Premier automne d’Afriel
Vers le milieu de la journée
Liberty
L’aventure commençait enfin.
Afriel avait repris la marche depuis tôt le matin. L’avant-dernière journée à l’aube, il était enfin parti découvrir le monde, loin de ses parents. Il avait passé la journée à se promener près de la rivière, prenant le soin de cueillir chaque plante médicinale possible, explorant aussi les forêts et les rives adjacentes. Le soir, après avoir allumé un feu pour se réchauffer et se nourrir, Afriel avait concocté quelques remèdes poudreux et liquides qu’il vendrait une fois à Liberty. Sa cueillette en chemin complétait ainsi la marchandise médicinale qu’il avait prise des restants de la famille avant de partir, mais cela avait également allongé son trajet et nécessité plus de repos. Par chance, il avait campé près de la route principale, à deux ou trois noeuds de la ville.
Tout le long, il ne pensait qu’à une chose qui lui faisait oublier toute la lourdeur de l’équipement qu’il portait sur son dos : il allait enfin pouvoir être guérisseur et il ne commencerait nulle part ailleurs que dans la capitale de la République.
Oui, Afriel trépignait d’impatience !
Ce fut donc tout un émoi pour notre fay lorsqu’il vit enfin les tours de la grande ville de Liberty à l’horizon. Enfin, la République ! Il poussa le capuchon de son long manteau brun, sautillant comme un enfant émerveillé devant un nouveau jouet. Avec son imposante structure, ses nombreuses maisons et ses murs de fortification massifs, Liberty avait l’air d’une vraie forteresse défiant les temps. Il avait tant marché pour s’y rendre. Elle était encore plus imposante que dans ses souvenirs, même s’il l’avait déjà vue avec ses parents dans son enfance et son adolescence.
Les gardes et les marchands allaient et venaient par la grande entrée, la grille levée durant le jour. Afriel s’arrêta pour regarder le paysage. Plissant les yeux, le guérisseur chercha un coin pour poser sa tente près de cette dernière, idéalement à l’ombre pour ne pas trop incommoder les malades. Tout de suite, le jeune fée remarqua une rangée d’arbres près de la tour Est des fortifications. Elle n’était pas occupée par aucun kiosque - le fay n’était pas le seul à s’installer près de la ville, plusieurs marchands de poissons, de fruits, de légumes et même de bétail avaient eu la même stratégie que lui. Mais notre fay ne se laissa pas impressionner par d’autres qui avaient plus d’expérience que lui. Après tout, son service était unique, il en était convaincu…même s’il n’avait pas encore rencontré d’autres guérisseurs pour être honnête. Cette petite place à l’ombre, près des arbres, était parfaite pour lui. Parfaite pour guérir en paix, près de la nature. Il se dirigea vers l’endroit.
*C’est là que j’irai* se dit-il, confiant.
Il prit place parmi les marchands itinérants, près d’un grand arbre au feuillage roux. Une fois son matériel sur le sol, il commença enfin à s’installer. Le guérisseura monta sa tente rapidement. Elle consistait d’une grande toile rouge vin, montée par cinq piquets, dont un au centre. Elle était juste assez grande pour accueillir deux à trois personnes Son étrée était fermée par une autre toile qu’Afriel déroulait à sa guise. Le guérisseur étendit ensuite une grande couverture au sol, celle de sa mère : verte et rouge, elle était brodée de vieux motifs. Douce, comfortable : parfaite pour y accueillir des patients. Afriel la lavait après chaque journée.
Puis, il versa un peu d’eau fraiche qu’il avait récolté en chemin un peu plus tôt dans la journée dans un grand flacon de potion inutilisé. Il posa le flacon dans un coin, près d’un linge propre. Le guérisseur aimait toujours nettoyer les blessures de ses clients avant de pratiquer sa magie. Cela l’aidait à bien voir, mais aussi, enlevait les saletés qui pouvaient rester sous la peau. À l’extérieur, Afriel étala finalement ses plantes médicinales dans un panier en osier qu’il posa à gauche. On y trouvait otamment du millefeuille et des belles-de-jour. De l’autre côté, il étala des pommades pour l’inflammation, une boisson pour stimuler l’organisme ainsi qu’une fonction aidant contre les blessures.Les flacons formaient toute une rimbambelle de couleurs au pied de la tente.
*Tout est prêt pour commencer ! J’ai si hâte ! *, eut-il envie de crier.
Il fit un tour rapide des installations encore une fois, ses ailles vertes translucides frémissant de bonheur.
–Oui, c’est vraiment ça, tout est prêt. Oh ciel, oh ciel, je n’y crois pas, je n’y crois pas, s’exclama-t-il enfin, d’une voix haute et surexcitée.
Afriel se calma un instant, puis baissa le regard vers son torse. Il posa sa main droite sur le pendentif qu’il gardait au chaud, caché sous sa chemise. Il ferma les yeux et un sourire fier se dessina sur ses lèvres rosées.
*Peut-être que je ne serai jamais un guérisseur émérite comme l’ont été mes arrières-grands-parents, mais au moins, je continuerai la tradition. Ma toute première entreprise nomade. Vais-je être à la hauteur ? J’ai déjà testé tous mes remèdes, je me suis rappelé tous les gestes que je devais faire… *
Ses pensées se bousculaient alors que son cœur lui battait la chamade.
*Allez, tu peux le faire, tu as attendu toute ta vie pour ça. Fais confiance aux étoiles, le soleil et la lune. N’oublie pas tes enseignements, euh, qu’est-ce que papa a dit après maman… Flûte ! *
Un gros gargouillis l’interrompit soudainement. Notre fay était tellement énervé d’arriver à Liberty qu’il avait oublié de manger.
Afriel soupira longuement en s’essayant près de l’entrée de son petit chapiteau. Il ouvrit son sac, sortant une poignée de noix et des baies. Il goba le tout en deux grandes bouchées, surveillant les allées et venues des citoyens, marchands et soldats vaquant à leurs occupations quotidiennes.Son goûter terminé, il se leva près de ses paniers garnis de remèdes et de plantes médicinales. Il ne restait plus qu’à attendre les clients ! Sûrement que quelqu’un de blessé passerait au loin et alors Afriel pourrait les interpeller pour les inviter à se faire soigner. Cela attirerait aussi l’attention de d’autres potentiels clients ! Avec une moue concentrée, Afriel scruta la foule attentivement.
-Hmmmm, je me demande qui sera mon tout tout tout premier client, se murmura-t-il, guettant les déplacements de la foule tel un soldat montant la garde.
Afriel essaya d’afficher une mine confiante et sûre de lui alors qu’il regardait au loin, même si au fond de lui… la nervosité et l’excitation étaient à son comble. Enfin, il allait pouvoir faire une différence dans ce monde ! Rien ne le rendait plus heureux que de voir un client soupirer de soulagement.
Oui, rien au monde ne valait le bonheur de sentir… qu’il faisait du bien.
*C'est parti !*
Vers le milieu de la journée
Liberty
L’aventure commençait enfin.
Afriel avait repris la marche depuis tôt le matin. L’avant-dernière journée à l’aube, il était enfin parti découvrir le monde, loin de ses parents. Il avait passé la journée à se promener près de la rivière, prenant le soin de cueillir chaque plante médicinale possible, explorant aussi les forêts et les rives adjacentes. Le soir, après avoir allumé un feu pour se réchauffer et se nourrir, Afriel avait concocté quelques remèdes poudreux et liquides qu’il vendrait une fois à Liberty. Sa cueillette en chemin complétait ainsi la marchandise médicinale qu’il avait prise des restants de la famille avant de partir, mais cela avait également allongé son trajet et nécessité plus de repos. Par chance, il avait campé près de la route principale, à deux ou trois noeuds de la ville.
Tout le long, il ne pensait qu’à une chose qui lui faisait oublier toute la lourdeur de l’équipement qu’il portait sur son dos : il allait enfin pouvoir être guérisseur et il ne commencerait nulle part ailleurs que dans la capitale de la République.
Oui, Afriel trépignait d’impatience !
Ce fut donc tout un émoi pour notre fay lorsqu’il vit enfin les tours de la grande ville de Liberty à l’horizon. Enfin, la République ! Il poussa le capuchon de son long manteau brun, sautillant comme un enfant émerveillé devant un nouveau jouet. Avec son imposante structure, ses nombreuses maisons et ses murs de fortification massifs, Liberty avait l’air d’une vraie forteresse défiant les temps. Il avait tant marché pour s’y rendre. Elle était encore plus imposante que dans ses souvenirs, même s’il l’avait déjà vue avec ses parents dans son enfance et son adolescence.
Les gardes et les marchands allaient et venaient par la grande entrée, la grille levée durant le jour. Afriel s’arrêta pour regarder le paysage. Plissant les yeux, le guérisseur chercha un coin pour poser sa tente près de cette dernière, idéalement à l’ombre pour ne pas trop incommoder les malades. Tout de suite, le jeune fée remarqua une rangée d’arbres près de la tour Est des fortifications. Elle n’était pas occupée par aucun kiosque - le fay n’était pas le seul à s’installer près de la ville, plusieurs marchands de poissons, de fruits, de légumes et même de bétail avaient eu la même stratégie que lui. Mais notre fay ne se laissa pas impressionner par d’autres qui avaient plus d’expérience que lui. Après tout, son service était unique, il en était convaincu…même s’il n’avait pas encore rencontré d’autres guérisseurs pour être honnête. Cette petite place à l’ombre, près des arbres, était parfaite pour lui. Parfaite pour guérir en paix, près de la nature. Il se dirigea vers l’endroit.
*C’est là que j’irai* se dit-il, confiant.
Il prit place parmi les marchands itinérants, près d’un grand arbre au feuillage roux. Une fois son matériel sur le sol, il commença enfin à s’installer. Le guérisseura monta sa tente rapidement. Elle consistait d’une grande toile rouge vin, montée par cinq piquets, dont un au centre. Elle était juste assez grande pour accueillir deux à trois personnes Son étrée était fermée par une autre toile qu’Afriel déroulait à sa guise. Le guérisseur étendit ensuite une grande couverture au sol, celle de sa mère : verte et rouge, elle était brodée de vieux motifs. Douce, comfortable : parfaite pour y accueillir des patients. Afriel la lavait après chaque journée.
Puis, il versa un peu d’eau fraiche qu’il avait récolté en chemin un peu plus tôt dans la journée dans un grand flacon de potion inutilisé. Il posa le flacon dans un coin, près d’un linge propre. Le guérisseur aimait toujours nettoyer les blessures de ses clients avant de pratiquer sa magie. Cela l’aidait à bien voir, mais aussi, enlevait les saletés qui pouvaient rester sous la peau. À l’extérieur, Afriel étala finalement ses plantes médicinales dans un panier en osier qu’il posa à gauche. On y trouvait otamment du millefeuille et des belles-de-jour. De l’autre côté, il étala des pommades pour l’inflammation, une boisson pour stimuler l’organisme ainsi qu’une fonction aidant contre les blessures.Les flacons formaient toute une rimbambelle de couleurs au pied de la tente.
*Tout est prêt pour commencer ! J’ai si hâte ! *, eut-il envie de crier.
Il fit un tour rapide des installations encore une fois, ses ailles vertes translucides frémissant de bonheur.
–Oui, c’est vraiment ça, tout est prêt. Oh ciel, oh ciel, je n’y crois pas, je n’y crois pas, s’exclama-t-il enfin, d’une voix haute et surexcitée.
Afriel se calma un instant, puis baissa le regard vers son torse. Il posa sa main droite sur le pendentif qu’il gardait au chaud, caché sous sa chemise. Il ferma les yeux et un sourire fier se dessina sur ses lèvres rosées.
*Peut-être que je ne serai jamais un guérisseur émérite comme l’ont été mes arrières-grands-parents, mais au moins, je continuerai la tradition. Ma toute première entreprise nomade. Vais-je être à la hauteur ? J’ai déjà testé tous mes remèdes, je me suis rappelé tous les gestes que je devais faire… *
Ses pensées se bousculaient alors que son cœur lui battait la chamade.
*Allez, tu peux le faire, tu as attendu toute ta vie pour ça. Fais confiance aux étoiles, le soleil et la lune. N’oublie pas tes enseignements, euh, qu’est-ce que papa a dit après maman… Flûte ! *
Un gros gargouillis l’interrompit soudainement. Notre fay était tellement énervé d’arriver à Liberty qu’il avait oublié de manger.
Afriel soupira longuement en s’essayant près de l’entrée de son petit chapiteau. Il ouvrit son sac, sortant une poignée de noix et des baies. Il goba le tout en deux grandes bouchées, surveillant les allées et venues des citoyens, marchands et soldats vaquant à leurs occupations quotidiennes.Son goûter terminé, il se leva près de ses paniers garnis de remèdes et de plantes médicinales. Il ne restait plus qu’à attendre les clients ! Sûrement que quelqu’un de blessé passerait au loin et alors Afriel pourrait les interpeller pour les inviter à se faire soigner. Cela attirerait aussi l’attention de d’autres potentiels clients ! Avec une moue concentrée, Afriel scruta la foule attentivement.
-Hmmmm, je me demande qui sera mon tout tout tout premier client, se murmura-t-il, guettant les déplacements de la foule tel un soldat montant la garde.
Afriel essaya d’afficher une mine confiante et sûre de lui alors qu’il regardait au loin, même si au fond de lui… la nervosité et l’excitation étaient à son comble. Enfin, il allait pouvoir faire une différence dans ce monde ! Rien ne le rendait plus heureux que de voir un client soupirer de soulagement.
Oui, rien au monde ne valait le bonheur de sentir… qu’il faisait du bien.
*C'est parti !*