Elle lui adresse un regard interloqué, elle n’avait décidément pas imaginé Tagar chanter la sérénade à celles qu’il souhaite séduire, ce Reikois est décidément plein de surprises. Elle hoche doucement la tête à sa proposition, curieuse de savoir de quoi il est capable. Elle jette un œil à sa tasse vide, dans l’espoir qu’il lui reste un peu de thé, puis fronce les sourcils en la constatant vide avant de porter à nouveau son attention sur le jeune homme lorsqu’il règle la note. Elle le remercie d’un sourire et, peu habituée, se laisse faire lorsqu’il l’aide à s’habiller, les joues légèrement rougies. Un léger rire s’échappe de ses lèvres à la suite du commentaire du jeune homme.
Voyons, Tagar, un peu de vent n’a jamais tué personne. Ce n’est pas très loin, vous verrez, nous y serons en moins de temps qu’il faut pour le dire ! Tu verras ça renforce le corps et l’esprit.
Elle glisse son bras près de Tagar pour s’y tenir en lui adressant un sourire avant de le guider dans les rues de Liberty vers la librairie. Elle réfléchit un instant avant de hausser les épaules.
Il n’y aura probablement que mon père, et encore, s’il est en voyage d’affaire, la boutique sera tenue par mon frère. Dans les deux cas, un simple « Monsieur Theldj » suffira. Tu verras, nous sommes des gens simples, probablement rien à voir avec les familles plus nobles que tu as pu voir, ni avec… Ta propre lignée, je suppose.
Elle baisse les yeux en se rendant compte de la différence de prestige entre leurs familles, et encore plus entre la situation de Tagar et la sienne. Elle exerce, sans vraiment s’en rendre compte, une légère pression sur le bras de son compagnon, qu’elle tient toujours contre elle, légèrement nerveuse soudainement. Elle se mord discrètement la lèvre avant de secouer doucement la tête avant de presser légèrement le pas.
Nous y sommes presque.
Elle coule un regard vers Tagar, lui adresse un sourire, puis le guide dans une rue un peu plus animée, affublée de différentes petites boutiques, avant de s’arrêter quelques minutes plus tard devant la librairie. Un petit sentiment de fierté la rassure un peu en voyant en grosses lettres son nom sur la grande porte vitrée, affublé de quelques arabesques peintes d’une couleur vive, avant que son regard ne se perde déjà à l’intérieur de cet endroit qui l’a vue grandir, notamment sur quelques reliures neuves dans certaines étagères. Elle relâche finalement le bras de Tagar et se tourne vers lui, une lueur de joie dans les yeux.
On y va ?
Elle pousse la grande porte sans attendre sa réponse, soulagée d’entendre le tintement de la petite clochette, rassurée en respirant cet air empli d’odeur de papier et d’encre, familière de la lumière un peu tamisée si caractéristique de cette boutique. Son regard émeraude se porte machinalement vers le comptoir, et le même regard se lève vers elle. Nehla se dirige vers son père en déboutonnant son manteau, suivie probablement de près par Tagar.
Bonjour Père.
Comment vas-tu ?
Bien, et vous ?
Il se contente de hocher la tête avant de relever un peu plus la tête, un sourcil interrogateur haussé.
Oh ! Hm, Père, je vous présente Tagar Reys, il vient du Reike. Il loge au Bruit qui Court en ce moment, et comme je n’ai pas beaucoup de monde en ce moment, nous avons un peu discuté et, de fil en aiguille, vous savez, les discussions parfois, on ne sait pas vraiment d’où ça vient, mais c’est… Pardon. Je lui ai dit que j’aidais parfois à la librairie et il cherche un roman pour sa mère, donc je me suis dit que… Enfin, je vais lui donner un coup de main, je pense savoir ce qu’il lui faut.
Le père de famille hoche la tête avant de l’incliner doucement à l’intention de Tagar et de lui tendre la main lorsque sa fille daigne finalement faire un pas sur le côté, la tête légèrement baissée.
Monsieur Reys, ravi de vous avoir chez moi. Theldj, Alhaj Theldj.
La poignée de main son père est probablement ferme, tout en restant délicate, il adresse finalement un signe de la tête à Nehla avant de se replonger dans son registre en tapotant la page, comme pour rappeler à sa fille qu’elle doit renseigner ce qu’elle emprunte et ce qui est vendu, sachant pertinemment qu’elle va repartir de la boutique avec au moins deux ouvrages pour elle sous le bras.
Je vais te montrer, j’ai une petite sélection en tête.
Elle se faufile entre les rangées de livres et les étagères, indiquant au passage à Tagar un petit salon où il peut s’installer s’il le souhaite. En passant à côté des piles de manuscrits, elle pioche presque sans regarder quelques romans, connaissant sur le bout des doigts chaque titre déjà en rayon, en même temps qu’un nouveau manifeste de magie et un vieux livre qu’elle tente encore et toujours de bien déchiffrer, avant de présenter la dizaine d’ouvrage sélectionnés à Tagar.
Il y a des petites notes avec un résumé de l’histoire à l’intérieur de chaque livre, ça te donnera un aperçu, pour voir ce qui peut plaire le plus à ta mère. Et si ça ne convient pas, je te fais une autre sélection.