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Morrigan Dawnthorn
« elles ressembleront à ce qu’on décidera d’en faire » (pv Kasen) Bonus2
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Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
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Morrigan Dawnthorn
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Musique:


Trois jours. Ou peut-être quatre... Ou bien une semaine. Elle ne savait plus depuis combien temps ils étaient rentrés à Liberty. Chaque soirée se ressemblait, chaque soirée était aussi minable l'une que l'autre.
Morrigan les passait dans des tavernes, à danser, et à boire bien plus que raisonnable.
Les journées ? Elle les passaient à dormir, puisqu'elle ne rentrait chez elle qu'au petit matin.

Elle s'était levé, ce jour-là, au beau milieu de l'après-midi, portant encore sa robe de la veille... La brune avait entrouverts les rideaux des larges baies vitrées qui offraient une vue sur toute la capitale. La lumière du soleil s'engouffra dans son appartement, et elle plissa les yeux pour éviter d'être éblouie. En passant devant le miroir, elle fronça les sourcils devant son reflet. Si on était honnête, elle était dans un état lamentable. L'espionne soupira. Détourna le regard.

Une semaine à se remémorer les paroles qu'elle lui avait crachées au visage, avant de... disparaître. Simplement. Elle l'avait évité pendant les derniers jours de voyage, et lorsqu'ils étaient enfin arrivés à Liberty, elle était simplement partie. Sans un mot. Sans même un regard.

Et les regrets qui l'avaient assailli, la honte qu'elle se traînait sur le dos depuis ne disparaissait que lorsqu'elle était trop ivre, d'alcool, de musique, et danse... Alors c'est ce qu'elle avait fait.
Elle avait retrouvé sa vie d'avant, et celle-ci avait le goût de l'amertume.
Une vie loin de toute attache, de toute responsabilité, lorsqu'elle ne travaillait pas.

Ses pupilles retrouvèrent son reflet. Son regard azuré, habituellement si lumineux, avait perdu tout son éclat. Ses cheveux étaient ternes, ébouriffés, bien loin de sa crinière soignée qu'elle gardait habituellement dans une longue natte. Elle passa une main sur le tissu de sa robe, qui sentait encore l'alcool de la veille.

Et la honte l'assaillie à nouveau. Ses pensées allèrent à la seule personne qu'elle essayait d'oublier. Kasen. Qu'aurait-il pensé en la voyant comme ça ? Rien que de l'imaginer, cela l'effrayait. Elle repensa à sa soirée d'hier...


Tu ne peux pas continuer comme ça, ma grande. Marmonna l'espionne pour elle-même.


Elle ne sut pas où elle trouva la force de se décider finalement. Mais il fallait se rendre à l'évidence, fuir ce qui lui faisait peur ne le ferait pas disparaître... Il était temps. Temps de mettre fin à cette situation, temps d'aller lui parler.




La peur lui serrait la gorge et l'espionne pouvait imaginer ses jambes se dérober sous elle à n'importe quel moment. Cela faisait bien quinze minutes qu'elle était devant la porte de la demeure de Dhaamir, pourtant, Morrigan ne parvenait pas à se résoudre à frapper à la porte. Ses cheveux rassemblés dans un simple lien, toute odeur d'alcool et toute trace de sa soirée de la veille ayant disparue. La brune n'avait pas revêtu sa tenue de cuir habituel, mais simplement une chemise et un pantalon.

Ce fut lorsqu'elle décida de faire demi-tour, alors que ses pensées avaient joué et rejoué la scène à venir dans sa tête, que la porte s'ouvrit.

Sur le palier, Griselda se tenait là, les points sur les hanches. Elle fronçait les sourcils.


Alors, t'vas pas t'décider hein ? Viens part là, j'te dis ! Elle lui fit signe de rentrer. Il est dans son bureau comme t'peux l'imaginé, il l'a pas quitté d'puis qu'il est rentré d'cette mission là ! Il a demandé à pas l'déranger. Mais j'pense que si c'est toi, il f'ra bien une exception pour sortir un peu l'nez de ses papiers. Faut dire qu'il a pas voulu parler à personne, 'doit sentir un peu seul l'gamin.


Merci Griselda... Murmura Morrigan, n'ayant plus l'opportunité de faire machine arrière.


L'espionne regarda vers l'escalier qui menait au premier palier, là où elle savait être le bureau de Kasen. Puis se demanda si la naine savait quelque chose pour eux. Elle doutait que Kasen lui ait parlé de quoi que ce soit, mais elle savait qu'elle se doutait bien qu'il se tramait quelque chose.


Allons ! T'vas pas faire c'te tête là toi aussi ! Qu'est-c'que vous avez tous les jeunes à tirer des mines de six pieds longs ?! Files donc d'mes pattes, j'ai pas qu'ça à faire !


La naine chassa l'espionne à coup de petits gestes en direction de l'escalier. Mais au lieu de retourner à ses occupations, elle ne bougea pas de la première marche. Ne quitta pas la brune des yeux, comme pour surveiller que celle-ci ne se dérobe pas. Morrigan jeta un dernier regard en arrière, en sa direction, avant d’entamer les marches.

Et chaque pas jusqu'au bureau de Kasen se fit plus difficile, plus long. Que lui dirait-elle ? Que penserait-il ? Lui en voulait-il ? Probablement, comment cela pouvait-il être différent ? Elle se retrouva sur le palier de la porte de son bureau avant même de le réaliser. Cette fois-ci, la porte était fermée. Cette fois-ci, elle ne se téléporta pas à l'intérieur, et ne chercha pas à disparaître dans l'ombre.

Son poing se leva, et avant qu'elle ne puisse frapper, la porte s'ouvrit.
Kasen Dhaamir
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Fiche du personnage
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Kasen Dhaamir
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Près d’une semaine s’était écoulée depuis le retour de Morrigan et Kasen à Liberty. Autant de jours qui n’avaient en rien amenuisé cette désagréable sensation qui l’animait. Malgré le rythme effréné qu’il s’infligeait, chaque instant de répit, chaque réveil après une nuit bien trop courte faisait renaître cette même mélancolie.

Alors pour anesthésier cet accablement, il travaillait encore et encore, bien plus que de raison, ne s’arrêtant que lorsque ses paupières devenaient si lourdes que consulter le moindre document devenait une épreuve infranchissable.

Les quelques fois où il s’était rendu à la Maison Bleue, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer la croiser en chemin. À chaque fois qu’on toquait à son bureau, son ventre se nouait en anticipant la possibilité qu’elle puisse se tenir de l’autre côté de la porte.

Est-ce qu’il espérait que cela arrive ? Est-ce qu’il le redoutait ? Il était bien incapable de trouver réponse à cette question.

Dès le lendemain de leur retour, il avait d’ailleurs fait porter jusqu’à la boîte aux lettres de la brune une enveloppe contenant la paye qu’il lui devait pour ses services. Une simple enveloppe, sans le moindre mot puisque comme ce soir après leur dispute, il n’avait pas su en trouver de convenables ou d’appropriés. Il ne voulait ni être pris en pitié, ni lui forcer la main.

Durant toute cette semaine, il ne parla à personne de son voyage, de la mission ni même de Morrigan. Et si Griselda avait bien vite compris la nature des hantises du blondinet, elle le connaissait suffisamment pour comprendre que la seule chose qu’elle pouvait faire pour lui était de lui laisser du temps.

Et cette nouvelle journée s’annonçait tristement similaire à toutes les autres. Aucune réunion n’était prévue pour y apporter ne serait-ce qu’un brin d’inattendu.

Dans son immense bureau, le blondinet s’étirait dans un long soupir, jetant un coup d’œil aux jardins à travers la fenêtre. Encore une fois, il s’était endormi sur son bureau, au milieu d’une pile de papiers qui grandissait presque aussi vite que le magistrat s’affairait à la rapetisser
.

Il observa quelques secondes son propre reflet dans la vitre, constatant avec lassitude l’état de son visage, dont les quelques ecchymoses dues à ses mésaventures au Reike s’étaient quasiment effacé pour ne laisser que les traits tirés découlant de son hygiène de vie déplorable.

Alors comme déjà bien trop de fois en cette journée, il saisit mollement la tasse qui trainait sur son bureau au beau milieu des dossiers, bénissant l’existence de la caféine qui lui permettait de vivre - ou plutôt de survivre - malgré son rythme effréné.

Mais lorsqu’il ouvrit la porte de son bureau pour se diriger vers la cuisine, il manqua de buter dans quelque chose… ou plutôt quelqu’un, qu’il n’avait même pas remarqué.

Sous le coup de la surprise, Kasen laissa échapper sa tasse, qui manqua d’aller s’écraser sur le parquet avant que l’invitée inattendue ne la rattrape d’un mouvement gracieux.

Récupérant l’objet que la jeune femme lui tendait, il lui adressa un sourire gêné, à l’image de la maladresse de ses mots :

Merci. Je… ça me fait plaisir de vous revoir.

S’il se montrait tout à fait honnête, il contint toute envie de lui signifier plus chaleureusement. Après la désillusion qu’il avait vécu, il savait pertinemment qu’il était impensable de faire comme si rien ne s’était passé.

Même s’il doutait fortement que la présence de Morrigan ici puisse être motivée par des raisons professionnelles, il n’était pas question qu’il se laisse emporter par ses sentiments. Pas tant qu’ils n’auraient pas mis les choses au clair.

D’un geste de la tête, il invita l’espionne à entrer dans le bureau avant de refermer la porte derrière elle. Puis il retourna près de son bureau, regroupant quelques feuilles qui menaçaient d’en tomber afin de dégager un petit espace contre lequel il pourrait s’appuyer.

Un long silence s’installa dans la pièce en désordre. Un silence pesant pendant lequel le diplomate posa un regard teinté d’inquiétude sur la visiteuse.

Les cernes sous ses yeux laissaient imaginer que la semaine de la brune n’avait pas été beaucoup plus reposante que la sienne.

Ça n’aura pas ressemblé à ce qu’on imaginait très longtemps, pas vrai ?
Morrigan Dawnthorn
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Morrigan Dawnthorn
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Merci. Je… ça me fait plaisir de vous revoir.


Sa gorge se serra. Son regard balaya la pièce, avant de se poser à nouveau sur Kasen. Il était... Il était dans un état tout à fait aussi lamentable qu'elle ce matin. À quelques différences près. Elle lui redonna la tasse de café rattrapé de justesse. Se demandant combien de cafés avait-il déjà bu aujourd'hui. Les questions restèrent sur ses lèvres, mais elle ne prononça pas un mot en s'avançant dans le bureau. Depuis combien de temps n'était-il pas sorti de son bureau ? Avait-il été assailli de travail après leur retour, ou bien avait-il choisi de se laisser assaillir par le travail pour... Pour éviter de penser à ce qu'elle cherchait à repousser également. À eux. À leur... Relation. Ou bien ce qu'il en restait. S'il en restait quelque chose. La culpabilité, bien qu'un peu prétentieuse, trouva très vite la jeune femme. Non parce qu'elle pensait que son état était uniquement lié à elle, mais surtout, car elle n'était pas là pour l'accompagner, le supporter, ou simplement le faire changer d'air. Comme s'il voulait de ta présence. Idiote.


Ça n’aura pas ressemblé à ce qu’on imaginait très longtemps, pas vrai ?


Le regard cerné du diplomate était plus douloureux à regarder qu'elle ne l'avait imaginé. Et pourtant, elle n'avait pas encore prononcé un seul mot. Encore aucune excuse, encore rien de tout le discours qu'elle avait préparé en venant ici. C'était le moment. Morrigan ouvrit la bouche une première fois. Mais aucun mot n'en sortit. Le silence était plus que pesant. Elle soupira. Recommença.


Je suis venu réclamer votre part du contrat.


Merde ! Pesta-t-elle intérieurement. Ce n'était pas ce que tu devais dire, sombre crétine ! La brune ferma les yeux, inspira profondément. Quelle idiote faisait-elle. Elle était venue pour s'excuser et voilà qu'elle...
Sa main droite se glissa dans la poche de son pantalon, pour en sortir une enveloppe qu'elle lança sur la table, sous le nez de Kasen.


Ce n'était pas ce dont nous avions convenu.


Elle se serait claquée, si elle avait pu. Pourtant, son visage n'en montrait rien. Elle affichait une mine des plus neutres, alors qu'intérieurement, elle bouillonnait. C'était donc ainsi qu'elle avait prévu de recoller les morceaux avec lui ? Décidément, les années ne l'avaient pas rendu plus douée pour cela...


Vous me devez une soirée. Et j'ai choisi ce soir. Sa voix ne laissait aucune opportunité de rétorquer, ou contredire. Je passerai vous chercher.


Puis elle se retourna, s'éloigna vers la porte. Sa main se posa sur la poignée. Elle n'était pas encore sortie, et il lui restait encore la possibilité de se retourner, d'enfin formuler les excuses qu'elle aurait dû lui offrir il y a bien longtemps... Mais c'était bien tout le souci. Elle n'était pas certaine qu'il accepte ses excuses. Cependant, elle était certaine qu'il tienne sa parole, et qu'il assure sa part du contrat. Alors, aussi minable que cela était, la brune se rattacha à cela.


Choisissez des chaussures confortables. Lança-t-elle finalement, avant de quitter le bureau.
Kasen Dhaamir
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Kasen Dhaamir
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Morrigan semblait aussi mal à l’aise que le magistrat, alors que chacun ne pouvait que constater à quel point les derniers jours semblaient avoir été éprouvants pour l’un comme pour l’autre.

Après d’interminables secondes dans ce silence pesant, la brune exprima finalement la raison de sa venue.

Je suis venu réclamer votre part du contrat.

Kasen laissa échapper un soupir consterné, détournant le regard et espérant qu’elle reformule sa demande. Mais il attendit en vain.

Pire encore, elle jeta sur son bureau l’enveloppe contenant sa paie pour la mission. S’il était insupportable de la voir ainsi agiter le prétexte du contrat pour obtenir quelque chose de lui, il pouvait difficilement nier que recevoir cet argent avait dû faire le même effet pour l’espionne.

Ce n'était pas ce dont nous avions convenu. Vous me devez une soirée. Et j'ai choisi ce soir. Je passerai vous chercher. Choisissez des chaussures confortables.

Kasen hésita longuement à répondre. Que pouvait-il dire après ça ? Mais finalement, alors que la brune franchissait le seul de la porte, il ne pu retenir ses mots :

Arrêtez de vous cacher derrière cette histoire de contrat, Morrigan. Vous savez aussi bien que moi que ce n’est jamais de ça dont il a été question.

Il n’attendit même pas qu’elle réagisse à ses propos ou se retourne pour poursuivre.

Mais j’accepte votre invitation. Évidemment que je l’accepte.

Lorsque la porte se referma, le blondinet resta immobile de longues minutes, le regard dans le vague. Au fil de la semaine, il avait presque fini de se convaincre qu’il ne reverrait plus l’espionne. Pire, il avait fini par croire que c’était probablement pour le mieux.

Et pourtant, ce n’était que la froideur de l’espionne et son invitation sous couvert d’obligation qui avaient permis au diplomate de retenir un large sourire soulagé.

Ainsi, Morrigan laissait une nouvelle chance à leur histoire. Une décision probablement déraisonnable, mais surtout une occasion que le blondinet ne voulait manquer sous aucun prétexte.

Il se redressa finalement avant de regrouper en hâte tous les papiers sur son bureau. Il attrapa une feuille vierge et y griffonna quelques mots à destination de son assistant : “Je dois m’absenter pour la journée. Merci de finaliser et envoyer les dossiers terminés. Le reste attendra. K.D.”

Une fois la note posée sur l’impressionnante pile de documents, il quitta son bureau pour se diriger à l’étage, et plus précisément dans sa chambre.

Il ferma les rideaux avant de s’effondrer sur le lit, alors que ses paupières brûlantes se fermaient déjà. Les priorités de la journée venaient de changer et méritaient qu’il soit dans un meilleur état que ça. Morrigan méritait mieux que ça.

Les heures défilèrent, et la nuit tombait déjà lorsque le diplomate se réveilla. Il s’assit péniblement au bord du lit.

Une longue douche plus tard, il enfilait une tenue qu’il jugea suffisamment classieuse pour ne pas paraître négligée, mais pas trop guindée pour autant. La brune s’était bien gardée de lui donner les détails de son programme.

Une tunique blanche assez sobre, un pantalon noir et les fameuses chaussures confortables conseillez par l’espionne : voilà qui ferait l’affaire.

Puis, pour calmer sa nervosité, il rejoignit le grand salon au rez-de-chaussée. Plutôt que de se laisser envahir par le stress qui lui nouait l’estomac, il s'assit face au piano qui trônait dans la pièce.

Ses doigts encore engourdis par la longue sieste qu’il s’était autorisée peinèrent à retrouver leurs marques. Cela faisait des semaines que cette mélodie si simple et éthérée qu’il affectionnait tant n’avait pas résonné dans la demeure.

Morrigan Dawnthorn
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Arrêtez de vous cacher derrière cette histoire de contrat, Morrigan. Vous savez aussi bien que moi que ce n’est jamais de ça dont il a été question.

Les mots l’accompagnaient sur le chemin du retour. Elle y pensa toute la journée à vrai dire. Il disait juste, et elle le savait. L’avouer était une autre histoire, surtout après la manière dont les choses s’était terminées. Et puis, ne lui avait-il pas envoyé cette enveloppe supposée contenir son salaire ? Que cela devait-il signifier ? La brune avait d’abord compris qu’il ne souhaitait plus la revoir. Puis elle avait refusé de l’accepter. C’est pour cela qu’elle s’était rendue chez lui, ce matin-là.
Elle se força à oublier ses mots, avant de finir par changer d’avis.

Il lui devait une soirée, et si cela devait être la dernière qu’ils partageaient, l’espionne voulait en garder un souvenir agréable. Dans le reflet du miroir, ses lèvres se pincèrent à cette idée. Morrigan prit une seconde pour se dévisager. Ses cernes n’avaient pas encore complètement disparu, rendant son regard presque assoupi. La robe de soie rouge qu’elle avait choisie accompagnait le carmin de ses lèvres. Elle lissa du revers de la main, le vêtement sur ses hanches, avant de remonter la bretelle qui manquait de glisser sur son épaule. C’était une robe qu’elle n’avait pas sortie depuis bien des années. À ses pieds, ses chaussons de danse étaient lassés jusqu’à mi-mollet. L’ancienne acrobate termina de les nouer dans un sourire mélancolique.

Cette fois-ci, la jeune femme ne prit pas le temps de marcher jusqu’à la demeure des Dhaamir. Elle s’était offert un dernier regard, alors que les contours de sa silhouette disparaissaient devant ses yeux. L’espionne réapparu juste devant la porte de la demeure. L’idée de se téléporter à l’intérieur directement lui avait traversé l’esprit, mais au vu de la situation avec Kasen, elle jugea plus approprié de ne pas le faire.

La porte s’ouvrit immédiatement, et derrière elle Griselda adressa un regard inspecteur à la brune. Une petite moue trouva le visage fripé de la naine, avant de se transformer dans un sourire.


Il est dans l’salon. Voilà qu’il dit rien pendant une s’maine entière et maintenant qu’il s’met à jouer du piano à des heures pas possibles ! J’sais pas c’que vous lui avez fait à c’lui là encore ! Les mots traduisaient l’agacement, pourtant la vieille n’avait pas perdu son sourire. Elle se déplaça pour laisser entrer Morrigan, qui commencait à retrouver son propre sourire devant les remontrances de la naine.


Elle la remercia, avant de se laisser diriger vers la mélodie qui s’élevait. La dernière fois qu’elle l’avait entendu jouer, si on pouvait le dire ainsi, c’était lorsqu’il l’avait laissé entrer dans ses pensées. Mais c’était la première fois qu’il jouait devant elle. Ou plutôt qu’elle le surprenait… Chaque note semblait être jouée avec une émotion certaine, qui ne manqua pas de toucher la jeune femme. Son coeur se serra dans sa poitrine. Si l’idée de s’arrêter sur le pas de la porte, pour l’observer jusqu’à qu’il ne remarque sa présence, lui traversa l’esprit, Morrigan ne s’arrêta pas dans son élan. À vrai dire, elle ne sait pas vraiment où elle trouva le courage de s’avancer… Probablement le fait que cela serait peut-être la dernière soirée qu’ils partageraient.

Silencieuse, l’espionne se glissa à côté du diplomate, venant s’asseoir sur le petit tabouret. Sa cuisse effleura celle du blondinet, et elle ne tourna la tête vers lui que lorsque son épaule se colla à la sienne. La brune resta muette jusqu'à ce qu'il termine son morceau. C'était difficile de dire si son prochain geste fut animé par le désespoir qui venait avec la réalisation de ce qu'elle aurait pu perdre, ou par l'enchantement de la mélodie, mais avant qu'il ne retire sa main des touches blanches de l'instrument, celle de la jeune femme se glissa par dessus, venant mêler ses doigts fins à ceux du diplomate.
La brune avala sa salive.


Je ne suis pas aussi douée que vous pour les mots... Mais vous m'avez manqué.

Elle se mordit l'intérieur de la bouche, regrettant presque aussitôt ses mots. Un regret accompagné par la peur qu'il ne comprenne pas, ou qu'il s'y refuse.
Kasen Dhaamir
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Kasen Dhaamir
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Kasen resta installé devant le piano pendant près d’une heure. Autant de temps pendant lequel les domestiques défilèrent dans la maison, jetant un regard surpris en direction du blondinet avant de continuer leurs occupations.

Cela faisait bien longtemps qu’il ne prenait plus le temps de pratiquer le piano, ni aucune autre passion qu’il avait entretenu étant plus jeune.

Plus le jeune diplomate avait grandi, et plus il s’était convaincu qu’il avait mieux à faire, ne se laissant jamais le loisir de penser que ces moments où il se laissait aller étaient probablement plus bénéfiques pour lui qu’une heure de plus à gratter du papier.

Mais cette journée-là était différente des autres. Elle serait différente.

Kasen savait très bien que son train de vie acharné serait toujours un obstacle à ses relations. Cette mission dont il avait fièrement hérité prévaudrait toujours, et il n’osait même pas se permettre de remettre cela en question.

Il avait espéré de tout son cœur pouvoir bâtir les fondations de quelque chose avec Morrigan lorsqu’ils étaient loin de Liberty. Mais à peine avaient-ils posé les premières briques de leur histoire qu’ils s’étaient empressés de les balayer.

Mais en l’invitant ce soir, bien que maladroitement, l’espionne leur donnait une nouvelle chance. Une chance qui méritait amplement que Kasen fasse un écart et s’assure de ne laisser aucune contrainte entraver cette nouvelle opportunité : ni le travail, ni la fatigue, ni la peur d’échouer à nouveau.

Alors il jouait du piano, longuement, laissant ses pensées dériver au fil des mélodies. Si bien peu de choses pouvaient lui vider l’esprit, la musique en était indéniablement une.

Puis au bout d’un moment, alors qu’il avait depuis longtemps perdu la notion du temps, quelque chose le sortit finalement de sa torpeur. Le contact d’une autre personne, s’installant à ce côté sur ce banc un peu trop étroit pour deux.

Il détourna le regard un instant pour le poser sur le visage de Morrigan, et lui adressa un léger sourire. Ce bref coup d'œil lui suffit amplement à constater que l’espionne avait bien meilleure mine que lorsqu’elle lui avait rendu visite un peu plus tôt.

Alors, en se reconcentrant sur les touches du piano et sur les quelques derniers accords de son morceau, il souffla en toute sincérité :

Vous êtes ravissante.

Tandis que le son réconfortant des dernières notes résonnait encore dans la pièce, la main de l’espionne rejoignit celle de Kasen sur le piano.

Je ne suis pas aussi douée que vous pour les mots... Mais vous m'avez manqué.

La gorge du blondinet se noua. Ce n’était pas la première fois qu’elle lui témoignait son affection. Mais l’entendre prononcer ces mots sans artifice, sans aucun jeu ou prétexte pour les cacher… c’était différent.

Tournant sa main pour placer sa paume contre celle de Morrigan, il laissa doucement basculer sa tête contre la longue chevelure brune de l’espionne.

Tant mieux. Je suis un peu trop habitué aux beaux discours, je n’aurais jamais craqué pour quelqu’un qui ne me dit que ce que je veux entendre.

Il tourna la tête un instant, juste le temps de déposer un baiser affectueux sur la joue de Morrigan.

Vous m’avez manqué aussi.

Plutôt que de se complaire dans ce moment de tendresse, Kasen se releva avec entrain, emportant la main de l’espionne avec lui afin qu’elle fasse de même.

Puis, un large sourire aux lèvres, il prit finalement le temps de scruter la jeune femme des pieds à la tête.

Alors, où m’emmenez-vous ? À en juger par votre tenue élégante, je suppose que je ne vais pas me retrouver à crapahuter dans la boue pour cette fois.

L'excitation du blondinet était palpable. Et si le ton de sa voix ne suffisait pas à Morrigan pour le deviner, ses yeux brûlant d’impatience en seraient une preuve supplémentaire.

Si le diplomate n’avait aucunement oublié le chaos qu’avait été leur relation jusqu’alors, il n’avait nullement l’intention de laisser ces tumultes resurgir et gâcher ce que l’espionne avait prévu.
Morrigan Dawnthorn
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Morrigan Dawnthorn
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Main contre main. Peau contre peau. Le soulagement fut immédiat. Il ne l'avait pas repoussé, bien au contraire. Elle sentit le poids dans sa poitrine disparaître. Bien sûr, Morrigan savait que ce ne serait pas si facile. Qu'il faudrait qu'elle explique pourquoi elle l'avait évité en rentrant à la République, pourquoi elle était partie sans rien dire... Mais pour le moment, la brune s'autorisa à mettre toutes ses pensées de côté. Pour le moment, ils pouvaient peut-être juste profiter de cette soirée. Et lorsqu'elle aurait enfin le courage, lorsqu'elle aurait finalement trouvé les bons mots, elle s'excuserait.
Les lèvres de Kasen contre sa joue vinrent la sortir de ses pensées.


Tant mieux. Je suis un peu trop habitué aux beaux discours, je n’aurais jamais craqué pour quelqu’un qui ne me dit que ce que je veux entendre.


Le regard fuyant, la brune mordit sa lèvre pour s'empêcher de sourire comme une enfant prise la main dans le sac de friandises. Elle l'avait bien appelé "crétin" sans même y réfléchir à deux fois, ce soir-là. Et il n'avait pas cillé face à l'insulte... Au contraire. Ses mots résonnaient encore dans son esprit... "Vous êtes tellement mignonne quand vous êtes en colère". Dans une autre situation, si elle n'avait pas été si animée par la peur d'une erreur, par la peur de le perdre encore bêtement, elle aurait pu réagir bien différemment. Mais il était inutile de repenser à ça. Cette scène appartenait au passé. Et Kasen ne lui laissa pas le temps de se morfondre, alors qu'il emportait sa main, l'obligeant à se relever par la même occasion.

Morrigan se laissa emporter, son sourire brisant finalement la barrière que ses dents avaient imposé à ses lèvres. Sourire qui s'élargit davantage, alors qu'il la dévisageait de haut en bas.


Alors, où m’emmenez-vous ? À en juger par votre tenue élégante, je suppose que je ne vais pas me retrouver à crapahuter dans la boue pour cette fois.


Son sourire se transforma en un rire. Un rire clair, frais, un rire honnête. Un rire de bonheur. Celui qui faisait brûler ses joues alors qu'elle réalisait avec joie que peut-être cette soirée pourrait ressembler à ce qu'elle avait imaginé lorsqu'elle lui avait proposé la première fois.
Qu'elle réalisait que peut-être, tout espoir de recoller les morceaux entre eux n'était pas complètement perdu.

Sa main n'ayant pas quitté celle de Kasen, Morrigan s'approcha de lui de son pas félin, son rire disparaissant sur ses lèvres rougies pour l'occasion. Elle guida la main du blondinet à sa taille, obligeant par la même occasion leurs corps à se coller. Sa propre main venait suivre la ligne de son épaule, une moue faussement boudeuse se dessinant sur le minois de la jeune femme.


Allons, ne vous a-t-on jamais dit qu'il était inapproprié d'ainsi dévorer une femme du regard ? Ses prunelles claires trouvèrent celles brûlantes du diplomate. Je pense que plutôt que de vous dire, je vais simplement vous montrer... Vous souvenez-vous ? Demanda-t-elle, alors que les contours de leurs corps s'effaçaient doucement.


Kasen pouvait probablement se souvenir de l'effet d'une téléportation, alors que le pouvoir qui vibrait dans chaque pore du corps de l'espionne, s'étendait jusqu'au sien. La première fois qu'elle l'avait téléporté, il lui avait demandé de lui apprendre à se réceptionner correctement.




Ils réapparurent devant une large porte rouge sur laquelle était gravée un large chêne. Ouverte sur une large salle de réception, à l'ambiance tamisée, de laquelle on pouvait entendre s'élever des voix étouffées par la musique. Peut-être Kasen avait-il entendu parler de l'établissement, mais Morrigan doutait qu'il y ai déjà mis les pieds. C'était l'un des lieux les plus secrets de la République. Non pour se cacher de quelconques activités illicites, ce qui aurait pu ne pas être surprenant pour la région, mais car les habitués de Le Chêne Rouge tenaient à ce que cet endroit reste discret et privé.

Gardant la main de Kasen dans la sienne, Morrigan s'avança d'un pas certain. Dans le fond à droite, on trouvait un comptoir tenu par un serveur à l'air sérieux, qui semblait aussi élégant que les convives. Tout autour de la salle, des canapés au velours bordeaux étaient disposés pour ceux préférant se reposer, observer, ou bien... Profiter des bras de celui ou celle qui les accompagnait. Kasen et Morrigan passèrent devant un homme bien occupé à satisfaire les lèvres de sa partenaire, alors que sa main faisait des aller-retour sur la cuisse de la demoiselle. Et malgré l'effusion d'affection publique, personne ne semblait leur jeter un regard. Mis à part ceux qui osaient apprécier le spectacle. Kasen pourrait d'ailleurs reconnaître certains visages, bien connus des Républicains. Ici, toutes les classes sociales semblaient se mélanger, et surtout, aucun ne semblait étonné de voir les autres dans ce lieu. Si on se retournait sur le passage de l'espionne et du diplomate, c'était uniquement pour leur adresser des sourires entendus.

Au-delà du bar, des canapés et de la chanteuse sur la scène, c'était la piste de danse qui intéressait l'espionne. Évidemment, elle n'avait pas choisi une activité dans le but de réjouir le diplomate. Non, c'était sa soirée, sa récompense, et elle avait choisi quelque chose qui lui faisait plaisir à elle. Et elle ne lui avait pas donné l'opportunité de refuser, le guidant sans lâcher sa main.

Lorsqu'ils eurent enfin atteint le centre de la piste, ou plusieurs groupes de danseurs se trouvaient déjà, Morrigan se retourna finalement, pour venir glisser une main sur l'épaule du blondinet, alors que l'autre trouvait sa nuque, avec délicatesse mais précision. Ses pupilles azurées brillaient d'une lueur nouvelle.


J'imagine que vous savez danser ? Demanda-t-elle avec une pointe de malice dans la voix, alors qu'il était déjà trop tard pour s'inquiéter de ça, maintenant que Kasen n'avait plus d'autres choix.


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Kasen Dhaamir
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Il n’aura fallu qu’une poignée de secondes, leurs deux mains enlacées et le retour du sourire radieux de l’espionne pour que toute l’appréhension qui avait habité Kasen disparaisse.

Une semaine s’était écoulée depuis la dernière fois où il avait vue Morrigan aussi radieuse. Une semaine pendant laquelle il avait comme occulté ces regards qu’elle lui portait, occupé qu’il était à ressasser ce qu’ils avaient vécu de pire.

Alors il redécouvrait avec ce même émerveillement que la fois précédente la jeune femme sous son meilleur jour. La forme de ses lèvres sublimée par le sourire qu’elle lui adressait, l’impatience se lisant dans ses yeux d’azur. Comment avait-il pu oublier si vite ?

Allons, ne vous a-t-on jamais dit qu'il était inapproprié d'ainsi dévorer une femme du regard ?

Le diplomate commençait à comprendre vers quoi la jeune femme comptait l’emmener, alors qu’elle plaçait délicatement une main sur l’épaule du blondinet.

Il ne manqua pas cette occasion inespérée qu’elle lui offrait pour accompagner la main de la brune un peu plus haut, l’invitant à tourner sur elle même comme elle aurait pu le faire sur une piste de danse.

Et Kasen ne rata évidemment rien du spectacle, profitant du virevoltement gracieux de sa partenaire pour avoir une vue d’ensemble de celle qui semblait vouloir faire de lui son cavalier pour la soirée.

N’allez pas croire que je manque de bonnes manières. Disons simplement que… elles sont un peu plus récalcitrantes lorsqu’il s’agit de vous.

Il lui adressa un regard malicieux avant que Morrigan décide finalement qu’il était temps de quitter les lieux.

Cette fois, il atterrit bien stablement sur ses deux pieds. Il lança alors un regard méfiant à Morrigan.

C’est la deuxième fois de suite que ça se passe anormalement bien. Je vais finir par penser que la mésaventure de la première téléportation était volontaire ?

Il la suivit sans broncher dans le bâtiment qu’il n’avait pour sûr jamais visité. Si bon nombre de politiques avaient la réputation de mener une vie de débauche en dehors de leurs fonctions, on ne pouvait clairement pas en dire autant de Kasen.

S’il s’octroyait déjà peu de temps pour ses loisirs, il en avait encore moins à accorder au monde de la nuit. Il pouvait très certainement compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où il était entré dans ce genre d’établissement de son propre chef.

Autant dire qu’il ne soupçonnait même pas l’existence de ce lieu dont il découvrait seulement le nom : le Chêne Rouge.

Il se laissa traîner plus loin dans cette grande pièce, laissant son regard se balader du bar aux lampions aux couleurs chaudes, en passant par les occupants affairés à discuter ou à se montrer leur affection de manière plus que démonstrative sur les nombreux canapés.

Puis l’espionne s’arrêta enfin avant de faire volte face. L’une des mains de la brune vint se glisser jusque dans sa tignasse blonde alors que leurs regards se retrouvaient.

J'imagine que vous savez danser ?

Il laissa échapper un petit soupir amusé. Morrigan n’avait clairement pas choisi l’endroit au hasard. Se tenue, l’ambiance presque intimiste du Chêne Rouge… et maintenant cette question alors qu’il était déjà trop tard pour qu’il fasse machine arrière.

Avant même de répondre, il posa l’une de ses mains sous l’omoplate de sa cavalière, la tirant d’un geste assuré jusqu’à ce que leurs corps se frôlent.

Il y a peu de choses que j’ai autant détesté que ces interminables leçons de danse.

Sur ces mots, il accompagna la main de Morrigan un peu plus haut, mimant l’une des positions de tango qu’il avait laborieusement appris et répété jusqu’à l’indigestion.

Ma professeure me disait : “vous apprendrez à apprécier lorsque vous serez dans les bras de la bonne partenaire.”

Lentement, suivant le rythme chaloupé des percussions, il commença à entraîner l’espionne dans un tango. Une danse qu’il redoutait plus que les autres pour l’importance qu’elle laissait à l’improvisation… et donc à l’inattendu.

Kasen laissa sa petite anecdote en suspens le temps que Morrigan et lui s’apprivoisent un peu plus, prennent leurs marques. Puis une fois un peu plus en confiance, il descendit sa main jusqu’à saisir fermement la taille de la brune.

D’un effort précis et parfaitement dosé, il l’aida à quitter le sol, la faisant tourner autour de lui avant de la ramener d’un geste tout aussi assuré.

Dans l’élan du retour, la jeune femme arriva très proche du diplomate, au point que leurs deux visages se frôlent.

Laissant son regard parcourir les lèvres carmin de sa cavalière à quelques centimètres des siennes, il lui souffla dans un émoi non dissimulé :

Elle n’avait peut-être pas tort, qui sait.
Morrigan Dawnthorn
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Alors que la main placée dans son dos l'attirait contre le blondinet, la jeune femme arqua les sourcils, presque surprise par autant d'assurance. Sa surprise ne fit que grandir alors que Kasen enchaîné chacun des pas avec la précision de ceux qui avaient répété avec soin plus de fois qu'on ne pouvait l'imaginer. Et alors que le blondinet lui révélait avoir assisté à des cours de danse, la brune leva les yeux au ciel, le sourire marquant ses lèvres pourpres. Comment avait-elle pu espérer autrement de lui ?


Il y a-t-il seulement quelque chose que vous ne savez pas faire ? Demanda-t-elle, feignant l'agacement.


Lorsque le visage du diplomate se rapprocha du sien, si près qu'elle pouvait sentir sa respiration contre sa peau, la prune plongea ses pupilles azurées dans celles ambrées de l'homme


Elle n’avait peut-être pas tort, qui sait.


Le visage de l'espionne se pencha très légèrement sur le côté, alors que ses prunelles tombaient sur les lèvres de son partenaire. Son sourire s'étira, alors que sa jambe nue remontait doucement celle du diplomate, dans une caresse contrôlée... Son regard quitta les lèvres qu'elle enviait tant pourtant, pour venir retrouver celui de Kasen. Une pointe de rivalité marquait maintenant leur échange.


Pour cela, je ne suis pas assez prétentieuse pour oser me désigner, mais ce qui est certain, c'est qu'ici, vous êtes sur mon terrain de jeu.


Alors qu'elle finissait à peine sa phrase, la brune virevolta, emportant avec elle la main du diplomate. Cette fois-ci, c'était elle qui guidait leur danse, et elle n'avait pas prévu de lui rendre la main. Chacun de ses pas s'accélérait, sans qu'elle ne laisse l'espoir à Kasen de ralentir la cadence qu'elle exigeait désormais.

Probablement Kasen connaissait-il chaque pas avec une clarté académique, mais pour Morrigan, la danse était un art différent qu'un simple enchaînement de mouvements. Non, pour elle, c'était le contraste de la liberté qu'apportait la musique, et la soumission qu'elle imposait à son corps, à chaque mouvement qu'elle demandait. Cela demandait une certaine souplesse, et l'espionne n'en manquait pas, merci à son passé.

Elle ne se laissa, ni à elle, ni à Kasen, l'occasion de parler. La brune était entièrement absorbée par le moment, par la musique, par le lien qui l'unissait à son partenaire de danse. Si elle ne prononça mot, cela ne l'empêchait pas de glisser des regards en coin à Kasen, lorsque leurs visages se frôlaient occasionnellement... Puis la dernière note fut jouée avant qu'elle ne réalise que c'était déjà la fin.

La main de Kasen dans son dos était la seule chose qui la retenait de la chute, alors que son corps formait un arc parfait, et presque inquiétant de flexibilité. Elle se redressa doucement, un sourire aux lèvres. Ses hanches roulèrent sous les mains de Kasen alors qu'elle passait les siennes dans son cou.


Vous êtes exaspérément doué dans tous les domaines. Vous a-t-on déjà dit que c'était particulièrement irritant ? Morrigan susurra les derniers mots à son oreille. Elle se retira légèrement. Je l'ai su la première fois que nous nous sommes rencontrés. Et j'ai pensé exactement la même chose.


Une fois de plus, comme au début de leur danse, elle leva les yeux au ciel. Malgré ses mots, elle devait l'admettre, elle était entièrement et définitivement séduite. En conduisant Kasen ici, elle n'aurait jamais cru qu'il parvienne à la suivre, et pourtant, il l'avait fait. Ce qui le rendait, tout à fait agaçant, éveillant non seulement le désir compétitif de Morrigan, mais aussi particulièrement attirant...
Kasen Dhaamir
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Y a-t-il seulement quelque chose que vous ne savez pas faire ?

Kasen esquissa un demi-sourire accompagné d’un petit haussement d’épaule. Il ne se lassait décidément pas de ces petites flatteries agacées, et du regard défiant de l’espionne.

Pourtant, le blondinet était parfaitement conscient que l’espionne connaissait certains de ses défauts. Elle n’avait d’ailleurs pas manqué de les lui exposer avec virulence à plusieurs reprises.

Mais il n’était certainement pas temps de remettre leurs échanges houleux sur le tapis. Morrigan ne l’avait visiblement pas amené ici pour cela. Et même s’il avait voulu en parler, la tâche serait rapidement devenue irréalisable.

En effet, la brune avait déjà pris les commandes, faisant bien comprendre à son partenaire qu’elle ne se contenterait pas de le laisser mener tranquillement la danse. Au contraire, elle avait bien intention de mettre au défi le magistrat qui était bien loin d’avoir sa souplesse, son expérience ou même son aisance… bien qu’il mette tout en œuvre pour paraître dans son élément.

Les pas s’enchaînèrent, ainsi que les figures gracieuses dorénavant menées par l’ancienne acrobate qui n’avait visiblement rien perdu de son élégance féline.

Vous êtes exaspérément doué dans tous les domaines. Vous a-t-on déjà dit que c'était particulièrement irritant ? Je l'ai su la première fois que nous nous sommes rencontrés. Et j'ai pensé exactement la même chose.

Le blondinet étouffa un rire, secouant subtilement la tête en signe de désaccord. Puis il ajouta, tout en accompagnant lentement sa partenaire afin qu’elle se redresse.

Vous plaisantez ? J’ai surtout l’impression que vous déployez des efforts considérables pour occulter tout ce que je fais mal.

À vrai dire, le diplomate souffrait probablement du même biais. Au fil de leur voyage, il n’avait pu que constater certaines des failles de Morrigan. Comment les ignorer après un début de relation si chaotique ?

Et pourtant, il suffisait d’un instant comme celui qu’ils étaient en train de vivre, un échange de regard, un sourire sur ce minois angélique… et chaque défaut devenait insignifiant, occulté par cette attirance indescriptible qu’elle exerçait sur lui.

Puis, avant qu’ils n’aient le temps de s’étendre sur le sujet, les percussions retentirent à nouveau sur la piste, suivies bien vite des autres instruments.

Le rythme s’annonçait déjà plus soutenu qu’auparavant, faisant naître une grimace amusée sur le visage du blondinet.

Il ne doutait aucunement que la brune n’avait pas l’intention de calmer le jeu, et il avait bien l’intention de lui offrir ce pour quoi elle l’avait amené ici.

Alors il repositionna sa main dans le dos de cette dernière, dans un mouvement qu’elle pourrait aisément interpréter comme une caresse. Puis, laissant ses yeux ambrés se perdre dans le regard de l’espionne, ils se remirent en mouvement.

━━━━━━━━━▼━━━━━━━━━

Une musique passa… puis une seconde, et bien d’autres encore. Bien vite, le diplomate perdit le compte. La professeure de tango avait vu juste, et Kasen sentit son appréhension s’évaporer au fil des mouvements.

S’il n’avait pas à feindre d’apprécier danser aux bras de Morrigan, c’est maintenant la fatigue qui s’emparait de ses muscles bien peu habitués à des enchaînements si intenses et prolongés.

Alors quand la musique s’estompa à nouveau, il profita de tenir les deux mains de la brune dans les siennes pour reculer avec elle, s’éloignant du centre de la piste.

Il laissa échapper un petit soupir de satisfaction, alors qu’il sentait son cœur battre dans ses tempes.

À moins que vous ne souhaitiez ramener votre cavalier sur votre dos, je crains qu’il ne soit judicieux de lui octroyer une petite pause.

Il laissa filer les doigts de l’espionne alors qu’ils approchaient de l’un des canapés inoccupés.

Qu’est-ce que vous prendrez ?

Une fois la commande de la jeune femme prise, le blondinet acquiesca avant de rejoindre le bar, profitant du court trajet pour essuyer discrètement dans sa manche son front sur lequel naissaient naissaient quelques gouttelettes.

S’il ne s’attendait certainement pas à un début de soirée aussi intense, il n’aurait même pas osé espérer que les choses se déroulent aussi bien.
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La brune laissa son corps tomber, s'affaler sur le divan de velours pourpre. Sur ses lèvres, un sourire satisfait, et si elle ne ressentait pas encore la fatigue dans ses muscles, son cœur lui, battait à tout rompre.


À moins que vous ne souhaitiez ramener votre cavalier sur votre dos, je crains qu’il ne soit judicieux de lui octroyer une petite pause.


Sa tête s'inclina en arrière, un rire non contenu échappa de ses lèvres, satisfaite tel un chat devant sa proie finalement épuisée. Elle se redressa, ses deux jambes se croisèrent alors qu'elle venait poser son menton sur le revers de sa main, faisant mine de réfléchir à la question du blondinet.


Je prendrai un nectar de fruits. Répondit-elle avant de s'affaisser un peu plus dans le divan, sa commande désormais prise.


Elle ne quitta pas des yeux le diplomate, alors qu'il se dirigeait vers le comptoir. Peut-être que le choix l'avait étonné, mais Morrigan avait bien trop bu ses derniers jours pour seulement imaginer avaler une goutte d'alcool supplémentaire.
À côté du canapé choisi par Kasen, un couple interrompit les baisers qu'ils échangeaient pour adresser un regard enjôleur à la brune. Elle y répondu par un clin d’œil, juste avant que le diplomate ne revienne avec leurs deux boissons.
Un sourire en guise de remerciements, elle trempa ses lèvres dans le jus sucré. Son regard parcouru la pièce, s'attardant sur les danseurs, la chanteuse qui ne semblait jamais s'épuiser, avant de se poser à nouveau sur Kasen.


Merci. Murmura-t-elle, sans que l'on puisse savoir si elle le remerciait pour le verre, ou pour autre chose.


Déposant son verre sur la table basse devant eux, lorsque Mor se redressa, son expression avait changé. Pas qu'elle soit moins heureuse du moment, au contraire, mais car les prochaines paroles qu'elle prononcerait viendraient peut-être mettre fin à cette soirée. Elle se retourna entièrement vers le diplomate, ses deux mains posées sur ses genoux, et toute l'aisance qui l'accompagnait habituellement disparue au même instant.


Kasen, je... Elle inspira. J'ai réfléchi trop longtemps. Trop longtemps aux bons mots, trop longtemps aux mots justes. Si longtemps qu'ils ne sonnaient plus que comme la mélodie que l'on a répétée trop de fois pour se souvenir de pourquoi on l'a joue. Ses paupières se baissèrent légèrement, cachant son regard derrière ses cils sombres. Mais ne pas les dire ne rend pas la chose plus acceptable. Vous méritez mieux que ça. Alors, je suis désolée. Pour les mots que je vous ai dits... Elle ne sentit pas le besoin de préciser. J'imagine que j'aurai dû réfléchir à ceux-ci, avant de les regretter. Malheureusement, souvent, je ne réfléchis qu'après avoir parlé.


Elle se détourna légèrement de lui. Comme si continuer à le regarder rendait la chose plus difficile. Sa main remonta son bras, pour venir se loger sur son épaule.


Je crois... Je crois que j'avais juste peur. Et honte... Un soupire s'échappa de ses lèvres, alors qu'elle levait les yeux au plafond étoilé du Chêne Rouge. Peur de vous perdre à nouveau. Honte de m'en inquiéter.


Son cœur se serra aux derniers mots. C'était peut-être le pire à avouer. Bien évidemment qu'elle aimait séduire, jouer, ressentir, et qu'elle avait aimé s'y amuser avec Kasen. Mais laisser les sentiments s'installer ? Au point de ne plus savoir se contrôler de la sorte ? C'était une erreur de débutante, une erreur d'adolescente. Il lui avait dit, répété, que cette mission, et ce contrat, n'avait été qu'une excuse. Elle-même l'avait accepté en toute connaissance de cause. Pourtant, la brune ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle s'était fait avoir à son propre jeu. Elle s'était promis de ne plus s'attacher à un homme, et voilà que...

Son regard glissa à nouveau sur le diplomate.
Dévora l'arc de ses lèvres, la ligne de sa mâchoire.
Elle aurait tué pour lui, mourut pour lui. Elle aurait fait tout cela, encore et encore, pour lui. Elle n'avait jamais voulu quelqu'un comme elle le voulait lui. Un sentiment qui la terrifiait plus que n'importe quelle mission. Et ce regard ambré et brûlant qu'il posait sur elle...
Merde.
Elle était dans une merde profonde et sans fin.
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Kasen arriva au niveau du bar. En attendant qu’un employé vienne s’occuper de son cas, il posa ses coudes sur le comptoir, reposant ses temps dans les paumes de ses mains.

Un sourire naissait sur ses lèvres, alors qu’il prenait enfin le temps de réaliser à quel point la soirée se déroulait bien. Il avait essayé si fort de se convaincre qu’il fallait laisser derrière lui les souvenirs de tels moments partagés avec Morrigan.

Monsieur ? Je peux vous servir ?

L’employé derrière le bar se tenait juste devant Kasen, probablement depuis quelques secondes déjà.

Le blondinet releva la tête, alors qu’il n’avait même pas remarqué son arrivée.

Oh, excusez-moi, j’avais la tête ailleurs. Un nectar de fruits et… ça, s’il vous plaît.

Il se contenta de pointer du doigt une bouteille fièrement posée sur une étagère derrière le comptoir et dont l’allure l’avait inspiré sur le moment. Absorbé par ses pensées, il n’avait à aucun moment réfléchi à ce qu’il souhaitait boire.

Le barman s’exécuta et vint poser les deux verres devant le diplomate, qui lui adressa un léger acquiescement.

Merci.

Les boissons en mains, Kasen traversa à nouveau la pièce à l’ambiance cosy pour retrouver le canapé sur lequel s’était confortablement installé Morrigan.

Il s’installa confortablement à ses côtés. Après l’avoir remercié, elle se redressa, se tournant pour lui faire face. Sa mine pétillante s’effaça instantanément, laissant apparaître un certain sentiment de malaise.

Le magistrat profita de cet instant de flottement pour engloutir une gorgée de la boisson qu’il avait commandée. Il n’en connaissait ni le nom ni le goût. C’était alcoolisé, plutôt fort… parfait pour encaisser un échange dont l’expression de la jeune femme trahissait déjà l’importance.

Kasen, je... J'ai réfléchi trop longtemps. Trop longtemps aux bons mots, trop longtemps aux mots justes. Si longtemps qu'ils ne sonnaient plus que comme la mélodie que l'on a répétée trop de fois pour se souvenir de pourquoi on la joue.

Si Morrigan commençait à fuir le regard du blondinet, ce dernier ne pouvait pas détacher le sien du visage rayonnant de sincérité de l’espionne. S’il restait parfaitement silencieux, buvant les paroles de son interlocutrice, il posait sur elle des yeux bienveillants, l’invitant à poursuivre.

Mais ne pas les dire ne rend pas la chose plus acceptable. Vous méritez mieux que ça. Alors, je suis désolée. Pour les mots que je vous ai dits... J'imagine que j'aurai dû réfléchir à ceux-ci, avant de les regretter. Malheureusement, souvent, je ne réfléchis qu'après avoir parlé.

Je crois... Je crois que j'avais juste peur. Et honte… Peur de vous perdre à nouveau. Honte de m'en inquiéter.

Ces derniers mots débouchèrent sur un long silence. Le magistrat s’était imaginé des centaines de fois avoir cette conversation avec l’espionne. Il avait présagé le meilleur comme le pire, s’inventant d'innombrables scénarios.

Et maintenant qu’il y était, répondre à cela semblait si dur. Alors il but une nouvelle gorgée, le temps qu’il décide à se lancer.

Concernant ce que vous avez dit durant notre voyage de retour... vous aviez raison sur bien des points. J’ai été un “crétin”.

Il ne put retenir un demi sourire en évoquant ce mot. Ce même mot qu’elle lui avait prononcé avant qu’il ne lui fasse le commentaire de trop.

Je l’ai même été plusieurs fois. Trop de fois, et j’en suis désolé.

Malgré le ton parfaitement sérieux qu’il employait, le diplomate ne pouvait effacer ce petit rictus souriant de ses lèvres. Ce début de soirée avait amplement suffit à le convaincre qu’ils pouvaient revenir sur leurs déboires sans que la situation ne dérape à nouveau.

Vous savez, je ne vous en veux pas pour ce que vous avez dit. Même dans les secondes après que vous ayez prononcé ces mots, je ne vous en ai pas voulu.

Son léger rictus s’estompa, laissant place à une mine plus neutre, sans doute aussi plus froide.

La seule raison pour laquelle je vous en ai voulu, c’est d’être partie si longtemps, sans rien dire. Parce que… je ne comprends toujours pas pourquoi. Tout comme je ne comprends pas pourquoi vous avez honte de vous inquiéter.
Morrigan Dawnthorn
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Le sourire qui menaçait les lèvres du diplomate sembla soulager un peu la jeune femme. La suite de ses mots finit par apaiser les inquiétudes de Morrigan. Imperceptiblement, elle se rapprocha de Kasen, sans même vraiment le réaliser.


Vous savez, je ne vous en veux pas pour ce que vous avez dit. Même dans les secondes après que vous ayez prononcé ces mots, je ne vous en ai pas voulu.


Il s'était lui-même excusé, et un sourire doux se dessinait sur la bouche colorée de l'espionne. Peut-être qu'elle s'était inquiétée pour rien finalement. Peut-être que ce n'était que ses propres peurs qui l'avaient tenue si longtemps éloignée... Elle s'apprêtait à répondre, alors que le visage de Kasen changeait au même instant.


La seule raison pour laquelle je vous en ai voulu, c’est d’être partie si longtemps, sans rien dire. Parce que… je ne comprends toujours pas pourquoi. Tout comme je ne comprends pas pourquoi vous avez honte de vous inquiéter.


Le silence qui suivit parut interminable. Merde. Il... Il avait raison. Et à aucun instant, la brune avait pu imaginer qu'il lui en voulait, pour ça. À aucun moment, elle ne l'avait suspecté. Cependant, elle ne détourna pas son regard. Au contraire, son sourire ne fit que s'élargir alors qu'elle réalisait. Un long soupire s'échappa de ses lèvres. La brune secoua doucement la tête de droite à gauche. Elle réalisait alors qu'elle avait toujours fait ça. Dès que les choses devenaient un peu trop compliquées, dès qu'elle était vexée, elle disparaissait... Pour revenir, comme si rien ne s'était passé. Elle venait lorsqu'elle le voulait et repartait dès lors qu'elle le désirait.
Et tout le monde autour d'elle semblait l'accepter. Personne ne lui en avait jamais tenu rigueur.
Personne, sauf lui. Sauf Kasen.


Je suis une idiote. Elle ne put retenir un léger rire, réalisant l'ironie de la chose.


Pour une fois, on la mettait devant le fait accompli. Elle avait cru devoir s'excuser de quelque chose qui n'avait en réalité aucune importance. Mais ce qu'il lui reprochait était si ancré dans ses habitudes qu'elle n'avait jamais réalisé.


Une idiote navrée. Sincèrement désolée. Mais une idiote tout de même. Je n'ai même pas d'excuses à la hauteur de ce que vous me reprochez... Vous avez raison. Si je devais essayer d'expliquer... Je crois que j'ai juste choisi la solution la plus simple. Parce que c'est ce que j'ai toujours pensé vouloir. La facilité qui accompagne la simplicité.


Elle marqua une pause, ses paupières se refermant l'espace d'un instant. Le silence flottant dans l'atmosphère du Chêne Rouge. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, se fut seulement pour poser sur Kasen un regard ardent. Un regard pour lequel hommes et femmes auraient rasé des villes pour avoir.


Mais avec vous, je n'ai pas envie de simplicité. Ni de facilité. Je veux le bon, comme le mauvais. Je veux tout. Ce que je déteste, comme votre bonté irréfléchie qui vous fait prendre des décisions terriblement inconscientes. Ce que j'aime, comme les regards dégoulinant de fierté que vous déposez sur moi, sans même que je ne le mérite réellement. Et je me sens si honteuse de vouloir tout cela. De vouloir tout cela de vous et uniquement pour moi. De vouloir tout cela et plus, tellement plus. Sa voix craqua légèrement. Je ne sais pas si je suis prête à accepter tout cela dans ma vie, et pourtant, je ne peux plus m'imaginer vivre sans.


Tout à coup, les présences pourtant si discrètes du Chêne Rouge semblèrent de trop. Et bien que les regards ne s'attardaient pas sur eux, Morrigan s'interrompit, réalisant le public autour d'eux. C'était le genre de conversation que l'on tenait en privé. Comme pour faire s'estomper l'ambiance qui s'était installée, elle reprit son verre entre ses mains, son regard se perdant alors dans le jus aussi pourpre que ses lèvres.
Kasen Dhaamir
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Je suis une idiote.

Un simple rire de la rune suffit à faire disparaître la dernière once d’appréhension chez Kasen. Même s’il avait refusé de se l’imaginer, une petite partie de lui avait tout de même craint que Morrigan se ferme à nouveau, et ne fuit comme elle l’avait déjà fait.

Une idiote navrée. Sincèrement désolée. Mais une idiote tout de même. Je n'ai même pas d'excuses à la hauteur de ce que vous me reprochez... Vous avez raison. Si je devais essayer d'expliquer... Je crois que j'ai juste choisi la solution la plus simple. Parce que c'est ce que j'ai toujours pensé vouloir. La facilité qui accompagne la simplicité.

Suite à ces mots, elle posa sur le blondinet un regard brûlant. Un regard qu’il avait essayé d’oublier en vain et qui lui rappela immédiatement ce moment hors du temps qu’ils avaient partagé au bord de cette rivière avant que leur relation ne s’effondre.

Mais avec vous, je n'ai pas envie de simplicité. Ni de facilité. Je veux le bon, comme le mauvais. Je veux tout. Ce que je déteste, comme votre bonté irréfléchie qui vous fait prendre des décisions terriblement inconscientes. Ce que j'aime, comme les regards dégoulinant de fierté que vous déposez sur moi, sans même que je ne le mérite réellement.

Kasen esquissa une moue désespérée alors qu’elle évoquait une nouvelle fois cette absurde notion de mérite. Bien sûr qu’elle le méritait, sans doute plus que quiconque. Et même si ce n’était pas le cas… ce n’est pas comme si le diplomate portait ce même regard envouté à toutes les personnes qu’il jugeait méritantes.

Et je me sens si honteuse de vouloir tout cela. De vouloir tout cela de vous et uniquement pour moi. De vouloir tout cela et plus, tellement plus. Je ne sais pas si je suis prête à accepter tout cela dans ma vie, et pourtant, je ne peux plus m'imaginer vivre sans.

Le magistrat extirpa quelques secondes son regard de celui de Morrigan. Il fit nerveusement tourner le contenu de son verre alors qu’un sourire amusé habillait toujours ses lèvres.

Je crois que si vous parlez encore une fois de honte ou de mérite, je vous étripe. Même si vous ne m’aviez pas sauvé la vie bien trop de fois, je vous regarderais de la même manière.

Il plongea une nouvelle fois les lèvres dans cet alcool inconnu avant de s’allonger sur le canapé, laissant sa tête se poser confortablement sur les cuisses de l’espionne.

J’ai juste besoin que vous soyez vous, rien de plus.

D’un geste délicat, il alla chercher la main de Morrigan pour la guider jusqu’à son torse.

Je pourrais comprendre que vous ne soyez pas prête à vous… engager dans quelque chose avec moi. À vrai dire, ça me terrifie un peu aussi.

Du bout des doigts, il parcourait l'épiderme de la brune, longeant sa main puis son bras dans de long allers-retours, prenant un malin plaisir à explorer chaque centimètre de sa peau.

Mais cette fois, pas question que je vous laisse disparaître sans rien dire, et il faudra trouver une meilleure excuse que votre histoire de mérite.

Enfin, il leva les yeux pour retrouver la chaleur du regard de Morrigan. La lueur brûlante dans les pupilles ambrées du blondinet en disait bien plus que n’importe quelle déclaration passionnée qu’il aurait pu lui faire.
Morrigan Dawnthorn
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Je crois que si vous parlez encore une fois de honte ou de mérite, je vous étripe.


La brune s'apprêtait à contester, mais elle n'en eut pas l'opportunité, alors que Kasen continuait déjà. Avant qu'il ne dépose sa tête sur ses cuisses, comme s'ils avaient été seuls au monde. Son cœur se serra dans sa poitrine alors qu'elle réalisait que le diplomate ne s'inquiétait pas d'être vu avec elle, quand bien même l'établissement et ses habitués étaient connus pour leur grande discrétion.


J’ai juste besoin que vous soyez vous, rien de plus. Je pourrais comprendre que vous ne soyez pas prête à vous… engager dans quelque chose avec moi. À vrai dire, ça me terrifie un peu aussi.


Elle lui offrit sa main, se laissant guider, alors que son visage s'illuminait à nouveau, d'un demi-sourire. Chaque caresse innocente qu'il soumettait à sa peau faisait frissonner quelque chose chez l'espionne. Quelque chose de doux, de nouveau, de différent.
C'était la première fois qu'elle réalisait que l'on pouvait être aimer sans avoir besoin de se faire aimer. Que tout cela n'avait aucun lien avec quelconque mérite. Pourtant, elle avait grandi avec cette idée.

Dès lors qu'elle fut recueillie par Magdalena, l'enfant avait bien compris qu'elle devrait satisfaire les désirs de sa maîtresse si elle voulait attirer son attention. Morrigan était certaine que Magdalena l'avait vraiment aimé, mais sa façon d'aimer n'avait rien à voir avec celle dépeinte par le diplomate. Non, ce que son ancienne cheffe de troupe aimait; c'était le contrôle qu'elle avait exerçait sur elle. Et ce, depuis le premier jour, lorsqu'elle lui avait choisi un nouveau nom, faisant disparaître à tout jamais l'ancien.
Cheffe, Madame, maîtresse, Mag. Mère. Morrigan avait eu tellement de noms pour elle, et chacun d'eux traduisait sa dévotion pour celle qui l'avait recueillie.
C'était dans les premières années qu'elle soupçonnait Magdalena de l'avoir aimé le mieux, lorsqu'elle était encore aussi malléable que de l'argile dans ses mains.
Et Morrigan avait été si heureuse de jouer ce rôle pour elle.


Mais cette fois, pas question que je vous laisse disparaître sans rien dire, et il faudra trouver une meilleure excuse que votre histoire de mérite.


La brune ne répondit pas. Son sourire se fit plus tendre, tout comme son regard, qu'elle verrouillait désormais dans celui du diplomate. Sa main glissa dans les brins dorés de ses cheveux, caressant lentement la chevelure du diplomate. Elle n'avait pas de mots pour le remercier, car elle n'était même pas certaine qu'il réalisait ce qu'il lui offrait.

Mais son corps lui, dictait déjà de nombreuses façons de lui montrer sa gratitude. Son regard parcouru la ligne amusée de sa joue, puis la courbure de ses lèvres. Il lui fallut rassembler tous les efforts du monde pour ne pas l'embrasser. Pas de suite. Pas maintenant. Pas ici.
Son regard remonta pour retrouver les pupilles ambrées du diplomate.


Il se fait tard... Non ? Demanda-t-elle en haussant légèrement un sourcil. Sa voix était rauque, comme si elle n'avait pas parlé depuis trop longtemps, comme si elle était partie bien trop loin dans ses pensées.


Elle pouvait sentir les battements de son cœur s'accélérer dans sa poitrine. Sa seule inquiétude était de savoir combien temps elle pourrait retenir la chaleur qui se répandait maintenant sur chaque centimètre de sa peau.
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La brune était restée étrangement silencieuse pendant comme après les menaces de Kasen. Des menaces qui  n’en étaient d'ailleurs pas vraiment, qui étaient avant tout là pour habiller d’humour une vérité que Morrigan peinait à réaliser : il n’attendait rien de plus d’elle que ce qu’elle lui offrait déjà.

Il ne voulait aucun artifice, aucun des mots justes qu’elle répétait ne pas réussir à trouver. Plus que tout, le diplomate souhaitait qu’elle réalise qu’il suffisait qu’elle lui adresse un regard ou un sourire pour le combler. Sa seule présence le comblait.

Alors que la brune laissait ses doigts s’aventurer dans la chevelure du diplomate, ce dernier ferma les yeux quelques secondes, profitant d’un simple instant de tendresse qu’il avait craint ne jamais vivre à nouveau.

Dans un autre contexte, il aurait volontiers gardé les paupières closes pendant quelques minutes… pendant autant de temps qu’il conviendrait à la brune de le dorloter, en fait.

Mais à ce moment, aucune fatigue n’aurait permis à Kasen de se laisser tomber dans les bras de Morphée. C’est une toute autre envie qu’éveillaient les caresses de l’espionne, le contact délicat de sa main sur le torse du blondinet.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il ne put qu’être absorbé par les iris azurs de la brune, qui lui portait un regard qu’il commençait à connaître et qu’il avait déjà appris à chérir.

Ce même regard qui lui laissait néanmoins un goût amer. Celui d’un souvenir qui aurait dû être parfait mais qui transportait avec lui une désagréable sensation d’inachevé, de calme avant la tempête.

Il se fait tard... Non ?

C’était une façon comme une autre d’exprimer l’évidence qui brillait dans les yeux de la brune. Il était grand temps de quitter ce lieu.

Possible. Étrangement, je n’ai pas sommeil.

La main du blondinet qui serrait un peu plus fort celle de Morrigan, la malice qui habitait son sourire… il était difficile de voir en cette dernière phrase autre chose qu’une proposition.

Se relevant en hâte, Kasen fouilla dans sa poche pour y trouver quelques pièces qu’il laissa tomber sur la table basse devant le canapé.

Puis, alors que la brune se levait à son tour, il ne lui laissa pas le temps de prononcer le moindre mot. Déjà une main du blondinet vint trouver la nuque de Morrigan, alors que ses doigts s’enfonçaient à la base de sa longue chevelure.

Avec assurance, il attira la jeune femme à lui, laissant leurs visages s’approcher lentement mais inexorablement.

Puis avant que l’inévitable ne se produise et alors qu’il scrutait avidement le visage de son amante, il susurra.

Il serait judicieux de rapidement nous téléporter hors d’ici.
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Il serait judicieux de rapidement nous téléporter hors d’ici.


Lorsque la main du blondinet s'était glissée dans sa chevelure, Morrigan n'avait pas résisté un instant à la prise. Le sourire sur ses lèvres avait vite remplacé la surprise suivie le par geste. Et ce n'était que les mots prononcés par Kasen qui permis à la jeune femme de décrocher son regard des lèvres du diplomate.


Je crois que c'est une excellente idée, susurra-t-elle en retour contre ses lèvres, alors que les contours de leur silhouette se faisaient déjà flous, vibrants...





Dans la cour de la demeure des Dhaamir, alors que seules quelques lumières encore allumées éclairaient le contrebas, les deux silhouettes réapparurent. L'une contre l'autre, peau contre peau. Lèvres contre lèvres.
Attendre une minute de plus aurait été une torture. Aussitôt avaient-ils réapparurent que les bras de la brune avaient glissé dans le cou du jeune homme, et que ses lèvres s'étaient écrasées contre les siennes.

Une précipitation qui avait forcé le diplomate à faire quelques pas en arrière pour leur éviter de basculer à la renverse. Morrigan ne stoppa son élan qu'en réalisant qu'ils étaient à deux doigts de perdre l'équilibre. Elle se retira légèrement, ses lèvres humides et ses joues rougies par la multitude de sentiments qui se bousculaient dans son esprit. Un rire clair vint briser le silence de l'éden endormi.


Désolée... Murmura-t-elle, mordant sa lèvre, alors que son regard se portait sur les fenêtres de la demeure derrière elle, comme pour s'assurer de n'avoir réveillé personne. L'idée d'une Griselda en tenue de nuit, l'air mécontente d'avoir été dérangée dans son sommeil fit pouffer la brune.


Les excuses sobres qu'elles formulaient auraient pu sembler honnêtes, si elles ne contrastaient pas autant avec la lueur pétillante dans ses yeux, et l'expression de son visage, qui trahissait qu'elle n'était aucunement désolée. Non, d'ailleurs, il semblait que l'espionne eût déjà oublié ce qui se déroulait autour d'elle, alors que ses pupilles, voilées de convoitise, se posaient à nouveau sur l'objet de ses désirs. Elle semblait attendre le moindre signe, le moindre indice pour y retourner, ses lèvres s'entrouvrant déjà à l'image qui se formait dans son esprit.
Elle le savait, succomber était désormais inévitable.
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Chacun des sens du diplomate se mirent en alerte. Le voile magique qui vint entourer Morrigan et lui, la chaleur confortable du bar qui fit place à la fraîcheur nocturne, les lumières tamisées qui firent place à la pénombre… et le contact de la peau et des lèvres de la brune.

Cela faisait beaucoup à prendre en compte en si peu de temps, tant et si bien que ce n’est que lorsque la brune mit fin au baiser que Kasen réalisa que ses jambes le soutenaient à peine. Si Morrigan s’était retiré ne serait-ce qu’une seconde plus tard, il ne fait aucun doute que la gravité se serait chargée de leur faire découvrir l’inconfort des marches de la demeure Dhaamir.

Désolée…

Le blondinet se délecta du rire que laissa échapper l’espionne et qui vint rompre le silence de l’endroit. Sans rien dire, il laissa ses pupilles s’habituer à la faible luminosité pour voir devant lui se préciser les contours encore flous du visage de Morrigan.

Le diplomate mourait d’envie de se précipiter à l’intérieur avec elle, de goûter enfin à un plaisir qui s’était appliqué à leur échapper pendant si longtemps.

Mais une autre idée naquit dans son esprit. Une idée qui délaierait encore un peu plus l’inévitable. Une idée qui lui semblait de plus en plus attirante, comme si chaque seconde à contenir ses pulsions rendrait la suite plus appréciable encore.

Ils avaient toute la nuit devant eux, et aucune raison de se précipiter. Alors il s’approcha de sa cavalière, posant délicatement sa main sur la joue de la brune.

Merci d’être revenue.

Alors qu’il prononçait ces mots, la main du diplomate s’infusa d’une discrète lueur blanche. À quelques pas d’eux, le long de l’allée pavée, une lanterne s’illumina, puis une autre un peu plus loin.

D’un petit signe de tête, il invita la jeune femme à l’accompagner sur ce chemin. Sa main vint trouver la sienne, laissant leurs doigts s’entremêler.

À chaque lanterne franchie, une nouvelle s’allumait quelques mètres plus loin, les guidant un peu plus à l’écart de la demeure à travers l’obscurité totale.

Kasen laissa le silence les enrober. Un silence qui n’avait plus rien de pesant comme il avait pu l’être lors de leur voyage. Cette fois, ce calme était devenu source de réconfort, d’apaisement.

Après quelques minutes à parcourir l’allée, à longer des arbres majestueux comme des parterres de fleurs religieusement entretenus, une énième lanterne s’alluma, laissant entrevoir un ponton de bois.

Tout autour, une étendue d’eau paisible ondulait en faisant danser les reflets de la maigre source lumineuse.

Toujours solidement agrippé à la main de l’espionne, Kasen s’arrêta à quelques pas du ponton. Il afficha une moue pensive, avant d’avouer un peu gêné.

Allez savoir pourquoi, je me suis toujours dit que ce serait l’endroit idéal pour un rencard. Maintenant que j’y suis, je me demande si ce n’est pas… un peu trop bucolique.

Il se tourna vers Morrigan, pour se perdre à nouveau dans son regard azur.

Il ne manquerait plus que la rose entre les dents et un petit poème mièvre, et le cliché serait complet.
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Lorsque la main chaude de Kasen se posa sur sa joue, les paupières de l'espionne se fermèrent pour apprécier la douceur du geste, alors qu'elle se logeait dans la paume du diplomate.


Merci d’être revenue.


Alors qu'elle s'apprêtait à répondre, une lueur réconfortante pulsa contre sa peau. Et déjà, le chemin lumineux s'éclairait, les appelant à suivre sa direction. Un moment flotta avant que l'espionne ne réalise que c'était Kasen qui venait d'éclairer l'allée. Elle finit de comprendre alors qu'il avait passé sa main dans la sienne.
Torture. Il avait choisi de la torturer un peu plus longtemps.
Ses sourcils se froncèrent légèrement, une moue vexée sur les lèvres, alors qu'elle se laissait entraîner par le blondinet.

Pourtant, Morrigan se laissa guider, en silence, sans contester, la curiosité l'emportant probablement sur la chaleur qui animait chaque passerelle de son corps quelques instants auparavant.
Lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin, mettant fin à leur course, la brune se laissa un instant pour contempler le lieu. Elle n'avait jamais remarqué l'étang qui se cachait derrière la demeure si connue de la ville.
Un fin sourire marqua son visage, alors qu'elle se retournait, pour apprécier les reflets de la lune dans l'eau, qui semblait danser avec chaque lumière magique qui éclairait les deux silhouettes.


Allez savoir pourquoi, je me suis toujours dit que ce serait l’endroit idéal pour un rencard. Maintenant que j’y suis, je me demande si ce n’est pas… un peu trop bucolique. Il ne manquerait plus que la rose entre les dents et un petit poème mièvre, et le cliché serait complet.


Elle se retourna vers Kasen, un nouveau rire échappant ses lèvres, devant la moue gênée du diplomate. Ses pommettes étaient encore colorées de leur baiser de quelques instants plutôt.
Comment pouvait-elle ne pas lui pardonner de la faire patienter encore ?
Après toutes les épreuves qu'ils avaient traversées, ils avaient bien le droit à quelques moments de douceur. Et c'était l'un de ces moments-là.


La rose et le poème ne m'auraient pas dérangés. Répondit-elle, laissant son sourire se transformer en une ligne presque moqueuse. Elle s'approcha doucement de lui. Mais l'endroit est parfait. Aviez-vous un plan, en me tirant jusqu'ici ?


Son regard se figea dans celui du diplomate, dans l'attente de la suite.
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La rose et le poème ne m'auraient pas dérangés.

Le blondinet esquissa une légère moue contrariée. Bien sûr que l’idée des roses lui avait traversé l’esprit, lorsqu’il était sorti de sa petite sieste réparatrice et s’était religieusement préparé à cette soirée dont il ne savait rien.

Mais il avait finalement laissé l’idée de côté. Après les déboires qu’ils avaient vécu, il ne voulait surtout pas se montrer trop insistant. Mais il fallait bien l’avouer, la soirée qu’il passait aux côtés de l’espionne dépassait toutes ses espérances.

Mais l'endroit est parfait. Aviez-vous un plan, en me tirant jusqu'ici ?

Kasen retrouva instantanément le sourire, alors que son regard brûlant retrouvait à nouveau celui de la jeune femme.

Pas vraiment, non. Mais maintenant que vous le dites...

Les deux mains du diplomate vinrent délicatement trouver celles de morrigan alors que ses lèvres effleurèrent celles de la brune, comme un avant goût de ce qui l’attendait.

Puis, il recula doucement laissant les doigts de l’espionne lui échapper.

Je n’arrive pas à me sortir de la tête ce moment avec vous au bord de la rivière. Mais la fin de ce souvenir… j’aimerais l’améliorer. Je pense que vous pourriez m’aider à le remplacer par un autre ?

Ses yeux d’ambre ne lâchèrent pas un instant l’objet de sa convoitise alors qu’il reculait inexorablement vers la berge. Déjà, Kasen enfonçait un pied puis l’autre dans l’eau claire du petit étang. Cette fois, il n’avait même pas pris la peine d’enlever ses chaussures, ni quoi que ce soit d’autre.

S’il y avait bien des morceaux de tissus qui lui semblaient de trop à cet instant, ce n’étaient certainement pas les siens.

Par chance, l’eau était encore suffisamment chaude du soleil de la journée pour rendre une baignade agréable. Kasen n’eut donc aucune difficulté à continuer sa progression, laissant ses genoux puis ses cuisses s’immerger dans ce bassin à l’eau si cristalline qu’on aurait clairement pu en voir le fond avec un peu plus de lumière.

Quelques pas de plus, et il n'aurait plus pied. Si ce petit étang n’avait pas spécialement été creusé dans l’espoir de servir de piscine, le blondinet n’avait pas manqué de s’y rafraîchir à quelques occasions par le passé.

Stagnant au centre du bassin, maintenant sans difficulté sa tête hors de l'eau, il s'arrêta, attendant avec une envie non dissimulée de voir la silhouette de sa bien-aimée s’avancer à son tour pour le rejoindre.
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Je n’arrive pas à me sortir de la tête ce moment avec vous au bord de la rivière. Mais la fin de ce souvenir… j’aimerais l’améliorer. Je pense que vous pourriez m’aider à le remplacer par un autre ?


La mine de la jeune femme s'était légèrement assombrie à l'évocation de cette soirée. Rien ne s'était passé comme prévu ce soir-là. Et en avait découlé une semaine difficile pour les deux. Morrigan hésita une seconde. Ce n'était pas ce à quoi elle voulait penser à cet instant. Elle regarda le blondinet reculer, avant de pénétrer l'étang, un premier pied, un second... Il ne s'arrêta que lorsqu'il fut entièrement immergé. Le tout entièrement vêtu.

Morrigan secoua doucement la tête, son sourire étirant ses lèvres. Encore sur le ponton, il s'écoula plusieurs minutes de silence avant qu'elle ne lève les yeux au ciel, laissant un long soupire briser le calme qui reposait désormais dans la nuit. Elle ouvrit la bouche, mais ne prononça pas un mot. Se ravisa. Une seconde de plus s'écoulait, pendant qu'elle semblait se décider.

Lentement, elle retira sa première chaussure, puis la seconde. À croire qu'elle se plaisait à le faire patienter un peu plus longtemps, après ce qu'il venait de lui faire. Morrigan s'avança finalement jusqu'à la berge, puis, comme il l'avait fait quelques minutes avant elle, glissa un premier pied dans l'eau. Elle s'avança dans l'étang à la surface éclairé par les sphères lumineuses mettant en valeur les eaux limpides qui semblait lui créer un passage jusqu'à Kasen, ruisselant contre la peau de ses cuisses désormais immergées.
Lorsque l'eau atteignit son ventre, le tissu de sa robe collant à sa peau, elle chancela.
L'hésitation qui l'avait accompagnée jusqu'ici gagna finalement sur l'envie de rejoindre le diplomate.


Kasen... Ses doigts couraient doucement sur la surface de l'eau. Elle se pinça les lèvres. Je... Je n'ai jamais appris à nager. Conclu-t-elle finalement, presque un peu honteuse.


C'était le comble de l'ironie, pour elle qui était capable d'escalader des surfaces aussi lisses que le verre, de sauter depuis des hauteurs inimaginables sans sourciller... Un rire gêné s'éleva dans la nuit alors qu'elle reposait ses pupilles claires sur le diplomate, à quelques mètres d'elle, et pourtant inaccessible.
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Kasen se délectait de cette vision idyllique. Si la brune n’avait pas été aussi impatiente que lui et avait au moins pris la peine d’ôter ses escarpins, elle commençait dorénavant à s’aventurer elle aussi dans les eaux claires du bassin.

Un pas après l’autre, elle s’y enfonçait. Et c’est en voyant la tenue imbibée de Morrigan commencer à épouser ses formes que le diplomate réalisa que cette idée bien stupide de garder leurs vêtements était la meilleure qu’il aurait pu avoir.

Puis… elle s’arrêta.

Son expression se métamorphosa, laissant son sourire alliciant se teinter de gêne.

Kasen… Je... Je n'ai jamais appris à nager.

Il arqua un sourcil, surpris. Il avait eu l’occasion de voir Morrigan réaliser nombre de prouesses physiques, au point qu’il avait fini par s’imaginer que ces aptitudes étaient innées pour elle.

Pourtant elle avait sans aucun doute passé d'innombrables heures à pratiquer son agilité, sa discrétion, sa force. Et visiblement, la natation ne faisait pas partie des disciplines qu’elle avait voulu - ou dû - apprendre à maîtriser.

Le blondinet se rapprocha un peu de Morrigan de quelques mouvements de brasse, jusqu’à avoir à nouveau pied.

Il commença à enlever non sans difficulté ses chaussures qui rendaient la nage nettement plus laborieuse, avant de continuer sa progression vers l’espionne.

Je n’ai aucunement l’intention de vous laisser vous noyer.

Un sourire rassurant scotché au visage, il lança ses chaussures sur le ponton. Puis, arrivé au niveau de la brune, il s’empara délicatement de l’une de ses mains, l’invitant à le suivre un peu plus loin.

Toujours à reculons, ne pouvant se résigner à se détacher du regard langoureux de Morrigan, Kasen laissa l’eau les recouvrir un peu plus à chaque pas.

Il scrutait chez la brune la moindre manifestation d’inconfort, alors qu’elle devrait bientôt nager pour garder la tête hors de l’eau. Nager… ou s’accrocher à lui. À cet instant, c’est bien ce dernier scénario qui faisait frémir d’impatience le magistrat.
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Sa main dans celle de Kasen, Morrigan se laissa entraîner un peu plus profondément. Il n'y avait aucune peur qui se lisait sur ses traits, simplement de la curiosité. Elle n'avait jamais appris à nager, pas par crainte, mais simplement car elle n'en avait jamais eu l'occasion. L'eau recouvrait bientôt sa poitrine, et lorsque ses pieds ne touchaient plus le fond, ses mains trouvèrent les épaules du blondinet. Un nouveau rire, frétillant, vient briser le silence. Ses jambes suivirent bientôt l'élan de ses bras et s'enroulèrent à la taille du diplomate. Elle n'avait pas l'intention d'apprendre à nager ce soir. Non. Ce serait pour une prochaine fois. Pour ce soir, se laisser porter suffirait.


Est-ce ce que vous imaginiez ? Comme souvenir.


On entendait son sourire dans les quelques mots murmurés à son oreille. Autour d'eux, l'eau se faufilait entre chaque espace laissé par leur corps, à la recherche de la moindre superficie à recouvrir. Le tissu de sa robe flottait autour d'elle, cherchant à s'accrocher à sa peau sans jamais y parvenir. Tout comme sa chevelure brune, qui serpentait lacement sur ses épaules.

Le moment la renvoya immédiatement à celui qu'il avait échangé ce soir-là, près de la rivière, sur le retour à la capitale Républicaine. Juste avant qu'ils ne soient dérangés. Elle se souvenait si vivement de ses mains dans son cou, de ses lèvres sur les siennes, sur sa gorge, que son corps réagissait avec instinct. Dans le creux de son ventre, naissait à nouveau ce sentiment qui lui donnait à la fois envie de se dérober, et à la fois envie de s'en enivrer. Avec ce souvenir, venait aussi une pointe de culpabilité qu'elle n'arrivait pas à ignorer. Celle des mots qu'elle lui avait crachés, celle de ses pensées qui avaient suivi : elle n'avait pas besoin de lui, ni même envie de lui. Qu'ils ne se comprendraient jamais. Que ce qu'elle avait ressenti n'était lié qu'à l'épuisement de leur aventure. Elle se retira légèrement, venant chercher son regard, ses lèvres.


J'aurai aimé vos lèvres sur les miennes ce soir-là, pour embrasser chaque mensonge qu'elles ont osé prononcer.


C'était peu dire. Elle voulait être complètement dévorée par ce sentiment, par lui, jusqu'à qu'il n'y ai plus une seule place pour la peur de le voir un jour devenir une nouvelle cicatrice dans son cœur déjà brisé bien trop de fois.
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Alors que l’eau atteignait inexorablement les épaules puis le menton de l’espionne, Kasen ne put retenir un large sourire satisfait lorsqu’il sentit les bras et les jambes de Morrigan l'enlacer.

Est-ce ce que vous imaginiez ? Comme souvenir.

Le ton de sa voix laissait comprendre qu’elle était tout aussi satisfaite que lui de la situation dans laquelle ils se retrouvaient.

Après quelques pas en arrière supplémentaires, le blondinet s’arrêta finalement, alors que l’eau claire de l’étang atteignait le milieu de sa nuque.

Il serra un peu plus fort la jeune femme contre elle, susurrant à son tour :

Et bien… je n’avais pas vraiment prévu de profiter du fait que vous ne sachiez pas nager pour en arriver là. Mais c’est le résultat qui compte, je suppose.

Front contre front, Kasen laissa volontiers les secondes défiler alors que leurs regards se perdaient l’un dans l’autre.

Seul le bruissement du vent dans les feuilles venait perturber ce silence apaisant, jusqu’à ce que la brune ne prenne à nouveau la parole.

J'aurai aimé vos lèvres sur les miennes ce soir-là, pour embrasser chaque mensonge qu'elles ont osé prononcer.

Et j’aurais aimé avoir le courage de le faire. Disons qu’il n’est jamais trop tard.

Sur ces mots soufflés avec une malice non dissimulée, Kasen releva son visage, laissant son nez effleurer celui de l’espionne, puis leur lèvres se rencontrer dans un premier baiser léger, du bout des lèvres.

Puis un deuxième, un troisième suivirent, à chaque fois un peu plus intense et passionné. Puis après quelques uns supplémentaires, le bout de la langue du blondinet vint effleurer délicatement la lèvre supérieure de la brune, comme un appel à toujours plus… avant qu’il ne stoppe subitement son mouvement et ne retire son visage.

Vous savez où nous en sommes ? Je n’ai compté ni les baisers ni les mensonges.

Le regard de Kasen se détacha brièvement de son amante, parcourant l’environnement qui les entouraient. Les immenses jardins, l’étang… et cette auréole de tissu détrempé qui entourait la brune.

Et puisque la robe flottait à la surface, l'esprit de Kasen ne put qu’imaginer le spectacle qui avait lieu sous l’eau, hors de son champ de vision.

Il n’en fallut pas plus pour que la lueur de la lanterne illuminée sur le ponton ne commence à vaciller. Si maintenir ce simple sort de lumière demandait bien peu de concentration au magistrat, même cet effort minime était trop lui demander alors que tout ses sens étaient absorbés par la jeune femme dans ses bras.

Alors qu’il posait à nouveau les yeux sur Morrigan, Kasen laissa ses mains langoureusement parcourir le dos nu de l’espionne dans de longs et tendres va-et-vient.
Morrigan Dawnthorn
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Morrigan Dawnthorn
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Et bien… je n’avais pas vraiment prévu de profiter du fait que vous ne sachiez pas nager pour en arriver là. Mais c’est le résultat qui compte, je suppose.


Son rire se réverbéra sur l'étendue de l'étang, s'épuisa dans la nuit, alors qu'elle reposait un regard saupoudré d'envie sur ses lèvres. Elle savait qu'il ne l'avait pas prévu, mais il s'en délectait, et cela amusait son esprit espiègle. Elle accueillit le premier baiser avec ferveur, bien qu'il fut trop court pour satisfaire son désir. Mais le demi-sourire sur les lèvres du diplomate, et le plaisir de jouer avec elle comme elle avait pu jouer avec lui autrefois était trop délicieux pour y couper court. Mais à chaque fois que leurs lèvres se rencontraient à nouveau, la brune pouvait sentir son cœur s'emballer un peu plus, jusqu'à faire disparaître son sourire mesquin, ne laissant qu'une chaleur exigeante sur ses lèvres tuméfiées. Chaque baiser interrompu était torture, chaque nouvelle caresse de ses lèvres était libération. Et la langue joueuse qui lui caressa la bouche malicieusement avant de disparaître fut enivrante.


Vous savez où nous en sommes ? Je n’ai compté ni les baisers ni les mensonges.


La réponse de l'espionne fut formulée dans un soupir impatient, celui de ceux avec qui on avait joué trop longtemps. Une main quitta son épaule et se retrouva sur le cou du diplomate, dans un geste presque brusque. Un geste à la fois parfaitement maîtrisé, et pourtant dans lequel on pouvait sentir une certaine fébrilité. Une main autoritaire, dans le creux de laquelle l'espionne sentait le pouls frénétique d'une veine jugulaire. Elle connaissait cela que trop bien. Une pulsation qui traduisait, avec une vulnérabilité certaine, la convoitise qui grandissait chez le blondinet, au rythme de ses mains qui caressaient son dos.


Je ne veux plus jouer. Ce n'était pas réellement une réponse. L'impatience semblait brouiller les pensées de la jeune femme, et elle l'acceptait ainsi. Je veux chaque part de vous de suite et maintenant.


Sa main se resserra légèrement, exigeante et impérieuse, alors que ses lèvres s'écrasaient sur les siennes. Plus rien n'existe que la tension qui se répand dans son corps, alors qu'elle se colle à lui, sous l'enveloppe de la surface de l'étang, et de sa robe qui danse au-dessus. Morrigan frissonne quand sa poitrine nue, trop sensible à cet instant, se plaque contre le tissu détrempé de la chemise du diplomate. C'est à ce moment que sa langue va chercher sa jumelle, sollicitant l'accès dans un baiser humide, pressé et fiévreux.
Un baiser avide, et sans honte.  
C'était plus qu'un simple désir. C'était un besoin qui n'avait fait que grandir de jour en jour.
Kasen Dhaamir
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Qu’il était difficile pour Kasen de conserver la once de concentration nécessaire au maintien du sort de lumière pourtant basique qui permettait à l’étang et ses deux occupants d’être baignés de cette lueur chaude et cosy.

À chaque fois que les paupières du diplomate se refermaient, laissant son esprit s'enivrer de toutes les sensations qui l’envahissaient, il découvrait en rouvrant les yeux que l’obscurité avait repris ses droits.

Après quelques baisers et tentatives du blondinet de raviver la lanterne, il finit par se résigner. Il se contenterait des rayons discrets de la lune pour contempler les lignes délicates du visage de Morrigan.

Je ne veux plus jouer. Je veux chaque part de vous de suite et maintenant.

Avant même que le magistrat n’ait l’occasion de répondre quoi que ce soit, la brune avait retrouvé le chemin de ses lèvres, avec plus d’intensité encore qu’auparavant.

Même l’eau qui les entourait peinait désormais à se frayer un chemin entre les deux corps dont l’étreinte passionnée traduisait un désir qu’ils avaient tous deux refoulé bien trop longtemps.

Alors le blondinet laissa s’effondrer les dernières barrières de sa retenue. Lorsqu’un énième baiser langoureux menaçait de se terminer les dents de Kasen vinrent se resserrer sur la lèvre inférieure qui tentait de lui échapper.

Comme elle, il en voulait plus, et même le contact brûlant du corps quasiment nu de l’espionne contre la tenue imbibée du magistrat n’étaient plus suffisants pour pleinement le contenter.

Alors les mains du diplomate cessèrent de vagabonder sur le dos de son amante pour venir trouver son fessier encore tristement couvert.

Il pouvait sentir son pouls battre encore plus fort dans ses tempes, et à travers la main de l’espionne fermement agrippée à son cou, alors qu’il découvrait un nouvel eden qu’il n’avait pas encore eu le loisir d’explorer.

Néanmoins, Kasen n’avait pas laissé ses mains glisser jusqu’ici par simple envie. Si la mécanique rendait bien futile le fait que le blondinet supporte sa partenaire, il mourrait d’envie de s’extraire de ces eaux qui devenaient bien contraignantes.

Lorsque leurs lèvres se séparèrent enfin, Kasen plongea à nouveau son regard brûlant d’envie dans l’azur des iris qui s’ouvraient devant lui. Puis, le souffle encore haletant, il murmura :

Vous avez encore les idées assez claires pour une dernière téléportation ?

Son regard se détourna pour venir fixer la grande demeure qui trônait fièrement à quelques dizaines de mètres derrière la brune.

D’un petit haussement du menton, il désigna le grand balcon qui s’étendait sur une grande partie de la façade arrière, au premier étage, et qui offrait par ses grandes baies vitrées un accès direct à la chambre du magistrat.

Le blondinet avait une fâcheuse tendance à oublier de refermer la baie vitrée, et il était bien incapable de dire s’il y avait pensé lorsqu’il avait quitté le balcon plus tôt dans la journée, alors qu’il observait les jardins du domaine en anticipant la soirée qui l’attendait.

Et même si l’accès était fermé, ce n’était certainement pas une vitre insignifiante qui empêcherait les amants de se frayer un chemin vers l’intimité et le confort de l’immense chambre.
Morrigan Dawnthorn
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Vous avez encore les idées assez claires pour une dernière téléportation ?


Son regard suit le sien. Un sourire en guise de réponse. Un simple sourire, et le flot magique qui vibrait dans son corps n'eut pas de mal à trouver celui de Kasen. Son pouvoir inonde chacune de ses cellules pour se fondre à celles du diplomate. Leur proximité, l’énergie qui circule à cet instant ne rend la chose que plus aisée. Plus naturelle. Plus physique.

Ils réapparaissent à l'endroit même indiqué par le blondinet. Les jambes de la brune se font plus fermes autour de sa taille. Si elle a du mal à capter la lueur de son regard dans l'obscurité, le sien est aussi noir qu'une nuit sans étoiles, et aussi félin qu'une lionne décidée. Ses pensées ne sont interrompues que par la vitre qui cogne dans son dos, le froid du verre lui rappelant leurs vêtements trempés, dont l'eau s'écoule sur la dalle. L'une des mains du diplomate quitte l'une de ses cuisses pour venir ouvrir la baie vitrée, alors que Morrigan se colle un peu plus à lui. Sa poitrine contre son torse, elle peut sentir son cœur battre contre le sien. Mais c'est la chaleur de son corps cherchant à se frayer un chemin entre les tissus trempés qui attise son appétit.

Il ne fallut pas plus de temps pour que la bordure du lit vienne briser les jambes de Kasen, et que les deux amants s'enfoncent dans des draps bien trop soyeux.


Et lorsque la nuit vient, les corps se relâchent, les regards s'embrument.
On ferme la porte du monde, laissant derrière chacune de nos incertitudes.
Juste le temps de ralentir la course effrénée qu'est notre vie.
C'est ici, dans la lumière soyeuse d'une chambre nous offrant des formes ondulantes que l'on s'oublie.
C'est devant ces couleurs aux nuances caressantes que l'on s'abandonne à cette chute délicieusement lente.
On s'enfonce dans la douceur des draps et plus rien ne compte. Plus rien n'existe.
Avant de sombrer dans nos rêveries, ou la seule réalité se confond avec l'océan de nos songes.
Puis le temps s'arrête...
Kasen Dhaamir
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Kasen Dhaamir
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Sans même daigner répondre, Morrigan les avait téléporté tous deux sur le balcon. La gravité pleinement retrouvée ne manqua pas de surprendre Kasen qui, soutenant le poids pourtant plume de la brune, laissa l’inertie l’emporter un peu plus brusquement que prévu contre la baie vitrée.

Le bruit sourd et la vibration du corps de la jeune femme contre le verre passé, il lui adressa un air désolé avant de trouver à taton la poignée qui leur permettrait d’accéder à la chambre.

Morrigan Dawnthorn
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On pense souvent que c'est la délivrance qui vient avec le sexe que l'on recherche. C'est ce qu'elle-même a longtemps pensé. C'est ce qu'elle a longtemps cherché, ignorant toute la frustration qui venait avec la futilité d'un acte partagé aux côtés d'un inconnu. Il lui avait fallu bien trop longtemps pour comprendre qu'elle recherchait bien plus que cela. C'était l'intimité qu'elle voulait. Être touché comme il la touchait. Être regardé comme cette fois-là, il y a quelques semaines, son regard ambré dégoulinant de fierté. Être admirée. Se sentir en sécurité. Sentir ce lien immuable qui ne cessait de croître depuis qu'elle avait rencontré Kasen.

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