Très bien, monsieur, très bien… Répondit-il sans grand entrain.

Mais il fallait se ressaisir. C’étaient les premiers pas sur une terre nouvelle, qui ne connaissait pas les Etourneaux et leurs œuvres qui entreront au Panthéon de la musique à leur mort. Il n’y avait rien d’autre à faire, sinon à divertir ce public du mieux possible et espérer que cela suffise à mettre fin à cette mésaventure imprévue. Marc dégaina son luth, toujours perché sur sa cariole, s’ébroua comme pour tenter de jeter dehors l’appréhension qui s’accrochait férocement à lui, et se tourna vers le monde.

- Je vais vous interpréter une chanson que j’ai composé en l’hommage d’un modeste bourgeois du Reike que je n’ai jamais vu, mais dont la réputation a traversé plaines et montagnes jusqu’à arriver dans ma petite tête ! Elle y a muri, s’est transformée en musique, et j’espère que l’histoire de l’Indigne Linis vous plaira !

Dans l’assistance, un remous se fit sentir. On n’entendait pas de commentaires surpris, pas plus que de chuchotements curieux ou de murmures songeurs. On n’entendait véritablement rien, mais on sentait au fond de soi que les cerveaux des gens s’étaient brusquement allumés. Linis l’indigne, eux aussi avaient entendu ce nom et sa réputation. Cela promettait. Les cordes du luth commencèrent à jouer quelques notes, puis une mélodie burlesque, grotesque, à l’image du portrait qu’on s’apprêtait à tirer de ce riche homme d’affaire.

Mes respects aux bons gars qui creusent nuits et jours
Pour remplir les poches de ce sacré vautour !
Gonflé, comme ses pieds, il ne marche même plus
Une bonne femme l’engraisse, toujours à moitié nue !
Vive l’Indigne ! Economise tes sous !
Pour racheter ton honneur, il t’en faudra beaucoup !
Buvez, mes amis, à votre bonne santé,
Et pensez à c’chacal qu’on doit aider à chier !
On raconte que beaucoup rêvent d’être Linis,
Nous ce qu’on veut, surtout, c’est qu’il chope la jaunisse !

Sur l'air de l'Âge de l'Opression dans Skyrim

A la quatrième phrase c’était déjà l’hilarité générale, alors je ne vous raconte pas l’état dans lequel ils étaient tous à la fin. Les chansons pour se moquer d’un nobliau ou d’un bourgeois aux larges poches ça marche toujours avec le peuple, Marc y compris ! C’est pour ça qu’il en composait autant, ça le fait mourir de rire. En espérant que ce bon soldat ait apprécié ce divertissement exigé sous la menace ! Marcabru lui fit même une petite révérence pour lui cirer un peu les bottes, histoire que cela ne suffise pas à l’avoir dans ses bonnes grâces.
Anonymous
Invité
Invité

ft. Marrcabru et Maëvis

Une mauvaise chanson pour commencer une mauvaise journée

La patience est une vertue si grande qu'elle ne passe pas les portes




La douce lumière aurorale du soleil perçait doucement les épais rideaux de soie de ses rayons orangés. D'une manière maladroite, timide et particulièrement subtile, le jour venait doucement envahir cette immense pièce de pierres sombres, révélant son architecture, mais aussi son raffinement au fur et à mesure que les ténèbres perdaient leur combat journalier face à l'astre du jour. Pourtant, c'est dans une pénombre encore relative et entrecoupé de traits lumineux, seuls survivants d'une lumière bloquée par d'épais rideaux de soie obstruant encore les nombreuses fenêtres, que se laissait deviner la magnifique pièce de pierres. Semi-circulaire, celle-ci voyait un nombre important de fenêtres en ogives gothiques posé sur son demi-cercle de pierre. Sur chaque fenêtre se posait délicatement un rideau de soie d'un ton pourpré qui laisserait voir son rouge éclatant une fois tiré de chaque côté de l'ouverture. Un mur droit clôturait la pièce, faisant face à ce demi-cercle de fenêtres le regardant comme une multitude de juges. Ce mur de pierres similaires au reste du bâtiment était haut de plafond, mais aussi recouvert d'une grande tenture aux tons carmins particulièrement dominante et tissée avec soins. Sous celle-ci se trouvait, posé sur un tapis, un grand lit dont le cadre sculpté et épais affichait fièrement son merisier. Ce lit, indiquait de par sa présence que ce paisible lieu était une chambre à coucher, mais la qualité luxueuse de celui-ci indiquait également que cette chambre à coucher était celle d'une personne fortunée aimant son confort.

De part ailleurs, c’était justement au creux de ce même lit que, encore blottit dans ses draps de soies, Linis laissait doucement la torpeur de son esprit s'estomper tandis que ses yeux s'habituaient doucement à la douce pénombre entrecoupée de rayons de soleil baignant doucement dans cette pièce au silence particulièrement paisible. L'Indigne individu laissait doucement ses yeux vagabonder dans la pièce, observant les formes chimériques que son imagination décernait en lieux et place de sa commode, de son buffet ou de la desserte de lit. Ce fut lorsque ses yeux se tournèrent sur le côté de son lit que notre homme vit là une forme, certes naturelle, mais pour le moins imprévue. Cachée sous les draps de soies une silhouette humaine, féminine de surcroit, semblait avoir envahi les lieux. Quelque peu surpris par cette présence dans son lit dont notre homme ne se souvenait pas, malgré une veille sobre et un couché parfaitement mémorable et particulièrement ennuyeux, Linis se risqua à soulever délicatement les draps pour voir la tête de cette mystérieuse dormeuse inconnue. Les mèches rouquines couvrant à peine le visage doux à la peau blanche de la jeune et, ma foi, mignonne intruse furent à elles seules un signe révélateur de l'identité de la Sentinelle dont la respiration oscillait d'une manière particulièrement mignonne entre le sifflement doux et le léger ronflement. Notre homme de déshonneur apparant fut tout de même quelque peu surpris de voir sa sentinelle allongée ainsi dans son propre lit et Linis commençait sérieusement à se demander s'il n'avait pas oublié un acte pour le moins immoral commit aux faveurs de la nuit à moins que cette jolie sentinelle n'ait décidé de donner un tout autre sens aux termes de "garde rapprochée". Cela dit, il serait légitime de se demander ce qui est le pire entre abuser de l'intimité de sa propre garde ou en oublier totalement cette action dès le lendemain matin. Quoiqu'il en soit, Linis laissa échappé d'une manière sonore et surprise le nom de la personne surprise dans son lit.

Linis : Bégonia ???
Bégonia : ... hmmm ...

Les yeux à peine ouverts et dans un état de demi sommeil, tenant plus de la somnolence avancée que du réveil amorcé, notre jeune sentinelle lupine avait enlacé la taille de l'Indigne propriétaire de ses bras et avait posé presque amoureusement sa tête sur le cœur paniqué du maitre des lieux donc la douceur de la soie du pyjama devait faire office d'oreiller confortable. Ses yeux se fermant doucement, paisiblement et l'air sur son visage affichant le bonheur d'une femme satisfaite de son acte, voici que la sentinelle se remettait à doucement à se rendormir. Le doux soufflement précédent avait laissé place à un ronflement plus prononcé, même si l'auteure de celui-ci restait affublé d'un air suffisamment mignon en le faisant pour en pardonner son sommeil profond et sa capacité à s'endormir à une telle vitesse. Coincé, une louve jouant à l'humaine à moitié allongée sur lui, Linis se demandait dans quel guêpier il s'était encore fourré. Les cheveux roux lui atterrissant sur le visage, chatouillant son nez et l'empêchant de respirer correctement n'était rien comparé au coude et à l'épaule de la jeune femme bloquant de concert la circulation sanguine de son bras gauche. Cependant, Linis sentait quelque chose, ou plutôt l'absence de quelque chose, sous les draps et ce fut en tirant légèrement de son bras engourdit le drap dans le dos de la jeune femme que notre homme eu une confirmation visuelle plongeante de ce qu'il se doutait.

Linis : ... et evidement, elle est nue.

Non, point d'effervescence dans l'esprit ou la voix de l'Indigne malchanceux, mais bien un ton désespéré saupoudré d'un soupçon de désespoir par-dessus son tas de désespoirs en pensant désespérément au personnel de chambre qui allait arriver d’ici à quelques minutes pour tirer les rideaux et porter le petit déjeuner fruité de l'Indigne et y voir la présence surprise dans son lit et leur regard ne sera certainement pas désespéré. Si ceux-cis le voyait dans cette position, la rumeur serait lancée en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "couple". Non pas que Linis soit à une rumeur près cela-dit, mais celle-ci serait plus risible qu'horrible. Malheureusement, ce fut dans une pénombre autrefois douce et apaisante, mais qui prenait désormais des allures de cauchemars oppressant que notre pauvre homme, décidément  trop gentil pour réveiller sa pauvre garde endormie, attendait silencieusement et misérablement l'inéluctable tandis que l'engourdissement de son bras se faisait suffisamment présent pour l'empêcher de s'endormis également. Ce fut donc dans un temps infini, un déluge interminables de minutes donc le silence était rythmé par la respiration sonore de la garde que finalement le trait de lumière sous la porte se fit plus présent et que deux personnes entrèrent en ouvrant celle-ci doucement, baignant la chambre dans une douce lumière légèrement plus prononcée et portant avec eux un plateau de fruits et de viennoiseries avec un café chaud dont l'odeur douce et agréable indiquait qu'il était fraichement moulu. S'approchant du maitre des lieux qui leur lançait un regard implorant toute l'aide du monde, la jeune femme préposée à lui apporté son petit déjeuné lui lança une simple réplique avec un ton de voix agréablement surpris.

Linis : Sortez-moi de là !
Femme de chambre : Ah ! Monsieur ne nous à pas prévenu qu'il faudrait deux petits déjeuners, ce matin.

Se penchant pour voir la frimousse rouquine posée sur le torse de l'Indigne, la femme de chambre eut un sourire pour le moins amusé, limite heureux, en reconnaissant la jeune femme endormie et ronflant encore doucement en sentant par moment l'odeur de l'homme lui servant de coussins. Se redressant, la femme de chambre fit signe à sa collègue de laisser les rideaux tirés et lança d'une voix sonore qui n'arrivait en rien à entamer le sommeil de plomb de la jeune rousse.

Femme de chambre : AH ! Bah, ce sera un petit déjeuné carnivore alors ! On vous amène ça de suite monsieur.

Linis, la mort dans l'âme, ne put qu'assister de manière impuissante à la fuite de son petit personnel qui avait même reprit son petit déjeuner fruitier et dont la discussion d'un air bon enfant allait lancer une rumeur dont il sera impossible de se détacher à l'avenir. La plaie du petit personnel trop bavard et des rumeurs de couloirs allait battre son plein dans ce donjon aujourd'hui et ça, de bon matin.

Femme de chambre : Monsieur n'est pas seul ce matin.
Torchère : Ah et qui c'est ?
Femme de chambre : Une des sentinelles du rempart ouest, je crois. La jeune rouquine.
Torchère : Ah, ce sera un petit déjeuner carnivore, alors.
Femme de chambre : Exactement !

Pour courir, la rumeur allait courir à une vitesse plus folle qu'un élémentaire d'air lancé à pleine vitesse et ce fut avec une mort dans l'âme plus qu'apparente que notre Indigne personnage attendait désespérément que la jeune louve ne finisse sa nuit ou qu'un bien pensant zélé vienne le sortir de ce mauvais pas. Ce chevalier servant et sa suite, ce sauveur en armure blanche accompagné des deux précédentes femmes de chambre, se manifesta en la présence de la Drider, femme araignée répondant au nom de Silésie qui, toute guillerette, arrivait dans la chambre en tenant dans sa main chitineuse un panier dont un doux fumet appétissant de viande cuite à la flamme accompagnée d'œufs aux plats cuits aux herbes. Toisant l'Indigne puis sa louve endormie à la toison rousse d'un air particulièrement amusée, l'Arachnide lança d'un air moqueur envers son Indigne alter-égo avant de faire le tour du lit pour être du côté de la jeune louve aux bois dormants tandis que les rideaux étaient à semi-tiré, pour ajouter de la lumière dans la pièce sans pour autant l'éclairer complètement.

Silésie : Ah ! Ah ! Je ne raterais ça pour rien au monde ! Il me tarde de voir le réveil de cette jeune "conquête". Ah mais c'est... Bah dit donc, On ne se refuse rien, mon cochon !

Approchant son visage arachnéen de celui de la louve et lui passant doucement sa main chitineuse dans les cheveux, l'arachnide attendait doucement et, il faut bien le reconnaitre, machiavéliquement le réveil de la garde qui émergeait doucement et ouvrait les yeux avec grande peine tandis que Linis fussillait l'araignée du regard. L'état léthargique de la louve fut instantanément effacé et ce fut une sentinelle alerte et s'étant blottie contre la douce tête de lit avec une certaine frayeur que nous pouvions voir à présent sitôt que ses yeux désormais ouverts avaient reconnu ce qu'ils voyaient en gros plan. Ce fut après un instant de panique que la sentinelle se détendit et souffla un peu après avoir reconnu qui était la personne que ses yeux voyaient en gros plan. De plus l'odorat développé de la louve commençait à capter le doux fumet s'échappant du panier qui lui était tendu par un doigt chitineux tenant une hanse en osier et son appétit commençait à se manifester si bien que celle-ci ne remarqua même pas le mouvement de Linis visant à récupérer son bras engourdi et s'assoir pour attaquer son propre plateau repas. Ce fut cependant par curiosité et que la louve demanda, avant de prendre le panier lui étant destiné.

Bégonia :  b'jour M'dame Silésie. Qu'est-ce que j'peux fair' pour vous ?
Silésie : Je t'amène le petit-déjeuné, Bégonia, et j'ai également une question à te posé.... Qu'est-ce que tu fais dans le lit de Linis ?

Un instant de silence, qu'un ange passe et que Bégonia réalise doucement qu'elle n'est ni dans sa chambre, ni dans son lit alors que ses yeux parcourent la bien trop vaste pièce dans laquelle elle se trouve actuellement. Finissant son parcours visuel en demi-cercle, la louve fini par regarder l'homme en pyjama de soies assis à sa droite, partageant le même lit qu'elle et visiblement trop concentré sur la découpe de sa pomme pour remarquer le regard surpris de la jeune Bégonia. Des pommettes rougissantes commençaient à se former sur le charmant visage à la peau de nacre tandis que la sentinelle réalisait la situation dans laquelle elle était fourrée. D'un bond énergique, la lycan sauta hors du lit pour se jeter dos au mur le plus proche, envoyant son petit déjeuné, spécial carnivore si toutefois vous en doutiez encore, valdinguer à travers la pièce. Baissant les yeux, la jeune demoiselle réalise soudainement ce que l'Indigne mangeur de pommes avait remarqué bien plus tôt concernant sa tenue et ce fut donc dans une parfaite nudité que la demoiselle accentuait encore plus sa réaction naturelle à une situation si gênante. Nous avions énoncé plus tôt des pommettes rougissantes sur une peau de nacre. Vous pouvez les oublier, car ce fut une femme au visage cramoisie au point qu'on ne puisse plus en discerner les taches de rousseurs sur son nez qui arrachait avec force le drap du lit ou elle était allongé un instant plus tôt, envoyant valdingué par la même occasion l'intégralité du petit déjeuné fruité de l'Indigne personnage n'ayant même pas eu le temps de gouter à un morceau de sa pomme et ne regardant absolument pas la scène. Tenant du bras gauche le bien trop grand drap de soie sur sa poitrine pour dissimuler sa nudité, la garde pointait l'Indigne individu de son index droit tout en vociférant sa première impression sur la situation.

Begonia : VOUUUS ! QU'EST'QUE V'M'AVEZ fAIT ? SAGOUIN !!! P'RQUOI CHUIS LA ?
Silésie : Bonne question. On se demande aussi pourquoi tu es là. C'était une pleine lune bien rouge hier. Tu ne te serais pas transformé en louve sans le vouloir des fois ?

Réfléchissant doucement aux mots de l'arachnide et réalisant avec horreur qu'elle était elle-même l'auteure des instants les plus gênants de sa vie, la lycanthrope se laissa choir doucement le long du mur de pierre et s'enterrait elle-même dans le drap de soie. Ce ne furent pas seulement ses courbes qui furent cachées par le drap de soie, mais également son visage qui arrivait à atteindre des nuances de rouges dont le commun des êtres vivants ignoraient jusqu'à l'existence. De ce petit tas de soie rougissant, une voix tremblante se fit entendre. Tremblante et visiblement navrée, mais Silésie semblait avoir envie de titiller la jeune garde jusqu'à lui faire avouer ce qu'elle ne voulait dire. S'approchant à chaque question l'araignée se retrouvait bientôt face au petit tas de soie dont dépassaient quelques mèches de cheveux rousses.

Bégonia : P'tain, chuis désolé m'sieur. En louve, j'me contrôle pas. J'agis à l'instinct.
Silésie : Et ton instinct t'as poussé à dormir ici plutôt que chasser dans les bois comme les autres lycans qui ne se contrôlent pas encore totalement ?
Begonia : Bah... j'aime la hauteur. Chuis pas sentinelle en haut d'un rempart pour rien.
Silésie : C'est vraiment tout ? Mes quartiers et le toit sont encore plus haut que la chambre de Linis, tu sais.
Bégonia : ... le lit est plus confortable. J’étais bien d'dans.
Silésie : De ce que j'ai vu quand je suis arrivée, ce n’est pas sur le lit que tu dormais. T'es sûre que c'est vraiment tout ?
Bégonia : ... C'est... son odeur... Il y a un truc avec son odeur. J'ai l'impression d'être en sécurité quand j'sens son odeur... P'tain, chuis désolé m'sieur... J'sais plus ou m'mettre.

Le rire sonore de l'araignée raisonnait contre les murs pourtant habillés de tentures, mais il accentuait également le sentiment de honte profonde de la pauvre garde qui ne pourra plus regarder son employeur sans rougir pendant un long moment. Petit inconvénient physique qui risque fortement d'accentuer la rumeur déjà en train de courir dans les couloirs du donjon comme élémentaire de feu au milieu d'un champ d'herbes sèches. Cependant, c’était là une situation à laquelle l'Indigne devait porter une fin et ce fut donc en se levant lentement et en esquivant la flaque de café chaud au sol que notre Indigne personnage alla frapper à la porte dans le but évident d'attirer le petit personnel. D'un air curieux, la femme de chambre arriva et attendit poliment que Linis émette sa requête, chose qui arriva rapidement et sur un ton pour le moins calme malgré la situation.

Linis : Aller chercher de quoi s'habiller à Bégonia et ramenez-moi un autre petit déjeuner
Femme de chambre : un second petit déjeuné ? La nuit de monsieur à dû être très agitée pour que monsieur ai autant besoin d'énergie.
Linis : ... Je-te-dé-te-ste.

La seconde phrase de l'Indigne avait été portée avec un ton pour le moins naturel, mais aussi les yeux plissés d'un homme pour le moins suspicieux sur le sous-entendu de la femme de chambre. Un petit déjeuné fruité préparé avec soin et un café fraichement torréfié plus tard et voici que notre petit personnel arrive avec un nouveau petit déjeuné, mais aussi une tenue de soldate propre, sous-vêtements compris. Posé sur le lit pendant que le tas de soie aux mèches rousses tapie contre le mur regardait la scène et les vêtements avec envie, la brigandine n'attendait que d'être revêtue. L'araignée ayant remarqué la situation gênante décida d'aborder le sujet d'une manière légère. Il allait bien falloir un jour que la garde sorte de sa boule de soie, après tout.

Silésie : Allez, laissons à Bégonia un peu d'intimité pour qu'elle se rhabille. Hop, allez, tout le monde dehors !

Ce fut donc avec de grand mouvement de bras que l'araignée dirigeait tout le monde vers la sortie de la pièce. Ce fut d'abord Silésie, la femme araignée, qui passa la porte avec quelques difficultés, puis la femme de chambre, après avoir posé le plateau de fruits sur la commode proche d'elle... Linis emboitait silencieusement le pas à la femme de chambre qui, en plus de ne pas l'avoir entendu, lui ferma la porte au nez. Estimant qu'il pouvait rester pendant ce moment d'intimité puisqu'il est censé avoir déjà vu tout ce que la louve avait à montrer et plus encore, la femme de chambre n'avait même pas pensée une seconde à ce que le maitre des lieux veuille quitter ses appartements. Une réaction qui laissa quelque peu Linis songeur tandis qu'un bras d'une blancheur écarlate sortait discrètement du tas de soie pour essayer d'attraper les vêtements posés sur le lit.

Il y a des jours, comme le jour d'aujourd'hui, qui s'annoncent pourrit dès le réveil, comme le réveil d'aujourd'hui. Cependant, il restait encore à définir pour qui celui-ci serait le plus horrible. Est-ce pour l'Indigne personnage, devant supporter une rumeur gênante issue d'une incompréhension gênante d'une situation gênante, une chose réellement si horrible ? Après tout, Linis sera celui félicité à outrance pour avoir réussi à attirer un soleil jusque dans son lit. Une outrance qui en sera rapidement au point de l'en agacer très rapidement. Pour Bégonia en revanche, cela allait lui coller à la peau comme un tissu trop humide et Linis pensait qu'il allait devoir compter sur une Silésie particulièrement amusée par la situation et une Mezielle qui le sera sans doute encore bien plus pour rétablir la situation au plus vite pour sauver la santé mentale de la pauvre lupinidée dont les bas instincts ne sont pas encore contrôlés. Mais un malheur n'arrive jamais seul et notre Indigne représentant allait vite s'en rendre compte tandis qu'il franchissait la porte et descendait les escaliers de son donjon. Qu'est-ce qui pourrait effacer une rumeur grandissante sur l'Indigne d'après vous ? Et bien, c'est facile : une chanson sur l'Indigne. Notre homme en entendait une bien particulière se faire chantonner par le personnel de maison ne l'ayant pas remarqué. Comme un air de comptine restant dans la tête, certains couplés étaient répété tandis que les femmes de chambres dépoussiéraient, lavaient et nettoyaient tout ce qui devait être nettoyé. 

Quelques petites phrases étaient psalmodiées avec un ' Vive l’Indigne ! Économise tes sous ! ' par-ici ou un 'Et pensez à c’chacal qu’on doit aider à chier !" par là. Un brin vulgaire, un brin outrancière, mais avec cette malédiction d'une chansonnette à l'air simple et qui reste dans la tête. Ceci, plus le réveil mouvementé de l'Indigne représentant Indignement dépeint avaient quelque tendance à l'énerver et ce fut donc sans ménagement que Reï fut sollicité pour retrouver d'où venait cette chansonnette outrancière venue le déranger jusque dans son intimité. Une complainte, un méa culpa, un démenti sur cette chanson allait être exigée par un Indigne blessé dans son égo et levé du mauvais pied. 

Linis : T'as entendu ce qu'ils chantent ? Ça vient d'où ?
Reï : Ouais, j'ai entendu et je t'avoue que j'ai ris. Je crois que c'est un barde venu avec un marchand ce matin qui chante ça. 
Linis : Va le voir et dit lui de balancer l'auteur de cette merde et ou le trouver. Je vais aller lui expliquer ma façon de penser.
Reï : Eh ben, je t'aurais cru de meilleure humeur avec la nuit que tu as passée. Elle n’est pas bien, Bégonia ?
Linis : JE N'AI PAS PASSE LA NUIT AVEC BÉGONIA ! Trouve-moi ce con que j'aille lui faire bouffer ses partitions !
Reï : Il venait de Liberty. On va lui poser deux ou trois questions et t'organiser un voyage accompagné... Je sais déjà avec qui.
Linis : Tu n’as pas intérêt à oser.

Et bien... Ce maudit Tigre irrévérencieux à totalement osé ! Ce fut donc avec une Bégonia couleur pivoine et marchand dix mètres devant "pour ouvrir la voie" que Notre Indigne commercial avançait vers Liberty, espérant trouver ce "Marcabru" que Reï lui avait indiqué. La discussion durant le voyage n'allait pas être des plus simple avec une Sentinelle rougissante à chaque fois qu'elle croise le regard de son interlocuteur et la navigation au sein de Liberty n'allait pas se montrer facile. Cependant, merci aux sens affutés de la lupine, à la popularité de la chanson ou tout simplement au divin Deus Ex Machina mais, passant proche des portes d'entrées de Liberty, notre héros en herbe et sa garde entendirent une chanson pour le moins irrespectueuse être chantée au milieu d'un agglutinement hilare de personnes attendants devant la porte d'entrée de la ville résolument et étrangement fermée.

Mes respects aux bons gars qui creusent nuits et jours
Pour remplir les poches de ce sacré vautour !
Gonflé, comme ses pieds, il ne marche même plus
Une bonne femme l’engraisse, toujours à moitié nue !
Vive l’Indigne ! Économise tes sous !
Pour racheter ton honneur, il t’en faudra beaucoup !
Buvez, mes amis, à votre bonne santé,
Et pensez à c’chacal qu’on doit aider à chier !
On raconte que beaucoup rêvent d’être Linis,
Nous ce qu’on veut, surtout, c’est qu’il chope la jaunisse !

Bégonia riait aux éclats en entendant cette chanson. Le rouge de la honte fixé sur ses joues se changeait en rouge d'hilarité, provoqué par le manque d'oxygène et la louve ne pouvait toujours pas regarder son chef directement, mais cette fois-ci, c'était, car sa vision associée aux paroles de la chanson lui entrainerait un fou-rire. Riant à cœur joie en se melant à la foule pour en voir le chanteur, la Sentinelle lupine se fondait parfaitement dans la masse hilare tandis que l'Indigne se dirigeait droit vers le chanteur en fulminant sa colère et en pointant l'homme du doigt tout en faisant fit de la file d'attente pour laquelle il n'avait strictement aucun interêt.

Linis : Toi ! Tu es Marcabru  ?

Linis pointait Marcabru du doigt, loin de gouter à l'hilarité général et passant une particulièrement mauvaise journée.

Anonymous
Invité
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Bon, je ne peux pas lui enlever qu’il était bon. Il avait choisi un sujet facile, certes, mais diablement efficace. Pour sûr la chanson allait me trotter dans la tête pour longtemps. L’Indigne. Pour que sa réputation ait dépassé les frontières du Reike, cet individu devait vraiment avoir des squelettes dans les placards. Ou jouir d’une véritable malchance. M’enfin, s’il était riche, il était tout à fait normal qu’ils fassent des jaloux. Ce comportement ne m’est absolument pas étranger. C'est la base même du petit peuple de la République après tout. Quand on a pas d’argent, on envie celui qui en possède. S’en est limite une loi “naturelle”. Même si je n’ai jamais vraiment eu ce soucis en tant que fonctionnaire, je suis quand même plus proche des petits gens que des gens de la haute. Il en est de même dans toute ma famille en fait…

-Et bien, c’était pas si mal, dis-je au milieu de l’hilarité générale. Ce sera tout juste assez bien pour passer l’éponge sur votre manque flagrant de respect, Monsieur de Lunel.

J’essaie de prendre un air sérieux, mais la chanson m’a vraiment mis de bonne humeur et je n’arrive pas à être crédible en garde super sérieux. Surtout quand des “bravo !”, “encore !” commencent à retentir parmi la foule. Parfait, la tension semble avoir un tantinet baissé et nous allons pouvoir reprendre le recensement.

-Si vous ne savez pas où dormir ce soir, essayez le Loup éméché, pension pour petite et moyenne bourse. Par contre, évitez de trop vous vantez d’être un voleur, certains pourraient sortir les crocs, même s’ils ne sont pas de ma famille haha.

S’il est observateur deux secondes, il sera capable de comprendre ma petite boutade en voyant mon ombre de loup. Sinon, cela restera un avertissement valide auprès des autres gardes de la ville. En ayant fini avec lui, je me tourne vers le second marchand.

-Bonjour étranger ! Même chose. Nom, prén...

Toi ! Tu es Marcabru  ?

Allons bon. Être un fan ne donne pas le droit de couper la queue comme ça. Faisant un petit signe au marchand, pour lui indiquer d’attendre, je me tourne vers l’homme furibond qui remonte la file.

Du premier coup d'œil, je remarque ses vêtements de qualité supérieure. Bah tient, vlà un bourgeois qui se crois tout permis.

-Hey ! Vous faites la queue et attendez votre tour comme tout le monde ! Vous pourrez lui demander un autographe plus tard !

Visiblement trop concentré sur le profiteur, je n’entends pas les murmures de la foule prononcer “hey t’as vu ? c’est le gars de la chanson !”, ni  “naaaan, tu déconnes ? azy comment ça va trop saigner haha”.
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