- Ah ouais ? Ah ouais tu veux voyager ? Baptême du feu, mon bonhomme, j’ai besoin de rouleaux de cachemire assez rare et il se trouve que les stocks les moins chers sont à Liberty, de l’autre côté du Reike. Ça te dit d’y aller ?
Il n’en fallait pas plus pour motiver le turbulant troubadour. Voilà des années qu’il voulait prendre la route pour explorer des confins que peu d’Etourneaux avaient pu voir jusqu’ici. Les autres nations dont on entendait toutes les histoires, mais qu’il n’avait encore jamais aperçu. Et là, il pourrait en traverser deux pour le prix d’une ! Quelle aubaine. Mais bien évidemment, celui qui lui avait fait cette commande -le vieux Basil pour ne pas le nommer- ne comptait pas laisser son protégé et sa précieuse cargaison voyager seul. Il lui paya le trajet sur un navire marchand, le Roc à Madour, un fameux trois-mâts aux voiles pourpres. Il partait de la région du Doreï, s’en irait longer les côtes de Reike, remonter la péninsule de la Réserve pour accoster dans la baie à l’Est de Liberty, l’une des plus grandes villes de la République et là où se trouvaient ces précieux rouleaux de cachemire.
Même si l’Ancien avait eu assez de bonté, et d’or, pour lui payer le trajet et pour acquérir la marchandise, il incombait à Marcabru de gagner sa pitance à bord du navire. Navire qui, d’ailleurs, était le premier sur lequel voyageait le jeune homme, ce qui ne manqua pas de lui causer un léger mal de mer de quelques jours. L’avantage c’est qu’en étant malade on mange moins, c’était déjà ça d’économisé. Mais à la fin de sa petite convalescence, il restait au musicien pas moins de neuf jours de voyage à financer. Qu’à cela ne tienne, il allait jouer. Au terme d’une partie de cartes mémorable, Marcabru réussi à prendre la place du traditionnel joueur de flûte qui accompagnait l’équipage durant chaque escapade et qui les fatiguait un brin. Surtout qu’en plus d’apporter un peu de fraîcheur, le fait de ne pas avoir besoin de sa bouche pour jouer d’un instrument permettait au troubadour de raconter des histoires à ces pauvres marins harassés par les embruns bouillants au large du Reike.
Les journées s’écoulèrent donc au rythme bienveillant de Marcabru et de son luth. Les marins apprécièrent tant et tant sa musique qu’ils lui offrirent souvent de quoi boire, le soir, pendant les repas. Il ne brillait pas au bras de fer comme la plupart de ces fiers gaillards, mais rivalisait de chance lorsqu’ils faisaient ensemble quelques parties de dés ou de cartes. Une chance si insolente, d’ailleurs, qu’un soir un compère qui avait un peu bu osa le traiter de tricheur. Bien évidemment le poète afficha le visage le plus choqué du monde. Lui, tricher ? Mais la suspicion commençait à faire son œuvre dans le pont inférieur de ce bateau. Il lui fallait prouver son innocence, mais comment ? Eh bien en ne faisant rien de moins que de se déshabiller devant l’équipage hilare. Bottes, braies, chemise, veste, chapeau, tout y passa ! Ce ne fut qu’au moment d’enlever son dernier sous-vêtement que l’accusateur, calmé parl es bouffonneries du jeune homme, l’arrêta et affirma croire à son innocence.
Une semaine passa ainsi, dans les rires et le labeur, et une seconde était déjà bien entamée lorsque le Roc à Madour arriva en vue du port de Galleon. Ils entraient sur le territoire de la République. A leur arrivée sur la terre ferme, le troubadour dû bien se résoudre à quitter ceux qui, il avait peut-être du mal à l’admettre, étaient devenus de fiers compagnons, peut-être même des amis. Ce voyage, il ne l’oublierait probablement jamais. Et pour s’en assurer, Marcabru composa une balade en l’honneur de ce brave équipage, pour les remercier et leur assurer une prospérité mérité dans le cœur de ses futurs spectateurs.Il la chanterait dès son arrivée à Liberty, il leur promit.
A quai, il fallait maintenant que Marcabru repère une petite caravane marchande avec qui faire le trajet jusqu’à la ville. Tout seul sur les routes il ne ferait pas long feu, même celle de la République. Rapidement, un couple de caravaniers accepta que lui, son vieux cheval et sa cariole, les accompagne. Cette partie du périple fut plus calme, presque muette, tant le musicien ressortait épuisé de ce voyage maritime. Il se fit tout de même violence pour divertir les marchands lors de la seule soirée qu’il passa en leur compagnie. En effet la caravane ne mit que quelques dizaines d’heures à arriver en haut d’une colline d’où l’on pouvait apercevoir les murs robustes et accueillants de la capitale républicaine.
Face à cette vision, n’ayons pas peur des mots, Marc en fut estomaqué. Il sentit très littéralement un haut-le-cœur le prendre, tant la pression de deux semaines de voyage ayant éprouvé aussi bien son esprit que son corps venaient de le quitter brutalement. Il pria longuement les titans en particulier Kaiyo, Seigneur des Océans, et Lothab, pendant que les autres marchands se reposaient en le regardant avec curiosité. Il était bien loin de chez lui, en vérité, et on peut comprendre qu’ils n’aient pas vu énormément de divinistes dans leur vie jusqu’ici. Le troubadour devait leur paraître soudain bien différent.
Leur ultime pause terminée, la compagnie descendit la colline clairsemée jusqu’à arriver sur la vaste route pavée qui menait jusqu’à la porte principale. Même ici, dans cette contrée lointaine, le destin des marchands et vagabonds de passage ne change pas vraiment. Ils n’entrent qu’après avoir été minutieusement questionnés et fouillés. Une procédure dont Marc était relativement habitué, même si la fatigue le rendait bien plus impatient d’entrer que d’ordinaire.
C’est alors qu’arriva son tour. Le reste des marchands qu’il avait suivi depuis son débarquement étaient déjà entrés à Liberty. Il trouverait bien un moyen de les rejoindre jusqu’à un campement, un caravansérail ou tout autre lieu réservé à l’accueil des convois de marchands. Mais voilà, lui qui pensait expédier son tour de fouille relativement rapidement, il se trouvait que le destin en avait décidé autrement…
Il n’en fallait pas plus pour motiver le turbulant troubadour. Voilà des années qu’il voulait prendre la route pour explorer des confins que peu d’Etourneaux avaient pu voir jusqu’ici. Les autres nations dont on entendait toutes les histoires, mais qu’il n’avait encore jamais aperçu. Et là, il pourrait en traverser deux pour le prix d’une ! Quelle aubaine. Mais bien évidemment, celui qui lui avait fait cette commande -le vieux Basil pour ne pas le nommer- ne comptait pas laisser son protégé et sa précieuse cargaison voyager seul. Il lui paya le trajet sur un navire marchand, le Roc à Madour, un fameux trois-mâts aux voiles pourpres. Il partait de la région du Doreï, s’en irait longer les côtes de Reike, remonter la péninsule de la Réserve pour accoster dans la baie à l’Est de Liberty, l’une des plus grandes villes de la République et là où se trouvaient ces précieux rouleaux de cachemire.
Même si l’Ancien avait eu assez de bonté, et d’or, pour lui payer le trajet et pour acquérir la marchandise, il incombait à Marcabru de gagner sa pitance à bord du navire. Navire qui, d’ailleurs, était le premier sur lequel voyageait le jeune homme, ce qui ne manqua pas de lui causer un léger mal de mer de quelques jours. L’avantage c’est qu’en étant malade on mange moins, c’était déjà ça d’économisé. Mais à la fin de sa petite convalescence, il restait au musicien pas moins de neuf jours de voyage à financer. Qu’à cela ne tienne, il allait jouer. Au terme d’une partie de cartes mémorable, Marcabru réussi à prendre la place du traditionnel joueur de flûte qui accompagnait l’équipage durant chaque escapade et qui les fatiguait un brin. Surtout qu’en plus d’apporter un peu de fraîcheur, le fait de ne pas avoir besoin de sa bouche pour jouer d’un instrument permettait au troubadour de raconter des histoires à ces pauvres marins harassés par les embruns bouillants au large du Reike.
Les journées s’écoulèrent donc au rythme bienveillant de Marcabru et de son luth. Les marins apprécièrent tant et tant sa musique qu’ils lui offrirent souvent de quoi boire, le soir, pendant les repas. Il ne brillait pas au bras de fer comme la plupart de ces fiers gaillards, mais rivalisait de chance lorsqu’ils faisaient ensemble quelques parties de dés ou de cartes. Une chance si insolente, d’ailleurs, qu’un soir un compère qui avait un peu bu osa le traiter de tricheur. Bien évidemment le poète afficha le visage le plus choqué du monde. Lui, tricher ? Mais la suspicion commençait à faire son œuvre dans le pont inférieur de ce bateau. Il lui fallait prouver son innocence, mais comment ? Eh bien en ne faisant rien de moins que de se déshabiller devant l’équipage hilare. Bottes, braies, chemise, veste, chapeau, tout y passa ! Ce ne fut qu’au moment d’enlever son dernier sous-vêtement que l’accusateur, calmé parl es bouffonneries du jeune homme, l’arrêta et affirma croire à son innocence.
Une semaine passa ainsi, dans les rires et le labeur, et une seconde était déjà bien entamée lorsque le Roc à Madour arriva en vue du port de Galleon. Ils entraient sur le territoire de la République. A leur arrivée sur la terre ferme, le troubadour dû bien se résoudre à quitter ceux qui, il avait peut-être du mal à l’admettre, étaient devenus de fiers compagnons, peut-être même des amis. Ce voyage, il ne l’oublierait probablement jamais. Et pour s’en assurer, Marcabru composa une balade en l’honneur de ce brave équipage, pour les remercier et leur assurer une prospérité mérité dans le cœur de ses futurs spectateurs.Il la chanterait dès son arrivée à Liberty, il leur promit.
A quai, il fallait maintenant que Marcabru repère une petite caravane marchande avec qui faire le trajet jusqu’à la ville. Tout seul sur les routes il ne ferait pas long feu, même celle de la République. Rapidement, un couple de caravaniers accepta que lui, son vieux cheval et sa cariole, les accompagne. Cette partie du périple fut plus calme, presque muette, tant le musicien ressortait épuisé de ce voyage maritime. Il se fit tout de même violence pour divertir les marchands lors de la seule soirée qu’il passa en leur compagnie. En effet la caravane ne mit que quelques dizaines d’heures à arriver en haut d’une colline d’où l’on pouvait apercevoir les murs robustes et accueillants de la capitale républicaine.
Face à cette vision, n’ayons pas peur des mots, Marc en fut estomaqué. Il sentit très littéralement un haut-le-cœur le prendre, tant la pression de deux semaines de voyage ayant éprouvé aussi bien son esprit que son corps venaient de le quitter brutalement. Il pria longuement les titans en particulier Kaiyo, Seigneur des Océans, et Lothab, pendant que les autres marchands se reposaient en le regardant avec curiosité. Il était bien loin de chez lui, en vérité, et on peut comprendre qu’ils n’aient pas vu énormément de divinistes dans leur vie jusqu’ici. Le troubadour devait leur paraître soudain bien différent.
Leur ultime pause terminée, la compagnie descendit la colline clairsemée jusqu’à arriver sur la vaste route pavée qui menait jusqu’à la porte principale. Même ici, dans cette contrée lointaine, le destin des marchands et vagabonds de passage ne change pas vraiment. Ils n’entrent qu’après avoir été minutieusement questionnés et fouillés. Une procédure dont Marc était relativement habitué, même si la fatigue le rendait bien plus impatient d’entrer que d’ordinaire.
C’est alors qu’arriva son tour. Le reste des marchands qu’il avait suivi depuis son débarquement étaient déjà entrés à Liberty. Il trouverait bien un moyen de les rejoindre jusqu’à un campement, un caravansérail ou tout autre lieu réservé à l’accueil des convois de marchands. Mais voilà, lui qui pensait expédier son tour de fouille relativement rapidement, il se trouvait que le destin en avait décidé autrement…