- Musique:
Page 2 sur 3 • 
1, 2, 3 
1, 2, 3 
Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- 
Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Vous êtes... détestable... Murmura-t-elle contre sa peau, en bonne mauvaise perdante qu'elle était.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Vous êtes... détestable…
Le diplomate étouffa un petit rire, que ses lèvres n’eurent même pas la force de laisser passer. Toute énergie s’était évaporée, le laissant simplement dans un profond état de satisfaction.
Et vous êtes adorable. À croire qu’on se complète.
Sur ces mots soufflés d’une voix éraillée encore haletante, il déposa un baiser sur le front de Morrigan. Un simple baiser, affectueux, contrastant avec la passion dévorante qui les avait animés auparavant.
Malgré l’épuisement, une idée fit son apparition dans l’esprit du magistrat, sous la forme d’une question qui lui brûlait les lèvres. Un long silence s’installa alors qu’il hésitait à la formuler.
Puis, le regard toujours dans le vague, n’osant pas croiser celui de la brune alors qu’il prononcerait ces quelques paroles, il se lança :
Et si… vous veniez vous installer ici ? Il y a des chambres vides, vous pourriez avoir la vôtre. En plus de celle-ci, évidemment. Je sais que c’est peut-être un peu tôt, mais…
Il s’arrêta net, constatant qu’il était en train de s’étendre et de se justifier inutilement, simplement par anticipation d’une réponse qu’il ne voudrait peut-être pas entendre.
... J’ai envie que vous restiez.
Sa gorge se noua, alors que chaque instant de silence se faisait plus pesant que le précédent.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Et si… vous veniez vous installer ici ? Il y a des chambres vides, vous pourriez avoir la vôtre. En plus de celle-ci, évidemment. Je sais que c’est peut-être un peu tôt, mais… J’ai envie que vous restiez.
Morrigan n'avait pas encore terminé de se remettre de ses émotions, un fin sourire béas sur les lèvres, que Kasen venait de déposer une bombe. L'expression de la jeune femme changea du tout au tout. La brune se redressa. Cherchant le regard du blondinet, cherchant à deviner s'il la taquinait encore, ou s'il était sérieux.
Ils venaient à peine de se retrouver et après les dernières semaines, plus que chaotiques, l'idée qu'il lui propose déjà de s'installer dans la demeure des Dhaamir laissa l'espionne sans mot. La question ; « êtes-vous sérieux ? » se perdit dans le silence qui règnait désormais sur la chambre. Elle n'avait pas besoin de demander. L'expression sur le visage du diplomate était bien suffisante.
La brune fronça les sourcils. Dans son esprit se redessiner le soir de leur première rencontre. Leur contrat. Leur baiser dans le désert... Son enlèvement. Leurs retrouvailles. Leur dispute. Tout cela pour en arriver à ce soir-là. Où ils avaient finalement accepté de se laisser aller, de s'ouvrir, d'arrêter de repousser leurs envies. Si Kasen semblait l'avoir compris avant, il avait fallu du temps à Morrigan. Elle entrouvrait les lèvres pour répondre. Une réponse déjà toute formulée, qu'elle avait donné nombre de fois à ceux avec qui elle avait partagé un bout de chemin. "Ma voie me pousse vers d'autres horizons", "Je ne mérite pas de partager votre vie", "Vous en rendrez une autre plus heureuse", "Je tiens trop à mon indépendance et à ma liberté"...
Était-elle réellement indépendante et libre ? Ou bien était-elle simplement seule ? Quand finirait-elle par accepter que s'offrir ne fût pas s'oublier ? Que sa solitude n'était qu'un moyen de fuir la peur de perdre celle qu'elle était devenue, après tant d'années ? De fuir la peur d'être abandonné, en s'interdisant d'aimer. Ce n'était pas l'indépendance qu'elle recherchait, mais un lien, solide et indéfectible. Les mots de Kasen résonnaient à nouveau dans son esprit ; "Il y a des chambres vides, vous pourriez avoir la vôtre."...
Elle pourrait prendre le temps. Il lui laisserait le temps. Sa lèvre trembla. Elle réalisa que le toit au-dessus de sa tête n'avait aucune importance. Et qu'il était temps de retrouver un endroit qu'elle pourrait appeler sien. Cela n'était ni son appartement, ni réellement la chambre que lui proposait le diplomate. Cela avait été un jour sa troupe de cirque. Et peut-être que cela pouvait devenir Kasen. Morrigan opina doucement du menton, acceptant les mots qu'elle prononçait en même temps qu'ils s'échappaient de ses lèvres.
J'aimerais beaucoup ça...
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Une fois la question posée, un long silence s’installa. Un silence insoutenable pour le blondinet, qui sentit Morrigan se redresser et l’observer, alors que lui prenait toujours soin d’éviter son regard.
Sans même la voir, il pouvait sentir la confusion flottant dans l’air, la peur de devoir prendre une décision si importante. Le diplomate était bien loin de tout savoir sur Morrigan. Mais si une chose transparaissait du passé de la brune, à travers les bribes qu’elle lui en avait raconté et ce qu’ils avaient vécu ensemble… c’était sa relation conflictuelle à l’attachement.
Pourtant, Kasen ne montra aucun signe d’inquiétude. Il savait qu’aucune réponse de l’espionne ne pourrait effacer son sourire, fut-ce-t-elle négative. Elle pourrait même ne pas répondre, se laisser le temps… il était bien décidé à lui en octroyer autant qu’elle en voudrait, autant qu’elle en aurait besoin.
Plus que tout, il voulait qu’elle sache qu’il était prêt à aller plus loin à ses côtés. Et s’il y était prêt dès maintenant, il le serait toujours des semaines ou des mois plus tard.
Alors que d’interminables secondes s’écoulaient, la curiosité poussa finalement le blondinet à chercher du regard son amante. Un mélange d’hésitation et de peur se lisait sur son visage, jusqu’à ce qu’un timide hochement ne vienne accompagner quelques mots :
J’aimerais beaucoup ça…
Kasen la fixa quelques secondes d’un regard tendre, s’en voulant presque de lui imposer une telle décision si tôt. Il n’avait pas la moindre idée de ce à quoi ressemblait une vie de couple, ni comment leur relation tumultueuse évoluerait dorénavant.
Néanmoins, cette soirée avait empli le blondinet d’optimisme. Il était convaincu de pouvoir bâtir quelque chose avec elle. Il devait bâtir quelque chose avec elle, car il ne pouvait s’imaginer le faire avec une autre.
Dans ce cas… bienvenue chez vous.
D’un mouvement délicat du bassin, Kasen se tourna sur son flanc, laissant la brune s’enfoncer dans l’épais matelas à ses côtés. Sa main vint chercher celle de la brune, entremêlant ses doigts entre les siens.
Blotti contre elle, le magistrat laissa finalement ses paupières se clore, occultant le visage de son amante. Alors qu’il sentait déjà son esprit s’embrumer après une journée bien plus riche en émotions qu’il n’aurait pu l’imaginer, il murmura en serrant un peu plus la main de Morrigan contre lui :
Merci d’être revenue.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
II.
- Musique:
❦
Tant bien que mal, Morrigan avançait dans la pénombre du couloir. Il lui avait fallu une minute pour que ses yeux s’adaptent à l'obscurité. Pourtant, l'espionne savait parfaitement où se rendre. Elle n'avait visité la demeure qu'à deux reprises, et n'avait emprunté ce chemin-là qu'une seule fois, mais ce n'était pas sa mémoire qui la guidait cette nuit-là. Non, c'était les palpitations de son cœur, le bruit sourd de ses battements sur ses tempes, et l'appel inexplicable qui l'avait tiré du lit.
Elle s'était réveillée en sueur à côté de Kasen. Elle frotta sa main contre son front pour chasser son cauchemar. Mais après quelques minutes à se retourner dans les draps, l'appel se faisait plus persistant, plus aveuglant. Impossible à ignorer. La brune n'avait même pas réalisé qu'elle venait de se lever, que lorsqu'elle sentit le tissu encore humide de la chemise du magistrat sur ses épaules. Ça n'avait pas été difficile pour elle de quitter la chambre sans faire le moindre bruit. Elle était une ombre parmi les autres, dans le couloir de la demeure. Le marbre du sol était froid sous ses pieds nus. La brune bifurqua à une intersection. Elle ne s'arrêta que lorsqu'elle fut devant la porte.
Celle de ses cauchemars. Celle qui donnait à la chambre de Magnus Dhaamir.
La poignée tourna sans la moindre résistance. Elle pénétra dans la chambre, ses pupilles dilatées plus qu'elles n'auraient dû l'être. Sa respiration était plus lourde que d'habitude, mais pas assez pour réveiller le vieil homme qui dormait profondément. Encore l'un des seuls instants de sa vie où il avait l'air paisible. Ou la folie qui le possédait semblait disparaître. Mais Morrigan ne se laissa pas avoir par ce visage serein et inoffensif. Elle savait ce qu'il avait fait. Cela l'avait hantée depuis cette après-midi, où Kasen l'avait invité à le rejoindre chez lui. Où elle avait pénétré l'esprit du vieil homme, en répondant à son appel à l'aide... Cela avait été une erreur. Et il était maintenant temps de réparer cette erreur.
L'espionne attrapa le coupe papier sur le bureau. Laissé ici, comme si le vieux fou pouvait encore prétendre lire les lettres qu'on lui aurait écrites. Peut-être l'avait-on laissé par nostalgie. Ou bien se rattachait-on à un espoir disparu depuis longtemps. Si pour certains, cette lame de métal était parfaitement inoffensive, dans les mains de Morrigan, elle était une arme parfaitement capable. Parfaitement mortelle pour ceux qui savaient comment l'utiliser.
Silencieuse, elle se glissa de l'autre côté du lit. Elle savait qu'une fois qu'il serait réveillé, elle aurait à se battre contre elle-même pour faire ce qu'elle avait à faire.
Sa main glissa sur la bouche du vieil homme. Se plaqua contre ses lèvres à l'instant même où il ouvrait les yeux. Et la petite lame du coupe papier pressait déjà ses jugulaires. Déjà, contre sa paume, l'ancien diplomate cherchait à parler, à crier. Mais Morrigan le tenait fermement, enfonçant sa tête dans les plumes de l'oreiller. Son genou venait bloquer son bras, appuyant dans le creux de son coude. Par chance pour elle, on avait attaché son autre bras, probablement par peur qu'il ne déambule la nuit dans les couloirs.
Dans les yeux du vieil homme, au-delà de la folie, elle crut voir une lueur de peur. Et derrière celle-ci, une étincelle de soulagement. Sa mâchoire se serra.
Vous avez quelque chose qui m'appartient. Murmura-t-elle dans la nuit, venant briser pour la première fois le silence.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Au beau milieu d’un sommeil bien plus reposant qu’il ne l’avait été ces derniers jours, le magistrat soupira longuement, dans un état de conscience tout relatif.
Instinctivement, sa main partit explorer à taton l'autre côté du lit, cherchant le contact apaisant de la peau de Morrigan, comme si elle était devenue en quelques heures indispensable pour que le blondinet trouve le sommeil.
Mais les doigts du magistrat ne trouvèrent rien d’autre que les draps encore humides, tièdis par la présence de la jeune femme il y a quelques minutes seulement.
Kasen se redressa brusquement, cherchant des yeux dans la pénombre de la chambre une explication à la disparition de sa bien-aimée.
Si la moindre once de bon sens aurait soufflé au diplomate qu’elle était probablement partie boire un verre d’eau, ou répondre à une envie pressante… c’étaient des pensées bien plus sombres qui tournaient déjà dans son esprit.
Et si elle était partie ? les doigts de Kasen vinrent masser énergiquement la pliure de ses yeux, alors qu’il se concentrait sur un sens qui donnerait bien rapidement une réponse à son inquiétude.
S’il n’avait pas les idées assez claires pour ressentir précisément la présence de tous les occupants de sa maison, il pouvait néanmoins reconnaître dans tout ce chaos des signatures familières. La gouvernante, quelques employés, Magnus… et Morrigan.
Le blondinet laissa échapper un long soupir de soulagement avant de s’asseoir au bord du lit, pensif. Cette soudaine poussée d’adrénaline l’avait bien vite tiré de son état léthargique, chassant toute sensation de sommeil.
Sans même allumer la lumière, il se leva et alla trouver dans le dressing un pantalon propre, et surtout sec, qu’il enfila en hâte.
Puis il quitta la chambre, silencieusement, se laissant guider par ses sens dans la direction de la signature de Morrigan.
À mesure qu’il progressait dans le long couloir et que toutes ces signatures autour de lui se faisaient plus distinctes, une moue inquiète s’ancra sur son visage.
Alors qu’il pénétrait dans l’aile ouest, il n’avait déjà plus aucun doute sur la localisation de la brune… et sur la personne à qui elle était en train de rendre visite. Son pas se fit plus pressé, et il s’engouffra à travers la porte entrouverte de la chambre de Magnus.
Puis il s’arrêta net devant la scène qu’il devinait devant ses yeux. La vision encore embrumée, le diplomate ne distinguait que vaguement la silhouette de Morrigan, au chevet de Magnus.
Ce n’est que lorsque, à la volonté de Kasen, le lustre commença à émettre une faible lueur orangée qu’il réalisa que la pénombre avait masqué l’élément le plus important : une lame, fermement appuyée contre la gorge du vieil homme.
Son expression se figea, dans un mélange de peur, de colère et d’incompréhension. Il avait beau dévisager l’espionne, observer la lame, le regard confus de Magnus… rien ne parvenait à donner le moindre sens à cette situation surréaliste.
La gorge nouée par toutes ces émotions qui l’assaillaient, il ne pouvait se résoudre à lâcher le moindre mot. Que pouvait-il dire, après tout ? Et elle, que pourrait-elle répondre qui apporte ne serait-ce qu’un semblant d’explication cohérente à tout celà ?
Les secondes de ce statu quo défilèrent, interminables. Mais à mesure que Kasen observait son père, et ce regard apeuré qu’il adressait à Morrigan, il réalisa quelque chose. Quelque chose qui l’obsèda immédiatement, plus que la colère ou la peur.
S’approchant doucement du lit, les mains tendues devant lui en signe d’apaisement, il vint constater de plus près ce qui l’intriguait tant.
L’une des mains de Kasen glissa sur le cou de son père, venant se placer entre la peau du vieillard et la lame tenue par Morrigan. L’autre retira délicatement la main de l’espionne qui couvrait la bouche de Magnus.
Ce dernier resta parfaitement calme, bafouillant à voix basse des esquisses de phrases incompréhensibles. Il ne semblait même pas avoir remarqué la présence de son fils dans la pièce, tout absorbé qu’il était par l’espionne.
La respiration tremblotante, le diplomate observait la scène avec un certain émerveillement. Cette crainte discrète dans les yeux de son père… ce semblant de sanité qui l’animait.
Celà faisait des semaines qu’il n’avait reconnu personne. Ni Griselda, ni moi… personne.
Si l’homme affaibli devant Kasen et Morrigan était bien loin de représenter fidèlement le Magnus Dhaamir qui habitait ces lieux quelques mois auparavant, c’était bien la première fois depuis son retour du Reike que le blondinet retrouvait un peu de son père sur les traits d’habitude déformés par la folie de ce corps torturé.
Il aurait aimé que ce soit sur lui-même que ce regard de Magnus soit porté. Mais pour l’instant, il se contenterait largement de savoir qu’un peu de son père existait encore dans cette carcasse.
Toujours absorbé par le regard porté sur la brune par Magnus, le magistrat murmura, d’un ton froid qui ne suffisait pourtant pas à masquer sa curiosité :
Je ne sais même pas par où commencer… mais je pense que vous avez quelques explications à me fournir.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Le regard noirci par l'inexplicable, perdu dans celui de Magnus, l'espionne ne réalisa la présence de Kasen que lorsqu'il passa une main entre elle et son père, venant retirer celle qu'elle tenait fermement plaquer sur la bouche de son père. Elle assistait à ce qu'il se passait avec incrédulité, son corps ne réagissant plus à ce qu'il était en train de se dérouler sous ses yeux. Elle n'était plus réellement elle-même à cet instant. Comme si la folie de Magnus l'avait touchée du même mal.
La brune déglutit, sans pouvoir bouger pour autant, laissant Kasen prendre place dans la scène de la chambre. La lumière tamisait désormais la pièce. La honte, la colère, et ce besoin irrésistible de retrouver ce qu'on lui avait volé, se bousculer chez les pensées de la jeune femme. Elle n'aurait fait aucun mal à Kasen. Elle n'aurait fait aucun mal à personne, si elle en avait eu le choix. Mais tout raisonnement semblait l'avoir quitté.
Quelque chose s'était passé entre le vieux diplomate et l'espionne. Le regard que ce dernier déposait sur elle... Comme si Magnus avait attendu cet instant, sachant que la jeune femme reviendrait pour clamer ce qu'il avait osé lui prendre, lorsqu'elle avait parcouru son esprit.
Il allait l'arrêter. Kasen allait l'arrêter. Il venait de le faire, et elle ne pouvait le permettre. Son cœur se déchirait en même temps qu'elle repoussa le blondinet d'un coup d'épaule. Son bras armé passa autour du cou du vieillard, alors qu'elle le tirait hors du lit, autant que le lien qui l'accrochait aux barres du lit le permettait.
La pointe du coupe papier enfoncé dans la peau du vieil homme fit couler une goutte de sang.
Ses mots étaient découpés par les tremblements dans sa voix. Elle détestait ce qui était en train de se passer, ce qu'elle était en train de faire à Kasen, et pourtant, c'était trop important, trop précieux, trop inestimable pour qu'elle ne se détourne de l'appel incessant qui vibrait en elle. Celui qui l'avait accompagné pendant tant de jours après qu'elle eût quitté la chambre de Magnus. Celui qui avait presque failli lui coûter la vie, ce jour-là, si Kasen n'avait pas été là. À défaut de lui prendre la vie, il lui avait pris quelque chose de bien plus chère encore.
Contre le cou de Magnus, la lame tremblait. Toute la parfaite sérénité de Morrigan, toute cette assurance, qui émanait habituellement d'elle, avait entièrement disparu. Laissant une jeune femme apeurée par elle-même, par ce qu'elle était en train de faire, et ce qu'elle perdait en le faisant.
Elle n’était même pas certaine de savoir ce qu’elle suppliait, ni même de réaliser ce qu’elle avait prévu de faire, ce que son corps lui dictait de faire. Dans son esprit, une guerre mentale était en train de se dérouler.
Celà faisait des semaines qu’il n’avait reconnu personne. Ni Griselda, ni moi… personne.
La brune déglutit, sans pouvoir bouger pour autant, laissant Kasen prendre place dans la scène de la chambre. La lumière tamisait désormais la pièce. La honte, la colère, et ce besoin irrésistible de retrouver ce qu'on lui avait volé, se bousculer chez les pensées de la jeune femme. Elle n'aurait fait aucun mal à Kasen. Elle n'aurait fait aucun mal à personne, si elle en avait eu le choix. Mais tout raisonnement semblait l'avoir quitté.
Quelque chose s'était passé entre le vieux diplomate et l'espionne. Le regard que ce dernier déposait sur elle... Comme si Magnus avait attendu cet instant, sachant que la jeune femme reviendrait pour clamer ce qu'il avait osé lui prendre, lorsqu'elle avait parcouru son esprit.
Je ne sais même pas par où commencer… mais je pense que vous avez quelques explications à me fournir.
Il allait l'arrêter. Kasen allait l'arrêter. Il venait de le faire, et elle ne pouvait le permettre. Son cœur se déchirait en même temps qu'elle repoussa le blondinet d'un coup d'épaule. Son bras armé passa autour du cou du vieillard, alors qu'elle le tirait hors du lit, autant que le lien qui l'accrochait aux barres du lit le permettait.
La pointe du coupe papier enfoncé dans la peau du vieil homme fit couler une goutte de sang.
Ne vous approchez pas ! Cela ne vous concerne pas ! Cria-t-elle en direction du diplomate. C'est entre lui et moi ! Il a quelque chose qui m'appartient ! Répéta-t-elle, comme une litanie dénuée de tout sens.
Ses mots étaient découpés par les tremblements dans sa voix. Elle détestait ce qui était en train de se passer, ce qu'elle était en train de faire à Kasen, et pourtant, c'était trop important, trop précieux, trop inestimable pour qu'elle ne se détourne de l'appel incessant qui vibrait en elle. Celui qui l'avait accompagné pendant tant de jours après qu'elle eût quitté la chambre de Magnus. Celui qui avait presque failli lui coûter la vie, ce jour-là, si Kasen n'avait pas été là. À défaut de lui prendre la vie, il lui avait pris quelque chose de bien plus chère encore.
Contre le cou de Magnus, la lame tremblait. Toute la parfaite sérénité de Morrigan, toute cette assurance, qui émanait habituellement d'elle, avait entièrement disparu. Laissant une jeune femme apeurée par elle-même, par ce qu'elle était en train de faire, et ce qu'elle perdait en le faisant.
S'il vous plaît, n'approchez pas... Murmura-t-elle encore, sa voix suppliante. Sur les joues de Morrigan, des larmes coulaient aussi, et l'espionne n'en semblait pas consciente. Je vous en supplie… Sa voix se brisa.
Elle n’était même pas certaine de savoir ce qu’elle suppliait, ni même de réaliser ce qu’elle avait prévu de faire, ce que son corps lui dictait de faire. Dans son esprit, une guerre mentale était en train de se dérouler.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Émerveillé par cette étincelle de vie qui animait à nouveau le visage de Magnus, Kasen en oublia totalement la scène aberrante dans laquelle il venait de s’immiscer.
Pas un instant il n’avait imaginé que Morrigan puisse poursuivre ce qu’elle était en train de faire en sa présence, quelle que soit cette chose qui échappait totalement à la compréhension du diplomate.
C’est pourquoi il ne vit à aucun moment venir le coup d’épaule puissant et précis qui le fit reculer d’un pas. Impuissant, il ne put que constater la brutalité avec laquelle l’espionne traîna Magnus hors du lit pour lui placer à nouveau la lame sous la gorge.
Ne tenant debout que par la prise ferme de Morrigan, le vieillard dont la peur se lisait dans le regard subissait la situation, alors que son corps devenu faible et supportant à peine son poids ne lui était d’aucune aide.
Ne vous approchez pas ! Cela ne vous concerne pas ! C'est entre lui et moi ! Il a quelque chose qui m'appartient !
Tétanisé, Kasen constata avec horreur la lame s’enfoncer un peu plus dans la peau de son père.
S’il s’était tant émerveillé de retrouver son père l’espace d’un instant… tout ça pour se rendre compte qu’il avait perdu Morrigan dans l’échange. Il ne reconnaissait en rien cette déferlante de colère et de peur qui animait le visage de la jeune femme.
Devait-il l’écouter ? Devait-il la menacer ? La rassurer ? Devait-il être le diplomate minutieusement formé à convaincre, ou devait-il être lui-même, ce lui-même emplit de défauts qu’il avait appris à accepter aux côtés de Morrigan ?
Kasen ne contrôlait plus rien, écrasé par un sentiment d’impuissance étouffant. Y avait-il seulement quoi que ce soit qu’il puisse faire ?
S'il vous plaît, n'approchez pas… Je vous en supplie…
Ne souhaitant aucunement envenimer la situation déjà catastrophique, le magistrat recula de quelques pas supplémentaires. Il détourna le regard, ne pouvant supporter de voir cet insupportable filet de sang couler le long du cou de l’une des personnes auxquelles il tenait le plus… surtout lorsque la lame qui provoquait le saignement était tenue par celle qui avait pris en un rien de temps une place démesurée dans sa vie.
Se dévorant l’intérieur de la bouche de stress, il se maudissait d’être incapable d’agir, paralysé par cette peur de perdre son père, ou de la perdre elle. Mais à ne rien faire, à laisser Morrigan sombrer dans le délire qui l’habitait… il perdrait les deux.
Alors il releva la tête, s’abandonnant aux sensations qui l’envahissaient. Il transperça la brune de ses yeux larmoyants, emplis d’une colère qu’il ne pouvait intérioriser. D’une voix hésitante, hachée par le stress, il lança :
Si vous faites ça, Morrigan… Il n’y aura pas de retour en arrière.
Il ne pouvait combattre un mal qu’il ne comprenait pas, comme il ne pouvait supporter de voir le sang de son père, les larmes de son amante où d’entendre les mots qui sortaient spontanément de sa propre bouche et qui pouvaient faire autant de bien que de mal.
Morrigan semblait tout aussi désemparée que Magnus et Kasen. Mais c’est elle qui tenait une lame. C’était son choix qui ferait basculer leurs vies dans une direction ou une autre.
La voix éraillée, désespérée, le magistrat poursuivit :
Si seulement vous me parliez… je pourrais essayer de vous aider. Je veux vous aider. Je tiens tellement à vous.
À l'évocation de ces derniers mots, un demi-sourire pudique, presque naïf, raviva sa mine déconfite et dégoulinante de larmes. Malgré l’horreur qui se déroulait sous ses yeux et malgré la colère et l’incompréhension, il ne pouvait se résigner à la haïr.
Tant que cette lame ne s'enfonçait pas plus dans la chair de Magnus, il était temps de faire machine arrière. Kasen voulait la comprendre, la pardonner. Il était prêt à lui offrir autant de chances que nécessaire, tant qu’elle ne franchissait pas cette ligne de l’impardonnable sur laquelle elle était en train de jouer au funambule.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Si vous faites ça, Morrigan… Il n’y aura pas de retour en arrière.
Un son étrange s'échappa de la gorge de la brune, entre le sanglot et le rire. Un bruit pathétique. Elle savait tout ça, bien évidemment qu'elle le savait. Que jamais il pourrait lui pardonner ce qu'elle était en train de faire. Pourrait-il seulement lui pardonner d'en avoir eu l'idée ? Sa prise sur le cou du vieillard se raffermit. Non. Ce n'était pas qu'un vieillard. C'était le père de Kasen. Et pourtant, elle n'avait pas hésité une seconde, lorsque l'appel insupportable avait fait vibrer chaque cellule de son corps, à se diriger jusqu'à son chevet. Elle n'avait pas hésité, lorsque sa main s'était posée sur le coupe papier, et encore moins lorsqu'elle l'avait plaqué à son cou.
Mais maintenant que Kasen était devant elle, cette lueur de désespoir qui tirait les traits de son visage... Sur le visage de Morrigan, les larmes coulaient de plus belle.
Je sais ! Je sais ! Répéta-t-elle, sa voix enragée de se trouver face à cette situation. Ce n'était pas un choix qui se trouvait devant elle, mais une punition.
Elle avait du mal à réfléchir, du mal à penser. Elle se sentait fiévreuse, brûlante, honteuse, terrifiée. Tout à la fois. Cela pouvait-il réellement se passer, quand quelques heures auparavant, elle était dans les bras de Kasen, plus heureuse qu'elle ne s'était jamais sentie ? C'était l'ironie de son destin qui frappait encore. La brune ferma les yeux, cherchant tant bien que mal à faire du tri dans ses idées, à retrouver la clarté dans l'obscurité de ses pensées. Elle revivait ce moment, dans l'esprit de Magnus, la terreur qui s'était emparée d'elle, et la folie qui avait frôlé ses parois mentales. Non, plus que frôlée. L'espionne ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé à cet instant. Mais dès lors qu'elle eut retrouvé ses esprits, elle pouvait sentir le vide qui avait été fait en elle, comme si on lui avait arraché une partie de son être.
Elle l'avait sentie plusieurs jours après leur départ au Reike. C'était l'unique chose à laquelle elle avait pu penser. Et si l'enlèvement de Kasen l'avait obligé à se concentrer à nouveau sur sa mission, c'était avec Agrus qu'elle avait compris réellement ce qui lui avait été arraché.
Un souvenir, un morceau de souvenir, les traumas qui l'accompagnaient. Le sentiment de légèreté n'avait pas été une délivrance pour elle. Non, cela avait été une tragédie.
Si seulement vous me parliez… je pourrais essayer de vous aider. Je veux vous aider. Je tiens tellement à vous.
Il fallut plusieurs longues minutes avant que Morrigan ne reprenne la parole, cherchant à chasser les derniers mots du diplomate comme une malédiction.
Comment ? Demanda-t-elle amèrement. Comment pouvez-vous m'aider ? Même moi, je ne sais pas comment le faire. Je sais juste que... Son regard se baissa sur la lame qu'elle tenait fermement sur la peau de Magnus. Je ne pourrais pas vivre sans. Sa voix était supplice et demande. Une demande qu'elle faisait à Magnus.
Elle n'avait aucune envie de faire ce qu'elle avait le sentiment de devoir faire. Elle n'avait aucune envie de blesser ni Magnus, ni Kasen. Encore moins de le perdre. Mais cette part d'elle était trop importante pour être oubliée. L'espionne avait à peine renoué avec son passé, qu'elle n'était même pas certaine de savoir comment l'expliquer à Kasen. Elle n'était plus certaine de rien à cet instant...
Sa poigne sur le cou de Magnus se desserrait. D'abord imperceptiblement. Puis lorsqu'elle le réalisa, elle se retira complètement. L'homme retrouva le sol en même temps que Morrigan s'éloignait, se retournait pour faire dos à Kasen et Magnus. Avant qu'elle ne change d'avis à nouveau. Le désespoir de ce qu'elle était en train d'abandonner pesant trop lourd sur ses épaules, elle sentit ses jambes franchir, mais n'autorisa pas son corps à lâcher.
Je suis tellement, tellement désolée... Sa voix était remplacée par les sanglots.
Elle n'avait pas la force de se retourner à nouveau pour faire face à Kasen après ce qu'elle venait de faire, persuadée qu'elle venait de perdre définitivement une part d'elle-même, et lui par la même occasion. Elle n’était pas certaine de savoir ce qui la brisait le plus à cet instant, mais elle était certaine de n’être jamais capable de s’en remettre.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Chaque mot exulté par l’espionne témoignait un peu plus de son désespoir, de sa colère. Et si Kasen était bien incapable de mettre précisément le doigt sur la source de ce mal qui l’avait transformée en cette personne qu’il reconnaissait à peine, il visualisait maintenant sans peine le moment où tout avait basculé.
Cette soirée où il avait proposé à Morrigan de l’accompagner au Reike. Cette soirée où elle avait pour la première et seule fois côtoyé Magnus, et où leurs esprits s’étaient entremêlés. Le blondinet n’avait pu voir que les conséquences physiques de cette tragédie, sans jamais pouvoir cerner ce qu’il s’était passé dans la tête du vieil homme et de la brune.
“Je ne pourrais pas vivre sans”... ces mots tournaient encore et encore dans les pensées de Kasen, alors qu’un long silence écrasa l’ambiance morbide de la pièce.
Quelque chose liait les deux participants à cette étrange expérience mentale. Si Morrigan ne parvenait pas à mettre des mots dessus, le simple fait que Magnus l’ait clairement reconnue en disait long sur ce lien. L’ancien diplomate ne se souvenait ni de son fils, ni de ses autres proches qui l’ont accompagné des décennies durant. Et pourtant, son visage s’était illuminé à la vue de cette inconnue, dont le visage ne lui était apparu qu’une poignée de secondes.
Avant qu’il ne s’embourbe plus dans ses réflexions aussi vagues qu’incertaines, Kasen sursauta, voyant son père s’effondrer alors que l’espionne relâchait son emprise. Son corps faible, comme désarticulé, s’étala au sol dans un bruit sourd alors que le blondinet se précipitait à ses côtés. Paniqué, il tourna délicatement le vieil homme gémissant sur son flanc, cherchant à voir son visage. Il lui murmura :
Ça va aller papa, je suis là, je vais t’ai-.
Il interrompit subitement sa phrase alors que son regard rejoignait celui de Magnus… ou plutôt l’absence de regard de Magnus. Si l’ancien diplomate ne semblait pas avoir été blessé dans sa chute, il avait à nouveau perdu l’étincelle de vie qui avait tant émerveillé son fils. Le regard vitreux, incapable de fixer le visage inquiet qui se tenait tout proche du sien, Magnus était redevenu cette coquille vide, cet être dénué de raison, à peine conscient.
Je suis tellement, tellement désolée…
Après quelques secondes, un sanglot de la brune un peu plus bruyant que le précédent attira l’attention du diplomate. Ce dernier reposa délicatement la tête de Magnus, s’assurant qu’il était allongé dans une position pas trop inconfortable. Puis il se leva, la mine inquiète. Il s’approcha doucement de Morrigan, sans vraiment savoir quoi faire ni quoi lui dire. Puis mettant tout bon sens de côté, il enroula ses bras autour du buste de la jeune femme, laissant reposer son visage humide au yeux encore rougis contre l’épaule de son amante.
Je sais, commença-t-il la voix encore tremblotante. On va arranger ça. On trouvera un moyen
Après une bonne minute, blotti contre elle et tentant de se remettre de ses émotions, le diplomate relâcha finalement son emprise. Il passa une main dans la sienne, faisant au passage tomber la lame au sol. Puis, face à elle, il essuya de son pouce la larme qui faisait encore son chemin sur l’une de ses joues. D’un ton aussi bienveillant que le sourire timide qu’il affichait, il suggéra :
Vous voulez bien m’attendre dans la chambre ? Je vous rejoins dans une minute.
Une fois la brune sortie de la pièce, il laissa échapper un long soupir. Comment parvenaient-ils à transformer systématiquement chaque idylle qu’ils vivaient en véritable cauchemar ?
Après avoir non sans mal soulevé son père et l’avoir installé à nouveau sur le lit, Kasen prit le temps de vérifier qu’il n’était pas blessé. Après avoir passé un pansement sur sa plaie au cou, heureusement superficielle, il fit un petit détour par la salle de bain de la chambre de Magnus.
Il rinça brièvement son visage, dont le miroir ne manqua pas de lui faire constater à quel point ses traits étaient encore marqués par la peur. Il attrapa un verre qu’il but d’une traite, avant de le remplir à nouveau et de l’emmener avec lui. Si l’adrénaline lui avait asséché la gorge, une autre était sans doute dans le même cas de figure.
Il quitta finalement la pièce après un dernier regard dans la direction du lit et de son occupant. Puis, arrivé devant la porte de sa chambre, il posa une main hésitante sur la poignée avant de la tourner. Il était rongé d’inquiétude en imaginant l’état dans laquelle il allait trouver Morrigan… et plus inquiet encore en imaginant ne pas la retrouver.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Quand Kasen la prit dans ses bras, elle esquissa un mouvement de recul. Il ne lui laissa pas l'opportunité de se dérober entièrement. Et dans son étreinte, elle pouvait sentir le poids de la honte qui l'accablait. Immobile dans ses bras, elle resta figée, incapable de répondre quoi de ce soit.
Elle ne bougea pas non plus lorsqu'il rompu son étreinte, les yeux perdus sur le corps de cet homme à qui elle avait presque volé la vie. Ou du moins ce qu'il en restait. Mais ce n'était pas à elle d'en juger. Et pourtant, chacune de ses actions avait semblé si naturelle, si justifiée. Son envie même semblait justifiée à ses yeux. Peu importe qui il soit, il lui avait volé un souvenir qui lui appartenait, pour une raison qui lui échappait complètement. Morrigan se sentait honteuse, mais sa volonté de retrouver ce qui était sien ne s'épuiserait pas aussi facilement. Kasen l'en avait empêché ce soir-là, pourtant, elle savait qu'elle ré-essayerait dès qu'elle en aurait l'occasion. Et elle ne pouvait se résigner à faire semblant.
La brune serra la mâchoire. Mais elle ne contesta pas. Elle fit mine de sortir, mais son corps se volatilisa avant même qu'elle ne passe le pas de la porte.
Elle réapparut dans la chambre. "Une minute". C'était seulement une minute à attendre... Morrigan tourna en rond quelques instants dans la pièce. Ses mains sur les bras, elle se frottait énergiquement, bien qu'elle n'eût aucunement froid à cet instant.
Au contraire, elle étouffait.
Son regard balaya la pièce pour se poser sur la fenêtre. Elle avait besoin d'air. Maintenant. Sur le balcon, elle prit une grande bouffée d'air frais et ferma les yeux pour permettre aux battements de son cœur de ralentir. Son pouvoir agissait sans qu'elle ne le contrôle réellement. Elle réalisa qu'elle était en train de se téléporter lorsque la porte de la chambre s'ouvrit à nouveau.
Morrigan se retourna pour faire face à Kasen. Ses contours se firent à nouveau nets.
Sa voix sonnait étrangement dure, ses mots graves. Elle anticipait déjà la colère et les reproches du diplomate.
Je sais. On va arranger ça. On trouvera un moyen.
Elle ne bougea pas non plus lorsqu'il rompu son étreinte, les yeux perdus sur le corps de cet homme à qui elle avait presque volé la vie. Ou du moins ce qu'il en restait. Mais ce n'était pas à elle d'en juger. Et pourtant, chacune de ses actions avait semblé si naturelle, si justifiée. Son envie même semblait justifiée à ses yeux. Peu importe qui il soit, il lui avait volé un souvenir qui lui appartenait, pour une raison qui lui échappait complètement. Morrigan se sentait honteuse, mais sa volonté de retrouver ce qui était sien ne s'épuiserait pas aussi facilement. Kasen l'en avait empêché ce soir-là, pourtant, elle savait qu'elle ré-essayerait dès qu'elle en aurait l'occasion. Et elle ne pouvait se résigner à faire semblant.
Vous voulez bien m’attendre dans la chambre ? Je vous rejoins dans une minute.
La brune serra la mâchoire. Mais elle ne contesta pas. Elle fit mine de sortir, mais son corps se volatilisa avant même qu'elle ne passe le pas de la porte.
Elle réapparut dans la chambre. "Une minute". C'était seulement une minute à attendre... Morrigan tourna en rond quelques instants dans la pièce. Ses mains sur les bras, elle se frottait énergiquement, bien qu'elle n'eût aucunement froid à cet instant.
Au contraire, elle étouffait.
Son regard balaya la pièce pour se poser sur la fenêtre. Elle avait besoin d'air. Maintenant. Sur le balcon, elle prit une grande bouffée d'air frais et ferma les yeux pour permettre aux battements de son cœur de ralentir. Son pouvoir agissait sans qu'elle ne le contrôle réellement. Elle réalisa qu'elle était en train de se téléporter lorsque la porte de la chambre s'ouvrit à nouveau.
Morrigan se retourna pour faire face à Kasen. Ses contours se firent à nouveau nets.
Je ne peux pas rester. Prononça-t-elle, parfaitement conscience d'avoir été prise en flagrant délit. Les mots s'enchaînèrent avant même qu'elle ne se laisse du temps pour y réfléchir. Je suis terriblement désolée, mais je recommencerais. Je n'abandonnerai pas jusqu'à retrouver ce qui m'appartient. Elle semblait probablement folle à cet instant.
Sa voix sonnait étrangement dure, ses mots graves. Elle anticipait déjà la colère et les reproches du diplomate.
Je ne vous mentirais pas. Elle secoua la tête, et bien que cela lui brisait le cœur de prononcer ces mots, elle continua. Je ne vous dirais pas que c'était une erreur. Je ne vous demanderais pas de me pardonner.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Un sourire se dessina sur le visage du diplomate, masqué par la pénombre, alors qu’il entrait dans la chambre. La silhouette de l’espionne se dessinait devant lui, dans l’encadrure des baies vitrées menant au balcon. Elle n’était pas partie.
Les contours de Morrigan se faisant plus nette, ce flux magique qui embaumait la pièce… il comprit immédiatement qu’il n’aurait pas fallu qu’il arrive une seconde plus tard.
Alors qu’il s’avançait dans la pièce, Kasen laissait défiler dans ses esprits d'innombrables idées, plus contradictoires les unes que les autres. Une partie de lui voulait lui en vouloir, la détester à raison pour ce qu’elle venait de tenter. Mais toujours, cette même attirance envers elle venait arrondir les angles.
Elle souffrait, elle avait besoin d’aide… peut-être même de lui spécifiquement. La brune n’avait pas besoin de se trouver des excuses que Kasen se chargeait d’en trouver et de se convaincre qu’il fallait qu’il soit là pour elle.
Je ne peux pas rester. Je suis terriblement désolée, mais je recommencerais. Je n'abandonnerai pas jusqu'à retrouver ce qui m'appartient.
Silencieux, le blondinet continua sa route pour arriver sur le balcon. Il posa le verre d’eau sur la rambarde de pierre, tout près de Morrigan, avant de s’y adosser. Malgré les événements, une certaine sérénité se dégageait du regard attentif qu’il lui portait.
Je ne vous mentirais pas. Je ne vous dirais pas que c'était une erreur. Je ne vous demanderais pas de me pardonner.
Kasen se contenta d’acquiescer lentement, prenant le temps d’intégrer tout ce discours qui lui semblait si absurde, comme si y réfléchir plus longtemps le rendrait censé.
Appuyant ses paumes contre la rambarde, il se hissa pour s’y asseoir, profitant du courant d’air frais qui venait caresser son dos nu.
Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
Sa voix, posée et confiante, ne laissait pas transparaître la moindre colère.
Vous savez pertinemment que je serai là à chaque fois que recommencerez. Je vous pardonnerai à chaque fois que vous échouerez, et le fait que vous ne le demandiez pas n’y change rien.
Je n’arrive pas à vous détester. Et croyez-moi, j’ai essayé.
Je n’arrive pas à vous détester. Et croyez-moi, j’ai essayé.
Le blondinet ne pouvait s’empêcher de repenser à cette semaine qu’il venait de vivre, après leur retour du Reike. Il repensait à ce sentiment tenace et aigre qui l’avait habité, qui s’était insinué dans son esprit dès qu’il le laissait vagabonder ne serait-ce qu’un instant.
Chaque jour passant, il avait essayé de se convaincre qu’elle ne lui était aucunement nécessaire, que leur relation chaotique n’avait été qu’une erreur que le temps effacerait bien vite.
Mais la sensation persistait, toujours aussi tenace. Un manque profond qui ne disparut dès que le magistrat vit la brune entrer dans son bureau plus tôt dans la journée. Dès ce moment, tout ce qu’il s’était forcé en vain à penser d’elle s’évapora.
Je vais vous aider, que vous le vouliez ou non. Alors faites-vous une faveur, et expliquez-moi ce qu’il vous arrive.
Du haut de son promontoire, le diplomate ne lâchait pas son amante du regard. Tuer Magnus n’était pas une option, pas plus que de laisser Morrigan détruire ce qu’elle et Kasen commençaient tout juste à bâtir.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
Morrigan le regarda venir s'asseoir à côté d'elle, sans mot pour ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Il était parfaitement calme, parfaitement serein, comme si elle n'avait pas passé la lame sous la gorge de son père quelques instants plutôt. Si elle ne s'était pas rattrapé au dernier moment, en voyant Kasen, elle aurait probablement commis l'irréparable. Comme si la situation lui était insupportable, elle s'éloigna un peu de Kasen, venant faire les quatre cent pas sur le balcon. Sa gorge se serrait un peu plus à chaque mot de Kasen. Bien sûr qu'elle avait attendu de lui des reproches, des cris, de l'incompréhension, de la colère, peut-être même qu'il lui dise de partir et de ne plus jamais revenir...
Je n’arrive pas à vous détester. Et croyez-moi, j’ai essayé.
Elle ne redressa les yeux vers lui qu'à ce moment, une lueur suppliante dans ses prunelles. L'idée seulement qu'il puisse la détester lui glaçait le sang. Et pourtant, elle aussi avait essayé. Elle ouvrit les lèvres pour parler, puis se ravisa.
Je vais vous aider, que vous le vouliez ou non. Alors faites-vous une faveur, et expliquez-moi ce qu’il vous arrive.
Il lui fallut un instant pour que la brune arrête finalement de bouger. Elle garda néanmoins sa distance, ses yeux encore humides plongés dans ceux de Kasen.
J'aimerais être comme vous. Indifférent face à toutes les situations qui se dressent devant moi. Commença-t-elle, presque sèchement. Probablement ne comprendrait-elle jamais comment Kasen arrivait à contrôler si parfaitement ses émotions. Elle l'admirait autant que cela la faisait bouillir de colère.
Elle s'éloigna de quelques pas à nouveau. Il avait raison, il fallait qu'elle explique, mais par quoi, et par où commencer, elle n'était pas certaine. Elle n'était même pas non plus certaine de comprendre réellement ce qu'il s'était passé ce soir-là... Mais si elle devait lui expliquer, alors elle devrait également lui parler d'elle, et de son passé. Des événements les plus douloureux que leur aventure au Reike avaient récemment déterrés de ses souvenirs. Morrigan inspira profondément.
Avant d'arriver à la République, de trouver cette vie qui est désormais la mienne, je faisais partie d'une troupe d'itinérants. Cela, elle l'avait déjà révélé à Kasen. Nous voyageons dans tout Sekai, et nous rencontrions beaucoup de monde... À mes 18 ans, je suis tombée enceinte d'un... homme rencontré durant l'un de nos spectacles. Elle se garda de prononcer le nom d'Agrus, si Kasen n’avait pas déjà supposé le lien qu’ils partageaient. Lorsque je l'ai su, j'ai voulu retourner à ses côtés. Ma mère... Ou du moins celle qui avait remplacé la mère que je n'avais pas eu, Magdalena, en a décidé autrement. Sa main glissa sur son ventre, sur les cicatrices dans son flanc. Je n'ai jamais su réellement ce qu'elle a fait, ou pourquoi elle l'a fait, mais quelques jours après cela, je perdais mon enfant.
Elle prit quelques secondes avant de continuer. C'était le genre de choses qu'elle n'aurait jamais partagé, si elle n'avait pas du le faire.
Je repense à cette perte chaque jour. À chaque réveil, à chaque fois que je me vois dans un miroir... C'est une part de moi. Comme toutes les épreuves que nous traversons, c'est le genre d'événement qui forge les personnes que nous sommes. Mais depuis que j'ai visité l'esprit de votre père... Plus rien n'est pareil. Je ne ressens plus rien de ce souvenir. Avec le temps qui passe, j'ai même le sentiment de l'oublier. Sa voix se brisa à cet instant, elle chercha à nouveau le regard de Kasen. Et je ne veux pas oublier. Je ne veux pas oublier ni le désespoir, ni la honte, ni la colère. Parce que c'est mon histoire. Et sans ça, je ne suis plus vraiment moi.
Elle inspira à nouveau. Peut-être comprendrait-il désormais pourquoi Morrigan avait été si distance avec lui, les jours qui avaient suivi leur départ de la République.
Je ne sais pas ce qu'il a fait. Je ne sais même pas s'il est responsable de cela... Mais lorsque j'ai pénétré son esprit, quelque chose s'est retourné contre moi. J'y ai laissé une part de moi. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Morrigan secoua doucement la tête, le regard vague, perdu, à la recherche d'une réponse, ou simplement d'un peu de sens. Et je ne sais pas quoi faire pour que les choses redeviennent comme avant.
Son regard trouva ses mains, désormais paumes levées, alors qu'elle réalisait ce qu'elle avait failli faire.
Vous devez me prendre pour une folle...
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
À chaque parole du blondinet, Morrigan se décomposait un peu plus. Il aurait été tellement plus simple pour elle comme pour lui que cette conversation soit écourtée par un accès de colère, qu’ils se rejettent l’un l’autre une fois encore.
Mais cette fois, Kasen était bien décidé à ne pas la laisser partir. Parce qu’il savait pertinemment que peu importe ce qu’ils pourraient se dire, il chercherait tout de même à la retrouver. Il n’était pas question de tout détruire pour repartir à zéro une fois encore.
Alors il ne lui offrirait pas cette colère qu’elle semblait espérer, cette dispute qui lui donnerait une raison de s’éloigner.
J'aimerais être comme vous. Indifférent face à toutes les situations qui se dressent devant moi.
Le diplomate tiqua, détournant le regard. Morrigan pensait-elle réellement qu’il était indifférent à ce qu’il venait de se passer, et à ce qu’elle éprouvait ?
Cette profonde colère, cette incompréhension, cette tristesse qui brûlaient en lui n’avaient pourtant aucunement disparu. Mais si l’urgence de la situation à laquelle il avait été confronté quelques minutes auparavant l’avait déboussolé, il avait profitéé d’un court répis pour reprendre le contrôle.
Un contrôle de façade, comme bien souvent. La situation qu’il vivait était aussi inédite que terrifiante. Alors il faisait semblant de savoir quoi faire, d’être certain de pouvoir aider l’espionne. Armé de sa belle façade imperturbable, il renvoyait ainsi cette image confiante, d’une personne en pleine possession de ses moyens. Un masque d’indifférence derrière lequel il se réfugiait, autant pour convaincre les autres que pour se cacher de ses propres émotions.
Avant d'arriver à la République, de trouver cette vie qui est désormais la mienne, je faisais partie d'une troupe d'itinérants. Nous voyagions dans tout Sekai, et nous rencontrions beaucoup de monde... À mes 18 ans, je suis tombée enceinte d'un... homme rencontré durant l'un de nos spectacles. Lorsque je l'ai su, j'ai voulu retourner à ses côtés. Ma mère... Ou du moins celle qui avait remplacé la mère que je n'avais pas eu, Magdalena, en a décidé autrement. Sa main glissa sur son ventre, sur les cicatrices dans son flanc. Je n'ai jamais su réellement ce qu'elle a fait, ou pourquoi elle l'a fait, mais quelques jours après cela, je perdais mon enfant.
À cet instant, Kasen repensa à cette cicatrice qu’il avait effleuré sur le ventre de son amante. Brûlant de curiosité, il avait failli lui demander quelle passionnante aventure l’avait marquée d’un tel souvenir.
S’imaginer que chaque cicatrice est le reste d’une histoire dont l’on ressort plus grand, plus fort… voilà un biais que Kasen avait entretenu toute sa vie en lisant et écoutant les légendes de ces grands guerriers dont la bravoure pouvait se mesurer au nombre de marques sur le corps.
Un préjugé bien stupide, propre à ceux qui n’auront jamais de cicatrices et qui ignorent qu’elles transportent parfois avec elles bien plus et bien pire que le récit d’un combat épique.
Je repense à cette perte chaque jour. À chaque réveil, à chaque fois que je me vois dans un miroir... C'est une part de moi. Comme toutes les épreuves que nous traversons, c'est le genre d'événement qui forge les personnes que nous sommes. Mais depuis que j'ai visité l'esprit de votre père... Plus rien n'est pareil. Je ne ressens plus rien de ce souvenir. Avec le temps qui passe, j'ai même le sentiment de l'oublier. Et je ne veux pas oublier. Je ne veux pas oublier ni le désespoir, ni la honte, ni la colère. Parce que c'est mon histoire. Et sans ça, je ne suis plus vraiment moi.
Le regard de la brune était insoutenable. Kasen sentait peser sur ses épaules une immense culpabilité alors qu’il repensait à tout ce qu’ils avaient pu vivre au Reike. Des jours durant, il avait laissé Morrigan s’enfermer dans un silence écrasant, s’éloigner de lui sans qu’il ne sache pourquoi… et sans qu’il n’ose faire un pas vers elle.
Il s’était naïvement imaginé qu’elle s’en voulait d’avoir été curieuse, d’avoir mis les pieds au mauvais endroit au mauvais moment… et rien de plus.
Je ne sais pas ce qu'il a fait. Je ne sais même pas s'il est responsable de cela... Mais lorsque j'ai pénétré son esprit, quelque chose s'est retourné contre moi. J'y ai laissé une part de moi. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Et je ne sais pas quoi faire pour que les choses redeviennent comme avant. Et je ne sais pas quoi faire pour que les choses redeviennent comme avant.
Le magistrat n’avait pas la moindre idée de comment répondre à la détresse criante de l’espionne. Tant de pensées se bousculaient dans sa tête alors que Morrigan venait de lui révéler tant de choses sur elle, sur le fardeau qu’elle portait et qu’il n’avait jamais soupçonné.
Vous devez me prendre pour une folle…
Si Kasen aurait bien pris quelques minutes pour digérer chacune des informations que la brune s’était efforcée de lui livrer, il se leva néanmoins suite à ces derniers mots, osant enfin réduire la distance qui les séparait.
Pas du tout.
Il blottit ses mains dans celles de Morrigan, comme pour chasser de l’esprit de l’espionne la lame qu’elle semblait encore y voir. S’efforçant tant bien que mal de soutenir son regard, il prononça d’une voix tremblante et hésitante.
Je suis désolé. J’aurais dû comprendre plus tôt. Je pensais naïvement que… Le problème, c’était juste nous.
Aucune belle parole parvenant aux lèvres du blondinet ne sonnait juste, ne pouvait retranscrire précisément cette amertume qu’il éprouvait en se rendant compte de tout ce qu’il aurait pu faire mieux, de tout ce qu’il n’avait pas fait du tout.
Se blottissant un peu plus contre elle, rétablissant ce contact réconfortant qu’il craignait de perdre, il poursuivit :
Merci de m’avoir expliqué tout ça, malgré ce que ça doit vous coûter d’en parler. J’avais besoin de comprendre.
Les yeux clos, la joue reposant confortablement contre la chevelure de l’espionne, le blondinet se laissa quelques secondes pour reprendre ses esprits. Elle s’était ouverte à lui, lui avait donné les clés pour comprendre le mal qui la rongeait. Désormais, c’était à lui de faire tout son possible pour l’aider à s’en débarrasser.
Vous vous souvenez de l’homme, dans mon souvenir ? Celui qui a essayé d’entrer dans l’esprit de mon père.
S’il y a bien une personne qui peut savoir ce qu’il s’est passé, c’est lui. J’irai le voir dès demain. Il aura une solution.
S’il y a bien une personne qui peut savoir ce qu’il s’est passé, c’est lui. J’irai le voir dès demain. Il aura une solution.
Kasen marqua un temps d’arrêt, alors qu’un frisson parcourut son échine dès qu’il se permit d’envisager le pire scénario possible.
Et si la seule solution est celle à laquelle vous avez instinctivement pensé… je ne vous arrêterais pas.
Les yeux dans le vague, le magistrat peinait à croire qu’il venait de prononcer ces mots. Il ne fit pourtant pas machine arrière, se confortant dans l’idée que si un choix devait être fait entre Morrigan et Magnus, il respecterait cet engagement qu’il venait de prendre.
À plusieurs reprises au cours des derniers mois, lorsque l’état de son père lui torturait l’esprit, il s’était surpris à espérer le voir partir. Pire encore, il se convainquait que cette carcasse à peine consciente n’était plus son père, qui quant à lui serait mort à Taisen des mois auparavant.
Kasen en était convaincu, il pourrait se laisser envahir par ces pensées nauséabondes. Au moins un instant, le temps que Morrigan récupère ce fragment d’elle perdu dans l’esprit de Magnus.
Ainsi, elle serait entière à nouveau. Mais que resterait-il de leur relation une fois l’irréparable commis ? Le diplomate préférait ne même pas y songer.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Lorsqu'elle vu les mains de Kasen apparaître sur les siennes, elle redressa son regard embrumé vers lui. Sa gorge s'était nouée lorsqu'il la prit dans ses bras. Elle réalisa qu'elle avait failli partir. Que si Kasen était arrivée quelques secondes plus tard, elle serait partie. Les sanglots silencieux reprirent de plus belle, alors que toute la tension qui l'accompagnait depuis son réveil retombait juste maintenant, dans les bras du blond. Elle n'était pas partie et il ne lui avait pas demandé de partir. Et il n'avait aucune idée d'à quel point elle fût reconnaissante à cet instant.
C'est à cet instant que Morrigan accepta réellement les sentiments qu'elle se forçait à réprimer. C'est à ce moment qu'elle accepta que Kasen fît désormais partie de sa vie. Que ce serait lui. Lui et personne d'autre. Pour aujourd'hui, pour demain, jusqu'à son dernier souffle. Et ni personne, ni elle, ne se battrait plus contre cela. S'il pouvait l'accompagner, la soutenir, même dans un moment aussi délicat, même après ce qu'elle venait d'essayer de faire…
Elle interrompu le cours de ses pensées, réalisant tout juste qu'il était en train de parler.
Il était parfaitement sérieux. Il semblait parfaitement sérieux. La brune déglutit, avant de reprendre le blond dans ses bras, blottissant son visage contre son torse.
Jamais elle n'aurait pensé entendre les mots qu'il venait de prononcer. Elle prit le temps de noter silencieusement le courage et le désespoir qui devait se cacher derrière de telles paroles. Une décision qui traduisait ce que tous pensaient, mais que personne n'oserait dire, par respect pour le diplomate. Son père était perdu. Mort ou vivant, Magnus Dhaamir n'était plus que l'ombre de lui-même. Morrigan ne l'avait jamais connu avant, et avait simplement pu avoir un aperçu du père qu'il avait pu être bien des années auparavant. Elle imagina sans difficulté que de le voir de la sorte devait être tout aussi terrible que la mort elle-même.
Elle repensa aux mots de Kasen, à sa réaction alors qu'il l'avait trouvé, une lame contre la gorge de son père. Il semblait certain de voir quelque chose dans le regard de Magnus. Le blondinet avait presque semblé plus chamboulé par cela, que par la tentative de la jeune femme. Un long moment de silence s'écoula.
Son corps frissonna dans la fraîcheur de la nuit. Le soleil ne tarderait pas à se lever sur la capitale Républicaine. Cette première nuit passée aux côtés de Kasen avait été loin d'être reposante. Il était certain que si la grande demeure de la famille était habituellement calme et paisible, à l'image des Dhaamir, avec la présence de Morrigan dans les lieux, tout changeait.
C'est à cet instant que Morrigan accepta réellement les sentiments qu'elle se forçait à réprimer. C'est à ce moment qu'elle accepta que Kasen fît désormais partie de sa vie. Que ce serait lui. Lui et personne d'autre. Pour aujourd'hui, pour demain, jusqu'à son dernier souffle. Et ni personne, ni elle, ne se battrait plus contre cela. S'il pouvait l'accompagner, la soutenir, même dans un moment aussi délicat, même après ce qu'elle venait d'essayer de faire…
Et si la seule solution est celle à laquelle vous avez instinctivement pensé… je ne vous arrêterais pas.
Elle interrompu le cours de ses pensées, réalisant tout juste qu'il était en train de parler.
Kasen... Vous n'êtes pas... Elle se retira légèrement, cherchant des yeux le regard du diplomate, sans finir sa question.
Il était parfaitement sérieux. Il semblait parfaitement sérieux. La brune déglutit, avant de reprendre le blond dans ses bras, blottissant son visage contre son torse.
Jamais elle n'aurait pensé entendre les mots qu'il venait de prononcer. Elle prit le temps de noter silencieusement le courage et le désespoir qui devait se cacher derrière de telles paroles. Une décision qui traduisait ce que tous pensaient, mais que personne n'oserait dire, par respect pour le diplomate. Son père était perdu. Mort ou vivant, Magnus Dhaamir n'était plus que l'ombre de lui-même. Morrigan ne l'avait jamais connu avant, et avait simplement pu avoir un aperçu du père qu'il avait pu être bien des années auparavant. Elle imagina sans difficulté que de le voir de la sorte devait être tout aussi terrible que la mort elle-même.
Je ne veux pas vous faire de mal, murmura-t-elle. Elle opina doucement du menton. Si vous êtes sûr que cet homme à une solution, alors je vous fait confiance. Nous devons essayer.
Elle repensa aux mots de Kasen, à sa réaction alors qu'il l'avait trouvé, une lame contre la gorge de son père. Il semblait certain de voir quelque chose dans le regard de Magnus. Le blondinet avait presque semblé plus chamboulé par cela, que par la tentative de la jeune femme. Un long moment de silence s'écoula.
Pensez-vous... Pensez-vous réellement qu'il m'a reconnu ? Demanda-t-elle. Je ne l'avais jamais rencontré avant... Croyez-vous qu'il y a encore quelque chose en lui de conscient ?
Son corps frissonna dans la fraîcheur de la nuit. Le soleil ne tarderait pas à se lever sur la capitale Républicaine. Cette première nuit passée aux côtés de Kasen avait été loin d'être reposante. Il était certain que si la grande demeure de la famille était habituellement calme et paisible, à l'image des Dhaamir, avec la présence de Morrigan dans les lieux, tout changeait.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Blottie contre Kasen, Morrigan semblait halluciner de l’avoir entendu évoquer et même considérer la solution tragique qui pourrait régler les problèmes de la brune. À vrai dire, il peinait lui aussi à mesurer la portée de ce qu’il venait de dire. Pourtant, il ne songea aucunement à revenir sur ses mots. Morrigan était trop importante à ses yeux pour qu’il ne fasse pas tout son possible pour l’aider… quitte à laisser toute raison de côté.
Je ne veux pas vous faire de mal, murmura-t-elle. Si vous êtes sûr que cet homme à une solution, alors je vous fait confiance. Nous devons essayer.
Je ne suis sûr de rien. Mais si quelqu’un peut trouver une solution, ce sera lui.
Pensez-vous... Pensez-vous réellement qu'il m'a reconnu ? Je ne l'avais jamais rencontré avant... Croyez-vous qu'il y a encore quelque chose en lui de conscient ?
Kasen prit quelques secondes avant de répondre, le temps qu’il ressasse à nouveau cette lueur de lucidité qui avait animé les yeux de son père. Une lueur qu’il avait depuis bien longtemps considérée comme perdue à jamais.
Je pense qu’il vous a reconnu, oui. Ça fait des mois qu’il est comme cloîtré dans son monde, qu’il ne semble même pas remarquer la présence des gens autour de lui.
Mais vous, il vous regardait. Il vous regardait vraiment.
Mais vous, il vous regardait. Il vous regardait vraiment.
Les yeux dans le vague, le diplomate peinait à répondre à la dernière question de l’espionne. Magnus avait-il conservé une once de conscience ? Si tel était le cas, était-ce seulement une bonne nouvelle ?
Alors que Kasen avait fini par se convaincre qu’il ne verrait plus jamais son père, l’idée même de le voir ressurgir, qu’il se rende à nouveau compte de sa condition lors de rares moments de lucidité comme cela avait été le cas par le passé… le blondinet n’était pas certain de vouloir assister à cela à nouveau.
D’une voix hésitante, il souffla une réponse vague, à l’image des pensées qui se contredisaient dans son esprit.
Quant à son état de conscience... je ne sais pas. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il lui arrive… ni de ce qui vous arrive.
D’un signe de la tête en direction de la baie vitrée, il invita la brune à le suivre à l’intérieur. Il était encore trop tôt pour rendre visite à qui que ce soit.
Les réponses viendront. En attendant, vous devriez vous reposer. J’irai voir le professeur Hotski dans quelques heures et je reviendrai avec une solution.
Il emboita le pas de Morrigan, avant de s’effondrer à nouveau sur le lit à ses côtés. Malgré le flot incessant de questions qui allaient et venaient, il finit par trouver le sommeil. Un sommeil qui serait trop court mais ô combien nécessaire.
━━━━━ ▼ ━━━━━
Un discret rayon de soleil vint se frayer un chemin jusqu’aux paupières du magistrat, le sortant des bras de Morphée. Sans un bruit, il s’assied au bord du lit, laissant le temps à ses yeux brûlant de fatigue de s’adapter à la lumière chaude de ce début de matinée.
Il jeta un regard affectueux à la brune qui dormait encore profondément, emmitouflée dans les draps. Après l’avoir vue en pleine détresse quelques heures plus tôt, Kasen ne pu s’empêcher d’observer la paisibilité qui émanait dorénavant de la jeune femme.
Puis il se leva, enfila une tenue propre avant de quitter la chambre en prenant soin de faire le moins de bruit possible. Il dévala les escaliers puis traversa le hall en direction des cuisines.
Il ne fut aucunement surpris de n’y croiser personne, étant donné l’heure encore bien matinale. Après avoir arraché une page du carnet qu’il conservait toujours dans la poche intérieur de sa veste, il griffonna un mot à l’attention du cuisinier, qu’il laissa bien en évidence sur le plan de travail.
Un simple mot demandant de préparer un petit déjeuner et de le déposer devant la porte de la chambre de Kasen. Car si la brune n’oserait certainement pas le demander d’elle-même, elle aurait évidemment droit à tout le confort qui était réservé aux résidents de la demeure.
Mais alors qu’il rejoignait le hall, le blondinet aperçut une silhouette, adossée près de la porte d’entrée. S’approchant de la jeune femme, un sourire amusé scotché aux lèvres, il plaisanta :
N’est pas espion qui veut, pas vrai ? Moi qui était si fier en croyant m’être glissé hors du lit sans vous réveiller.
Le magistrat ne prit même pas la peine d’essayer de dissuader Morrigan de l’accompagner, alors qu’il farfouillait déjà dans un placard à la recherche d’une veste qui irait à la jeune femme et qui masquerait au mieux la tenue un peu trop grande qu’elle avait dû dénicher dans le dressing.
Ça devrait faire l’affaire, continua-t-il en tenant l’habit afin qu’elle l’enfile. On a une bonne demi-heure devant nous avant qu’il ne devienne respectable de rendre visite à un professeur d’université émérite. Ça nous laisse le temps pour un café sur la route et quelques explications
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
N’est pas espion qui veut, pas vrai ? Moi qui était si fier en croyant m’être glissé hors du lit sans vous réveiller.
L'espionne esquissa un sourire en guise de réponse, avant d'arracher un morceau de pain à pleines dents. Il semblait que quelqu'un dans les cuisines dût être bien réveillé, et surtout réactif. Elle avait trouvé le plateau en sortant de la chambre, quelques minutes auparavant.
Si la jeune femme avait étrangement bien dormi après avoir retrouvé les draps, et les bras de Kasen, elle n'en restait pas moins attentive à son environnement, même dans un profond sommeil.
Lorsque le blondinet était sorti, elle avait songé à le laisser partir seul. Après tout, c'était ce sur quoi ils s'étaient accordés durant la vieille. Puis elle s'était imaginé se prélasser dans les draps quelques heures de plus, et... Et quoi ? Qu'allait-elle faire pendant que Kasen retrouvait sa connaissance dans l'espoir de dégoter une solution à son problème ? Attendre ? C'était bien mal connaître Morrigan. Alors elle s'était levée, et après une brève toilette, avait enfilé les premiers vêtements qu'elle trouva dans le large dressing du diplomate. Une chemise blanche, tout simple, bien qu'un peu trop grande, qu'elle avait rentré dans un pantalon brun. Elle était même parvenue à trouver une ceinture pour faire tenir le tout sur ses hanches. Le résultat devait être loin d'être aussi élégant que sa tenue de la vieille, mais cela ferait amplement l'affaire le temps qu'elle... Qu'elle ramène ses propres affaires ici ? L'idée de s'installer définitivement dans la demeure des Dhaamir la fit frissonner. Et bien qu'elle soit certaine de ses intentions envers Kasen, elle songea à garder son appartement quelques mois de plus. Simplement pour se rassurer.
Ça devrait faire l’affaire. On a une bonne demi-heure devant nous avant qu’il ne devienne respectable de rendre visite à un professeur d’université émérite. Ça nous laisse le temps pour un café sur la route et quelques explications.
Elle mastiquait le morceau de pain chaud pendant que Kasen lui passait une veste sur les épaules. Il ne chercha pas même pas à la dissuader de l'accompagner. Morrigan hocha simplement la tête en guise de réponse. Peut-être arriveraient-ils finalement à trouver une harmonie dans leur nouvelle vie... Ensemble.
❦
Morrigan avait siroté son café en silence sur le chemin, pendant que Kasen avait entrepris de lui expliquer tout ce qu'elle devait savoir à propos de Jacob Hotski. C'était l'homme qu'elle avait "rencontré" lorsqu'elle s'était faufilée dans l'esprit de Kasen. Celui qui avait tenté, comme elle, de pénétrer les pensées de Magnus pour découvrir ce qu'il lui était arrivé. Comme elle, il avait fait face à un échec. Pire encore dans sa situation, puisque le pauvre homme avait fini à l'hôpital. Le blondinet l’informa qu’il s’agissait un ami de longue date de son père.
Pensez-vous qu'il voudra bien me recevoir ? Après ce qu'il lui est arrivé, je comprendrais qu'il n'ait pas envie d'en parler.
Le doute commençait à faire surface dans l'esprit de l'espionne. Alors qu'elle s'apprêtait à demander à Kasen de faire demi-tour, prétextant qu'ils trouveraient une autre solution, le blondinet s'arrêta devant un magnifique bâtiment en pleine ville. Un petit jardinet donnait sur l'aile droite de l'hôtel. Morrigan était déjà passé de nombreuses fois dans cette rue, mais elle n'avait jamais accordé aucune importance à l'architecture. Sur le palier était gravée en lettres manuaires, entièrement dorées, les mots "La Petite Madone". Morrigan esquissa un sourire amusé, avant de suivre Kasen, qui venait de pousser le petit portillon. Il frappa deux petits coups avec le heurtoir en forme de perroquet.
Une silhouette se dessina derrière les vitraux colorés de la porte extérieure. La porte s'ouvrit sur un homme en robe de chambre de velours, une tasse de café à la main. Il ne sembla pas le moins du monde dérangé de sa tenue.
- Oh, mais qui voilà ! C'est le jeune Dhaamir ! L'homme se tourna vers Morrigan. Et vous ? Qui êtes-vous mon bel oiseau ? Comme pour faire écho à sa question, les piaillements d'une perruche se firent entendre à l'intérieur du manoir. Entrez-donc vous deux ! Les pressa l'homme.
Morrigan apprendrait que cet homme se nommait Emhir Hotski, le mari de Jacob Hotski.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Une étrange sensation s’emparait du diplomate alors qu’il déambulait dans les rues de Liberty, un café à la main et aux côtés de Morrigan. Si ce qu’ils avaient vécu et ce qu’ils vivraient sans doute encore serait certainement hors du commun, cette petite balade était apaisante par sa normalité.
Pour la première fois, il vivait avec la brune un moment d’une simplicité pure, d’une banalité presque surprenante.
Pensez-vous qu'il voudra bien me recevoir ? Après ce qu'il lui est arrivé, je comprendrais qu'il n'ait pas envie d'en parler.
Le diplomate esquissa un sourire amusé alors qu’il pouvait déjà apercevoir leur destination en s’engouffrant dans une nouvelle rue.
Il va adorer vous recevoir et en parler. Quand son mari est allé le chercher à l’hôpital, il a dû batailler avec lui pour le ramener à la maison plutôt qu’à la bibliothèque de l’université.
Ce qui est arrivé à mon père représente l’un des “plus grands mystères de l’histoire de la magie psychique”, d’après lui.
Aussi traumatisante qu’ait été son expérience avec mon père, il pourrait en parler des heures. Si ça se trouve, il retenterait même sa chance si je lui en laissais l’occasion.
Ce qui est arrivé à mon père représente l’un des “plus grands mystères de l’histoire de la magie psychique”, d’après lui.
Aussi traumatisante qu’ait été son expérience avec mon père, il pourrait en parler des heures. Si ça se trouve, il retenterait même sa chance si je lui en laissais l’occasion.
Kasen fit résonner sans la moindre hésitation le heurtoir contre la porte. Il était en terrain connu icii et ne doutait aucunement de l’accueil qui leur serait réservé. Et il ne fut pas déçu lorsque la porte s’ouvrit sur le visage rayonnant d’un sexagénaire bedonnant en tenue de nuit extravagante.
Oh, mais qui voilà ! C'est le jeune Dhaamir ! Et vous ? Qui êtes-vous mon bel oiseau ?
Bonjour, Emhir. Désolé de vous déranger de si bon matin. Je vous présente Morrigan, une… amie proche.
Kasen déglutit en jetant un regard à la brune alors qu’il réalisait qu’ils n’avaient pas pris le temps de discuter de la manière dont ils exposeraient leur relation. Alors qu’ils pénétraient dans la demeure, le blondinet poursuivit.
Morrigan, je te présente Emhir, le mari du professeur Hotski, ami de mon père et… artiste polyvalent ? Je crois que ça résume bien.
D’un geste de la main et alors que le vieil homme acquiesçait en riant, il désigna l’environnement qui se révélait à Morrigan alors qu’elle pénétrait dans l’imposant hall de la bâtisse.
Du sol au plafond, un véritable chaos artistique s’étendait. Des tableaux, des sculptures, des instruments de musique… et d’autres objets absolument indescriptibles. Au fil des années Emhir avait bâti de ses propres mains un véritable univers loufoque et haut en couleurs. Un univers qui, plus de deux décennies après sa première visite, émerveillait toujours autant Kasen.
Comment va le professeur ? Ça m’embête de débarquer à l’improviste alors qu’il a sans doute besoin de repos.
Le vieil artiste ne prit même pas la peine de répondre, portant à la place son regard sur la petite perruche qui virevoltait en piaillant en liberté dans la pièce. Finalement, cette dernière vint se poser sur l’épaule de Morrigan, la fixant avec curiosité.
Je me porte à merveille, brailla l’oiseau avec une élocution étonnement précise. Allons, rejoignez-moi vite avant que le café ne refroidisse.
Sur ces mots la perruche s’envola à nouveau avec élégance, filant dans une autre pièce. Sans rechigner, le diplomate la suivit, laissant son regard vagabonder sur les œuvres surprenantes qui couvraient presque entièrement les murs.
Alors qu’il pénétrait dans un grand salon à peine plus sobre que le hall, le magistrat remarqua deux fauteuils en velours en train de léviter pour venir rejoindre celui déjà installé près d’une table basse.
Près de cette même table se tenait Jacob Hotski, confortablement installé dans son fauteuil roulant, une couverture sur les genoux et une tasse à la main. Alors que la perruche venait se lover sur un perchoir près de son maître, ce dernier observait avec bienveillance ses invités approcher.
Kasen lui adressa un large sourire, ravi de constater que le pauvre homme avait recouvré ses impressionnantes capacités magiques, à défaut d’avoir pleinement retrouvé sa motricité.
Je crois que les présentations sont déjà à moitié faites mais… Morrigan, je vous présente le professeur Jacob Hotski.
Morrigan et Kasen s’installèrent après y être invités avec un enthousiasme non dissimulé, alors qu’Emhir remplissait déjà les tasses de café.
Habité d’une curiosité débordante, Jacob fixa immédiatement son attention sur la brune, s’exprimant de façon presque théâtrale :
Et bien, si je m’attendais à voir un jour un Dhaamir débarquer à la maison au bras d’une si ravissante jeune femme… Comment ce freluquet harassé par la tâche a-t-il donc pu vous convaincre de vous risquer dans l’antre de deux vieux extravagants de si bon matin ?
Kasen porta sa tasse jusqu’à ses lèvres, camouflant un tant soit peu le large sourire qu’avait fait naître la question de son professeur. Une première visite chez les Hotski, c’était toujours une expérience un peu particulière, et il était impatient de voir comment elle s’en sortirait. Néanmoins, il ne doutait aucunement qu’elle adorerait vite autant que lui ces deux personnages hors du commun.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Si Morrigan avait déjà été rassurée sur le chemin par Kasen, Ehmir venait de chasser toute inquiétude que la brune aurait pu avoir. La brune s'apprêtait à répondre, avant que Kasen ne lui coupe l'herbe sous le pied.
Le temps sembla s'arrêter pour l'espionne, et elle crut que ses yeux allaient lui sortir du crâne. Kasen osa même lui adresser un regard gêné. Une amie proche ? Le moment flottant disparu aussitôt, alors que la brune affichait son plus beau sourire à Emhir.
Un léger blanc suivi les paroles de l'espionne, comme si chacun procédait à ce qu'elle venait de dire, avant qu'Ehmir échappe un rire franc. Il ne fit pas plus de commentaire à ce propos, mais ne se gêna pas pour dévisager Kasen de haut en bas, arquant un sourcil devant la révélation, un fin sourire amusé sur les lèvres. Morrigan calqua son pas avec aisance sur celui de l'homme, comme si elle venait d'annoncer une banalité comme une autre. Évidemment, il ne fallait pas être un génie pour savoir que Kasen en entendrait à nouveau parler. Mais elle gardait le reste pour lorsqu'ils seraient à nouveau seuls. Après tout, il venait de lui proposer de s'installer chez lui, et elle portait même ses vêtements ce jour-là, c'était raisonnable de sa part de s'offusquer d'une telle présentation.
La brune traversa le magnifique couloir, à la suite d'Ehmir, suivie par Kasen, s'attardant sur les peintures toutes plus colorées et resplendissantes les unes que les autres. Déambuler entre ses murs était un réel voyage à lui-même, songea-t-elle alors qu'ils arrivaient enfin devant une large porte en verre et coulissante, donnant sur un petit salon d'étude.
Il lui fallut une seconde pour comprendre d'où venait la voix. Lorsque la petite perruche se posa sur son épaule, la jeune femme esquissa un sourire amusé, réalisant de qui il s'agissait. L'espionne souffla doucement les syllabes ; "enchantée", avant que la perruche ne s'envole à nouveau.
Elle pénétra finalement le salon. Derrière la table en bois se trouvait Jacob Hotski, le sourire aux lèvres. Il les invita à s'asseoir sur les deux fauteuils qui venaient d'apparaître pour eux. Morrigan ne s'attarda pas sur le fauteuil roulant dans lequel il était lui-même assis.
La jeune femme offrit un sourire au professeur, tout en s'installant sur le fauteuil de droite. Il ne l'a quitta pas des yeux un seul instant, et si elle avait été moins elle-même, la brune aurait presque pu s'en sentir gênée. Mais l'espionne lui renvoya le même regard curieux.
La brune haussa nonchalamment les épaules.
La jeune femme se retourna vers Kasen, lui laissant la liberté d'expliquer la raison de leur venue, et surtout, ce qu'il s'était passé hier. Elle ne lui en voudrait pas de révéler ce dont il avait besoin pour que Jacob puisse comprendre les tenants de leur sollicitation matinale.
Bonjour, Emhir. Désolé de vous déranger de si bon matin. Je vous présente Morrigan, une… amie proche.
Le temps sembla s'arrêter pour l'espionne, et elle crut que ses yeux allaient lui sortir du crâne. Kasen osa même lui adresser un regard gêné. Une amie proche ? Le moment flottant disparu aussitôt, alors que la brune affichait son plus beau sourire à Emhir.
Et bien vous voyez, Ehmir, jusqu'à aujourd'hui, je ne savais pas qu’on suçait ses amis ! C’est ce qui est merveilleux avec lui, je ne cesse d’en apprendre un peu plus chaque jour ! Ravie de faire votre connaissance.
Un léger blanc suivi les paroles de l'espionne, comme si chacun procédait à ce qu'elle venait de dire, avant qu'Ehmir échappe un rire franc. Il ne fit pas plus de commentaire à ce propos, mais ne se gêna pas pour dévisager Kasen de haut en bas, arquant un sourcil devant la révélation, un fin sourire amusé sur les lèvres. Morrigan calqua son pas avec aisance sur celui de l'homme, comme si elle venait d'annoncer une banalité comme une autre. Évidemment, il ne fallait pas être un génie pour savoir que Kasen en entendrait à nouveau parler. Mais elle gardait le reste pour lorsqu'ils seraient à nouveau seuls. Après tout, il venait de lui proposer de s'installer chez lui, et elle portait même ses vêtements ce jour-là, c'était raisonnable de sa part de s'offusquer d'une telle présentation.
La brune traversa le magnifique couloir, à la suite d'Ehmir, suivie par Kasen, s'attardant sur les peintures toutes plus colorées et resplendissantes les unes que les autres. Déambuler entre ses murs était un réel voyage à lui-même, songea-t-elle alors qu'ils arrivaient enfin devant une large porte en verre et coulissante, donnant sur un petit salon d'étude.
- Comment va le professeur ? Ça m’embête de débarquer à l’improviste alors qu’il a sans doute besoin de repos.
- Je me porte à merveille. Allons, rejoignez-moi vite avant que le café ne refroidisse.
Il lui fallut une seconde pour comprendre d'où venait la voix. Lorsque la petite perruche se posa sur son épaule, la jeune femme esquissa un sourire amusé, réalisant de qui il s'agissait. L'espionne souffla doucement les syllabes ; "enchantée", avant que la perruche ne s'envole à nouveau.
Elle pénétra finalement le salon. Derrière la table en bois se trouvait Jacob Hotski, le sourire aux lèvres. Il les invita à s'asseoir sur les deux fauteuils qui venaient d'apparaître pour eux. Morrigan ne s'attarda pas sur le fauteuil roulant dans lequel il était lui-même assis.
Je crois que les présentations sont déjà à moitié faites mais… Morrigan, je vous présente le professeur Jacob Hotski.
La jeune femme offrit un sourire au professeur, tout en s'installant sur le fauteuil de droite. Il ne l'a quitta pas des yeux un seul instant, et si elle avait été moins elle-même, la brune aurait presque pu s'en sentir gênée. Mais l'espionne lui renvoya le même regard curieux.
Et bien, si je m’attendais à voir un jour un Dhaamir débarquer à la maison au bras d’une si ravissante jeune femme… Comment ce freluquet harassé par la tâche a-t-il donc pu vous convaincre de vous risquer dans l’antre de deux vieux extravagants de si bon matin ?
La brune haussa nonchalamment les épaules.
Il n'a pas réellement eu besoin de me convaincre. Je crois que l'on peut même dire que c'est moi qui lui ai forcé la main... Elle attrapa la tasse de café qui se trouvait devant elle, puis bu une gorgée. Il semblerait que nous soyons tous deux atteints du même mal : une curiosité fâcheusement redoutable.
La jeune femme se retourna vers Kasen, lui laissant la liberté d'expliquer la raison de leur venue, et surtout, ce qu'il s'était passé hier. Elle ne lui en voudrait pas de révéler ce dont il avait besoin pour que Jacob puisse comprendre les tenants de leur sollicitation matinale.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Il n'a pas réellement eu besoin de me convaincre. Je crois que l'on peut même dire que c'est moi qui lui ai forcé la main… Il semblerait que nous soyons tous deux atteints du même mal : une curiosité fâcheusement redoutable.
Le museau plongé dans sa tasse, le visage encore rougit de l’humiliation que lui avait fait subir Morrigan, Kasen se retrouva bien forcé de sortir de son silence alors que la brune se tournait vers lui, l’invitant à poursuivre l’explication.
Heureusement, les paroles de l’espionne avaient déjà bien accroché la curiosité du couple qui semblait avoir passé sous le tapis en un rien de temps l’introduction assassine de l’espionne… même si le blondinet ne doutait aucunement que le sujet reviendrait sur le tapis à chacune de ses prochaines visites.
Posant sa tasse, Kasen prit quelques secondes pour réfléchir aux limites qu’il se fixerait, à la part d’intimité de Morrigan, de Magnus et de lui-même qu’il était prêt à laisser transparaître.
Morrigan a essayé de lire dans l’esprit de mon père, tout comme vous professeur. Et comme avec vous, il s’est violemment défendu.
Une curiosité brûlante irradia le regard de Jacob, qui baladait son regard entre ses deux invités avec une excitation palpable.
J’ai pu l'extirper assez rapidement de la chambre pour la mettre hors de portée de mon père, ce qui explique probablement pourquoi elle ne présente pas autant de séquelles que vous.
Jacob adressa un sourire compatissant avant de se tourner vers Emhir et de clamer.
Oh, je ne suis pas à plaindre ! Si vous saviez comme c’est agréable de se faire balader par son cher et tendre.
Le cher et tendre en question laissa échapper un bruyant soupir, intimant à Jacob de se taire afin que les explications reprennent.
Néanmoins, il y a un élément qui semble différer de votre propre expérience. Morrigan a… perdu un souvenir dans le processus. Comme si Magnus le lui avait arraché.
Le vieux mage fronça les sourcils, marquant son visage d’une profonde incompréhension, comme si ce qu’il venait d’entendre était absolument inconcevable.
Voilà qui est… surprenant. Dites-moi Kasen, quand est-ce arrivé ? Quel était l’état de votre père à ce moment ?
C’était il y a environ un mois. Il alternait des moments de relative lucidité avec des crises de panique. Il lui arrivait encore de nous reconnaître, Griselda et moi.
Et Morrigan, il la reconnaissait ?
Il ne la connaissait même pas. Kasen posa un regard attendri bien qu’un peu gêné sur la brune. Lorsque j’allais passer du temps avec lui, je lui racontais souvent ma vie, même s’il ne réagissait pas. Je crois bien lui avoir évoqué longuement le cas d’une jeune femme qui m’avait tapé dans l’oeil. Mais ils ne s’étaient jamais rencontrés.
Jacob esquissa un sourire amusé face à cette tentative un peu désespérée du magistrat de rattraper sa bourde précédente. Puis il reprit rapidement son sérieux, expliquant en passant ses doigts dans sa longue barbe poivre et sel.
Voyez-vous, trouver un souvenir comme l’extraire ne peut se faire par hasard. La mémoire est un outil complexe. S’il est simple d’y semer le chaos, en isoler un élément demande de la précaution, de la volonté.
Prenons mon cas. Une fois dans ma tête, Magnus s’est contenté de faire le plus de dégâts possibles. Il s’est attaqué à tout ce qu’il a pu trouver, détruisant complètement ou partiellement nombre de souvenirs, mais aussi des fonctions motrices, par exemple. Il m’a fallu beaucoup réapprendre.
Et sans vouloir faire de l’esbroufe, je pense qu’un esprit moins entraîné que le mien se serait effondré en une poignée de secondes.
Jacob se détourna vers Morrigan, la dévisageant avec fascination.
Je peux évidemment me tromper mais… tout laisse à penser que Magnus n’a pas cherché à vous détruire, très chère. Il cherchait quelque chose en vous, et il semblerait qu’il l’ait trouvé. D’une manière ou d’une autre, ce souvenir devait avoir une importance toute particulière pour lui.
Les yeux rivés sur la brune, l’archimago n’osa pas demander plus de précisions sur ce fragment de mémoire qui avait obsédé Magnus au point qu’il le dérobe. Néanmoins, son ton passionné laissait aisément comprendre que ce souvenir attirait toute sa curiosité.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Derrière sa tasse de café, un sourire satisfait se dessina sur les lèvres de l'espionne. Elle n'avait pas ignoré la gêne qui accompagnait le diplomate depuis leur entrée, et prenait même un malin plaisir à le voir chercher sa contenance. Ou peut-être n'avait-il même pas conscience de l'écarlate de ses joues.
Morrigan lui laissa la tâche d'expliquer la raison de leur venue, et surtout, ce qu'il s'était passé la nuit précédente. Elle ne s'était pas autorisée à y repenser depuis, et retrouva bien vite son sérieux devant les explications de blondinet. S'il fit part de sa première expérience dans la chambre de Marcus, et de sa tentative audacieuse dans l'esprit du vieux diplomate, il se garda d'expliquer ce qui s'était déroulé durant la nuit. Les deux hommes échangèrent longuement sous l’œil attentif de l'espionne. Elle ne prononça pas un mot avant qu'ils n'aient terminé.
La brune échangea un regard avec Jacob, mais n'ajouta aucun commentaire, se gardant de croiser le regard de Kasen, ou même de lui offrir la moindre indication que cela suffirait à se rattraper. Elle se reconcentra sur les mots du professeur.
La brune, redressant son minois de sa tasse, remarqua le regard du vieil homme sur elle. Un mélange de fascination et de curiosité, comme si elle avait été un cas d'étude. Elle y répondit par un sourire amusé, avant de se tenter à une question, reposant sa tasse sur la table.
Jacob avait répondu à sa première question. Pourtant, ses mots faisaient naître de nouvelles interrogations chez l'espionne.
Elle s'arrêta, sentant les regards curieux de Jacob et Kasen sur elle. Si l'idée de se dévoiler à Jacob pour avoir lui semblait presque naturelle, la présence de Kasen la fit se stopper. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas s'ouvrir devant lui, mais la peur du jugement, la peur qu'il décide qu'elle n'était pas assez, ou bien trop, la peur qu'il décide qu'elle n'était pas digne de partager sa vie, surtout après la manière dont il l'avait présenté... Morrigan inspira profondément, cherchant à chasser ses pensées parasites. Ils avaient trop vécu ensemble pour qu'elle retombe dans le cercle vicieux de ses peurs sans fin. Elle avait enfin le sentiment d'avoir surmonté certaines de ces inquiétudes, et s'arrêter ici était faire machine arrière.
Morrigan raconta à nouveau ce qu'elle avait dévoilé à Kasen la nuit précédente... Sa grossesse, son échange avec Magdalena, la perte de son enfant.
Morrigan lui laissa la tâche d'expliquer la raison de leur venue, et surtout, ce qu'il s'était passé la nuit précédente. Elle ne s'était pas autorisée à y repenser depuis, et retrouva bien vite son sérieux devant les explications de blondinet. S'il fit part de sa première expérience dans la chambre de Marcus, et de sa tentative audacieuse dans l'esprit du vieux diplomate, il se garda d'expliquer ce qui s'était déroulé durant la nuit. Les deux hommes échangèrent longuement sous l’œil attentif de l'espionne. Elle ne prononça pas un mot avant qu'ils n'aient terminé.
Je crois bien lui avoir évoqué longuement le cas d’une jeune femme qui m’avait tapé dans l’œil. Mais ils ne s’étaient jamais rencontrés.
La brune échangea un regard avec Jacob, mais n'ajouta aucun commentaire, se gardant de croiser le regard de Kasen, ou même de lui offrir la moindre indication que cela suffirait à se rattraper. Elle se reconcentra sur les mots du professeur.
Prenons mon cas. Une fois dans ma tête, Magnus s’est contenté de faire le plus de dégâts possibles. Il s’est attaqué à tout ce qu’il a pu trouver, détruisant complètement ou partiellement nombre de souvenirs, mais aussi des fonctions motrices, par exemple. Il m’a fallu beaucoup réapprendre.
La brune, redressant son minois de sa tasse, remarqua le regard du vieil homme sur elle. Un mélange de fascination et de curiosité, comme si elle avait été un cas d'étude. Elle y répondit par un sourire amusé, avant de se tenter à une question, reposant sa tasse sur la table.
Pensez-vous que mon souvenir soit perdu à jamais ? La brune se racla la gorge. Je crois que le terme de "souvenir" n'est pas tout à fait juste. Je me souviens des événements qui ont marqué ma vie... Je ne ressens juste plus rien à leur propos. Comme si je n'en avais été que la spectatrice, comme si je ne les avais jamais réellement vécus.
Jacob avait répondu à sa première question. Pourtant, ses mots faisaient naître de nouvelles interrogations chez l'espionne.
Il cherchait quelque chose en moi ? Mais nous ne nous étions jamais rencontrés avant. Je ne vois pas en quoi des fragments de mon expérience peuvent intéresser un ancien magistrat... Je n'ai pas eu une vie particulièrement heureuse ni palpitante, commença l'espionne.
Elle s'arrêta, sentant les regards curieux de Jacob et Kasen sur elle. Si l'idée de se dévoiler à Jacob pour avoir lui semblait presque naturelle, la présence de Kasen la fit se stopper. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas s'ouvrir devant lui, mais la peur du jugement, la peur qu'il décide qu'elle n'était pas assez, ou bien trop, la peur qu'il décide qu'elle n'était pas digne de partager sa vie, surtout après la manière dont il l'avait présenté... Morrigan inspira profondément, cherchant à chasser ses pensées parasites. Ils avaient trop vécu ensemble pour qu'elle retombe dans le cercle vicieux de ses peurs sans fin. Elle avait enfin le sentiment d'avoir surmonté certaines de ces inquiétudes, et s'arrêter ici était faire machine arrière.
Morrigan raconta à nouveau ce qu'elle avait dévoilé à Kasen la nuit précédente... Sa grossesse, son échange avec Magdalena, la perte de son enfant.
Je n'ai jamais connu mes parents biologiques. Comme un grand nombre d'enfants en Sekai. La famille a une définition bien différente de celle qui est la vôtre pour moi. Ma famille a été Magdalena et sa troupe. C'est elle qui m'a recueilli, elle m'a tout appris. Elle m'a enseigné les multiples tours d'acrobatie que je connais, s'assurait que j'entraîne mon corps chaque jour sans relâche, jusque dans ses retranchements. Elle m'a appris à séduire un public, hommes, femmes et enfants, d'un simple regard, ou d'un simple sourire. Elle m'a appris à avoir confiance en moi et en ce que j'étais capable... Jusqu'à ce que je me montre trop confiante. Alors, elle n'hésitait pas à me rappeler qui avait le pouvoir sur ma vie et mes décisions. Dès lors qu'on rêvait d'un brin de liberté, Magdalena n'était jamais loin pour nous rappeler que nous n'étions que ses marionnettes. Et qu'elle pouvait choisir de nous retirer notre liberté les jours où son humeur était exécrable, et nous l'offrir les jours où elle se sentait plus généreuse. Elle marqua une pause pour prendre une gorgée.
Lorsqu'elle a disparu, la troupe s'est éteinte avec elle. Ceux que je considérais comme ma famille sont partis, chacun de leur côté, et je ne les ai plus jamais revu. Du jour au lendemain, j'avais perdu ceux que je pensais être les miens. Elle esquissa un sourire. La brune arrivait finalement là où elle le voulait, après avoir raconté sa jeunesse.
Mais je n'ai jamais perdu la volonté d'un jour construire ma propre famille. Pas à l'image de celle de Magdalena. Non, une famille à l'image de celle des livres, de celles que j'observais lorsque nous nous arrêtions dans un village. Une famille sans conditions. Une famille dont le lien est immuable. J'y ai cru, à l'époque. J'ai cru que moi aussi, je pourrais avoir cela, avant que Magdalena ne me retire mon enfant. En le faisant, elle pensait me retirer toute volonté, tout désir d'un jour construire quelque chose. Et elle a réussi pendant un temps, je crois. Jusqu'à ce que le sentiment lié à se souvenir se transforme, pour devenir une force. Une force née dans la douleur, certes, mais une force néanmoins. C'est ce que Magnus m'a pris. Et c'est ce que je souhaite récupérer.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Je n'ai pas eu une vie particulièrement heureuse ni palpitante
Les mots de la brune attirèrent instantanément le regard intrigué de Kasen. Si elle lui avait raconté l’histoire tragique de l’enfant qu’elle aurait pu avoir, le blondinet était loin de s’imaginer que sa vie entière ait pu être si maussade qu’elle semblait le suggérer.
Comment aurait-il pu se l’imaginer en rencontrant par un malencontreux hasard cette jeune femme aux yeux charmeurs et dont le sourire ne laissait en rien présager d’un passé si tumultueux.
La bonne humeur teintée de gêne quitta le visage du blondinet dès les premiers mots prononcés par l’espionne, laissant place à une mine plus grave et concernée.
Il écouta attentivement chaque détail de son passé, serrant un peu plus les dents en repensant à chaque instant où il s’était agacé de l’attitude de l’espionne, de cette distance qu’elle avait maintenu entre eux.
Chaque phrase de l’espionne venait apporter une justification supplémentaire à son besoin de liberté, d’indépendance, à cette peur de l’attachement qui l’habitait. Tant de facettes de sa personnalité que Kasen avait dû accepter, sans jamais en comprendre les causes.
Le cadre familial des Dhaamir était lui aussi loin d’être idyllique. Quand on s’impose la lourde mission d’honorer l’héritage d’une telle lignée, la famille est un fardeau dont on doit se délester.
C’est du moins le choix qu’avaient fait Magnus, sa mère avant lui et bien d’autres ancêtres. La mission avant le reste… Voilà une triste réalité qu’avait dû accepter Kasen dès son enfance, allant jusqu’à se convaincre qu’il suivrait le même chemin sans hésiter.
Alors il avait appris à chérir chaque instant passé auprès de Magnus. Si son père avait été trop absent, ce dernier avait eu le mérite de faire compter chacun de ces précieux moments.
Puis Morrigan était arrivée, remettant cette belle destinée joliment tracée en question. Si l’avenir serait inéluctablement fait de choix difficiles, le long discours de Morrigan ne fit que conforter ce que le magistrat pressentait : l’espionne méritait mieux que ce auquel chacun d’entre eux avait eu droit.
Si Kasen peinait encore à se représenter les sacrifices qu’il lui faudrait faire, il espérait être capable de porter l’héritage qu’était le sien tout en étant ce que Morrigan attendait de lui… et plus encore.
Lorsque la jeune femme termina son explication, un long silence s’installa. Sans un mot, Jacob plaça ses doigts sur ses tempes, prenant le temps de réfléchir à chaque hypothèse qui lui traversait l’esprit.
Anticipant ce qui allait être dit, Kasen glissa sa main dans celle de Morrigan. Un simple geste d’affection qui visait à la rassurer elle autant que lui. Il n’avait en rien oublié l’engagement qu’il avait pris quelques heures auparavant : il accompagnerait son amante à la poursuite de ce qu’elle avait perdu, peu importe ce que cela impliquerait.
La gorge du blondinet se noua alors que le vieil homme releva le menton, posant un regard consterné sur l’espionne.
J’ai bien peur de n’avoir aucune solution satisfaisante à vous apporter, très chère. La seule option que j’entrevois… c’est d’aller chercher ce souvenir, ou du moins cette… chose qu’il vous a prise. Mais si je n’ai pas réussi à forcer son esprit il y a quelques mois, il est impensable que j’y parvienne dans mon état actuel.
Jacob laissa échapper un long soupir avant de poursuivre.
Et même en admettant que l’on trouve quelqu’un de suffisamment compétent pour le faire, tant est qu’il existe une telle personne… Magnus s’affaiblit de jour en jour. Il mourrait probablement pendant le processus.
D’un ton grave bien que hésitant, Kasen demanda alors :
Et si ça arrivait ?
Jacob extirpa son regard de celui du diplomate, peinant à le soutenir alors qu’il réalisait qu’il entendait ces mots sortir de la bouche du fils de son ami.
Il emporterait tout ça avec lui, je le crains.
Une ambiance pesante s’installa à nouveau dans la pièce. Kasen savait pertinemment que si Jacob n’avait pas de solution, personne n’en aurait. Il était l’un des plus grands experts de la magie psychique vivant à ce jour, et l’une des deux personnes à avoir expérimenté le chaos qui sévissait dans l’esprit de Magnus.
Après une bonne minute à digérer chaque mauvaise nouvelle qui venait de leur être annoncée, le magistrat brisa le silence.
Pourquoi s’attaquer à ce souvenir plutôt qu’à un autre ?
À la grande surprise du blondinet, aucun de leurs hôtes ne daigna répondre sur le moment. Après qu’ils aient échangé quelques regards hésitants, c’est Ehmir qui prit celle fois la parole :
Je ne connais rien à la magie, Kasen, mais je connais bien votre père. Je n’oublierai jamais ces quelques fois où il est venu toquer à notre porte en pleurs, au beau milieu de la nuit.
Il avait la trentaine passée, et il venait s’effondrer dans nos bras à chaque fois qu’un nouveau médecin lui annonçait qu’il n’aurait probablement jamais de descendance.
Bouche bée, Kasen resta figé alors qu’Ehmir venait de dévoiler un pan entier de la vie de Magnus dont Kasen n’avait jamais soupçonné l’existence.
À vrai dire, les rumeurs étaient déjà nombreuses quant à l’origine de ce blondinet sorti de nulle part. Mais si les bruits de couloirs allaient bon train sur l’identité de la mère, Magnus s’était bien gardé d’évoquer sa prétendue stérilité afin que sa paternité ne soit pas elle aussi remise en cause.
Au-delà de sa volonté d’être père, il était surtout terrifié à l’idée d’être le dernier des Dhaamir. Il était obsédé par cette idée de transmettre cet héritage, cette mission que ta famille endosse depuis si longtemps.
Et il a bien fini par trouver un moyen de t’avoir. On ne l’a jamais vu aussi heureux que ce jour où il est venu nous annoncer la nouvelle.
Après avoir nourri une telle obsession, il me semble raisonnable de supposer que Magnus ait pu être attiré par un malheureux souvenir de grossesse, qu’en penses-tu Jacob ?
Cela me semble être une hypothèse plausible, en effet.
Le diplomate se leva lentement, tenant toujours la main de l’espionne pour l’inviter à faire de même.
Et bien, ça… ça fait beaucoup à digérer. On a bien besoin de réfléchir à tout ça au calme, je pense. Ehmir, professeur, merci infiniment de votre aide.
J’aurais aimé pouvoir faire plus pour votre père, Kasen,comme j’aurais aimé pouvoir vous aider, Morrigan. Je suis désolé. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez où nous trouver
Après avoir salué respectueusement leurs hôtes, Morrigan et Kasen sortirent finalement de la maison. Passant une main dans sa tignasse blonde et dans une longue inspiration, le diplomate se tourna vers son amante :
Je ne sais même pas par quoi commencer. Mais le principal, c’est qu’on pourrait bien avoir une solution à votre problème.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
- J’ai bien peur de n’avoir aucune solution satisfaisante à vous apporter, très chère.
Morrigan esquissa un sourire. Qu'avait-elle seulement espéré ? Qu'il lui donne une formule magique pour miraculeusement réparer son erreur ? Elle se surprenait encore parfois à être si naïve. Lorsque Jacob évoqua l'idée de retourner dans l'esprit de Magnus, la brune déglutis. Elle avait bien eu peur d'y rester la première fois, et le souvenir l'avait hantée des jours durant. Parfois même la nuit. Si ça n'avait pas été pour Kasen et sa vivacité ce jour-là, peut-être aurait-elle fini dans un fauteuil roulant, comme Jacob. À cette idée, elle changea de position, ses jambes se croisant l'une sur l'autre. L'idée de perdre la mobilité de son corps, de ne plus sentir ses muscles rouler sous sa peau la fit frissonner. Son corps avait été son gagne-pain. Il l'était encore aujourd'hui. Et il était le fruit d'années d'entraînement. Sans ça, elle n'était plus rien, ni personne.
- Magnus s’affaiblit de jour en jour. Il mourrait probablement pendant le processus.
- Et si ça arrivait ?
La brune adressa un regard désolée à Kasen. Si elle ne s'en voulait pas de désirer de retrouver son souvenir, elle s'en voulait de mettre Kasen dans une position aussi délicate.
- Il emporterait tout ça avec lui, je le crains.
Un frisson lui parcourait l'échine. Pouvait-elle accepter de vivre sans ce souvenir ? Valait-il la peine de prendre autant de risques ? Les questions se bousculaient dans son esprit, et chacune des réponses qu'elle formulait se contredisaient entre elles.
- Pourquoi s’attaquer à ce souvenir plutôt qu’à un autre ?
Ce fut Ehmir qui prit la parole cette fois-ci. Il raconta une partie de ses souvenirs, la volonté de Magnus d'engendrer... Et les difficultés qu'il avait rencontrées. La brune baissa les yeux sur sa main, lovée contre celle de Kasen. Elle avait à peine remarqué qu'il lui avait pris la main, quelques instants plus tôt. Sa propre main se serra imperceptiblement sur celle du diplomate. L'espionne n'avait pas oublié que Magnus avait élevé Kasen seul. D'ailleurs, elle ne savait rien de sa mère. Elle n'avait jamais entendu le blond la mentionner. Tout portait à croire que Kasen ne l'avait jamais connu. Mais pourquoi Magnus était-il seulement intéressé par le souvenir de sa propre grossesse ? Toute cette histoire ne faisait aucun sens.
La jeune femme se leva à la suite de Kasen.
- J’aurais aimé pouvoir faire plus pour votre père, Kasen,comme j’aurais aimé pouvoir vous aider, Morrigan. Je suis désolé. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez où nous trouver.
L'espionne offrit un sourire sincère au vieil homme.
- Vous nous avez suffisamment aidés, Jacob. Merci. La brune se retourna vers Ehmir. Merci à vous également, de nous avoir reçus. Je suis ravie d'avoir fait votre connaissance à tous les deux.
❦
Morrigan était restée silencieuse longtemps, après qu'elle et Kasen aient quitté la demeure de Jacob et d'Ehmir. Les deux mains dans le pantalon trop grand pour elle, elle semblait perdue dans ses pensées, et n'avait même pas remarqué la distance qu'ils avaient parcourue, lorsque Kasen brisa le silence.
- Je ne sais même pas par quoi commencer. Mais le principal, c’est qu’on pourrait bien avoir une solution à votre problème.
L'espionne redressa son minois, alors qu'ils arrivaient en centre-ville. Son appartement ne se trouvait pas très loin du quartier principal. Hier soir, Kasen lui avait demandé de venir s'installer chez lui, et elle avait accepté. Mais après la présentation qu'il avait faite d'elle, elle n'était plus certaine que cette proposition tienne toujours.
- Une solution ? Je ne crois pas en avoir noté une. Répondit-elle en fronçant légèrement les sourcils. Elle s'arrêta, puis se retourna vers Kasen. Je crois qu'il est temps pour moi de rentrer... Et de me vêtir de manière plus appropriée, plaisanta-t-elle en tirant sur le tissu brun de son bas trop large. Je passerais vous rendre vos vêtements dans l'après-midi.
Devait-elle l'inviter ? Ou bien devait-elle... Elle soupira. C'était plus compliqué que prévu. Si hier soir, dans les bras de son amant, tout semblait limpide et simple, il suffisait d'un moindre doute, de la moindre maladresse pour que l'espionne se sente de trop. Elle tenta de chasser le tourbillon de pensée qui se mélangeait dans son esprit. Un sourire légèrement forcé trouva ses lèvres.
- Merci pour le "prêt", Kas. Après tout, c'est bien pour ça que sont fait les amis, non ? Un clin d’œil ponctua ses mots, alors que l'espionne se retournait déjà.
Morrigan se mordit l'intérieur de la joue. Elle se maudissait déjà de ne pas l'avoir embrassé. De ne pas lui avoir dit "à tout à l'heure, je ramènerai des affaires, faites moi de la place !". Il lui fallut une grande inspiration pour calmer les battements de son cœur, et les fourmillements dans ses jambes.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Au plus grand désarroi du diplomate, l’ambiance au sortir de la demeure des Hotski était bien plus morne que lorsqu’ils y étaient arrivés une petite heure auparavant.
L’espionne s’était à nouveau enfermée dans un mutisme qu’il commençait à ne connaître que trop bien et qu’il redoutait. Et comme toujours, il se sentait impuissant face à cette situation, incapable de briser la glace de peur d’empirer les choses.
Alors il la suivit sans broncher jusqu’à ce qu’ils arrivent près du logement de la brune.
Une solution ? Je ne crois pas en avoir noté une.
Il lui adressa un sourire rassuré, ravi de constater qu’elle ne se contenterait pas cette fois de disparaître sans un mot.
Ce ne sera sans doute pas facile mais… je crois qu’on peut récupérer ce qui vous appartient sans causer trop de dégâts.
La bonne humeur du diplomate s’évapora dès que l’espionne reprit la parole. “Rentrer”, “je passerais”... quelques phrases avaient suffi à effacer toute trace de la proposition qu’il lui avait faite la veille.
Le visage fermé, il ne put qu’observer Morrigan s’éloigner de quelques pas en direction de la porte avant de remuer un peu plus le couteau dans la plaie.
Merci pour le "prêt", Kas. Après tout, c'est bien pour ça que sont fait les amis, non ?
Le cœur du blondinet sembla imploser dans sa poitrine alors qu’un insoutenable sentiment de déjà vu s’emparait de lui. Cette soirée où il l’avait invitée à partir avec lui au Reike, cette nuit sur le retour, au bivouac… deux fois où il n’avait pas essayé de la retenir, et autant de fois où il l’avait amèrement regretté.
Dans un sursaut instinctif, il se précipita en avant pour saisir la main de l’espionne avant que cette dernière ne franchisse le seuil de la porte du bâtiment. Lorsque la brune se retourna, elle ne put constater le regard presque suppliant, emplis d’un mélange de honte et de peur, que Kasen posait sur elle.
Un immense inconfort s’empara de lui alors qu’il se trouvait face à elle, incapable de trouver les mots qui arrangeraient les choses. Mais il fallait qu’il se rattrape, et il fallait qu’il le fasse tout de suite.
Alors puisqu’aucun mot ne se décidait à sortir, il s’approcha un peu plus, osant tenter de lui dérober un baiser, avec cette peur dévorante qu’elle le lui refuse. Et lorsque finalement ses lèvres rencontrèrent celles de l’espionne, et ne les lâchèrent plus de longues secondes durant, comme pour lui assurer que la manière dont il l’avait présentée auprès d’Ehmir n’était rien de plus qu’une stupide maladresse.
Dans cette rue fourmillante de vie de Liberty, quelques regards curieux de passant se tournaient déjà sur le couple. À cet instant, le diplomate aurait aimé que toute la ville soit là à les voir, que chaque habitant soit témoin des sentiments qu’il lui portait et qu’il avait lamentablement voulu cacher devant des personnes en qui il avait pourtant confiance.
Lorsque finalement le blondinet daigna retirer ses lèvres, ce ne fut que pour serrer la brune dans ses bras.
Je suis tellement désolé, Morrigan. J’ai paniqué et… je sais pas ce qui m’est passé par la tête, c’était stupide. Vous êtes bien plus qu’une amie. Évidemment que vous êtes bien plus.
Il relâcha finalement son étreinte pour retrouver les prunelles azur de son amante.
Ma proposition d’hier, ce n’était pas des paroles en l’air. Je ne veux pas que vous me rendiez mes fringues, ni que vous “passiez” me voir. Je veux partager ma vie avec vous.
Ces mots, Kasen n’aurait jamais imaginé les prononcer à quelqu’un un jour, et encore moins après seulement quelques mois d'une relation au bas mot chaotique. Mais il ne voulait plus laisser à Morrigan la moindre opportunité de douter des sentiments qu’il lui portait. Pas après tout ce qu’elle lui avait raconté. Pas après les épreuves qu’ils avaient déjà traversé ensemble.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Musique:
Son élan fut stoppé lorsque Kasen agrippa sa main pour la retenir. La brune s'arrêta, ferma les yeux, le sentiment de soulagement faisant relâcher toute la pression dans ses épaules. Il resta silencieux quelques instants, et la brune eut peur qu'il ne relâche sa main, qui la laisse partir à nouveau. Elle prononça une prière silencieuse - "ne me laisse pas partir, pas encore"...
Les lèvres de Kasen s'écrasèrent contre les siennes. C'était tout ce qui fallut à l'espionne, dont une main agrippa la chemise du blondinet, lui refusant de s'éloigner durant un instant. Elle répondit à son baiser, s'accrochant à la chaleur de ses lèvres pour faire disparaître tout doute restant. Lorsqu'il mit fin à son baiser, s'approchant pour une étreinte, Morrigan se blottit dans ses bras.
Il se sépara d'elle, cherchant son regard. Ses prunelles se mirent à briller.
Morrigan passa deux mains sur les joues du blondinet, déposant mille baisers sur ses lèvres, et encore plus, alors que ses propres lèvres s'étiraient dans un sourire qu'elle ne parvenait pas à retenir. Quand allait-elle enfin leur accorder un peu de repos, une chance de laisser tous les doutes de côté, et de se concentrer sur la chance qu'ils avaient de s'être trouvé l'un l'autre ?
Ses deux azurs plongés dans les yeux de Kasen, Morrigan battait légèrement des cils, comme si elle avait eu besoin de ça pour que Kasen accepte. Une main glissa sur le col de sa chemise, ses doigts jouant habilement avec le tissu de cette dernière.
Cet échange n'avait duré que quelques secondes, mais c'était probablement un réel tournant pour Morrigan, qui retrouvait petit à petit sa joie de vivre, et son espièglerie habituelle. Kasen devrait probablement la rassurer, encore, souvent, plutôt deux fois qu'une, cela ne faisait aucun doute venant de Morrigan. Ses doutes étaient solidement ancrés par les épreuves de sa vie, et c'était ce dont elle avait besoin. Quelqu'un qui ne la laisse pas partir. Quelqu'un qui lui montre qu'elle comptait. C'était ce dont elle avait besoin avant de réellement s'ouvrir, et de pouvoir aimer pleinement, comme elle désirait le faire.
Les lèvres de Kasen s'écrasèrent contre les siennes. C'était tout ce qui fallut à l'espionne, dont une main agrippa la chemise du blondinet, lui refusant de s'éloigner durant un instant. Elle répondit à son baiser, s'accrochant à la chaleur de ses lèvres pour faire disparaître tout doute restant. Lorsqu'il mit fin à son baiser, s'approchant pour une étreinte, Morrigan se blottit dans ses bras.
- Je suis tellement désolé, Morrigan. J’ai paniqué et… je sais pas ce qui m’est passé par la tête, c’était stupide. Vous êtes bien plus qu’une amie. Évidemment que vous êtes bien plus.
Il se sépara d'elle, cherchant son regard. Ses prunelles se mirent à briller.
- Ma proposition d’hier, ce n’était pas des paroles en l’air. Je ne veux pas que vous me rendiez mes fringues, ni que vous “passiez” me voir. Je veux partager ma vie avec vous.
Morrigan passa deux mains sur les joues du blondinet, déposant mille baisers sur ses lèvres, et encore plus, alors que ses propres lèvres s'étiraient dans un sourire qu'elle ne parvenait pas à retenir. Quand allait-elle enfin leur accorder un peu de repos, une chance de laisser tous les doutes de côté, et de se concentrer sur la chance qu'ils avaient de s'être trouvé l'un l'autre ?
- Moi aussi. Murmura-t-elle contre ses lèvres, en écho aux paroles du blondinet. Je veux vivre aujourd'hui à vos côtés, demain, et le lendemain encore. Elle se mordit la lèvre, laissant quelques secondes passer, alors qu'elle se décidait finalement. Voulez-vous monter ?
Ses deux azurs plongés dans les yeux de Kasen, Morrigan battait légèrement des cils, comme si elle avait eu besoin de ça pour que Kasen accepte. Une main glissa sur le col de sa chemise, ses doigts jouant habilement avec le tissu de cette dernière.
- Peut-être même que vous pourriez m'aider à prendre quelques affaires ? Proposa-t-elle presque innocemment, alors que dans ses pupilles brillait une lueur de malice.
Cet échange n'avait duré que quelques secondes, mais c'était probablement un réel tournant pour Morrigan, qui retrouvait petit à petit sa joie de vivre, et son espièglerie habituelle. Kasen devrait probablement la rassurer, encore, souvent, plutôt deux fois qu'une, cela ne faisait aucun doute venant de Morrigan. Ses doutes étaient solidement ancrés par les épreuves de sa vie, et c'était ce dont elle avait besoin. Quelqu'un qui ne la laisse pas partir. Quelqu'un qui lui montre qu'elle comptait. C'était ce dont elle avait besoin avant de réellement s'ouvrir, et de pouvoir aimer pleinement, comme elle désirait le faire.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Malgré tout ce qu’ils s’étaient dit, tout ce qu’ils avaient fait l’un pour l’autre, cette peur d’être rejeté s’était à nouveau emparé du blondinet alors qu’il collait ses lèvres contre celles de la brune.
Et encore une fois, alors qu’elle répondait passionnément à son geste, il se maudissait d’avoir osé douter d’elle et de ce qu’elle voulait. Pire encore, la main de la brune vint fermement l'agripper, comme si elle craignait tout autant que lui de voir sa moitié lui échapper.
Moi aussi. Je veux vivre aujourd'hui à vos côtés, demain, et le lendemain encore. Voulez-vous monter ?
Il se contenta d’acquiescer en hâte, avec une envie non dissimulée. Étrangement, il avait la sensation de ne connaître de Morrigan que les histoires les plus intimes, probablement aussi les plus douloureuses.
Mais qui était-elle vraiment ? À quoi ressemblait son quotidien ? Avait-elle des passions ? C’est un pan entier de la vie de la brune que le diplomate rêvait de découvrir alors qu’elle lui proposait d’entrer dans son intimité.
Peut-être même que vous pourriez m'aider à prendre quelques affaires ?
Kasen haussa un sourcil, alors que la main baladeuse de l’espionne comme son regard embrasé trahissaient une toute autre envie que celle de faire ses valises. Il ne put s’empêcher de lui arracher un dernier baiser sans prévenir, plus sulfureux que les précédents.
Puis il se retira aussi subitement qu’il était venu, un sourire satisfait scotché au visage.
Regrouper vos affaires, faire vos valises, les porter… tout ce que vous voudrez. Je suis tout à vous.
Il suivit volontiers son amante dans le bâtiment, observant avec curiosité tout ce qu’il pouvait découvrir sur le trajet. Pour lui qui avait toujours vécu dans la luxueuse maison familiale des Dhaamir, tout cet univers que représentait le quotidien de l’immense majorité des citoyens n’avait rien de banal.
Arrivés à l’un des derniers étages du vieux bâtiment, Morrigan enfila sa clé dans l’une des portes avant de laisser son invité découvrir son nid douillet.
Sans un mot, Kasen entra et commença à parcourir la grande pièce à vivre qui constituait la majeure partie de l’appartement. Il laissa sa curiosité le mener dans chaque recoin où ses yeux s’égaraient quelques instants sur un objet, avant de s’intéresser à un autre.
Puis, quelques minutes plus tard, il s’approcha des grandes vitres donnant une vue imprenable sur ce quartier particulièrement ancien de Liberty. Après avoir toujours vécu dans l’abondance, le diplomate ne pouvait que s’émerveiller de ce lieu si simple, si épuré et pourtant si apaisant dont Morrigan avait fait son chez soi.
Alors qu’il entendait les pas de Morrigan s’approcher derrière-lui, il plaisanta avant de se retourner :
C’est si calme. C’est ici que nous devrions nous installer en fait. Même si je ne suis pas sûr de pouvoir vivre sans les pancakes de Griselda.
- Messages : 284
Crédits : 2346
Fiche du personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier
Alignement: Chaotique bon
Rang: B - Ex-Directrice du SCAR
Noble de La République
- Regrouper vos affaires, faire vos valises, les porter… tout ce que vous voudrez. Je suis tout à vous.
Morrigan échappa un rire, avant de tirer Kasen par la main, pour le faire entrer dans le bâtiment. En temps normal, si un homme lui avait dit ça, la brune aurait probablement disparu dès que l'occasion se présentait pour prendre la poudre d'escampette. Avec Kasen, ses besoins de libertés semblaient atténués. Elle apprécia cette pensée, en poussant la porte de son appartement.
- Bienvenue chez moi... Murmura-t-elle, alors que Kasen suivait ses pas.
Ce jour-là, le ciel bleu, complètement découvert, offrait une vue magnifique de la ville. Les larges divans qui se trouvaient devant la fenêtre permettaient d'en apprécier la sérénité. C'était ce qui avait séduit Morrigan dans ce lieu. Avec son salaire de Directrice au SCAR, elle aurait probablement pu s'offrir un appartement plus luxueux, mais pourtant, l'espionne n'avait pas une seule fois envisagé de quitter ce lieu. Pas avant Kasen.
- C’est si calme. C’est ici que nous devrions nous installer en fait. Même si je ne suis pas sûr de pouvoir vivre sans les pancakes de Griselda.
L'espionne esquissa un sourire.
- Et je ne suis pas sûre de pouvoir en cuisiner d'aussi délicieux qu'elle. Répondit-elle en déposant ses clés sur le comptoir de la cuisine.
Cette dernière, bien que tout à fait fonctionnelle, n'était visiblement que peu utilisée. C'était rare que Mor prenne la peine de cuisiner... Ses talents étaient ailleurs. Elle passait plus de temps sur le cerceau suspendu à son plafond, que derrière les fourneaux. Et si Kasen avait espéré une maîtresse de maison en demandant à Mor de s'installer chez lui, il risquerait d'être bien vite déçu. Elle se rapprocha de lui, pour venir contempler la vue à ses côtés.
- Je pourrais garder l'appartement. Nous pourrions toujours nous y retrouver, lorsque le besoin d'un peu de calme se fait ressentir... Cela a été mon cocon pendant temps d'année, il pourrait devenir le notre.
Elle ne douta pas que ses mots fussent plus liés à l’amertume de quitter ce lieu qui avait été durant si longtemps son chez elle. La brune n'avait jamais été matérielle, et pourtant, elle s'était attachée à son petit cocon. Dans le fond de la salle, quelques marches donnaient sur un lit en baldaquin, bien trop large pour une seule personne, si large que trois pouvaient y tenir sans problème. Elle ouvrit le dressing, posant ses deux mains sur ses hanches, en parcourant du regard sa garde-robe. De quoi aurait-elle besoin ? La plupart de ses tenues étaient destinées à son travail, et celles qui ne l'étaient pas, étaient bien souvent trop festives pour être portées en pleine journée. Une moue apparaît sur ses lèvres, alors qu'elle sélectionnait un pantalon de cuir sombre, qu'elle jeta sur le lit.
- J'espère que vous n'attendiez pas de moi que je porte des robes du dimanche... Je risque de vous décevoir. Elle sélectionna par la suite une robe noire au décolleté profond. Je crois que je vais devoir faire du shopping. Conclut-elle, attrapant quelques vêtements supplémentaires, qu'elle rangea finalement dans un sac.
Puis l'espionne passa à nouveau devant Kasen. Elle ouvrit les placards qui se trouvaient à côté de lui. Dans ceux-ci, étaient exposées une collection de poignards, dagues et lames fines, qu'on parvenait à cacher dans n'importe qu'elle revers de vêtement. La jeune femme choisie une petite sélection de lames, qu'elle comptait bien emporter avec elle. Sa tenue n'était pas réellement complète sans ses lames. À vrai dire, elle se sentait davantage nue sans lame que sans vêtement.
- Vous n'y voyez pas d'inconvénient ? Demanda-t-elle au diplomate, alors qu'elle faisait tourner une lame entre ses doigts, pour la glisser dans sa ceinture.
- Messages : 229
Crédits : 1911
Noble de La République
- - Musique -:
Je ne suis pas sûre de pouvoir en cuisiner d'aussi délicieux qu'elle.
Alors que Morrigan le rejoignait face à la fenêtre et à la ville qui s’étendait à leurs pieds, le diplomate laissa sa main glisser dans le dos de l’espionne. Il serait volontiers resté ici des heures, à parler de tout et de rien en profitant de la tiédeur réconfortante des rayons de soleil qui les arrosaient à travers la vitre.
Elle serait ravie de vous apprendre, si vous en avez envie. Elle vous apprécie beaucoup.
Le blondinet était curieux de découvrir comment Morrigan s’adapterait à une nouvelle vie où tant de tâches du quotidien ne seraient plus une nécessité. Elle n’aurait pas à se préoccuper du ménage, de la nourriture, de la lessive et de tant d’autres choses qui rythment la vie de tous les jours du commun des mortels.
Indépendante comme pouvait l’être son amante, Kasen l’imaginait déjà batailler pour que tout le travail ne lui soit pas mâché. Serait-ce Morrigan qui s’adapterait à cette vie qui lui était proposée, ou la demeure des Dhaamir qui s’adapterait à sa nouvelle occupante ?
Je pourrais garder l'appartement. Nous pourrions toujours nous y retrouver, lorsque le besoin d'un peu de calme se fait ressentir... Cela a été mon cocon pendant tant d'années, il pourrait devenir le nôtre.
Le magistrat se retourna pour s’adosser contre le mur, observant affectueusement la brune vaquer à ses occupations.
Je n’osais pas vous le demander. C’est une excellente idée.
Pensive, la jeune femme farfouillait dans son dressing, visiblement insatisfaite de ce qu’elle y découvrait.
J'espère que vous n'attendiez pas de moi que je porte des robes du dimanche... Je risque de vous décevoir. Je crois que je vais devoir faire du shopping.
Il laissa échapper un petit rire, amusé de voir l’espionne anticiper des problèmes qui ne se poseraient jamais.
Tant que vous ne vous baladez pas en petite culotte pendant une visite protocolaire…
Intrigué par le nouveau placard qu’elle venait d’ouvrir, Kasen s’approcha dans le dos de son amante, s’octroyant la liberté de saisir l’une des nombreuses lames exposées, qu’il scruta avec attention.
Vous n'y voyez pas d'inconvénient ?
Un simple contact de la pointe contre son doigt suffit à lui faire réaliser qu’il avait entre les mains un outil autrement plus létal que la relique familiale qu’il portait bien souvent à la ceinture.
Aucun.
Le blondinet la reposa religieusement à sa place, pensif. Une question lui brûlait les lèvres, et sa curiosité ne lui permit pas de la retenir bien longtemps.
Vous avez déjà dû les utiliser ? je veux dire… vraiment les utiliser ?
Alors que Morrigan finissait d’empaqueter son arsenal, le magistrat se dirigea vers le centre de la pièce, observant avec attention le cerceau suspendu qui trônait ici, comme si l’appartement entier avait été agencé pour lui laisser un maximum d’espace.
Qu’est-ce qu’on fait de lui ? Il reste quelques chambres libres, ce n’est pas la place qui manque.
Il se retourna à nouveau vers Morrigan, en attente de sa réponse. Si la vie de l’espionne allait indubitablement changer, Kasen tenait absolument à ce qu’elle ait tout ce dont elle aurait besoin, tout ce dont elle aurait envie, dans son nouveau foyer.
- Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
1, 2, 3 |
|
|