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Myriem de Boktor
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Myriem de Boktor
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Février/Mars de l'An 1

J'aurais peut-être du écrire mon journal et coucher mes aventures moisies sur les terres du Reike. J'aurais pu je pense oublier cette idée saugrenue de venir me présenter au port pour me faire reconnaître en tant qu'Intendante du Port de Mael, interlocutrice privilégiée en bien des domaines quand les navires d'Ikusa arrivent et ont besoin de quoi que ce soit. J'aurais sûrement du me contenter de rester dans mon beau bureau tout repeint à neuf avec ces magnifiques tentures venues du Doreï et qui illuminent le lieu. Cela aurait pu être ainsi si je n'avais pas été si curieuse de venir découvrir Ikusa.

Grand bien m'avait pris, j'avais donc failli mourir tuée sur le petit esquif me menant au Royaume du Reike, puis noyée lors de ma fuite ou encore périr sur les coups de lames de ces maudits forbans. J'avais survécu grâce à une elfe que je n'oublierai pas et qui trouvera toujours de l'aide en frappant à ma porte, sur mes terres, à Mael. Morwën Cilwaen resterait ma sauveuse.

Néanmoins vous connaissez le proverbe aller de mal en pis? Et bien pour ma part je viens d'en découvrir le sens. Revenons quelques heures auparavant pour bien comprendre...

J'avais quitté Dame Morwen pour me rendre à la Capitainerie du Port d'Ikusa, j'avais fait mon récit, décrit avec moults détails les pirates survivants mais hélas je n'avais pas vu le visage du Capitaine de ces va nu pieds, ces déchets de la société qui ne vivent qu'en s'abreuvant chez les autres. J'avais donc officiellement déposé ma plainte à leur encontre mais j'avais vu le regard de mon interocuteur qui l'avait fait pour me faire plaisir en somme et que je lui foute la paix. Moi et mes grands airs nous lui avions déplu dès notre entrée dans son bureau.

J'avais de plus insisté lourdement pour avoir une place du prochain bateau en partance pour Mael et cela devait être rapide! Il m'avait offert deux yeux de merlans frits à souhait. Il avait regardé ses registres, fouillé des papiers mal rangés, sué sang et eau et tout ça pour quoi? Me dire qu'il n'avait rien avant deux jours pour Mael. Cela ne me convenait pas le moins du monde, je devais rentrer, j'avais un port à régenter et une Baronnie à diriger, les vacances viendraient dans une autre vie.

Tout cela pour dire que j'avais donc pris la place qu'il proposait, gratuitement en dédommagement de mes mésaventures cela allait de soit mais j'avais en tête de trouver un navire par moi même. J'ai donc commencé à arpenter le port et questionner les marins. J'ai bien senti des regards sur moi, curieux, intéressés mais je ne me suis pas méfiée. J'étais dans une ville militaire, l'ordre régnait partout, tout était cadré, parfait non?

Et je suis finalement tombée sur un gamin trop pressé à m'indiquer un bateau qui partait le soir même. Il m'indiqua un quai, un peu en retrait. La nuit tombait et j'avais réservé une chambre dans une auberge mais j'avais bien le temps d'une visite au Capitaine du Navire. Je me suis donc dirigée vers le fameux quai alors que le soleil livrait ses derniers rayons sur la surface de l'eau.

Admirative de voir le soleil de ce lieu drapant la mer de couleurs chatoyantes et .... le noir.
Je n'ai pas vu quoi que ce soit d'autre. Les lieux étaient agités et l'homme qui m'avait assommé était grand, pas un humain de fait. Plus grand que moi, plus fort et surtout il m'avait prise dans ses bras alors que j'étais tombée dans l'inconscience. Etonnant de voir un grand gaillard, drakyn visiblement, avec une humaine richement vêtue dans les bras, son visage collé contre son visage. Mais les gens n'observaient pas et il me mena hors de l'artère principale pour atterrir rapidement dans une venelle à l'écart, sombre.

- La voilà la noble d'hier.
- Elle a la peau dure la bougresse et l'elfe?
- Pas vu sur le Port.
- Bon bon bon qu'allons nous faire de ça.

Celui qui parlait était humain, la trentaine, bonne forme et une tenue de marin assez cossue.

- On peut pas le refourguer au marché aux esclaves.
- On l'embarque et on la vend ailleurs? On trouvera quelqu'un pour lui coller une marque , on l'a déjà fait après tout.
- Je ne sais pas, à cause d'elle on a perdu 5hommes quand même.

Un des hommes se met à rire.

- On la viole, on la bute et la jette aux poiscails ou dans un autre ordre.

Et de faire rire ses compagnons, le graveleux c'est toujours efficace.

- On va déjà prendre sa bourse et sa bagouze, un sceau c'est toujours fait avec des métaux très précieux.


J'avais l'impression d'entendre des voix et une douleur sourde irradiait derrière mon crâne...
Zaïn Tevon-Duncan
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Zaïn Tevon-Duncan
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- Port d'Ikusa -


Ce récit prend place dans la demeure du voïvode Vitalis, un ancien magistrat à la retraire qui usait à présent de ses nombreuses relations pour faire office d'intermédiaire pour certains clients cherchant à acquérir des esclaves à Ikusa. En effet, le vieil homme connaissait, du fait de son ancienne position, de nombreux commerçants plus ou moins véreux qu'il mettais en contact avec les personnes assez bien renseignées pour venir lui demander conseil, négociant un petit bonus de retraire au passage. Ces bonus, en plus de sa petite fortune de voïvode, lui a permis d'acquérir cette maison en trois étages bordant les quais de commerce. Beaucoup auraient pu se plaindre du bruit que cel générait en journée, mais pas Vitalis qui justement usait de ces lieux de passage pour attirer de possible clients à la recherche d'esclaves bon marché. Aujourd'hui, il recevait dans son salon un client de forte stature, au sens propre et figuré.

- Mon cher ami, vous devez comprendre que ce vin que je vous sert là n'est pas donné, je vous prierai donc d'en tenir considération lorsque vous entreprendrez de le déguster. Informa Vitalis en tendant un verre à son invité.

- Sachez que vous parlez à un expert. Et l'expert que je suis est en capacité de remarquer que très peu de marchands sont en capacité d'offrir un verre d'un tel millésime à son client potentiel, de surcroît qu'aucun contrat n'a encore été signé. Raisonna l'hybride en observant la robe du vin rouge. La plupart n'offrent rien, tandis que quelques uns se contentent de donner qu'une choppe de bière bon marché ou à la limite un petit verre de cognac pour les plus distingués d'entre eux. Ajouta Zaïn.

- Vous avez tout de suite cernés que je ne suis pas de ces marchands là qui ne savent pas recevoir, je part du principe que s'il y a affaire à faire, commencer par un vin de bonne facture augmente considérablement les chances qu'un contrat soit conclu ensuite. Simple statistique héritée de mon passé de voïvode, mon cher. Qui plus est je tiens à préciser que je ne suis pas exactement marchand, n'ayant pas de marchandise à proprement parler, mais que je tiens place d'entremetteur. Fit remarquer Vitalis en se servant lui-même un verre.

- Vous avez bien travaillé votre réseau dans ce cas. C'est l'un de mes collaborateurs qui m'a parlé de vous dès lors que j'ai émis le souhait de me trouver un nouveau fournisseur d'esclaves pour mon arène. Connaissez-vous mon arène monsieur le voïvode ? Questionna alors Zaïn, s'approchant de la fenêtre donnant sur le port de commerce.

- De réputation, oui. Et sachez que votre sérieux monacal tant qu'à la sélection de vos combattants est digne d'admiration. Peu d'entrepreneurs de votre trempe sont si regardant tant qu'à la qualité et à la provenance des esclaves qu'il achète, c'est tout à votre honneur. Il s'approcha de l'hybride à côté duquel il paraissait minuscule. Mais appelez-moi Vitalis, je ne suis plus voïvode depuis belle lurette. Tenez, simple curiosité, qui est votre fournisseur actuel ? Questionna-t-il à son tour, une pointe de curiosité perçait dans sa voix graveleuse.

- Curieux de connaitre sa concurrence n'est-ce pas ? Histoire de voir qui faire disparaitre de manière mystérieuse ? Railla-t-il. Le vieil homme ne releva pas. Amundo Engwaner, un marchand d'esclave sur les marchés de Taisen. Répondit Zaïn, prenant une gorgée du millésime.

- À Taisen donc ? Aucun risque pour cet Amundo, mon activité se restreint à Ikusa. Je ne me mêle pas du commerce d'esclave de Taisen. Vous recherchez donc un nouveau fournisseur un peu plus proche, ici à la capitale ? Demanda alors Vitalis, revenant à leur affaire.

- Précisément. Et j'ajouterai qu'il me faut quelqu'un de pas trop gourmand. Et qui soit dans les règles. Si vous voyez ce que je veux dire. Précisa l'hybride en abaissant un regard de connivence vers son interlocuteur.

- Mais certainement. Donc avec marquage et papiers officiels. Ce ne sera pas un problème, j'ai bien des connaissances qui fournissent les gens comme vous qui ne veulent pas être inquiétés par les contrôleurs royaux. Surtout depuis les dernières mesures restrictives de la Reine. Que la peste l'emporte cette ostrogothe ! Il s'éloigna de Zaïn pour aller à son bureau, revenant avec un bout de papier qu'il gardait dans un tiroir sous clé. Voici le nom et l'adresse d'un ami qui peut vous vendre de bons esclaves robustes, et en règle. Zaïn pris le bout de papier, déposant une bourse entre les doigts cerclés d'arthrite de l'ex-voïvode.

Et sur ces mots, Zaïn termina son vin pour laisser le vieil homme seul devant la fenêtre de son maison à trois étages. Une fois dans la rue piétonne devant la demeure, Zaïn s'en alla en direction de l'ancien port. Vitalis l'observa depuis sa fenêtre, un sourire satisfait en coin, palpant la bourse de pièces qu'il venait de gagner contre une simple adresse. Il avait orienté le tenancier d'arène vers Marty Mellroy, un chef de forbans qui, certes, vendait des esclaves dans les règles avec tous les papiers nécessaires, mais rien ne prouvait que ces papiers étaient véridiques ou que les sceaux étaient d'origine. Mais cela, Zaïn Tevon-Duncan ne le savait pas.

Quelques instants plus tard, l'hybride frôlant les deux mètres arriva devant une petite bâtisse au milieu du quartier animé de l'ancien port où l'hybride vêtu d'un manteau blanc faisait tâche, au milieu de cette fange. Mais personne n'alla lui chercher des noises. Il se présenta devant la petite porte en bois qui lui fut ouverte par un nain à la barbe hirsute et à la mine patibulaire.

-Qu'est-ce y veut le chat ? Graillonna-t-il, référence aux oreilles de l'hybride.

Zaïn Tevon-Duncan ne releva pas et ne répondit pas, tendant simplement le papier délivré par l'ancien voïvode Vitalis. Immédiatement le forban s'écarta pour laisser passer Zaïn, jetant un regard en arrière avant qu'il ne referme la porte derrière lui. Tout en marchant dans un sous-sol dénué de fenêtres éclairé par des torches, Marty Mellroy présentait les différents esclaves qui étaient enfermés dans les cages adjacentes au couloir.

- Si vous venez pour trouver de bons combattants, monsieur le baron, j'ai là quelques gars bien musclés qui peuvent faire l'affaire... Il fut coupé par son potentiel client.

- Je cherche à me diversifier dans les combats féminins. Précisa Zaïn, d'un ton placide.

- Ah ça des donzelles bien épaisses qui savent se battre c'est plus rare mais on va bien trouver de quoi satisfaire monsieur le duc. Expliqua le nain tout en passant une porte, donnant sur un autre couloir bordé de cages.

L'hybride pu voir quelques femmes plutôt jolies mais qui ne semblaient pas en bonne santé, et qui plus est la saleté dissimulait assez bien leurs beauté. Les autres étaient maigrichonnes, tout aussi sales et les yeux vides, cachées au fond de leurs cellules. Si toutes ces esclaves étaient dans les règles - Zaïn l'espérait au plus profond de son être - elles n'étaient certainement pas traitées correctement, et surement destinées à une clientèle peu digne de confiance. Zaïn était esclavagiste mais était bien plus humain que certains clients qui considéraient les esclaves comme des objets. L'hybride les voyait avant tout comme des humains et savait les respecter malgré leur état d'esclave. Ce que Marty Mellroy semblait se contrefoutre. Zaïn connaissait un contrôleur royal, Tagar Reys. Peut-être devrait-il lui indiquer cette adresse afin qu'il aille inspecter ce complexe peu ragoutant. Ils passèrent une nouvelle porte pour arriver dans une pièce un peu mieux éclairée, et ce qu'il y vit le convainquit immédiatement de la malhonnêteté de Marty Mellroy et de son commerce : Ils venaient d'arriver dans un salon mal entretenu où se tenaient quelques pirates humains, deux nains tout aussi mal famés que Marty ainsi qu'un draknys presque plus grand que Zaïn. Entre ses bras reposait une femme qui ne semblait clairement pas être une esclave. Apparemment ils venaient d'interrompre une conversation.

- Qu'est-ce que vous fichez là bande de merdeux ! Vous êtes encore passés par la porte de derrière sales pignoufs ! J'vais vous foutre dehors tout de suite, et mon pied dans le cul en prime ! S'emporta Marty Mellroy, conscient que Zaïn n'avait pas à voir ça.

- Calme toi Marty, tu va t'étouffer avec ta salive. Fit celui qui semblait être capitaine. On t'attendait dans ton salon pour te proposer une affaire. R'garde un peu le morceau qu'on te ramène, tu lui fout un sceau et tu fait remplir un de ces papiers à la con et tu l'envoie sur les meilleurs marchés d'esclaves. Remercie-nous, tu va en tirer un p'tit morceau d'or. Le forban semblait pas très attentif : Il avait pas calculé que Marty était accompagné d'un grand gaillard. peut-être pensait-il que l'hybride avec lui était un garde du corps et pas un client.

- Qu'est-ce que c'est que ça ?! Marty vira au rouge. Tu vois pas que je suis avec un client ? Et toi tu débarque là avec tes papiers falsifiés et tes sceaux plein la bouche ! "R'garde ça" que tu me dit ! Bah oui, j'vois bien que tu me ramène un nouveau produit, mais là tu m'emmerde devant un client, toi et ta clique. Fit remarquer Marty en s'approchant du capitaine.

- bah p'têtre que ton chat voudra bien acheter cette belle mégère pour un bon prix ? Surtout que voyez, c'est loin d'être un laideron le machin. Emit le forban sans se démonter.

- J'ai pas sincèrement l'impression que votre demoiselle soit une esclave. il constata que la dite demoiselle revenait à elle. Vous ne semblez pas être dans votre élément ma chère, seriez-vous ici contre votre grès ? Je m'appelle Zaïn Tevon-Duncan, et vous ? Il la carabinait de questions de manière à apprendre rapidement s'il devait la sortir de là ou pas.

- V'la qu'il parle à la marchandise le bougre. Constata le capitaine alors que Marty passait du rouge au rouge cramoisi.

Ils allaient en premier lieu discuter aimablement. Et s'il s'avérait - ce que Zaïn soupçonnait dès son entrée en ces lieux - que Marty Mellroy et ses hommes enlevaient des gens pour les faire esclaves de manière fallacieuse, il allait surement voir rouge et régler le problème par la diplomatie musclée. Et ensuite seulement il retournerai voir l'ex-voïvode Vitalis afin de lui demander - plus ou moins aimablement - de démanteler son réseau d'esclaves illégaux. Il lui collerai une petite correction s'il refusait, et passerai ensuite le tuyau à Tagar qui se chargerai de faire retirer les débris des ruines qu'aura laissé Zaïn après son passage.


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Myriem de Boktor
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Février/Mars de l'An 1 (2)

J’avais cru entendre et comprendre des phrases mais elles n’avaient ni queue ni tête à mes oreilles. J’avais surtout mal, la douleur sourde qui vrillait l’arrière de mon crâne et faisait que chaque afflux de sang à chaque battement de mon coeur me faisait l’effet d’une pointe plantée dans ma nuque.


Dans les bras du Draknys j’avais sombré de nouveau et je n’avais pas profité de leurs échanges des plus palpitants et nauséabonds. Néanmoins de ce qu’il en ressortit c’est qu’ils allaient me mener chez Martry Mellroy pour me vendre. Là-bas l’obtention de papiers et la création de tatouages ne semblaient être qu’une formalité, tout était parfaitement illégal cela allait de soit.


Une poupée désarticulée, c’était l’image étrange que je donnais et je pourrais plus tard peut-être reconnaître au Drakyn une force réelle pour me porter ainsi sur une durée importante, je faisais mon poids; je n’étais pas une frêle femme. J’étais grande et gironde, en forme grâce aux nombreuses heures d’équitation que je faisais quotidiennement. 


Mais laissons ces considérations de côté revenons à nos larrons arrivés chez Marty Mellroy avec leur butin du jour pour s’en débarrasser car j’étais plus gênante qu’autre chose en réalité pour leurs affaires.


L’accueil ne fut pas si chaleureux qu’ils l’escomptaient mais néanmoins ils ne se laissèrent pas décontenancer, c’était le jeu de Mellroy que de les rabrouer et les rabaisser, cela permettait au retors de payer moins cher les marchandises qu’il récupérait. Néanmoins Mellroy n’était pas d’humeur jouasse du tout, ses affaires privées n’avaient pas à être ainsi déballées devant un client potentiel d’importance. Il ne savait pas sur quel pied danser encore avec Mr Tevon-Ducan.


Je n’étais pas réveillée, pas vraiment, j’avais l’impression que je naviguais la tête dans du coton, tout était étouffé mais je sentais qu’on me parlait en fait, qu’on s’adressait à moi. J’ouvris la bouche mais je la sentis sèche, nul mot ne sortit. J’étais mal dans ses bras,je bougeais faiblement pour essayer de trouver une position plus confortable mais c’était peine perdue.


  • Je…



Je ne réussis pas à en dire plus, je sens monter un haut le cœur. Coup derrière la tête plutôt violent, petite commotion, voilà donc que mon estomac se rappelait à moi enfin aux autres surtout. Mon corps se plia malgré moi et ma tête roula vers le sol pour y déverser les restes de mon repas du midi, certes digéré mais quand même. Le drakyn se met à hurler qu’il est pas payé pour ça et me “dépose au sol”, enfin me laisse plus ou moins tomber sur le sol en un bruit sourd. 


Je me retrouve donc au sol, proche de mon propre vomi à plat ventre. La nausée est présente, bien présente mais un réflexe étrange me pousse à me relever. Je suis réveillée pour le coup et tout tourne autour de moi. Je m’appuie sur mes avants-bras et ma tête penchée vers le sol est trop lourde pour que je la relève et observe autour de moi. Je sens l’agacement de certains, la crainte d’un autre, crainte de quoi allez savoir, l’envie d’un autre encore, tout est confus, mélangé, sans sens réel.


Le capitaine s’agace donc à son tour.


  • T’es un abruti fini Dion. Tu veux abimer la marchandise comme ça alors qu’on a encore rien touché? Blaireau, ramasse-la et tiens là bien, sérieux, t’es quoi au juste? Une donzelle sans muscle? J’te paye pour quoi moi?



Mellroy pour sa part est rouge de colère, cela ne lui plait pas du tout.


  • Bien bien bien, Sire Tevon-Ducan, et si nous changions de pièce, je m’occuperai de ce désagrément plus tard, cela peut attendre. Venez je pense pouvoir trouver votre bonheur mais pas ici cela va de soit.



Son regard peu amène cloue un instant du moins le bec des abrutis congénitaux présents dans la pièce, enfin tous sauf le capitaine.


  • Et dis donc Mellroy, j’ai pas que ça à foutre. Soit tu la prends maintenant, soit on se casse avec et on la vend ailleurs. Ou on la garde en cale pour vider nos bourses en mer. Mais tu te décides maintenant.



J’ai entendu tout cela alors que je n’ai plus que de la bile à vomir. Cela m’a fait du bien cependant et m’a donné quelques secondes pour comprendre la situation. Je suis trop faible pour me mettre debout mais les mots prononcés me secoue et dans mon esprit le puzzle se remet en place. Je prends sur moi pour relever la tête, un visage défait et des yeux hagards mais je regarde autour de moi.


Je sais aisément qui sont mes oppresseurs, ils respirent le vice et la malhonnêteté, je vois un homme que je ne comprends pas bien, il est en colère mais pour quelle raison et enfin un élégant hybride, quelle étrangeté en ce lieu. Il semble calme et posé mais cela n’est qu’une apparence, il observe la scène j’en suis persuadé et il dénote avec ces pourceaux.


Mon regard se pose sur son visage et alors que mes lèvres sont trop sèches pour que je parle vraiment à haute voix, je chuchote sans le vouloir vraiment.


  • Je… ne suis… pas esclave…



Est-ce que cela a du sens, est-ce que cela sera utile je n’en sais rien pour l’heure mais je devais le dire. Cela m’a couté cependant mais je réalise que je n’ai plus l’envie de vomir, cela est passé. Mon crâne est toujours aussi douloureux par contre et cela pulse toujours autant, dur de me concentrer sur quoi que ce soit pour le moment. Mais je dois gagner du temps pour me sentir mieux.


Je sens le Drakyn qui se penche à nouveau sur moi.


  • Allez tu r’montes avec moi. Faut pas trainer dans ta merde, sentir mauvais c’est pas bon pour les affaires.



Ses mains posées sur moi me hérissent les poils et je remue avec plus d’énergie que je ne pensais en avoir.


  • Non !


C’est ferme et décidé. Je bouge comme une folle en un sens, cela vrille mon cerveau de douleur mais je préfère rester au sol loin de lui. Mon regard noir pourrait presque lancer des éclairs, entre douleur et colère, je ne suis plus du tout amène.
Zaïn Tevon-Duncan
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Attention : Ce post est violent.

- Au sous-sol -

Zaïn écoutait les truands discuter entre eux avec violence, ils ne faisaient plus attention à lui, comme s'il s'était effacé, seul Marty Mellroy parla à l'hybride, mais sans que ses paroles n'atteignent les oreilles de celui qui n'était plus son client. Mais cela, le nain l'ignorait encore. Alors que tous continuaient d'échanger entre eux, seul Zaïn savait comment tout cela allait se terminer. Les autres ne le savaient pas encore.

Et si la baronne avait d'abord paru fort belle au regard de l'hybride - il aimait les cheveux sombres - ce regard changea bien vite, celle qui n'était pas esclave alla vider son estomac au sol. C'est dans ce mouvement de chute que Zaïn remarqua le pendentif pendant au cou de la femme, probablement la seule chose de valeur que les bandits avaient pas pensés à lui retirer. La petite pierre bleutée pendit un instant avant d'être recouvert par la chevelure de la jeune femme, ses cheveux venant se coller sur son visage plein de sueur. C'est par ce brin d'attention que Zaïn pu entendre la brève complainte de la femme, lui indiquant à demi-mot qu'elle n'avait rien à faire là, ce qui vint confirmer les soupçons déjà solides de l'hybride. En comprenant cela, il serra les poings, ce que personne ne remarqua encore, tous le regard rivé sur leur captive qui se mettait à vomir.

Lorsqu'elle eue terminé, le draknys prénommé Dion s'empara de nouveau de la femme, mais cette fois-ci, cette dernière ne se montra pas si docile et commença à se débattre violemment. Même le solide gaillard qu'était Dion eu du mal à resserrer son étreinte. Il releva les yeux vers Zaïn qui s'était approché pour lui poser une main sur l'épaule, d'un ton ferme il dit :

- On frappe pas les filles, tu devrais le savoir. Lâcha-t-il, serrant un peu plus l'épaule du draknys.

- Qu'est-ce qu'il veut le chat ? S'étonna-t-il tout en plaquant une main sur la bouche de la jeune femme qui s'agitait toujours.

- Faut avoir les mains libres pour pouvoir se battre. Ajouta-t-il. Une incompréhension pu se lire sur le visage de Dion.




Mais l'incompréhension disparu dès lors qu'un direct du droit vint s'écraser en plein milieu du visage du draknys qui lâcha immédiatement son emprise sur la jeune femme qui tomba au sol. Dion vola en arrière pour se rattraper à un des nains. Une surprise traversa le groupe et Zaïn profita de cet instant pour faire valser son pied dans le menton du second nain qui eu le malheur de se tenir trop prêt, tombant à la renverse.

Immédiatement, un des hommes s'empara d'une chaise et la fit voler sur Zaïn qui la fit éclater dans les airs d'un revers de l'avant-bras, des morceaux de bois fusèrent dans tous les sens. Un second humain tout maigrichon voulut jouer au héro et se jeta sur l'hybride pour tenter de le plaquer en l'enserrant à la taille, mais en parvenant à peine à faire reculer Zaïn d'un pas. Ce dernier posa son regard sur l'homme qui parut surpris de n'avoir pas eu plus d'effet que ça et Zaïn abattit un violent coup de coude dans la nuque du maigrichon qui s'étala au sol.

Sans se faire prier, un autre, plus grand et plus épais s'empara d'un des pieds de chaise qui avait volé et l'utilisa comme une matraque, mais Zaïn vit venir le coup et bloqua le coup avec une de ses mains et donna un violent coup de boule dans la tête du type, il lui arracha des mains le pied de chaise. Un des nains revint à la charge, armé d'un chandelier, mais l'hybride abaissa vivement le pied de chaise qui s'écrasa sur le crâne chauve du nain. Dans le même mouvement, Zaïn porta un second coup dans le visage du type épais qui vola pour s'écraser sur la table.

- Amenez-vous ! ALLER ! VOUS AVEZ LES FOIES ?! Vosciféra Zaïn.

Le capitaine s'était levé, s'emparant d'une bouteille, et accompagné du maigrichon qui s'était relevé, ils tentèrent de porter deux coups simultanés à l'hybride. Mais ce dernier balaya l'air devant lui pour atteindre le maigrichon à l'oreille, le sonnant au passage pendant que Zaïn esquivait le coup de bouteille du capitaine en s'abaissant, donnant un coup de coude dans le ventre du capitaine qui lâcha la bouteille qui alla se briser au sol. Zaïn jeta le baton en direction de Marty Mellroy qui s'approchait de lui, le faisant reculer, "le chat" ramassa le morceau de bouteille et le planta profondément dans la cuisse du capitaine qui tomba par terre en hurlant.

- J'ai quelque chose pour toi ! Fit Zaïn, s'adressant à Marty.

- Qu'est-ce que tu me veux ?! S'étonna le nain.

- Attrape ! Répliqua Zaïn en lui collant un direct du gauche dans la figure.

Marty tomba à la renverse, peinant à se relever. Zaïn se redressa pour jeter un coup d'œil sur la situation. Le maigrichon avait le visage collé par terre, le capitaine sanglotait à côté, l'un des nains était K.O un peu plus loin, le type épais tentait de se relever tout en se retirant les échardes qu'il avait dans l'épaule droite. Le compte était le suivant : Il restait un des nains, un homme pas bien courageux qui se tenait dans un coin - n'ayant toujours pas attaqué - et le draknys... Ce dernier, Zaïn ne le remarqua qu'à la fin, lorsque Dion le souleva en le saisissant sous les bras en hurlant de rage. Le draknys courut pour aller écraser Zaïn contre le mur qui se fissura sous l'impact.

L'hybride abattit trois coups consécutifs entre les omoplates du géant, le forçant à lâcher prise. Sans se faire prier, Zaïn lui cola deux crochets du droit dans le visage dès lors que ses pieds retouchèrent le sol. Mais Dion le saisit par la nuque et colla un poing dans le ventre de l'hybride qui par chance eu le temps de renforcer ses abdos. Il répliqua en saisissant son adversaire par les cornes et le jeta contre le mur dont la fissure s'élargit encore un peu.

Zaïn sentit un impact dans son dos, il pivota prestement pour voir le second nain, un pied de chaise à la main, qui tenta de lui caller un second coup, cette fois dans le visage. Zaïn bloqua le coup avec son avant bras et fit voltiger un direct du droit dans la joue du nain qui recula, sonné. De nouveau un impact dans le dos de l'hybride, cette fois-ci bien plus puissant : C'était Dion qui venait de lui caller un coup de coude entre les omoplates... Douloureux.

Mais Zaïn ne se retourna même pas et fit valser un coup de coude en arrière, il sentit qu'il avait touché, et le cris du draknys lui confirma qu'il l'avait touché au visage. Mais il prit cependant un coup de chandelier dans le bras droit, provenant du gars épais qui avait finit de retirer ses échardes, la douleur irradia tout le bras de Zaïn, jusqu'à son épaule. Il fit un pas de côté pour esquiver un second coup de chandelier. Face à lui il avait le gaillard épais et le draknys qui le regardaient, le regard imprégné de haine.

Zaïn récupéra le pied de chaise au sol et porta un coup violent au visage du draknys, bloquant dans la même seconde le coup de chandelier de l'autre. L'hybride recula de quelques pas pour placer la table entre lui et ses deux assaillants. Dion tenta de passer par dessus la table mais fut repoussé d'un coup de pied de chaise entre les deux yeux. Son acolyte balaya l'air du chandelier, mais Zaïn esquiva en se penchant en arrière. Le pied de chaise étant plus long il fut à porté et le lui carra sur l'oreille, avec force.

Le pied de chaise se brisa à l'impact et Zaïn porta son regard sur le petit bout de bois qu'il lui restait en main. Il le jeta sur le draknys qui recula, tenant son nez brisé qui saignait à flots.

- C'est tout ce que vous avez ?! AMENEZ-VOUS ! Hurla l'hybride.

Son regard se reporta sur le couard qui jusque là s'était tenu à l'écart, dans son coin. Il avait dégainé un couteau et courait sur Zaïn. Ce dernier esquiva le premier coup de surin en baissant la tête, le second coup en faisant un pas de côté. Il porta un coup de poings dans le bas-ventre du bonhomme qui lâcha le couteau. Zaïn le choppa par l'épaule et lui asséna trois coups dans le visage à une vitesse ahurissante. Le couard aurait dû rester dans son coin : Il avait maintenant l'arcade brisé et le nez éclaté, il s'écroula lestement au sol.

Zaïn se retourna vivement, voyant que Marty s'était relevé et avait ramassé le couteau. L'hybride le regarda d'un air mauvais, un regard imprégné d'une colère noire, la terreur s'empara du visage de Marty.

- Tes sûr de ce que tu fais ? Questionna Zaïn en faisant un pas vers Mellroy.

Ce dernier tenta le tout pour le tout en essayant de porter un coup de surin à son adversaire. Mais Zaïn s'empara du gaillard épais qui venait tout juste de se relever pour le placer entre lui et le couteau qui alla se planter dans le dos du type qui se mit à hurler. Zaïn le retourna, s'empara du surin et jeta le gaillard poignardé sur le draknys qui tomba sous son poids.

En face de lui, Marty se pissa littéralement dessus et Zaïn le taillada au torse, le nain chuta en arrière en pleurant de douleur. Mais Dion revint à la charge dans son dos pour enserrer Zaïn de ses bras puissants et le faire voler au dessus de lui pour aller écraser l'hybride sur la table qui se brisa sous le choc. Au milieu des débris de bois, Zaïn eu le réflexe de tendre le bras armé du couteau, le surin se planta dans la hanche du draknys qui souffla bruyamment de colère. A côté, le dernier nain encore debout, le visage rougis des impacts qu'il avait reçu, s'avança en hurlant, l'hybride - toujours allongé - lui fit un croche-patte.

Le draknys, penché au dessus de Zaïn, l'écrasant de tout son poids, retira le couteau de sa chair et tenta de l'abattre sur l'hybride qui bloqua le coup avec son avant-bras, la lame s'arrétant à quelques centimètres de son visage. Dion réagit de manière avisée et releva le bras pour essayer de porter un second coup de couteau, mais la lame se planta la seconde fois dans le sol : Zaïn s'était écarté sur la gauche et bloqua le bras de Dion sous son aisselle.

Zaïn exerça une pression sur le côté et fit tomber le draknys à la renverse sur sa droite. Au passage, Zaïn donna un coup dans le visage du nain qui était tombé à coté, il se redressa au dessus de Dion, inversant la situation. Il s'empara d'un morceau de bois et porta une série de coup dans la tête du draknys qui n'en bloqua pas la moitié. Soudain, le nain se releva et retira Zaïn en lui passant un bras sous le cou et le tira de toute ses forces en arrière.

Zaïn fit passer le nain par dessus lui, le faisant rouler sur son dos, de manière à ce qu'il s'écrase sur Dion. L'hybride se retourna et reçu un coup de poings dans le visage de la part du capitaine qui était parvenu à remarcher malgré les bris de verre dans sa cuisse. Zaïn ne broncha pas et le regarda, avec un grand sourire.

- Et c'est là ton erreur : T'être relevé. Et il lui calla un coup de boule.

Il saisit le capitaine par la nuque et l'envoya voltiger contre le mur qui se fissura pour de bon. Soudain, parmis tout ceux qui étaient couchés, un dernier adversaire se releva : Le draknys. Il avait le nez qui pissait le sang, une arcade brisée, sa hanche qui saignait abondamment et de nombreux hématomes partout sur le corps. Ses poings serrés avaient la peau arrachée et ne demandaient qu'à lâcher prise, mais Dion les gardait fermé.

- Tes mort le chat ! Vosciféra-t-il en faisant voler un poings vers Zaïn.

L'hybride recula la tête pour éviter le coup et donna un coup de pied dans le tibia du draknys qui tomba à genoux. Zaïn lui donna un coup de genoux dans le torse, enchaînant avec un coup de coude dans la joue puis un crocher du droit dans le visage. Le draknys resta une brève seconde dans cette position avant de tomber sur le côté.

Ceux qui n'étaient pas KO se lamentaient au sol, saignant de toute part. Plus aucun ne se relèverait à présent. Sauf la femme qui se tenait à présent bien droite sur ses pieds, ayant retrouvée sa dignité. Pour montrer que tout était fini, Zaïn lui sourit de toute ses dents blanches.

- Quoiqu'ils aient pu dire, je ne suis pas un chat. Et vous n'êtes décidemment pas une esclave. Plaisanta-t-il.




Myriem de Boktor
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Myriem de Boktor
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Février/Mars de l'An 1 (3)

J’étais au bout de ma vie enfin pas au sens propre du terme, j’étais vidée littéralement dirai-je et mon crâne me violentait beaucoup trop. J’en étais à me débattre avec ce maudit Drakyn qui voulait poser de nouveau ses mains pour moi mais j’avais repris assez conscience pour ne pas me laisser faire cette fois ci. C’est à ce moment que je crois que j’ai réalisé que dans cette sombre pièce j’avais un allié, un inconnu, grand visiblement, vu que je n’avais pas eu la force de relever la tête pour le voir en pied.


Sa voix charriait des glaçons et même si ses propos ne m’étaient pas destinés je ressentais dans mon être le poids de ces derniers, la menace était lourde et pesante et doublée d’une grande assurance.


“Le chat”? cela faisait deux fois que j’entendais ça non? Je n’avais pas encore réussi à me libérer du dénommé quand il vola plus loin et me lâcha. Je retombais sur le sol et poussait un “ouf” étouffé sous le choc et par la surprise. Néanmoins je n’étais pas sotte et j’en profitais pour reculer.


Je vis ensuite un nain voler à son tour, un coup de pied l’ay ant attrapé au vol et l’ayant aidé à atteindre son objectif plus vite, être ailleurs. Ce qui suivi restera je le pense gravé dans mon esprit pour les années à venir. La danse macabre de Morwën avait eu un effet hypnotique et gracieux presque et marquerait aussi certaines de mes nuits de cauchemar mais là…


J’étais incapable de détourner le regard de la scène qui se jouait devant moi. Spectatrice muette et qui se faisait oublier surtout. Je me demande même si je n’avais pas arrêté de respirer à un moment donné. Le petit chat ou plutôt l’hybride géant jouait un combat parfaitement orchestré et maîtrisé, ce n’était pas son premier c’était un fait. Il avait la gestuelle, l’allure, les coups des combattants aguerris et le regard empli de certitude qu’il allait les écraser comme de vulgaires merdes.


C’était parfaitement effrayant parce que dans le fond je ne savais pas si mon crâne n’allait pas lui aussi finir en mille morceaux, broyé par ses mains puissantes. Allais-je sentir couler par mes oreilles ma matière grise? Ou le sang sortirait-il par mes orbites apeurées et figées sur ce visage qui était beau, la mort pouvait être belle?


Combien de temps cette valse mortelle a-t-elle durée? Quelques minutes qui m’ont semblé être une éternité, quand enfin un dernier corps a chu dans un bruit sourd, il n’aurait pas du se relever cet idiot de Drakyn, c’était pourtant évident qu’il n’aurait pas du le faire.


Malgré moi j’avais retrouvé du courage ou mon souffle tout simplement et je m’étais aidée d’une table encore entière pour me relever. Mes jambes tremblaient et je peinais à faire bonne figure. J’avais essuyé le coin de ma bouche du revers de ma manche. Encore une tenue abimée enfin à nettoyer car j’avais reçu de tout dessus, du sang, des morceaux de … brrr peu importait ma tenue était aussi affreuse que ma tête était défaite (je vous passe ma coiffure, une honte!).


Les malfrats encore vivants baignaient dans leur sang ou excréments et mon léger vidage d’estomac passait presque inaperçu dans ce charnier. Debout, droite, je relevais la tête quand l’hybride m’adressa la parole. Allait-il me tuer? Je devais regarder la mort en face si tel était le cas.


Je dardais mon regard sombre vers le sien pour le soutenir. Je retrouvais malgré une apparence piteuse et pitoyable des réflexes enseignés et conditionnés, j’étais noble. 


- C’est l’évidence oui vous êtes la providence pour moi et je ne suis pas une esclave.


Cela étant dit je réalisais que si j’avais ma larme d’écume au cou, je n’avais plus le reste de mes bijoux et surtout plus mon sceau. Je soupirais et observer la scène, ah le Capitaine était par là bas. Marchant par dessus les corps, écrasant des doigts sans m’en soucier j’arrivais à sa hauteur. Il était pitoyable et incapable de bouger. Je rouspétais et le retournais, j’eus un haut le cœur que je réprimais et j’entrepris de fouiller ses poches intérieures de veste pour en sortir ma bourse, mes bijoux et surtout le sceau familial. Mon trésor en main je me relevais et le passais à mon doigt.


- Je me sens mieux. Un bijou suffit parfois à habiller une femme dit-on.


Bon heureusement j’étais habillée en disant cela. Je fouillais la pièce du regard et aperçut une carafe d’eau. Je m’approchais et déchirant un morceau du jupon sous la robe, je versais de l’eau dessus pour me nettoyer le visage et les mains puis je me tournais vers mon interlocuteur qui devait mon cirque risible.


- Bien, maintenant je peux me présenter, c’est un peu mieux. Dame Myriem, Baronne de Boktor des terres de Mael. Et comment s’appelle l’homme providentiel qui m’a sauvé de ces ordures?

Je jouais les femmes solides et fortes mais mes jambes tremblaient et menaçaient de ne pas me porter longtemps. Et surtout les odeurs nauséabondes de la pièce et des corps ajoutaient à mon mal être. J'avais donc repris un semblant de contrôle mais je risquais de tomber de nouveau au moindre souffle de vent ou bruit suspect en réalité. Mes nerfs étaient à fleur de peau et ma respiration encore saccadée.


- Allez vous bien?


Oui si il était blessé je pouvais l'aider, le soigner, le soulager cela je savais faire. D'ailleurs en y songeant... je me concentrais et libérais mon don, de l'eau apparu autour de nous et je la fis glisser sur le sol partout, pour laver le sang en un sens mais surtout par besoin olfactif, l'usage de mon don dégageant une légère odeur marine cela permettait de recouvrir celle de la pièce. Je laissais donc l'eau se répandre pour nettoyer tout ça et m'apaiser en même temps.
Zaïn Tevon-Duncan
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Zaïn Tevon-Duncan
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- Au sous-sol -

- Oh je m'excuse, je pensais m'être présenté, Zaïn Tevon-Duncan, pour vous servir. Mais vous avez raison, l'apparence mérite l'attention qu'on lui porte, c'est ce qui définit l'image extérieure d'une personne. Il jeta un coup d'œil à son costume blanc, tâché et déchiré par endroits. Je ne suis pas présentable non plus à vrai dire, ces messieurs y sont pas allés de main morte. Et je m'en excuse Dame Myriem. Il exerça une brève révérence.

- Qui est-tu, par les titans ? Parvint à articuler Marty Mellroy, adossé au mur.

Le nain avait le visage tuméfié et rougit par les coups qu'il avait pris, il avait une main pressé sur son torse tailladé qui continuait de saigner doucement, imbibant ses vêtement d'un rouge intense. Marty avait les jambes inertes et un œil au beur noir ne lui permettait d'en ouvrir qu'un seul, il avait perdu quelques dents et cela s'entendait quand il parlait. Il s'était adressé à Zaïn, ce dernier fit un pas dans sa direction et s'accroupit devant le nain. Dans une grande théâtralité qui tenait presque du ridicule, l'hybride pris une mine sombre, fronçant les sourcil, regardant le nain droit dans les yeux.

- Je suis la Vengeance. Sonna-t-il d'un ton grave.

Marty eu le souffle coupé, ne pouvant articuler la moindre parole. Zaïn se releva pour pivoter vers la baronne qui fit un brin de nettoyage, Zaïn fut en premier lieu étonné mais il avait déjà vu de tels pouvoirs par le passé, il aimerai tant pouvoir contrôler cet élément, c'était si pratique dans ce genre de situations, si fréquentes soient-elles pour l'hybride. Elle lui demanda alors s'il allait bien, l'hybride inspecta alors son corps, remarquant alors le vilain hématome violet qu'il avait sur l'avant-bras gauche, celui avec lequel il avait bloqué un coup de chandelier, n'ayant pas eu le temps de renforcer son blocage. S'approchant alors de la mage, il lui montra la tuméfaction.

- J'ai réussi à bloquer ou esquiver la plupart des coups, limitant ainsi la casse, mais dans tout combat il y a quand même quelques dégâts. Je pense que celui-ci est le plus grave, quoique rien de dramatique, vous en conviendrez. Lui signifia-t-il dans un sourire.

Mais la mage avait plus d'un tour dans son sac, et c'était ainsi qu'elle lui pris le bras afin de faire disparaitre la plus grosse partie de l'impact, soulageant au passage la douleur qui irradiait l'avant-bras de l'hybride. Cette fois-ci il afficha un très large sourire, plongeant un regard de gratitude dans celui de la baronne, finalement si le combat n'était pas la spécialité de Myriem, elle excellait en tout point en dehors de ceux-ci, quoiqu'encore elle s'était bien débattue en premier lieu, ayant permis à Zaïn de prendre l'avantage sur le draknys.

Par égard pour les lieux et les gens, il n'avait pas déployé la moitié de sa force, ne voulant pas non plus faire de massacre, il observa encore une fois les alentours, remarquant alors qu'une partie du mur, ayant subit plusieurs impacts, menaçait de lâcher. Il fit la moue en voyant les dégâts matériels. Mais cela lui fit également remarquer que ce n'était décidément pas un lieu qui convenait à une personne de son rang, du moins pour la baronne. Ainsi, d'un geste respectueux, il l'invita à la suivre, empruntant la seconde porte de la pièce, c'était la "porte de derrière" donnant sur l'extérieur. Ils débouchèrent dans une petite ruelle qui leurs permis de rallier l'artère principale du port où les marins, commerçants et les mouettes n'avaient pas cessés leurs brouhaha durant l'absence des deux protagonistes. Il sourit de plus belle à Myriem.

- Bon, votre séjour à Ikusa débute du mauvais pied, mais vous verrez que c'est une ville aux multiples qualités, vous n'avez fait que découvrir le côté obscur de la capitale, largement minoritaire croyez-moi. Observant les quais, il ajouta : Mais, si ce n'est pas indiscret, quelle est donc le motif de votre venue ? Tourisme ? Les affaires peut-être ? Si elle le lui demandait, il lui expliquerai sans détour la raison de sa présence dans le sous-sol de ces bandits. Mais pour l'instant il était curieux de la raison de la présence d'une baronne en ces lieux malfamés.




Myriem de Boktor
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Février/Mars de l'An 1 (4)

- Au sous-sol -


Je réalisais qu’il avait déjà dit son nom, enfin que je l’avais entendu mais soyons honnête à ce moment je n’étais pas la plus réceptive qui soit et cela n’avait pas voulu rester ancré dans mon esprit.


- Zaïn Tevon-Duncan, enchantée de faire votre connaissance.


Avisant avec un peu de recul sa tenue, sa posture, je constatais qu’en effet il était homme, hybride, à se tenir élégant. C’était d’ailleurs surprenant selon mes critères au vu des compétences martiales dont il venait de faire preuve. J’imaginais les combattants sans amour pour le goût, le raffiné, bon soit, j’ai des à priori sur de nombreuses choses en ce monde et j’associe souvent le muscle à l'absence de subtilité ou d’intelligence parfois. Ne venez pas me jeter la pierre, un beau sourire, un grand décolleté et peut-être le cerveau de la demoiselle, il passe au second plan !


Nous étions là lors de nos présentations quand le nain reprit la parole pour s’adresser à mon sauveur. Sa question non dénuée de sens m'intéressait et j’attendais de pouvoir connaître la réponse avec impatience. 


Je suivis du regard zaïn s’accroupissant près du nain, même plié ainsi il était plus grand que son interlocuteur forcément. J’étais toute ouïe et… je restais comme deux ronds de flans à sa réponse, j’hésitais un instant mais je ne pus contrôler un petit rire à cette répartie tellement surprenante mais dans le fond cela me convenait comme réponse. Même si… 


J’entrepris ensuite de soigner Zaïn, inutile qu’il reste ainsi et que cela puisse le déranger dans les jours à venir par sa faute.


- J’ai pu voir en effet que vous étiez redoutablement efficace même sans m’y connaître en combat. Que vos blessures soient graves ou pas, je vais les soigner c’est vraiment la moidnre des choses que je puisse faire en remerciement. Vous m’avez évité de finir avec un faux tatouage et vendue à les titans seuls savent qui !


J’en frissonnais à cette simple pensée, c’était de la peur mais surtout du dégoût qui me venaient en tête et dans un second temps cela réveilla la colère en moi, colère pour ces maudits pirates qui m’avaient par deux fois attaqué, par deux fois échoué, mais tant qu’ils respiraient ils pouvaient recommencer.


Je suivis ensuite Zaïn hors de cette pièce sordide, j’avais un goût d’inachevé dans la bouche je devais l’admettre, les laisser ainsi? Libres de recommencer plus tard avec qui bon leur semblait?


Une fois dehors je ne reconnus pas l’endroit où nous nous trouvions, j’étais sur un quai quand on m’avait assommée. Mais par chance Zaïn nous ramena rapidement vers le port. Sentir l’air frais, l’odeur de l’iode, les embruns qui voletaient, cela me revigora.


- Eh bien pour tout vous dire je venais pour affaires commerciales hier. Peut-être avez vous entendu parler de ce frêle esquif Maelien qui a été attaqué hier par des pirates? J’étais à son bord voyez vous, seule survivante grâce à… la nage… Je n’ai jamais nagé aussi vite et longtemps de ma vie, l’adrenaline nous aide parfois admirablement et sur la plage une elfe m’est venue en aide et a repoussé les pirates.


C’était vrai, sans entrer dans les détails. Je poursuivis alors mon récit.


- Nous sommes arrivés par la route à Ikusa hier soir, nous avons pris repos dans une auberge dans les hauts quartiers et ce matin je suis venue à la Capitainerie conter mes déboires et réaliser aussi le pourquoi de ma venue. Je suis Intendante du Port de Mael et je venais me présenter officiellement. J’ai ensuite décrit ces maudits pirates mais j’ai bien compris qu’ils n’avaient nulle envie d’aller les chercher… Bref… *j’étais passablement agacée à ce souvenir* j’ai demandé un navire pour rentrer rapidement à Mael et l’on m’a annoncé plusieurs jours d’attente, je ne peux me le permettre alors je suis venue sur les quais me renseigner et chercher un navire qui me ramènerait rapidement en terres du Shoumeï, la suite vous la connaissez.


Je respirais un grand bol d’air et poursuivit. Oui j’étais très bavarde naturellement, un défaut que j’aimais même entretenir.

- Maintenant que j’y pense, à Shoumeï ces forbans je les aurais livré à la justice pour qu’ils finissent à la potence. Que puis-je faire ici pour qu’ils payent leurs méfaits? La déculottée qu’ils ont reçue n’est pas suffisante à mes yeux ! Et je doute de garder un bon souvenir d’Ikusa, je n’ai rien vu ici qui me plaise pour l’heure.
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- A l'air libre -


Il écouta avec attention le récit de son interlocutrice, tout en se massant les poings et s'étirant les doigts. Ce petit exercice lui a ouvert l'appétit, mais ce n'était pas encore l'heure de manger et ils avaient encore pas mal à faire. De plus, vu ce que la baronne avait traversé, ce serait contre-productif de s'arrêter en si bon chemin. Zaïn posa un regard admiratif sur la jeune femme aux cheveux d'ébène alors qu'elle venait de finir de conter son remarquable parcours mouvementé. Même l'hybride n'avait pas connu de telles tourmentes dans sa vie pourtant peu monotone.

- Wow, vous m'impressionnez, votre voyage est si mouvementé jusqu'à présent qu'il ferait un excellent roman d'aventure, surtout si j'en suis l'un des héros. Plaisanta-t-il pour détendre l'atmosphère. Mais je connais bien le capitaine du port, Rettesech Vir Ginne - à savoir que j'ai un navire au port - et c'est pas un mauvais gars, mais il a tendance à limiter ses investissements, se restreignant seulement à ses principales prérogatives administratives. Et cela se répercute sur ses subalternes qui rechignent à lever le pied pour plus que ce qu'ils ne sont payés pour. il parlait d'expérience. Peut-être que si je lui parlais moi-même, ils feraient quelque chose pour votre affaire. Une proposition pas tant jetée en l'air que ça.

À ces mots, Myriem émit l'envie vorace de se faire vengeance, une vengeance allant au delà de la correction qu'avait administré Zaïn. Ce dernier en fut quelque peu surpris, si l'on tenait compte que Marty Mellroy n'allait surement pas faire long feu avec la blessure qui lui avait été infligé, tout comme certains de ses subalternes qui n'allaient surement pas survivre, comme par exemple le draknys qui était peut-être déjà mort. Par chance le Reike n'était pas trop regardant sur les échauffourées entre personnes du petit peuple, estimant que si des esclavagistes illégaux venaient à être assassinés, cela était même bon pour la société. Ainsi Zaïn ne serait pas tant inquiété que ça par les autorités, ayant fait le bien, une chose qu'encourageait le royaume : user de la violence pour améliorer la société n'était pas si mal vu, qui plus est pour sauver une demoiselle en détresse. Une chose que les républicains ne pouvaient supporter. Mais elle avait surement raison : Ceux ayant survécus - étant tout de même mal en point - pourraient très bien reprendre leur commerce un jour.

- Le mieux dans ce cas, ici au Reike, est d'aller s'adresser de manière courtoise à la garde. Tenez voilà justement un patrouille qui prend un verre à cette table. Il indiqua quelques gardes qui s'étaient ouverts une bouteille sur un ponton. Il s'approcha d'eux.

- Bien le bonjour messieurs, comment allez-vous ? Demanda-t-il avec un grand sourire.

- On fait aller, et toi le chat, ça va ? Zaïn tressaillit en entendant encore ce pénible surnom, mais ne fit pas disparaitre son sourire.

- Tout va bien... Ce serai pas un bon cognac que vous venez d'ouvrir là ? Demanda-t-il au sajenti qui se faisait servir un verre.

- Pour sûr ! Tout juste déchargé de calle, c'est comme ça qu'il est le meilleur. Faut bien se désaltérer comme il faut. Bon que puis-je pour vous ? Demanda le sajenti, commençant à vider son verre.

- Eh bien, voici Dame Myriem, Baronne de Boktor, que je viens tout juste de sortir des griffes d'une bande de falsificateurs. Je venait leurs acheter des esclaves, étant le patron de l'arène... Il fut coupé par un des gardes en armure.

- Oh c'est vous qui tenez l'arène de combat ? J'adore ! Prenez un verre avec nous ! Il lui tendit un cognac.

- Ah non, pas en service, mais je vous remercie. Aucun ne saisit la pique qu'il venait d'asséner. Mais voici l'adresse des types dont je vous parlait. Vous devrez surement enfoncer la porte car ils sont pas en état de vous ouvrir, si vous voyez ce que je veux dire. Si vous les fichez au cachot vous remplirez du même temps votre quota messieurs. Il les gratifia d'un sourire.

- Si vous les avez dégommés c'est plus not' problème, allez voir les ramasse-ordures, ils vous seront plus utiles. Le sajenti toussota, regardant son verre qu'il venait de finir.

- Allez-y mes braves, c'est votre boulot. La reine a récemment promulgué un ordre royal selon lequel tous les falsificateurs arrêtés rapportaient une prime de lutte contre l'esclavage illégal. Et vous en avez un petit paquet à l'adresse noté sur ce papier. Il leurs donna le morceau de papier que Vitalis lui avait filé.

Les gardes se regardèrent tous. Le sajenti se leva prestement, remis son casque et tous s'emparèrent de leurs lances, et sans oublier d'emporter leur bouteille de cognac, ils s'en allèrent jeter un coup d'œil dans le sous-sol. Ils allaient y trouver un tas de blessés qu'ils enverraient au cachot pendant qu'ils se débarrasseront de ceux tombés au combat, et ce sans même se fatiguer. Zaïn savait parfaitement comment manœuvrer avec les gardes d'Ikusa, il ne les connaissait que trop bien à le longue et savait ce qui les motivait. Ils appréciaient se détendre sur les quais avec quelque bouteille, mais aimaient davantage le son des pièces. Une fois que la patrouille se fut éloigné dans les ruelles du port, Zaïn remarqua la visage marqué d'incrédulité de la baronne. Il lui sourit de plus belle.

- Il n'existe pas de prime de lutte contre l'esclavage illégal, bien évidemment. Mais au moins cela les a motivé pour aller embarquer les quelques rescapés de notre petite altercation. Ce sont de bons gars ces gardes, mais il faut les motiver un peu, tout comme les types de la capitainerie. A force de vivre à Ikusa c'est une chose que l'on comprend et que l'on sait exploiter. Il leva un pouce.

- Ceci-dit, si Marty Mellroy semblait être celui qui commandait, il a un patron au dessus de lui, celui chez qui j'ai obtenu l'adresse de ces bandits. Si vous voulez la pleine justice, nous pourrions aller lui rendre visite, maintenant ou après vous être reposée, comme vous voulez. Et après cela je m'engage à ne plus vous montrer les mauvais côtés de la capitale ! Il se passa une main dans les cheveux, souriant à la baronne qu'il trouvait fort aimable.




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Février/Mars de l'An 1 (5)


Impressionnante ma vie? Non juste deux journées merdiques qui semblaient sans fin à mes yeux. J’espérais sincèrement que la fin de ce jour soit au moins aussi agréable que la fin de journée passée avec Morwën. Néanmoins Zaïn pouvait être sûr d’une chose, il avait plus que capté mon attention en nommant le Capitaine du Port. 


Mon regard se transforma, mon sauveur pouvait même être celui qui m’aiderait à rentrer, deux bons points pour petit chat, je doute qu’il apprécie cette appellation mais cela le rend moins dangereux dans ma tête car vu ses compétences martiales…


- Eh bien en toute franchise j’aurais qualifié mon voyage de catastrophique et je ne dois la vie qu’à mes rencontres fructueuses dont vous faites partie maintenant. D’autant plus si vous avez un quelconque pouvoir ou influence sur ce maudit Capitaine de Port.


Un instant une idée germa dans mon esprit au pire, si aucun autre navire ne partait rapidement…


- Si jamais vous parvenez à m’obtenir une place pour rentrer rapidement à Mael je pourrai sans aucun doute faire vos louanges en toute franchise. Et si jamais aucun bateau n’est disponible… Vous feriez affréter le vôtre moyennant finances cela va de soit.


Cela me coûterait tous les bénéfices de ma venue pour remettre ce foutu coffret ce matin mais bon, quand on veut, on se débrouille pour obtenir ce dont on a besoin.

J’avais exposé mon point de vue sur la justice et je savais que dans le fond le Reike n’était pas un pays plus tendre avec les malfrats qui se faisaient prendre surtout. J’ai quand même senti la surprise de mon interlocuteur à mes mots dur, mais dans la vie il faut savoir une chose, je suis loyale à mes gens, pour eux je ferai ce qui doit l’être… Mais si mes mains peuvent rester propres c’est encore mieux. C’est ainsi tout l’art de faire faire ce que je souhaite pour arriver à mes buts, opportunistes dirons certains et je ne les contredirai pas. Mais une gentille opportuniste malgré tout.



Je le suivis jusqu’aux gardes et je lui fis confiance. Je sentis son agacement bien maîtrisé de se faire encore appelé “chat”, cela devait être lassant. Je ne perds rien des échanges et surtout cela me permet d’apprendre plus de choses sur Zaïn. Quand il me présenta, je me contentais d’incliner très légèrement la tête pour saluer les gardes et de montrer mon sceau, mon regard peu amène et ma posture servaient tout aussi bien d'apparat en ces instants.


J’ai eu envie un instant de coller le nez du garde dans son verre quand il décida qu’il avait mieux à faire que de bouger son séant pour aller mettre définitivement au trou les malfrats. J’ai bien failli m'emporter et tout gâcher probablement. La suite me fit hausser un sourcil interrogatif, pourquoi les gardes ne connaissaient pas les ordres royaux? Encore un endroit ou les informations mettaient du temps à redescendre probablement non?


Pour le coup ils se levèrent comme sur des ressorts et partirent pour obtenir leur prime. Une fois leurs dos disparus du champ de vision Zaïn m’avoua avoir inventé cela.


- Eh bien quel a propos vous avez mais… n’est-ce pas dangereux pour vous? Ils savent qui vous êtes et vont découvrir que cet edit royal n’existe pas. Vous ne prenez pas le risque d’avoir des ennuis?


Pour le coup je trouvais ça cher payé pour les pousser à arrêter ces raclures. La suite cependant me remua un instant les tripes, le nain n’était qu’un intermédiaire. La bonne société shoumeienne vous dirait d’oublier, de pardonner, de passer à autre chose mais je voulais dormir tranquillement en me disant que ces falsificateurs allaient payer pour leurs crimes. 


Ma décision était prise et je répondis en souriant avec douceur.


- On m’a toujours appris qu’il ne faut pas remettre à demain ce qui peut être fait aujourd’hui. Je suis donc totalement partante pour une visite à ce… brave… marchand afin qu’il comprenne que tout bien mal acquis ne profite jamais! 


Je tendis mon bras et ma main pour la déposer sur l’avant bras de Zaïn. Le traitant ainsi en égal, digne d’être vu à mes côtés de fait. En réalité, d’un point de vue des apparences, c’était moi qui avait l’air le moins en forme et apprêtée. Mais par chance une tenue m’attendait à l’auberge, le tailleur avait dû faire ses livraisons et je pourrais après cet intermède ennuyeux à venir avec Vitalis me rafraîchir et me présenter dignement ensuite.

- Eh bien allons-y, j’ai hâte d’en avoir fini avec cela afin de voir si vous pouvez vraiment me faire apprécier Ikusa à sa juste valeur. Le joyau du désert doit bien se cacher dans son écrin pour l’heure.
Zaïn Tevon-Duncan
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Zaïn Tevon-Duncan
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- Port de commerce, Ikusa -


Myriem de Boktor s'en faisait trop pour Zaïn Tevon-Duncan. Mais alors beaucoup trop. L'hybride avait connu des épreuves au cours de son existence que peu auraient pu soutenir, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Il était fait pour se dresser face à l'adversité, il savait qu'il gagnerait toujours à la fin et c'était cette assurance qui lui permettait d'être si confiant et souriant même dans les situations les plus atypiques voire désespérées. Il fallait dire que le gaillard frôlait les deux mètres et avoisinait les cent kilos de muscles, aucune menace physique ne pouvait venir le menacer de près ou de loin, et il venait de le prouver plus tôt à la baronne. Et si quelqu'un pouvait penser blesser psychologiquement l'hybride, il allait falloir faire plus que le menacer d'une amende ou de quelques jours au cachot, ce ne serait pour Zaïn que de petites vacances tout au plus. Alors si un jour il avait des problèmes avec la garde, il n'allait certainement pas craindre quoi que ce soit.

- Oh je ne pense pas que vous ayez à vous en faire pour moi, comme vous l'avez vu l'un d'eux était un client de mon arène, et plusieurs autres doivent apprécier les paris sportifs que je propose. C'est déjà un point dans mon camp, qui plus est je les met au défi de s'en prendre à moi pour le simple fait de les avoir poussés à faire leurs travail, de plus pour arrêter des falsificateurs qui sont considérés - selon la royauté - comme ennemis publics numéro un, entre autres. Signifia-t-il tout en affichant un sourire confiant.

Pour le coup, les craintes émises par Myriem étaient infondées sur ce point, la seule faute commise par Zaïn était d'avoir sorti un bobard aux gardes. Mais cela dans le but de les motiver un peu, et les flagorneries dans ce genre n'étaient pas admises comme étant contraire à la loi. Et comme il l'avait si bien signifié, on était à Ikusa, pas à Mael, ici la vie s'articulait autour d'astuces, et l'hybride était bien au fait des petits mécanismes sociaux dans ce genre qui lui permettait de si bien mener sa barque à Ikusa.

Le duo marchait alors sur les quais dont l'animation diminuait au fur et à mesure de leurs avancée, en effet, ils longeaient toujours des séries de pontons auxquels étaient affrétés des navires de toutes tailles, mais ce n'étaient plus des bateaux de commerces, ils déambulaient à présent sur les quais du port militaire, sur la partie nord de la grande baie d'Ikusa. On reconnaissait le port militaires aux multiples soldats qui se tenaient devant les pontons et sur les ponts des navires, mais surtout aux canons qui bardaient les vaisseaux.

- Pour revenir sur votre souhait de regagner Mael, nous pourrons retourner dans le centre juste après pour essayer d'arranger une rencontre avec Rettesech Vir Ginne. Cela tombe bien je devais justement aborder avec son bureau un changement de ponton, car je souhaiterai relocaliser mon navire - un trois mâts - sur les extrémités du port de plaisance, au sud de la baie, même si la taxe y est plus élevée, cela me rapprocherai du chenal maritime. Une pierre deux coups. Il la gratifia d'un nouveau sourire assuré.

Alors qu'ils discutaient, ils passèrent devant un immense navire de ligne, bien plus massif que ses voisins, soutenant un nombre conséquent de canons et de voiles. Le jaune éclatant montrait que la peinture de la coque avait été refaite récemment et les officiers se tenant très haut sur le chateau semblaient très fiers de leur vaisseau, et il y avait de quoi : Zaïn siffla d'admiration à la vue du navire de guerre. Il ne pu s'empêcher d'en parler à la baronne, animé par une fierté nationaliste qui ne lui ressemblait pas.

- Voici le Goliath, l'un des plus gros navires de guerre de l'histoire ! Il a été inauguré il y a quelques années, faisant plus de 60 mètres de long pour près de 800 hommes d'équipage. Et si ses 110 canons sont impressionnants, c'est bien ses 8 mètres de tirant-d'eau qui se remarquent, pouvant ainsi voguer jusqu'à 11 nœuds. Ce doit être absolument magique d'être aux commandes d'un tel mastodonte ! S'émerveilla-t-il comme un enfant.

Zaïn Tevon-Duncan était quelqu'un de simple, mais sa curiosité naturelle l'amenait à s'investir dans divers domaines, l'éloignant inéluctablement de la simplicité. Parmi ces domaines, il était passé maître dans l'art de la navigation maritime, et connaissait de fait tous les grands navires de cette époque, en commençant par le Suprême (navire républicain), en passant par l'Antwerp (vaisseau shoumeïen) jusqu'au Goliath qu'ils étaient en train d'admirer. Si un jour la marine reikoise recrutaient des capitaines, peut-être que Zaïn se porterai volontaire, juste pour le plaisir de tenir la barre de tels navires.

Mais pour l'instant Zaïn n'était qu'un petit propriétaire d'arène utopiste. Si là haut sur le chateau de la poupe du Goliath se tenait un capitaine de navire accompli aux commandes du fleuron de la marine reikoise, lui était en bas sur les quais, à observer cet idéal. Toutefois, Zaïn avait une mission à accomplir qui allait l'occuper pour le reste de la journée, ils approchaient de la maison de l'ex-voïvode Vitalis, quittant le port militaire pour repasser sur un port commercial plus animé.

Zaïn ne se retourna pas, même pas pour jeter un dernier regard au Goliath, navire de ses rêves.


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Myriem de Boktor
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Myriem de Boktor
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Février/Mars de l'An 1 (6)

- Port de commerce, Ikusa -

En un sens je me sentais soulagée par ce que disait Zaïn, j’étais inquiète qu’il puisse se mettre en danger ou en difficulté par ma faute. J’observe à la dérobée l’hybride et je réalise n’avoir pas l’habitude de lever la tête pour observer quelqu’un, mon mètre quatre-vingt d’humaine fait de moi quelqu’un de très grand parmi les miens.

- Me voici soulagée de fait je ne souhaite pas vous créer le moindre ennui. Je crois que cela m’empêcherait de dormir sereinement le sentiment de culpabilité. J’entends bien vos propos et je sens votre assurance mais je crois que mon éducation prend souvent le dessus sur la réalité des choses. Merci quand bien même vous estimez que c’était simple pour vous, dans le fond vous n’étiez obligé à rien, vous auriez pu détourner votre regard et revenir plus tard.

C’est sincère, je suis quelqu’un d’empathique, à l’écoute des autres, de leurs besoins et cette idée me noue l’estomac. Néanmoins je finis par sourire, rassurée.

Après Zaïn a raison, c’étaient des raclures, des gens sans honneur qui ne méritent que de mourir dans leurs excréments, je n’ai pas d’empathie pour ces gens malsains par contre. L’empathie se mérite tout simplement.

Au bras de mon sauveur j’avançais donc sur les quais de la grande Ikusa. Je devais me montrer honnête et dire que c’était une belle ville si je prenais le temps de l’observer.
Nous venions d’atteindre la partie militaire du port et j’ouvrais mes yeux en grand, le Goliath était impressionnant . Je dirigeais certes une compagnie marchande maritime mais je ne m’y connaissais pas en navire, leurs noms et types étaient la limite de mon savoir.

- Eh bien nous irons voir le responsable Maitre Rettesech Vir Ginne avec plaisir, il sera fort probablement surpris de me revoir si vite mais je n’ai rien à perdre dans tous les cas. Vous possédez un trois-mâts? Eh bien beau navire en effet et pas des plus petits. Pourquoi un tel vaisseau si ce n’est pas indiscret? Vous dirigez des arènes si j’ai bien compris, vous n’êtes pas armateur si?

Quelle vilaine curieuse je fais non? Probablement mais personne n’ira le répéter.
Dans tous les cas, cela faisait du bien de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un qui avait de la confiance à revendre, tout semblait simple en l’écoutant.

- Vous avez une formation de marin aussi? Vous savez diriger ce genre de vaisseau?

C’était fou de voir combien on pouvait se diversifier dans ses connaissances et compétences. Il était grand temps que je songe à sortir de ma zone de confort. Elle venait de toute façon d’être bousculée et mise à mal ses deux derniers jours. J’avais vu des hommes mourir sous ses yeux pour la première fois et avais rendu par deux fois tout ce que j’avais dans l’estomac. D’ailleurs étais-je toujours aussi sûre de moi? Devions nous aller nettoyer le monde de cet ordure qui travaillait avec les autres? Le doute me prit et je m’arrêtais un instant, toujours accrochée au bras de Zaïn, le forçant à s’arrêter un instant.

Je paniquais en réalité, je le sentais et j’avais besoin d’air. Je respirais par grandes goulées et je me sentais cruche de réagir ainsi mais n’avais-je pas dit que je voulais vengeance? En moi le conflit faisait rage, il méritait ce qui allait arriver mais qui étions nous pour faire justice? Ma main libre se posa sur mon estomac, je retrouvais contenance petit à petit, trop lentement à mon sens. Quand enfin, au bout de trop longues secondes voire minutes j’ai retrouvé une respiration posée je levais mon regard vers Zaïn. J’avais moins d’assurance qu’un moment avant.

- J’aimerais que cela soit rapide si vous le pouvez, je… je veux qu’il paye mais… j’ai mauvaise conscience maintenant et je risque de rebrousser chemin.

Et je voulais d’être à l’après, je m’accrochais à cette idée au demeurant. Après Zaïn me montrerait les bons côtés d’Ikusa et m’aiderait à oublier ce début de journée. Irions nous voir son arène pour que je découvre ce genre de lieu? Manger quelque part? Ecouter un barde? Je n’en savais rien et volontairement je laissais mon esprit songer à cet après pour ne pas me focaliser sur le moment présent. L’ex Vovoïde Vitalis allait payer parce que c’était juste!
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- Port de commerce, Ikusa -


Myriem de Boktor semblait habituée à ce genre de décor, car elle ne posait pas plus de questions que cela su sujet des navires, surement était-elle accoutumée au port de Mael. Après tout, Zaïn ne connaissait la baronne que superficiellement, ne sachant pas encore ce qu'elle faisait pour vivre, quoiqu'il savait déjà qu'elle était ici pour faire affaire selon ses dires. Mais Zaïn était toujours le sujet des questionnements de Myriem qui lui demanda des précisions sur sa profession, l'hybride la regarda.

- J'adore la mer, je ne saurais dire pourquoi, peut-être est-ce le reliquat d'une vie antérieure, qui sait ? Je sais apprécier le calme olympien du large lorsque le beau temps le permet tout comme les vagues hautes et les vents violents m'excitent, c'est un hobby si vous voulez. De plus mon trois mâts, le Vanguard, est sans conteste le navire le plus rapide d'Ikusa, le sentiment de liberté lorsque j'en tiens la barre prévaut sur tout le reste. Il sourit de plus belle. Mais je ne suis pas armateur, quoique votre question est loin d'être impertinente car armateur serai un excellent projet de retraite dès lors que mon commerce actuel m'aura lassé. Songea t-il avant que Myriem ne lui pose deux questions supplémentaires.

- Naviguer est comme combattre, c'est une question de détermination, d'attention et de savoir-faire. J'ai appris la navigation lorsque j'ai été mousse sur un bateau de pêche, il m'a suffit d'être attentif à tout ce qu'il se passait sur le navire. Il marqua une brève pause, comme pour tenter de mesurer ses capacités. Et si tout ce que je sais faire dans la vie c'est me battre et naviguer, je pense bien pouvoir faire voguer un navire tel que le Goliath à condition d'avoir un équipage efficace et obéissant... Savez-vous naviguer ? Il lui retourna la question.

C'était juste après la réponse de son interlocutrice qu'elle marqua un arrêt, comme pour se ressaisir alors qu'ils arrivaient devant la grande maison de Vitalis. Zaïn ne posa pas de question pour lui laisser le temps de se reprendre, mais il leva les yeux vers la fenêtre du second étage où il vit le visage de l'ex-voïvode les observer depuis son perchoir. Il ne semblait pas franchement ravis de revoir l'hybride de sitôt, Vitalis s'éloigna alors de la fenêtre et Zaïn compris qu'il les attendait en haut. Finalement Myriem finit par se redresser et signifia le problème auquel elle se confrontait. Zaïn lui posa une main bienveillante sur l'épaule.

- Vous en faites pas, j'ai déjà connu cela dans mes débuts, mes premières confrontations étaient tout aussi difficiles. Mais j'ai vite appris que si nous ne faisons rien, le mal continue de perdurer. Il alla ouvrir la porte de la demeure qui était déverrouillée, comme pour les inviter à entrer. Mais vous allez voir, nous allons procéder avec diplomatie. Il afficha un large sourire qui découvrit ses dents blanches.

Ils pénétrèrent alors dans la grande maison, un majordome dégarni les invita à monter les escaliers pour rejoindre le second étage ou le duo entra dans un large salon richement décoré. Dans la salle en trapèze se tenaient deux autres hommes, en premier lieu, Vitalis se tenait debout près d'une commode sur laquelle était posée une épée tirée de son fourreau. Était-ce une menace ? Ou bien cette épée n'était que décorative ? peu importe, dans les deux cas elle serait inutile à l'ex-voïvode déjà ralenti par son âge avancé. Mais de l'autre côté de la pièce se tenait, assis dans un large fauteuil, un nain de la connaissance de Zaïn et Myriem : C'était Marty Mellroy. Lorsque ce dernier vit le duo pénétrer dans le salon, il écarquilla tellement les yeux qu'on aurait pu croire qu'ils allaient sortir de leurs orbites, la terreur se lut alors sur le visage du nain qui sauta par dessus le dossier de son fauteuil, le renversant au passage pour se ruer derrière un large bureau ou il se cacha. Il releva la tête au dessus de la table, le front couvert de sueur ruisselant sur ses hématomes et hurla à Vitalis :

- Patron ! C'est lui qu'a tué Dion et son gang ! Crénom d'un chien ! Le salopard est revenu m'zigouiller ! Paniqua-t-il dans son coin.

- Allons, s'il était venu pour ça, vous ne seriez pas en capacité de le constater Monsieur Mellroy. Ecoutons plutôt ce qu'il a à dire, il devait avoir une bonne raison. Tenta de concilier le vieil homme.

- Je pensais pouvoir vous adresser ma confiance, Vitalis, mais il s'avère que vous n'en êtes peu digne. Vous m'avez envoyés chez des falsificateurs qui maltraitent leurs esclaves et qui se contentent d'enlever des gens pour les revendre en tant que tel. Une telle ignominie est peu respectable et vous m'avez offensés en pensant que je ne m'en rendrai pas compte. Si vous faites de telles insultes à notre belle nation, vous ne méritez plus d'y vivre. J'ai fait ce qu'il y avait à faire. Expliqua Zaïn tout en s'avançant doucement.

- Mon cher ami, je suis désolé si vous n'avez pas été satisfait de l'accueil qui vous a été fait. Mais je vois que vous avez tout de même trouvé un produit qui vous sied. Son regard signifiait qu'il parlait de Myriem. Zaïn vit rouge.

- La personne que vous qualifiez de "produit" n'est en aucun cas une esclave mais vos acolytes ont bien tentés de me la vendre comme tel. Vous avez devant vous Dame Myriem, Baronne de Boktor des terres de Mael. Et elle a deux mots à vous dire. Asséna Zaïn.

Zaïn ne voulait pas tout faire à la place de la baronne, il pensait que cela aurait été insultant de continuer ainsi, le mieux étant qu'elle lui signifie sont dégout avant que Zaïn ne mette fin à toute cette histoire, au moins cela retirerai un poids des épaules de Myriem que de dire ce qu'elle avait sur le coeur. Le regard de Vitalis s'écarquilla de stupeur en se posant sur la baronne, son regard vira alors en direction de Marty, toujours caché derrière le bureau se tenant sa poitrine douloureuse. Il le fusilla du regard avant de se reconcentrer sur Myriem de Boktor qui le regardait d'une façon dont personne ne voudrait être regardé, Vitalis en fut sidéré.





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Le temps que nous prenions à observer les navires était plaisant et permettait de reculer en un sens pour mieux sauter dit-on. Mais le plus important pour moi c’était d’être près de l’eau, elle exerçait toujours une fascination frappante sur moi. J’avais grandi les pieds dans l’eau, toujours près d’elle avec mon père, de ses navires, de son entreprise, jusqu’à sa disparition.


- Nous voilà avec un point commun en tout cas aussi dissemblables sommes nous. La mer me fascine aussi et m’attire depuis toujours, je n’ai jamais songé à l'éventualité d’une vie antérieure pour ma part mais… je devrais peut-être y songer. Encore que je n’ai pas la moindre idée de comment on peut faire pour revivre ou entrevoir des souvenirs de nos vies antérieures. 


Pour le coup il venait de m’offrir peut-être la clé de cet attrait que je ne comprenais pas. Ma magie liée à l’eau, ma famille liée à cet élément, ce médaillon offert par un élémentaire par le passé. Mais avais-je envie de savoir ?


- Je n’avais pas pris la mer depuis des années, depuis la mort de mon père, nos bateaux sont des bateaux de fret, pas des vaisseaux rapides mais je peux imaginer ce sentiment de liberté en mer, quand le vent soulève les voiles et balaye le pont. 


Un sourire s’ancre sur mon visage quand je réponds amusée.


- J’espère bien que ma question n’avait rien d'impertinent . Mais songer à l’avenir n’est jamais une mauvaise chose. Quand j’aurais prouvé à la Protectrice de Mael que je suis compétente au poste d’Intendante du Port de Mael, j’obtiendrai plus de terres et de responsabilité et de Baronne je deviendrai Duchesse. Cela sonne bien à mes oreilles. Même si aujourd’hui ce n’est encore qu’un doux rêve plein d’ambition.


Revenant à la réalité du moment, je répondis à la négative car je ne savais pas naviguer pour ma part. Nous étions arrivés et sa main sur mon épaule m'apaise, je hoche la tête: j’étais prête et déterminée maintenant.


- Je vous fais confiance Zaïn, vous m’avez déjà montré que vous étiez fiable alors allons y et soyons diplomates en effet. Il ne manquerait plus que nous ne nous abaissions à leur niveau.


Nous sommes alors rentrés dans la grande maison de Vitalis. Mon cœur battait la chamade mais cela me donnait de nouveau l’impression d’être plus vivante que jamais. Et quand nous avons découvert notre hôte et son invité, mon sang quitta mon visage, le nain était présent. Néanmoins je pouvais sentir la terreur que la vue de Zaïn lui inspirait, je la ressentais dans tous les pores de ma peau, c’était palpable et si…


Il était en train de s’escrimer à tenter de sauver sa peau, sa vie aussi. Mais je n’avais même pas l’envie de l’écouter, ni le besoin. Marty suintait la peur et pour la première fois de ma vie je me demandais si je pouvais… Ne m’occupant pas du Vovoïde, je m’avançais vers le nain, mon regard noir plongé dans le sien. Peut-être voyait-il passer sa vie devant ses yeux? Il avait peur et comme si sa peur était un fil qu’on pouvait tisser je décidais de m’en saisir et l’enrouler autour de son cou. Sa peur allait l’étouffer, il allait littéralement mourir de peur, c’était ce que je souhaitais en réalité. 


Je levais mon regard un bref instant sur Zaïn, il était calme, empli d’assurance et n’avait aucune crainte. Je m’imprégnais des émotions qui l’animaient et je respirais pour trouver le courage dont j’avais besoin pour tenter ce qui risquait de me changer.


HRP:



J’avais cessé de respirer et j’ai vu Marty se liquéfier sur place, son regard incapable de quitter le mien, était empli de frayeur. Il s’était de nouveau vidé par tous les orifices de son corps et avait bien piètre allure. Il recula, trébucha et alla se prostrer dans un coin de la pièce en marmonnant. Il avait eu la peur de sa vie.


Je reposais alors mon regard sur le Vovoïde qui venait de me traiter de marchandises. La colère m’emplissait et si je n’avais pas d’arme à ma disposition j’avais réalisé que ma magie était finalement puissante quand je l’utilisais avec la force de mes sentiments. 


- Comment osez-vous seulement comparer un être humain à un produit. Je peine à accepter l’idée que votre nation est esclavagiste mais cela a un sens non? Pour payer un crime, une dette. Là on parle de malfrats, de traite de vie humaine. Et je ne suis pas à vendre.


J’avais envie de l’occire pour ces mots prononcés mais je n’en ferai rien. Je voulais qu’il rampe et s’excuse et demande pardon pour n’être qu’une sous merde, une raclure des bas fonds ni plus ni moins. 


- Formulez rapidement des excuses sincères sinon…

Sinon...
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- Maison de l'ex-voïvode Vitalis, Salon -

Musique :

Il ne faisait plus aucun doute que la baronne avait plus d'un tour dans son sac, Zaïn le comprit en voyant le visage de Marty Mellroy se décomposer jusqu'à prendre une expression de terreur à l'état pure. Et ce, sans même que Myriem n'ai dit quoi que ce soit, elle était parvenu à faire passer l'envie au nain de retourner dans son commerce illégal, il ne faisait aucun doute que Marty se tiendrai à carreau à présent, terrifié qu'il était par Zaïn et craignant encore plus Myriem à présent.

Une fois ayant occis du regard le nain qui se cacha dans un coin comme l'animal apeuré qu'il était, elle pivota en direction de l'ex-voïvode qui n'en revenait pas, et même si son visage restait impassible, son regard transpirait la crainte. Myriem de Boktor l'enjoint fermement à lui présenter des excuses, à se repentir. Zaïn vit la main de Vitalis glisser sur le manche de l'épée posée près de lui, l'hybride décroisa les bras, serrant les poings.

- Je ne ferai pas ça si j'étais vous. Prévint-il sans siller.

Doucement, Vitalis écarta sa main du pommeau pour croiser ses dix doigts sur son bas-ventre, il s'inclina doucement en direction de la baronne. Zaïn vit immédiatement que le vieil homme jouait la carte de la conciliation, la seule méthode qui lui permettrait de s'en sortir indemne... "Quoique..." songea Zaïn dont l'envie de lui en coller une le démangeait. Mais il n'était pas convenable de frapper des personnages âgées, il pourrait mourir sans faire exprès.

- Je ne suis qu'un intermédiaire orientant des clients vers les fournisseurs d'esclaves d'Ikusa, je ne suis donc pas esclavagiste. Et que mes collaborateurs s'en prennent délibérément à des innocents n'est pas de mon fait. En revanche il est de mon devoir de vous présenter les plus plates excuses en leurs nom. Veuillez accepter mes plus sincères excuses Dame Myriem. Fit-il en prononçant ces dernières paroles avec lenteur.

Zaïn s'avança alors vers l'ex-voïvode qui fit un pas en arrière, levant les mains comme pour les écarter ostensiblement de l'épée posée sur la commode. Mais cela n'arrêta pas l'hybride qui se planta juste devant lui, soudain un tic nerveux paru sur le visage de Vitalis, le premier signe de peur qui se manifestait ouvertement sur le visage du vieil homme. Zaïn laissa écouler une seconde de silence, écrasant de son imposante stature l'ex-voïvode qui était à présent acculé contre la fenêtre. L'hybride pris alors la parole en ces termes :

- Votre plaidoyer ne suffit pas à racheter les nombreuses vies bafouées par vos sbires, vous fermez les yeux là-dessus depuis trop longtemps et il va vous falloir plus que des excuses pour vous repentir. Il croisa les bras sur sa poitrine. Demain, un contrôleur royal viendra vous voir, vous lui direz tout. Et n'essayez pas de mentir, je l'aurai préalablement informé de votre commerce de falsification et d'esclavage illégal. Je ne suis pas très regardant sur les règlements et je ne peux pas dire que je suis toujours dans la pleine légalité, mais ce que vous faites bafoue l'honneur du Reike. Qui plus est devant les autres nations. Il inclina la tête vers Myriem.

- Et ne tentez pas de fuir dans la nuit, j'ai également mon réseau, mes nombreux amis et collaborateurs dans tout le Royaume ne tarderont pas à vous retrouver. Il est temps de prendre votre retraire, papi. Et sur ces mots il tourna les talons, invitant Myriem à le suivre de manière fort galante.

L'air du port était bien plus pur que dans ce salon vicié.




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- Maison de l'ex-voïvode Vitalis, Salon -


La vérité c’est que face à l’adversité on se découvre des capacités insoupçonnées. J’avais eu des envies, j’avais eu un pressentiment comme si mes pensées pouvaient se matérialiser. Dans le fond, la magie n’était que cela à mon sens, la modélisation de nos dons, la façon de les façonner selon notre vision du monde et là… Je venais juste d’accepter la réalité d’un don que j’avais toujours possédé.


J’avais été comme fasciné par la réaction de Marty, voir le nain se liquéfier était parfaitement satisfaisant. Mais c’était mal, je le percevais ainsi, je ne devais pas faire ce genre de choses. 


J’étais sous le choc de mes propres actions et j’avais réclamé le pardon du Vovoïde par un réflexe mécanique. 


Je me tenais, droite, devant lui et je l’écoutais sans réaliser ce qu’il se jouait dans le fond. L’arme de l’homme, la posture de Zaïn tout cela m’était passé au-dessus.


Ai-je entendu ce que disait vraiment l’homme? Peu importait, rien n’était sincère je m’en doutais, nul besoin de doute pour le savoir mais dans le fond peu importait les phrases creuses prononcées, je trouvais que cela suffisait. 


J’ai failli dire des choses, accepter ses paroles pour en finir en un réflexe enfantin mais ce fut Zaïn qui prit le relais. Et expliqua ce qui allait se passer, et tout ce qu’il disait était sensé, logique et surtout bien plus juste. Un instant quand il parla de contrôleur royal, j’imaginais Tagar venant réclamer les aveux de ce pourceau.


Je n’ajoutais rien, j’avais peur de briser la solennité du moment et de dire une bêtise qui gâcherait tout. Heureusement ce fut le moment où Zaïn m’invita à le suivre, j’avais encore assez de retenue et de contenance pour sortir drapée de toute la dignité que m’offrait mon éducation.


- Retour sur le Port d’Ikusa -


Raide peu rassurée et surtout chamboulée je sortis, accrochée au bras de Zaîn. J’avais peur de tomber, de m’effondrer maintenant que cela me semblait terminé et j’avais honte rien que d’y songer.  Je tremblais malgré que nous revenions près du port de l’air marin. J'inspire profondément et demande d’une voix inquiète.


- Suis-je un monstre pour ce que je viens de faire? 


Cela tournait dans mon esprit, je n’aurais pas dû faire cela, je n’aurais pas dû céder à cette tentation et agir ainsi. Et le pire c’est que je m’étais sentie forte à ce moment-là.


- Je ne savais pas… je n’avais jamais… Je ressens depuis toujours les émotions des gens, le monde si j’y intéresse est comme un livre ouvert quelque part et je croyais être observatrice, attentive aux gens mais je sais que c’était de la magie depuis tout ce temps. Et j’avais peur que ce nain recommence, avec quelqu’un d’autre et vous lui avez fait peur et je l’ai senti, insidieuse, présente… et… je l’ai enroulée autour de lui pour qu’il s’étouffe avec sa propre peur… Je… suis… un monstre…


Cette idée me remplissait de peur et de dégoût envers moi-même. 
J’eus un haut le cœur de nouveau que je réprimais. J’inspirais pour me calmer puis je lâchais le bras de Zaïn.


- Je vous livre un bien piètre spectacle, j’ai honte et je m’en excuse. Veuillez oublier ce que je viens de dire, vous n’avez pas à subir mes états d’âme.


Ils seraient bien assez occupés avec moi plus tard, pour l’heure je voulais oublier. Aussi je demandais retrouvant un sourire forcé et tout sauf vraiment naturel.


- Je n’oublie pas que vous m’avez proposé de me faire apprécier Ikusa et j’en ai grand besoin. Mais je ne peux sortir ainsi…


Oui ma tenue était déplorable, ma coiffure aussi.


- J’ai besoin de passer à l'auberge pour prendre un bain et me changer. 
Zaïn Tevon-Duncan
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- Sur les quais, port de commerce, Ikusa -


Zaïn ne savait s'il était de son devoir de réconforter la baronne, il n'était d'ailleurs pas très fort pour ce genre d'atermoiements. Mais la question qu'elle lui posa, si elle était un monstre, le décida à prendre la parole pour la rassurer. Il n'aimait pas voir les gens souffrir autour de lui, mis à part ses ennemis pour lesquels il appréciait observer la peur qu'il leurs inspirait, mais Myriem était loin d'être son ennemi, voir même l'opposé, donc il planta son regard dans le sien et lui tint ces paroles, calme :

- Je ne suis pas un moralisateur de renom, mais je ne vois aucun mal en ce que vous avez fait. Pour moi le mal aurai été d'user de votre magie sur une personne innocente, comme beaucoup de personnes font, usant de leurs pouvoirs pour faire le mal. Mais il n'y a rien de préjudiciable à s'en prendre à une personne qui vous a fait souffrir, je dirai même que c'est juste dans la mesure où votre vengeance n'égale en rien ce qu'a tenté de vous faire subir ce Mellroy. Il lui posa alors une main bienveillante sur l'épaule.

- Et croyez-moi, si vous êtes un monstre, vous en êtes un bien piètre ! Conclu t-il sur le ton de la plaisanterie.

En effet, Zaïn ne voyait pas le mal qu'il y avait dans une vengeance justifiée, au contraire même, ce qu'il venait d'expliquer à Myriem était qu'elle avait tout les droits de faire subir une telle terreur à Marty Mellroy, surtout que cela le dissuaderai de recommencer à traiter les gens comme des objets, lui et ses acolytes. Zaïn était certe esclavagiste, mais il voyait ses esclaves comme des humains, nuance cruciale. De plus, il avait bien signifié que ce qu'elle venait d'infliger au nain était rien en comparaison de la vie de souffrances qu'il aurait pu faire subir à Myriem si Zaïn n'était pas intervenu. C'était de bonne guerre et totalement justifié. Il espérait lui avoir enlevé un peu de poids de ses épaules grâce à ce piètre discours.

Finalement, il constata pour la première fois qu'ils étaient tout deux peu présentables, il compris alors pourquoi certaines personnes qu'ils croisaient es regardait avec étonnement. Myriem avait ses vêtements tâchés et la coiffure hirsute, Zaïn avait un hématome sur la joue et son costume était déchiré sous les aisselles. Heureusement que ce n'était pas son plus beau veston. Il sourit en constatant le ridicule de leur duo.

- Tout naturellement. J'ai une lettre à écrire pour signaler ce commerce d'esclaves, séparons-nous donc là et dès que nous aurons fait ce que nous avons à faire de notre côté, je vous propose de me retrouver devant la capitainerie, après tout vous savez où c'est maintenant. Plaisanta t-il alors. Qui plus est j'ai également besoin d'un bain. Ajouta t-il en regardant sa tenue abîmée.




Myriem de Boktor
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- Sur les quais, port de commerce, Ikusa -

J’avais juste besoin d’entendre des paroles raisonnées et raisonnables, ni plus ni moins. ce que je venais de faire me perturbait et me perturberait peut-être encore un moment, réaliser le fait que je pouvais contrôler et influencer les émotions des gens qui m’entouraient changeait la donne. Mon don n’était pas uniquement passif, je n’avais pas à capter leurs émotions en permanence, cela en temps normal je parvenais à m’en détacher mais j’étais dans un état de stress conséquent ces deux derniers jours et ma sensibilité à fleur de peau m’empêchait de me couper des autres.

Je répétais les propos de zaïn et hochais la tête, le visage plus posé, il avait raison, cet homme méritait ce qui venait de lui arriver.

- Merci de m’avoir écouté, je me sens mieux et moins coupable. Il ne se serait en effet pas contenté de me faire peur.

C’était la réalité des choses, il allait me vendre et j’aurais pu finir n’importe où, dans un bordel, dans une cave, une chambre dorée fermée à clef, et que pouvais-je imaginer d’autre encore. Je me permis un sourire franc à ses mots.

- Me voilà rassurée en ce cas, je suis parfaitement ravie d’être un piètre monstre.

Ce n’était pas franchement dans mes idéaux. Zaïn réalisa je le crois à ce moment-là qu'il était aussi peu présentable que moi.

- Je pense en effet pouvoir revenir aisément à la Capitainerie d’ici une heure et demie? Le soleil se couchera juste cela vous convient-il?

Pour être honnête, je ne me voyais pas revenir seule une fois la nuit installée. J’étais gentille, naïve probablement mais totalement stupide ou suicidaire. Je remerciais Zaïn et le quittais pour un moment.

Une fois rentrée à l’auberge j’ai bien entendu vu le regard horrifié du tavernier, qui se demandait ce que je faisais de mes journées. Hier j’étais arrivée en sous vêtements pratiquement sous une cape et nu pieds et ce soir j’avais une mine déconfite aussi. Je demandais un bain, j’en avais besoin.

Le temps passé dans l’auberge défila et ne fut pas d’un grand intérêt en réalité. J’ai pris le bain dont j’avais grand besoin, j’ai envoyé ma tenue à laver sous le regard horrifié de la servante. Une fois le bain terminé j’ai passé un long moment à me démêler les cheveux. C’est un exercice long et mécanique mais qui de tout temps à eu un pouvoir quasi hypnotique sur moi et qui me détend totalement. Une fois propre comme un sou neuf j’ai enfilé la robe du tailleur. J’ai d’abord pesté en la sortant de la boite car il n’avait pas respecté mon souhait au niveau des manches, mais… force était d’admettre que son choix était judicieux et la robe plus seyante.

Le lin de la sous robe était léger et finement tissé, il ne dérangeait nullement et la robe de satin bleue était réhaussée d’un galon plus foncé très discret. J’ai enfilé le tout avec la force de l’habitude, mis les bas et chaussures puis j’ai entepris de mettre le corset. Le secret pour y parvenir seule réside dans la façon de préparer le laçage ni plus ni moins. Cela me prit un moment de le préparer cependant mais une fois fait j’ai pu l’enfiler et le serrer comme il le fallait, pour réhausser la finesse de ma taille et mettre en valeur ma poitrine. Je tournoyais un instant satisfaite du résultat. J’aurais pu réaliser un chignon complexe mais j’ai décidé que j’irai cheveux libres comme l’air, par coquetterie une plume y avait été accrochée.

Je suis finalement partie de l’auberge pratiquement dans les temps, peut-être aurais-je quelques minutes de retard mais quoi de plus normal? Il faut savoir se faire attendre non?

- Devant la Capitainerie à la nuit tombée -
Pour tout avouer j’ai eu peur alors j’ai payé un des palefreniers de l’auberge pour m’accompagner. Il était en retrait de quelques pas mais sa présence me rassurait. J’avançais d’un pas rapide, pressée de rejoindre Zaïn et curieuse de découvrir ce qu’il songeait à me montrer d’Ikusa.

J’arrivais devant la Capitainerie et je ralentis le pas. Elegante, distinguée et souriante, je ne pouvais que faire honneur à mon cavalier.

Tenue de Myriem:

Avisant ce dernier je m'inclinais avec une certaine déférence.

- J'espère ne pas vous avoir trop fait attendre Zaïn. Vous êtes très élégant.
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- Ikusa, devant la capitainerie, à la nuit tombée -


Zaïn avait accepté sans protester la proposition de Myriem qui était de se retrouver une heure et demi plus tard, même si Zaïn savait qu'il ne mettrai pas autant de temps à se laver et à se changer, il savait aussi que la baronne avait bien besoin de cette pause. Même en trempant parfois dans les strates les plus malfamées de la société reikoise, il n'avait jamais connu un tel concours de circonstances, ce qu'avait subit la baronne tenait vraiment de la malchance. En réalité Ikusa était une très belle ville, si seulement on ne tombait pas sur la face cachée du joyaux qu'était la capitale du Royaume.

Ils se séparèrent et Zaïn s'en retourna chez lui, opta pour une douche vivifiante plutôt qu'un long bain, ceci-dit il mis un peu plus de temps à sélectionner la tenue qu'il porterai pour l'occasion, car il y avait de fortes chances, se connaissant, qu'il l'invite ensuite à partager un dîner ou quelque mondanité dans le genre. Des mondanités qui risqueraient de plaire à la baronne, au vu de son milieu social. Il en vint donc à sélectionner un ensemble de cuir brunis à l'ouvrage aboutit mais qui ne faisait pas non plus tape-à-l'œil, n'en faisant pas trop tout en restant dans la fine élégance.

Tenue de Zaïn :

Finalement, Zaïn se présenta devant la capitainerie avec une bonne demi-heure d'avance, cependant il y fut également accompagné - tout comme Myriem - par un "garde du corps". Il avait fait un léger détour par l'arène pour y chercher Stefan Kennen, un de ses lieutenants, pas tant bavard que ça, mais d'une agréable compagnie pour tuer le temps. Assis tout deux sur des caisses devant la capitainerie, ils discutaient tranquillement en attendant la baronne, observant le coucher de soleil sur le port, plus bas.

- Donc tu as écris une lettre au contrôleur royal pour qu'il aille mettre les fers à Vitalis ? S'étonna Stefan lorsque le patron lui eu raconté ses péripéties.

- Je fais jouer mes contacts, rien de plus. Pour accomplir mon devoir de citoyen. Se justifia Zaïn.

- Certes, mais le vioque avait aussi son réseau, et ses collaborateurs ne vont pas apprécier ton coup de théâtre, ça pourrai nous retomber dessus. Expliqua Stefan Kennen, dépliant nerveusement les mains.

- Son réseau ? Quel réseau ? Fadaises que cela ! Ce bonhomme aurait dû prendre sa retraite depuis longtemps, il était trempé dans la pire fange et de nombreux concurrents ne demandaient qu'à le voir disparaitre. Et maintenant que c'est chose faite, j'attends plutôt des remerciements voit-tu. Répliqua l'hybride, confiant.

- Vu sous cet angle... Oh ! Est-tu au fait des dernière affaires de Kyouji ? Questionna alors Stefan, tout en portant une main à sa moustache recourbée.

- Non, j'étais un peu occupé aujourd'hui, pourquoi ?

- Notre discussion m'y a fait penser. Barbet Schrod vient de rendre l'âme, le pauv' vieux. L'atermoiement de Stefan était feinté.

- Comment l'as-tu su ? il était sympa avec moi, mais il était gâteux, bien que ce soit dommage. J'apporterai des fleurs à sa famille lors de ma prochaine visite à Kyouji. J'imagine que son fils a pris la relève ?

- Jarvan Schrod, oui. Et comment je l'ai su ? Attends c'est fort atypique, un peu comme ton aventure d'aujourd'hui. J'étais sur la route du nord, revenant de La Faillie, tu sait le petit chemin qui longe la côté en revenant du village ? Zaïn hocha la tête. Et là je tombe sur deux gars, des pêcheurs, ils me demandent leurs chemin, moi, je tombe pas dans le piège, et je sais que ce sont pas des gens à se perdre sur les côtes. Alors je leurs dit de sauter de la falaise et qu'ils seront arrivés à destination en bas de celle-ci. Il sourit, Zaïn rigola.

- Alors y'en a un qui empoigne un harpon et qui tente de me faire un trou dans le bide avec, mais j'attrape le manche et lui calle un poing dans le nez, l'autre s'énerve et je le transperce avec le harpon, avant d'achever le premier avec mon poignard. Il porta une main au petit fourreau fixé à sa ceinture.

- Et quel est le rapport entre ces détrousseurs et Barbet Schrod ?

- Aucun rapport. Affirma Stefan.

- Tes pas croyable toi ! Il feint l'énervement, puis rigola.

- Plus sérieusement, c'est quand j'étais à La Faillie que j'ai appris pour le vioque de Kyouji. J'y étais pour acheter une bouteille pour ma p'tite femme, et c'est quand j'ai demandé des nouvelles des viticulteurs de Kyouji que le marchand m'a dit que la famille Schrod venait de perdre son doyen. Mais la bonne nouvelle c'est que le vioque voulait plus exporter son bon vin à Ikusa, or son fils lui n'attendait que la mort de son père pour reprendre les exportations, donc on va bientôt avoir de nouveau du vin Schrod à Ikusa ! S'enthousiasma Stefan, tout en lissant sa moustache.

- Sûrement la meilleure nouvelle de la journée ! Son enthousiasme s'était transmis à Zaïn.

Et c'est sur ces mots que l'hybride constata l'arrivée de Dame Myriem, dans toute sa splendeur. Il resta un bref instant estomaqué de voir à quel point la saleté et l'effort étaient parvenus à dissimuler la beauté intersidérale de la jeune femme. Puis il se leva prestement, s'inclinant avec déférence.

- Dame Myriem, vous ne me ferez jamais attendre, en vous retournant le compliment. Il rougit brièvement et tendit un main en direction de son acolyte. Je vous présente Stefan Kennen, l'un de mes nombreux amis.

- Enchanté, Madame, on m'a déjà parlé de vous. C'est un très grand honneur que d'avoir pu vous rencontrer. Il échangea alors un regard avec l'hybride. Mais j'ai des affaires qui m'attendent, je vais donc vous laisser, en espérant avoir la chance de vous revoir. Il lui serra alors la main de manière fort respectueuse avant de tourner les talons.

- Pleinement revigorée ? Demanda Zaïn à l'attention de la jeune femme.




Myriem de Boktor
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Quand je suis arrivée devant la Capitainerie j’ai vu Zaïn en train de deviser avec un autre homme. Si mon garde du corps n’avait rien de la fonction, sa présence quelques pas derrière moi m’avait rassuré et permis d’avancer sans me retourner à chaque bruit dans les rues d’Ikusa.

La soirée semblait belle, je n’avais pas l’habitude de sortir en fin de journée, ou de sortir tout court mais un peu de changement quand il était prévu ne devrait pas me déranger ni me paraître inconfortable.

J’ai entendu la fin de leur conversation à mon arrivée. Je notais l'élégance de mon cavalier du soir, la tenue de cuir était élégante même si peu habituelle à mes yeux. Je ne saisis pas toute l’histoire de ce vieil homme à Kyouji et de ses vignes. Mais l’histoire a l’air de les amuser et de les enthousiasmer surtout. J’espère n’avoir pas interrompu leur conversation en un sens.

Je m’incline poliment et avec élégance devant Zaïn et son ami Stefan.

- Je suis ravie de faire votre connaissance Stefan. Votre ami est une personne remarquable et fort honorable, je suis chanceuse que le destin l’ait mis sur ma route aujourd’hui. Et oui je peux confirmer que cela va mieux, un bon bain, une tenue appropriée et je me sens bien mieux.

Mes paroles sont réellement sincères et j’ajoute d’humeur joyeuse.

- J’espère qu’il n’a pas raconté la partie où j'étais bien peu présentable. Il est dommage cependant que vous ne me parliez pas de Zaïn, c’eut été plus équitable non? Mais qui sait peut-être aurez vous cette occasion, je ne suis pas certaine de quitter Ikusa rapidement, nous allons voir ce que donne l’entrevue avec le responsable du Port. Je vous souhaite néanmoins une bonne soirée Stefan.

Cela étant dit je regarde la lourde porte de la Capitainerie et avise Zaïn.

- Je crois qu’il est temps de tenter ma chance avec vous.

Et de réaliser le double sens de ma phrase et d’en rougir bêtement.

- Non enfin ce n’est pas cela, je parlais d’essayer de convaincre le responsable de me trouver un navire pour rentrer rapidement, avec vous à mes côtés pour faire la demande.

Bravo, belle pivoine, couleur qui ne me sied guère au teint en réalité et me fait me sentir d’une stupidité sans borne sur le coup. Pour cacher cela une seule solution, aller de l’avant de faire celle qui n’avait finalement rien dit de dérangeant. Autant dire que je doutais d’être crédible mais que je comptais sur le tact de ses hommes pour ne pas souligner plus ma bévue.

J’ouvrais donc la porte de la Capitainerie pour voir se tourner vers nous les regards des personnes encore présentes, peu nombreuses. Ils ne semblaient pas ravis de voir entrer du monde en cette fin de journée. Mais je leur adressai mon plus beau sourire.

- Bien le bonsoir à tous et toutes. Ne vous dérangez pas pour nous, nous n’en avons que pour peu de temps. Nous allons voir Maître Rettesech Vir Ginne.

Visiblement cela en soulage plus d’un d’eux. Un homme d’une trentaine d’années prend la peine de se lever et demande intrigué.

- Bonsoir Dame, Maitre. Avez-vous un rendez-vous?

- Non pas exactement mais dites à Maître  Rettesech Vir Ginne que Mme la Baronne de Boktor et Intendante du Port de Mael accompagnée de Maitre Tevon-Duncan souhaite une entrevue rapide ce soir. Je suis déjà venue ce matin pour mon souci de retour au Shoumei le plus vite possible. Il se souvient forcément de moi.

Et si jamais ce n’était pas le cas, il ne pourrait pas l’avouer dans le fond. Convaincu ou pas, l’homme s’inclina et nous invita à le suivre vers le Bureau du responsable. Devant sa porte il nous demanda d’attendre et entra après avoir frappé pour annoncer le but de notre visite. Il va sans dire que le responsable des lieux n’était pas ravi de notre présence et il pesta le plus discrètement possible sans grand succès. Finalement l’homme ressortit et nous invita à entrer derrière lui avant de refermer la porte derrière nous.

J'esquisse une fois à l'intérieur une révérence exagérée pour le rang de mon interlocuteur mais pas trop pour ne pas montrer que je me moque en un sens.

- Bien le bonsoir Maître  Rettesech Vir Ginne. C'est un plaisir que de vous croiser à nouveau par cette belle journée. Je venais dans l'espoir d'entendre de bonnes nouvelles de votre part quand à un départ avant la fin de semaine du Port pour Mael.
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- Ikusa, capitainerie du port -

Si Myriem s'était montrée quelque peu maladroite dans ses formulations de phrases avec Zaïn, laissant supposer autre chose que ce qu'elle voulait signifier, elle avait brillamment manœuvrée avec les employés de la capitainerie. Elle avait bien en conscience qu'ils étaient proche de la fin de service et que ces employés ne demandaient qu'à rentrer chez eux après cette journée de travail. Et même si la capitainerie d'un port restait ouverte 24H/24H, l'équipe de jour allait quitter les lieux et Rettesech Vir Ginne avec eux, et il était peu probable que l'équipe de nuit soit en capacité de répondre aux attentes de Myriem tant qu'à son retour chez elle. Ils devaient voir le capitaine du port avant qu'il ne rentre chez lui pour la nuit, et la baronne avait obtenue une rapide entrevue avec brio.

Le duo pénétra donc dans un bureau spacieux mais tellement envahit de paperasse et de divers objets et meubles encombrés que la vaste pièce paraissait à peine plus grande qu'un cagibi. Le large bureau en chêne du capitaine de port trônait au milieu de piles de livres, classeurs et parchemins, les larges bibliothèques étant déjà pleines à craquer, des piles de documents officiels avaient été déposées à même le sol. Même le bureau du recteur de l'académie n'était pas aussi encombré d'ouvrages que celui-ci. Qui plus est des maquettes de navires, des espadons empaillés et des bouteilles plus ou moins vides étaient dispersés au milieu de ce fatras, ces babioles étant couvertes de poussière. Un immense tableau représentant le Goliath était fixé au mur derrière le large bureau, la peinture semblait neuve et n'était pas pleine de poussière, surement une récente acquisition.

Rettesech Vir Ginne était petit et pas bien lourd, de fait il avait la peau verte : c'était un gobelin à la longue barbe bien taillée. Voilà justement pourquoi la capitainerie du port d'Ikusa était peu encline à rendre service en dehors de ses prérogatives minimales : Un gobelin était à sa tête, tenant avec une main de fer le centre névralgique du commerce de la capitale. Vir Ginne n'était pas bien aimable, mais tous savaient qu'il fallait lui graisser un peu la patte pour qu'il accède aux demandes qui lui sont faites, peut-être que Myriem de Boktor n'avait pas pensée à cela lorsqu'elle s'était présentée ce matin. Si elle avait su plus tôt que le capitaine du port était un gobelin, peut-être aurait elle envisagée une donation monétaire pour débloquer sa situation.

- Maitre Tevon-Duncan. Si vous venez pour me demander si je suis ravis de mes récents gains, sachez - tout au contraire - que je suis déçu de vos derniers pugilistes. Introduisit-il sans ambages, ne relevant pas les yeux de son document qu'il parcourait, penché sur son bureau.

- Je ne viens pas pour cela, mais il est vrai que le Duc de Barbary a su rafler les mises avec brio lors du duel d'hier soir. Personne n'avait pensé que Brise-noix allait l'emporter, le Duc a bien fait de miser sur ce pugiliste alors que tous se moquaient de lui. Mais si je puis me permettre... il retira une pile de documents d'un des fauteuils pour s'y installer, il serait fort probable que Brise-noix perde le duel de demain soir. Je dis ça, je dis rien. Ajouta t-il sur le ton de la confidence.

Rettesech Vir Ginne posa son crayon, releva le regard, jaugeant son interlocuteur. Le gobelin dévisagea l'hybride durant quelques secondes, un temps qui sembla durer une éternité. Il sourit alors, découvrant toutes ses dents. Rettesech se redressa alors de son mètre cinq sur son tabouret, croisant ses bras sur sa poitrine, son regard passa de l'un à l'autre alors que son sourire disparaissait progressivement pour redevenir sérieux.

- Si vous me prenez par les sentiments Maitre Tevon-Duncan... Que puis-je pour vous ? Demanda t-il alors, plus jovial.

- Commençons par le plus simple et le plus court. Souvenez-vous de mon souhait de relocaliser le Vanguard au sud du port de plaisance ? Le gobelin acquiesça.

- Tout juste. Il semblerait même qu'un navire républicain, le Bon-amour, appartenant à... il tritura un instant les papiers d'un de ses classeurs, Barnabé de Rochefort, viens de libérer un ponton que je pourrai vous céder. Vous êtes aux faits de la taxe n'est-ce pas ? L'hybride acquiesça.

- Apportez-moi ça demain matin et nous officialiseront cela ensemble. Conclu Rettesech en claquant le classeur.

- Parfait, parfait, comme toujours, Rettesech. Remercia Zaïn.

- Autre chose peut-être ? Il dévisagea la baronne en se passant une main dans la barbe.

- Oui, en effet, voici...

- Enchanté Madame de Boktor. Que puis-je pour vous ? Le coupa t-il, connaissant déjà la baronne.




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- Ikusa, capitainerie du port -

Le gobelin était à l’image de ceux de son espèce, peu aimable et plutôt abrupt dans sa posture et ses paroles. Il avait pourtant un rôle éminemment intéressant et important dans le Port d’Ikusa. J’avais pris le temps de réfléchir à ses prérogatives qui devaient être sensiblement les mêmes que les miennes à une différence près, que je ne gérais pas ce qui avait trait à la sécurité du Port de Maël car cela relevait de la garde prétorienne.

J’écoutais avec la plus grande des attentions l’échange entre les deux hommes et cela m’amusait de voir qu’il était question de paris plus ou moins truqués. La bienséance voulait que je ferme mes oreilles chastes sur ces propos de triche car ce n’étaient point mes affaires. Néanmoins je ferai en sorte de ne pas oublier cette histoire si d’aventure cela pouvait me servir pour traiter avec l’intendant Reikois gobelin.

Zaïn semblait apprécier ce jeu de négociation et s’en sortait à merveille. Le gobelin finit par esquisser un sourire et demanda à mon compagnon ce qu’il souhaitait obtenir. C’était remarquablement bien mené.

L’affaire fut conclue en deux temps trois mouvements. Zaïn venait d’obtenir la place pour son navire sur un quai qu’il visait dans le Port de Plaisance. Au moins il n’aurait pas perdu sa journée.

Ce fut finalement mon tour. Le gobelin m'interpelle avec toute absence de tact et de protocole. Si ce matin j’étais venue peu sûre de moi en simple demandeuse, j’avais eu le temps d’y réfléchir et j’espérais ne pas trop me ridiculiser, c’était un peu une épreuve du feu?

- Bien le bonsoir Maître Rettesech Vir Ginne c’est un plaisir de vous retrouver ce soir croyez le. Je me permets humblement de me rappeler à vos bons services afin de voir si vous m’aviez trouvé une place sur un navire pour Mael prochainement.

Je souriais aimablement de toutes mes belles dents mais je sentais bien que cela n’avait pas le moindre effet sur mon interlocuteur qui je l’avais compris n’entendait probablement que l’argent ou l’influence comme attrait. Il me regarda d’un air narquois et répondit d’un ton sec.

- Non j’ai rien trouvé désolée Madame. On verra dans quelques jours.

Je m’y attendais je devais l’avouer. Mais j’avais décidé de prendre sur moi et de ne pas me laisser faire.

- C’est d’un grand ennui voyez vous ce que vous m’annoncez. Imaginez le désarroi dans lequel vous me plongez personnellement mais surtout dans lequel indirectement vous plongez Ikusa et d’autres villes portuaires de la Mer Intérieure.

Il me regarda toujours avec son air supérieur et son pauvre mètre de haut mais je déambulais dans son bureau, effleurant les dossiers, les livres, cherchant en apparence des mots que je savais déjà vouloir prononcer.

- Imaginez bien que sans ma signature il n’est point possible de mettre à quai le moindre navire souffrant d’une avarie vu que je suis la seule à pouvoir octroyer un droit d’appontage d’urgence. De même si un riche marchand d’Ikusa venait à Mael pour la première fois, qui fixera le prix de sa taxe de séjour après estimé la valeur du dit navire et de sa cargaison?

- Vous avez bien des subalternes pour signer non?

- Oui bien sûr le régisseur peut signer, il a ce droit mais prendra-t-il le risque de faire quelque chose qui nuirait à son poste? Voyez Maître Rettesech Vir Ginne si vous étiez à ma place dans la Capitainerie du Port de Mael, n’apprécieriez vous pas que je vous vienne en aide le plus promptement possible afin que les relations entre nos deux instances portuaires soient au beau fixe et que nous puissions construire des liens… pérennes et forts?

Le gobelin regarde Zaïn en reniflant, agacé.

- Et vous êtes là pour finir de me convaincre en me menaçant si je ne suis pas assez convaincu par ses propos?

J’avais envie de sourire mais je savais me retenir et paraître d’humeur égale, question d’éducation. Je me permis néanmoins d’ajouter.

- Pensez vous pouvoir vérifier de nouveau pour mon souci? Bien entendu il me fait une place en cabine de standing, pas en cale ou dans un lieu commun.

J’espérais avoir gagné un voyage de retour plus rapide que dans une semaine mais rien n’était fait, il pouvait aussi décider que j’avais tenté de le menacer et devenir un ennemi alors que pour réussir dans ma quête d’influence j’avais besoin de son soutien.
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- Ikusa, Capitainerie du port -

Si Zaïn avait amadoué Rettesech avec une information d'ordre économique, Myriem usait d'une tout autre tactique non moins efficace et parvins même à ses fins, poussant le capitaine de port dans ses derniers retranchements. On voyait que si elle ne savait pas se battre, elle était bien loin d'être faible, qui plus est très habile en discussion, maitrisant la rhétorique afin de convaincre son interlocuteur. Zaïn observait l'échange avec un amusement non dissimulé, souriant en voyant la mine déconfite de Rettesech.

Lorsque la baronne eue terminée, lui demandant enfin s'il pouvait faire quelque chose pour elle, il garda un bref instant le silence avant de se lever doucement. Dans les faits, il ne se leva pas, mais descendit de son tabouret et perdit quelques centimètres de haut. Il monta sur une pile de papier pour observer un instant un grand tableau au mur, parcourant les lignes et colonnes où étaient inscris des noms de navires, des jours, des horaires, des destinations, des noms/prénoms, des capitaines, des cargaisons, des nationalités, et cetera.

Il revint silencieusement à son tabouret, s'asseyant lestement, reprenant du même temps quelques centimètres de hauteur. Il déplia un parchemin, s'empara de son crayon et ratura quelque chose sur le papier avant de replier le parchemin et de le jeter sur une étagère, parvenant avec adresse à l'envoyer pile entre deux livres pour le caler. On voyait qu'il maitrisait l'art du rangement sans se lever. Rettesech reporta son regard sur son interlocutrice en croisant les mains devant lui.

- Vous savez manœuvrer les gens Madame la Baronne, et c'est tout à votre honneur. Il fit une pause pour se gratter le nez. Un navire, le Voyageur, quitte le port dans deux jours, à sept heures. Une place vous y sera réservée. Sachez que je vous fait une fleur, entre administrateurs quoi de plus normal ? Ceci-dit, si ça ne vous dérange pas, je vous délivrerai votre billet demain matin, lorsque Maitre Zaïn passera pour remplir les papiers pour son changement de quai. Son regard signifiait : "oust maintenant".

Zaïn se leva et s'inclina avec désobligeance, ce que Rettesech ignora, se contentant de secouer la main pour se débarrasser plus rapidement des enquiquineurs qu'ils étaient. Lorsqu'ils eurent refermé la porte du bureau derrière eux, le gobelin jeta un coup d'oeil agacé à l'horloge à balancier trônant dans un coin de la pièce encombrée : vingt heure dix. Il enragea en silence d'avoir été retardé de dix minutes par ces opportuns.





Myriem de Boktor
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Myriem de Boktor
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Février/Mars de l'An 1 (12)

- Ikusa, Capitainerie du port -
J’y avais été avec tout le culot que mon rang me permettait. Des années d’expérience et de science de manipulation des interlocuteurs que j’avais pu observer chez mon père dans un premier temps puis chez mon tuteur. Ils avaient assurément leurs défauts tous les deux mais j’avais appris d’eux. Tout était dans l’art du paraître, avais-je menti dans mes propositions, non pas vraiment. Mais aurais-je pu empêcher un navire d’Ikusa ou du Reike d'apponter sous un prétexte fallacieux? Peut-être mais cela me serait vite revenu dans les dents. Surtout que je soupçonnais madame l’éminente scrutatrice d’avoir des yeux partout. N’était-elle pas dans le coin à m’observer d’ailleurs? Non par chance !

J’observais mon interlocuteur gesticuler et trier ses papiers. Je ne savais pas ce qu’il pensait, était-il agacé? Enervé? Impossible de lire en lui, il maîtrisait ses émotions à la perfection et c’était assez frustrant tout autant que perturbant pour moi. Je restais calme et posée, cherchant du regard Zaïn pour voir si il pensait que c’était un bon signe mais rien de ce côté la non plus. J’avançais donc à tâton et j’espérais n’avoir pas poussé la donne trop loin.

Il finit par s’arrêter et ses premiers mots m’emplirent de fierté, oui il me traitait de manipulatrice mais je le prenais comme un compliment. Le but était d’obtenir ce que je souhaitais dans l’entière légalité.

J’attendis néanmoins poliment qu’il ait terminé pour lui adresser un magnifique sourire, pas un sourire vainqueur, non celui de quelqu’un heureux d’avoir trouvé un terrain d’entente/

- Je vous remercie grandement pour votre diligence et pour la place trouvée dans deux jours Maïtre Rettesech. Je me souviendrai de votre geste généreux soyez en assuré. Les échanges de bons procédés vont de soi.

La suite ne me dérangeait pas outre mesure, revenir le lendemain était possible vu que je n’avais aucune obligation d’ici à mon départ dans deux jours.

- C’est parfait pour moi Maitre. Je serai présente demain matin pour récupérer mon billet en même temps que Maître Tevon-Duncan.

Je m'incline avec respect, plus que Zaïn de fait, amusée de son attitude. Et je ne fis pas perdre plus de temps que cela au gobelin, nous avons dû atteindre ses limites de bienveillance dans tous les cas. Je saluais les derniers présents dans la capitainerie avant de sortir de nouveau.
La nuit n’était pas encore là, mais elle ne tarderait plus à assombrir le ciel de fin d‘hiver. J’étais satisfaite de la tournure des évènements.

- Je crois que pour le coup je vous dois aussi un service. Sans votre intervention en début de conversation il n’aurait jamais été d’humeur à m’écouter et je n’aurais pas eu cette place dans deux jours. Je ne vais perdre qu’une journée, c'est donc parfait dans le fond. Le Port de Maël ne risque pas de s’écrouler durant ce laps de temps ou alors… Il y aura plus grave que mon absence à gérer chez moi.

Le regard brillant de joie presque enfantine à l’idée que ce souci était réglé et que je n’avais rien d’autre à faire que profiter d’ici à mon départ je levai mon regard vers Zaïn.

- Nous en avons terminé pour les obligations ennuyeuses ce jour. Alors, qu’allons nous voir ou découvrir ce soir?

Fini le souci, j’allais rentrer et pour une fois, j’allais juste songer à moi. Je savais qu’il était de rigueur de rester toujours d’humeur égale, de ne pas céder à la moindre tentation ou amusement, que ma vie m’était ainsi dictée depuis toujours. Mais bon, j’allais juste découvrir Ikusa ce soir afin d’en garder un bon souvenir pour oublier deux journées compliquées. Puissent les titans m’accorder cet écart de conduite loin de ma vie d’austérité habituelle.
Zaïn Tevon-Duncan
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Zaïn Tevon-Duncan
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- Ikusa, devant la capitainerie du port -

Myriem était un personnage fort remarquable, elle venait de faire la démonstration de ses talents de négociatrice, Zaïn était vraiment chanceux d'être tombé sur elle, et elle réciproquement, c'était surtout elle qui avait eu la chance qu'il la rencontre. De plus, Zaïn était d'un tempérament si aimable qu'il en devenait serviable à outrance, beaucoup n'auraient même pas fait un dixième de ce qu'il avait fait aujourd'hui. Une fois sortie de la capitainerie, ils purent voir les derniers rayons de soleil disparaitre derrière les digues du port, éclairant le ciel d'un magnifique dégradé, les première étoiles faisant leurs apparition, un moment crucial de la journée pour les croyants du Shierak. On entendit alors dans toute la ville de nombreuses prières scandées. C'était alors que la baronne pivota vers l'hybride pour lui demander ce qu'il lui proposer de voir dans la capitale.

- On va grimper un peu dans les hauts quartiers pour s'éloigner du port que vous avez bien assez vu. C'est aussi là que l'on trouve les plus fins raffinements d'Ikusa. A savoir que la capitale est extrêmement militarisé, la plupart des gens que vous croisez ici sont affiliés de près ou de loin à l'armée, or les soldats ont besoin, comme tout un chacun, de se divertir. Dans les faits, la capitale ne manque pas de lieux culturels et de divertissements. Expliqua-t-il tout en ouvrant la marche.

Un vieil homme passait dans la rue pour allumer les torches fixées aux murs, illuminant toute la ville pour la nuit qui s'assombrissait. Les prières s'étaient quelque peu estompées alors qu'ils grimpaient un peu plus dans la ville qui se tenait sur un promontoire au sommet duquel se tenait le palais royal. De par sa population martiale, la capitale ne respirait pas la pleine richesse et l'abondance capitaliste, mais d'un autre côté aucune trace de pauvreté n'était visible. Les avenues pavées étaient propre, les gens bien vêtus et les maisons semblaient bien entretenues.

Ils arrivèrent sur une place au centre de laquelle trônait une fontaine aux multiples bassins, les façades des maisons bordant la place étaient recouvertes de glycine, de houblon doré, de clématite, de jasmin et de passiflores. Zaïn adorait ce genre de quartiers floraux et tranquilles qui ne manquaient pas dans la capitale, réunissant pour la plupart des officiers de l'armée ou de la marine qui s'étaient installés ici pour se changer de la tourmente de leur service.

- Voici la place de l'Aqueduc, tout bêtement mais judicieusement nommée ainsi pour l'aqueduc ancestral qui la borde. il désigna l'édifice en question.

Un immense aqueduc en grès longeait tout un côté de la place carré, sous ses colonnes étaient bâtit des maisons qui s'encastraient parfaitement dans son architecture. De magnifiques pandoréa grimpaient le long des colonnes de l'aqueduc jusqu'à son sommet où s'écoulait doucement le ruisseau descendant vers des jardins en aval de la place de l'aqueduc. Un orchestre était installé sur un côté de la place près d'un salon de thé animé dont les tables étaient installées sur un parvis en bois. Les musiciens ne jouaient pas encore, mais Zaïn fit signe à Myriem de venir s'installer à une table avec lui.

- J'imagine qu'après avoir argumenté avec Rettesech comme vous l'avez fait, une boisson ne serai pas de refus, je me trompe ? Il avait vu juste.




Myriem de Boktor
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- Sur la place de l'Aqueduc -

Il est de coutume après l'effort le réconfort, et j'étais donc parfaitement convaincue que j'avais droit de passer une agréable soirée après ces deux journées éprouvantes. Je serai née ici, j'aurais pu remercier ma bonne étoile d'avoir mis sur ma route des personnes telles que Zaïn ou Morwen, sans leur aide eh bien ma courte existence n'aurait déjà plus la moindre suite.

L'air s'emplissait de prières et dans le fond cela me surprenait, je n'avais pas envisagé les Reikois comme un peuple croyant. Nous étions moqués des autres nations pour notre religion rigoriste et j'en avais sottement déduit qu'ils ne croyaient guère en quoi que ce soit, ou que les croyants étaient peu nombreux.

- Et bien les hauts quartiers en ce cas, prenons de la hauteur.

J'avais acquiescé à ses propos sur la militarisation d'Ikusa, c'était effectivement pour cela qu'elle était connue de l'autre côté de la mer intérieure. On sentait dans les récits des voyageurs qu'Ikusa était bien à l'image de ce peuple rude et guerrier qui avait fondé un Royaume. La récente guerre et prise de pouvoir par les Ryssen en était la preuve.

- Je vous avoue être surprise en un sens d'entendre qu'il y a des lieux de divertissements. Dans mon imaginaire Ikusa ressemblait à une ville fortifiée dédiée aux arts du combat, prête à guerroyer avec tous et laissant son aura se répandre autour afin d'assurer sa domination. Comme quoi on se fait des idées quand on ne peut se baser que sur des récits.

Nous marchions lentement et j'en profitais pour écouter les prières qui s'élevaient. Chant scandé en solitaire mais qui vibrait de foi à l'unisson. Dans l'air les mots et pensées s'élevaient vers les astres qu'ils vénéraient. Après tout, mon regard se plongea dans le ciel qui perdait sa luminosité pour laisser les étoiles briller, on pouvait facilement tomber en admiration devant elles.

J'observais l'homme qui allumait les torches pour illuminer la rue principale. Cela donnait un air moins sévère à Ikusa, ces lueurs tamisées qui guidaient les noctambules, ceux qui rentraient chez eux ou partaient travailler. C'était reposant et calme. La ville était calme, propre, même cela avait un côté militaire, rien ne semblait dépasser ici. Si cela foisonnait dans tous les sens au niveau du Port il n'en était plus rien ici.

Enfin nous arrivèrent devant une place remarquable. Une fontaine magnifique était la pièce d'oeuvre de l'endroit, le point central de nombreux bassins et les maisons autour rivalisaient de couleurs et de senteurs. J'inspirais avec bonheur toutes ses odeurs mêlées, peinant à les dissocier les unes des autres, seule la vue des plantes me permettait de savoir quel parfum dominait ici et là. J'étais admirative de cet endroit paisible et calme.

Je m'approchais d'un mur et pris une fleur de jasmin entre mes doigts. Je m'imprégnais de son odeur avant de la laisser, pour lui donner la chance de continuer de parfumer quelques jours l'endroit.
Je n'avais même pas réalisé que cette construction visible était un aqueduc, absorbée par les senteurs et les bassins.

- Cet endroit est magnifique. J'adore les fontaines et bassins, il n'y en a jamais assez selon moi. L'Aqueduc est-il une construction ancienne? Sommes nous proche du centre d'Ikusa?

La ville était immense et je n'avais pas idée de sa superficie et de fait, étions proche du centre historique ou dans un quartier récent ou juste bien entretenu? Zaïn me désigna la terrasse installée près de la scène où des musiciens se mettaient en place, cela était parfait et me permettrait d'entendre de la musique Reikoise pour une fois.

Je répondis avec amusement à sa pique.

- Allons allons, je suis une femme, et donc une bavarde c'est ce que l'on dit non? Certes j'ai du mesurer mes propos avec Maître Rettesech pour négocier et cela demande de la concentration en effet mais sinon je pense pouvoir réussir à saouler de paroles quiconque me provoquerait. Même si je doutais de pouvoir rivaliser avec la grande Protectrice de Mael.

Je pris place à l'une des chaises et réfléchis un instant.

- Je vais vous laisser choisir pour moi une boisson d'ici. Autant goûter des boissons ou aliments dont je n'ai pas l'habitude.

Je m'installais bien au fond de la chaise, contente de me poser enfin un peu. L'air était empli de ses odeurs florales et le ciel dévoilait sa toile lumineuse. Je savais que les étoiles portaient des noms, en navigation c'était primordial de les reconnaître pour se diriger la nuit mais les Reikois les vénéraient et je comprenais l'attrait qu'elles exerçaient.

- Je.. j'espère ne pas vous avoir empêché de prier Zaïn. Nous avons entendu beaucoup d'Ikusiens le faire.

Je ne priais pas à heure fixe pour ma part, ma religion était mon mode de vie plus qu'une vénération. J'avais la conviction que les titans avaient existé et donc il était normal que je puisse les vénérer et suivre leurs enseignements.
Zaïn Tevon-Duncan
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Zaïn Tevon-Duncan
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- Ikusa, place de l'Aqueduc -

- Alors si la vaste majorité de la population d'Ikusa est affiliée à l'armée, il ne faut pas oublier que tout soldat est avant tout un humain, or aucun Homme ne peux vivre sans les plaisirs afférents à son existence en ce monde. On ne peu tenir une armée fidèle si on la force à guerroyer sans relâche, il faut bien que les soldats aient des lieux où dépenser leurs payes. Quand il le voulait, Zaïn pouvait très bien se montrer d'une grande éloquence.

- Il suffit de prendre en exemple mon arène, qui est un lieu de divertissement très prisé des soldats, qui plus est le reste de la population - principalement des pêcheurs et commerçants - ont également ces besoins, comme celui de pouvoir prendre un thé assis à une terrasse. Le Reike a bien compris que le militaire devait rimer avec rigueur mais aussi avec compréhension, il faut comprendre que l'armée et composée d'Hommes qui ont besoin de relâchements, comme tout un chacun. Il avait lu cela quelque part, ce n'était pas de lui.

Myriem semblait avoir été convaincue par ce maigre plaidoyer mais raisonnablement efficace, ce qui prouvait encore une fois que les autres nations ne voyaient le Reike que comme un repère de loups assoiffés de sang, prêts à aller rependre une idéologie belliciste caustique à travers un Royaume s'entre-déchirant de l'intérieur. Or si cela était vrai, mais de manière extrêmement plus limitée que ça, tout humain se rapprochait par ses besoins, ses traditions et ses bons côtés comme ses dérives.

Les reikois étaient humains.

- Je suis loin d'être historien, mais je pense bien que cet Aqueduc est ancien, non pas que je le juge à son aspect - quoiqu'il soit bien entretenu - mais surtout parce qu'on l'appelle l'Aqueduc Ancestral. Pourquoi l'appelleraient-on ainsi s'il n'était pas ancien ? Question rhétorique, il continua.

- Il faut savoir que les reikois sont très fiers de leur histoire et très attachés à leurs traditions, quoique cela se perde considérablement depuis plusieurs années, donc la plupart de ces édifices qui ont tant fait la fierté du Reike par le passé ont été entretenus et mis à l'honneur au fil des âges. Ceci dit, si je vous amène ici c'est peut-être parce que c'est l'un des seuls endroits bucoliques de la ville à mon gout. Le centre ville, dont nous ne sommes pas si loin en vérité n'est pas aussi coloré que cette placette, le centre étant bien plus... martial. Il ne développa pas d'avantage.

Au moins Myriem de Boktor semblait curieuse de la culture reikoise qu'elle découvrait avec un mélange d'étonnement et d'admiration. Une fois installés, une vieille femme vêtue de bleu se présenta à eux, les mains posées sur les hanches comme pour soutenir son buste fatigué par le poids des années. Sûrement une citoyenne affiliée par le passé à l'armée qui a pris sa retraite dans ce salon de thé, Zaïn ne prenait pas de risques à misant sur cette idée.

- Bien le bonsoir, deux Sapphires sans alcool s'il vous plait, avec quelques dattes. En vous remerciant. La vieille femme repartie en hochant la tête. Zaïn expliqua à son invitée.

- C'est une boisson locale, avec ou sans alcool, consistant à du thé vert à la menthe froid mélangé à du jus de pamplemousse avec une petite baie de Genièvre, de l'anis, cannelle, écorce d'orange, coriandre et de l'écorce de casse pour accompagner. On peux y ajouter du Gin pour une touche alcoolisée. C'est un fabuleux cocktail dont vous me donnerez des nouvelles. Il sourit à un petit vieux assis à une autre table.

Myriem semblait s'ancrer à merveille dans ce microcosme, déjà toute curieuse et avide de découvrir les bons côtés d'Ikusa. Le trio de musiciens attendaient que les quelques prières qu'on entendait encore ici et là s'estompent pour commencer à jouer. C'était d'ailleurs à ce sujet que la baronne questionna l'hybride, il leva une main pour lui signifier qu'elle n'avait pas à s'en faire.

- Le Shierak est une religion très variée dans sa pratique et d'une certaine liberté tant qu'à la façon dont les reikois manifestent leurs croyance. La plupart le font au travers de prières le soir, ou plus tard dans la nuit, que ce soit des psaumes silencieux ou scandés, vous noterez que peu sont similaires, certains étant une louange aux constellations, d'autres des souhaits lancés aux étoiles filantes, tandis que certains prient simplement pour leurs famille ou que sait-je. Quand à moi, je me contente d'allumer un bâton d'encens au moment de me coucher tout en contemplant le ciel, chacun a son propre rituel, même si certains se réunissent autour d'une manière définie d'encenser le Shierak. Il sourit de nouveau, cette fois à son interlocutrice.

Les boissons rouges-orangées, contenus dans deux grands verres, leurs furent apportés par la vieille femme, Zaïn en profita pour virer de bord avec un sujet qui l'intéressait lui. Ils trinquèrent en premier lieu.

- Vous avez évoqué plus tôt la grande protectrice de Mael, j'en ai déjà entendu parler et elle semble être un sacré personnage, parlez-moi donc d'elle. Il était curieux à son tour.




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- Ikusa, place de l'Aqueduc -


J’écoutais Zaïn me dresser un portrait d’Ikusa qui était bien loin de l’idée que je m’en étais faite. J’étais quelque peu honteuse d’avoir une vision si étriquée de ces gens, je me complaisais allègrement dans ma suffisance. J’avais certes reçu la meilleure des éducations mais je n’en demeurais pas moins ignorante dans bien des domaines. La faute sûrement à notre protectionnisme exacerbé et notre enfermement sur notre supériorité, tel que le pensaient nos élites.


- Cela semble tout à fait logique quand on prend la peine d’y songer en effet. Ne serait-ce que sur le Port de Mael, quand bien même je n’apprécie guère ce genre d’établissement il y a des… euh lieux de distractions pour les marins.


Un bordel on dit madame, un bordel, ce n’est pas un mot grossier mais non je n’étais pas capable de le dire, comme si la simple pensée de ce lieu pour des voyageurs dans un grand besoin affectif pouvait entacher ma propre… pureté ! Je me concentrais sur la suite, je devais être quand même plus éprouvée que je ne l’avais imaginé pour me laisser aller à divaguer sur de pauvres mots de vocabulaire qui ne faisaient pas partie de mon lexique tout simplement.


Je songeais au principe de l'arène et hochais la tête.


- Nous n’avons pas ce genre de distraction en Shoumeï. Il y a des concerts bien entendu, on peut assister à des ballets aussi, des pièces de théâtre. Nous pouvons aussi croiser quelques artistes de rue, jongleurs, comme on en trouve partout je le pense. Mais l’art est chez nous plus présent que le reste, les peintres y sont renommés. Mais point de jeux tout simplement. Certaines mauvaises langues diront que nous ne savons pas nous amuser, que nous sommes trop stricts tout simplement. Et dans le fond peut-être n’auront-ils pas totalement tord.


Oui s’amuser, profiter, c’était peu répandu de manière ouverte. Nous étions enfermés sur nous même, rigoristes pour certains, austères pour d’autres et probablement chiants à mourir aux yeux du reste du monde.


- Mais je comprends parfaitement les raisons qui ont poussé le Reike à amplifier peut-être les distractions du coup. 


Parfois je me demandais si ce qui sclérosait la foi en Shoumeï n’était pas cette rigueur omniprésente depuis des siècles. On voyait bien l’émergence des différents partis plutôt radicaux et c’était en soi une preuve d’un souci fonctionnel, quand les extrêmes prennent de l’ampleur c’est que cela ne pas si bien qu’on souhaite le faire croire. 


Néanmoins je buvais les paroles de Zaïn, il jouait les modestes mais il était d’une culture impressionnante. Il avait de nombreuses cordes à son arc.


- Ne soyez pas si modeste Zaïn, vous êtes quelqu’un de très cultivé et intelligent. Votre champ de savoir m’impressionne, sans parler de vos compétences martiales. *fais mine de réfléchir* vous négociez bien aussi et avez votre propre affaire. Quel est votre secret pour réussir tout cela? Vous ne dormez pas? 


Je souriais doucement, le taquinant gentiment parce qu’en réalité je me demandais combien de travail tout ce savoir représentait. Il était forcément curieux pour s’être intéressé à l‘architecture, c’était un domaine parmi beaucoup d’autres qui me dépassait.


- Nos bâtiments aussi sont anciens que ce soit en Mael ou Benedictus. J’imagine qu’il en va de même en Sancta mais je n’ai jamais eu la chance ou l’opportunité de m’y rendre jusqu’à présent. L’entretien aussi est quelque chose de primordial. Ce sont les vitrines de nos sociétés en réalité. Imaginez si la Blanche Mael était sale, recouverte de plantes, vétustes, elle perdrait son aura de pureté. L’académie de Mael est un des batiment les plus anciens avec l’administration, ils sont magnifiques, rien que déambuler dans les couloirs est un voyage initiatique architectural. Je ne saurais vous dire les époques, mais on sent et perçoit les diverses phases de construction.


A ce moment-là, la serveuse prit la commande de Zaïn, j’étais curieuse de pouvoir goûter ce mélange étrange à mon sens. La cuisine d’ici était riche de bien nombreuses épices gorgées de soleil. 


- J’ai déjà mangé quelques dattes il y a de cela longtemps, leur chair est épaisse et bien sucrée de souvenir. Mais c’est un produit qui ne traverse pas la mer intérieure, c’est dommage.  La boisson que vous m’avez décrite m’interpelle, elle doit être relevée avec toutes ces épices, certaines me sont inconnues même de nom. J’apprécie le thé pour ma part mais nous le buvons effectivement chaud de manière traditionnelle.


J’observais les musiciens qui finissaient de se mettre en place, j’allais découvrir avec de la chance une musique traditionnelle que je n’avais pas encore eu l’occasion d’entendre. Des artistes parfois venaient jouer à Mael mais rarement du trop traditionnel, ils s’adaptent toujours à leur auditoire.


Revenant sur le sujet de la religion, je confirmais d’un hochement de tête que je comprenais.


- Je pense que toutes les religions sont pratiquées à différentes mesures par leurs adeptes. Nous n’avons pas tous les mêmes sensibilités ou ressentis. Je ne prie que très peu pour ma part les titans, mais je les remercie souvent par réflexe. Cependant mon mode de vie est guidé par la religion, c’est une sorte d’ensemble de préceptes à suivre. Notre éducation et mode de pensée en sont les fruits.


Il parla alors de la Protectrice et je retins un rire, s’il était un personnage qui sortait de l’ordinaire et de l’apparente fadeur des habitants de Mael c’était bien elle.


- Ah Dame Leonela. Une grande Protectrice dans les faits, même si par la taille elle impressionne. Elle est grande comme mon avant bras mais elle rayonne. C’est une fée remarquable en bien des points. Elle est pragmatique je le pense avant tout et aime à analyser les faits, événements, elle aime le factuel je le pense et pas les envolées lyriques qui sonnent inutilement à ses oreilles. L’efficacité est ce qu’elle prône, elle veut des résultats et surtout… elle a un franc parler qui surprendre forcément. Elle est une Dame noble, éduquée, cultivée, à un des plus hauts postes en Shoumeï mais visiblement elle parle aussi mal que les dockers et pourraient même les faire rougir par ses propos crus. Je rapporte ce que l’on en dit, pour ma part je ne l’ai point entendu jurer durant notre entretien ni pendant ma cérémonie d’allégeance.
Zaïn Tevon-Duncan
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Zaïn Tevon-Duncan
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Hrp : étrange... J'écris justement ce post assis à une table de café.

- Ikusa, place de l'Aqueduc -



« Un homme herculéen, doué d'une force musculaire extraordinaire, astreint par des circonstances extérieures à s'adonner à une occupation sédentaire, à un travail manuel, méticuleux et pénible, ou bien encore à l'étude et à des travaux de tête, occupation réclament des forces toutes différentes, non développées chez lui et laissant précisément sans emploi les forces par lesquelles il se distingue, un tel homme se sentira malheureux toute sa vie [...] Si cependant l'union de l'intelligence et du travail adéquat vient à voir le jour, l'homme ainsi favorisé mènera alors une vie d'un ordre supérieur, la vie d'un être soustrait aux deux sources opposées de la souffrance humaine : le besoin et l'ennui ; il est affranchi également, et du soin pénible de se démener pour subvenir à son existence, et de l'incapacité à supporter le loisir. »


- Comment être heureux, Arthur Schopenhauer.


Zaïn avait eu de la chance de tomber sur quelqu'un qui aimait parler, car même si l'hybride était très bavard, il n'appréciait guère mener une discussion tout seul, face à ce genre de personne timide ou peu bavard. Qui plus est elle était intéressante et apprenait à Zaïn certaines choses qu'il ignorait sur Shoumei. Elle lui demanda alors comment est-ce qu'il avait fait pour acquérir des savoirs si variés, ce qui le fit modestement sourire.

- Oh je vous assure je ne suis pas tant cultivé que ça. A vrai dire je viens d'un milieu très défavorisé, je suis né dans une certaine pauvreté qui m'a privé de tout capital intellectuel. Mais j'ai eu un travail physique, exploitant l'une des seules choses pour lesquelles je suis bon, mais me privant du même temps de tout accès à la culture et aux sciences. Ceci-dit dès lors que mon statut social s'est amélioré, je me suis rapidement rendu compte de mon retard intellectuel, un retard que je me suis efforcé de combler par l'écoute attentive des sages ainsi que la lecture intensives de nombreux ouvrages. Je lit donc des livres au hasard, pour le simple plaisir de satisfaire ma curiosité, et même si des fois je tombe sur des ouvrages barbants ou pompeux, j'en tire toujours un brin de savoir qui me permet de me placer en homme modérément cultivé. Vous comprenez que je suis expert en bien peu de domaines mais que j'ai des connaissances basiques dans de nombreux domaines.



Alors que Myriem rebondissait sur le discours tenu par Zaïn, les prières s'étant estompées, les trois musiciens se mirent en place et commencèrent à jouer un air entrainant. Zaïn n'était pas expert dans ce domaine-ci, mais il reconnu un instrument à vent, un à corde et le troisième était à percussion. Cela paru plaire à la baronne qui continua de parler mais cette fois avec le sourire, marquant des pauses pour prêter pleine attention au morceau. Et même si ce dernier était entrainant, Zaïn savait que c'était une exception qui confirmait la règle : la vaste majorité des musiques reikoises étaient martiales, enchainant les tambours de guerre avec les rythmes respirant le pur bellicisme. C'était une excellente chose que les trois musiciens avaient optés pour un morceau plus gai que d'habitude, comme s'ils avaient conscience qu'une shoumeïenne était présente dans l'auditoire. Cette dernière termina donc sa présentation de la protectrice de Mael, Zaïn y réagit avec amusement.

- Elle s'intégrerai à merveille au Reike ! Constata-t-il avec un brin d'ironie.

- Le Reike est aussi séculairement strict et codifié, mais étant un royaume situé au centre de notre bon vieux continent, le brassage des populations vient apporter une certaine nuance à cette martialité. Qui plus est les récents changements politiques majeurs que nous avons connus récemment ont présentés un certains assouplissement des règles, comme vous le constatez les musiciens ont à présent le droit de jouer des musiques jugées trop "apaisantes et frivoles" selon le code traditionnel. Et ce n'est pas une si mauvaise chose. Ajouta-t-il en écoutant l'air.

- Dites-moi, Myriem, parmi tous ces loisirs que vous venez de citer, quels sont ceux que vous appréciez durant vos temps de repos ? Que faites-vous en dehors de vos obligations professionnelles ? En dehors de vous faire revendre comme esclave, je veux dire. Ne pu-t-il s'empêcher de plaisanter.





Myriem de Boktor
Au sombre héros de l'amer feat Zaïn S460
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Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: mage
Alignement: Loyal Neutre
Rang: B
Noble de Shoumei
Myriem de Boktor
Noble de Shoumei
Février/Mars de l'An 1 (15)

- Ikusa, place de l'Aqueduc -

Je trouvais toujours que Zaïn était particulièrement modeste surtout au vu de la vie qu’il me décrivait. Pour tout dire j’avais l’impression d’entendre un livre me conter l’histoire d’un héros atypique, et c’était intéressant.

- Ne vous sous estimez pas Zaïn, savoir reconnaître sa propre valeur est une bonne chose dans la vie. Je pense que vous vous fourvoyez, votre naissance ne vous a pas privé de capital intellectuel, tout au plus d’accès à la culture. Et c’est parce que… pardonnez moi l’expression, vous n’êtes justement pas une brute sans cervelle que vous avez ensuite provoqué votre destin et mis à contribution votre intelligence pour changer la donne et vous cultiver. Regardez, moi j’ai eu la chance d’être baignée de culture mais je ne sais pas comment tenir une dague.. J’ai fait moitié moins de chemin que vous et je n’ai aucun mérite à être née avec une cuillère en argent dans la bouche.

La serveuse revint avec les boissons fraîches et les dattes. Je la remerciais en souriant et prit le verre pour en humer les odeurs. Le mélange était parfumé, acidulé, frais aussi mais on percevait les fruits et les épices. Bien sûr certaines odeurs m’étaient étrangères mais rendaient le mélange parfaitement homogène, rien ne venait écraser un ingrédient en particulier. Cela semblait parfaitement maîtrisé.

Je levais mon verre afin de trinquer.

- Je vous propose de trinquer au destin qui vous a mis sur ma route. Titans, étoiles, gardiens, peu m’importe d’où cela venait après tout. Même si je vais croire en mon âme et conscience que les titans veillent sur ma petite personne.

Les verres tintinnabulent comme deux clochettes qui bougent dans le vent. Je me permets donc de goûter la boisson. C’était parfaitement surprenant et rafraîchissant, j’étais conquise et surprise par toutes ses saveurs distinctes mais présentes.

- C’est un vrai régal.

Revenant au sujet premier, c’est à dire mon interlocuteur je me mis à rire.

- J’espère que vous n’imaginez pas que même les érudits sont compétents dans plusieurs domaines? Ils se spécialisent et n’ont qu’une connaissance sommaire du reste eux aussi. J’ai la… chance de m’y connaître maintenant en comptes, gestion, traités commerciaux et même dans les devis et traites… Une vraie petite comptable. *rire*


La musique était enjouée et agréable mais je ne savais pas que c’était quelque chose de nouveau en réalité. La plaisanterie sur la Protectrice me fit rire malgré moi et allez savoir pourquoi je regardais autour si personne n’avait écouté, la Scrutatrice avait des yeux et oreilles partout disait-on !

- Sur certains aspects je le pense oui. Mais elle est trop attachée à Mael, elle porte cette ville et son rôle dans son coeur cela se sent, elle a un sens du devoir inouï.

Etrange que de parler d’elle en ce lieu non?

- Ce sont les changements provoqués par le couple dirigeant de fait? Ils ont offert plus de latitude aux gens au final. Pour apaiser la situation probablement et retrouver le calme?

Possible que cela fut pour faire oublier comment le Roi avait conquis sa place, son trône et sa Reine qui sait? Mais je n’allais pas juger je n’y connaissais rien en politique Reikoise au final et je ne voulais pas risquer de dire une bêtise en un tel lieu et mettre Zaïn mal à l’aise.

La suite me laissa perplexe, qu’allais-je répondre? Que j’étais une ermite qui n’avait pas de vie sociale? Que je travaillais nuit et jour depuis des semaines, que j’avais vécu dans une cage dorée au final depuis dix ans sous l’égide de mon sévère tuteur? Quel ennui que cette vie non?

- Déjà je crois qu’être poursuivie, capturée, presque vendue fut le moment le plus horrible mais aussi le plus exaltant de ma courte vie. Cela doit vous paraître stupide ou inconsidéré j’imagine mais ma vie n’a rien d’intéressant. J’ai toujours trouvé refuge dans le jardin de mon Manoir ou à nager dans une petite crique sur mes Terres. Mais maintenant je ne peux même plus me permettre de le faire, ce serait mal vu que Madame la Baronne soit vue dans l’eau à nager. J’ai quitté une prison dorée pour une autre tout aussi contraignante même si je suis libre de mes mouvements.

Je balayais cela d’un revers de main, c’était ainsi et j’acceptais mon destin avec fierté, je ferai grandir la compagnie marchande familiale et j’obtiendrai ce titre de Duchesse fut-ce au prix d’une vie de solitude. Je souris en écoutant la musique et finis par rajouter.

- Je ne peins pas, je ne joue pas d’instrument mais je chante correctement et je sais théoriquement danser presque tous les types de danse quand bien même je n’ai jamais participé à un bal autre que populaire.
Zaïn Tevon-Duncan
Au sombre héros de l'amer feat Zaïn Profil
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Fiche du personnage
Race: Hybride
Vocation: guerrier
Alignement: Chaotique neutre
Rang: c
Citoyen du Reike
Zaïn Tevon-Duncan
Citoyen du Reike




- Ikusa, Place de l'Aqueduc -

Zaïn écoutait Myriem comme il dégustait son Sapphire, avec un air de connaisseur mélangé à un vif intérêt. Elle tombait en accord avec lui, et lorsqu'elle manifestait une certaine dissension, c'était toujours pour venir accentuer ses propos, jamais pour les démentir, comme par exemple sur le fait qu'elle l'estimait plus cultivé que la moyenne, ce qu'il n'était pas forcément en accord avec, mais il pouvait bien lui concéder cela, après tout elle n'avait pas tort.

Et alors qu'il l'écoutait avec une telle attention, le morceau de musique avait pris fin, mais ne l'empêcha pas de remarquer qu'un quatrième musicien - sorti de l'auberge - s'était joint au groupe, portant un instrument à vent - tout du moins Zaïn l'estimait à vent - qu'il n'avait jamais vu auparavant, surement un de ces nouveaux instruments inventés. Un tambour se mit à retentir, et à son grand désarroi, Zaïn constata que le style musical prédominent au Reike surgissait enfin. Mais au moins Myriem pourrait constater les talents musicaux des rares musiciens d'Ikusa, malgré que le morceau interprété "Felthorn" était un chant de guerre.




Il se concentra de nouveau pleinement sur son interlocutrice lorsque cette dernière lui posa quelques questions politiques afférentes aux changements sociétaux dont il avait parlé. L'hybride n'était pas franchement nationaliste et n'avait d'ailleurs que faire des règlements et lois, sans parler du couple royal dont il se contre-fichait. Mais il se conformait à la société et connaissait donc les rouages de celle-ci, il était ainsi en capacité de répondre aux questions de Myriem. Comme quoi il était plus pratique de prendre de la distance avec une situation pour mieux la comprendre, Zaïn prenait ses distances avec la politique et pouvait ainsi mieux la saisir dans son ensemble.

- C'est à peu près ça oui. La lignée des Draknys était très respectée et plutôt populaire, mais comme dans toute nation, cette popularité était loin d'être unanime. Donc quand Ryssen en a profité pour prendre le pouvoir, disons qu'il avait des opposants, mais pas partout. Il lui a donc suffit de se montrer progressiste... Zaïn haussa les épaules. Un meilleur roi que son prédécesseur, et l'affaire était dans la poche. Dans ce domaine, il a très bien mené sa barque en épousant en premier lieu Ayshara Draknys, sans parler des nombreuses réformes qu'il a entreprit, laissant plus de libertés au peuple. Il est à présent très largement apprécié. Il n'avait pas peur d'en parler à voix haute.

Les premiers morceaux écoulés, plusieurs personnes étaient sortis de chez elles pour venir s'asseoir sur les bancs de la place et les rebords des fontaines. La première musique avait été entrainante dans le seul but d'attirer les spectateurs environnants, à présent le registre était volontairement plus martial pour s'accorder aux militaires vivant dans les environs. Certains venaient justement en uniforme, sûrement de retour du port ou de la caserne, tandis que les spectateurs étaient très contemplatifs lus que dansants, du fait qu'il était peu probable que quelqu'un parvienne à danser sur ces airs militaires de renom.

- Ahhh, si vous voulez danser ou chanter, il me semble que vous n'êtes pas dans la bonne cité ma chère. Réagit-il à la dernière réponse de Myriem. Vous avez sous les yeux les principaux divertissements des reikois : boire un verre et écouter la musique, outre observer les parades, pêcher et parier sur des combats d'esclaves. Mais on s'y fait, même si les artistes se font rares par ici, quelques esthètes font partis de la population. Si vous aimez la peinture, il existe de nombreuses galeries à Ikusa qui exposent. Il pris une gorgée de sa boisson.

- Je vous ai dis tout à l'heure que le centre de la capitale était plutôt morne et plus conçu pour les défilés militaires que pour les visites touristiques. Cependant les rangées d'immenses statues ancestrales sont à voir au moins une fois dans sa vie. Mais je n'en dis pas plus... Au moins vous voyagez et vous voyez du pays, ces moments doivent être agréables, vous permettant de trancher un peu avec ce quotidien sempiternel dont vous me parlez. Moi par exemple je n'ai jamais quitté le Reike, n'ayant jamais eu une telle opportunité à vrai dire, ce qui me fait cruellement envie : voir le monde ! Il s'enthousiasma un peu et leva son verre, par chance il était presque vide et rien de se renversa.

Les tambours résonnaient.




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