- Musique:
- Tant que vous ne vous baladez pas en petite culotte pendant une visite protocolaire…
Morrigan adressa un regard en coin au diplomate, à l'idée qu'il venait de suggérer. Pourtant, elle ne fit pas mine d'être indignée, haussant simplement les épaules, l'air nonchalant, tout en continuant de préparer ses affaires. "Nous verrons bien", ajouta-t-elle pour elle-même. Si la jeune femme parvenait à s'intégrer avec aisance à n'importe quel cadre social, sa vivacité d'esprit et ses manières charmeuses lui permettant de créer rapidement des relations, elle avait aussi tendance à être spontanée, voire même parfois impulsive. C'était difficile de prévoir ce qu'elle allait faire, car elle-même ne le savait pas. Le plus souvent, ses émotions guidaient ses pas plutôt que l'inverse.
Elle rangea le reste de ses lames dans une sacoche en cuir.
- Vous avez déjà dû les utiliser ? je veux dire… vraiment les utiliser ?
L'espionne se retourna vers lui, fronçant légèrement les sourcils. Elle n'était pas sûre de comment répondre à cette question. Kasen et elle avaient eu une vie si différente, qu'elle n'était pas certaine de savoir à quel point il était confortable avec cette idée. Elle inspira profondément avant de répondre, choisissant de ne pas mentir. S'ils allaient réellement partager leur vie, il n'y avait pas de place pour le mensonge... Bien qu'elle ne parlait que peu de ses missions ou de son travail et qu'elle serait obligée de lui cacher une partie de sa vie.
Morrigan opina doucement du menton en guise de réponse.
- Je ne prends aucun plaisir à faire couler le sang. Répondit-elle comme s'il s'agissait de la chose la plus banale. Ça l'était pour elle, puisque c'était également son quotidien. Kasen avait même eu l'occasion de l’apercevoir à l’œuvre. Mais je le ferai pour me protéger, ou pour protéger les autres.
Elle referma les boutons de sa sacoche, scellant ses lames, qui viendraient avec elle. Bien des années avant, elle aurait aimé savoir comment se protéger. Aujourd'hui, elle ne se refuserait jamais la possibilité de le faire.
- Qu’est-ce qu’on fait de lui ? Il reste quelques chambres libres, ce n’est pas la place qui manque.
Morrigan se retourna, un sourire naissant sur ses lèvres, alors que Kasen s'approchait du cerceau aérien qui se trouvait au centre de son appartement. Elle arqua un sourcil, presque surprise que le diplomate évoque la possibilité de ramener son équipement de cirque. La brune avait quitté depuis bien des années sa vie d'itinérante, et pourtant, elle n'avait jamais cessé de s'entraîner, de pratiquer cet art qu'elle avait appris à aimer. Même sous la contrainte, même sous les coups de bâton.
La brune défit la ceinture du pantalon qu'elle avait emprunté, sous les yeux de Kasen, comme si elle avait été parfaitement seule. Le vêtement trop large tomba à ses pieds. Elle retira ses chaussures, les laissant elles aussi sur son passage, ne gardant que la chemise de Kasen, puis s'approcha du cerceau. L'espionne en attrapa la courbe, et se hissa souplement sur celui-ci, sans le moindre effort. D'une pirouette leste, elle s'assit au centre de l'anneau, le faisant tourner pour faire face à Kasen.
- Vraiment ? Demanda-t-elle, alors qu'elle semblait envisager l'éventualité. Un rire s'échappa de ses lèvres et le cerceau se mis de nouveau à tourner sur lui-même, prenant un peu plus de vitesse à chaque seconde.
Puis la brune se laissa basculer en arrière, son corps ne se rattrapant qu'au dernier moment par la force de ses jambes, qui s'écartaient d'un bout à l'autre.
- Vous n'y pensez pas ! Griselda finira par vouloir ma peau, si je viens perturber le calme et la sérénité de sa demeure, plaisanta la brune.
Les contraintes de la gravité ne semblaient pas s'appliquer à l'espionne. Son dos formant un arc de cercle parfait, se contorsionnant sous sa volonté, elle se redressa, cherchant à nouveau le regard du diplomate. La brune semblait parfaitement dans son élément, perchée sur son cerceau aérien. Ses deux mains se tendirent vers le diplomate, l'invitant à s'approcher d'elle.
- Mais si vous insistez... Et que vous me permettez de pratiquer en petite culotte. Une petite moue se dessina sur sa bouche. Elle n'était pas encore installée, qu'elle commençait déjà à négocier.